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William Goyen

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Message par bix_229 Ven 23 Déc - 17:12

William Goyen (1915-1983)

William Goyen Willia10

William Goyen, né à Trinity, dans le Texas, en 1915, descend d'une famille basque émigrée en Louisiane il y a quatre générations. Tout en poursuivant ses études à l'Université de Houston, il y enseigne la littérature. Puis il s'engage dans la marine américaine et passe plus de quatre ans à bord d'un porte-avions. Revenu de la guerre, il s'établit au Nouveau-Mexique, où il commence à écrire. Toute l'œuvre de Goyen est fidèlement ancrée dans son Texas natal, et fait la part belle au merveilleux. Mais son style, d'incantatoire et lyrique au début, devient sobre jusqu'au dépouillement dans les derniers ouvrages. William Goyen est mort d'une leucémie à Los Angeles en 1983.

Œuvres traduites en français :

La Maison d'haleine (1950)
Le Fantôme et la Chair (1952)
En un pays lointain (1955)
Savannah (1963)
Un livre de Jésus (1973)
Le Grand Réparateur (1974)
Le Chant du moqueur (1975)
Merveilleuse plante (1980)
Arcadio (1983)

Source : Wikipedia

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Message par bix_229 Ven 23 Déc - 17:22

William Goyen 414jvx10

Zamour

Patrice Repusseau, traducteur de Goyen et auteur d'un livre sur lui a bien compris cet écrivain marqué par l'ange du bizarre :

Toute sa vie, loin des des modes et des clameurs du monde littéraire, Goyen a poursuivi avec une magnifique constance une oeuvre secrète toute d'introspection nostalgique, qui marine dans le souvenir et qui s'organise autour d'un impossible retour à l'innocence. Son tempérament d'écrivain inspiré, voire parfois mystique, mais profondément enraciné dans la terre détrempée, plonge dans dans l'atmosphère séminale du Golfe du Mexique, engendre une sensualité en nappes sous-jacentes qui sourd à chaque page ou presque, comme à chaque pas suinte la rive du bayou.
Souvent en filigrane, rampe une sexualité inquiète, inquiétante, qui ajoute encore à l'épaisseur, à la poysémie de ces nouvelles, et c'est elle qui, à n'en pas douter, livre une des cléfs importantes de l' énigme. Dans les marais de l' East Texas, plus que partout ailleurs, l'eau qui dort est sombre et profonde...

Ces nouvelles nous parlent du dialogue estropié entre les etres, de la beauté infirme, de la perennité fragile du bonheur et de et de l' espoir, de ceux qui restent au pays et de ceux qui partent pour les villes, mais qui auront besoin de revenir en songe, ou en réalité, furtivement, meme si la vue des visages de leur sang ne rappelle pas que de bons souvenirs.
Patrice Repusseau, préface à Zamour.

Que dire encore, sinon que les personnages, blessés ou disgraciés de Goyen font penser souvent à ceux de Diane Arbus ou encore à ceux de Carson Mc Cullers, que Goyen connaissait personnellement. Que son écriture, comme celle de Faulkner, est celle d'un poète et d'un grand poète lyrique et étrange comme aucun autre. Si vous vous laissez entraîner dans ces histoires, vous aurez l'impression fabuleuse de pénétrer dans une intimité saisissante et vous vous y sentirez bien.

"Les années ont passé et Princis Lester est toujours à l' asile de Red River County. Elle ne peut dire à personne ce qui s'est passé, peut-être ne veut-elle pas le faire -mais qui sait ? Elle lisse la jolie barbe qui cerne son visage coimme une fraise à la Titien et elle en est très fière. C'est la seule chose qui l'intéresse. Il y a en elle une sorte de pureté que tout le monde admire. Elle est fort aimée à l' asile, toujours calme, de bonne humeur, pleine de considération pour les autres ; elle ne demande jamais de faveurs mais en reçoit beaucoup. Il y a quelque chose qui fait que tout le monde voudrait lui ressembler, barbe comprise."
Zamour pp, 44-45

"Après qu'il eut terminé son histoire, le grand père resta assis immobile sur son lit, le visage penché comme pour considérer son pied nu difforme. Le petit fils ne posa pas de questions mais resta allongé en silence, méditant tout cela et se disant combien l'histoire de la parenté était mélancolique et magnifique. Au bout d' un moment, il entendit son grand-père se lever doucement, mettre sa chussure déformée et sortir en pensant qu'il dormait....

Le petit fils ne dormit pas le temps que son grand-père s'absenta. Il avait peur, car les vagues du Golfe grossissaient contre la digue en contrebas du cabanon ; pourtant il songeait qu'il n'avait plus peur de son grand-père, car maintenant qu'il lui avait parlé si calmement et avec tant d' amour il avait l'impression de lui apartenir. Il aimait son grand père. Pourtant, à présent qu'il avait été amené à aimer ce dont il avait eu si peur, il sentait cruellement seul au monde avec cet amour, et était-ce ainsi que fonctionnait l'amour ? - avec ces eaux inconnues qui gonflaient et déferlaient près du lit où il reposait, hanté par cete hisotire d'amour."

Vieux bois sauvage, pp 90-91

"Une foule resplendissante de mai avait envahi Woodland Park, une grande pente verdoyante sur les bords de Chocolate Bayou. Il y avait de joyeuses baraques décorées de papier de couleur où l'on vendait de la limonade, des kiosques ornés de lanternes vénitiennes bercées par la brise... Tout cela bruissait sous des couches de papier d'aluminium et de drapeaux de rubans. La clairière se trouvait au beau milieu du parc et en son centre se dressait le splendide mât de mai, grand et fort, avec ses banderoles de papier blanc et bleu, tirées vers le bas et fixées à son pied en attendant que chaque danseuse s'en emparat. Le vent faisait vibrer l'ensemble de cette contruction délicate et l'on entendait un tel bruissment soyeux de papiers et de feuilles que le monde tout entier semblait être fait de feuiles et de fleurs, tout tremblant et brillant dans la lumière et le vent."

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Message par animal Mer 18 Oct - 21:13

William Goyen 41isa410

Précieuse porte

Une dizaine de nouvelles pas complètement sans liens entre elles (lieux, personnages). Lu pour cause de suggestion de bix en parlant de T. Williams. curiosité grande. La première nouvelle "La serre prise dans la glace" m'a paru un peu surréaliste et à la fois séduisante et dérangeante, un peu morbide...  par la suite de page en page, ça s'est accéléré, écriture de plus en plus envoûtante. Toujours une part de violence, j'en viens d'ailleurs à me demander si cette impression de malaise, de refus de cette violence ne vient pas d'un décalage culturel par rapport au contexte américain de ces auteurs (un peu même impression avec Faulkner). Surréaliste et décalé le plus souvent, sombre aussi avec une nature présente, discrètement mais certainement, de la terre notamment. Sur la fin, embarqué par la lecture et les dernières nouvelles où des personnages décalés, un peu rêveurs, dans un certain état de faiblesse sont sacrifiés à la réalité... j'ai effectivement penser à Williams en plus ... terreux ?

grande découverte petit à petit, sentiment de quelque chose de plus durable qu'une "claque" sur le moment... beaucoup d'images dans la tête pendant et après la lecture, des impressions qui restent...

je vous copie le quatrième de couverture :

quatrième de couverture a écrit:Un passant bouleversé par une serre chaude, l'hiver, et possédé par un jardinier alcoolique ; Horty Solomon, devenue princesse vénitienne, piquée par une araignée cachée dans une pêche ; Louetta et l'oncle fou d'amour, et Leander voué au malheur ; un petit homme locataire d'une maison de poupée ; ou cet homme nu, trouvé la tête fichée dans une rivière asséchée - chacun des personnages des dix nouvelles qui composent Précieuse porte est saisi à un moment bouleversant de son existence, "ce moment ou l'être humain se dépasse et se transforme, au-delà de lui-même", dit William Goyen. Comme le narrateur de Pont de musique, rivière de sable, le lecteur émerge de ces récits "ébranlé jusqu'au tréfonds, ayant perdu toute notion de la réalité mais amené à une étrange vérité".

l'extrait/dédicace au début du livre... qui est un peu un fil conducteur :

"L'amour de Dieu opère par la réconciliation".
"Père", demandai-je, "qu'est-ce que la réconciliation ?"
"Ca veut dire se retrouver dans la paix" répondit mon père. "Un conflit opposait les deux frères, mais ils n'en ont pas moins été réunis dans la paix


Merci Bix  William Goyen 3481408968


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Message par animal Mer 18 Oct - 21:14


Extrait :
 Ormsby alla trouver l'oncle qui se prit immédiatement d'amitié pour lui, et l'oncle conta la longue histoire à Ormsby et comment Kansas Tate avait succombé au choc et au chagrin. Ormsby pleura. Il donnait l'impression d'un saint homme plein de douceur, c'était pourtant lui qui était à l'origine de toutes les calamités qui s'étaient abattues sur la maison. Et puis l'oncle raconta sa propre histoire à Ormsby, son amour pour Louetta, la façon dont il s'était occupé comme un père de Leander, l'enfant du viol, et l'avait soigné et guéri alors qu'il se mourrait dans une grotte des sévices du KKK, le désir qu'avait éprouvé Leander pour Louetta et l'horrible suicide de celle-ci dans le puits. Ensuite Ormsby parla des souffrances qu'il avait endurées tout le temps qu'il avait vécu caché jusqu'au jour où une force l'avait poussé à revenir demander pardon. Il confessa à l'oncle son épouvantable méfait et, à genoux, implora pitié et indulgence. Des sanglots secouaient sa tête rose, son visage ruisselait de larmes d'argent et les marques blanches des griffes d'alligators brillaient sur son corps noir. L'oncle aurait pu aussitôt tuer Ormsby, là, dans la maison. Mais il arriva une chose extraordinaire. Je te pardonne, fit l'oncle. Qui peut jeter la première pierre ? Ils avaient aimé la même femme, et le blanc avait élevé le fils du noir et l'avait chéri comme le sien. L'oncle dit tout cela à Ormsby, le nègre à la tête rose. Essayons de vivre ensemble ici, proposa l'oncle, ou le Ku Klux Klan va te tuer s'il t'attrape, et moi aussi. Tu peux habiter dans cette saison avec moi. Et tous les deux, ajouta l'oncle, puisque nous sommes les seuls survivants de toute cette histoire, on peut l'attendre l'éventuel retour de notre fils Leander.
La ville grondait de savoir un blanc et un noir partager le même toit, car bien sûr les gens s'en étaient aperçus. Mais qui, parmi eux, savait tout ce qui s'était passé ? Et pourtant ils condamnaient les deux hommes qu'ils traitaient de hors-la-loi et bien des soirs les cavaliers du KKK tournèrent autour de la maison avec des torches enflammées tandis que les sabots des chevaux soulevaient la poussière jusqu'à former un nuage au-dessus de la vieille demeure familiale. Mais les deux hommes faisaient le mort à l'intérieur. Il leur arrivait d'apercevoir des flammes rougeoyantes et, approchant de la fenêtre, ils découvraient des croix ardentes plantées à même la route et dans les champs. C'est un miracle si le bras de la justice et de la moralité du KKK ne mit pas le feu à la maison, et cette menace ainsi que la promesse d'enduire les deux hommes de goudron et de plumes pour infliger un juste châtiment et restaurer l'ordre revenaient souvent dans des cris et des litanies, mais la vieille maison fut épargnée et ses deux occupants échappèrent à toutes les sévices. Parce que, à ce que l'on dit, certains affirmèrent avoir vu, dans une blanche incandescence au-dessus du toit, la figure éclatante d'un homme ailé qui brandissait un glaive de feu en clamant : "Cette maison est bénie par le pardon. Allez-vous en". Et toutes ces croix embrasées s'éteignirent. C'est ce que l'on raconte, c'est ce que certains virent de leurs yeux.

Leander ne revint jamais. Par des soirées obscures et des jours orageux et sombres, l'un ou l'autre des deux hommes était persuadé de reconnaître Leander, le fils perdu, qui traversait la prairie, se dressait et retombait dans les hautes herbes ; ou bondissait et filait vers la maison comme un lapin de garenne, à la lueur du crépuscule ; ou parfois sur la route, dans la chaleur de l'été, une forme comme un voile lumineux et ondoyant semblait approcher. Mais Leander n'arriva jamais.

Un matin de novembre où tombait du grésil, l'oncle trouva Ormsby mort dans son lit. Il lui creusa une tombe non loin de la maison et, à sa tête, plaça une planche sur laquelle on pouvait lire : "Le père de Leander pardonné".

Et alors, seul dans la maison du chagrin et du pardon, l'oncle se mit à boire, tout remplit de l'histoire qu'il taisait - sauf quand il me laissait entrer et m'en confiait des bribes - jusqu'au jour où il ferma la porte de la vieille maison et partit attendre sur l'autoroute qu'un automobiliste veuille bien le conduire jusqu'à Houston. Il y allait à la recherche de son frère et de sa sœur, mais nous savons qu'il ne les retrouva jamais.

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Message par Tristram Mer 18 Oct - 21:47

« …] une lune jetée, comme un crâne luisant, du cimetière où les lunes s’ensevelissent depuis des siècles [… »

« Car nous ne sommes qu’haleine à construire des ponts afin d’unir entre elles les ruines éternelles jusqu’au jour où, nous-mêmes, un souffle nous dissipe. »

« …] l’amertume du départ qui donne la liberté et l’esclavage. »
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