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Menis Koumandareas

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Message par bix_229 Sam 24 Déc - 15:38

Menis Koumandareas (1931-2014)

Menis Koumandareas Kouman10

Mènis Koumandarèas (né à Athènes en 1931, décédé dans la même ville en 2014) était considéré comme l’un des meilleurs prosateurs grecs du 20e siècle. Il est l’auteur de sept romans (La Verrerie, Le Beau Capitaine notamment), cinq recueils de nouvelles et deux volumes d’essais. Il a entre autres traduit McCullers et Fitzgerald, et reçu deux fois le Prix d’État pour le roman.

Sur le plan littéraire, c’est en 1962 qu’il avait fait irruption sur la scène grecque avec des nouvelles. Depuis 1982, il se consacrait exclusivement à l’écriture. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont sept romans, des nouvelles et des essais non encore traduits en français, Koumandarèas était curieux de tout. Passionné de théâtre – on le croisait à Athènes à toutes les premières -, il était aussi un grand amateur de musique, avait appris le français sur le tard et maîtrisait parfaitement l’anglais. On lui devait des traductions en grec d’écrivains américains tels que Melville, Scott Fitzgerald ou Carson McCullers.

Sa prose à lui « était toujours en prise directe avec la société grecque, remarque Catherine Velissaris, ancienne directrice d’Ekevi, le Centre national des lettres grec. « Son univers collait étroitement au tissu politique et social ». Koumandarèas avait décrit, entre autres la faillite d’un couple de commerçants (La Verrerie, Hatier, 1991; rééd. Le Serpent à plumes, 2003 ), la brève carrière d’un jeune footballeur (Le Maillot n°9, Éditions Griot, 1991) ou les coulisses de l’armée grecque (Le Beau capitaine, Quidam, 2011).

Dans ce dernier roman, Koumandarèas fait revivre la Grèce des années 1960, donnant à sentir la montée qui aboutira à la dictature en 1967. Sur cet arrière-fond, l’intrigue se noue autour du trouble ressenti par un vieux conseiller d’Etat envers un jeune capitaine à qui sa hiérarchie refuse le moindre avancement. Elle reflète bien les thèmes de prédilection de l’écrivain : l’amour et la fascination de l’autre, l’obscur tapi en chacun de nous, la séduction de la jeunesse, la hantise du vieillissement… Des thèmes que l’on retrouve dans son magnifique roman, La Femme du métro (Quidam, 2010) où, à Athènes, dans les années 1970, une femme de quarante ans, mariée, et un étudiant de vingt ans se retrouvent tous les soirs dans le même métro, pour une brève rencontre et un bien étrange amour.

« On le présente parfois comme un écrivain réaliste, et ce n’est pas faux », note son traducteur Michel Volkovitch. « Ses livres sont ceux d’un témoin attentif qui s’inscrit dans la réalité contemporaine. Mais en même temps, il est le contraire d’un réaliste. Tout chez lui vous glisse entre les doigts à force d’ambiguités, de mystères, de demi-mots. Sa prose paraît simple, lisse, classique ; elle s’avère complexe et profondément musicale, dans la construction d’ensemble comme dans le rythme et les couleurs de chaque phrase ». Au Monde, Michel Volkovitch dit « la chance » qu’il a eue de traduire ce qu’il considère comme « deux très grands livres », La Femme du métro et Le Beau capitaine. Heureusement dit-il, « il en reste quelques autres à traduire… ». Mènis Koumandarèas était « un écrivain terre-à-terre et subtil », résume la romancière Ersi Sotiropoulos. « Il pensait que la force de la littérature est insidieuse et corrosive. Si on ne peut pas changer le monde, disait-il, on peut au moins le tenir éveillé. »

source : Le Monde

Oeuvres traduites en français :

Le Maillot n°9
La Verrerie
Le Beau Capitaine
Chrístos
Je me souviens de Maria
La Femme du métro
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Message par bix_229 Sam 24 Déc - 15:50

Menis Koumandareas 26_65310

La Femme du métro

«Ils se retrouvaient tous les soirs à huit heures. Il montait à Thissio, elle à Monastiraki. Le jeune homme portait un pantalon de velours côtelé, un pull ras du cou, ses cheveux librement rejetés en arrière. Dans une main il tenait son paquet de cigarettes, dans l'autre des feuilles dans un classeur.

Il prenait la même place, en coin, près de la fenêtre, dans le sens contraire de la marche, l'oeil fixé sur les portes coulissantes. Dans quelques minutes, le temps que la rame arrive à Monastiraki, c'est là qu'elle apparaîtrait.»
 
La femme du métro, p. 9

Elle, c'est Koula. Elle a quarante ans et est mariée «avantageusement» mais sans amour à un riche commerçant d' Athènes. Elle occupe un emploi de bureau pour tuer le temps et meubler une vie désespérément vide.
Lui, il s'appelle Mimis, vingt et un ans, vaguement étudiant, séduisant et plein de sève, légèrement immature, mais redoutablement malin.
Il a déjà une assez longue expérience amoureuse avec des dames en mal d'affection.

Elle est au mitan de son âge, mais elle a déjà tiré un trait sur sa vie affective. Mais elle ignore encore qu'on n'est jamais à l'abri de tout.
Combien de temps faut-il à une femme, belle, séduisante, intelligente et sensible pour faire le deuil de tout et de s'y tenir? Certainement beaucoup plus de temps qu'être empoignée par un désir soudain.

Lui, naturellement, est libre et disponible. Et même s'il monnaye ses talents de séducteur auprès d'autres femmes, il n'est pas indifférent au charme de Koula...

En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, elle sort de sa torpeur habituelle et laisse tomber ses barrières morales pour donner et recevoir un plaisir qu'elle n'attendait plus. En toute lucidité, mais non sans douleur.
Aucun plaisir, aucune blessure de la passion amoureuse ne lui seront épargnés. Mais elle sait intensément jouir de l'instant présent. Et j'ai trouvé qu' elle s' adaptait merveilleusement à une situation surprenante, mais qu'elle assumera jusqu'au bout.

Menis Koumandareas fait partie des auteurs sobres au style limpide et en même temps riche et complexe. Un style qui touche juste et traduit une sorte d'état de grâce. Avec des changements de rythme très étonnants, presque cinématographiques. Et cet état de grâce, c'est encore une femme qui en bénéficie ! Il paraît même que les lecteurs de Koumandareas se demandent à chaque lecture quel est le plus beau portrait de femme.

Et, de fait, j'ai encore en mémoire le portrait inoubliable de la femme de La Verrerie.

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Dernière édition par bix_229 le Sam 24 Déc - 16:15, édité 1 fois
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Message par bix_229 Sam 24 Déc - 16:14

Menis Koumandareas La_ver10

La Verrerie. - Quidam

«Bèba, cette nuit-là, était plus gaie que d'habitude. A cause du vin ? De la soirée elle-même ? On aurait dit que c'était la dernière qu'ils passaient ensemble. Dans l'ouverture de la robe, Vlassis devinait le grain de beauté sur ses seins blancs, comme une fleur pressée et enfermée dans un vieux livre...»

Ce roman dessine un superbe portrait de femme !

Bèba est à la fois belle et très forte. A l'époque de la dictature des Colonels, la corruption et la misogynie ne semblent avoir aucune prise sur cette femme.
Ses idéaux de jeunesse, communisme et générosité, ont été balayés par la répression.
En pleine crise économique, elle parvient malgré tout à faire vivre une verrerie artisanale à Athènes. Elle a développé elle-même ce commerce, à force de créativité et de travail.
Son énergie flamboyante attire hélas des prétendants ternes et parasites. Entre son mari dépressif et ses deux amis versatiles, sa vie finit par vaciller. Cette femme se débat contre l'usure, la malchance, la désillusion...

Le génie d'un roman est parfois mystérieux. Est-ce l'écriture, son thème, la richesse des personnages ? Il y a tout cela.
Et l'apparente modestie du sujet ne rend que plus fascinant le processus romanesque.

Ce livre m'a laissé un souvenir mémorable. A cause de Biba, de l'atmosphère où elle vit, de la résistance qu'elle oppose aux obstacles de la vie... Une énergie, une force vitale inépuisable qui incarne la jeunesse de l' après-guerre, celle de 1940. Un brin d'humour égaie parfois ce livre plutôt sombre, mais envoûtant.
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Message par bix_229 Mar 2 Mar - 16:19

Menis Koumandareas Le-ver10

La Verrerie


Et la petite fille qu’elle était, avec tant de rêves d’avenir… Depuis, tout s’était précipité. Comme quand on boit un verre d’eau et qu’on reste sur sa soif. Mais de toute manière, pensait-elle, il y aura toujours des enfants qui s’aimeront, qui se battront pour que la vie ait un sens, pour que les ténèbres se dissipent et que la lumière renaisse. Libérés des vieilles idées et du poids des héritages, ils essayeront de vaincre la vie, de reprendre la partie que d’autres avant eux ont perdue.

J'ai relu ce livre. Pas seulement parce qu'il est court, mais il hante ma mémoire  et des souvenirs personnels, des impressions sensibles que seul un livre comme celui-là fait ressurgir. La croyance toujours bafouée d'un monde meilleur. D'une jeunesse déçue où tout semblait possible avant que la vie passe sur vous sans anesthésie mettant fin aux espoirs ne laissant qu'un arrière gout. Tout ce qui reste de la jeunesse.

Tout est là dans ce livre d'une grande tendresse pour les protagonistes, seulement nuancée par un zeste d'ironie légère.
L'histoire d'une génération surgie de  l'immédiat après guerre  en Grèce, une Grèce perpétuellement ensanglantée par une guerre monstrueuse, trahie par des soi disant alliés, des conflits  idéologiques dépassant largement les frontières du pays.

De tous les personnages, c'est encore et toujours Beba qui illumine le récit.
Cette femme qui court, court encore à en perdre le souffle. Ou plutôt roule dans sa petite voiture. Officiellement pour sa charge de la verrerie, qu'elle assume seule à cause d'un mari dépressif et de vendeurs improductifs.
J'ai plutôt l'impression qu'elle fuit la dépression, les espoirs déçus de changer le monde.

Un superbe roman mélancolique.
Très bien traduit par Marcel Durand chez l'excellent éditeur Quidam.


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Message par Tristram Mar 2 Mar - 17:07

Tout cela est bien engageant... A trouver donc.

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par bix_229 Mar 2 Mar - 18:17

Tristram a écrit:Tout cela est bien engageant... A trouver donc.
C'est réédité en poche par Quidam, je crois.
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Message par Bédoulène Mar 2 Mar - 19:01

merci Bix, je rencontrerai le livre un jour ...............

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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