Anne Sibran
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Anne Sibran
Anne Sibran
Née en 1963
Née en 1963
Depuis longtemps le nom d'Anne Sibran (née en 1963 en région parisienne d'une famille de rapatriés d'Algérie dont la mère est d'origine grecque et le père d'origine irlandaise) revient dans les pages du Matricule des anges, il apparait souvent dans la section jeunesse avec la notification que cette littérature s'adresse aussi à l'adulte qui aime rêver et se faire peur. Il est question dans les livres d'Anne Sibran de la forêt et des bêtes encore sauvages qui l'habitent, il est question d'humanité, de nature et de destruction. Je n'ai donc pas hésité une seule seconde quand j'ai vu Le Monde Intervalle qui m'attendait chez le bouquiniste. Et bien m'en a pris, car ce livre est un immense bonheur, une parenthèse, la possibilité de retrouver un peu du souffle qui nous habite.
Et puis, j'ai entendue récemment Anne Sibran à la radio, avec sa voix de petite fille, haut perchée, presque suraigüe qui lui servait à raconter sa rencontre en Amazonie avec un vieil homme, qui à lui seul, tenait en échec de grands groupes pétroliers désireux de faire des recherches minières sur les terres de sa tribu. Elle disait qu'il avait été impressionné qu'elle parle le quechua, impressionné qu'elle s'intéresse à lui et sa voix à elle ne tremblait pas pour nous rappeler notre planète en danger et notre responsabilité.
Bibliographie
1999 Bleu-Figuier,
2002 Ma vie en l'air,
2007 Je suis la bête,
2008 Le Monde intervalle,
2013 Dans la montagne d’argent,
2016 Enfance d’un chaman,
shanidar- Messages : 1592
Date d'inscription : 02/12/2016
Re: Anne Sibran
Le Monde intervalle
(pour que personne ne se trompe, il s'agit d'un livre de chroniques, une sorte de journal, écrit au fil du temps et abordant différents thèmes de la vie quotidienne ou des voyages faits par l'auteure)
Un petit bijou.
Une merveille.
Anne Sibran s'arrête un instant et redevient perméable au monde qui l'entoure et au monde qui l'habite. Elle tente alors, avec des mots d'une grande poésie de nous restituer ce qui l'étreint, l'effleure, la happe, la mène.
Qu'il s'agisse de l'odeur de châtaigne émanant de la nuque de son fils qu'elle allaite, des petites pousses d'arbre qu'elle repique, du souvenir de son père sur son lit de mort, d'un récit de voyage à Saigon ou à Montréal raconté comme un instantané ; Anne Sibran en quelques mots parvient à nous faire toucher du doigt sa belle humanité. Elle nous tire par la main pour nous rappeler qu'aller à la rencontre d'un rayon de soleil en plein hiver vaut mieux que de rester enfermer dans sa bulle. Elle cherche à comprendre, non, pas à comprendre, mais à sentir pourquoi l'agencement des objets d'une maison la rend accueillante aux 'inadaptés' , elle raconte et se raconte. Et à travers elle, je réapprends à voir un flocon de neige, à sentir l'odeur particulière d'une chambre d'hôpital, à ressentir la douleur animale, la peur, la vie. C'est très beau, sans être naïf.
Ces petits textes sont d'une intensité immense, d'une densité de pierre et d'une douceur de duvet, comme celui des chatons qui poussent aux branches des noisetiers quand le printemps arrive. C'est un saisissement des sens, un apaisement et une sourde douleur. Car il n'est pas seulement question de la beauté du monde, mais aussi de notre capacité à le détruire, le déformer et l'abîmer.
Une succession de petits textes absolument magnifiques.
shanidar- Messages : 1592
Date d'inscription : 02/12/2016
Re: Anne Sibran
Voilà qui a tout pour me plaire je crois bien ! Je vibre déjà ...
Merci Shanidar !
Merci Shanidar !
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Anne Sibran
Je vais essayer de mettre quelques extraits au fil du temps...
Avant le virage de la Jourdane, à l'entrée du verger des pommiers -plantés tous les 256 centimètres-, le cantonnier s'est servi d'une débroussailleuse pour élaguer les branches d'un vieux chêne, comme si leur posture désinvolte avait nargué la monotonie des talus. L'arbre y a laissé un gros morceau d'écorce, une blessure encore béante dont je crains qu'il ne se relève pas. Et ces pauvres bouts de branches mâchés comme des bâtons de réglisse...
Il y a des jours où je me voudrais des écailles pour n'avoir rien de commun avec celui qui, par un geste bâclé, vient de blesser à mort deux siècles de sève lente.
Avant le virage de la Jourdane, à l'entrée du verger des pommiers -plantés tous les 256 centimètres-, le cantonnier s'est servi d'une débroussailleuse pour élaguer les branches d'un vieux chêne, comme si leur posture désinvolte avait nargué la monotonie des talus. L'arbre y a laissé un gros morceau d'écorce, une blessure encore béante dont je crains qu'il ne se relève pas. Et ces pauvres bouts de branches mâchés comme des bâtons de réglisse...
Il y a des jours où je me voudrais des écailles pour n'avoir rien de commun avec celui qui, par un geste bâclé, vient de blesser à mort deux siècles de sève lente.
shanidar- Messages : 1592
Date d'inscription : 02/12/2016
Re: Anne Sibran
ma médiathèque en a 3 ou 4 mais pas celui-ci, je note si je le rencontre
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21081
Date d'inscription : 02/12/2016
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