Michel Houellebecq
Page 4 sur 9 • Partagez
Page 4 sur 9 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Re: Michel Houellebecq
Houellebecq, notre moine zen national !
C'est autre chose que Christophe André, Matthieu Ricard, et toute la clique !
Invité- Invité
Re: Michel Houellebecq
Je vais continuer avec lui.
Bizarrement il m'a donné la pêche .
Alors que Mathieu Ricard et tout et tout ça me fiche l'angoisse.
Et mon docteur m'a dit que la carte et le territoire était génial.
Mais je n'aime pas ce titre, ça me renvoie à tout ce que je ne comprends pas ( les maths. L'espace/temps, l'orientation ) : faut que je dépasse .
Bizarrement il m'a donné la pêche .
Alors que Mathieu Ricard et tout et tout ça me fiche l'angoisse.
Et mon docteur m'a dit que la carte et le territoire était génial.
Mais je n'aime pas ce titre, ça me renvoie à tout ce que je ne comprends pas ( les maths. L'espace/temps, l'orientation ) : faut que je dépasse .
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Michel Houellebecq
La carte et le territoire, oui, il était bien, mais c'est peut-être un Houellebecq un peu policé, un Houellebecq à Goncourt, tu vois, juste remuer le bourgeois sans trop le choquer.
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Michel Houellebecq
Moi La carte et le territoire, je pensais que ça allait me renvoyer à mes cours de Géographie, en fait le roman tourne surtout autour du monde de l'art contemporain. Je l'avais bien aimé.
Mon préféré serait plutôt La possibilité d'une île. (il choque le bourgeois celui-ci ? )
Mon préféré serait plutôt La possibilité d'une île. (il choque le bourgeois celui-ci ? )
Invité- Invité
Re: Michel Houellebecq
Oui, enfin, ça dépasse l'ouvrage de circonstance !
« Et toutes les théories de la liberté, de Gide à Sartre, ne sont que des immoralismes conçus par des célibataires irresponsables. »
Michel Houellebecq, « La carte et le territoire », deuxième partie, V
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Michel Houellebecq
Bon alors je ne sais pas ...
A réfléchir ou à se laisser aller à l'impulsion du moment .
A réfléchir ou à se laisser aller à l'impulsion du moment .
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Michel Houellebecq
Soumission
Ce livre a déjà été abondamment et brillamment commenté, mais des citations furent réclamées, alors…
On retrouve d’emblée cette complaisance benoîte à préciser avec application notre propre médiocrité au travers de celle d’un narrateur type où l’on devine l’auteur. Houellebecq ne renonce pas à se rendre hostile une large part des lecteurs, non sans une certaine provocation plaisante, qui peut confiner au cynisme :
C’est aussi le fil de Huysmans, sujet d’études du narrateur et de l’auteur, qui leur sert de vague référence existentielle :
Savoureux regard sur la place de la carrière professionnelle (et les sujets de conversation entre collègues), la politique, l’intelligentsia et les médias, bref la société post 68 sur son erre : consommation de masse induite par la croissance, allongement et démocratisation de l'enseignement, émergence de "la jeunesse" comme nouveau groupe social et transformation des mœurs, sexe et détachement dans les rapports humains, solitude, vide de perspective…
Et il m’en restera quelques phrases, comme celle-ci :
mots-clés : #contemporain #identite #medias #politique #religion #romananticipation #sexualité #social
Ce livre a déjà été abondamment et brillamment commenté, mais des citations furent réclamées, alors…
On retrouve d’emblée cette complaisance benoîte à préciser avec application notre propre médiocrité au travers de celle d’un narrateur type où l’on devine l’auteur. Houellebecq ne renonce pas à se rendre hostile une large part des lecteurs, non sans une certaine provocation plaisante, qui peut confiner au cynisme :
C’est une forme d’anticipation (le genre littéraire qui explore des évolutions possibles de nos sociétés), mais plus une sorte de diagnostic et de matière à réflexion qu’un pronostic ou une analyse argumentée.« Dans l'iconographie de l'ouvrage, il y avait la reproduction du prospectus d'un bordel parisien de la Belle Époque. J'avais éprouvé un vrai choc en constatant que certaines des spécialités sexuelles proposées par Mademoiselle Hortense ne m'évoquaient absolument rien ; je ne voyais absolument pas ce que pouvaient être le "voyage en terre jaune", ni la "savonnette impériale russe". Le souvenir de certaines pratiques sexuelles avait ainsi, en un siècle, disparu de la mémoire des hommes – un peu comme disparaissent certains savoir-faire artisanaux tels que ceux des sabotiers ou des carillonneurs. Comment, en effet, ne pas adhérer à l'idée de la décadence de l'Europe ? »
C’est aussi le fil de Huysmans, sujet d’études du narrateur et de l’auteur, qui leur sert de vague référence existentielle :
Structure souple, enchaînement constant, sans temps mort ; une certaine élégance dans la narration, avec le côté clinique et détaché qui convient dans ce bilan d’une existence banale.« Ç'aurait été une erreur d'accorder trop d'importance aux "débauches" et aux "noces" complaisamment évoquées par Huysmans, il y avait surtout là un tic naturaliste, un cliché d'époque, lié aussi à la nécessité de faire scandale, de choquer le bourgeois, en définitive à un plan de carrière [… »
« …] les plats pour micro-ondes, fiables dans leur insipidité, mais à l'emballage coloré et joyeux, représentaient quand même un vrai progrès par rapport aux désolantes tribulations des héros de Huysmans ; aucune malveillance ne pouvait s'y lire, et l'impression de participer à une expérience collective décevante, mais égalitaire, pouvait ouvrir le chemin d'une résignation partielle. »
Savoureux regard sur la place de la carrière professionnelle (et les sujets de conversation entre collègues), la politique, l’intelligentsia et les médias, bref la société post 68 sur son erre : consommation de masse induite par la croissance, allongement et démocratisation de l'enseignement, émergence de "la jeunesse" comme nouveau groupe social et transformation des mœurs, sexe et détachement dans les rapports humains, solitude, vide de perspective…
Les partis et personnages politiques sont donc particulièrement visés, ainsi que les médias (et c'est piquant à lire suite aux dernières élections) :« Que l'histoire politique puisse jouer un rôle dans ma propre vie continuait à me déconcerter, et à me répugner un peu. Je me rendais bien compte pourtant, et depuis des années, que l'écart croissant, devenu abyssal, entre la population et ceux qui parlaient en son nom, politiciens et journalistes, devait nécessairement conduire à quelque chose de chaotique, de violent et d'imprévisible. La France, comme les autres pays d'Europe occidentale, se dirigeait depuis longtemps vers la guerre civile, c'était une évidence ; mais jusqu'à ces derniers jours j'étais encore persuadé que les Français dans leur immense majorité restaient résignés et apathiques – sans doute parce que j'étais moi-même passablement résigné et apathique. Je m'étais trompé. »
La femme est particulièrement peu épargnée, cependant :« L'implosion brutale du système d'opposition binaire centre-gauche – centre-droit qui structurait la vie politique française depuis des temps immémoriaux avait d'abord plongé l'ensemble des médias dans un état de stupeur confinant à l'aphasie. »
« "Ce qui est extraordinaire chez Bayrou, ce qui le rend irremplaçable", poursuivit Tanneur avec enthousiasme, "c'est qu'il est parfaitement stupide, son projet politique s'est toujours limité à son propre désir d'accéder par n'importe quel moyen à la “magistrature suprême”, comme on dit [… »
« Sous l'impulsion de personnalités aussi improbables que Jean-Luc Mélenchon et Michel Onfray [… »
« La gauche avait toujours eu cette capacité de faire accepter des réformes antisociales qui auraient été vigoureusement rejetées, venant de la droite [… »
« Les fascismes me sont toujours apparus comme une tentative spectrale, cauchemardesque et fausse de redonner vie à des nations mortes [… »
« Et l'existence d'un débat politique même factice est nécessaire au fonctionnement harmonieux des médias, peut-être même à l'existence au sein de la population d'un sentiment au moins formel de démocratie. »
« …] mais les journalistes ayant une tendance bien naturelle à ignorer les informations qu'ils ne comprennent pas, la déclaration n'avait été ni relevée, ni reprise. »
« L'absence de curiosité des journalistes était vraiment une bénédiction pour les intellectuels, parce que tout cela était aisément disponible sur Internet aujourd'hui, et il me semblait qu'exhumer certains de ces articles aurait pu lui valoir quelques ennuis ; mais après tout je me trompais peut-être, tant d'intellectuels au cours du XXe siècle avaient soutenu Staline, Mao ou Pol Pot sans que cela ne leur soit jamais vraiment reproché ; l'intellectuel en France n'avait pas à être responsable, ce n'était pas dans sa nature. »
Houellebecq donne une raison "scientifique" un peu biscornue au succès de l’islamisme : la prégnance de la polygamie (réservée aux dominants) du point de vue de la sélection naturelle !« Aucune femme n'avait été conviée, et le maintien d'une vie sociale acceptable en l'absence de femmes – et sans le support du foot, qui aurait été inapproprié dans ce contexte malgré tout universitaire – était une gageure bien difficile à tenir. »
D’un point de vue religieux et historique, il en appelle (facilement) à Nietzsche pour discréditer la démocratie :« C'est à peine s'il revenait sur le cas des civilisations occidentales, tant elles lui paraissaient à l'évidence condamnées (autant l'individualisme libéral devait triompher tant qu'il se contentait de dissoudre ces structures intermédiaires qu'étaient les patries, les corporations et les castes, autant, lorsqu'il s'attaquait à cette structure ultime qu'était la famille, et donc à la démographie, il signait son échec final ; alors venait, logiquement, le temps de l'Islam). »
Quant au titre :« L'idée de la divinité du Christ, reprenait Rediger, était l'erreur fondamentale conduisant inéluctablement à l'humanisme et aux "droits de l'homme". »
Ce fut pour moi une lecture fort agréable (et pas trop longue), effectivement impossible à prendre au premier degré.« "C'est la soumission" dit doucement Rediger. "L'idée renversante et simple, jamais exprimée auparavant avec cette force, que le sommet du bonheur humain réside dans la soumission la plus absolue. C'est une idée que j'hésiterais à exposer devant mes coreligionnaires, qu'ils jugeraient peut-être blasphématoire, mais il y a pour moi un rapport entre l'absolue soumission de la femme à l'homme, telle que la décrit Histoire d'O, et la soumission de l'homme à Dieu, telle que l'envisage l'islam." »
Et il m’en restera quelques phrases, comme celle-ci :
« Il est probablement impossible, pour des gens ayant vécu et prospéré dans un système social donné, d'imaginer le point de vue de ceux qui, n'ayant jamais rien eu à attendre de ce système, envisagent sa destruction sans frayeur particulière. »
mots-clés : #contemporain #identite #medias #politique #religion #romananticipation #sexualité #social
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Michel Houellebecq
Ah chouette alors !Tristram a écrit:Soumission
Ce fut pour moi une lecture fort agréable (et pas trop longue), effectivement impossible à prendre au premier degré.
En plus du mot-clé RomanAnticipation, je verrais bien Contemporain Identité Politique Médias Religion Sexualité Social
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Michel Houellebecq
merci Tristram, la clarté de ton commentaire me suffit, je ne pense pas lire ce livre.
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21018
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Michel Houellebecq
Tristram a écrit:Merci Colimasson ; je n'ai pas lu Interventions, mais il semble bien qu'on y retrouve (évidemment) la même personne dérangeante et fort actuelle, si brillante sous son terne placide qu'elle ne peut que nous être désagréable et nous entraîner dans son inespoir, ce que les lecteurs acceptent plus ou moins mal...
Inespoir... mouais... comme je disais, je ne vois pas d'impasse chez lui, juste une envie de sortir de l'Histoire pour entrer dans le Royaume (ça, c'est ma lecture récente de La victoire des Sans Roi de Thiellement qui m'inspire).
églantine a écrit:Je vais continuer avec lui.
Bizarrement il m'a donné la pêche .
Alors que Mathieu Ricard et tout et tout ça me fiche l'angoisse.
Et mon docteur m'a dit que la carte et le territoire était génial.
Mais je n'aime pas ce titre, ça me renvoie à tout ce que je ne comprends pas ( les maths. L'espace/temps, l'orientation ) : faut que je dépasse .
Tu m'étonnes ! ils sont déprimants ces mecs joviaux qui rigolent sur les couvertures et qui nous disent d'aimer la vie pour qu'elle nous aime. La carte et le territoire, c'est aussi du jeu d'orientation, c'est plutôt ton truc non ? Mais je me souviens que Soumission est bien meilleur que La carte, comme nous le rappelle Tristam.
Tristram a écrit:Oui, enfin, ça dépasse l'ouvrage de circonstance !« Et toutes les théories de la liberté, de Gide à Sartre, ne sont que des immoralismes conçus par des célibataires irresponsables. »
Michel Houellebecq, « La carte et le territoire », deuxième partie, V
Re: Michel Houellebecq
Le Royaume, Colimasson, c'est la gloire littéraire (pas lu Thiellement) ?
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Michel Houellebecq
Tu as de la chance Tristam, j'ai le Thiellement sous les yeux (comme par hasard) !
Ou encore :
« Le Royaume, c’est un état qu’on atteint quand on ne voit pas le temps passer. C’est comme la fête ou l’amour, mais transféré à tous les moments de la vie. »
Ou encore :
« C’est la condition du repos. Laisser partir, accepter de perdre, pour que revienne ce qui nous est propre. Alors, nous serons au Royaume. »
Re: Michel Houellebecq
Merci Colimasson ! (donc ce n'est pas non plus le Royaume des cieux...)
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Michel Houellebecq
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Michel Houellebecq
Oh, mais c'est un film ? Quand j'ai vu Houellebecq et Iggy, j'ai cru que c'était une mise en avant d'un ancien album de Iggy...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9liminaires_(album)
Faut vite que j'aille voir ça...
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A9liminaires_(album)
Faut vite que j'aille voir ça...
Re: Michel Houellebecq
Etant donné que j'ai bien parcouru l'oeuvre de Huysmans, et que je suis dans le Coran actuellement, j'ai eu envie de relire Soumission.
Et je me bidonne. Il est tellement drôle avec son humour désenchanté.
Et je me bidonne. Il est tellement drôle avec son humour désenchanté.
Mes articles étaient nets, incisifs, brillants ; ils étaient généralement appréciés, d'autant que je n'avais jamais de retard sur les dates de remise. Mais cela suffisait-il à justifier une vie ? Et en quoi une vie a-t-elle besoin d'être justifiée ? La totalité des animaux, l'écrasante majorité des hommes vivent sans jamais éprouver le moindre besoin de justification. Ils vivent parce qu'ils vivent et voilà tout, c'est comme ça qu'ils raisonnent ; ensuite je suppose qu'ils meurent parce qu'ils meurent, et que ceci, à leurs yeux, termine l'analyse. Au moins en tant que spécialiste de Huysmans, je me sentais obligé de faire un petit peu mieux.
Invité- Invité
Re: Michel Houellebecq
Tu peux continuer à mettre d'autres extraits bidonnants celui-ci est une belle image, aussi, de la manière d'écrire de Houellebecq.
Re: Michel Houellebecq
Je l'ai fini sans noter les passages bidonnants, mais y a de quoi faire. J'ai eu une meilleure appréhension de ce livre. Je suis toujours autant impressionné par ce qu'il fait.
Invité- Invité
Page 4 sur 9 • 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones
Page 4 sur 9
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|