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Haruki MURAKAMI

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Message par Allumette Dim 4 Déc - 12:01

Haruki Murakami
Né en 1949

Haruki MURAKAMI Avt_ha11

Haruki Murakami, né à Kyoto le 12 janvier 1949, est un écrivain japonais contemporain.

Auteur de romans à succès, mais aussi de nouvelles et d'essais, Murakami a reçu une douzaine de prix et autres distinctions ; depuis 2006, il est pressenti pour un prix Nobel de littérature. Traduit en cinquante langues et édité à des millions d'exemplaires, il est un des auteurs japonais contemporains les plus lus au monde.

Murakami est également reconnu au Japon comme traducteur de l'anglais en japonais (des romans d'une vingtaine d'auteurs de genres divers, dont  tout Raymond Carver, mais aussi de F. Scott Fitzgerald, John Irving, Ursula K. Le Guin, et J. D. Salinger), et comme journaliste-essayiste (sur les voyages en Europe, le jazz, la course de fond, mais aussi deux désastres japonais : le séisme de Kobe et l'attentat chimique de Tokyo de 1995).

Revendiquant des influences allant de Raymond Chandler à Kurt Vonnegut en passant par Richard Brautigan et Franz Kafka, Murakami est rapproché de la littérature postmoderniste. Ses récits sont appréciés pour leur forme  de réalisme magique qui voit la quête picaresque se teinter de romantisme ou de surréalisme, et l'enquête policière flirter avec le fantastique ou la science-fiction ; y affleurent la poésie et l'humour, malgré la dimension mélancolique de leurs narrateurs qui évoquent obliquement des thèmes existentiels tels que la solitude, l'incommunicabilité et l'aliénation au sein de la postmodernité des sociétés capitalistes.

Murakami divise son œuvre en six catégories : les romans longs ; les romans courts ; les nouvelles ; les traductions ; les essais ; les enquêtes.
Source : Wikipédia 04.12.2016

Oeuvres traduites en français :

Romans :
1979 : Écoute le chant du vent ; Page 1
1980 : La Course au mouton sauvage
1982 : La Fin des temps
1985 : La Ballade de l'impossible
1987 : Danse, danse, danse
1988 : Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil ; Page 1
1992 : Chroniques de l'oiseau à ressort ; Page 1
1994 : Les Amants du Spoutnik ; Page 1, 2
1999 : Kafka sur le rivage ; Page 1, 2
2002 : Le Passage de la nuit
2004 : 1Q84 (3 tomes) ; Page 1
2013 : L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage ; Page 1
2017 : Le Meurtre du Commandeur : Page 2

Recueils de nouvelles :
1993 : L'éléphant s'évapore (écrites entre 1980 et 1991)
2000 : Après le tremblement de terre
2006 : Saules aveugles femme endormie (écrites entre 1980 et 2005), dont Tony Takitani : Page 2

Essais et récit autobiographique :
2009 : Autoportrait de l'auteur en coureur de fond ; Page 1
2013 : Underground

MAJ de l'index le 13/11/2023
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Message par Allumette Dim 4 Déc - 13:37

Haruki MURAKAMI Chroni10

Chroniques de l'oiseau à ressort

C'est avec Chroniques de l'oiseau à ressort que j'ai découvert Haruki Murakami et avec le recul, c'était une bonne porte d'entrée pour moi dans la mesure où la bascule dans le fantastique est "douce".
La lecture de ces chroniques me fut très sympathique de par les personnages et le style d'écriture fluide.
Dès les premières pages, je me suis attachée au personnage principal, Toru Okada, jeune homme de 30 ans, récemment au chômage, marié à Kumiko. Il se cherche, ne sait pas quel métier il souhaiterait faire, il a démissionné du dernier. En attente de sens, il est homme au foyer.
Mais sa quête du sens de sa vie va rapidement prendre une autre ampleur !
D'un fait anodin, à la recherche de son chat, il rencontre plusieurs femmes toutes aussi intrigantes et charmantes les unes que les autres : une jeune fille du fond de la ruelle, près de chez lui; une femme excentrique, Malta Cano, une sorte de voyante… et, quand il est à la maison, une parfaite inconnue souhaite, par téléphone, l’emmener sur le terrain de la sexualité à distance... Le monde de Toru bascule petit à petit dans un monde surréaliste fait de correspondances entre les différents personnages, les différentes situations. Évoluant dans ce monde onirique, Toru n'aura de cesse de retrouver Kumiko, sa femme, partie sans aucune raison du jour au lendemain.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre.

Lu en septembre 2014


mots-clés : #fantastique
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Message par Allumette Dim 4 Déc - 13:47

1Q84

Trilogie :

Haruki MURAKAMI 1q84_t11 Haruki MURAKAMI 1q84-l10 Haruki MURAKAMI 1q84-l13

Je me suis tout simplement régalé avec cette trilogie de Murakami mêlant onirisme, amour, poésie, fantastique, construction originale du récit, réflexions philosophiques diverses et variées. J'ai eu du mal à quitter le Monde de Aomamé, Tengo, Fukaéri ...

Je recommande vivement !
Cette trilogie m'a confirmée que j'aimais l'écriture de Murakami.

Lu au printemps 2015


Dernière édition par Allumette le Dim 4 Déc - 13:56, édité 1 fois (Raison : taille images)
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Message par Allumette Dim 4 Déc - 14:41

Les amants du Spoutnik


Haruki MURAKAMI Les_am10

Présentation de l'éditeur

K. est amoureux de Sumire, mais dissimule ses sentiments sous une amitié sincère. La jeune fille est insaisissable, et voue un amour destructeur à une mystérieuse femme mariée. Un jour, Sumire disparaît, sans laisser de traces. K. part à sa recherche sur une île grecque, dans les rues de Tokyo, où tout le ramène à elle.

" Une fable du troisième millénaire : des êtres séparés, un amour impossible, le néant spirituel, un vide implacable. Envoûtant. "
Céline Geoffroy, Les Inrockuptibles

Traduit du japonais
par Corinne Atlan

Mon avis

A travers ce 9ème roman de Murakami, j'ai retrouvé l'ambiance onirique, vaporeuse que j'avais ressentie à la lecture de 1Q84. Autour d'un triptyque amoureux, Murakami nous emmène à des réflexions, des rêves sur le don d'ubiquïté, sur la solitude humaine, l'épaisseur et la profondeur de l'espace-temps, l'âme et l'enveloppe charnelle, le rêve comme échappatoire à une condition humaine terne et lourde.

La lune, le puits, le téléphone sont de nouveau des objets sources d'élévation.

J'ai bien aimé les trois personnages, l'ambiance, les thèmes abordés, mais tout ceci m'avait déjà plu dans 1Q84 et, en ce sens, ce roman n'est pas étonnant, c'est un agréable retour dans l'univers de Murakami mais sans véritable surprise.

Je suis sévère car j'ai beaucoup apprécié en réalité!

Lu en Octobre 2016
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Message par Ouliposuccion Ven 3 Fév - 18:02

1Q84 la trilogie

Haruki MURAKAMI Tylych31

Aomamé, 30 ans, thérapeute et professeur d'art martiaux, est fille de témoins de Jéhovah et a été élevée dans cette communauté jusqu'à l'âge de 11 ans, puis renvoyée par ses parents parce qu'elle a rejeté leurs croyances. Aomamé est une jeune femme secrète et solitaire qui travaille aussi comme tueuse à gages pour des missions dont l'objectif est toujours d'éliminer des hommes qui ont commis des violences à l'encontre de femmes.
Tengo, 29 ans, professeur de mathématiques, lecteur chez un éditeur, écrit mais n'a jamais encore réussi d'œuvre accomplie. Il est le fils d'un collecteur de la redevance pour la chaîne de télévision japonaise NHK5. Son éditeur, Komatsu, lui demande de récrire en secret La Chrysalide de l'air, un manuscrit maladroit mais très original reçu d'une jeune fille de 17 ans, Fukaéri, pour le présenter au prix littéraire des jeunes auteurs.
Aomamé et Tengo se sont connus fugitivement à l'âge de dix ans alors qu'ils étaient élèves de la même classe. Cet attachement, dû notamment au fait que leurs parents les forçaient à les accompagner le dimanche lors de leurs démarches au porte-à-porte, les unit mystérieusement comme un philtre d'amour et les rapproche l'un de l'autre tout au long des trois volumes du récit. Les personnages se retrouvent dans un monde parallèle appelé "1Q84" par Aomamé (l'action se situe en 1984).


1Q84 est un univers parsemé de diverses planètes dans lesquelles s’érigent des mondes  différents, et le trajet pour en saisir quelques fragments est séduisant. . Au fil des chapitres je suis restée en suspension, me délectant  de la création florissante de  Murakami et de l’éclosion de l’âme des personnages.
On prend la température d’une planète, le monde de  Tengo, une sorte de printemps à l’effloraison littéraire,  entre raison et désir authentique.
Vient celui de Fukaéri,  jeune fille  ressemblant à une fleur de toutes saisons, à la fois fanée et  fleurit, sa chrysalide nous précipite dans un champ de poésie et de contes pour enfants.
1Q84 ou 1984, Aomamé, un cœur pas si hivernal, invite le lecteur dans les méandres de son esprit, des feintes d’un pic à glace aux détours d’un raisonnement opportun, on inhale la fragrance  prometteuse des pages confidentes, le parfum d’une trame envoûtante.
Ces mondes captivants  se lient par une contingence, des circonstances,  et le climat ambiant, insolite qu’apporte cette lecture est rayonnant. Aucune précipitation quant à la naissance de l’histoire, on vogue au gré des lignes, sur un ruisseau paisible dont le clapotis nous narre les délices  d’une intrigue insoumise, naviguant  à son allure sans que nous y trouvions le temps long.  
Si 1Q84 récoltent des critiques qui font  tantôt la pluie tantôt le beau temps, mon baromètre est au plus haut car s ’il y a un voyage que l’on souhaite prolonger, c’est bien celui du monde  imaginaire ( mais tant que ça ) de Murakami.
Dans ces trois  opus, je me suis vu en visiteuse,  à l’image de l’histoire «  la ville des chats » qu’il décrit  : envoûté par un monde parallèle,  installé en haut d’une tour à guetter les lignes, me pourlécher les babines de ce tête à tête  jusqu’à m’y perdre, ensorcelée.  
Une ronde de personnages envahissant le contenu d’un livre, sans aucune approximation, c’est d’une plume experte que Murakami  érige un univers remarquable.
Une excursion littéraire où souffle un vent  d’esprit, une brise  d’amour, une bourrasque d’imagination malmenant les âmes pensant apprivoiser la notion du temps.


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Message par Ouliposuccion Ven 3 Fév - 18:09

Au sud de la frontière , à l'ouest du soleil


Haruki MURAKAMI Tylych94

A douze ans, Hajime rencontre Shimamoto-san, sa petite voisine. Avec elle, il découvre la musique, les sourires complices, les premiers frissons sensuels ... Et puis celle-ci déménage, laissant à son ami le goût amer de l'abandon. Lorsque, trente ans plus tard, elle réapparaît, Hajime, rongé par le désir et la nostalgie, est envoûté par cette femme énigmatique, reflet de ses rêves perdus. Mais sous les traits délicats du visage de Shimamoto-san se cachent la souffrance, la folie et la destruction.

Conte moderne dont émane un érotisme discret mais obsédant, ce roman, servi par une écriture d'une formidable densité, entraîne le lecteur au coeur des contradictions de héros en quête d'un inaccessible absolu.


Ce livre est un blues , une mélancolie ambiante , de la recherche d'absolu , et toujours ce parcours initiatique propre à Murakami. C'est un bar aux multiples cocktails qui marie la destruction à la douceur et la folie aux doutes. C'est la discussion qu'on se fait à soi-même , qui incendie le quotidien et enflamme l'espoir carbonisant une réalité qu'on ne supporte plus , qui ne nous ressemble plus. C'est l'ordinaire qui nous saute à la gorge , nous étouffe et nous fixe dans cette réflexion , cette crise qui pousse vers une passion qu'on ne réfléchit pas , qu'on subie.
C'est toujours avec exactitude qu'Haruki Murakami explore l'humain , cette cohabitation avec cette société qui révèle d'autant plus sa propre solitude. Au sud de la frontière , à l'ouest du soleil , c'est le goutte à goutte de l'attente , de l'intimité malmenée , de l'observation de notre visage aux multiples facettes. C'est beau , touchant , toujours l'auteur frôle les limites de chacun , nous mène dans son monde qui est le nôtre avec cette facilité déroutante et émouvante ,  évoquant la crise existentielle. Mais entre fantasme et réalité , où nous situons-nous ?

"En écoutant cette mélodie belle et légère, je me rappelais toujours cette période de ma vie. On ne peut pas dire que j'étais très heureux alors. Pourtant, le souvenir de cette époque m'emplissait de nostalgie. j'étais plus jeune, plus affamé, plus solitaire que maintenant. mais j'étais vraiment moi-même. A cette époque, je ressentais en profondeur chaque note de musique que j'écoutais, chaque ligne des livres que je lisais, comme si elles pénétraient intimement en moi.
"

A quatre heures du matin, la ville avait l'air misérable et souillée. Je voyais planer l'ombre de la destruction et du pourrissement. Et mon existence à moi était prise au milieu de tout ça. Comme une silhouette imprimée sur un mur.


"Notre monde est comme ca. Quand il pleut les fleurs poussent et quand il ne pleut pas, elles fanent. Les lézards mangent les insectes, et sont mangés par les rapaces. Mais tous finissent par mourir et se dessècher. Une génération disparait, une autre prend sa place. C'est une règle absolue. Il y a différentes façons de vivre, et différentes façons de mourir. mais c'est sans importance. La seule chose qui reste en fin de compte, c'est le désert."
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Message par Ouliposuccion Ven 3 Fév - 18:16

Kafka sur le rivage

Haruki MURAKAMI Muraka10

Magique, hypnotique, Kafka sur le rivage est un roman d'initiation où se déploient, avec une grâce infinie et une imagination stupéfiante, toute la profondeur et la richesse de Haruki Murakami. Une œuvre majeure, qui s'inscrit parmi les plus grands romans d'apprentissage de la littérature universelle. Kafka Tamura, quinze ans, fuit sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui. Nakata, vieil homme simple d'esprit, décide lui aussi de prendre la route, obéissant à un appel impérieux, attiré par une force qui le dépasse. Lancés dans une vaste odyssée, nos deux héros vont croiser en chemin des hommes et des chats, une mère maquerelle fantomatique et une prostituée férue de Hegel, des soldats perdus et un inquiétant colonel, des poissons tombant du ciel, et bien d'autres choses encore... Avant de voir leur destin converger inexorablement, et de découvrir leur propre vérité.


Il est certain que Kafka sur le rivage n'a pas son pareil dans la littérature , œuvre majeure , aucune autre ne dissimule autant de magie et de substances si particulières , mêlant parcours initiatique et fantastique qui fait que Murakami a hissé un roman au rang d'incontournable.
C'est au travers de ce livre et de deux personnages pas si loin du genre Kafkaien (indéniablement) , que l'auteur invoque Kafka , perdu dans le labyrinthe de la vie , cherchant un fil conducteur. Murakami nous parle de la solitude , sujet qu'il exploite de manière récurrente sans jamais le rendre redondant , de la profondeur des éléments qui nous entourent , l'amitié , l'amour , la mort afin de viser un essentiel , l'essence pure de l'existence sous fond de fantastique , de rêves peut-être pas si fictifs.
Nakata ,vieil homme qui ne parle qu'aux animaux , analphabète et enfermé dans un monde parallèle suite à un accident évoque cette angoisse , celle des troubles et de la folie , d'une âme perdue dans les méandres du temps , pulvérisée par une probable souffrance.
L'univers de Murakami est toujours propice à la double lecture , d'un chef d'oeuvre on crée le nôtre , accroché à un nuage on ne saisit pas à la lettre le monde qu'il nous offre , mais on l'étoffe de nos propres interprétations , de notre parcours en faisant appel à notre imagination , notre réflexion.
De l'étrange à la réalité il n'y a parfois qu'un voyage à faire , qu'un bagage permettant à l'esprit de ne plus distinguer cette différence , mais d'en faire un tout. Se délester de l'obscur pour y voir clair , se laisser l'occasion de voir l'invisible en étant tout simplement ouvert à ces différents mondes qui nous entourent et qui peut-être , nous mèneront au bout d'une quête complexe...

"Tu as peur de ton imagination. Et plus encore de tes rêves. Tu crains cette responsabilité qui commence dans le rêve. Mais tu ne peux pas t’empêcher de dormir et, quand tu dors, les rêves surviennent immanquablement. L’imagination diurne est maîtrisable. Pas les rêves"

Parfois, le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui échapper. Mais la tempête modifie aussi la sienne. Tu changes à nouveau le rythme de ta marche, et la tempête change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se répète un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi ? parce que la tempête n'est pas un phénomène venu d'ailleurs sans aucun lien avec toi. Elle est toi même et rien d'autre. elle vient de l'intérieur de toi. Alors la seule chose que tu puisses faire, c'est pénétrer délibérément dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d'empêcher le sable d'y entrer, et la traverser pas à pas. Au coeur de cette tempête, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repère dans l'espace ; par moments, même, le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyés qui tourbillonne haut dans le ciel. Voilà la tempête de sable que tu dois imaginer.

A l'origine, la forme du labyrinthe s'est inspirée de celle des boyaux. Autrement dit, le principe du labyrinthe existe à l'intérieur de toi. Et il correspond à un labyrinthe extérieur à toi.
-C'est une métaphore ?
-Exactement. Une métaphore à double sens. Ce qui extérieur à toi, c'est la projection de ce qui est intérieur, et l'intérieur est la projection de l'extérieur. Souvent, quand tu mets les pieds dans un labyrinthe extérieur, c'est que tu entres aussi dans un labyrinthe intérieur. Dans la plupart des cas, c'est très dangereux.



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Message par Ouliposuccion Ven 3 Fév - 18:20

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage


Haruki MURAKAMI Tylych14

Depuis le mois de juillet de sa deuxième année d'université jusqu'au mois de janvier de l'année suivante, Tsukuru Tazaki vécut en pensant presque exclusivement à la mort.
À Nagoya, ils étaient cinq amis inséparables. L'un, Akamatsu, était surnommé Rouge ; Ômi était Bleu , Shirane était Blanche et Kurono, Noire. Tsukuru Tazaki, lui, était sans couleur.
Tsukuru est parti à Tokyo pour ses études ; les autres sont restés.
Un jour, ils lui ont signifié qu'ils ne voulaient plus jamais le voir. Sans aucune explication. Lui-même n'en a pas cherché.
Pendant seize ans, Tsukuru a vécu comme Jonas dans le ventre de la baleine, comme un mort qui n'aurait pas encore compris qu'il était mort.
Il est devenu architecte, il dessine des gares.
Et puis Sara est entrée dans sa vie. Tsukuru l'intrigue mais elle le sent hors d'atteinte, comme séparé du monde par une frontière invisible.
Vivre sans amour n'est pas vivre. Alors, Tsukuru Tazaki va entamer son pèlerinage. À Nagoya. Et en Finlande. Pour confronter le passé et tenter de comprendre ce qui a brisé le cercle.


Premier livre de Murakami que je lis sans cet univers fantastique , cette magie planante , ce mystère auquel on est tant habitué.
C'est une nouvelle approche de l'auteur qui nous plonge tout de même dans ses thèmes favoris , la solitude , l'abandon , la quête personnelle.
Mais pas de doute , encore une fois , Murakami excelle quand il s'agit de fouiller le genre humain , nul besoin d'extraordinaire pour faire d'un livre la bible des ressentis , il flaire et ressent , hume et retranscrit les blessures , perçoit le besoin de réponse quand les questions entravent l'amour , discerne l' évidence de l'introspection d'une exclusion.
Toujours cette importance du choix des mots , la recherche méticuleuse de la transmission juste qui ne peut venir que du plus profond de soi. On entend le soupir et les plaintes du traumatisme d'une mise à l'isolement , la violence de l'alliance macabre à la mort devenue tentation jusqu'à devenir cerné par les maux.
Un roman mélancolique , nostalgique , loin d'être incolore que signe encore une fois , indiscutablement , l'immense Haruki Murakami.

Tu veux cacher tes souvenirs le mieux que tu peux, les ensevelir dans une fosse profonde, il te sera impossible d’effacer l’histoire, affirma Sara en le regardant droit dans les yeux. Tu ferais mieux d’y réfléchir. On ne peut pas effacer l’histoire ou la réécrire. Ce serait comme vouloir effacer sa propre existence.

Le temps passé se changea soudain en une longue pique acéré qui lui transperça le cœur. S'ensuivit une souffrance argentée et muette, une colonne de glace qui emprisonnait sa colonne vertébrale. L'intensité de la douleur restait immuable. Il retint son souffle, ferma les yeux et l'endura. Alfred Brendel poursuivait son jeu précis et régulier. Après la première année : "Suisse", la deuxième année : "Italie".
Tsukuru réussit alors à tout accepter. Enfin. Tsukuru Tazaki comprit, jusqu'au plus profond de son âme. Ce n'est pas seulement l'harmonie qui relie le cœur des hommes. Ce qui les lie bien plus profondément, c'est ce qui se transmet d'une blessure à une autre. D'une souffrance à une autre. D'une fragilité à une autre. C'est ainsi que les hommes se rejoignent. Il n'y a pas de quiétude sans cris de douleur, pas de pardon sans que du sang ne soit versé, pas d'acceptation qui n'ait connu de perte brûlante. Ces épreuves sont la base d'une harmonie véritable.


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Message par Ouliposuccion Ven 3 Fév - 18:25

Ecoute le chant du vent , suivi de Flipper


Haruki MURAKAMI Tylych96

J’écrivais toujours sur la table de la cuisine, tard dans la nuit, jusqu’au petit matin. C’est la raison pour laquelle je nomme ces deux romans « écrits sur la table de la cuisine ». Avec beaucoup d’amour et une certaine gêne…
Pour rien au monde je ne voudrais les changer. Un peu comme de très vieux amis. Peut-être que je ne les rencontrerai plus, que je ne leur parlerai plus, mais il est certain que jamais je ne les oublierai. Ils sont précieux pour moi, irremplaçables. Ils m’encouragent, me réchauffent le cœur.

Après trente-sept ans, Haruki Murakami autorise enfin la publication de ses deux premiers romans, Écoute le chant du vent, lauréat du prestigieux prix Gunzo 1979, suivi de Flipper, 1973, tous deux jusqu’ici inédits en France. Enfin traduits et réunis en un seul volume, précédés d’une préface de Murakami qui en explique la genèse, ils composent les deux premiers tomes de la « trilogie du Rat », que clôt La Course au mouton sauvage.


Ils sont là , en français, les inédits qui ouvrent la trilogie que conclue « La course au mouton sauvage » !
Écrits en 1979 et 1980 , on découvre la genèse d'un auteur qui prend la suite des géants de la littérature japonaise avec tout de même un virage radical dans le style littéraire puisque la culture de cette époque au Japon , largement « americanisée » et cherchant à rompre avec l'après-guerre via la musique et la littérature est une véritable révolution artistique.
Murakami n'y échappera pas , et c'est sans doute ce qui fait de cet artiste amateur de jazz , aux références musicales et littéraires de cette époque nouvelle et ouverte un véritable tournant au pays du soleil Levant.
La préface de Murakami nous en apprend d'avantage sur le façonnage d'un homme qui écrivait sur la table de sa cuisine jusqu'au petit matin , qui mariait ses passions les unes avec les autres , incluant déjà sa vision sur un monde de solitude dans lequel évoluent des personnages à la recherche d'une identité , signe précurseur qui déjà annonce la naissance du grand écrivain que l'on connaît aujourd'hui.
Murakami pose ses valises dès ce premier opus «  Ecoute le chant du vent » et en sort toute sa palette de couleurs assortie aux ressentis qui resteront sa marque de fabrique ,la solitude et l'introspection , les souvenirs et le cours énigmatique de la vie , le paradoxe d'un tout.
On ressent chez cet auteur la volonté de quitter la cellule pragmatique afin de construire un tout autre noyau , plus divertissant sans pour autant rompre avec un folklore japonais qui reste onirique et mystérieux mais rendant son approche du fantastique plus cérébrale que chimérique.
Il est je pense très intéressant de saisir la construction de cet artiste afin de mieux saisir certains de ses romans et cette publication tardive ne fait qu'éclairer cet univers qui peut paraître assez nébuleux pour quelques uns qui voient en lui un auteur de fantastique.
A la lecture de ces deux premiers livres , on peut constater qu'au delà de l'extraordinaire talent de Murakami , c'était déjà la naissance d'un souverain littéraire qui explore la société et le genre humain avant tout et que l’occulte n'est qu'une partie de nous mêmes.

Il y est a des jours où certaines choses s'emparent de nous. Des petits riens, des choses sans importance. Un bouton de rose, un chapeau égaré, un pull qu'on aimait, enfant, un vieux disque de Gene Pitney... On pourrait dresser une liste impressionnante de toutes ces choses modestes qui n'ont plus nulle part où aller. Elles errent en nous durant deux ou trois jours puis retournent d'où elles sont venues...dans les ténèbres. Nous creusons toujours des puits dans notre esprit. Et, au-dessus de ces puits, vont et viennent des oiseaux.

« Je jure, devant l'ouvrage le plus sacré qui se
trouve dans ma chambre, je veux parler du bottin,
de dire uniquement la vérité. À savoir que la vie
humaine est vide. Mais bien sûr, le salut est pos-
sible. Parce que, au tout début, la vie n'était pas
totalement vide. Nous avons fait tous les efforts
possibles, nous avons durement oeuvrés pour l'épui-
se et lui ôter sa substance. Je ne me fatiguerai pas
ici à décrire dans tous les détails comment nous
avons souffert ou comment nous nous y sommes
pris pour l'annihiler. Ce serait bien trop ennuyeux.
Je conseille à tous ceux qui veulent le savoir de lire
Jean-Christophe de Romain Rolland. Tout y est. »

À mi-chemin autour de l'arc-en-ciel (1937)
Derek Harfield
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Message par bix_229 Ven 3 Fév - 18:28

Haruki MURAKAMI Muraka10

Kafka sur le rivage

Essayer de parler de Kafka sur le rivage, c'est se heurter au mystère irritant d'un livre dont toute la magie repose sur un style fluide et transparent...
Kafka sur le rivage est pour moi une sorte de conte pour adultes. Ou plutot un conte initaitique pour enfants de tous ages... Un conte qui m'a
fasciné comme autrefois les contes de l'enfance. Ceux que je lisais ou ceux qu'on me lisait...
On y trouve des prodiges, des prédictions, des malédictions, des sortilèges. Et aussi des épreuve et des meurtres. Des morts subites.
Et des résurrections.
Le danger est toujours présent. Et la fatalité plane sur les personnages comme dans la tragédie grecque. Et en particulier sur Kafka Tamura, le personnage central, un adolescent de 15 ans.

C'est une histoire où rien n'est vrai, mais où tout est possible, dans la mesure où notre imagination séduite l'admet naturellement. Et notre adhésion sera d'autant plus forte qu'elle sera proche de l'enfant que nous fumes...
Je pense qu'il s'agit moins de comprendre que de se laisser porter au fil d'une narration aussi fluide qu'onirique.

S'il n'y a rien à comprendre, il y a en revanche beaucoup à apprendre. Et c'est ce que fera Kafka Tamura lui-meme au cours de son voyage initiatique, avec l'appui amical de passeurs : des guides et des alliés, qui l'aideront en partie à surmonter ses épreuves. En partie seulement.
Il apprendra que la vie est pleine de tristesses, de blessures et de deuils ; de menaces mortelles, mais aussi de joies, de plaisirs et d'émerveillements. Si on est capable de les découvrir et de les mériter.
Et puis il s'agit aussi pour lui d'essayer et de surmonter le pire et d'avancer. De perdre et de gagner. De perdre et de gagner sans cesse.
D'apprendre à accepter la vie, à apprivoiser la mort.
Même si en fin de compte, la vie n'est qu'une histoire qui finit mal...

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Message par Ouliposuccion Ven 3 Fév - 18:31

Autoportrait de l'auteur en coureur de fond


Haruki MURAKAMI Tylych97

Le 1er avril 1978, Murakami décide de vendre son club de jazz pour écrire un roman. Assis à sa table, il fume soixante cigarettes par jour et commence à prendre du poids. S'impose alors la nécessité d'une discipline et de la pratique intensive de la course à pied.
Ténacité, capacité de concentration et talent : telles sont les qualités requises d'un romancier. La course à pied lui permet de cultiver sa patience, sa persévérance. Courir devient une métaphore de son travail d'écrivain.
Courir est aussi un moyen de mieux se connaître, de découvrir sa véritable nature. On se met à l'épreuve de la douleur, on surmonte la souffrance. Corps et esprit sont intrinsèquement liés.
Murakami court. Dix kilomètres par jour, six jours par semaine, un marathon par an. Il court en écoutant du rock, pour faire le vide, sans penser à la ligne d'arrivée. Comme la vie, la course ne tire pas son sens de la fin inéluctable qui lui est fixée…


Journal autobiographique , Murakami livre une éloge à la course de fond qu'il ne dissocie pas de la rigueur et de la discipline de son travail d'écrivain.
C'est une véritable introspection , passant par le corps et l'esprit que l'auteur s'applique à réitérer chaque jour en courant 10 kms et en faisant 2 marathons par an. S'imposer la souffrance et le dépassement de soi est pour lui une manière dé réguler et rééquilibrer son organisme qui mène à la création de ses romans.
Au delà d'un récit sur la course , c'est une lecture qui permet de saisir la personnalité de Murakami , de creuser un peu plus son univers personnel et sa sphère privée.
Comment un auteur de cette envergure fait il pour gérer la masse d'écriture qu'il se doit de faire avec toujours autant d’énergie et de régularité , c'est tout le thème de ce livre.
Murakami ne s'autorise pas d'égarement , c'est un perfectionniste quelque peu asocial qui se concentre sur son essentiel afin de puiser cette imagination débordante dans un corps et un esprit sains afin d'évoquer le malsain et la part sombre de l'homme sans en être éclaboussé.
Discipline , c'est le maître mot quotidien que l'auteur reproduit fidèlement depuis 30 ans et serait-ce ce qui fait de lui l'un des meilleurs écrivains de notre génération étant donné que talent ne suffit pas dans une carrière d'écrivain ? Je le crois.
Bien évidemment , pour ceux qui n'ont pas eu d'approche littéraire de Murakami encore à ce jour , je déconseille de commencer par ce récit autobiographique qui est intéressant lorsqu'on a saisi un tant soit peu son univers et son rapport aux autres au travers de ses livres , aucun intérêt de le découvrir de cette manière.
Pour ma part , ce fut un réel plaisir de « communiquer » dans une sphère plus intime avec un auteur que je porte aux nues depuis des années.

je suis le genre d’homme qui aime faire les choses – quoi que ce soit – tout seul. Et pour être encore plus direct, je dirai que je suis le genre d’homme qui ne trouve pas pénible d’être seul. Je n’estime pas difficile ni ennuyeux de passer chaque jour une heure ou deux à courir seul, sans parler à personne, pas plus que d’être installé à ma table quatre ou cinq heures durant. J’ai toujours eu cette inclination depuis ma jeunesse : lorsque j’avais le choix, je préférais invariablement lire des livres seul ou bien me concentrer à écouter de la musique plutôt que d’être en compagnie de quelqu’un d’autre.

Jusqu'où puis-je me pousser? Jusqu'à quel point est-il bon de s'accorder du repos et à partir de quand ce repos devient-il trop important?
Jusqu'où une chose reste-t-elle pertinente et cohérente et à partir d'où devient-elle étriquée, bornée?
Jusqu'à quel degré dois-je prendre conscience du monde extérieur et jusqu'à quel degré est-il bon que je me concentre profondément sur mon monde intérieur?
Jusqu'à quel point dois-je être confiant en mes capacités ou douter de moi-même?


mots-clés : #journal
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Message par Tristram Ven 3 Fév - 19:40

Danse, danse, danse est un de ses livres qui m'a paru très riche, mais il faudrait que je le relise pour en parler. En tout cas, je vous le recommande.

« Danser, répondit l’homme-mouton. Continue à danser tant que tu entendras la musique. Tu comprends ce que je te dis ? Danse ! Continue à danser. Ne te demande pas pourquoi. Il ne faut pas penser à la signification des choses. Il n'y en a aucune au départ. Si on commence à y réfléchir, les jambes s'arrêtent. [...] Même si tout te paraît stupide, insensé, ne t'en soucie pas. Tu dois continuer à danser en marquant les pas. [...] Tu es fatigué et tu as peur. Ça arrive à tout le monde. Tu as l'impression que tout va de travers, que le monde entier se trompe. Et tu t'arrêtes de danser... [...]
‒ Mais il n'y a rien d'autre à faire que danser, poursuivit l’homme-mouton. Et danser du mieux qu'on peut. Au point que tout le monde t'admire. […] danse tant que la musique durera.
DANSE. DANSE TANT QUE LA MUSIQUE DURERA.
[…]
‒ Danse. Il n’y a rien d’autre à faire. J’aimerais t’expliquer plus clairement un certain nombre de choses, mais je ne peux pas. Moi aussi, c’est tout ce qu’on m’a appris. Danser. Sans penser à rien. Danser du mieux que tu peux. Voilà ce que tu dois faire. »
Haruki Murakami, « Danse, danse, danse », 11

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Message par Armor Ven 3 Fév - 20:19

Eh bien dis donc Oulipo, tu éprouves une vraie passion pour cet auteur !

Je n'ai pour l'instant lu qu'un ouvrage de lui, Kafka sur le rivage, et j'avoue que la rencontre ne s'est pas très bien passée… Il m'a un peu agacée, avec son personnage du naïf si sage qui pose des questions tellement profondes… Questions qui ne trouvent, au final, aucune réponse, ce que j'ai trouvé un peu facile.

Mais je compte bien lui donner une seconde chance avec Au sud de la frontière , à l'ouest du soleil, d'ores et déjà sur ma PAL, et qui me paraît "a priori" plus correspondre à mon univers.

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Message par Ouliposuccion Sam 4 Fév - 0:57

Je suis une inconditionnelle de Murakami !Haruki MURAKAMI 3123379589
Il me reste à faire les posts de " Saules aveugles , femmes endormies " et "Le passage de la nuit". Pas eu le temps aujourd'hui...
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Message par Tristram Sam 4 Fév - 2:24

Saules aveugles, femmes endormies, ces nouvelles m'ont un déçu, mais pas Le passage de la nuit

« Moi, je crois que l’être humain, son carburant dans la vie, c’est la mémoire. Et cette mémoire des choses importantes qu’elle garde dans la réalité ou non, c’est pareil, puisqu’elle sert juste à maintenir les fonctions vitales. C’est du carburant, voilà. […] Pour le feu, c’est que des bouts de papier. Là, pareil : les souvenirs importants, ceux qui le sont moins, ou ceux qui n’ont aucun intérêt, ils deviennent tous, sans exception, du carburant. »
Haruki Murakami, « Le passage de la nuit », 15

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Message par Bédoulène Sam 4 Fév - 8:22

Ce n'est pas mon univers, même si j'avais apprécié Kafka sur le rivage (mais surtout le parcours de Nakata (et son accompagnant Hoshino). Une belle création du personnage 'Oshima-san


Haruki MURAKAMI Bm_59510

Retenté avec 1Q84 (lecture proposée)

Ce livre est le T1 d’une trilogie et il faut absolument lire les 2 autres Tomes pour connaître le dénouement, ce n’est pas comme dans certaine trilogie un livre qui se suffit à lui-même. Donc forcément je ne peux estimer l’intrigue ; une imposture puisque le livre dont il est question est réécrit par un auteur autre que la créatrice. S’ y mêle un peu de tout, du fantastique, du sexe (je n’ai rien contre quand cela sert et s’y prête, mais là, à mon avis, trop et pas utile)des sectes, des maltraitances sur enfants………. dans la facilité.

Pourtant il y avait de bonnes idées, de bons passages (par exemple une réflexion sur la culpabilité des parents vis-à-vis des enfants )l’imposture sur le livre pouvait suffire comme sujet et dénoncer certaines pratiques.
Le livre se lit facilement mais je n’ai pas été convaincue, et je ne pense pas poursuivre.

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Tristram Ven 26 Juil - 0:46

L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage

Haruki MURAKAMI L_inco10


Tsukuru (« constructeur ») Tazaki, passionné de gares ferroviaires, a expérimenté au sortir de l’adolescence une communion fusionnelle au sein d’un groupe de cinq élèves (tous ont des noms de couleur, les garçons Rouge et Bleu comme Blanche et Noire, cf. les Revenants d’Auster, et lui seul est incolore, vide). Exclus brutalement et sans explication de cette « communauté harmonieuse et sans perturbations », Tsukuru aspire à la mort dans une dépression à laquelle il n’échappera qu’en faisant en rêve l’expérience de la jalousie. Littéralement transformé (Haruki Murakami parle d’une alchimie qui m’a paru goethienne ; d’ailleurs ce livre est un bildungsroman, un roman d’apprentissage, comme Wilhelm Meister), il rencontre alors Sara, qui le pousse à élucider son passé traumatique,
« Même si l’on peut dissimuler ses souvenirs, on ne peut pas changer l’histoire »
Puis il sympathise avec Haida (Gris), étudiant comme lui, et mélomane :
« Tsukuru reconnut un jour une pièce pour piano dont la mélodie, qu’il avait entendue très souvent, lui rappela un passé lointain. Il ignorait le nom du morceau comme celui du compositeur. C’était une mélodie empreinte de paix et de nostalgie. Un thème monotone en introduction, joué lentement et qui laissait une forte impression. Puis des variations très sereines. Tsukuru leva les yeux du livre qu’il était en train de lire et demanda à Haida le titre du morceau.
"C’est Le Mal du pays, de Franz Liszt. Il s’agit de la première de ses Années de pèlerinage, et il fait partie du volume consacré à la Suisse." […]
Durant quelques merveilleux instants, le cours normal du temps avait été inversé, comme une rivière clapotante qui irait à contre-courant, vers l’amont. »
Les relations avec Sara d’une part et Haida de l’autre sont curieusement entrelacées, comme se développant parallèlement, sans point de contact entre deux univers différents.
« Il avait la sensation curieuse que le cours du temps s’était comme ramifié. Il pensait à Blanche, il pensait à Haida, il pensait à Sara. Le passé et le présent, puis les souvenirs et les sentiments coulaient en flots parallèles, avec le même débit. »
Ouliposuccion a beau dire que ce livre n’appartient pas à « cet univers fantastique, cette magie planante, ce mystère auquel on est tant habitué », la part du rêve, du fantasme, de l’imaginaire et de l’énigme reste grande, comme avec la mise en abîme de l’histoire merveilleuse (du père) d’Haida et le jazzman « vert », ou les séquences onirico-érotiques avec Blanche et Noire.
Haida disparu sans prévenir, Tsukuru a une longue liaison purement sexuelle mais gratifiante avec sa première petite amie (sic) ; surgissent quelques interrogations concernant son éventuel penchant homosexuel.
Les observations psychologiques sont intéressantes (ainsi Tsukuru pourrait être un bouc émissaire) ; je ne sais pas trop comment elles s’articulent avec les psychanalyses (à ce propos, a-t-on assez remarqué que le roman peut parfaitement dire tout et son contraire, notamment en matière de psychologie, sans trop craindre les effets des contrevérités ?)
Des réflexions plus générales, souvent sociétales, nourrissent les dialogues qui constituent une grande part du livre :
« À la réflexion, c’est tout de même étonnant, dit Sara. Tu ne trouves pas ? Nous vivons dans une époque d’indifférence totale et, pourtant, nous sommes cernés par une énorme quantité d’informations, très faciles à obtenir, sur tout un chacun. Et en réalité nous ne savons presque rien sur les autres. »
Le thème des Années de pèlerinage est devenu un leitmotiv :
« Le Mal du pays. La composition calme et mélancolique parvint peu à peu à donner un contour à la tristesse indéfinissable qui avait envahi son cœur. Comme lorsqu’une multitude de grains de pollen adhèrent à la surface d’un être vivant transparent, invisible dans l’air, et que l’intégralité de ses formes finit par apparaître au regard. »
A l’instigation de Sara, Tsukuru rencontre Bleu, Rouge, puis Noire ‒ Blanche est morte, étranglée (par un démon ?)
Ce roman de Murakami est de nouveau un aimable page-turner : déroulement sans temps mort, composition aérée, intérêt maintenu, bref d’une lecture agréable. Avec son ton mélancolique coutumier, il remue de nouveau ses sensibles interrogations métaphysiques, l’abandon, la solitude, la quête personnelle, mais aussi tout le fardeau de la douleur humaine ‒ et toujours sans y trouver de sens.

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Message par Bédoulène Ven 26 Juil - 6:43

je pense que je n'apprécierai pas, mais merci pour ton commentaire Tristram !

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Message par Tristram Sam 23 Nov - 13:04

1Q84

Haruki MURAKAMI Tylych31

Livre 1
Avril - juin 1984.
Histoires entrelacées d’Aomamé et Tengo.
Lui est un jeune professeur de mathématiques qui travaille aussi dans l’édition, par ailleurs passionné d’écriture. Komatsu, l’éditeur qui le suit amicalement car il l’estime doué, lui propose de réécrire le manuscrit de Fukaéri (Ériko Fukada), une lycéenne de dix-sept ans (La Chrysalide de l’air, un roman puissamment imaginatif, mais mal écrit), à la fois pour en faire une œuvre sensationnelle et se moquer du monde littéraire en remportant le prix Akutagawa.
« Seulement, à l’opposé de Fukaéri, tu n’as pas encore saisi ce que tu devais écrire. Alors bien souvent, dans tes textes, on ne voit pas où est le cœur de l’histoire. Ce que tu devras écrire, tu le trouveras en toi. C’est comme un petit animal apeuré tapi dans un trou profond, qui aimerait s’enfuir, mais qui n’arrive pas à s’échapper. Tu sais qu’il est caché là, au fond. Mais tant qu’il ne sort pas, tu ne pourras pas l’attraper. » 2
Le processus de mise en forme ou réécriture(s) est passionnant (chapitre 6) ; il s’efforce d’obtenir des phrases qui coulent (comme les mathématiques selon Tengo, comme le style de Murakami).
« Après tout, il n’avait qu’à régler concrètement les détails, l’un après l’autre. Une fois qu’il aurait travaillé et organisé les à-côtés, il était possible que l’image d’ensemble se dessine d’elle-même en toute clarté. »

« Durant un laps de temps déterminé, il étoffait le texte, autant que possible, puis, durant un laps de temps déterminé, il le réduisait, autant que possible. En poursuivant obstinément ces opérations opposées et complémentaires, l’amplitude diminuait peu à peu et le texte finissait par se stabiliser à un niveau d’équilibre satisfaisant. Jusqu’à atteindre enfin le point où il n’y avait plus rien à rajouter, plus rien à retrancher. Les complaisances de son ego une fois élaguées, les qualificatifs superflus éliminés, la logique trop apparente se réfugiait à l’arrière-plan. »
L’écrivain (lequel ?) se confie :
« Quand j’écris un roman, je cherche, grâce à mes mots, à transformer le paysage environnant pour qu’il me devienne plus naturel. En somme, j’opère une reconstruction. Et, de la sorte, je m’assure de mon existence dans ce monde, en tant qu’être humain. »
Aomamé, "femme libérée", est une tueuse professionnelle de maris particulièrement violents avec leur épouse ; une distorsion temporelle l’a fait glisser dans un univers parallèle légèrement différent ‒ celui de l’année 1Q84.
Dans les deux cas, des souvenirs surgissent du passé de façon aussi précise qu’intempestive ; comme souvent chez Murakami, la musique tient une place importante.
Fukaéri, l’étrange, taciturne jeune fille dyslexique à la beauté troublante fait se rencontrer Tengo et le « Maître », Ébisuno, un ancien ethnologue, qui lui raconte l’expérience de communauté agraire utopique du père de Fukaéri, précurseur de l’agriculture biologique ; une dissidence aboutit à la formation d’une faction armée extrémiste qui affronte la police ‒ c’est le point de distorsion commun aux deux histoires.
« De mon point de vue, Takashima a produit des robots incapables de penser. Ils ont réussi à enlever de la tête des gens les mécanismes permettant de penser par soi-même. Un univers semblable à celui que George Orwell a décrit dans son roman. Mais comme vous le savez sans doute, sur terre, il existe pas mal d’individus qui cherchent volontairement à vivre dans cet état de mort cérébrale. Parce que, n’est-ce pas, c’est plus confortable. Ils n’ont plus à réfléchir à des choses compliquées, ils se contentent de faire ce qui leur a été ordonné d’en haut, sans rien dire. Ils ne sautent pas un repas. » 10

« À cette époque-là, lui aussi avait à peu près compris que, dans le Japon des années soixante-dix, ce n’était ni le lieu ni l’heure qu’advienne la révolution. Ce qu’il gardait en tête au fond, c’était la révolution en tant que possibilité, ou, plus encore, la révolution en tant que métaphore, en tant qu’hypothèse. Aussi était-il persuadé que l’exercice d’une pensée destructrice, anti-système, était indispensable à une société saine. En d’autres termes, comme une épice salubre. Cependant, ce que voulaient les étudiants qu’il avait dirigés, c’était une révolution authentique, au cours de laquelle coulerait du sang véritable. » 10
La communauté agraire aboutit à une secte eschatologique ‒ « …] tout un chacun, au fond de soi, attend l’arrivée de la fin du monde. »
« Ils devaient accompagner leurs parents de maison en maison, le dimanche et les jours de congé, ils devaient sonner chez des étrangers. Même si le prosélytisme et la collecte de la redevance étaient des activités différentes, Tengo avait bien compris que ce rôle qui leur était imposé blessait profondément leur cœur d’enfant. Le dimanche, les enfants devraient s’amuser avec d’autres enfants autant qu’ils le voudraient, et non pas aller menacer les gens à propos d’une redevance ou leur annoncer une fin du monde terrifiante. Ces choses-là – à supposer qu’elles soient indispensables –, c’était l’affaire des adultes. » 12
Les endroits-moments où les deux univers se touchent, se compénètrent, sont amenés avec grand art ; de même l’apparition du fantastique (la Sinfonietta de Janáček, les Little People, les deux lunes, etc.), références à la science-fiction (notamment dickienne) comme au merveilleux (ainsi Le Petit Peuple d’Arthur Machen) ; Aomamé et Tengo se sont croisés lorsqu’ils avaient dix ans, et en ont été marqués.
C’est aussi onirique :
« De retour chez lui, il se coucha, s’endormit et rêva. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait fait un rêve aussi clair. Dans ce rêve, il était une toute petite pièce d’un gigantesque puzzle. Mais cette pièce n’était pas fixe, sa forme ne cessait de changer à chaque instant. Par conséquent, elle ne s’emboîtait nulle part. Évidemment. De surcroît, alors qu’il s’appliquait déjà à découvrir sa place, il lui fallait, dans un temps donné, rassembler les pages d’une partition pour timbales. Les pages avaient été dispersées par un vent violent, elles s’étaient éparpillées un peu partout. Il les ramassait une à une. Puis il devait vérifier leurs numéros et les remettre dans le bon ordre. Pendant ce temps, son corps ne cessait de changer de forme, comme une amibe. La situation devenait inextricable. Finalement, Fukaéri arrivait de nulle part et lui prenait la main. La forme de Tengo se stabilisait. Le vent tombait brusquement, la partition n’était plus désordonnée. Ouf, se disait Tengo. Mais, au même moment, le temps qui lui avait été accordé touchait à son terme. "C’est fini", annonçait Fukaéri, d’une petite voix. Bien sûr, une seule phrase. Le temps stoppait net, le monde s’arrêtait là. La terre cessait lentement de tourner, tous les sons et toutes les lumières s’évanouissaient.
Le lendemain matin, lorsqu’il ouvrit les yeux, le monde continuait sans encombre. Et les choses, tournées vers l’avant, étaient déjà en mouvement. En train de faire périr tous les êtres vivants qui se trouvaient devant elles, en les écrasant l’un après l’autre, comme le gigantesque char de la mythologie indienne. » 16
Il m’a semblé qu’à la différence de ses autres ouvrages, dans celui-ci Murakami rend plus compte du Japon (histoire récente, vie quotidienne). La description de la personnalité homogène de chacun des deux principaux personnages est particulièrement fouillée et concordante malgré quelques menues incohérences (Aomamé ne consomme que rarement de la viande, et dans ce cas c’est du poulet ; une page plus loin, elle mange un steak), que j’aurais tendance à imputer à la traduction (Madame Hélène Morita peut me joindre par MP).
Murakami détaille minutieusement ce qu’il raconte ; sa manière est de présenter chaque fait d’une façon circonstanciée, voire un peu niaise, qui n’évite pas toujours le double emploi et la sensation de délayage ; il accumule de vagues questions, et semble parfois vouloir différer la suite de l’histoire, ou au moins ménager sa venue, voire l’attendre. Mon intérêt de lecteur a commencé à faiblir un peu à mi-volume du premier livre.
On notera par ailleurs une certaine récurrence de la dégustation de vin blanc, notamment de Chablis, qui révèle peut-être une certaine appétence particulière à l’auteur.

Livre 2 :
Juillet-septembre 1984
, les mêmes.
Les disparitions de jeune fille dans les deux fils temporels jouent du ressort "policier", suspense commode…
On accède enfin à la teneur du roman La Chrysalide de l’air ‒ et bien sûr les personnages sont contenus dans cette histoire.
« Causes et conséquences se mêlaient inextricablement. » 24
Aussi cette impression de film de SF genre Millénium.
« Ce que Tengo devait sans doute faire, alors qu’il était planté au carrefour du présent, c’était observer exactement son passé et ensuite écrire l’avenir correspondant à ce qu’aurait été son passé récrit. Il n’avait pas d’autre voie. » 4
Une érotique de l’enfante impubère :
« Et ses petites oreilles roses, qu’on aurait dites poudrées à l’aide d’une douce houppette, semblaient tout juste avoir été créées. Formées sur des critères uniquement esthétiques. Bien davantage que pour percevoir des sons. Du moins, telles que les voyait Tengo. Et au-dessous, dans leur prolongation, son cou fin et délicat resplendissait comme un frais végétal mûri sous un généreux soleil. Un cou d’une pureté sans réserve, qui s’accorderait avec la rosée du matin et les coccinelles. Il la voyait ainsi pour la première fois. C’était une vision presque miraculeuse, belle et intime à la fois. » 12
La référence aux dieux (japonais) est exotique, celle au Dieu de la Bible moins, quant à la superstition elle est… universelle. Murakami renvoie beaucoup aux sectes, dont les Témoins (de Jéhovah). Pour ce qui est de la tendance New Age, on appréciera :
« Là où il y a de la lumière, il y a nécessairement de l’ombre, là où il y a de l’ombre, il y a nécessairement de la lumière. Sans lumière il n’y a pas d’ombre, et, sans ombre, pas de lumière. Carl G. Jung a expliqué ces choses-là dans un de ses livres. » 13
Aomamé et Tengo se cherchent. 1Q84 est aussi un roman d'apprentissage.

Livre 3 :
Octobre-décembre 1984
, toujours les mêmes.
Ushikawa, un enquêteur qui se présente comme le directeur d’une vague association promotionnelle, homme particulièrement laid apparu au début du Livre 2, « un Raskolnikov qui n’aurait pas rencontré Sonia », commence à rapprocher les fils Tengo et Aomamé.
« En tout cas, le cercle se resserrait. Mais ni Aomamé ni Tengo ne savaient que le cercle se rétrécissait rapidement autour d’eux. » 17
Ces deux personnages sont marqués par la mort, tentation du suicide chez Aomamé et lente agonie du coma du père de Tengo dans « La Ville des Chats » ; ils formeront avec le détective trois points de vue alternés dans le déroulement romanesque, sans que la chronologie soit exactement respectée.
Curieuse récurrence de collecteurs de la NHK (redevance audiovisuelle), comme le fut le père de Tengo. Aussi fréquentes apparitions d’un corbeau.
« Nous créons un récit, lequel, en même temps, nous met en mouvement. » 23
Je rapproche souvent les œuvres de Haruki Murakami et celles de Paul Auster : même succès, même topos de la destinée (mais l’un est moins résolument base-ball que l’autre), et surtout, une sorte de parenté dans le talent à raconter une histoire qui se déroule aisément, de façon compréhensible, restant à l’esprit autant qu’elle retient l’attention, un story telling peut-être plus dans la forme que dans le fond, car ne semblant généralement rien vouloir démontrer ; surtout, je me demande si leurs œuvres ont une valeur au-delà du plaisir de lecture qu’elles donnent.
1Q84 est un exemple typique. C’est le page-turner parfait : il est propre à satisfaire durablement la pulsion de lecture, combler paisiblement ce besoin comme on peut se rassasier méthodiquement de chips calibrées et convenablement salées. Ça ronronne tandis que les mêmes choses sont reprises, comme dans un feuilleton ; et ça ne manque pas de charme, c’est congru tel une lecture au long cours, sans trop de secousses.
Mais si on préfère les lectures plus incisives ou cursives, je pense que le choix de Bédoulène, de se limiter au premier livre, est judicieux. Sans en faire un haiku, Murakami aurait pu largement tailler dans les longueurs de ces plus de mille cinq cents pages. ; mais ce n’était pas son but, autant en avertir le lecteur : 1Q84 est une sorte de feuilleton à la Eugène Sue adapté à notre monde, dans le prolongement des contes à la veillée et dans le goût des séries audiovisuelles.

Mots-clés : #fantastique #sciencefiction

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Message par Bédoulène Sam 23 Nov - 13:09

oh la la je n'avais pas apprécié, après avoir lu le T 1 pour une chaine, je n'ai pas poursuivi, comme tu l'as noté Tristram.


Dernière édition par Bédoulène le Sam 23 Nov - 17:56, édité 1 fois

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