Des Choses à lire
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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Mar 19 Mar - 11:25

228 résultats trouvés pour polar

Georges Simenon

La Nuit du carrefour

Tag polar sur Des Choses à lire La_nui10

« Dix-sept heures de grilling ! »

Cet anglicisme de Simenon marque, en évoquant l’interrogatoire d’un suspect, le tournant états-unien qu’il entend donner à cette nouvelle aventure de Maigret : au « Carrefour des Trois-Veuves », ce sont effectivement fusillades, trafic de drogue et bijoux, femme fatale et hard-boiled qui prédominent, même si le charme franchouillard persiste !

\Mots-clés : #polar
par Tristram
le Sam 9 Mar - 11:33
 
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Sujet: Georges Simenon
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Graham Greene

Tueur à gages

Tag polar sur Des Choses à lire Tueur_10

James Raven est un tueur sans état d’âme pour ses victimes.
« Un bec-de-lièvre était un sérieux désavantage dans son métier ; on le lui avait mal recousu à la naissance, en sorte qu’il avait maintenant la lèvre supérieure tordue et balafrée. Quand on porte sur soi un moyen d’identification aussi visible, on ne peut éviter quelque brutalité dans ses méthodes. Depuis le début, Raven avait toujours été forcé d’éliminer tous les témoignages. »

Le sergent détective Mather est fiancé à Anne Crowder.
« Elle parlait toujours du bonheur avec gravité ; elle préférait rire quand elle était triste. Elle ne pouvait se garder d’être grave si les choses lui tenaient à cœur, et le mot bonheur l’attristait parce qu’elle pensait à tout ce qui pouvait le détruire. »

Raven a tué le ministre de la Guerre, et Cholmondeley, l’intermédiaire de son commanditaire, l’a payé en billets volés qui lancent la police à ses trousses.
Au commencement de ce thriller, un réjouissant chassé-croisé des différents protagonistes les fait se frôler sans se connaître encore.
On est à Londres, à l’approche de Noël et de la Seconde Guerre mondiale (cette fois la foule n’exulte plus, elle a peur ; à noter que le livre a été publié en 1936 !).
Raven suit Cholmondeley à Nottwich (Nottingham), où se rend aussi Anne, puis Mather.
Anne compatit avec le tueur qui l’a prise en otage plus ou moins consentante : confidences dostoïevskiennes, mais les incohérences et le rocambolesque font que ce roman est loin d’être le meilleur de Graham Greene.

\Mots-clés : #polar
par Tristram
le Ven 23 Fév - 10:38
 
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Georges Simenon

Le Chien jaune

Tag polar sur Des Choses à lire Le_chi10

Toujours dans les pas d'Animal et ArenSor :
« Un honorable négociant de la ville, M. Mostaguen, sortait de l’Hôtel de l’Amiral, s’arrêtait sur un seuil pour allumer un cigare et recevait dans le ventre une balle tirée à travers la boîte aux lettres de la maison, une maison inhabitée. »

Puis le pernod, « l’imitation d’absinthe », est en l’occurrence dosé à la strychnine…
Nous sommes donc avec Maigret à Concarneau, au Café de l’Amiral, ce « monstrueux aquarium » avec ses « vitraux verdâtres ».
« Et cette boue qui collait à toutes les chaussures, car Concarneau ne connaît pas encore les rues pavées ! »

L’intrigue tourne autour du petit cercle de notables pour qui tout semble permis dans leur landerneau…
Maigret se content d’observer placidement ; il dit « Je ne crois jamais rien… », « Pas de conclusions hâtives ! Et surtout pas de déductions !… »
« Selon votre expression de tout à l’heure, c’est un vrai plongeon dans la vie provinciale que nous faisons ! Et c’est beau comme l’antique ! Savoir si Le Pommeret portait des chaussures toutes faites ou des chaussures sur mesure !… Cela n’a l’air de rien… Eh bien ! vous me croirez si vous voulez, mais c’est tout le nœud du drame… Allons prendre l’apéritif, Leroy !… Comme ces gens le prenaient tous les jours… Au Café de l’Amiral !… »


\Mots-clés : #polar
par Tristram
le Jeu 15 Fév - 11:59
 
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Georges Simenon

La Tête d’un homme

Tag polar sur Des Choses à lire La_tzo10

Pour te répondre, Plume, dans la foulée des posts d'Animal et ArenSor :
Plaidoyer contre la peine de mort ? En effet, contre toute apparence de preuves, Heurtin est innocent. Il est victime d’une machination ourdie par Radek, sorte de Raskolnikov en plus mégalomaniaque et adepte du meurtre gratuit. Et ce sera un duel déroutant avec le commissaire Maigret. J’ai mesuré comme celui-ci est surtout une présence, puissante, placide, et c’est une part fondamentale de l’atmosphère de ces polars.

\Mots-clés : #polar
par Tristram
le Jeu 15 Fév - 11:52
 
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QIU Xiaolong

Chine retiens ton souffle

Tag polar sur Des Choses à lire Chine_10

Shanghai, « la Perle de l’Orient », la cité de la réussite économique, et son smog. Chen, qui est placardisé, doit enquêter en tant que « conseiller » sur un meurtrier en série avec Yu (et sa femme Peiqin) ; de plus, il doit se renseigner (à l’instigation de Zhao, son vieux protecteur du Parti à Pékin) sur « un groupe d’activistes [qui] doit se réunir secrètement à Shanghai afin de mettre en place un plan d’action », et auquel appartient Shanshan, sa liaison dans Les Courants fourbes du lac Tai, devenue une influente militante écologiste. Pour être « l’inspecteur solitaire qui manœuvre dans l’ombre », Chen compte s’inspirer de « l’ouvrage classique intitulé Les 36 Stratagèmes ».
On retrouve nombre de personnages des romans précédents, en plus d’allusions à ceux-ci, et les mêmes ingrédients (de cuisine, mais aussi les références littéraires classiques).
« Le présent est, quand on y pense/ déjà le passé… »

Une piste de masques antipollution remonte jusqu’à un veuf qui accomplit le rituel des sept-sept, un repas fastueux offert hebdomadairement pendant les sept semaines qui suivent son décès à un être cher, tandis que Shanshan, qui va sortir un documentaire accablant pour les industries pétrolières, est visée par une sextape : croissance économique à tout prix versus préservation de l’écosystème.
Il y a effectivement une sorte d’épuisement de la veine de Xiaolong, mais je trouve toujours de l’intérêt – et du plaisir – à sa lecture.

\Mots-clés : #ecologie #polar #politique #regimeautoritaire
par Tristram
le Sam 3 Fév - 11:11
 
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Lawrence Block

Un ticket pour la morgue

Tag polar sur Des Choses à lire Un_tic10

De nouveau Matthew Scudder, lorsqu’il a quitté l’alcool et la police pour les Alcooliques Anonymes. Il est toujours assez assidu à leurs réunions (et lit, plus irrégulièrement, les Pensées de Marc Aurèle) : le livre contient plusieurs témoignages sur cette organisation, et la lutte perpétuelle de ses membres pour leur abstinence.
« — J’ai toujours voulu croire que tout irait bien pour nous une fois que nous aurions cessé de boire, mais ce n’est pas vrai. Le miracle de la sobriété, ce n’est pas de rendre notre vie meilleure, c’est que nous arrivons à rester sobres même quand tout va mal. Quand Cody a attrapé le sida, j’en étais malade, tellement je trouvais ça injuste. Je pensais que les gens sobres n’attrapent pas le sida. Et que les gens sobres ne se suicident pas. Mon Dieu, toutes les fois où j’ai pensé à me tuer, quand je buvais et ça ne m’arrive plus du tout et je croyais que c’était comme ça pour tout le monde. Et puis aujourd’hui j’apprends que Toni s’est suicidée et j’ai pensé que ce n’était pas juste, que ça n’aurait pas dû arriver. Mais n’importe quoi peut arriver et je ne me remets quand même pas à boire. »

Elaine est une prostituée avec qui Matt eut une liaison. Il fit envoyer en prison (par imposture) James Leo Motley, qui aimait à terroriser ses pareilles, et vient de finir de purger sa peine (de un à dix ans, au total douze ans à cause de sa conduite meurtrière).
« Il disait qu’il donnait toujours à ses femmes ce qu’elles voulaient. La plupart rêvaient d’être battues, disait-il. Certaines voulaient être tuées. »

Motley (plus adepte de Nietzsche) s’en prend aux relations féminines de Matt, proches ou éloignées. C’est un type assez effrayant, et fort : il subjugue, presque par suggestion, et connaît les points sensibles de la douleur physique.
« Une pensée me vint, une vague idée en marge. Il était là dehors, il menaçait toutes ces femmes qui avaient été les miennes et moi j’étais là, courant en tous sens comme un jongleur essayant de garder toutes ses balles en l’air. Cherchant à les sauver, à les protéger, Elaine, Anita et Jan, tout en essayant par la même occasion de les retenir. En essayant, dans un sens, de confirmer ce qu’elles étaient d’après lui, mes femmes, les miennes.
En tentant dans la foulée de nier la vérité, de fermer les yeux à la réalité. De réfuter l’amère vérité, que ces femmes n’étaient pas les miennes et ne l’avaient probablement jamais été. Que je n’avais personne et n’aurai sans doute jamais personne. »

Matt est quasiment dominé par Motley, qui parvient à atteindre Elaine dans leur duel à travers New York.
La question de la peine de mort revient plusieurs fois, et finalement Matt tue Motley, maquillant son assassinat en suicide. Explicit :
« L’hiver a été froid et on dit que ce n’est pas fini. C’est dur pour les sans toit ; il y a eu deux morts la semaine dernière quand la température est tombée à moins vingt. Mais pour la majorité d’entre nous, ce n’est pas trop grave. On s’habille plus chaudement et on marche un peu plus vite, voilà tout. »

J’ai découvert dans ce roman paru en 1990 l’origine états-unienne de l’expression « abus de "substance" », qui était le nouvel euphémisme pour la cocaïne.

\Mots-clés : #addiction #polar #psychologique
par Tristram
le Mer 24 Jan - 11:47
 
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Georges Simenon

Le Pendu de Saint-Pholien

Tag polar sur Des Choses à lire Le_pen10

Intrigué, Maigret suit un suspect jusque Brême – où ce dernier se suicide en constatant que Maigret a substitué une valise similaire à la sienne, qui ne contenait qu’un vieux costume… Enquête étrange de bout en bout, où le commissaire est précédé par l’une des quatre connaissances connues de la victime, l’homme d’affaires Van Damme – peut-être celui-là même qui tente de le tuer.
« Il eût été difficile de lire une pensée quelconque sur le visage de Maigret, dont la dernière des qualités semblait bien être la subtilité. »

Un drame qui sourd finalement du remords, et appréhendé avec beaucoup d’humanité.

\Mots-clés : #polar
par Tristram
le Dim 14 Jan - 11:51
 
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Georges Simenon

Monsieur Gallet, décédé

Tag polar sur Des Choses à lire Monsie11

« Chaque affaire criminelle a sa caractéristique, qu’on saisit plus ou moins vite et qui donne souvent la clé du mystère.
Est-ce que la caractéristique de celle-ci n’était pas la médiocrité ? »

La première phrase est possiblement une clé de la fameuse atmosphère qui caractérise les polars de Simenon ; mais pour la seconde partie, c’est peut-être parler un peu vite !
« Je connaîtrai l’assassin quand je connaîtrai bien la victime. »

C’est sur le mort surtout qu’enquête Maigret, et ce Monsieur Gallet, qui ne quitte pas son esprit, « avec qui il allait vivre des semaines durant dans la plus déroutante des intimités », ne se révèle pas aussi simple qu’il n’y paraissait de prime abord.
« Il revint sur ses pas, tête basse, arrangeant à nouveau dans son esprit la silhouette de M. Gallet, la mettant en quelque sorte à jour.
Le personnage, au lieu de se compléter et de devenir plus compréhensible, ne se dérobait-il pas ? La physionomie de l’homme à la jaquette trop étroite ne se brouillait-elle pas au point de n’avoir plus rien d’humain ?
Au portrait, seule image tangible, théoriquement complète que Maigret possédât, se substituaient des images fuyantes qui n’eussent dû former qu’un seul et même homme et qui refusaient de se superposer. »

Voilà dix-huit ans que Gallet avait abandonné son métier de voyageur de commerce et faisait croire à sa famille qu’il le pratiquait toujours ; il était un ingénieux bricoleur s’adonnant à la pêche, mais aussi « l’escroc des légitimistes », et fut un « gai luron » en Indochine.
De menus usages devenus désuets participent du charme des romans de Simenon (il écrivit celui-ci en 1930).
« À gauche, dans le corridor, était posé un plateau avec une seule carte cornée : celle du maire de Saint-Fargeau. »

(Une carte de visite cornée signalait qu’elle avait été délivrée en personne.)
Toujours une impression de déjà-lu, mais peut-être seulement parce qu’à la lecture de chaque Maigret on retrouve un peu le même monde. Et celui-ci constitue également un excellent cru.

\Mots-clés : #polar
par Tristram
le Mer 3 Jan - 11:18
 
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Juan Manuel de Prada

Tag polar sur Des Choses à lire Prada_10

La Tempête

Un phénomène météorologiste ? non le titre d’un tableau du Maître Giorgione - premier grand peintre vénitien du Cinquecento et de la Haute Renaissance._.
Alejandro Ballesteros, un étudiant est invité à Venise par le critique Gilberto Gabetti pour étudier le tableau de Giorgione « la Tempête » dont il a fait une analyse.

« J’avais moi-même dilapidé ma jeunesse à l’exégèse de ce tableau, je m’étais englouti des années durant dans le secret que gardaient les personnages et, après bien des recherches et des enquêtes ardues, j’avais livré à la postérité une thèse, un véritable pavé dans lequel j’ajoutais une nouvelle interprétation à toutes celles qui existaient déjà. »

Dès son arrivée à Venise en période d’acqua alta, le jeune homme ressent un mauvais pressentiment, il trouve l’ambiance sombre, ,menaçante, étouffante.

Ce sentiment se confirmera alors que de la fenêtre de l’auberge où il loge il voit un homme se traînant sur la place, visiblement blessé. Il court pour l’aider, l’homme baigne dans le sang, Alejandro le soutient comme il peut, appelle à l’aide Dina l’hôtelière de l’auberge ; la victime meurt mais a le temps de montrer sa main et le jeune homme se souvient d’avoir vu de sa fenêtre une bague lancée dans le canal et un bref instant un visage blanc traverser le palais voisin.

S’ensuit l’enquête habituelle de la police – le commissaire Nicolussi. La victime est connue de tous à Venise il s’agit d’un peintre -en fait un faussaire- Fabio Valenzin. Mr Gabetti le connaissait tout particulièrement Fabio ainsi que sa fille Chiara dont Alejandro fera la connaissance, Elle-même restauratrice de tableaux, et qui aime tout particulièrement avec un certain fanatisme, le maître Le Tintoret.

Alejandro se rend compte que Gilberto Gabetti se complait à l’humilier dans son activité d’historien de l’Art. Il y aura un « duel » entre-eux quant à la signification que le J.H. reconnait au tableau de la Tempête ; tableau insaisissable et mystérieux qui a toujours opposer les interprétations.

« comprendre l’art, c’est tout autre chose, souligna-t-il en pesant sur le mot ; seuls quelques élus en sont capables. Les érudits considèrent l’œuvre d’art comme un objet inerte qu’il faut étudier, analyser et évaluer, mais la peinture, la peinture digne de ce nom n’admet pas cette approche de taxidermiste ; c’est n être vivant, devant lequel on ne peut se conduire en simple critique, et qui a besoin de compréhension. Or, comprendre, c’est accepter sans réserve, en ne se fiant presque qu’à son intuition, avec la plus arrêtée des résolutions et la conviction la plus ferme. Comprendre est un acte de foi, voilà pourquoi l’approche de l’art est apparentée à la ferveur religieuse. »

Chiara est amicale avec Alejandro, lui s’attache à elle qui lui confie avoir aimé Fabio, travaillé avec lui et avoir des regrets de ne pas avoir pu le guérir de son activité de faussaire.
Alejandro malgré sa lucidité sur Chiara tombe amoureux.

"Je l'admirais malgré son fardeau de médiocrité et son début de folie ou de fanatisme qui la poussait à s'immoler pour une ville qui ne connaîtrait jamais son dévouement. Je commençais à accorder à l'expérience de l'amour la primauté sur l'idée de l'amour."

Alejandro devra faire face à des personnages inquiétants, à l’attitude de Chiara, Gabetti, Dina, bref à tous ceux qu’il rencontrera ; sous l’emprise  trouble de Venise. Une ville qui le contamine ; il vole la valise de la victime car il pense que là se trouve le pourquoi du meurtre. Le bagage restera très longtemps inviolable. Alejandro n'emportera de Venise que le souvenir de Chiara.

"Bien des visages s'éloignent et se précipitent dans la fosse commune de l'oubli, mais pas celui de Chiara. Parfois quand je me débarbouille et me trouve vis-à-vis de moi-même devant le miroir de la salle de bains, je me demande ce que je serais devenu sans cette consolation et cette condamnation."


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L’auteur paraît connaître cet art qu’est la peinture, c’est la maîtrise de son écriture qui me conduit à le penser.
Note : le peintre Giorgione est lui aussi mystérieux, voir sa biographie https://fr.wikipedia.org/wiki/Giorgione

La Venise décrite ici n’invite pas à la visite :
l’ambiance est lugubre, miasmatique tout au long du récit et certains personnages rencontrés ajoutent à la méfiance, au malaise.
Même l’église La Madonna dell’Orto et l’Accademia ne sont épargnées par ce ressenti
La déchéance de la minoterie Stucky et l’île de Torcello abandonnée par ses habitants.

L’auteur a donc installé Venise dans ce dramatique décor.

Faites la connaissance de cet auteur, pour ma part je vais renouveler ma rencontre.
.

\Mots-clés : #peinture #polar
par Bédoulène
le Mar 19 Déc - 10:23
 
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Georges Simenon

Le Charretier de la Providence

Tag polar sur Des Choses à lire Le_cha10

Cette enquête constitue une plongée dans le passé (1930), un monde presque disparu, que Simenon connaissait mieux que Maigret : celui des mariniers, avec son vocabulaire.
« Et Maigret apprenait qu’un chaudron est un remorqueur, qu’un panama est un bateau qui n’a ni moteur ni chevaux à bord et qui loue un charretier avec ses bêtes pour un parcours déterminé, ce qui constitue de la navigation au long jour. »

J’ai eu dès le second chapitre l’impression de reconnaître l’histoire, déjà lu ou téléfilm ; et surtout ce monde, que j'ai eu la chance d'un peu approcher dans la réalité. J’ai été étonné de découvrir que cet univers paisible était également marqué par la hâte, dans la course aux écluses.
« Le commissaire s’épongea en entrevoyant enfin un semblant de but. Il avait le souffle court et chaud. Il venait de parcourir cinquante kilomètres sans même boire un verre de bière. »

On voit que dans ce roman Maigret donne de sa personne, et que sa consommation d'alcool est limitée.

\Mots-clés : #polar
par Tristram
le Lun 18 Déc - 9:56
 
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Laurent Binet

Perspective(s)

Tag polar sur Des Choses à lire Perspe10

« Or, et c’est là tout ce que vous devez savoir : l’histoire se déroule à Florence, au temps de la onzième et dernière guerre d’Italie. »

(Préface)
Et c’est une époque et une contrée où s’affrontent l’Espagne et le pape épris de morale inquisitoriale, antiprotestante et opposée à la France, d’autres régions de ce qui sera l’Italie, dont le duché de Ferrare, les républicains et les artisans en quête de reconnaissance ; dans l’esprit du censeur Savonarole, les nus sont dorénavant mal acceptés dans les arts plastiques et graphiques, où le baroque oublie la perspective.
Le peintre Pontormo est tué devant les fresques de San Lorenzo auxquelles il travaille depuis onze ans, et on découvre chez lui un tableau de Vénus et Cupidon tiré d’un dessin de Michel-Ange (qui, fort âgé, travaille à Saint-Pierre de Rome), dont la tête féminine a été remplacée par celle de Maria de Médicis, fille du duc de Florence (et nièce de Catherine de Médicis, reine de France). De plus, la tête de Noé a été retouchée dans la scène du Déluge de Pontormo.
Polar historique épistolaire, ce roman est assez rocambolesque et irrévérencieux ; je me demande quelle part de vérité historique peut être reconnue aux portraits à charge de Vasari et Cellini, par exemple.

\Mots-clés : #correspondances #historique #peinture #polar
par Tristram
le Jeu 23 Nov - 16:06
 
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Craig Johnson

Dark Horse

Tag polar sur Des Choses à lire 0602-c10

Absalom est un petit bled peu accueillant, et son nom évoque tant Faulkner que la Bible.
« Absalom était le fils du roi David – le fils maudit, celui qui s’est retourné contre lui. »

À propos, un dark horse est un outsider, mais aussi « une personne qui se dévoile très peu ; en particulier, qui a des capacités ou des talents inattendus », nous apprend la traductrice. À la fin du livre, Johnson explique que c’est aussi un étalon que son propriétaire faisait passer pour « un cheval de bât ordinaire », afin de gagner les paris de courses.
Le shérif Walt Longmire enquête à Absalom en « mission sous couverture » parce qu’il a un doute quant à la culpabilité de Mary Barsad, qui vient d’avouer avoir tué son mari. Polar bien mené (suspense, action), qui se passe dans un milieu rural, et même désertique, où Longmire revoit le ranch de son enfance. À souligner une présence attachante du chien et des chevaux (@Silveradow).
Pour ce qui est de lire les romans à la suite, et avec ou sans écart de temps, je n’avais plus en tête les personnages proches de Longmire, ce qui est un peu dommage, mais le livre se lit de façon autonome.
« Je pensai à la manière dont nous labourions et cultivions la terre, dont nous y plantions des arbres, l’enfermions avec des clôtures, y construisions des maisons et faisions tout notre possible pour repousser l’éternité de la distance – tout pour donner au paysage une espèce d’échelle humaine. Mais peu importait ce que nous faisions pour essayer de façonner l’Ouest, c’était l’Ouest qui nous façonnait inévitablement. »


\Mots-clés : #amérindiens #nature #polar #ruralité
par Tristram
le Jeu 2 Nov - 16:34
 
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Valerio Varesi

La Main de Dieu

Tag polar sur Des Choses à lire La_mai10

Suivant la piste d’un cadavre, Soneri remonte la Parma vers les Apennins et s’installe dans un village de montagne « mutique et hostile », tant pour les besoins de l’enquête qu’à cause des conditions climatiques (on est en janvier, et la météo est prépondérante dans sa perception, entre redoux dû au sirocco et recrudescence du froid avec enneigement). Là tout est en voie d’abandon et de ruine dans une petite société en microcosme de la nôtre, avec une bande de chasseurs brutaux, le curé communiste révolté par l’époque, les Faunes, idéalistes qui vivent dans les bergeries des hauteurs, le garde forestier qui soigne la forêt pour le futur, de vieux sentiers de partisans et de vendeurs ambulants par lesquels des Marocains acheminent de la drogue, un destructeur projet de piste de ski, et surtout la forêt, notamment les hêtraies.
« C’est quoi un petit bout de vie comparé à cette forêt éternelle ? Nous manquons du sens des limites, à notre époque. Si vous l’avez, vous pensez à plus grand que vous. Si vous ne l’avez pas, vous restez un enfant qui veut tout. »

« On marche beaucoup, c’est le meilleur moyen de connaître les lieux. Il n’y a qu’en marchant qu’on les habite vraiment. »

Ce roman m’a ramentu un de ceux de Fred Vargas (peut-être Temps glaciaires). J’ai plusieurs fois constaté des tournures de phrases obscures (peut-être dues à la traduction). Et j’ai apprécié l’atmosphère de malaise en partie métaphysique (mais aussi politique et sociétal).

\Mots-clés : #actualité #huisclos #nature #polar #ruralité #xxesiecle
par Tristram
le Jeu 19 Oct - 18:19
 
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Sujet: Valerio Varesi
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Carlo Emilio Gadda

L'Affreuse Embrouille de via Merulana

Tag polar sur Des Choses à lire L_affr10

Incipit :
« Tous l’appelaient désormais don Ciccio. C’était le dottor Francesco Ingravallo détaché à la garde mobile [… »

Ingravallo est molisan (du territoire du Molise, en Italie du sud), et enquête (avec son supérieur le dottor Fumi, mais aussi les agents l’Grand-Blond et l’Chippeur, et ensuite le brigadier Pestalozzi, à motocyclette) à Rome sur le vol à main armée subi par madame Menegazzi chez elle, deux cent dix-neuf via Merulana, puis sur le meurtre de sa voisine, madame Liliana Balducci, qui lui succède de peu.
Ingravallo est d’entrée convaincu de la complexité des causes :
« Il soutenait, entre autres choses, que les catastrophes inopinées ne sont jamais la conséquence ou l’effet, si l’on préfère, d’un motif unique, d’une cause au singulier : mais elles sont comme un tourbillon, un point de dépression cyclonique dans la conscience du monde, vers lequel ont conspiré toute une multiplicité de mobiles convergents. Il disait aussi nœud ou enchevêtrement, ou grabuge, ou gnommero, embrouille, qui en dialecte veut dire pelote. Mais le terme juridique « les mobiles, le mobile » s’échappait de préférence de sa bouche : presque contre son gré, semblait-il. »

C’est d’abord le personnage de Liliana, très croyante et fort déçue de ne pas avoir d’enfant, qui est approfondi, avec de longues considérations psychologiques et de genre, déjà amorcées avec madame Menegazzi :
« La longue attente de l’agression à domicile, pensa Ingravallo, était devenue une contrainte : non tant pour elle et ses actes et pensées, de victime déjà hypothéquée, que de contrainte pour le destin, pour le « champ de forces » du destin. »

Giuliano Valdarena, jeune séducteur cousin de Liliana, qui découvrit le corps, est d’abord suspect. Toutes les formes de parenté (consanguinité par cognation, agnation) sont décortiquées. Plus généralement, le roman est très ancré dans l’Italie, son histoire, la mythologie romaine, ses arts (l’iconographie, la littérature) et surtout son peuple.
Mais l’enquête est secondaire, la prose descriptive (et digressive) primordiale. Grandes scènes : parmi les bijoux volés, une topaze ; les gros orteils de Pierre et Paul ; les poules (chez Zamira ou au passage du train). C’est un délire d’embrouillaminis à tous les niveaux, mais soigneusement ourdi, fouillé, approfondi, passant de la physiognomonie aux rappels de Kant et de la « capillotomie dialectique » dans un acharnement des baroque et grotesque.
« À Marino, y avait aut’chose que st’ambroisie ! à la cave de don Pippo y avait l’un blanc assez méchant : un p’tit filou d’quatr’ans, dans quéqu’ bouteilles, que cinq ans plus tôt l’aurait pu l’électriser le ministère Facta [« chef du gouvernement en 1922, au moment de la Marche sur Rome, incapable de la contenir ; en réalité collaborationniste, deux ans plus tard, en 1924, il fut nommé sénateur à vie par Mussolini. »], si le Facta factorum eût été en mesure d’en soupçonner l’existence. Il faisait l’effet du café, sur ses nerfs molisans : et lui offrait par ailleurs tout le bouquet et toutes les nuances d’un vin de classe : les témoignages et les constatations modulées linguatico-palato-pharyngo-œsophagiques d’une introduction dionysiaque. Avec l’un ou deux de sté verres dans l’gosier, va savoir. »

« Et joignant en tulipe les cinq doigts de sa main droite, il fit osciller cette fleur dans l’hypotypose digito-interrogative si en usage chez les Apuliens [de la région des Pouilles]. »

« …] la mort apparut, à don Ciccio, une décomposition extrême des possibles, un détraquement d’idées interdépendantes, harmonisées jadis en la personne. Comme la dissolution d’une unité qui n’arrive plus à être et à œuvrer en tant que telle, dans la chute soudaine de ses rapports, de tout rapport avec la réalité organisatrice. »

« Il s’efforça de rassembler les évidences, si disjointes : de rapprocher les moments, les moments épuisés de l’enchaînement, du temps déchiré, mort. »

« Ce furent des allusions (et mieux que des allusions) « de caractère intime » lâchées par Balducci : en partie spontanément, comme en glissant, le chasseur-voyageur s’abandonnant à cette logorrhée spéciale à laquelle s’adonnent vaincues certaines âmes en peine, ou vaguement repenties sans doute de leurs écarts, dès que survient la phase de radoucissement, comme les bleus surviennent habituellement après les coups : par cicatrisation post-traumatique : alors qu’elles sentent, entre-temps, que le pardon les atteint, et du Christ et des hommes : en partie extraites de sa bouche, au contraire, avec la plus suave des ficelles par des argumentations courtoises, par une péroraison passionnée, par de vivaces clignements d’yeux, par une maïeutique irrésistible et par le charitable alanguissement du pavot et de l’héroïne venant tant du parler que du geste napolitains, du Golfe et du Vòmero : avec une action flatteuse en même temps que persuasive, tatràc ! d’arracheur de dents du genre aimable. »

« Elle savait inculquer, monnayant une honnête récompense, un quantum c’est-à-dire un tantinet d’énergie cinétique aux indécis, aux incertains : les conforter dans la pratique, les fortifier dans l’action. Avec dix lires, on achetait son médicament pour la faculté de vouloir. Avec dix lires supplémentaires, celle de pouvoir. Elle dékierkegaardisait les petits voyous de province en les canalisant pour qu’ils aillent « travailler » en ville, l’Urbe, après leur avoir détergé l’âme des dernières perplexités : ou des derniers scrupules. Elle indiquait le chemin aux audacieux, en leur montrant que les faibles créatures du sexe n’attendaient pas mieux, en ces années-là, que de s’appuyer sur quelqu’un, s’accrocher à quelque chose, qui fût apte à partager avec elles un orgasme sans mémoire, la douce peine de la vie : elle les catéchisait à la protection de la jeune fille, en concurrence avec l’association homonyme. Et les catéchumènes la tenaient pour leur institutrice, tout en la qualifiant entre un verre et l’autre de salope, quand ils pensaient qu’elle n’entendait pas, bien entendu, et de vieille savate et sorcière : étant donné la légèreté du siècle et leur grossièreté personnelle : et peut-être même la qualifiaient-ils de grosse cochonne, une Zamira Pàcori ! et de vieille maquerelle, tiens donc, une couturière comme elle ! une magicienne orientale avec diplôme de première classe ! Belle reconnaissance. Et qu’ils s’avaient mêm’ l’sacré culot d’en dire que les Deux-Saints… l’étaient… ‘ne paire de « j’sais pas si tu vois », accompagnant l’assertion d’une manucaptation-prolation impudente de la paire elle-même, quoique enveloppée dans l’« cheval », dans l’entrejambe : impudente, oh que si, mais assez fréquente, alors, dans les usages du peuple. Calomnies. Mauvaises langues. Pègre de paysans, qui la nuit va voler volailles. »

« La déception le réveilla d’un coup. Le temps dans lequel, dirions-nous, les rêves s’étendent a, au contraire, la rapidité diaphragmante d’un déclic de Leica, il se mesure en fulgurants tempuscules, en infinitésimaux du quatrième degré sur le temps orbital de la Terre, dit communément solaire, temps de César et de Grégoire. »

« Il essayait, il essayait de faire le bilan en raisonnant : de tirer les fils, pourrait-on dire, de l’inerte marionnette du probable. »

L’action se passe en 1927, et Gadda conspue régulièrement les fascistes, surtout Mussolini (et Hitler), ce qui n’est pas forcément manifeste dans une lecture superficielle.
J’ai déjà lu L’Affreux Pastis de la rue des Merles, traduction de Louis Bonalumi du même livre, mais il y a trop longtemps pour pouvoir comparer avec la présente traduction de Manganaro ; en tout cas j’ai retrouvé la même jubilation dans le rendu populaire, et plus généralement dans le bouillonnement stylistique, quelque chose entre Rabelais, Joyce et Céline.

\Mots-clés : #écriture #polar
par Tristram
le Dim 15 Oct - 16:13
 
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Sujet: Carlo Emilio Gadda
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Michael Connelly

Le Poète

Tag polar sur Des Choses à lire Le_poz10

Le narrateur, Jack McEvoy, chroniqueur policier, apprend que son frère jumeau, Sean, chef de la section des homicides de la police de Denver, s’est suicidé en laissant pour seul message « Hors de l’espace, hors du temps ». Sean était obsédé par une enquête sur le meurtre d'une étudiante dont le corps a été retrouvé coupé en deux trois mois plus tôt ; Jack reprend ses investigations, et découvre que le suicide était en fait un assassinat maquillé.
Parallèlement, on suit William Gladden, appréhendé comme il photographiait des enfants ; grâce à un réseau pédophile auquel il appartient via Internet, il est rapidement relâché.
Jack découvre que d’autres suicides d’officiers dans le pays sont en fait des meurtres, avec comme lien un extrait des vers d’Edgar Poe.
Le principal ressort de ce roman policier, c’est que l’enquête est menée par un journaliste (comme l’auteur), Jack étant impliqué tant personnellement que professionnellement, ce qui permet d’éclairer le monde de la presse, ce « Quatrième Pouvoir » :
« Les paroles de Glenn dévoilaient la vérité qui se cachait derrière une grande partie du journalisme contemporain. Il n’y était plus guère question d’altruisme, de service public et de droit à l’information. C’était devenu une question de concurrence, de rivalité et de publicité : quel journal avait publié l’article en premier, lequel était à la traîne ? Et qui décrocherait le prix Pulitzer à la fin de l’année ? C’était une vision plutôt sombre, mais après toutes ces années dans le métier, mon point de vue avait viré au cynisme. […]
Pendant que je faisais les cent pas dans ma chambre, je songeai moi aussi, je l’avoue, aux possibilités qui s’offraient. Je pensai à la célébrité que pouvait me valoir cet article. […] En voyant plus loin, j’envisageai même un contrat avec une maison d’édition. Il y a un marché énorme pour les histoires criminelles authentiques.
Mais je chassai toutes ces pensées, honteux. Une chance que personne ne puisse connaître nos pensées les plus secrètes. Nous apparaîtrions tels que nous sommes, à savoir des imbéciles manipulateurs et prétentieux. »

« J’aimerais que les médias aient une vision plus globale des choses, qu’ils prennent du recul, au lieu de rechercher en permanence la satisfaction immédiate. »

À propos, Jack se confronte à Rachel Walling, agent du FBI : l’identification du « Poète », l’assassin de six inspecteurs dans autant d’États différents, et qui travaillaient chacun sur un meurtre non résolu au moment de leur mort, serait compromise si Jack publiait ce qu’il a découvert ; il négocie de participer en tant qu’observateur à l’enquête qu’il a initiée, à condition de surseoir à la parution de ses articles.
Gladden, en qui on devine de plus en plus évidemment le Poète, est un multirécidiviste pédophile et serial killer ; il est aussi brillant en droit, ce qui lui a permis d’échapper à la justice.
L’entente entre le FBI et Jack ne dure guère (mais assez pour qu’une liaison entre ce dernier et Rachel s’établisse).
Il me semble qu'on peut ici comparer la soif de gloire chez les journalistes à l'égo démesuré chez les grands criminels.
Polar très bien ficelé, même si on peut avoir des doutes sur la véracité psychologique des personnages ; les rebondissements finaux sont également un peu trop invraisemblables.

\Mots-clés : #criminalite #polar #thriller #xxesiecle
par Tristram
le Sam 7 Oct - 12:25
 
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Sujet: Michael Connelly
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Léo Malet

Casse-pipe à la Nation

Tag polar sur Des Choses à lire Casse-10

Chez Malet comme chez tous les écrivains majeurs, le style est tout :
« Je me sens tout cornichon, triste et seulâbre comme un croûton derrière un vase de nuit. »

Ainsi qu’on le constate, il réveille du vieil argot et des mots quasiment disparus, comme le regretté (?) « pitchegorne » (la piquette qui remontait le poilu). Autre échantillon de cette prose enlevée :
« C’est bien Bébert, le costaud à bobine de bibinier pour bobinard. Il a troqué sa limace rouge des jours de sortie contre un bleu de chauffe, dont la teinte s’harmonise avec celle de son tarin, lequel conserve un souvenir azuré de son contact brutal avec mon genou. »

Pittoresque peinture de la Foire du Trône (nous sommes dans le XIIe arrondissement) avec énumérations appropriées, et le scenic-railway où Nestor Burma manque d’être tué ; j’ai aussi découvert la Cité des Vins à Bercy.
Je n’ai généralement pas trop tendance à faire ma chochotte, mais franchement le rapport aux femmes m’a un peu choqué. Ce roman étant paru en 1957, j’étais trop jeune pour l’avoir lu et a fortiori me livrer au pince-fesses, mais il reste caractéristique de la société où je fus élevé, et c’est assez navrant (avec le recul, si j’ose dire).
« S’il fallait coffrer tous les pinceurs de fesses, il n’y aurait plus personne en liberté. »

L’enquête elle-même n’est pas mal ficelée, mais l’essentiel n’est pas là : c’est dans ce roman que Burma reçoit sa fameuse pipe à tête de taureau !

\Mots-clés : #polar
par Tristram
le Dim 3 Sep - 16:45
 
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QIU Xiaolong

Il était une fois l'inspecteur Chen

Tag polar sur Des Choses à lire V_book10

Dans son préambule, Qiu Xiaolong rappelle qu’au début de la Révolution culturelle, dans les années cinquante, la « critique révolutionnaire de masse des ennemis de classe » du peuple caractérisait la dictature du prolétariat, et raconte comme son propre père, considéré comme un capitaliste, fut alors victime des Gardes rouges (récit de dégradation impitoyable qui à lui seul vaut la lecture).
Le roman lui-même commence comme Chen Cao, étudiant juste après la fin de la Révolution culturelle (et encore dans l’ombre de sa famille « noire »), prépare un mémoire sur Eliot (comme Xiaolong) dans la bibliothèque de Pékin, où travaille la ravissante Ling. Puis il devient policier, un peu par hasard, et s’engage dans sa première enquête, qui le replonge dans son passé (et la cité de la Poussière Rouge à Shanghai). Cette enquête, qui réunit les principales caractéristiques des romans de Xiaolong (la société chinoise contemporaine, la cuisine et la poésie chinoises), est plus un support (presque un prétexte) à évoquer les séquelles de la Révolution culturelle et ses iniques aberrations discriminatoires. C’est certes un polar, mais aussi et peut-être surtout un témoignage, à la fois historique et personnel.
« Monsieur » Fu a été assassiné ; Chen se renseigne, notamment lors des « conversations du soir » au quartier. L’homme fut accusé de capitalisme pour avoir ouvert un petit commerce de fruits de mer avant la campagne d’éradication des « Quatre Vieilleries » (« Vieilles idées, vieille culture, vieilles coutumes et vieilles habitudes »), et sa femme mourut à cause des bijoux où le couple avait placé ses gains :
« « Ensuite, elle a dû rester debout dans la rue, un tableau noir autour du cou avec son nom barré au-dessus de la phrase : Pour ma résistance contre la Révolution culturelle, je mérite de mourir des milliers de morts. Plus tard dans la nuit, pendant son supplice, elle est tombée et s’est cogné la tête contre l’évier commun. Elle ne s’est jamais réveillée. »

Fu, qui était délaissé de tous y compris ses enfants, reçut de l’État une compensation financière pour ces spoliations (après la réforme du camarade Deng Xiaoping), qui le rendit riche. Il prit une bonne, Meihua, qui lui concoctait de bons petits plats.
Cette affaire résolue, plusieurs autres sont rapidement narrées, autant d’étapes dans la carrière de l’intègre inspecteur. Autant de nouvelles aussi, qui illustrent la corruption dans une société qui combat officiellement la décadence et l’indécence dans une politique hostile à l’étranger, aux intellectuels. Également des souvenirs de jeunesse de Xiaolong (sans surprise, grand appétit pour la gastronomie et les livres, notamment occidentaux et à l’index), avec son amitié pour Lu le Chinois d’outre-mer, devenu un de ses personnages récurrents.
Cet ouvrage constitue un prequel des enquêtes de l’inspecteur Chen publiées auparavant, narrant sa jeunesse en la rapprochant de l’histoire de son auteur et de son pays d'origine. Il peut difficilement être lu uniquement comme un polar, et je comprends qu’Armor ait été déçue à sa lecture.

\Mots-clés : #autobiographie #discrimination #ecriture #historique #polar #politique #regimeautoritaire #revolutionculturelle #temoignage
par Tristram
le Sam 12 Aoû - 13:03
 
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Sujet: QIU Xiaolong
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Keigo Higashino

La Maison où je suis mort autrefois

Tag polar sur Des Choses à lire La_mai11

(Je sors mon ancien commentaire du purgatoire Le One-shot des paresseux - Page 12, 23 février 2022)

Sayaka, l’ex-petite amie du narrateur, lui demande de venir visiter avec elle une mystérieuse maison dont elle a trouvé la clef et le plan d’accès à la mort de son père. La villa semble abandonnée depuis vingt-trois ans, et les horloges, arrêtées, indiquent onze heures dix. Lui est encore amoureux d’elle, qui entretemps s’est mariée et a eu une petite fille, pour qui elle avoue ne rien ressentir, jusqu’à la maltraiter. Dans la demeure abandonnée, ils trouvent le journal de Yusuke, un garçon qui vivait là avec ses parents, jusqu’à la disparition de son père, et l’apparition de « l’autre ».
« Surtout le passage qui dit que l’expérience de l’enfance de la mère pouvait avoir une influence déterminante dans de nombreux cas. »

Leur enquête progresse très graduellement ; l’énigme est fort habilement ourdie, et l’atmosphère est surtout empreinte d’angoisse.
Je relirai de cet auteur, qui promet dans ce premier roman.

\Mots-clés : #lieu #polar
par Tristram
le Sam 5 Aoû - 12:28
 
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Sujet: Keigo Higashino
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Tony Hillerman

Le Peuple des ténèbres

Tag polar sur Des Choses à lire Le_peu10

Agent de la police tribale navajo, Jim Chee (dont c’est la première apparition dans l’œuvre de Tony Hillerman), est partagé entre univers états-unien (il hésite à entrer au FBI) et navajo (il souhaiterait devenir yataalii ou « chanteur », une sorte de shaman ou medecine-man) ; il étudie les Blancs en anthropologue, métier dont il a reçu la formation.
« On se définissait par rapport à sa famille. Sinon, comment ? Puis il se rendit compte que les Blancs ne faisaient pas la même chose. Ils se définissaient en fonction de ce qu’ils avaient accompli personnellement. »

Je ne parlerai pas de l’intrigue, bien ficelée, car à mon sens elle sert surtout à exposer les différences (comme l’intérêt pour le corps d’un mort chez les Blancs), voire complémentarités, des mondes navajo et "occidental".
Curieusement, comme dans Les Mangeurs d'étoiles de Romain Gary, le « sorcier » navajo décide de s’adonner au mal en passant par l’inceste ou le meurtre d’un proche…
Un peu de vocabulaire géographique : wash : le lit, souvent asséché, d’un cours d’eau d’importance variable que des pluies torrentielles parfois tombées très loin en amont peuvent soudain transformer en un fleuve ou un torrent en furie (correspond au wadi ou oued). L'arroyo (terme espagnol) désigne le lit sec, en général au fond d’une gorge ou d’un canyon, d’une rivière dont l’eau se tarit en été.
Intéressante également est la description de la région comprenant la réserve, ainsi que les tribus indiennes environnantes.
Après ce roman dont Chee est le héros, il y en a deux autres à découvrir dans ce qui constitue la trilogie de ce personnage (ensuite, il interviendra encore, avec Joe Leaphorn).

\Mots-clés : #amérindiens #nature #polar
par Tristram
le Dim 23 Juil - 12:54
 
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Andrea Camilleri

La démission de Montalbano

Tag polar sur Des Choses à lire La_dzo11

Comme on dit, on ne présente plus Montalbano, le commissaire qui commence généralement ses journées et ses enquêtes de mauvaise humeur ; en tout cas, je ne le présente plus : voir supra. Néanmoins je dirai quelques mots de ces vingt nouvelles, de qualité inégale mais de lecture plaisante, ainsi savoureusement assaisonnées d’humour et de culture.
« – Monsieur le Questeur, dit Montalbano – auquel la mouquire, à savoir l’envie de se foutre de la gueule de son interlocuteur, était montée au nez –, sortir une arme, un pistolet, ne signifie en rien la mort de celui qui est menacé, très souvent la menace n’a pas valeur tragique, mais cognitive. C’est du moins ce que soutient Roland Barthes.
– Et qui est-ce ? demanda le Questeur bouche bée.
– Un éminent criminologue français, assura le commissaire. »


Le titre de la nouvelle Pessoa prétend ramentoit irrésistiblement Pereira prétend de Tabucchi, et je ne crois pas que ce soit une simple impression…
Le titre original, Gli arancini di Montalbano, renvoie au dernier texte du recueil, Les arancini de Montalbano : Camilleri y donne la recette sicilienne de ce qu’on appelle des Supplì al telefono à Rome.
La nouvelle qui porte le même titre que le recueil dans la traduction est assez étonnante : trouvant l’histoire trop gore, Montalbano appelle Camilleri au téléphone…

\Mots-clés : #polar
par Tristram
le Dim 7 Mai - 13:07
 
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Sujet: Andrea Camilleri
Réponses: 25
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