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Carsten Jensen

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violence - Carsten Jensen Empty Carsten Jensen

Message par topocl Lun 9 Jan - 10:16

Carsten Jensen
Né en 1952


violence - Carsten Jensen Carste10


Carsten Jensen, né le 24 juillet 1952 à Marstal, sur l'île d'Ærø au Danemark, est un écrivain et journaliste danois. Titulaire d'une maîtrise ès-lettres de l'université de Copenhague, il écrit tout d'abord dans le quotidien Politiken et collabore ensuite à divers autres titres de la presse danoise: Dagbladet Information, Aktuelt, Ekstra Bladet et Jyllands-Posten. De 1985 à 1990, il est rédacteur en chef de la revue Fredag. En 1997, il reçoit le Laurier d'or des libraires danois pour son récit de voyage Jeg har set verden begynde, paru en 1996. Il enseigne à partir de 2001 à la faculté des lettres de l'université d'Odense ("Université du sud du Danemark") et participe à des émissions de télévision. En 2007, la station de radio P2 lui décerne le Prix du roman pour Nous, les noyés (Vi, de druknede), son premier roman. Cet ouvrage sera également couronné par le Prix littéraire de la Banque du Danemark. En 2010, Carsten Jensen est lauréat du Prix Olof Palme, et en France, il reçoit le prix Gens de mer, qui lui est remis lors du festival Étonnants voyageurs de Saint-Malo. Il est maintenant traduit dans une vingtaine de pays. L'œuvre de Carsten Jensen comprend des essais, des récits de voyages et un roman.

Bibliographie française

Vi, de druknede (2006) traduit en France en 2010 sous le titre Nous, les Noyés aux éditions Libella-maren-Sell

Wikipedia

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Message par topocl Lun 9 Jan - 10:18

Nous les Noyés
Prix gens de mers, festival Etonnants Voyageurs 2010

violence - Carsten Jensen Image315

Marstal, 1850-1945. De la guerre contre l’Allemagne à la seconde guerre mondiale, cent ans d’histoire (d’histoires) d’un petit port danois, où naquit Carsten Jensen et qui fut, à l’aube du XXème siècle, grâce au dynamisme et à l’esprit communautaire de ses habitants, le deuxième port danois après Copenhague. C’était le temps de la marine à voile puis la ville, par une certaine frilosité, périclita ensuite, ne sachant s’investir dans l’acier et les moteurs. De tous temps, les femmes voyaient partir en mer leurs hommes pour des mois ou des années, et la mer ne les rendait pas toujours, le cimetière restant désespérément vide des tombes des noyés perdus. Elles pleuraient leurs maris et élevaient les enfants, garçons ne rêvant que de prendre la mer, à l’emprise aussi magnétique que tragique, filles épousant des marins qu’elles pleureraient bientôt. Et les hommes fascinés par l’océan, l’aventure, l’esprit de corps, les mondes à découvrir, et ce malgré la violence, la peur et la solitude.

   L'océan, c'était cet ailleurs infini où un gamin pouvait laisser derrière lui des mauvais traitements de son enfance et se réinventer.

   
C'était la promesse de devenir un homme qui poussait un garçon à prendre la mer.
   Pourquoi une femme tombait-elle amoureuse d'un marin ? Parce que le marin était perdu, lié à quelque chose de lointain, d’inaccessible, d'incompréhensible au fond, même pour lui-même? Parce qu'il partait ? Parce qu'il revenait à la maison ?

Peu adepte habituellement des récits de voyages en bateau (dont les dénominations des diverses constituants, voiles, ponts, machines restent pour moi une énigme), je ne me suis pas ennuyée une minute dans ce roman que je qualifierais plus de roman-océan que de roman-fleuve, tant sont riches les péripéties, complexes les personnalités, ouverte la vision d’un monde et de notre monde à travers lui. On est pris par le récit, parfois le temps est calme et on se laisse porter par la qualité de la prose de Jensen, par ses talents de raconteurs, sa finesse d’observation, sa capacité à créer une ambiance. On connaît alors le doux plaisir du lecteur épanoui, qui suit tranquillement le conteur, sans impatience de savoir trop vite la suite, tant l’instant nous satisfait, bercé dans un bien-être où on se délecte. Puis l’action l’emporte, les péripéties se font prenantes, tragiques parfois, et on est réellement secoué, la tempête vous saisit, l’intensité et le tragique des destins nous emportent. Les changements de rythme ne cachent aucune perte de vitesse, on apprécie le quotidien comme l’extraordinaire, ces hommes aux tempéraments prodigieux, deviennent des compagnons dont on partage les interrogations et les angoisses, les certitudes et les doutes.

Roman d’aventure, roman historique, Nous les Noyés nous transmet un message comme toutes les grandes histoires : la vie est dans l’aventure, la prise de risque, la découverte d’autres mondes, l’amitié, la transmission, et la communauté est là pour que dans cette quête nous gardions un ancrage, nous nous ressourcions. Dans cette histoire d’un siècle on croise des hommes (et des femmes) courageux mais découragés, des crapules sympathiques, des amours impossibles, un enfant miraculé, des gamins délurés. Carsten Jensen n’hésite pas à glisser quelques légendes, des semi- héros, des coïncidences improbables, des rêves prémonitoires, une têt réduite, qui font de ce récit un livre de légende, une odyssée qu’on ne souhaite pas lâcher.

La dernière partie (le livre va en se bonifiant) consacrée à la guerre de 39-45 nous en montre le déroulement sur les mers, assez méconnu, de moi en tout cas, et c’est l’occasion d’une richesse de sentiment, d’une désespérance, car tout a perdu son sens, tout n’est plus que douleur et culpabilité.
Le message de Carsten Jensen reste cependant optimiste grâce à une dernière explosion de joie sur les dernière pages du livre

Spoiler:
   
Ce livre nous montre comment le temps imprime sa trace et marque les cités comme les hommes, les transforme, leur donne leur chance ou leur malchance et comment les difficultés constituent le cheminement pour une certaine sérénité. Comment la communauté alternativement indulgente ou rejetante, est le terreau de nos destins, l’enracinement qui nous permet de résister aux épreuves, nous, petits hommes ballottés dans des histoires qui nous dépassent et qui font les délices de ceux à qui on les raconte..

 
 Les marins n'étaient ni meilleurs ni pires que les autres. Il y avait des situations qui forçaient leur loyauté. Le monde limité du pont rendait leur dépendance mutuelle si évidente que l'instinct de survie individuelle était étouffé. Ils savaient qu'ils ne pouvaient pas s'en sortir sans les autres.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #aventure #historique

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Message par topocl Ven 11 Mai - 19:51

La première pierre

violence - Carsten Jensen Cvt_la10

Dans la Zone Noire, la panique vous envahira, et quand la plupart d'entre vous crieront qu'ils n'en peuvent plus, ils n'auront encore rien vu. Vous serez  sur le point de vous écrouler. C'est comme ça, c'est dur. Et quand vous aurez le goût du sang dans la bouche et que votre coeur cognera dans vos oreilles -, ce sera le signe que, maintenant, tout est sur le point de commencer.

Cela commence comme un classique (bon) roman de guerre, . Basés à à Camp Price, dans le désert d'Afghanistan, paysage aussi splendide qu'inhospitalier, les soldats danois de la troisième section sont gonflés à bloc, sûrs de leur probité. Ils traînent les histoires personnelles qui les ont amenés ici. ils s'ennuient souvent, sont envoyés en patrouille, se livrent à des attaques protégées par la force  aérienne. Il croient fraterniser avec la population. Ils sont convaincus de leur mission, même si parfois des loupés et des "dommages collatéraux"  génèrent des états d'âme.

Maintenant, c'est pour de vrai, pensent-t-ils. Et, plein d'espoir, ils cils comptent les battements de leur cœur.

Et puis, il y a l'ignoble trahison, et la troisième section pète un câble, se soustrait à l'autorité, est prête à tout pour livrer sa vengeance. Et là, il s'avère que la guerre, c'est beaucoup plus compliqué. Les ennemis sont complexes : ces humains qui ont vécu toute leur existence entière dans un pays en guerre, cruel et imprévisible. Ils défient toute compréhension avec leurs croyances, leurs divergences et leurs fidélités; les relations des populations locales avec les talibans, le rôle des chefs de guerre sont insaisissables pour l'observateur occidental naïf. Et s'en mêlent l'armée américaine, les soldats britanniques, les milices, les sociétés mercenaires, les renseignements danois, les technologies de pointe … Cela devient une sacrée débandade, une marche forcée obsessionnelle où il faut sauver sa peau coûte que coûte.

Et justement, cela coûte très cher. Il n'y a plus aucun repère, plus de bien ni de mal, plus de vrai ni de faux, plus de civilisation ni de barbarie, plus d'amis ou d'ennemis reconnaissables. Ils n'ont plus aucune certitude, le monde n'est plus que questions et danger.Ils n'ont d'autre option que d'avancer dans cette vertigineuse descente aux enfers, guidés par le radar de la survie, ballottés dans une cascade de choix de Sophie. On assiste à une effroyable escalade de la violence (Jensen ne lésine pas, il faut bien le savoir), de non-sens, une absolue perte de contrôle. La guerre n'est plus une stratégie sérieuse qui répond à des lois, c'est  une immense manipulation, un jeu vidéo géant,   dont nul ne connaît plus les limites.

- Tu as vu tous ces murs en Afghanistan ? - ce n'est pas une question, il continue : ils tiennent depuis deux mille ans et ils seront toujours debout dans deux mille ans. Nous nous vantons d'avoir inventé les armes avec lesquelles ils nous tirent dessus. Les mines, les mortiers, tout cela vient de chez nous. Les télécommandes qui permettent de déclencher les bombes à distance. Leurs communications par radio. Oui, nous sommes supérieurs par notre technologie et notre savoir. Nous le pensons, en tout cas. Mais ne serait-ce pas l'inverse ? Notre science ne serait-elle pas une preuve de notre bêtise ? Quel est le résultat de tous nos efforts, de toutes nos actions ? Un bouleversement climatique qui va nous emporter tous. Mais pas les Afghans. Ils survivent depuis 2deux mille ans. Ils survivront deux mille ans de plus. Le désert partout, des températures astronomiques, pas de pluie. Depuis longtemps ils ont appris à vivre avec. Dans le futur ils n'auront pas besoin de nos armes, de nos roquettes  ou de nos mines. Nous  nous trainerons comme des lépreux au pied de leurs murs et nous jetterons sur leur poubelle comme des chacals. À la fin, les Afghans seront vainqueurs.


Ce roman est terrible car il est parfaitement maîtrisé, contrôlé, s'appuyant sur  quarante ans d'expérience de l'auteur en Afghanistan. C'est un triller parfait sans relâche, sans temps mort, sans concession au politiquement correct, avec une écriture, dense, implacable, chirurgicale (âmes sensibles s'abstenir). Chaque personnage se déploie, dans l'enchevêtrement de ses contradictions, et je me suis curieusement  totalement  identifiée à ces personnages pourtant si différents de moi, aux aspirations et à la vie si étrangères à  la mienne qui voient s'écrouler leur monde fantasmatique au profit de la réalité de la guerre dans cette espèce de tourbillon de folie et de violence où les circonstances les entraînent. Ils sont médusés, annihilés. Ils n’abandonnent pas leurs illusions , ce sont leurs illusions qui les abandonnent. Il est ridicule de dire qu'ils ne rentreront pas indemnes : en fait ils ne rentreront pas, ils abandonneront derrière eux leur peau originelle. Ce monde est si terrible qu'il n'existe que peu de mots pour le décrire - cependant Carsten Jensen a réussi  à en faire ce roman  impitoyable dont on sort un peu dévasté par sa propre ignorance, son impuissance et le caractère dérisoire de ses propres petits problèmes.

(et on ajoute trahison  violence - Carsten Jensen 1384701150 ?)

mots-clés : #aventure #culpabilité #guerre #psychologique #vengeance #violence

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Message par animal Sam 12 Mai - 9:15

Tu as vu Armadillo ?

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Message par topocl Sam 12 Mai - 9:46

Non. Je viens d'aller voir la bande annonce et on est bien dans le même créneau.
J'ai lu quelque part que le contrat était déjà signé pour faire un film, ce qui n’est pas bien étonnant; Et je me disais justement au fil de la lecture qu'en film, j’aurais du mal à l'avaler d'une part la violence vue, c’est autre chose que lu (par exemple la scène où il est amputé à vif de la main droite par un chirurgien taliban, à titre de punition, dans mon esprit ça va, mais à l'écran je craindrais). Et puis c'est quand même un livre de 750 pages dont pas une n'est inutile (c'est assez rare pour être mentionné), et il est probable que le spectacle sera privilégié. sur la réflexion, la finesse psychologique, l'intelligence relationnelle. Mais bon, ceci est un procès d'intention.

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Message par animal Sam 12 Mai - 9:55

(qui a l'air raisonnable).

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