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Eugène Ionesco

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Message par Allumette Sam 3 Déc - 14:35

Eugène Ionesco
(1912-1994)


Eugène Ionesco Ionesc10

Eugène Ionesco
Dramaturge français
Né à Slatina, Roumanie le 26 novembre 1912
Décédé à Paris le 28 mars 1994

Après une enfance passée à Paris, Eugène Ionesco rejoint son père à Bucarest lors du divorce de ses parents. Dès 1930, il entame une longue collaboration avec la revue de critique littéraire Zodiac. En 1938, il fuit la Roumanie devant la montée du fascisme, contre lequel il se battra toute sa vie. A Lyon, il fréquente l'avant-garde intellectuelle et artistique auprès de laquelle il développe son esprit libre et son don pour la provocation. Sa première pièce 'La cantatrice chauve', rendue publique en 1950, ne reçoit qu'un accueil froid mais marque la naissance d'un nouveau théâtre. Dès 1952, il publie chaque année de nouvelles pièces et acquiert finalement une renommée internationale et officielle. Il entre en effet à l'Académie française en 1970 puis est nommé Officier de la Légion d'Honneur en 1984. Avec Samuel Beckett, il a écrit les plus grandes pièces du théâtre absurde, mêlant comique et désespoir. Car si ses pièces font rire, c'est pour libérer l'homme de sa solitude indépassable et du ridicule de sa condition d'humain.

Eugène Ionesco La_can10
La cantatrice chauve - Théâtre de la Huchette - Paris
Histoire d'une pièce de théâtre qui est jouée chaque jour depuis plus de 50 ans !!!!!
Printemps 1950. Dans la petite salle des Noctambules, rue Champollion, Nicolas Bataille fait répéter la pièce d'un inconnu dont le nom sonne drôlement : Ionesco. Toujours est-il qu'un jour, à la répétition, au lieu de lancer correctement sa réplique 'qui avait pris pour femme une institutrice blonde', un comédien s'écrie 'qui avait pris pour femme une cantatrice chauve'. Lapsus miraculeux, d'où naîtra le titre d'une pièce - une anti-pièce annonçait l'auteur - et qui marche aujourd' hui, allègrement, sur son demi-siècle. Pourtant, l'aventure commence mal. Pas d'argent. On joue sans décor, dans des rideaux. une petite troupe de jeunes inconnus, transformés en hommes-sandwiches ! Il n'empêche. Côté spectateurs, c'est le vide. Ou pire, les huées. Les critiques sont assassines. Créée le 11 mai 1950, la pièce achève sa courte carrière le mois suivant, au bout de vingt-cinq représentations. L'année suivante, au théâtre de Poche, Marcel Cuvelier monte 'La Leçon', deuxième opus de Ionesco, à peine mieux accueilli par la critique. Et la reprise timide des deux pièces, pour la première fois jouées ensemble, au théâtre de La Huchette, en 1952-53, n'ira pas au-delà des six mois. Février 1957. L'incroyable se produit. Tout Paris, et même le Tout-Paris, se presse rue de La Huchette. La mode a enfin rejoint Ionesco, jusque-là trop en avance. On aperçoit dans la salle Edith Piaf, Sophia Loren, Maurice Chevalier... Tandis que la critique, cette fois, vole au secours de la victoire. Les présidents et même les Républiques passent, 'La Cantatrice Chauve' et 'La Leçon' demeurent. 16.000 représentations à ce jour. La 20.000e est désormais en vue !
source : évène

Bibliographie :

Théâtre
La Cantatrice chauve (1950)
Les Salutations (1950)
La Leçon (1951)
Le Salon de l'automobile (1951)
Les Chaises (1952)
Le Maître (1953)
Victimes du devoir (1953)
La Jeune Fille à marier (1953)
Amédée ou Comment s'en débarrasser (1954)
Jacques ou la Soumission (1955)
Le Nouveau Locataire (1955)
Le Tableau (1955)
L'Impromptu de l'Alma (1956)
Tueur sans gages (1959)
Scène à quatre (1959)
Rhinocéros (1959)
Apprendre à marcher (1960)
L'Œuf dur (1961)
Délire à deux (1962)
L'avenir est dans les œufs (1962)
Le roi se meurt (1962)
La Photo du colonel (1962)
La Colère (1962)
Le Piéton de l'air (1963)
Exercices de conversation et de diction française pour étudiants américains (1964)
La Soif et la Faim (en) (1964)
Pour préparer un œuf dur (1965)
La Lacune (1966)
Jeux de massacre (1970)
La Vase (1970)
Macbett (1972)
Ce formidable bordel ! (1973)
L'Homme aux valises (1975)
Voyage chez les morts (1980)

Récits
La photo du colonel (1962)
le Solitaire (1973)

Journaux
Journal en miettes (1967)
Présent passé, passé présent (1968)





Eugène Ionesco La_can11

La cantatrice chauve

Si vous avez envie de rire, de vous amuser dans un univers absurde, allez découvrir ou redécouvrir les époux Smith, les époux Martin, la bonne Mary et ... le pompier !
Rire en lisant les péripéties des Bobby Watsons.... Lire en lisant les anecdotes croustillantes du pompier, rire en vous confrontant à la logique implacable des époux Martin qui se rertouvent  Very Happy
Moi j'adore  :aime:

mots-clés : #théâtre
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Message par Nadine Sam 3 Déc - 14:39

Oh dis donc, c 'est un rappel de mes 16 ans, ouh ça commence à être loin pour moi. je me demande si je m'en rappellerais à la relecture. Là j'ai oublié le plus gros. Il doit être par là, chez mon frère, je regarderai tiens.
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Message par Tristram Ven 9 Oct - 23:29

La Cantatrice chauve

Eugène Ionesco La_can11

« Il y a une chose que je ne comprends pas. Pourquoi à la rubrique de l’état civil, dans le journal, donne-t-on toujours l’âge des personnes décédées et jamais celui des nouveau-nés ? C’est un non-sens. »
Hymne célèbre à la bêtise et la conventionalité des conversations banales.
Ionesco dira justement, dans Notes et contre-notes :
« Les paroles seules comptent. Le reste est bavardage. »
C’est dans cette pièce que se trouve le fameux :
« Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux ! »

@Allumette, mon souvenir scolaire, c’est Rhinocéros !

Mots-clés : #absurde #théâtre

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Message par Dreep Mer 31 Mar - 11:43

Journal en miettes

Eugène Ionesco 41y6y4k8yal._sx286_bo1204203200_

Beau titre pour ce livre constitué de notes éparses, réflexions diverses, impressions et descriptions de rêves. Délitement de la pensée, consécutif de l’incertitude, du pessimisme, du désespoir ? Peut-être. Ionesco avoue à plusieurs reprises ne plus trop savoir où il en est. Parfois on sent l’auteur inquiet, gardant toutes les miettes, de peur de commettre une erreur en les jetant ? Je ne sais pas. J’imagine cela, parce que ce Journal a quand même très souvent une allure de compilation, avec relativement beaucoup de déchets. Phrases alambiqués, gloses creuses et pathétiques… Ionesco a une sorte fascination pour l’inconnaissable, qui le fait tourner en rond, à vide. On peut dire que le livre ressemble à son auteur et à ses obsessions, on peut dire (sur ces rêves, notamment, et ses drôles de conversation avec Z, son psychanalyste ?) que Ionesco se livre avec une ingénuité délibérée ― qu’on peut aussi appeler de l’honnêteté ― mais, que diable, est-ce que « Journal en miettes » voulait dire : « sans effort de composition » ? Je suis dur et j’oublie que dans ces fragments, cette sincérité est parfois créatrice, démonte « les mécanismes de l’angoisse », que dans cette irrégularité, il y a des passages d’une lucidité lumineuse, antidogmatique, décomposant l’illusion à laquelle on s’adonne si facilement selon un contexte socio-politique.

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Message par Bédoulène Mer 31 Mar - 17:49

ressenti mitigé Dreep ?

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Message par Dreep Mer 31 Mar - 18:08

Au contraire, un ressenti mitigé, docteur.
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Message par bix_229 Mer 31 Mar - 18:11

J'ai lu et apprécié  Le Solitaire, le seul roman de Ionesco, je crois.
Mais ceux qui aiment en parlent nettment mieux
(Les autres prendront le train..)
C'est pourquoi je préfère citer notre brillante spécialiste de Ionesco. J'ai nomme Coli ! Eugène Ionesco 3123379589


Le Solitaire d’Ionesco est un admirable condensé de tous les personnages les plus marquants des pièces du dramaturge… Figure du perdant qui n’essaie pas même de se battre (« A trente-cinq ans il est temps de se retirer de la course ») ; du pudique maladroit qui virerait presque homosexuel si on ne remarquait pas plus tard que son aversion s’étend en réalité à l’humanité entière (« Le sexe féminin m’a toujours paru être une sorte de blessure au bas du ventre entre les cuisses ») ; du misanthrope, donc, Eugène Ionesco semble se rattraper, à travers son personnage, de toutes les déceptions d’une vie sociale qui apporte peu de réconforts et qui demande beaucoup de sacrifices, en premier lieu celui de cette sincérité qui fait dire à son solitaire tout ce qui lui aurait coûté cher, en termes de relations, dans l’existence réelle.


Le postulat de départ fonctionne-t-il à la manière d’un « fantasme appliqué ». Il ne semblerait pas étonnant qu’il découle d’une pensée vengeresse qu’Eugène Ionesco aurait pu former à chaque fois que la vie en société lui semblait trop contraignante. Le solitaire est un homme banal de trente-cinq ans, employé dans un bureau. Ses taches sont mal définies : on sait seulement qu’il remplit des fiches et des formulaires en compagnie d’une poignée de collègues. Ceux-ci sont plutôt amicaux et le personnage semble leur inspirer des élans de sympathie. Où se loge la déception là-dedans ? Elle se trouve dans la friabilité des liens, dans l’indifférence mutuelle qu’éprouvent les hommes et qui les poussent à s’abandonner lorsqu’ils ne se savent plus utiles ou quotidiens les uns aux autres.
Le solitaire, apprenant qu’il a hérité de la fortune miraculeuse d’un oncle inconnu, se demande tout d’abord comment utiliser cette manne à bon escient. Pas besoin d’une liste de ses envies. En une phrase, le tour est joué : il se retirera du monde et vivra sur ses (larges) réserves.


Du jour au lendemain, tout déserte son existence. Plus d’obligation à rendre au bureau, plus d’obligation à lier des amitiés professionnelles, et tout ce qui suit –heures de lever, heures de repas, chemin à parcourir- disparaît en même temps. Etait-ce ce désœuvrement que recherchait le personnage angoissé du solitaire ? Certainement pas… Et on retrouve la grande thématique absurde d’Ionesco à travers cet homme qui, pris a piège de ce qu’il croyait être sa « liberté », se trouve condamné à meubler tant bien que mal son existence recluse. Le plus dur, peut-être, étant de reconnaître que son existence n’est plus indispensable à personne, mais qu’il faut cependant conserver un minimum de foi en soi pour continuer à s’accorder l’affection nécessaire qui permettra d’assurer sa survie.


Toute cette première partie du roman est digne des meilleures pièces d’Ionesco. Son écriture ne dépare pas de celle qui parcourt sa dramaturgie, peut-être parce que le solitaire est un homme double (voire polymorphique) qui discute et controverse énormément avec lui-même, et que chaque page semble représenter un débat éperdu entre les différentes opinions qui se querellent en lui. Le rêve du Solitaire vire bientôt au cauchemar. Exclus du monde, les hommes « actifs » qui continuent de le peupler, et qu’il observe depuis la place qu’il s’est réservée au restaurant du quartier, lui deviennent complètement étrangers. Il les observe comme des êtres inconnus, tantôt frappé par l’absurdité de leurs préoccupations, tantôt envieux de ce qu’il imagine être leurs réussites –tandis que lui ne subit que des échecs. La misanthropie vire souvent à la condescendance voire à la prétention en fait parée d’ignorance. Lorsqu’Ionesco fait dire à son personnage : « Tant de gens vivaient. Jusqu’à ces derniers temps, ils paraissaient assez contents ou résignés. En tout cas, ils ne se posaient pas de problèmes. Ils n’avaient pas peur de la mort ou plutôt ils ne pensaient pas qu’ils devaient mourir un jour. Moi, j’avais vécu tout le temps dans cette hantise », prend-il vraiment la position puérile du prophète qui croit détenir une vérité que les autres ignorent, ou se moque-t-il de son personnage qui a été obligé de se reclure du monde pour prendre conscience à son tour, et sur le tard, de cet aspect absurde de l’existence ?


A partir de la moitié du roman, Eugène Ionesco introduit du délire psychotique chez son personnage. Est-ce la solitude ? Est-ce l’enfermement ? Le Solitaire imagine des guerres civiles qui éclatent dans la zone restreinte de son quartier. Lorsqu’il descend dans son troquet habituel, tout le monde parle révolution. Les êtres humains s’unissent ou s’opposent en clans distincts. La lutte prend une allure allégorique : elle est la représentation de l’alliance contre l’absurdité, et il n’est pas anodin que le solitaire refuse de livrer bataille. S’enfermant chez lui de plus belle, il semble s’extirper de son emprise psychotique du jour au lendemain. Il sort de chez lui, se rend compte que des décennies sont passées et que la guerre civile n’est plus qu’un lointain souvenir amusant pour les vieux comme lui qui se rappellent. C’est une fois que tout est passé que le solitaire se rend compte que l’existence n’était peut-être pas aussi désagréable qu’elle lui avait paru jusqu’alors. D’ailleurs, lui avait-elle vraiment semblé insupportable de bout en bout ? On pourrait croire que le roman d’Ionesco est terriblement désespérant : il l’est, effectivement, mais dans une moindre mesure, car le défaitisme est toujours tempéré par les moments de grâce que le solitaire connaît, notamment sous l’emprise de l’alcool. Peu importe que cet état ne soit pas accessible autrement que par la substance. Le scepticisme, qui invite à tout remettre en question, ne s’importune pas avec des questions aussi dérisoires que celle de savoir si la vérité est davantage éprouvée à travers la sobriété ou à travers l’ivresse ; dans les deux cas, les sentiments sont tout aussi vifs. Cachés entre deux paragraphes de découragement, la joie virulente, qui éclate soudain au moment où on l’attendait le moins, revêt ses plus beaux atours…


« Mais oui, mais oui, le monde ensoleillé nous l’avons en nous-mêmes, la joie pourrait éclater à tout instant continuellement, si on savait, je veux dire si on savait à temps. Qu’elle est belle la laideur, qu’elle est joyeuse la tristesse, comme l’ennui n’est dû qu’à notre ignorance ! »


Ceux qui connaissent bien l’œuvre d’Ionesco ne seront pas déboussolés par la découverte de ce roman –mais un roman ! tout de même, cette forme de texte dépare dans la bibliographie de l’auteur, lorsque tout le reste n’est pratiquement que théâtre. On trouve des avantages à découvrir Ionesco sous cette forme –intrusion plus profonde dans la psyché des personnages, exploration plus intense des domaines de l’absurde- mais on peut se montrer ennuyé par les longueurs qui s’accumulent en fin de livre et le ton trop didactique employé par un solitaire qui semble un peu trop accaparé à la tâche de bien se faire comprendre à ses lecteurs…


Intéressant condensé, limite entre les pièces impersonnelles d’Ionesco et son Journal en miettes intime, Le Solitaire se livre du bout des lèvres et ose affronter le paradoxe de l’absurde et de la solitude, qui pousse agir en prenant la plume et à se livrer aux autres si terriblement méprisés.


« Comme il est difficile de pénétrer l’âme des autres ! Pourtant, cette fois, j’aurais voulu être plus près d’eux. Que se passerait-il si j’étais plus près d’eux, avec eux ? Comme ce serait intéressant ! Je vivrais. Ils étaient séparés de moi comme par une vitre épaisse, incassable. »
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Message par Tristram Mer 31 Mar - 18:53

Conquis par le commentaire, je vais lire "le" roman !

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Message par Invité Mer 31 Mar - 20:47

Merci pour le commentaire Dreep. Je n'ai pas lu le journal mais j'ai grandement apprécié le roman Le solitaire, et quelques pièces que j'ai lues de Ionesco.

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Message par Dreep Mer 31 Mar - 21:17

Oui moi aussi j'aimais ces pièces. C'est peut-être trop personnel ce journal. Faudrait peut-être que je cesse de lire tant de choses très (auto)biographiques et de reprocher ensuite aux éditeurs ou aux auteurs de l'être trop.
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Message par Tristram Sam 3 Avr - 23:48

Le Solitaire

Eugène Ionesco Le_sol13

(Je signale au passage d’intéressante illustration de couverture par Eric Provoost pour Folio.)
Un autre personnage de roman à verser au dossier des héros peu tournés vers l’effort et encore moins tentés par le travail ! Le narrateur n’a guère de scrupule à quitter son poste d’employé à 35 ans pour vivre en retraité sur un héritage inopinément perçu.
Il emménage dans un appartement d’un autre quartier de Paris en ce début des années 70, s’engage avec plaisir dans une vie tranquille, faite d’observation des passants et de réflexions philosophiques (portant sur la finitude de l’univers, l’ailleurs ou la part de libre arbitre). Il est devenu :
« Un spectateur sur le plateau au milieu des acteurs. »
Fait digne d’intérêt rétrospectif, il est incapable de tenir son ménage sans une servante et de manger autrement qu’au restaurant, ce que je trouve significatif à plus d’un titre.
Il médite donc, entre ennui et angoisse, éveil et sommeil, s’adonnant volontiers à l’alcool, pensant au passé, dans ce monde qui est une prison où tout n’est qu’ignorance.
« En somme nous regrettons tout, cela prouve bien que ce fut beau. »

« La vie est merveilleuse quand on la regarde dans son ensemble, dans son passé, dans cette sorte d’espace que devient le temps quand tout s’est éloigné. »

« Le passé est une mort sans cadavre. »

« La grâce que vous procure l’alcool est précaire. La grâce ou la lucidité. Quand est-ce que je me réveille sur la vérité ? Quand je ne vois que misère et pestilence ou lorsque je pense que toute l’existence, que toute la création est un mois de mai fleuri et lumineux ? Mais nous ne savons rien. »

« Je me rendis compte que je pensais trop, moi qui m’étais promis de ne pas penser du tout, ce qui est bien plus sage puisque, de toute façon, personne n’y entend rien. »

« "Vous n’avez pas honte de vivre pour rien ?" m’a demandé un jour Pierre Ramboule ou Jacques, je ne sais plus qui. En me scrutant je m’aperçois que je n’ai pas cette honte : vaut-il mieux engager les autres à se massacrer ou vaut-il mieux les laisser vivre et mourir comme ils peuvent ? Je ne sens pas le besoin de répondre à cette question. »

« J’ai le vertige et j’ai peur de l’ennui ; il y avait quelque temps, j’avais eu une dépression, pour être inconsciemment à la mode peut-être, due à l’ennui ou étant l’ennui lui-même. Si on écrit sur l’ennui, c’est que l’on ne s’ennuie pas. »
Sans surprise, la solitude est le thème principal du livre.
« D’habitude on n’est pas seul dans la solitude. On emporte le reste avec soi. »

« Mais elle n’est pas facile à supporter la quotidienneté, enfin, tout de même, l’oisiveté devait être préférable au travail. Entre l’effort et l’ennui, c’est toujours un certain ennui que je choisissais, que je préférais. »

« Je n’ai rien d’intéressant à dire aux autres. Et ce que disent les autres, cela ne m’intéresse pas non plus. La présence des autres m’a toujours gêné. »
Il ne fréquente que les bistrots, lit le journal.
« C’est bien malin de philosopher sans avoir appris à philosopher et après sept apéritifs. Je repris mon journal, je ne lis jamais la page sportive. Ces équipes qui se jettent les unes contre les autres illustreraient pourtant bien le fait que ce n’est pas le ballon qui compte et quand les équipes plus grandes que sont les nations se jettent les unes contre les autres ou lorsque les classes sociales se font la guerre, ce n’est pas pour des raisons économiques, ni pour des raisons patriotiques, ni pour des raisons de justice ou de liberté, mais tout simplement pour le conflit en soi, pour le besoin de faire la guerre. Mais je ne suis pas polémologue. Et puis qu’ils se fassent la guerre ou pas, cela ne m’intéresse pas. Je n’ai pas d’agressivité ou à peine, c’est en cela que je suis différent des autres. »
Puis il sombre dans la neurasthénie et l’amertume, vit un temps avec la serveuse de son restaurant ; on entend des combats de rue, qui se rapprochent de jour en jour : c’est la révolution.

\Mots-clés : #solitude #viequotidienne #xxesiecle

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Message par Bédoulène Dim 4 Avr - 9:00

ça pourrait me plaire, merci Tristram, semble que le personnage ne te soit pas antipathique ?

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Message par Tristram Dim 4 Avr - 12:17

Il m'a paru à la fois très proche d'Ionesco et de moi-même parmi une majorité de gens, alors oui, il n'est pas franchement antipathique !

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Message par Bédoulène Dim 4 Avr - 18:27

merci pour la réponse Tristram

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Message par Hanta Ven 27 Aoû - 10:53

La cantatrice chauve

Eugène Ionesco Extern12

Peut être la meilleure pièce de Ionesco. Pour l’anecdote le titre vient d’une bévue d’un des comédiens qui devait dire à l’origine quelque chose de totalement différent et qui par oubli finit par exprimer cette phrase. Cela plut à Ionesco qui décida de nommer la pièce ainsi, ce qui renforce le caractère absurde qui habite la pièce.

C’est du Ionesco donc indescriptible mais il est intéressant de noter certaines thématiques sous jacentes à l’humour absurde : critique des classes sociales, vacuité du quotidien, uniformisation des rapports sociaux, une certaine critique de l’existentialisme et une quête de sens parfois vaine.

C’est drôle, et cela me fait rire à un point que je peux difficilement le lire dans un lieu public. Cependant il faut apprécier l’illogique, le loufoque, l’incongru et se laisser parfois porter. C'est la pièce qui m'a fait être véritablement fan de Ionesco.
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Message par Quasimodo Ven 27 Aoû - 11:27

Je croyais avoir cette pièce chez mes parents mais il semble que non, il va falloir que je me la procure. Cela dit, l'absurde (humoristique ou non) m'étourdit rapidement.
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