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Eduard von Keyserling

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Message par bix_229 Jeu 22 Déc - 22:04

Eduard von Keyserling (1855-1918)

conditionfeminine - Eduard von Keyserling Keyser10

Le comte Eduard von Keyserling (né en 1855, décédé en 1918) était un écrivain allemand.

Il est né dans une famille allemande originaire de Westphalie installée aux confins de la Prusse orientale et de la Russie, dans le gouvernement de Courlande, à Hasenpoth (aujourd'hui Aizpute). Ses romans ont pour cadre la Courlande et ses forêts et pour milieu l'aristocratie de langue allemande aux mœurs prussiennes qui gouverna ces régions jusqu'au début du XXe siècle. Il se sert de la lumière et des subtiles variations de la nature pour peindre les derniers beaux jours de l'aristocratie balte, ses châteaux, ses chasses, ses rituels, tout un art de vivre raffiné qui illustre l'impossibilité de l'amour et l'impuissance à contenir les passions exacerbées d'une société encore somptueuse mais déjà consciente d'un déclin irréversible.

Considéré comme un maître par Thomas Mann il est incontestablement l'écrivain le plus représentatif de l'impressionnisme allemand.

Oncle du philosophe Hermann von Keyserling, il meurt à Munich en 1918.


Bibliographie en français :

1903 Beate et Mareile,
1906 Eté brûlant,
1906 Son expérience de l’amour : Page 1
1908 Dumala,
1909 Cœurs bigarrés,
1911 Le murmure des vagues,
1914 Maisons du soir, [b] Page 1
1914 Harmonie : Page 1
1916 Versant sud,
1917 Altesses : Page 1
1918 Dans un coin tranquille : Page 1

source: wikipedia

Message récupéré

màj le 18/02/2018


Dernière édition par bix_229 le Jeu 22 Déc - 22:18, édité 1 fois
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Message par bix_229 Jeu 22 Déc - 22:13

conditionfeminine - Eduard von Keyserling 41081r10

MAISONS DU SOIR
. - J. Chambon

La Courlande est un petit pays mystérieux et même mythique. En tout cas pour moi, mais je sais qu'il a été annexé par plusieurs pays au cours de son histoire. En tout cas, il étais annexé par la Russie au début de 20e siècle.
Dans ce pays vivait alors, si l'on peut dire, une noblesse en pleine déliquescence. Hors du temps hors de tout.
C'est ce milieu qu'a décrit Eduard von Keyserling dans toute son oeuvre.
Dans Maisons du soir, il met en scène quelques unes de ces familles.

Une sorte de torpeur létale semble envelopper ces vieux nobles repliés sur eux-mêmes dans leurs vieilles demeures, leurs codes désuets,  leur morale asphyxiante et arrogante, leur autorité dérisoire parce qu'elle tourne à vide.
Toute manifestation de vie, de mouvement, de gaieté est ressentie comme une traîtrise et une catastrophe. En fait, ils sont déjà morts et oubliés, mais ils ne le savent pas ou font semblant de l'ignorer.

Chez ces gens-là, les filles sont condamnées à prolonger la tradition et éventuellement, à se marier. Pas d'autre alternative. Et c'est ainsi qu'elles vivent, à l'attache. Même si elles s' éloignent et tirent sur la corde un moment, la corde les ramène, plus mortes que vives.
Leur jeunesse s'épuise dans la névrose, la mélancolie, après avoir ressassé vainement rêves et souvenirs.
Les hommes jeunes, couvés qu'ils sont par les femmes de la famille voient leurs velléités d' indépendance rater elles-aussi.

L'alcool, la chasse, le jeu, les amours adultères sont des tentatives de transgression qui finissent mal. Très mal. Dans le sang.
Et le piège se referme sur les survivants.
Seule la nature omniprésente sert de décor souverain à ces petits drames intimes.
Le style de Keyserling tout en nuances subtiles est superbe.
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Message par shanidar Ven 23 Déc - 13:15

conditionfeminine - Eduard von Keyserling 51nbbb10

Ah comme j'ai aimé la lecture d'Altesses !

L'aristocratie et ses petites princesses en attentent de couronne sont assez éloignées des univers que j'aime parcourir en littérature et pourtant, je suis très heureuse d'avoir lu Altesses et de m'être laissée prendre par la prose élégante et colorée de Keyserling.

Deux éléments ont particulièrement retenu mon attention et éveillé ma curiosité : le rapport au corps et la description de l'atomisation d'une société. Parce que, ce qu'il y a de bien avec Keyserling, c'est qu'il connait parfaitement la noblesse qu'il décrit, qu'il fait partie intégrante de cette société déliquescente, apeurée par la démocratie et s'autodétruisant lentement par respect pour des valeurs séculaires.

Mais revenons au corps. Le corps des femmes est ici, en particulier, parfaitement mis en scène par Keyserling et quand je parle du corps des femmes, je devrais dire l'absence, la confiscation, la néantisation de ce corps. Car le carcan social impose une restriction, une retenue, une distance qui donne l'illusion de la force, de la maîtrise, de la captation par le masculin du féminin. Les jeunes femmes sont ainsi étouffées par les tonnes de vêtements qu'elles portent, elles sont consignées au jardin et à l'écoute du chant des oiseaux, elles sont forcément fragiles et pures et n'ont droit à aucune liberté, toujours surveillées par leurs suivantes. Les jeunes épousées convolent avec des inconnus (la plupart du temps volages) qui ne les utilisent que comme des ventres et une fois mère, ses femmes n'ont pas le droit de prendre leurs enfants contre elle, de les caresser, de les embrasser, de leur montrer leur amour. Le corps confisqué de la femme noble est une entité abstraite qui se laisse déshabiller par une servante et ne touche jamais l'autre (ne se touche jamais vraiment non plus), du coup le moindre frôlement, la moindre caresse prend des proportions exceptionnelles dans l'esprit des jeunes oiselles.

Mais les moins jeunes ne sont pas épargnées, comme le montrent les scènes entre la princesse mère qui est veuve mais encore verte et le comte Streith célibataire. Scènes qui marquent le point rouge du désir par cette séduction glacée qui n'a pour simple distinction/déflagration que l'attouchement d'une main sur le velours d'une veste. Je reste sidérée par la puissance de feu de ce désir tu, de ce désir caché, qui éclate comme une bombe dans la nuit.

Il n'en reste pas moins que le roman raconte aussi l'atomisation de ce monde aristocratique, figé dans le formol et dont les coutures craquent. Les jeunes filles se prennent à rêver d'un travail, d'une liberté, d'un accomplissement hors des hommes et ces désirs font peur aux adultes ou leur tournent la tête. Les pères se heurtent à la légèreté de leurs fils (joueurs, endettés, coureurs…) et dans cette atmosphère de fin de règne les nobles résistances des 'anciens' ne parviendront pas à sauver leurs enfants de  l'implosion qui les guette.

Et pour revenir sur la méthode Keyserling, j'ai aimé que l'histoire passe d'un personnage à un autre, d'une identité à une autre, permettant ainsi au lecteur de découvrir les points de vue de chacun et de ne jamais s'ennuyer, bien au contraire. Dans sa postface, fort intéressante, Peter Krauss explique que pour lui le personnage principal du livre est le comte Streith, il sera pour d'autres lecteurs : Marie, la princesse mère ou la jeune et fougueuse Britta, Félix ou Hilda, Eleonore ou bien Roxane.

De cette lecture qui se déploie comme un éventail aux somptueux coloris et aux nuances impressionnistes émane un souffle à la fois rebelle et nostalgique qui reste longtemps en mémoire.  

Je note enfin, et pas seulement sur le ton du divertissement mais plutôt sur celui d'une photographie d'époque, qu'à travers ce livre je découvre ou redécouvre la manière dont les nobles occupaient leurs soirées du temps d'avant les nouvelles techniques de communication. Jeux, discussions, contemplation… tant d'attitudes princières qui donneraient presqu'envie d'attendre, le corps cerclé de taffetas étouffant, une couronne.

mots-clés : #conditionfeminine #historique
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Message par tom léo Dim 18 Fév - 8:42

Dans un coin tranquille/Im stillen Winkel

conditionfeminine - Eduard von Keyserling 97837110


Je me réfère ici à une édition allemande de 2006 sous ce titre, contenant trois de ses nouvelles… !

CONTENU :

1. Harmonie (1905)
Felix rentre dans sa Courlande natale après un long voyage. Pourtant il n’est marié que depuis deux ans, mais nous comprenons vite qu’il a quitte dans la panique sa jeune femme de maison riche, Annemarie. Après la perte de leur premier enfant elle avait glissé vers une dépression, Felix ne pouvait pas en faire face. Est-elle guéri maintenant ? Comment va se passer ce retour ? Mais le sentiment d’un mur de séparation est bien là, d’une aliénation grandissant, voir aussi : d’une jalousie envers l’oncle Thilo plus âgé, qui est si proche de sa femme. Mais comment est-il possible que Felix est bien capable de vouloir bien plus que seulement désirer d’autres femmes tandisque qu’il ne peut aucunement voir un quelconque droit chez sa femme pour un tel désir ? Son plaisir d’être et de jouer le « maître » des lieux est de loin insatisfaisant pour se rendre aimable…

2. Son expérience de l’amour/Seine Liebeserfahrung (1906)
Un jeune écrivain aimerait tant vivre quelque chose de bien exaltant, digne d’être décrit dans un carnet à part, en vue d’une publication… Une première expérience d’amour ? Alors est-ce que la rencontre avec la belle Claudia, si expérimenté en voyages et affaires du monde, va croître vers une telle expérience ? Où est-ce qu’il va se faire leurrer par son « wishful thinking », incapable de discerner chez elle son inclination vers son cousin ? Où son les frontières entre force d’imagination et narcissisme

3. Dans un coin tranquille/Im stillen Winkel (1918)
La famille d’un banquier part en « datcha », retraite d’été : père, mère , fils et fille. Parfois un aide du père-banquier fait son apparition, biensûr attiré par la mère… Et c’est l’été 1914 : la guerre éclatera, et le patriotisme revêt les coeurs. Mais le fils, Paul, vit cette « guerre » déjà depuis longtemps, exclu par ses camarades. Et il va aussi vouloir montrer son courage et « partir en guerre »...


Mais oui, on pourrait souligner les différences entre ses nouvelles ou alors mettre en relief des motifs se répétant. Plutôt peu de protagonistes centraux, trois, quatre. Le couple (dans sa forme traditionnelle) ne semble guère marcher, et se termine par des frctures, séparations, voir la mort… Les femmes étouffent dans un carcan de règles et dans des relations où elles ont le rôle de soumise. Au même moment les inhérences de la vie d’un couple ne sont plus respectés, et on transmet facilement les cadres de l’étiquette et de la fidélité. Keyserling décrit des murs de séparation qui empêchent d’être vraiment soi-même. Un monde va vers sa fin et tel ou tel protagoniste sent l’incertitude de l’existence. L’auteur alors nous montre la fragilité du monde.

C’est bien, voir très bien écrit, mais pas forcement très édifiant. Pourtant un image de son époque. Bien une recommandation aux amateurs de Keyserling !



Encore une remarque sur ces observations de bix :

bix_229 a écrit:La Courlande est un petit pays mystérieux et même mythique. En tout cas pour moi, mais je sais qu'il a été annexé par plusieurs pays au cours de son histoire. En tout cas, il étais annexé par la Russie au début de 20e siècle.
Dans ce pays vivait alors, si l'on peut dire, une noblesse en pleine déliquescence. Hors du temps hors de tout.
C'est ce milieu qu'a décrit Eduard von Keyserling dans toute son oeuvre.

Pour l’intéressé(e) à l’histoire de la Courlande et son histoire très riche, je ne peux que recommander le livre extraordinaire de Jean-Paul Kauffmann « Courlande » !

mots-clés : #amour #nouvelle
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Message par Dreep Lun 17 Aoû - 18:19

Le murmure des vagues

conditionfeminine - Eduard von Keyserling Le_Murmure_des_vagues

J’aime me laisser porter par son style : ne pas être trop conscient de la technique, de la raison d’être de tous les petits détails que Keyserling a inséré dans ses récits. Où les paroles prononcées par ces personnages deviennent exactement comme du bruit. Le bruit de l’eau. Le murmure des vagues dont on parle tout le temps. Sous la plume de Keyserling, ces personnages deviennent des tâches de couleur aperçues à l’horizon, mêlées aux autres détails, scintillements, poissons, roches, débris, murs enduits à la chaux. S'il y a quand même une histoire, qui se met en place l'air de rien au cours d'un dialogue entre oisifs, l'auteur et donc le lecteur ne semble pas lui accorder plus d'importance que cela, mais ce dernier s'est fait avoir. Keyserling est malin, sous son regard ironique et attendri se déploie un abyme d’anxiétés humaines et de pulsions contradictoires. Toute cette adversité sur le genre de vie à adopter ― en gros, les préjugés du monde contre un idéalisme esbroufeur ― se trame sur fond de jalousies qui entourent la jeune Doralice.

Tandis que l’image des uns ― des pêcheurs au loin, un couple ou Doralice se promenant à l’autre bout de la plage ― s’est mille fois imprimée dans la rétine des autres, Doralice, elle, tergiverse, rejoindre l’un ou l’autre, ou rester seule. L’abondance des éléments, le côté excessif de ces personnages capables d’envisager le suicide par romantisme… Le murmure des vagues devient un bain de nervosité où l'on est noyé. Mais il y a des changements d'air très perceptibles, des intervalles de silence, des pauses, où l’on dirait que tout s’est tu. Ces intervalles sont magiques, et par bonheur il y en a dans toute l’œuvre de Keyserling. Ces personnages, aussi étriqués soient-ils (d’ailleurs ils ne le sont pas tous), deviennent émouvants.

Eduard von Keyserling a écrit:Les nuits de Doralice étaient agitées. Longtemps elle restait éveillée, prêtant l’oreille à tous les bruits qui parcouraient la maison. Quand elle entendait une porte grincer et des pas résonner sur le sol, elle savait que Hans partait pour la mer. Il le faisait de plus en plus souvent, prétextant devoir l’étudier, même la nuit, mais Doralice savait bien que lui aussi dormait mal, qu’il souffrait aussi, et cette découverte l’agitait et la remplissait d’une joie fébrile.
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Message par bix_229 Lun 17 Aoû - 18:52

Merci Dreep !
Keyserling mérite vraiment découvert ou redécouvert.
D'ailleurs ses livres sont brefs et j'ai presque tout lu, mais j'y retournerai.
Keyserling a trés bien su peindre un univers clos et agonisant, tenu par
une noblesse arogante et stupide, où règnent encore les puissant,
les hommes de pouvoir.
Mais la modernité est là qui agrandit les brèches.
Et d'ailleurs cet univers est miné de l'intérieur par les désirs brulants
mais souvent inassouvis ou refoulés, les contradictions internes.
Un écrivain passionnant.
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Message par Dreep Lun 17 Aoû - 20:28

Y a beaucoup de choses qui n'ont pas encore été traduites aussi !
Tout à fait d'accord avec ton analyse.

J'ai une édition "Thesaurus" qui réunit treize romans de lui. Il ne m'en reste plus beaucoup à lire... Sad

J'oserai dire que ceux qui ne sont pas capable de comprendre (pas ceux qui n'aiment pas) pourquoi son écriture a du charme, ceux-là ne sont pas faits pour la littérature. Ou du moins un pan entier de la littérature leur échappe.
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Message par Dreep Mar 6 Juil - 19:26

Nicky

Dans ce récit écrit en 1915, on évoque la guerre. Keyserling n'a ― pour autant que je sache ― jamais abordé frontalement la grande guerre, qui s'est terminée un peu plus d'un mois après sa mort. Sans doute parce qu'il n'a pas été directement touché, mais, touché tout de même... d'une autre manière... comme la jeune femme qui lui sert de personnage pour ce petit conte : Nicky. Avec un tact qui lui est coutumier, Keyserling raconte ce qui se passe dans la tête de ce personnage passif et influençable, mise à l'écart, dans un coton d'innocence. Le conte vit le temps d'un bref moment musical, d'un dialogue fusionnel où se mêle peut-être un peu trop d'ingénuité. Un temps on croit que rien de ce qui se passe dans le monde n'a d'importance, que tout cela est irréel. Mais si sourd soit-il, l'écho du cataclysme finit par avoir un impact, procéder à un éveil chez la jeune fille. L'irréalité change de camp dans ce récit qui, comme un rêve, s'estompe à peine saisi.

Eduard von Keyserling a écrit:Qu'avait donc dit Fanoni ? La vie indifférente et les hommes indifférents qui s'écartent de moi deviennent semblables aux images d'une lanterne magique. C'était joli et Nicky se sentait fière de pouvoir si bien comprendre ces pensées. Les gens d'ici, le colonel avec ses temps critiques, la dame de Berlin, le baron Potz-Haller, faisaient partie de ce genre d'images éphémères.
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Message par bix_229 Mar 6 Juil - 19:51

On a l'impression à lire Keyserling, que les faibles sont inexorablement broyés par les plus forts.
Notamment les femmes et les enfants.
Comme chez Thomas Hardy, mais Keyserling a de la compassion pour eux et au fond, ils sont
tous victimes de l'Histoire et de la fin d'une époque.
Insensibles au décor sublime qui les entoure et dont il est seul témoin.
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Message par Dreep Sam 14 Mai - 13:03

Maisons du soir

conditionfeminine - Eduard von Keyserling R240168457

Comme souvent, la lumière a une place toute particulière dans les récits constellés de détails du comte Eduard von Keyserling. Lumière vespérale, comme le titre le suggère, ou, soit sur ce tissu usé par le temps, soit sur le crâne chauve d'un vieil homme assoupi, cet éclat du jour naissant. L'équilibre des contrastes chez le comte fait que l'on soupçonne la vie là où on ne peut la percevoir ou dans ceux qui s'approchent doucement de la mort. Ces barons, obsédés par les usages et par leur propre dignité, sont les personnages dont Eduard von Keyserling parle toujours avec ce mélange d'ironie et de tendresse à nul autre pareil. Ils se confondent avec les milles petits bruits d'eau et de volatiles, qui seuls détruisent cette silencieuse austérité. Ils ne composent, dans ces Maisons du soir qu'une toile de fond, certes, mais celle-ci est plus intéressante, plus vivante que l'intrigue dans laquelle s'empêtre la génération suivante : jalousie, duels d'honneur etc... Trop dérisoire pour être aussi complexe, peut-être, trop de personnages... De sorte qu'en passant de l'un à l'autre la plume délicate et incisive d'Eduard von Keyserling ne se donne pas suffisamment le loisir d'ausculter toutes les ambiguïtés de la jeune Falstrade.
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Message par Tristram Sam 14 Mai - 13:19

Il faudra(it) que je m'intéresse à cet auteur...

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Message par Dreep Sam 14 Mai - 14:34

Tu es sûr ?... conditionfeminine - Eduard von Keyserling 378699333
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Message par Tristram Sam 14 Mai - 14:35

Je vais même commencer par... Maisons du soir !

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Message par Bédoulène Sam 14 Mai - 17:38

ton commentaire est invitant Dreep

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
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Message par Tristram Mer 25 Mai - 13:15

Maisons du soir

conditionfeminine - Eduard von Keyserling Maison12

Au château de Paduren, le vieil et intransigeant baron von der Warthe et sa sœur Arabella attendent la mort dans la tristesse. Bolko, le fils du baron, a été tué dans un duel ; revient sa fille Fastrade, qui s’était enfuie, amoureuse de son précepteur, mort lui aussi. Gertrud Port, la fille de l’ami du baron, du château de Witzow, s’est aussi rendue à Dresde pour apprendre le chant, puis est revenue. Dietz von Egloff, je jeune descendant du château de Sirow, est joueur et dilapide son bien. Il est l’amant de Lydia, fille de « fabricant » et femme de Fritz Dachhausen, du château de Barnewitz. Il se fiance à Fastrade, puis Dachhausen découvre son infortune conjugale…
« Avant, les demoiselles de la noblesse n’avaient pas de ces talents qui ont besoin d’être développés, encore un effet des temps modernes. »

« Je n’aime pas penser le mal, mais avec ces dames qui ne sont pas de bonne famille, on ne sait jamais. »

« Et cette attente nous rend tous fous, on attend et attend, on fait ceci ou cela pour tuer le temps mais l’important, le principal doit encore arriver. Et le temps passe et rien ne vient et nous devenons fous. »
L’aristocratie est juste préoccupée de conserver noms et domaines attachés pour se les transmettre de génération en génération, sclérose conservatrice qui maintient ses membres dans l'effacement individuel, notamment les femmes.

\Mots-clés : #famille #social #traditions

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Message par Bédoulène Mer 25 Mai - 18:33

la lectrice s'éloigne !

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