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John Berger

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Message par Marie Mar 3 Jan - 0:55

John Berger
(5 novembre 1926 - 2 janvier 2017)


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John Berger est né à Londres en 1926 et vit en France depuis les années 1970. Après avoir servi dans l'armée anglaise de 1944 à 1945, il entre à la Central School of Art et à la Chelsea School of Art de Londres, puis enseigne le dessin de 1948 à 1955. Ses œuvres sont exposées dans diverses galeries londoniennes. Dès 1952, il écrit pour le New Statesman et devient un critique d'art reconnu. Passionné par les formalistes et les constructivistes russes, il a par ailleurs beaucoup écrit sur Courbet, Cézanne, Picasso, Dürer, Le Titien… De sa longue complicité avec le photographe Jean Mohr sont nés plusieurs ouvrages : Art et Révolution (Denoël, 1970), Le Septième Homme (Fage, réédité en 2007),Une autre façon de raconter (La Découverte, 1981) et Au bout du monde (Demoures, 2001). Scénariste, il a collaboré à plusieurs films d'Alain Tanner : La Salamandre (1971), Le Milieu du monde (1974), Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000 (1976) Il est aussi l'auteur, avec Nella Bielski, de plusieurs pièces de théâtre telles que Question of Geography qui a été jouée au théâtre national de Marseille en 1984 ainsi qu'au théâtre national de l'Odéon en 1986. Il collabore régulièrement au Monde diplomatique et a publié une trilogie sur le monde rural, Dans leur travail (Points, 1996).
source: Ed. de L'Olivier

Il est mort aujourd'hui, son fils Jacob Berger, cinéaste, l'a annoncé:
Mon père John Berger est mort aujourd'hui. Sans peur ni témérité, mais attentif, désireux de connaître la suite de l'histoire. En Ecrivain.

Bibliographie en français

La Réussite et l'échec de Picasso, 1968.
Art et révolution, 1970.
G, 1972.
Le Septième Homme, photographies de Jean Mohr, 1976
Voir le voir, 1976.
Un peintre de notre temps, 1978.
L'Air des choses, 1979.
La Cocadrille, une classe de survivants, 1981
Une autre façon de raconter, photographies de Jean Mohr, 1981
Question de géographie, avec Nella Bielski, 1984.
Grande Ourse dans la nuit d'hiver (précédemment paru sous le titre La Cocadrille), 1986.
Le Dernier Portrait de Francisco Goya, le peintre joué aujourd'hui, avec Nella Bielski, 1989.
Joue-moi quelque chose, 1990
Et nos visages, mon cœur, fugaces comme des photos, 1991.
Flamme et Lilas, 1992
Calling out, poèmes et chroniques, 1993.
Drawings',' poèmes et chroniques, 1994.
Au regard du regard, 1995.
Fidèle au rendez-vous, recueil, 1996
Qui va là ?, 1996
Dürer, 1996.
King, 1999.
Photocopies, recueil (1999)
L'Oiseau blanc, 2000.
La Forme d'une poche, essais, 2003.
Titien, la nymphe et le berger, avec Katia Berger Andreadakis, 2003.
D'ici là, 2006.
Écrits des blessures : poèmes, dessins d’Yves Berger, 2007
De A à X, 2009
Un métier idéal : Histoire d’un médecin de campagne, photographies de Jean Mohr, 2009
Tiens-les dans tes bras, essai, 2009.
La Tenda Rouge de Bologne, dessins de Paul Davis, récit-promenade, 2009
Dans l'entre-temps, réflexions sur le fascisme économique, 24 pages, 2009
Le blaireau et le roi, avec Yves Berger, 2010.
Pourquoi regarder les animaux ?, anthologie de neuf récits, essais et poèmes écrits de 1971 à 2009, 2011.
Cataract, avec illustrations de Selçuk Demirel, 65 pages, 2011.
Le carnet d’esquisses de Bento, 2012
Rondo, avec Yves Berger, 2015
Marie
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Message par Marie Mar 3 Jan - 1:15

Le hasard-ou plutôt un cadeau -ont fait que j’ai lu deux livres de John Berger en peu de temps.

John Berger 519pzr10

Le premier , au si joli titre: Et nos visages, mon cœur,fugaces comme des photos est une sorte d’autoportrait à travers des thèmes différents, des réflexions sur l’exil, l’art, l’amour ,le temps,l’histoire, la foi, l’écriture,en prose ou en vers ( les siens ou ceux d‘autres écrivains), mais c’est de toute façon un texte très poétique.

Nous sommes tous des raconteurs. Couchés sur le dos, nous levons les yeux vers le ciel étoilé. C’est là qu’ont commencé les histoires, sous l’égide de cette multitude d’astres, qui, la nuit, fauchent les certitudes, et, avec un peu de chance, vous les rendent le matin sous forme de foi.

   ..
Ce qui nous sépare des personnages sur lesquels nous écrivons n’est pas notre savoir, qu’il soit objectif ou subjectif,mais leur expérience du temps au sein de l’histoire que nous racontons.Ce fossé nous octroie, à nous autres raconteurs,le pouvoir de connaître le tout. Mais, par la même occasion, ce fossé nous rend impuissants: une fois le récit engagé, nous ne pouvons plus contrôler nos personnages. Nous sommes contraints de les suivre à travers et en travers de ce temps qu’ils éprouvent, et que nous dominons.
   Le temps et, par là,l’histoire, leur appartiennent. Mais le sens de l’histoire, ce pourquoi elle vaut la peine d’être narrée, ce qui nous inspire, c’est nous, les raconteurs, qui en possédons les aboutissants, car nous nous situons du côté de l’intemporel.
   C’est comme si ceux qui nous lisent ou nous écoutent voyaient tout à travers une loupe. Cette lentille- le secret de toute narration- nous l’ajustons, nous la mettons au point avec chaque nouvelle histoire.
   Si je dis que nous autres raconteurs, sommes les Secrétaires de la Mort, c’est que, l’espace de nos vies fugitives, pour chacune de nos histoires, nous avons à polir ces lentilles entre le sable du temporel et la pierre de l’intemporel.

Ceci n’est qu’un tout petit extrait, c’est en tout cas un texte constamment intéressant, et toujours très fouillé, comme s’il s’appliquait à la compréhension du lecteur grâce à d’autres données, j’aime beaucoup cela.

mots-clé : #creationartistique





John Berger 51zls810

Le deuxième, que j’avais choisi pour aborder cet auteur, c’est Un métier idéal., Histoire d’un médecin de campagne. Une sorte de reportage sur un médecin anglais, John Sassall, et sa vie quotidienne professionnelle .Avec de magnifiques photographies de Jean Mohr. C’est un livre qui date de 1967.

Là aussi, le portrait est très fouillé. Et bien sûr, plus que les descriptions des activités purement médicales de ce médecin de campagne qui fait pratiquement tout lui-même, ce sont les réflexions d’ordre sociologique et philosophique sur la médecine à travers ce personnage , qui interpellent.
C’est un texte dont j’aurais aimé discuter , tant, bien sûr, il me parle.. Même si je ne suis pas forcément d’accord avec les conclusions qu’en tirent d’autres lecteurs . Il vaut mieux d’ailleurs que je dise tout de suite que John Berger signale-rapidement- dans une postface, que ce médecin s’est suicidé.

je reconsidère avec une tendresse accrue ce qu’il a entrepris de faire et ce qu’il a offert aux autres aussi longtemps qu’il a pu le supporter

Et ces lecteurs semblent penser que ce suicide était inévitable.. Je ne le crois pas , même si je crois effectivement que la pratique de la médecine ne peut que fragiliser , à être en permanence en contact avec sa propre finitude.
Mais il n’y a pas que cela, pour John Sassall . Il y a beaucoup plus dangereux..

Il est probablement plus que la majorité des médecins conscient de commettre des erreurs de diagnostic et de traitement. Non parce qu’il commet davantage d’erreurs, mais parce qu’il compte comme erreur ce que beaucoup de ses confrères- peut être à raison- qualifient de regrettables complications…
Néanmoins, le sentiment de ses insuffisances ne provient pas de cela- encore qu’il puisse parfois être provoqué par un sentiment d’échec exacerbé à propos d’un cas particulier. Le sentiment de ses insuffisances ne touche pas uniquement à sa profession.
Ses patients méritent-ils la vie qu’ils ont ou bien en méritent-ils une meilleure?


Alors là, évidemment…si on commence à se demander , de façon plus générale, si les malades "méritent" leur maladie , ou leurs difficultés de tous ordres, on est foutu.. Rien que le verbe "mériter" fait frissonner!

John Berger nous fait partager les conclusions lucides et réalistes que tire John Sassall d'années d'exercice:

Abandonnant son ancien moi, Sassall jette un regard réaliste sur le monde dans lequel nous vivons et son indifférence ordinaire. Il est dans la nature de ce monde que les vœux pieux et les nobles protestations s’interposent rarement entre le coup et la douleur . Pour la majorité de ceux qui souffrent, il n’y a pas d’appel. Les villages vietnamiens brûlaient avec leurs habitants alors que les neuf dixièmes de la planète condamnaient le crime. Ceux qui moisissent en prison à la suite de sentences inhumaines que les juristes du monde entier déclarent injustes continuent quand même de moisir. Presque tous ceux qui crient à l’injustice crient jusqu’à ce que toutes les victimes qui en souffrent aient disparu. Lorsque le coup est dirigé contre un homme , rien ou presque ne vient l’amortir. Il existe une frontière stricte entre la morale et l’usage de la force. Une fois que l’on a été poussé de l’autre côté de la frontière, la survie dépend du hasard. Tous ceux qui n’ont jamais été ainsi poussés sont ,par définition, des hommes qui ont eu de la chance et qui contesteront la réalité de l’indifférence ordinaire du monde. Tous ceux qui ont été contraints de franchir la frontière- même s’ils survivent et parviennent à la repasser- reconnaissent différentes fonctions, différentes substances, dans la plupart des matériaux de base- dans le métal, le bois, la terre, la pierre, de même que dans l’esprit et le corps humain. Ne devenez pas trop subtil. Le privilège lié à la subtilité, c’est de faire la distinction entre le chanceux et le malchanceux.


C'est tout à fait vrai, tout à fait malheureux, mais qu'y faire?
Ce sont là des réflexions d’un humaniste réaliste, est-ce que cela doit interférer dans la pratique d’un métier, qui relève quand même beaucoup  de l’artisanat..
Et d’autre part, que dire de cette tentation d’omnipotence que j’ai ressentie chez ce personnage au demeurant admirable, bien sûr.. Peut être qu’un peu plus d’humilité aurait atténué les conséquences personnelles décrites par John Berger?


En tout cas, si j’avais à décider des réformes des études médicales, ce livre serait , avec quelques autres, une lecture obligatoire tant il renferme de sujets sur lesquels il est préférable de réfléchir avant de se lancer dans la pratique de cette profession.
Une étude assez magistrale de la grandeur- et des dangers- d'un métier.

récup


mots-clés : #documentaire
Marie
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Message par Marie Mar 3 Jan - 1:37

Encore 28 jours pour visionner ce film sur Arte: John Berger ou la mémoire du regard
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Message par Bédoulène Mar 3 Jan - 8:58

merci Marie, je vais suivre le lien.

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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