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Göran Tunström

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Message par bix_229 Lun 19 Déc - 18:04

Göran Tunström (1937-2000)

Göran Tunström Goran110

Göran Tunström (né le 14 mai 1937 à Karlstad en Suède et mort le 5 février 2000 (à 62 ans) à Stockholm des suites d'un cancer) est un poète et un romancier suédois. Il est considéré comme un écrivain majeur de la littérature suédoise de la fin du XXe siècle. Ses romans, poétiques et oniriques, sont parfois proches du réalisme magique.

Bibliographie en français

1973 : Les Saints géographes
1978 : La Parole du désert
1983 : L'Oratorio de Noël
1986 : Le Voleur de Bible
1996 : Le Buveur de lune
1998 : Le Livre d'or des gens de Sunne
2000 : Un prosateur à New York


___________________________________________________________________________________________________________________________________

J'ignore tout à fait ce que j'ai fait le 14 février 1998. A part que j'ai lu ce jour-là l'Oratorio de Noel, un roman magnifique de Göran Tunström, et indépendamment de tout le reste, de tout ce que j'ai oublié et que je ne saurai jamais plus, cette journée ne pouvait être ratée.
Mais comme la mémoire me fait défaut, et que je ne peux relire ce livre, enfin tout de suite, je n'en parlerai pas. D'ailleurs, même si je relisais, ce serait d'un autre livre que je parlerais... Comment retrouver l'émotion d'alors…


Göran Tunström 51ifms11

Partir en hiver

Je préfère dire quelques mots de Partir en hiver que j'ai lu récemment, et qui est un des livres de l'année 2007 pour moi. C'est le récit d'un voyage que l'auteur a fait en Inde et au Népal. Tunström a un don inné de sympathie immédiate qui le lie aux êtres humains, aux animaux, aux paysages, à la nature. Il a aussi cette faculté de s'étonner souvent ; de s'émerveiller parfois et de nous communiquer tout cela...

Je voudrais citer un court passage où parle Tunström d'un homme qu'il a rencontré au cours de son voyage, et qui observait des oiseaux à la jumelle, au bord du sentier de Barathpur en Inde, la plus belle réserve d'oiseaux du monde.

«Il est ouvrier aux aciéries de Leeds. Il est célibataire. Il n'a pas vu le Taj Mahal, ou la pagode de Konrak, ni les crémations au bord du Gange. Il faut lui arracher les mots l'un après l'autre. Il y a lui et les oiseaux. L'extinction imminente des grues des neiges de Sibérie. Il a toujours rêvé d'avoir le temps de les voir. Depuis de nombreuses années il fait des économies sur son salaire.[...]

Il est un de mes personnages. Un de ces personnages pour qui j'ai le coup de foudre et que je sais devoir un jour implanter dans la région de Sunne où se déroulent mes romans... Je n'ai jamais cessé d'être fasciné par ce qui se cache sous les visages de tous les jours. Quel royaume ! Quelle lumière ! Nous ne sommes jamais ce nous semblons être...»


Et ça continue ainsi... Si le cœur vous en dit...

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Message par bix_229 Lun 19 Déc - 18:08

Mauvaise nouvelle pour les gens de Sunne (Suède). Ils viennent de perdre le plus célèbre d'entre eux, l'écrivain Göran Tunström, mort le 5 février d'un cancer du poumon, à 62 ans. Depuis quelques années, Göran Tunström partageait sa vie entre New York et une île au large de Göteborg, mais c'est à Sunne qu'il doit sa notoriété, ayant situé dans le décor de sa jeunesse six de ses quelque quinze romans, dont l'Oratorio de Noël (1983) qui a fait sa réputation. L'Oratorio de Noël, avec lequel les éditions Actes Sud ont entrepris de traduire Tunström à partir de 1986, orchestre le destin de trois générations. Au centre du livre, parmi une multitude de comparses pittoresques mais constamment poétiques, il y a un gosse obsédé par l'histoire de la famille Bach. Sa mère est morte à bicyclette écrasée par un troupeau de vaches, son père s'est épris par correspondance d'une Néo-Zélandaise, lui-même va partir à la recherche de cette femme, non sans avoir laissé un fils derrière lui, qui prend le relais du récit.

De la vieille école. Les livres de Göran Tunström sont construits selon d'am- ples mouvements contrastés, drôles ou amers, simples ou savants, avec des ellipses, des effets de mise en abyme, à charge pour le lecteur de rétablir un fil chronologique sans cesse rompu. Six titres ont suivi en France la traduction de l'Oratorio de Noël, dont le Voleur de Bible, où un autre gamin, non plus passionné de musique, mais de livres, est amené à se pencher sur le plus vieux parchemin suédois. En 1999, en même temps qu'un volume de la collection «Thesaurus», a paru le Livre d'or des gens de Sunne, cette fois placé sous le signe de la peinture. Le narrateur, un épicier serviable, à la fois acteur et scribe de la catastrophe relatée, cherche éperdument quelqu'un dont il pourrait «être proche». Tunström lui prête cette pensée: «Il y a quelque chose à dire sur tout, à partir de peu de choses on peut construire des conversations et par l'intermédiaire des conversations on obtient du contact.» Lui-même, expliquait-il, était un auteur de la vieille école, dont les personnages étaient «faits pour se rencontrer, tisser des liens», contrairement aux héros solitaires de la littérature contemporaine (voir Libération du 23 septembre 1999)
.

Libération, 8 février 2000


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Message par Barcarole Lun 19 Déc - 18:38

Göran Tunström 51ifms10

Partir en hiver - Inde - Népal

Je me suis laissée bercer par le récit du voyage en hiver de G. Tunström, un récit à la fois spontané et poétique. J’ai dû, pour apprécier ce livre, oublier qu’il y a des bons auteurs indiens qui, de l'intérieur, savent parler de l’Inde. Ce livre n’a rien à voir. Je m'installe pour écouter ce périple que me raconte l’auteur, qui était accompagné de sa femme Lena qui croque les portraits au hasard de leurs rencontres, et de leur fils Linus. Tunström, est présent, là, à côté de moi, pour me conter son voyage.

Je suis charmée par ses descriptions d’oiseaux à hautes pattes ou à grand bec, par ce rhinocéros à l'air féroce qui n'a rien à voir avec celui d'un zoo, ou par son recueillement devant une antilope. Tunström n’hésite pas à faire sans vergogne quelques digressions, et m’emmène tout d’un coup en Egypte, puis plus tard, il se souvient que, en Grèce… digressions qui apportent une lecture paisible, tranquille, on a tout son temps... Et il reprend le fil de la conversation : un peintre qu’il a rencontré, tel ou tel auteur qu’il a lu…, ils lui ont dit que..., ainsi il nous raconte aussi des histoires qu’on lui a raconté, à lui…

Au hasard de son parcours, il décrit les visites des uns chez les autres, les rencontres, pendant que sa femme dessine, ici ou là, il parle aussi de politique, rencontre beaucoup de « camarades ». L’Inde de Tunström c’est le regard porté, de l’extérieur, vers le continent indien, un moment serein. On n'oubliera pas Tunström.


mots-clés : #nature #voyage
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Message par Marie Mar 20 Déc - 1:48

Un petit extrait recopié ( et rapatrié) de ce très beau livre qu'est Partir en hiver ( récit traduit du suédois par Marc de Gouvenain et Léna Grumbach, Editions Babel) :

« Avoir été doté d'un lieu! Et d'un exil qui le mythifie. Souvent je ressens cela comme la plus importante nécessité de mon activité d'écrivain: rendre la vie à ce lieu, l'épaissir de vie, en faire un cosmos, où tout trouvera sa place.

Mon langage commence ici. lors d'un épisode précis que je dois me remémorer tous les matins quand je me mets à ma machine à écrire.

Un jour, quand j'avais neuf ans, je me suis réveillé dans une chambre verte. Ça sentait la peinture fraîche et le vernis. Vert le sous-marin du bureau, vert le dos des livres pour enfants de chez Wahlström, vert le lino et vert le feuillage de l'autre côté de la fenêtre de juin. La maison était silencieuse- et je suis resté un moment à contempler cette chambre qui pour la première fois était exclusivement la mienne, dans un monde nouveau, car cela se passait un an après la guerre et le presbytère avait été rénové après tous les séjours nocturnes de soldats. Et je me suis habillé, j'ai glissé au long du tuyau de gouttière à côté de la fenêtre de la salle de bains, et j'ai fait ma première promenade solitaire.

Je voulais vérifier quelque chose.

Exactement comme lorsque j'entends les premières notes du trio en do mineur de Schubert, et qu'un sourire se répand dans mon corps, un bonheur formidable se répand en moi quand j'évoque cette promenade à travers un monde auquel il fallait donner des noms. Je ne me souviens pas de ce que je devais vérifier, ni de ce qui s'est passé ensuite. Il ne s'agit pas d'un de ces instants qui «ont volé notre vie», comme le dit Edith Södergran - mais de ceux qui 'ont donné ma vie. J'ai dû réussir ma mission dont le but était peut-être de me faire renaître en moi-même. J'ai dû apercevoir un monde qui m'appartenait et qui, ce matin-là, se concrétisait peut-être dans  le cheval du voisin, devenait les ombres des tilleuls le long du mur du cimetière. J'ai dû réussir puisque cette promenade reste aujourd'hui l'une des conditions de ce que j'écris. Puisque, avant de m'installer à ma machine à écrire, il faut justement que je revoie ces feuillages au dessus du garçon de neuf ans, il faut que je sente l'odeur indicible des tilleuls en fleurs. Cela fait proustien - mais tous les livres de psychologie ont confirmé l'importance universelle de ce genre de souvenirs olfactifs. Ce jour là, j'ai vu le monde, et dorénavant, personne n'aurait le droit de me le ravir. J'avais vécu avec lui un secret, et trois ans encore allaient passer avant que cette facette de la vie qui s'appelle la mort essaie de trahir cette rencontre entre l'enfant et le monde, et de nombreuses années encore avant que je retrouve ma chambre verte et que je puisse à nouveau la sentir vivre.

Car la mort s'appropria une poignée d'années.

Et cela retarda la croissance de quelques-unes.
...
Mais aujourd'hui, je semble faire partie de ceux qui, au travers des hasards de l'histoire, de la géographie et de la biologie, peuvent s'offrir de "bien coopérer avec eux-mêmes", comme le disait Werner Aspenström, c'est à dire de pouvoir, grâce à mon activité d'écrivain, donner de temps en temps des aperçus de cette chambre verte, ou si l'on préfère: de la chambre de la confiance qui existe en nous.
»
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Message par Bédoulène Mar 20 Déc - 7:39

un bel extrait Marie !  je relève tout particulièrement

«Ce jour là, j'ai vu le monde, et dorénavant, personne n'aurait le droit de me le ravir. J'avais vécu avec lui un secret, et trois ans encore allaient passer avant que cette facette de la vie qui s'appelle la mort essaie de trahir cette rencontre entre l'enfant et le monde, et de nombreuses années encore avant que je retrouve ma chambre verte et que je puisse à nouveau la sentir vivre.

Car la mort s'appropria une poignée d'années.

Et cela retarda la croissance de quelques-unes.»

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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