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Message par Tristram Mer 23 Oct - 21:06

Sunset Park

amour - Paul Auster - Page 6 97827421

Pendant la crise financière américaine de 2008, Miles Heller, vingt-huit ans, travaille en Floride à l’enlèvement des rebuts dans les maisons abandonnées par leurs propriétaires ruinés.
« Dans un monde en train de s’écrouler, un monde de ruine économique et de misère implacable toujours plus étendue, l’enlèvement des rebuts est l’une des rares activités en plein essor dans cette région. »
Il héberge et soutient sa petite amie étudiante, Pilar, qui n’a que dix-sept ans… Un chantage particulièrement odieux le fera fuir, et retourner à New York.
Il m’a semblé percevoir une condamnation par l’auteur du diktat judiciaire qui occasionne une chasse abusive au "détourneur de mineure".
Le « narrateur omniscient » nous a aussi appris que Miles se sent coupable, objectivement ou pas, de la mort accidentelle de son demi-frère Bobby ; après cet accident et sept ans plus tôt, il a surpris une conversation entre son père et sa belle-mère (mariés après la fuite de sa mère alors qu’il avait six mois) lui reprochant son attitude devenue distante, et d’avoir renoncé au base-ball. Miles abandonna alors études et parents, ainsi que toute perspective ou projet pour sa propre existence.
Avec le personnage de la mère, Mary-Lee, abandonnant mari et bébé afin de poursuivre sa carrière d’actrice, on n’est pas non plus dans le propos mainstream politi-correct ; quant aux conséquences désastreuses :
« …] que sa mère n’avait absolument pas voulu de lui, que sa naissance était une erreur, qu’il n’y avait aucune raison défendable pour justifier son existence. »
Le père, Morris, un éditeur indépendant new-yorkais, est présenté comme quelqu’un de cultivé, sympathique, qui lutte pour sauver sa petite maison d’édition, préserver son couple en difficulté, et retrouver son fils.
« …] le fond de l’affaire était le suivant : ils s’aimaient mais n’arrivaient pas à s’entendre. »

« …] son père se démenait pour publier des livres valables dans un monde de produits éphémères, aussi inconsistants qu’à la mode. »
Le taciturne Miles rejoint le squat de son ami Bing Nathan, une maison délabrée de Brooklyn ‒ dans le quartier de Sunset Park ‒ où ce dernier, rebelle, percussionniste de jazz et tenancier de l’Hôpital des Objets Cassés (réparation d’appareils d’une époque révolue ‒ « machines à écrire mécaniques, stylos à encre », etc., et encadrement de tableaux), vit avec deux jeunes femmes. Il est contre…
« la croyance dominante qui veut que les nouvelles technologies modifient la conscience humaine. »

« …] et tout ce qui t’arrive depuis l’instant de ta naissance jusqu’à l’instant de ta mort, chaque émotion qui surgit en toi, chaque bouffée de colère, chaque montée de désir, chaque crise de larmes, chaque éclat de rire, tout ce que tu éprouveras un jour au cours de ta vie a également été ressenti par tous ceux qui sont venus avant toi, que tu sois un homme des cavernes ou un astronaute, que tu vives dans le désert de Gobi ou à l’intérieur du cercle arctique. »

« C’est le chevalier de l’indignation, le champion du mécontentement, le pourfendeur militant de la vie contemporaine, et il rêve de forger une réalité nouvelle sur les ruines d’un monde qui a échoué. Contrairement à la plupart des dissidents de son espèce, il ne croit pas à l’action politique. Il n’adhère à aucun mouvement, à aucun parti, il n’a jamais pris la parole en public et n’a aucun désir de conduire dans les rues des hordes en colère qui mettront le feu à des bâtiments et renverseront des gouvernements. Sa position est purement personnelle, mais s’il mène sa vie selon le principe qu’il s’est fixé, il est certain que d’autres suivront son exemple. »

« Dans une culture du jetable engendrée par la cupidité de sociétés commerciales mues par la recherche du profit, le paysage global est de plus en plus miteux, de plus en plus aliénant, de plus en plus vide de sens et de dessein unificateur. »
(Comme Simla, j’ai trouvé marquant par ce qu’il est dit de lui et de ses idées.)
Mais voici les "colocs" (sans loyer) : Alice est une thésarde et Ellen, qui a avorté et manqué un suicide, en proie aux « fantasmes hystériques » d’un désir sexuel exacerbé par le manque, tente de redonner un sens à sa vie en dessinant « l’étrangeté d’être en vie ». Toutes deux ont aussi un petit boulot partiel alimentaire.
« Elle [Ellen] ne veut pas en finir avec la vie afin de continuer à vivre. »
Les vétérans de la Seconde Guerre mondiale sont mis en parallèle avec les blessés de la société actuelle, et notamment des artistes :
« …] pas exactement des êtres humains ratés, mais pas non plus des réussites. Des âmes amochées. Des blessés qui marchent, qui s’ouvrent les veines et saignent en public. »
Plusieurs personnages gravitent autour de l’écriture, ce qui est l’occasion de la sorte de mise en abîme suivante :
« Telle est l’idée avec laquelle il joue, dit Renzo, celle d’écrire un essai sur les choses qui ne se produisent pas, sur les vies non vécues, les guerres qui n’ont pas été livrées, sur ce monde d’ombre qui s’étend parallèlement au monde que nous prenons pour le monde réel, le non-dit et le non-fait, le non-remémoré. Un terrain hasardeux, peut-être, mais qui vaudrait peut-être la peine d’être exploré. »
Auster passe d’un personnage à l’autre en leur consacrant à chaque fois un chapitre ou plus, et l’action se déroule simultanément.
Le point de vue du narrateur semble progressivement devenir celui de Morris (cet homme vieillissant est peut-être un alter ego de l’auteur), et Mary-Lee n’est bientôt plus présentée uniquement comme égocentrique, « capricieuse et incompétente », mais comme une vraie actrice (elle joue Becket au théâtre), qui regrette sincèrement son ratage de mère. Peut-être la perspective change-t-elle avec les personnages, mais ce n’est pas net.
Paul Auster a donc repris une fois de plus le thème des destinées hasardeuses :
« Ce n’est donc rien qu’un coup de dés de plus, rien qu’un numéro de loterie tiré de l’urne en métal noir, un hasard extraordinaire dans un monde de hasards extraordinaires et de désordre sans fin. »
J’ai regretté qu’il ait cédé à sa facilité enthousiaste pour prendre ses exemples de destinées extraordinaires dans les obscures et fastidieuses biographies de joueurs de base-ball.
Un des mérites du livre est de montrer clairement la précarité, les logements inaccessibles et les salaires qui ne permettent pas de vivre correctement pour ceux qui ont la chance d’avoir un travail, phénomènes qu’on observe dorénavant chez nous.
D’une manière prémonitoire,
« …] le point important de tout cela, écrivait le jeune Miles, c’est que les blessures sont une partie essentielle de la vie, et tant qu’on n’est pas blessé d’une façon ou d’une autre, on ne peut pas devenir un homme. »
Au début, j’étais persuadé de tenir un excellent roman, mais à la fin je me demande si l’élan de l’auteur ne s’est pas un peu dilué en route ; reste en tout cas une belle histoire (triste).

Mots-clés : #contemporain #social

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Message par Tristram Ven 25 Oct - 0:21

Un article sur le précédent livre commenté, qui a le mérite de replacer ce dernier à la fois dans l'actualité et dans littérature occidentale du siècle :
https://www.lemonde.fr/livres/article/2011/10/06/sunset-park-de-paul-auster_1582891_3260.html

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Message par Invité Mer 6 Mai - 22:21

Il ne semble pas que le lien ait déjà été posté, alors voilà ! Wink


Paul Auster est une plume majeure de la littérature américaine. Ponctué d’interventions de son épouse Siri Hustvedt, sa principale critique depuis maintenant trente ans, de Wim Wenders ou de l’artiste Sam Messer, ce documentaire explore l’aspect politique de son oeuvre.
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Message par Bédoulène Mer 6 Mai - 22:57

merci Janis (lu le livre 4321)

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Message par Tristram Jeu 7 Mai - 3:05

Oui, intéressant, merci Janis !
En plus j'ai été fier comme un pou laid quand Auster cite la phrase que j'avais déjà pointée comme son projet littéraire (à part "0", bien sûr) !

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Message par Invité Jeu 28 Mai - 21:41

Vingt jours avec Julian et petit lapin, selon papa - Hawthorne en famille

amour - Paul Auster - Page 6 N_hawt10

J'ai placé ce livre, ici, sur le fil de Paul Auster bien que celui-ci soit l'auteur de la préface de ce journal tenu par Nathaniel Hawthorne.


Pendant vingt jours, Nathaniel Hawthorne reste seul avec son petit garçon dans la maison des Berkshires alors que son épouse est partie dans sa famille avec leurs deux filles. Le journal qu'il décide de tenir permettra de raconter ces jours passés à son épouse quand elle reviendra.

Les journées sont assez répétitives et le père perd parfois un peu patience devant l'énergie enfantine et surtout le babillage incessant de ce petit garçon.
Il y est beaucoup question de météorologie car Nathaniel Hawthorne n'était que très peu séduit par le climat de la région !

Ces petites bouffées d'irritation sont précisément ce qui donne au texte son charme - et sa vérité. Aucun adulte sain d'esprit ne peut endurer la compagnie d'un enfant débordant de vitalité sans flancher de temps à autre, et en admettant que son calme n'est pas toujours parfait, Hawthorne fait du journal quelque chose de plus qu'un album personnel de souvenirs d'un été.
dans la préface de Paul Auster.


Il y est question de nature,

(...) la meilleure façon de recevoir une vive impression et un net sentiment d'un paysage est de s'asseoir devant celui-ci, puis de se mettre à lire ou bien de s'absorber dans ses pensées ; quand vos yeux se trouvent, par hasard, attirés vers le paysage, c'est comme si vous saisissiez la nature par surprise et la voyiez avant qu'elle n'ait eu le temps de changer d'aspect. Cet effet ne dure qu'un instant et s'évanouit aussitôt que vous en avez conscience, mais il est réel tant que dure ce moment. C'est comme si vous pouviez surprendre et comprendre le chuchotement des arbres quand ils se parlent entre eux, comme si, un instant, vous aperceviez, nu, le visage qui se voile pour échapper à tout regard délibéré.
Récit de Nathaniel Hawthorne


Le père raconte aussi les repas, les promenades et les découvertes du jeune âge, les jeux et les rares moments où il dispose d'un peu de tranquillité pour lire.


Il y est aussi question de rencontres littéraires notamment avec Herman Melville, ce dernier était un admirateur de Nathaniel Hawthorne.

Pour Melville, la fréquentation de Hawthorne et de son oeuvre marque un tournant fondamental dans son existence. Il avait déjà commencé l'histoire de la baleine blanche à l'époque (ce devait être un roman d'aventures en haute mer conventionnel) mais sous l'influence de Hawthorne le livre se mit à changer, à prendre de la profondeur et de l'ampleur, en une inexhaustible frénésie d'inspiration, le plus riche de tous les romans américains, Moby Dick. Comme le sait tout lecteur de ce livre, sa première page porte ces mots : "En témoignage de mon admiration pour son génie, ce livre est dédié à Nathaniel Hawthorne".
toujours dans la préface.



C'est une lecture très agréable, une fois dévorée la préface - je l'avais pour ma part découverte dans une autre publication, on est happé par la lecture de ce journal dont on détient désormais toutes les explications pour en comprendre toutes les allusions.


Un petit livre pour passer un très bon moment en présence de ces deux écrivains, de Julian et du lapin.

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Message par Invité Jeu 28 Mai - 21:51

En fait, Paul Auster ayant lu les Carnets de Nathaniel Hawthorne a été séduit par le récit de ces trois semaines racontées par celui-ci, et voulant faire connaitre cette partie du livre en a rédigé une préface.

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Message par Tristram Jeu 28 Mai - 22:11

Dans l'attente de ce qu'en dira Animal, grand lecteur de Moby Dick.

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Message par animal Jeu 28 Mai - 22:15

Il y a toujours moyen de poster sur les deux fils. cat

dans la préface du Quarto de Moby Dick il est pas mal question de Hawthorne comme figure amicale mais peut-être d'abord (au moins dans ce contexte) pour ce que représente son estime par rapport au 'métier' (d'écrire).

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Message par Tristram Jeu 28 Mai - 22:22

Animal a écrit:Il y a toujours moyen de poster sur les deux fils.
Oui, j'y ai pensé aussi (Auster et Hawthorne).

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Message par Invité Ven 29 Mai - 9:40

Je ferai un double-commentaire, bientôt, alors ! Wink

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Message par Invité Ven 29 Mai - 19:19

Tristram a écrit:Dans l'attente de ce qu'en dira Animal, grand lecteur de Moby Dick.

Oui, j'avais un peu scrupule à poster cet avis en sachant @animal en compagnie de la baleine ... Ainsi, je taquine un peu ! Rolling Eyes

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Message par Invité Sam 7 Aoû - 17:48

Quelques extraits du recueil Disparitions, traduit chez Unes, par Danièle Robert :

I

A force de solitude, il recommence —

comme si c'était la dernière fois
qu'il respirait,

et par conséquent c'est maintenant

qu'il respire pour la première fois
hors d'atteinte du singulier.

Il vit, et par conséquent il n'est rien
que ce qui se noie dans le trou sans fond
de son oeil,

et ce qu'il voit
est tout ce qu'il n'est pas : une cité

de l'évènement
non déchiffré,

et par conséquent une langue de pierres,
parce qu'il sait que pour toute la vie

une pierre fera place à une autre pierre

pour faire un mur

et que toutes les pierres
formeront la somme monstrueuse

des détails.

VII

Il est seul. Et dès l'instant où il commence à respirer,

il n'est nulle part. Mort plurielle, née

dans les mâchoires du singulier,

et la parole qui voudrait bâtir un mur
à partir de la plus secrète pierre
de la vie.

Parce que chaque objet dont il parle
n'est pas lui ­—

et malgré lui
il dit je, comme si lui aussi pouvait commencer
à vivre dans tous les autres

qui ne sont pas. Car la cité est un monstre,
et sa bouche ne laisse
rien échapper

qui ne dévore sa propre
parole.

Par conséquent, ils sont foule,
et toutes ces vies innombrables
taillées dans les pierres
d'un mur,

et lui qui voudrait commencer à respirer
apprendra qu'il n'y a nulle part où aller
qu'ici.

Par conséquent, il recommence

comme si c'était la dernière fois
qu'il respirait.

Car il n'est plus temps. Et c'est la fin du temps

qui commence.

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Message par Bédoulène Dim 8 Aoû - 14:02

merci Arturo, je ne connais pas du tout le poète ! (seulement l'écrivain)

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Message par Invité Dim 8 Aoû - 22:05

Et moi je ne connais pas encore le romancier, mais un jour... J'ai deux de ses romans (Leviathan, et 4321)

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Message par Tatie Ven 3 Déc - 18:51

Tombouctou

J'ai dévoré ce livre, où se mêlent l'histoire d'un poète raté et tout dédié à ses étoiles et celle de M. Bones, fier représentant de la race canine.

Honnêtement, je n'y croyais pas.

Il est très difficile en littérature d'insérer les pensées d'un animal, en rendant l'ensemble d'un roman cohérent.

Mais voilà, Auster est écrivain. Il sait faire, lui...

Et à coup de mises en abîmes, de réflexions philosophiques, de moments d'onirisme où le lecteur hallucine et pourtant se laisse happer, on tombe sous le charme de ce conte citadin, un brin merveilleux et curieusement réaliste sur l'Amérique.

Fable moderne, ni anodine, ni superficielle, et qui a pourtant la légèreté d'un pur rêve.

Je n'en dis pas plus sur les mésaventures tragi-comiques de M. Bones, cabot sage et fin observateur du genre humain. Candide également... Mais tellement loyal.

La fin est bouleversante pour tous les amoureux des chiens...

I love you

A lire aussi : L'ami - Sigrid Nunez. Sur l'amour d'un chien dans l'épreuve du deuil...

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Message par Bédoulène Ven 3 Déc - 18:58

oh ! en tant qu'Amie des animaux et des Chiens, je note bien sur Tatie !

et bien sur pour Paul Auster aussi !

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Message par Nadine Lun 5 Déc - 11:02

La nuit de l'Oracle
Un petit tour ici pour rendre compte d'un essai raté , pour moi, de retour vers Paul Auster. je l'ai lu adolescente, sans accrocher et sans comprendre pourquoi, mais vos apports ici m'ont décidée à réessayer dernièrement, j'ai trouvé ce livre pour trois francs six sous, je ne pouvais que tenter.
Pas dutout accroché. Quand même réussi sans déplaisir à arriver au tiers, mais quand le personnage de fiction se retrouve enfermé dans son studio, j'ai décroché totalement : ai feuilleté la suite par acquis de conscience, ce qui est déjà un aveu de défaite, puis l'ai amené en boite à livre, ça aura fait une bonne trouvaille pour quelqu'un.
Je n'aime pas la diffuse posture d'énonciation, il y a une allergie qui remonte, comme lors de mon adolescence, je ne l'explique pas, je trouve le point d 'énonciation trop sûr de lui, le tableau de couple me hérisse (je n'arrive pas à avoir l'élan d'identification qui parfois mystérieusement scelle un mouvement vers l'écriture : un personnage qui dit , nous dit et se dit à lui même qu'il caresse longuement et avec application la tête de sa femme pour l'apaiser, l'amener comme ça, l'énonciation, non. Au secours. ça me fais l'effet d'un effet narcisse extraordinaire. Ah et bien en fait je trouve, si, ce qui m'a toujours insupportée Very Happy) Voilà, bonne ou mauvaise guerre, mais ce n'est pas un auteur pour moi. amour - Paul Auster - Page 6 3067933078
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Message par Quasimodo Lun 5 Déc - 12:03

Je l'ai découvert récemment et je partage cette impression, Nadine. Je vais écrire quelques lignes sur Brooklyn Follies, que je n'ai pas détesté mais qui me semble quand même un peu limité.
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Message par Bédoulène Lun 5 Déc - 13:53

essayez 4321 !?

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