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Ray Bradbury

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Message par chrysta Mar 9 Oct - 5:29

Ray Bradbury
(1920-2012)

Ray Bradbury Sans-t11

Ray Douglas Bradbury est un écrivain américain.

Il est célèbre pour ses nombreuses œuvres de science-fiction, ayant une préférence pour l'anticipation (sous-genre de la science-fiction). Il est particulièrement connu pour les "Chroniques Martiennes", écrites en 1950, "L'homme illustré", un recueil de nouvelles écrit en 1951 et surtout pour son roman de dystopie: "Fahrenheit 451", publié en 1953.

Ray Bradbury a aussi écrit sur la survie spirituelle de l'humanité, s'opposant au matérialisme de la société (notamment un des thèmes de "Fahreinheit 451").

Un prix a été créé en 1992, en son nom, qui récompense l'excellence d'une oeuvre dramatique présentée au cinéma, à la télévision, sur internet, à la radio ou encore au théâtre. Il est décerné par un regroupement d'auteurs de science-fiction, le "Science-fiction and Fantasy Writer of America". Ce prix remplace officiellement celui de "Nebula du meilleur scénario" qui datait de 1973.

En 2002, il reçoit la médaille de la "National Book Fondation", puis le 1er avril de la même année, l'auteur se voit attribué la 2193ème étoile du "Walk of Fame" à Hollywood. Le 22 août 2012, la NASA nomme en son honneur l'atterrissage effectué par le robot "Curiosity" sur Mars: "Bradbury Landing" ("Zone d’atterrissage Bradbury").

Ray Bradbury est un maître incontesté du récit de science-fiction, bien qu'il ne se soit pas considéré comme un écrivain centré sur un genre. Il estime lui-même avoir plus écrit de romans de fantasy que de science-fiction.


Œuvres :

Romans:
Chroniques martiennes, 1950
Fahrenheit 451, 1953
Le Vin de l'été, 1957
La Foire des ténèbres, 1962
L'Arbre d'Halloween, Le Seuil, 1972
La solitude est un cercueil de verre, 1985
Le Fantôme d'Hollywood, Denoël coll. Présences, 1990
La Baleine de Dublin, 1992
Ahmed et les Prisons du temps, 1998
De la poussière à la chair - Souvenirs d'une famille d'immortels, 2001
Il faut tuer Constance, 2003

Recueils de nouvelles:
L'Homme illustré, 1951
Les Pommes d'or du soleil, 1953
Le Pays d'octobre, 1955
Un remède à la mélancolie, 1958
Les Machines à bonheur, 1964
Aux portes de l'épouvante, 1969 (avec Robert Bloch)
Je chante le corps électrique, 1969
Bien après minuit, 1976
Monstrueusement vôtre, 1984
À l'ouest d'octobre, 1988
...mais à part ça, tout va très bien, 1996
Train de nuit pour Babylone, 1997
Les Garçons de l'été, 2002
Histoires de dinosaures, 2003
Léviathan 99, 2004

Théâtre:
Café irlandais, 1963
Théâtre pour demain... et après, 1972
La Colonne de feu, 1975

Poésie:
Pour les chiens c'est tous les jours Noël, 1997 (illustrations de Louise Reinoehl Max)
Avec un chat pour édredon, 1997 (illustrations de Louise Reinoehl Max)

Essais:
Le Zen dans l'art de l'écriture, 1990
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Message par chrysta Mar 9 Oct - 5:32

Ray Bradbury 2006010

L'arbre d'Halloween


Lorsqu'ils frappent à la porte de Montsuaire pour réclamer des bonbons, Tom et ses copains déguisés en zombies ne savent rien de ce qui les attend... Commence alors un fabuleux voyage dans l'espace et le temps... Une quête fantastique et poétique des origines d'Halloween...
"Tout a commencé quand ? En Égypte, il y a quatre millénaires, pour célébrer l'anniversaire de la mort du soleil ? Ou des millions d'années plus tôt, devant les feux nocturnes allumés par les hommes des cavernes ? Ou dans le ciel de Paris, là où d'étranges créatures sont venues se pétrifier pour devenir les gargouilles de Notre-Dame?"



Je sors tout juste de cette lecture qui fut rapide tant par la brièveté du livre que par le style de l’auteur qui détermine un rythme de lecture soutenu, effréné même dirai je. Je n’avais jamais lu Bradburry auparavant, et j’admets avoir été séduite par son style tel un feu d’artifice qu ne nous laisse jamais souffler, relançant sans cesse notre émerveillement par des métaphores qui se succèdent, par la poésie de sa prose qui sonne comme une chansonnette, nous emportant dans une valse de mots qui nous tourne la tête. Et cette qualité est à mon sens aussi le défaut que j’ai trouvé à cette lecture, celui d’être tant happé par le rythme et par la forme, que le fond de l’histoire se dérobe. Je me suis sentie perdue et fascinée dans cette fioriture de mots,  mais finalement, comme sidérée par Méduse, je n’ai eu le sentiment de ne rien attraper ou presque de ce qui m’avait au préalable attirée dans cette lecture : l’histoire d’Halloween.
Je regrette cet effet trompe l’œil du texte et j’aurai apprécié plus de profondeur, de précisions, sur l’historique d’Halloween et les rites qui lui sont liés. De ce fait, j’ai un peu le sentiment de ce livre comme d’une coquille vide, un joli emballage mais pas grand-chose dedans.
Il aura eu l’avantage de m’ouvrir l’appétit, et je vais certainement me pencher sur la question fondamentale dont il traite au-delà d’Halloween, celle du rapport des hommes à la mort à différents moments de l’histoire, en me plongeant dans des auteurs tels Philippe Ariès et autres qui ont étudié de manière plus philosophique et historique ce sujet passionant.


mots-clés : #contemythe #fantastique #mort #voyage


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Message par bix_229 Mar 9 Oct - 16:22

Merci Christa !
Je crois que ce que Bradbury a le mieux réussi, finalement, c' est Les Chroniques
martiennes.
Et Philippe Ariès en effet traite du sujet avec profondeur et interet
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Message par Tristram Mar 9 Oct - 16:50

Merci Chrysta pour l'ouverture du fil de ce classique de la SF, dont Chroniques martiennes et Fahrenheit 451 valent la lecture (au moins).
Je te confirme que les Essais sur l’histoire de la mort en Occident du moyen âge à nos jours, de Philippe Ariès, sont également l'occasion d'une lecture passionnante.

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Message par chrysta Mar 9 Oct - 18:56

Oui, je vais je pense profiter de mes prochaines vacances pour lire un peu plus, et si j'y arrive Ariès serait parmi mes choix….
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Message par ArenSor Lun 10 Déc - 18:20

Ray Bradbury 71ypjt10

L'homme illustré

Là, j'avoue que j'ai eu vraiment la flemme d'ouvrir un fil Bradbury, qui le mérite probablement, surtout de recopier sa bibliographie pléthorique. Ray Bradbury 1038959943
Le recueil de nouvelles en question, publié en 1951, part d'une belle idée : un homme entièrement tatoué dont les images s'animent et racontent des histoires.
Certaines sont excellentes : "La Brousse" (qui joue sur la réalité virtuelle et qui est complètement d'actualité), "Kaléidoscope", "La Pluie", "Les Bannis" (étrange nouvelles d'écrivains maudits exilés sur une planète étrangère, Poe, Bierce - mais pas Lautrèamont ou Sade - et qui disparaissent en même temps que le dernier exemplaire de leurs écrits), "Le Renard et la forêt", "L'Heure H" etc... mais je ne peux m'empêcher de penser qu'elle auraient mérité d'être mieux mises en valeur.
Ce n'est pas tant l'invention qui est en cause, bien que des auteurs comme Dick iront nettement plus loin dans les conséquences de leurs trouvailles, mais une absence navrante de style qui m'a gêné. Peut-être la traduction ?
L'ouvrage traduit, bien sûr, un moment de la civilisation occidentale, enthousiasme sans bornes pour les prouesses scientifiques et techniques, angoisse de la destruction atomique. Les cieux sont sillonnés de fusées, les notions d'énergie à préserver et de pollution ne sont pas encore de mise ; une Amérique conquérante tout juste sortie de la 2e guerre mondiale Very Happy
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Message par Tristram Lun 10 Déc - 19:17

Oui, vraiment dommage, Ray méritait son fil !
« On chérit les couchers de soleil parce qu’ils s’effacent. »
Ray Bradbury, « De la poussière à la chair », 18, « Hâtez-vous de vivre »

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Message par Armor Lun 10 Déc - 21:40

Tristram a écrit:Oui, vraiment dommage, Ray méritait son fil !

Il suffisait de demander ! (surtout que chrysta avait déjà créé le fil ! Very Happy )


Dernière édition par Armor le Lun 10 Déc - 22:47, édité 1 fois

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Message par Plume Lun 10 Déc - 22:35

Bonjour,

Tiens tiens... Ray Bradbury est toujours étudié dans les écoles américaines (Fahrenheit 451), au programme de ma fille, niveau seconde.
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Message par animal Jeu 13 Déc - 23:11

j'ai vu il y a qqs temps le film pas mauvais mais pas trop avec Rod Steiger.

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Message par Tristram Jeu 13 Déc - 23:31

Fahrenheit 451 : si le film est... ce qu'il est, le livre est emblématique de cet autodafé mythique (« auto da fé », « acte de foi ») : la température d'auto-inflammation des livres, l'horreur absolue ! La quintessence de l'inquisition et du fascisme.

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Message par animal Jeu 13 Déc - 23:35

oups, précision essentielle, je faisais référence à L'Homme illustré. fahrenheit 451 je l'ai vu aussi mais il y a beaucoup plus et trop longtemps pour en dire quoi que ce soit.

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Message par topocl Mer 6 Mar - 16:18

Fahrenheit 451 : Une édition originale, symbolique à défaut d'être pratique
ici

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Message par animal Ven 13 Aoû - 21:48

Et une illustration :

Ray Bradbury 80383610
Andrei Sokolov, Fahrenheit 451 Series, Lost in Thought, 1950s

attrapée sur urgetocreate.tumblr.com

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Message par Tristram Mer 18 Jan - 11:54

Fahrenheit 451

Ray Bradbury Farenh10

Le pompier Guy Montag revient du feu : il vient de brûler des livres. Dans ce monde futur surpeuplé, où les personnes ne sont guère plus que des kleenex, sa femme Mildred (Millie) vient de se suicider par abus de somnifères ; le lavage d’estomac standard la rétablit dans l’heure. C’est un univers totalement nouveau : votre porte reconnait votre main, on écoute de la musique grâce à des radio-dés enfoncés dans les oreilles, il y a des menaces de guerre, on circule en « coccinelles », on est abruti par la publicité. Les pompiers fument la pipe, et s’emploient à incendier les livres – et parfois leurs propriétaires avec eux.
« Vous connaissez la loi, énonça Beatty. Qu'avez-vous fait de votre bon sens ? Il n'y a pas deux de ces livres qui soient d'accord entre eux. Vous êtes restée des années enfermée ici en compagnie d'une fichue tour de Babel. Secouez-vous donc ! Les gens qui sont dans ces bouquins n'ont jamais existé. »
Montag sympathise avec Clarisse, une voisine de dix-sept ans, dite insociable ; elle est curieuse de tout, et craint la violence omniprésente dans cette société. Avant de disparaître mystérieusement, elle lui dit :
« Vous riez quand je n'ai rien dit de drôle et vous répondez tout de suite. Vous ne prenez jamais le temps de réfléchir à la question que je vous ai posée. »
Lui redoute le Limier, robot chien de garde de la caserne qu’on peut programmer sur une proie particulière grâce à son odeur.
Le capitaine Beatty lui raconte comment la société a évolué, et comment les pompiers, devenus inutiles puisque les maisons étaient toutes ignifugées, se sont reconvertis en gardiens du bonheur sans réflexion.
« Autrefois les livres n'intéressaient que quelques personnes ici et là, un peu partout. Ils pouvaient se permettre d'être différents. Le monde était vaste. Mais le voilà qui se remplit d'yeux, de coudes, de bouches. Et la population de doubler, tripler, quadrupler. Le cinéma et la radio, les magazines, les livres se sont nivelés par le bas, normalisés en une vaste soupe. »

« On doit tous être pareils. Nous ne naissons pas libres et égaux, comme le proclame la Constitution, on nous rend égaux. »

« Les Noirs n'aiment pas Little Black Sambo. Brûlons-le. La Case de l'Oncle Tom met les Blancs mal à l'aise. Brûlons-le. Quelqu'un a écrit un livre sur le tabac et le cancer des poumons ? Les fumeurs pleurnichent ? Brûlons le livre. La sérénité, Montag. La paix, Montag. À la porte, les querelles. Ou mieux encore, dans l'incinérateur. »
(Sambo le petit noir est un livre écrit en 1899 par Helen Bannerman, autrice écossaise de littérature jeunesse ; à cause de ses clichés d’un racisme paternaliste, des éducateurs noirs et leaders des droits civiques états-uniens ont demandé dans les années trente le retrait des bibliothèques publiques de ce best-seller.)
Mais Montag n’est pas heureux ; il a récupéré secrètement quelques livres, car dans un élan incertain il veut comprendre. Sa femme le dénonce, et Beatty (personnage ambigu qui curieusement accumule les citations littéraires) le force à incendier sa maison ; il brûle ensuite Beatty et le Limier, et s’enfuit chez son seul interlocuteur, Faber, un enseignant à la retraite, passionné de littérature. Puis il quitte la ville, et la nature remplit le vide qu’il ressentait.
« Un daim. Il sentit le lourd parfum musqué auquel se mêlaient une pointe de sang et les effluves poisseux du souffle de l'animal, odeur de cardamome, de mousse et d'herbe de Saint-Jacques dans cette nuit immense où les arbres se précipitaient sur lui, reculaient, se précipitaient, reculaient, au rythme du battement de son cœur derrière ses yeux.
Des milliards de feuilles devaient joncher le sol ; il se mit à patauger dans cette rivière sèche qui sentait le clou de girofle et la poussière chaude. Et les autres odeurs ! De partout s'élevait un arôme de pomme de terre coupée, cru, froid, tout blanc d'avoir passé la plus grande partie de la nuit sous la lune. Il y avait une odeur de cornichons sortis de leur bocal, de persil en bouquet sur la table. Un parfum jaune pâle de moutarde en pot. Une odeur d'œillets venue du jardin d'à côté. Il abaissa la main et sentit une herbe l'effleurer d'une caresse d'enfant. Ses doigts sentaient la réglisse. »
Il rencontre des dissidents qui errent, « clochards au-dehors, bibliothèques au-dedans » : chacun a appris un livre, et ils sauvegardent le savoir en attendant la fin de la guerre qui vient de se déclarer. Lui a mémorisé « une partie de l'Ecclésiaste et de l'Apocalypse », que Faber lui lisait la nuit dans son « coquillage » (oreillette).
« Nous ne sommes que des couvre-livres, rien d'autre. »

« Qu'as-tu donné à la cité, Montag ?
Des cendres.
Qu'est-ce que les autres se sont donné ?
Le néant. »
La ville disparaît dans un bombardement.
« Il y avait autrefois, bien avant le Christ, une espèce d'oiseau stupide appelé le phénix. Tous les cent ans, il dressait un bûcher et s'y immolait. Ce devait être le premier cousin de l'homme. Mais chaque fois qu'il se brûlait, il resurgissait de ses cendres, renaissait à la vie. Et on dirait que nous sommes en train d'en faire autant, sans arrêt, mais avec un méchant avantage sur le phénix. Nous avons conscience de l'énorme bêtise que nous venons de faire. Conscience de toutes les bêtises que nous avons faites durant un millier d'années, et tant que nous en aurons conscience et qu'il y aura autour de nous de quoi nous les rappeler, nous cesserons un jour de dresser ces maudits bûchers funéraires pour nous jeter dedans. À chaque génération, nous trouvons un peu plus de monde qui se souvient. »
Je me souvenais surtout du film, revu plus récemment, et bien sûr des images fortes des autodafés et des hommes-bibliothèques. Mais en dehors de cela, la façon dont l’histoire est narrée m’a assez déçu, même si cet apologue annonce l’actuelle fascination creuse des écrans (livre paru en 1953, en plein maccarthisme et guerre froide), « les grands murs chatoyants tout couleurs et mouvements ».

\Mots-clés : #regimeautoritaire #romananticipation #sciencefiction

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Message par Bédoulène Mer 18 Jan - 15:57

merci Tristram !

_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Dreep Dim 16 Juil - 22:04

Chroniques martiennes

Ray Bradbury Capture-decran-2023-07-16-113032

Je partais plutôt d’un bon à priori à l’égard des Chroniques martiennes de Ray Bradbury, fort de l’idée (m’avait-on dit) que c’est un livre drôle et intelligent, et aussi pour renouer avec ce genre pour lequel je me suis toujours senti des affinités mais que j’ai toutefois un peu délaissé. Trop longtemps. Ceci dit, j’avais déjà en tête, de façon un peu confuse et sans que cela me décourage, que les Chroniques martiennes c’est de la science-fiction sans en être vraiment. Sans contester l’étiquette après lecture, je me dis que pour le coup, la science-fiction n’est pas l’objet de ce livre (et parfois on oublie que c’est sa nature) mais que c’est un prétexte. Je n’ai rien contre, surtout si c’est pour explorer de manière ludique et émouvante des thèmes universels tels que la mort d’un proche, revenu sous forme d' »esprit » ou d’émanation artificielle sur Mars. Oui, je retiens quelques parties fort séduisantes ― comme le type qui veut recréer la maison Usher d’Egar Poe ― en dépit du reste…

Il me semble qu’avec de gros sabots, Ray Bradbury s’efforce de faire des parallèles entre des maux historiques ou de graves problèmes d’actualité à l’époque de Bradbury ou même de la nôtre et des troubles d’ordre sociaux politique sur Mars ― entre terriens ou martiens ― eux qui n’ont jamais existé, commencent tragiquement à disparaître. Je n’ai pas vraiment compris ce que Bradbury voulait me dire de particulier avec ces correspondances, ce n’est pas tellement le problème. Quel est le rôle de ces technologies de l’espace dans tout cela ? À quoi ça sert d’en parler si ce sont des éléments décoratifs ? Ces technologies qui auraient pu, en premier lieu, m’intriguer me sont devenues des éléments d’artifice, de clinquants, qui parasitent le texte et m’en éloignent. Au point de me rendre les Chroniques martiennes illisibles, tellement je les lisais en diagonale dès que l’on me parlait de science-fiction.
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Message par Fancioulle Mar 18 Juil - 6:48

Justement, Bradbury ne concevait pas ces Chroniques comme de la science fiction mais comme du merveilleux, je me demande s'il n'utilise pas le mot "conte". De son aveu, sa seule oeuvre de science fiction, et quelle oeuvre, c'est Fahrenheit 451.
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Message par Dreep Mar 18 Juil - 12:12

De toute façon je ne pense pas que ce soit le type de science-fiction que je recherche, même Fahrenheit 451. Je vais plutôt m'orienter du côté de ce qu'on appelle de la "hard" science-fiction : Greg Egan, Peter Watts, Artur C. Clarke, Stapledon ou Romain Lucazeau peut-être.
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