Sayaka MURATA
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Sayaka MURATA
Sayaka Murata
née en 1979
née en 1979
(村田 沙耶香, Murata Sakaya, 14 août 1979) est une romancière japonaise. Murata est la fille d'un juge et d'une femme au foyer; elle a travaillé pendant presque 18 ans dans une supérette. Les horaires réguliers lui convenaient bien, car elle pouvait écrire quand elle ne travaillait pas. Alors qu'elle était étudiante à l’université, Murata a suivi des cours privés d’écriture avec le romancier Akio Miyahara.
Ouvrages traduits en français:
- Konbini (Konbini Ningen - コンビニ人間), 2016, prix Akutagawa
tom léo- Messages : 1353
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Localisation : Bourgogne
Re: Sayaka MURATA
Originale : Japonais, Konbini Ningen (コンビニ人間 ), 2016
CONTENU :
Depuis l'enfance, Keiko Furukura a toujours été en décalage par rapport à ses camarades. A trente-six ans, elle occupe un emploi de vendeuse dans un konbini, sorte de supérette japonaise ouverte 24h/24. En poste depuis dix-huit ans, elle n'a aucune intention de quitter sa petite boutique, au grand dam de son entourage qui s'inquiète de la voir toujours célibataire et précaire à un âge où ses amies de fac ont déjà toutes fondé une famille. Est-ce qu’elle va « réussir » à éviter le jugement permanent de la société ? Pour combien de temps…
REMARQUES :
Cela pourrait être perçu comme une «histoire grotesque » : est-il possible de si bien aimer un tout petit métier, justement mal perçu par tellement de monde ? Mais Notre Keiko trouve sécurité, un cadre rassurant dans son travail très rhytmé et formaté. Non, pas juste un oubli de problèmes, mais presque un bonheur, un sens : faire partie d’un ensemble (le roupe du travail) et remplir une fonction à merveille. Elle pense et vit comme employée de « Konbini », ces superettes japonais (et asiatiques), ouvertes 24h sur 24h. Elle a trouvé sa place. Mais les autres ? Ils pensent comment c’est bien possible de trouver dans un tel emploi « minable » une chose satisfaisante. Mais aussi plus : ils ne comprennent pas comment, à 36 ans, elle n’a pas encore de mari ni même une relation sexuelle. Décidemment, Keiko ne rentre pas dans le moule, ni du rôle dans la société, ni des schematas tout prêts des uns et des autres. Mais pourquoi d’autres devraient-ils décider en quoi consisterait une place convénable ?
Keiko n’est pas une révoltée, car au même moment elle fait beaucoup d’efforts à s’adapter dans les plus petits détails aux gestes imposées par le travail, elle veut « rentrer en quelque sorte dans le moule. On parle beaucoup des imitations des autres en paroles et gestes.
Ainsi ce roman en décalage devient aussi une interrogation sur la soi-disante normalité et identité, les rôles qu’on attribue aux uns et aux autres et à soi-même. En échapper ? La tentation de Keiko… Va-t-elle entrer dans une combine pour faire semblant ou entrrer dans le moule ?
On pourrait trouver le roman grotesque, bizarre, drôle, interrogateur, mais il devient encore plus incisif en sachant que l’auteur Sayaka Murata y a mis beaucoup de ses propres expériences. Elle, qui après avoir reçu pour ce roman le prix Akutagawa, est rentrée dans sa superette, où elle travaille depuis 18 ans…
J’ai vraiment aimé ! C’est assez originale » !
mots-clés : #social #viequotidienne
tom léo- Messages : 1353
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Re: Sayaka MURATA
Humm ça me tente bien ! Je l'ai réservé.
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Armor- Messages : 4589
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Re: Sayaka MURATA
Armor a écrit:Humm ça me tente bien ! Je l'ai réservé.
A vrai dire: j'ai fortement pensé à toi en écrivant ce commentaire! Vraiment très intéressant! Une belle découverte!
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Sayaka MURATA
tom léo a écrit:
A vrai dire: j'ai fortement pensé à toi en écrivant ce commentaire! Vraiment très intéressant! Une belle découverte!
Eh bien tu as touché ta cible. Ton commentaire était pile poil ce qu'il fallait pour que je me jette sur le site de ma médiathèque. (J'étais de plus totalement passée à côté de cette acquisition).
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Armor- Messages : 4589
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Re: Sayaka MURATA
intéressant; ce sujet, pas commun, merci Tom Léo
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Bédoulène- Messages : 21080
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Re: Sayaka MURATA
Konbini
Les gens perdent tout scrupule devant la singularité, convaincus qu'ils sont en droit d'exiger des explications. Personnellement, je trouve ça pénible, et d'une arrogance exaspérante. Au point qu'il m'arrive, comme quand j'étais petite, de vouloir arrêter mon interlocuteur à coups de pelle sur la tête.
Mais si je le disais à ma sœur, elle se mettrait à pleurer. Alors je garde ça pour moi.
Keiko Furukura est un être à part. Enfant, ses réactions spontanées ont souvent généré le courroux ou l'embarras des adultes. Keiko n'a jamais vraiment compris pourquoi ses proches se faisaient tant de souci pour elle, mais elle a appris à se fondre dans la masse, imitant la façon de se vêtir et les intonations des uns et des autres afin de passer inaperçue. Elle a finalement trouvé une forme d'équilibre en travaillant à temps partiel dans un konbini, l'un de ces petits supermarchés nippons ouverts 24h/24. Dix-huit ans désormais que toute sa vie tourne autour du konbini, et qu'elle enfile chaque matin son uniforme avant de répéter avec dévotion les formules de bienvenue. Le masque de la serveuse modèle a peu à peu phagocyté son être tout entier : même en rêve, elle est une employée parfaite, souriante et efficace...
Mais le célibat de Keiko, qui a désormais 36 ans, et son absence d'ambition professionnelle (comment, avec ses diplômes, peut-elle se satisfaire d'un job d'étudiant ?) interrogent. Les questions se font de plus en plus intrusives... C'est là que surgit la tentation de faire ce que l'on attend d'elle, afin de faire taire les rumeurs et d'être enfin tranquille. Mais cette tentation revêt un visage étrange, très étrange même. Quel sera le choix de Keiko ?
Konbini est un roman original, empreint d'une étrangeté toute nipponne. Dès le début, le quotidien du petit supermarché, décrit avec force détails, revêt une forme de poésie qui éloigne le spectre d'une énumération fastidieuse. Par petites touches délicates, l'auteur parvient réellement à nous faire entendre le « chant du konbini » si cher à Keiko.
Le récit bascule lorsque Keiko entrevoit une possible solution à ses problèmes. Le chant du konbini se fait alors moins prégnant, pour laisser la place à une drôle de réalité "twistée" qui, sans tomber dans le fantastique, fait peu à peu intervenir des éléments absurdes ou le tragi-comiques. Mais le propos ne s'en fait que plus incisif, comme l'a déjà souligné Tom Léo.
Ce roman est une réflexion douce amère sur la différence. Keiko, qui ne fait de mal à personne, dérange parce qu'elle n'entre pas dans l'un des moules dévolus par une société qui se dit moderne mais qui, de fait, perpétue encore et toujours les mêmes modèles archaïques en cantonnant les individus à des rôles bien définis dont il est mal vu de s'émanciper. Avec son air de ne pas y toucher, l'auteur met le doigt sur l'intolérance au quotidien d'une société normative et envahissante, et l'on s'attache à Keiko, cette jeune femme si lucide sur sa solitude et sur le gouffre impossible à combler entre elle et "les autres"...
Merci Tom Léo pour cette belle découverte, j'ai beaucoup, beaucoup aimé cette lecture !
mots-clés : #mondedutravail #social #viequotidienne
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"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
Armor- Messages : 4589
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : A l'Aise Breizh
Re: Sayaka MURATA
Merci Tom Léo et Armor pour vos impressions de lecture. Ce livre me tente bien aussi. ça me fait penser à L'introduction à la vie gnostique de Raymond Ruyer
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