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Lydie Salvayre

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biographie - Lydie Salvayre Empty Lydie Salvayre

Message par églantine Sam 3 Déc - 11:54

Lydie Salvayre
Née en 1948

biographie - Lydie Salvayre Lydies10

Lydie Salvayre naît en 1948 à Autainville d'un couple de républicains espagnols exilés dans le sud de la France depuis la fin de la Guerre civile espagnole. Son père est andalou, sa mère catalane. Elle passe son enfance à Auterive, près de Toulouse, dans le milieu modeste d'une colonie de réfugiés espagnols. Le français n'est pas sa langue maternelle, langue qu'elle découvre et avec laquelle elle se familiarise par la littérature.
Après son bac, elle suit des études de Lettres à l'Université de Toulouse, où elle obtient une licence de Lettres modernes, avant de s'inscrire en 1969 à la Faculté de Médecine. Son diplôme de médecine en poche, elle part se spécialiser en psychiatrie à Marseille où elle exerce plusieurs années comme psychiatre à la clinique de Bouc-Bel-Air.
Lydie Salvayre commence à écrire à la fin des années 1970 et commence à publier dans des revues littéraires d'Aix-en-Provence et de Marseille au début des années 1980.
Après plusieurs sélections de romans pour des prix littéraires, son œuvre La Compagnie des spectres, en 1997, reçoit le Prix Novembre, puis est élue « Meilleur livre de l'année » par la revue littéraire Lire. Elle obtient également le prix François Billetdoux pour son roman B.W..
En 2014, elle reçoit le prix Goncourt pour son roman Pas pleurer où apparaît la figure de Georges Bernanos et la voix de sa propre mère qui lui raconte au soir de sa vie la Révolution libertaire de 1936 en Espagne.
Son œuvre est traduite dans une vingtaine de langues.  

Oeuvres

1990 : La Déclaration, Julliard.
1991 : La Vie commune, Julliard.
1993 : La Médaille, Le Seuil.
1995 : La Puissance des mouches, Le Seuil.
1997 : La Compagnie des spectres, Le Seuil.
1997 : Quelques conseils aux élèves huissiers, Verticales.
1999 : La Conférence de Cintegabelle, Le Seuil.
2000 : Les Belles âmes, Le Seuil.
2001 : Le Vif du vivant, Cercle d'Art.
2002 : Et que les vers mangent le bœuf mort, Verticales.
2002 : Contre + CD audio avec Serge Teyssot-Gay et Marc Sens, Verticales.
2003 : Passage à l'ennemie, Le Seuil.
2005 : La méthode Mila, Le Seuil.
2006 : Dis pas ça + CD audio avec Serge Teyssot-Gay, Marc Sens et Jean-Paul Roy, Verticales.
2006 : Lumières sur la CCAS. Les activités sociales des salariés de l'énergie, collectif, Cercle d'Art.
2007 : Portrait de l'écrivain en animal domestique, Le Seuil.
2008 : Petit traité d'éducation lubrique, Cadex.
2009 : BW, Le Seuil.
2011 : Hymne, Le Seuil : Pages 1
2013 : Sept femmes. Emily Brontë, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf, Colette, Sylvia Plath, Ingeborg Bachmann, Djuna Barnes, Librairie Académique Perrin
2014 : Pas pleurer, Le Seuil. Prix Goncourt 2014 : Pages 1

màj le 29/10/2018


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Message par églantine Sam 3 Déc - 11:57

Pas pleurer

biographie - Lydie Salvayre Pas-pl10

Lydie Salvayre
, de son vrai nom  Lydie Arjona , offre aux lecteurs , à sa descendance et à sa mère , un texte d'une force insoupçonnée de prime abord car la structure de son oeuvre ne permet pas de ressentir dans l'immédiateté le caractère tragique de cette histoire ....

Entremêlant avec moult facéties la voix de sa mère qui raconte son fabuleux été 36 vécu comme une libération avec celle de Bernanos :

Imaginons une jeune paysanne "montée à la ville " , et quelle ville,  Barcelone !!!!.....emportée dans  le mouvement libertaire qui s'oppose à la montée inquiétante du fascisme et qui découvre une liberté nouvelle , liberté de moeurs , de pensée,  promesse de tous les possibles ,
car à  16 ans la vie nous appartient et qu'il est facile de traverser les évènements en toute inconscience ...

Imaginons aussi qu'à cet instant où la jeune Montse s'épanouit dans cette ivresse d'émancipation , Georges Bernanos découvre avec douleur , et culpabilité le rôle de sa sainte église catholique aux côtés des phalangistes se livrant à des tortures et assassinats à répétition ....au nom de l'église , de la droiture , de la fidélité aux "vraies valeurs " , multipliant les atrocités , encourageant la délation comme un acte qui vous sera récompensé par "dieu le père " !!!!

Imaginons une Espagne , en cette année 36 , tout à la fois exaltée , terrorisée , destabilisée,  sentant l'imminence de cette guerre civile qui marquera l'histoire de ce pays à jamais ...
imaginons le menu peuple , les gens de la terre soumis aux grands propriétaires terriens et à un système féodal bien enraciné , acculés à sortir de leur ignorance pour sauver leur peau ...

Tout va très vite , ce sont des débats passionnés :

Sentiment libertaire d'un côté , besoin d'afficher des idées nouvelles rattrapées par le communisme de l'autre ,face à un nationnalisme  qui monte monte , en puissance comme une bête dévoreuse ....

Et comme la grande histoire c'est la petite histoire qui la dévoile le mieux , Lydie Salvayre , dans une prose tour à tour envolée et lyrique , sèche et incisive , facétieuse plus souvent, dans l'art de retranscrire le fragnol(ce sabir entre français et espagnol délicieux à entendre )  de "su madre" avec truculence et moqueries affectueuses , élégantissime jusqu'à l'emploi de quelques subjonctifs imparfaits inattendus , nous emporte dans un rythme formidablement endiablé, picaresque ,et on ressort revigorés , émus , presque euphorisés par la dynamique du tympo !

Un projet ambitieux car c'est un mélange autobiographique autant que documentaire , sous une forme romancée  faussement désinvolte : L'insolence de Lydie Salvayre qui offre ainsi une danse toute personnelle (et dérangeante peut-être pour les lecteurs soucieux de "vérité historique") , est un véritable "pied de nez" à la souffrance qui englue ...

Pas pleurer , se souvenir de ce formidable été 36 ,rire , colérer , tempêter et oser les gros mots longtemps interdits car c'est bon d'être libre  , s'affirmer malicieusement à travers les mots inventés à mi chemin entre l'espagnol et le français et qui créent "mon identité "  et garder en mémoire de fond pour avancer l'histoire sanglante de "mi pais " ! Mi pais , car celui de "mi madre " , de son été 36 sous le soleil éclatant où les filles s'affirment loin du regard macho des pères , alors que le sang coule déjà à flots partout en Espagne et que ce n'est que le début  ....
Un bouleversant hommage d'une fille à sa mère,  écrit peut-être comme une nécessité, qui réveille les racines longtemps oubliées ....par confort de vie peut-être....confort devenu inconfortable ,  lorsque le temps qui n'en finit pas de passer crée un caractère d'urgence  !

Bouleversant !


mots-clés : #autobiographie #guerredespagne
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Message par topocl Sam 3 Déc - 14:06

Encore un Goncourt qui m'avait laissée sceptique...

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Message par topocl Sam 3 Déc - 14:07

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Pas pleurer

La mère de Lydie Salvayre perd la mémoire, mais pas celle des événements qu'elle a vécus en Espagne en 36-37, que sans doute elle modifie, « améliore » auxquels elle donne tout le sens de sa vie. Lydie Salvayre nous transmet cette merveilleuse bouffée d'espoir, si compliquée, avec ce que cela implique de doutes et de remises en question, ce monde qu'on ne peut pa spenser « trop simplement »,ces bonnes intentions qui ont mal tourné, aussi terriblement que les mauvaises intentions auxquelles elles faisaient face.

S'accordant au tempérament joyeux et combatif de sa mère, elle nous offre un bel humour,alternant insensiblement  les deux voix, les deux points de vue, dans un texte où alternent le bon français de l'écrivain et la faconde imagée et pleine de barbarismes cocasses de la mère.
Ceci est une belle réussite, récit très enlevé,  personnages attachants et complexes, l'histoire du côté des petites gens, qui n'en saisissent pas forcément grand-chose si ce n'est joies et douleurs.

J'ai moins les affectations de style, introduction de parties quasi documentaires avec petit a et grand B, les énumérations avec tirets qui prennent une distance avec la prose romanesque, et encore moins les nombreux passages en espagnol non traduit, qui ne nuisent pas à la compréhension, mais font se sentir carrément exclu. Je n'ai pas compris l'intérêt de mener en parallèle le petit rappel sur l'attitude de Bernanos, catholique écœuré par les siens, dénonçant les atrocités de l'Eglise, fuyant l'horreur… Intéressant certes, mais sans aucun lien avec le récit qu'il n'enrichit pas.

Je garderai donc une opinion assez mitigée sur ce roman qui a de bons aspects et des moins bons.


(commentaire rapatrié)


Dernière édition par topocl le Mer 14 Déc - 9:10, édité 2 fois

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Message par églantine Sam 3 Déc - 14:14

topocl a écrit:Encore un Goncourt qui m'avait laissée sceptique...
Je peux le comprendre :
On peut facilement rester à quai , c'est un roman "atypique" , avec un choix d'écriture qui peut rebuter aussi .

Et rétrospectivement je pense pouvoir affirmer que mon engouement pour cette lecture est en grande partie liée à ma propre histoire et mes origines .
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Message par Chamaco Jeu 16 Nov - 11:52

commandé aujourd'hui de cette auteure : "Tout homme est une nuit" le choix comme pour Eglantine est lié à mon parcours... Very Happy
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Message par tom léo Sam 13 Oct - 22:40

Je demande pardon pour ce commentaire beaucoup trop longue, mais je ne savais pas quoi couper...:

Lydie Salvayre – Pas pleurer

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REMARQUES :
La narratrice raconte à partir des souvenirs et récits de sa mère de 90 ans, en l’an 2011. Sa mère, Montse, a quasimment tout oublié de ce qui s’est passé à partir d’un certain moment, mais de l’été 1936, elle se rappelle à merveille et enthousiasme, peut-être les semaines les plus marquantes de sa vie. Ayant grandi dans un village de la Catalogne, il vit les événements de cet été : la république de quelques années souffre et peine. Et peut-être le lecteur, tout comme moi, découvre avec un peu d’étonnement que les événements, les protagnistes, les partis impliqués étaient plus compliqués comme on ne pensait. Alors l’écrivain ne va pas écrire un « épos » de toute la guerre civile, mais la description de la vie de sa mère, sa famille, son mari, leur village, l’escapade de courte durée vers la ville voisine, marquée par des forces libertaires, anarchiques, animée d’une euphorie sans nom – tout cela va exemplairement parler des multitudes des attitudes et de vécus possibles.

Alors le roman (ou est-ce un récit?) va parler des pauvres paysans et des proprietaires plus prospères ; d’une pieté bigotte ou vieille ici (dans la personne d’une tante de Diego, personnage terrible), et d’une forme de haine et de refus des riches et de la hierarchie ecclesiastique (soutenant l’ordre sociétale existant) par certains pauvres, plus ou moins politisés. Certains alors appartiennent au PC qui de par son association avec l’ordre et aussi l’URSS fait d’abord peur. Diego, homme adopté (ou plus que ça?) par un couple plus aisé, Don Jaime et Dona Sol, appartient justement au Parti. Plus tard il deviendra « maire » du village et aussi, après maintes péripéties, le mari de Montse. Mais celle-ci était plutôt proche de son frère José, son ami Juan, qui sont mus par les idéaux libertaires et anarchiques d’un Bakounine.  C’est avec eux que Montse, née en 1921, va aller en ville et vivre une courte période d’une euphorie incroyable dans une atmosphère de partage, de liberté... Elle ne l’oubliera jamais. Mais elle en revient enceinte, sans idée sur plus que le prénom du père français, poète et volontaire, partant pour le front après une nuit passionnelle d’amour... Après des arrangements un mariage est convenu avec Diego, qui semblait si loin...

De village en village les constellations étaient différentes. Et règnaient partout des tensions plus ou moins grandes entre les fractions, les partis, les partisans. Dans notre récit les tensions sont encore dramatisées (mais cela était probablement vrai partout...) par l’existance de celles-ci à l’intérieur d’une même famille. Là on a par ailleurs une des explications pour l’extrême gravité des combats dans une même societé, d’une guerre civile...

Cette partie est largement prédominante, mais on y trouve de temps en temps la référence à l’écrivain Georgres Bernanos qui vivaient à l’époque déjà depuis quelques années à Palma/Mallorque. Lui qui étaient de par son éducation peut-être plutôt porté vers une foi catholique plus traditionnelle, et qui avait même un fils engagés au début (il lâchera dans la suite) chez les phalangistes, va connaître une conversion de plus en plus aigue vers une expression forte de ses observation sur les massacres perpetrés sur l’île. Il s’y montre rapporteur de ces massacres, largement tus à l’époque, ET un attaqueur sans relâche de la lâcheté et la prise de position redoutable et compremettante de l’église catholique, au moins dans une très large partie de son episcopat. Il écrivait alors un pamphlet « Les cimitières sous la lune » (il faisait par là allusion aux éxecutions nocturnes) virulent, clair, sans compromis.

De coté chrétien, c’est quasiment lui-seul qui trouve la grâce dans les yeux de Salvayre qui se concentre sur l’hierarchie, pensant peut-être que c’est le tout de l’église … ?! Et elle a certainement raison : ce qui s’est passé comme cecité, unilaterisme, prise de position inacceptable est detestable et triste. Peut-être Salvayre ne cite pas les contre-exemples. Il me semble vrai qu’une certaine forme d’incompréhension compréhensible peut susciter de son coté un espèce de haine. Son desarroi et sa peine sont exprimés avec véhémence, aggressivement, avec de la polémique. En ceci elle ressemble un peu à Bernanos, lui-même pamphlétaire. Mais néanmoins... croyant, et s’exprimant justement comme croyant.

C’est au cours de l’oeuvre, plus tard, qu’on trouvera mentionné aussi les atrocités commises  de « l’autre coté ». C’est même ce qui fera douté José et Juan du bien fondé de leur lutte.

L’auteure utilise différentes styles, perspectifs : des parties d’un point de vue de Bernanos ; des longues passages de narration avec Montse dans la troisième personne comme protagoniste ; soit dans les narrations de sa mère même où elle raconte dans sa façon inimitable : ici apparaissent des hispanicismes, un français influencé et « massacré » par l’origine de Montse. On y trouve aussi des mots entiers, voir des phrases entières, en espagnol. Ceci peut desorienter le lecteur, malgré une certaine proximité des langues. Est-ce qu’on aurait pu mettre des notes avec les traductions ? Mais en soi je trouvais l’usage de cette forme de style intéressant, voir drôle. Connaissant certains Catalans, Espagnols vivants en France, je retrouvais leur façon de parler... Certaines phrases se terminent en suspension : il faut s’imaginer soi-même comment cela allait se terminer (pas toujours difficile).

Le livre peut bien donner à beaucoup un accès nouveau, voir insoupçonné, aux données historiques -  comme par exemple la complexité des différents partis engagés etc - autour de la Guerre civile espagnole. Il faut peut-être s’adapter à certains aspects de la langue de Salvayre, mais je la trouvais variée, vivante et innovative (en partie), jouant avec différents perspectifs et styles. A coté d’une forme d’inventaire de la situation politique par l’exemple de personnes concrètes, ce roman est aussi le témoignage d’une femme, la mère de Lydie Salvayre, qui a vécu des événements de grande portée. Comme tellement de victimes, réfugiés etc du XXème siècle.

Observation qui me venait à l’esprit: A quel point l’importance d’un laps de temps extrêmement court (ici : env une semaine dans une ville libertaire) est sans mesure par rapport à la longueur, la durée de la vie. Comme si l’essentiel, un essentiel peut se concentrer dans un minimum de temps et revêtir une influence peu soupçonné. Donc, nous faut-il de la patience dans notre vie pour atteindre ces moments cruciaux, ces instants d’accomplissements, de bonheur absolu ? Montse dira même qu’elle échangerait ces quelques jours contre le restant de sa vie...




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Message par Bédoulène Dim 14 Oct - 10:35

après tous vos commentaires que faire sinon lire ce livre !

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Message par bix_229 Dim 14 Oct - 16:04

Lydie Salvayre t' a visiblement inspiré, Tom Leo.
On a besoin de commentaires inspirés. Plutot que raisonnés, enfin parfois.
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Message par ArenSor Lun 29 Oct - 16:36

Hymne

biographie - Lydie Salvayre Hymne_10


Le cri que Hendrix fit entendre à Woodstock, le 18 août 1969, à 9 heures du matin, ce cri continue aujourd’hui de crier et de défier le temps. C’est cela surtout que je voudrais dire à propos de The Star Spangled Banner. Qu’il fut un cri, un cri libre, un cri de refus, un cri de refus qui concentra tous les refus d’une jeunesse que l’avidité, la brutalité et le prosaïsme de la société d’alors révulsaient jusqu’à la nausée, un cri dont l’impact, quarante années après, vient encore fissurer la gangue de nos cœurs.
C’est ça que je voudrais dire dans ma lourdeur, plutôt que de verser dans cette admiration inoffensive et pieuse à laquelle je cède parfois, dans cette sanctification sans effets ni pouvoirs dont la musique de Hendrix est devenue souvent, me semble-t-il, l’objet.

Ce passage m’interroge. Lorsque j’avais créé une sorte de sous-fil dans le fil « Juke Box » consacré à Woodstock (pour ceux qui ont suivi  Very Happy ), je voulais le conclure par Hendrix. Il est bien évident, pour moi en tout cas, que la prestation de ce musicien à la fin du festival, et pas seulement The Star Spangled Banner, mais tout le concert, n’est pas comparable aux autres intervenants de ces trois jours, aussi bons fussent-ils. Hendrix est au-delà, dans une dimension propre, qu’on appelle habituellement le génie, sans définir clairement ce dont il s’agit.
J’aurais voulu mettre un autre passage que le fameux Star car, comme le souligne Lydie Sallenave, c’est un passage tellement connu qu’il finit par ne plus faire sens, un peu comme la Joconde en peinture. Il était donc urgent de réécouter vraiment ces 3mn 43 étonnantes, ce n’est pas le moindre qu’offre ce livre.

Hymne est un hymne à un homme, torturant, malaxant un hymne national pour le transformer en hymne de toute une génération. C’est une sorte de chant d’amour, avec sa virulence, ses excès, loin d’une biographie ou d’une hagiographie béate, mais un vrai cri du cœur, puissant et vrai. Ce caractère gommera aisément quelques digressions qui auraient pu être évitées. Le style a tout pour séduire… ou agacer ! Conçu comme un chant, avec ses redites, son insistance, Il peut paraître parfois d’un lyrisme excessif, mais l’auteur s’en explique :

La musique d’un seul entra en chacun et en chacun se ramifia, et en chacun elle fut comme une vague qui rejoignait la mer commune. Voilà qu’à nouveau je m’exalte et prends, malgré moi, ce ton pompeux et emphatique qui chez les autres m’insupporte. Qu’est-ce donc qui me pousse à ce ton ? Es-ce mon désir excessif de transmettre ce qui me semble relever du miracle et que je ne parviens pas à dire autrement que dans une prose exaltée ? Est-ce mon aveuglement amoureux devant la musique de Hendrix ? Ou le désir de me convaincre que cette communauté dont je loue ici le surgissement, ne fut qu’illusoire ?

Ce que je crus voir… ce que je voulus voir fut cet avènement exceptionnel après lequel nous courrons tous, l’avènement de cette vieille utopie dont nous causons avec des airs éminemment philosophiques : être soi-même et tous.

Ce noir qui avait le cœur déchiqueté, leur apporta une musique d’une violence et d’une douceur incomparables, une musique plus farouche et plus douloureuse que toutes celles qu’ils avaient entendues jusqu’ici, une musique bien plus sophistiquée, plus retorse, plus indolente, et en même temps plus sauvage.

Etant un inconditionnel de la musique de Jimy, je ne suis pas un lecteur impartial, mais j'ai bien aimé la franchise, la sincérité admirative de Lydie Salvayre
Dernier mot à la musique avec Purple Haze que Hendrix enchaîna à The Star Spangled Banner. Il fut vraiment exceptionnel ce jour là cheers



mots-clés : #biographie #musique
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Message par bix_229 Mar 16 Juil - 14:59

Lydie Sallenave, tu as confondu avec Salvayre, Aren. biographie - Lydie Salvayre 2441072346
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Message par ArenSor Mar 16 Juil - 20:02

bix_229 a écrit:Lydie Sallenave, tu as confondu avec Salvayre, Aren. biographie - Lydie Salvayre 2441072346

Oups ! tu as raison : confused ! ne confondons pas Lydie Salvayre et Danièle Sallenave (je pensais avoir créé un fil sur cette dernière à propos de son essai "Le Don des morts" mais c'était probablement dans un univers parallèle Rolling Eyes )
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Message par simla Dim 17 Juil - 2:05

biographie - Lydie Salvayre B005qd10

Portrait de l'écrivain en animal domestique


Quatrième de couverture :
Il est le roi incontesté du hamburger et de la frite, le champion toutes catégories de la globalisation. Mégalomane, Tobold veut conquérir un dernier marché : la postérité. Il engage une jeune femme pour écrire un livre à sa gloire. Ecrivain en déveine, la narratrice accepte, par nécessité et par fascination. Commence une initiation savoureuse autant que périlleuse au monde du pouvoir et de l'argent...."


"au nom du pèze, du fric et du saint Bénéfice» pour conclure, d'un geste de la main tendue: «Amène!» Eh bien l'ouvrage de Lydie Salvayre, c'est ça!"

Ce n'est pas de moi, mais ça colle pile poil au personnage....qui est tellement répandu dans notre société libérale. Tobold, le mondialiste acharné, qui ne cesse de racheter, de vendre, d'abattre ses rivaux a même un chien qui s'appelle "Dow Jones"..il fallait y penser biographie - Lydie Salvayre 1390083676


"J'avais le cou meurtri à cause de la laisse, et l'esprit fatigué de l'entendre me dire C'est noté ? Vingt fois par jour C'est noté ? sur le ton qu'il réservait au personnel de service C'est noté ? Car je devais me rendre à l'évidence, j'étais à son service. Tenue de lui obéir, de l'admirer, de pousser des Oh, des Ah et des C'est merveilleux. Et j'avais beau me prétendre écrivain, j'avais beau me flatter de consacrer ma vie à la littérature, j'avais beau me convaincre du caractère romanesque de la besogne que j'avais acceptée ,inconsidérément ,il n'en demeurait pas moins que j'étais à la botte d'un patron promu par la revue CHALLENGE leader le plus influent de la planète, lequel m'avait chargée d'écrire son évangile ( c'était le mot dont il avait usé mi-amusé mi sérieux ) d'écrire son évangile contre rétribution, et la somme qu'il m'avait offerte était telle que je n'avais pas eu le coeur de la refuser.

"Tous les hommes donnent leur accord sans réserve dès lors qu'à l'avance ils savent qu'ils seront récompensés» ou, plus prosaïquement, qu'ils pourront satisfaire leurs «désirs et appétits: pouvoir, pépettes et petites pépées»"


Voilà un savoureux petit roman, dans le genre burlesque, très bien écrit, d'ailleurs il y avait des mots que je ne connaissais pas.....exemple : aposiopèse, nom féminin singulier, qui signifie "interruption d'une phrase par un silence brusque".

C'est très drôle en fait, les tergiversations de cette jeune femme, scandalisée par la vulgarité de cet homme, sa dureté, ayant pour seul idéal de régner sur le monde (c'est déjà fait pour Mc Do il me semble) qui affiche carrément des ambitions de "Maître du monde" il se voit bien en dirigeant mondial (il ne doit pas être le seul) mais qui, peu à peu, se laisse séduire par le luxe dont elle est entourée, elle,  fille de gens pauvres, ah les domestiques à son service, les jets privés, le shopping chez Dior...les cocktails fréquentés par les stars (elle a un faible pour de Niro).


Tobold, sur la libre économie :

C'est comme ça, rétorqua-t-il. Car ceux qu'elle menace le plus redoutent davantage que les autres d'en être exclus, et de ce fait ils la désirent davantage et jusqu'à l'obnubilation. Et s'ils la désirent tant, note-le, c'est parce qu'ils croient comme moi, qu'il n'y a pas d'issue hors d'elle, et ils le croient si bien qu'il ne leur vient même pas à l'idée de protester.

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Je suis sûr de mon fait, rétorqua-t-il, non sans sécheresse. La raison marchande, mademoiselle (que signifiait ce méchant mademoiselle?) ne peut que triompher. Sa marche en avant est irréversible. Toute la planète d'ailleurs est convertie à son principe, la Russie est convertie à son principe, la Chine est convertie à son principe, l'Afrique est convertie à son principe, les islamistes sont convertis à son principe,  les journalistes, les juges, les professeurs, les boulangers, les cuisiniers, les garagistes sont convertis à son principe. Elle ne connaît pour ennemis que trois poètes (il insista sur le è de poète avec une intention méprisante) et deux cinglés.

Je fis comme si je n'avais rien entendu. Lorsqu'il me lançait des piques, je faisais presque toujours comme si je n'avais pas entendu (tactique empruntée à ma chatte Attila qui présentait une surdité sélective doublée d'une affectivité encore plus sélective : elle n'aimait que moi).

La thèse de Tobold le roi du hamburger, écrivis-je, était aussi simple que radicale ; le Libre Marché encore balbutiant inaugurait un Nouveau Règne dont il était l'initiateur, le conducteur et le propagateur et, lorsqu'il avait bu trop de bière ou sniffé trop de coke, il décrétait en être,  carrément, le prophète. "


Une belle satire de ce monde de requins.....amusant néanmoins....à lire.... Wink
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Message par simla Lun 25 Juil - 5:48

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La puissance des mouches : elles gagnent des batailles, empêchent notre âme d’agir, mangent notre corps. Fragment illustrant la vanité de l’homme par la puissance paradoxale des insectes. Mouche désigne tout insecte volant, et non pas seulement les mouches.

Pensées de Blaise Pascal




Un homme subit un interrogatoire. Il a tué. Il doit s’en expliquer. Aux questions du juge, il répond par d’autres questions.  Il rencontre également un médecin...un infirmier....son avocat...un juge....toute son enfance et sa vie se déroulent au cours de ces entretiens. Il est emprisonné pour un crime qui ne sera révélé qu'à la toute fin....

Cet homme, d'origine espagnole, élevé par un père paranoïaque, ultra violent et une mère soumise....n'a jamais récupéré de son enfance massacrée, le voici guide dans un musée, aux prises avec ses collègues (souvent hilarant) avec pour maître à penser Blaise Pascal....qu'il aime à citer pour le plus grand agacement de son chef direct....Moulinier...la description des personnages est savoureuse...  biographie - Lydie Salvayre 1390083676

Entretien avec son avocat :

Molinier ? Vous voulez que je vous donne tous les renseignements concernant Molinier ? Pour mettre au point votre défense ? Mais Molinier n'y est pour rien, ce qui s'appelle rien, je vous le garantis. Molinier n'est qu'un pauvre type. Un minable. Un de ces petits chefs comme il en abonde dans toutes les administrations. Molinier n'est que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Entretien avec le juge :

Que je vous parle de ma vie sexuelle ? Comme vous y allez, monsieur le Juge ! La psychanalyse a fait des petits à ce que je vois ! Excusez-moi, monsieur le juge, ce n'était pas pour critiquer.

Je me dois de vous dire qu'à mon plus grand regret, je n'ai pas réussi à quarante-huit ans sonnés, à vaincre la bête lubrique. Et je confesse que je continue à me branler avec une affligeante régularité, malgré le peu de satisfaction que j'en retire.

Pour ne rien vous cacher, je vous signale monsieur le juge, que cette pratique m'a été inculquée chez les boy-scouts dès ma plus tendre enfance.

Vous semblez surpris, monsieur le juge.

Ce ne sont pas des choses à dire ?

Vous ignorez, peut-être, monsieur le juge, que tous les boy-scouts de ma génération ont dû, bon gré mal gré, se prêter à des séances de masturbation collective sous la tente. Et que, non seulement ils ont dû se prêter bon gré, mal gré, à des séances de masturbation sous la tente, mais qu'il a fallu en outre repousser plus d'une fois les attaques sexuelles des chefs de groupe dont les besoins étaient vastes, pour ne pas dire inassouvissables, et qui nous initiaient à l'amour chrétien à grands coups de phrases bibliques. Pour la plus grande joie de nos mamans.



Elle est forte Lydie Salvayre, très forte !!! J'adore sa façon de construire ses romans...et elle écrit super bien.

Suis drôlement contente de l'avoir découverte.... Smile Smile

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Message par Bédoulène Mar 26 Juil - 8:06

merci Simla, ton enthousiasme me conduira à lire cette auteure que je ne connais pas

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par simla Mer 27 Juil - 1:45

Bédoulène, je te la conseille vivement...je l'ai découverte récemment, en faisant les soldes à la Fnac....bonne pioche !!! Quel plaisir de trouver un nouvel auteur Smile
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