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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Ven 19 Avr - 8:02

109 résultats trouvés pour Conditionfeminine

Colombe Schneck

Bédoulène a écrit:après 3 lectures tu peux être sure de ta décision ! Smile


Qui sait? A mon avis "Les soeurs de miséricorde" dépasse le lot. J'ai commencé par là, et c'est après que j'ai lu deux autres, pour connaître un peu plus de l'auteure. Ici, à défaut de ne pas avoir traduit encore le commentaire sur "Les soeurs de miséricorde", mes remarques sur:

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 00011

Dix-sept ans

Originale : Français, 2015

CONTENU :
Grasset a écrit:"On m'a élevée ainsi : les garçons et les filles sont à égalité. C'est faux. Je suis une fille, pas un garçon. J'ai 17 ans, mon corps me trahit, je vais avorter. J'y pense toujours, je n'en parlerai jamais à personne. Parfois, je ne suis pas loin de dire le mot, de le partager avec une amie proche. Et puis non, je renonce. Pourquoi ce silence ?"
Un récit pudique et poignant dans lequel l'auteur revient sur cet événement, jamais banal, jamais confortable, qui a marqué son adolescence et fait d'elle la personne qu'elle est.



REMARQUES :
Donc il s'agit ici pas d'un roman, mais plutôt d'un récit autobiographique, basé sur un quelque chose vécues en 1984 ; c'est à dire que l'auteure regarde en arrière avec une distance de trente ans. Elle raconte comment elle a goûté une éducation libérée et sans entrâves, grandissant en ce début des années 80, juste après la prise de pouvoir par les socialistes. Tout semblait possible, facile, faisable. Même les luttes féministes semblent pour elle déjà du passé: la Loi Veil vient d'avoir 10 ans. Dans ce contexte libertaire elle parle pas de son premier amoureux ou petit ami, mais de son premier amant : depuis le début semble claire qu'il s'agissait juste de découvrir son corps (et à la limite celui de l'autre) ensemble. Bien au contact avec son gynécologue, elle prend la pillule, mais dans son insouciance (dont elle parle librement), elle oublie souvent de la prendre comme il faut. Et arrive ce qui doit arriver : elle tombe enceinte, à 17 ans, juste avant de passer le bac.

Qu'est-ce qui m'arrive, demande-t-elle ? Et pas question d'une autre solution qu'une IVG. S'il y a des regrets c'est celui de la honte de sa propre « stupidité », mais pas des sentiments de culpabilités ou de responsabilité. Elle insiste sur ce fait qu'il n'y avait de nulle part une reproche moraliste. Seule remarque de son père (un peu incompréhensible pour elle) qu'à partir de ce moment « ce sera plus difficile », et pas juste un acte oubliable, mais grave, laissant des blessures. Oui, elle vit partiellement des interrogations, mais « peut-êre suffirait-il de peindre la fissure en blanc pour qu'elle disparaisse » ? Non, pas de question de morale, mais d'où alors une malaise ? Presque grandissant avec les années ? Reste une absence sans nom de quelqu'un (elle pense que ce aurait été un garçon) qui l'accompagne invisiblement...

Certains commentaires sont à lire quasimment entre les lignes, les conséquences d'un choix fait dans l'âge d'insouciance. Mais pas de doigt accusateur, pas de moralisme. Un certain constat, plus fort que des reproches, atteignant des niveaux plus profondes?

Peut-être ses questionnements n'atteignent pas toutes les dimensions de la question (à mon avis), mais ce livre m'a néanmoins touché. Cela va loin, et c'est une réponse à un livre d'Annie Ernaux («L'événement ») qui invite de raconter ce que des femmes ont vécu.


mots-clés : #autobiographie #conditionfeminine
par tom léo
le Mer 26 Avr - 22:50
 
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Sujet: Colombe Schneck
Réponses: 25
Vues: 1721

Anouk Markovits

Je suis interdite

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 51wtlq11

Nous le savons tous, l'extrémisme religieux n'a pas fini de déchirer le monde. Ici, on voit comment il déchire aussi les êtres et les familles.
Chez les Juifs Hassidims, tous ne vivent que pour respecter la Parole de Dieu dans un idéal de pureté rigoriste : les enfants sont embrigadées, les femmes soumises et les hommes obéissants et maîtres tout à la fois. On adore et loue Dieu dans les chants et les danses, un Dieu qui n’est qu'exigence et absence de pardon.

La dévotion est absolue... si ce n’est que là comme ailleurs, le doute s’installe parfois, peu y échappent, qu'il soit ébauché ou qu'il aille jusqu'à la rébellion. Et dans un tel système, le doute, c'est un peu comme l'exil car on s'y retrouve avec sa solitude, sa peur et sa culpabilité.

C'est à travers la vie de Zalman, rabbin admiré, chantre magnifique, et celle de sa famille sur quatre générations que Anouk Markovitz nous montre la dévastation crée sur les esprits et sur les cœurs par une doctrine mal digérée - ou trop digérée : cette parole de Dieu immuable et intransigeante. A quel point cela peut rassurer et mutiler tout à la fois.

Cette perversion relationnelle au sein des familles et de la communauté, Anouk Markovits la raconte avec brio, avançant d'un continent à l'autre, d'une époque à l'autre (l'histoire commence par les persécutions et déportations en 44 en Transylvanie, passe par Paris, notamment en mai 68, jusqu'au New York juif actuel) dans un roman aux rebondissements romanesques assez fascinant. On est dans un autre monde, et pourtant, ce sont des humains.

Elle n'omet pas d'évoquer , au-delà de l’histoire individuelle, le rapport parfois ambigu du hassidisme au monde et à l'Histoire contemporaine, au sionisme, au nazisme, et la compromission de certaines autorités qui, pendant la guerre n'ont pas hésité à sauver leur peau et celle des leurs au détriment de la communauté dont ils étaient responsables ; cet aspect  et les controverses qu'il occasionne, sont des plus intéressants historiquement.

Au total c'est une excellente découverte, un roman haletant et tragique, avec des personnages déchirés derrière leur masque de certitudes, dans la lignée de Je m’appelle Asher Lev de Chaïm Potok. On apprend beaucoup, on touche de intérieur ce que peut-être le carcan d'une croyance et comme il est difficile d'y échapper, cela ne peut que nous aider à mieux comprendre le monde d'hier et d'aujourd'hui .

(commentaire récupéré)


mots-clés : #religion #conditionfeminine
par topocl
le Sam 11 Fév - 8:41
 
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Sujet: Anouk Markovits
Réponses: 6
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Anouk Markovits

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 51wtlq11

Je suis interdite

Le roman nous décrit, sur quatre générations, la vie de la famille du charismatique rabbin Zalman. L'occasion pour l'auteur de nous faire pénétrer les arcanes de la très fermée communauté Satmar, dont elle est elle-même issue.
Le sujet peut sembler ardu, certes. Mais le traitement, lui, ne l'est pas du tout. Anouk Markovits parvient à merveille à nous faire ressentir la vie des juifs hassidiques, et le carcan incroyable qui pèse en permanence sur eux. Une rigidité extrême, qui, si elle n'exclut pas les moments de joie, les rend extrêmement rares, et toujours contenus. Comment, en effet, laisser place à la spontanéité, à l'amour, à l'insouciance, lorsque le moindre geste est codifié, jusqu'aux pensées et aux positions qu'un couple se doit d'adopter dans les actes les plus intimes ? Comment songer au bonheur quand les interdits sont innombrables, et parfois absurdes ?

Les hommes se plongent dans l'étude des textes, jusqu'à obsession, jusqu'à se fustiger pour la moindre broutille qui ne répond pas à la Loi. En effet, pour les juifs hassidiques, le manquement d'un seul homme rejaillit sur toute la communauté. Et alors, Dieu punit...
Les femmes sont mariées très jeunes, rabaissées, ravalées au rang d'épouses et de mères, les seuls rôles qui leur soient permis. Même l'étude des textes leur était interdite jusqu'à il y a peu, les plus sacrés d'entre eux demeurant encore prohibés...
Dans cette communauté régie par tant de règles, toute velléité d'indépendance est bannie. Surtout, le doute n'est pas permis. Il faut obéir, aveuglément. Accepter des explications culpabilisantes, sur la Shoah, notamment. Ahurissantes théories qui rendent les juifs responsables de ce qui arriva…
Pour tenir le doute à l'écart, l'on est prêt à façonner des légendes ; tout, plutôt que de voir remises en cause les croyances établies. Attitude dangereuse qui, parfois, peut même s'apparenter à du négationnisme...

L'auteur a un véritable talent pour nous décrire cette existence, et nous amener à la comprendre, un peu. Derrière la façade rigoriste, domine le sentiment d'une terrible fragilité. Bien peu solide en effet, le groupe qui bannit celui qui ose faire un pas de côté, de peur que tout l'édifice ne vacille...
Anouk Markovits évoque ces sujets complexes sans que cela soit jamais pesant. La volonté didactique ne nuit jamais au romanesque, au souffle qui vous emporte, qui vous fait vous attacher ou au contraire haïr ces personnages si éloignés de nous. Elle nous fait partager leurs doutes, leurs déchirements intimes, leur révolte parfois, toujours contenus derrière le masque des convenances. Et c'est un tour de force, vraiment, que de parvenir à nous faire entrer dans ce monde tellement rigide et hermétique sans négliger pour autant ce que ces hommes ont de terriblement, d'irrémédiablement humain.

Une lecture passionnante, marquante. Encore un grand merci à topocl qui avait attiré mon attention sur ce livre !

Extrait d'un cours sur la Shoah…

Atara a lu le texte en hébreu et traduit : "Mesure pour mesure, le Seigneur punit, le Seigneur est juste…"
_ Merci. Le saint Hazon Isch, paix à son âme, explique : avant la guerre, des parents juifs  envoyaient leurs enfants dans des écoles laïques ; ils gardaient en vie le corps de leurs enfants tout en sacrifiant leur âme. Mesure pour mesure, le Seigneur a frappé ces parents ; Il a détruit le corps de leurs enfants. » Le rabbin Braunsdorfer parlait haut d'une voix nasillarde : « Et ce fut un acte de pitié ! Dans un acte de pitié HaShem a délivré ces communautés polonaises du lire-arbitre, avant qu'elles ne s'avilissent entièrement.
 Parmi les enfants assassinés, certains provenaient de familles qui craignaient Dieu ? Alors leur souffrance doit être imputée au Bitul Torah : au manque de Torah. Et si la Torah était présente dans leur vie, alors leur souffrance doit être imputée aux tourments de l'amour : Dieu tourmente ceux qui ne pêchent pas pour leur permettre d'accéder à une position encore plus favorable dans l'autre monde. »
Atara avait cessé de prendre des notes. Elle n'a pas attendu que le rabbin lui donne la parole.
« Le Seigneur assiste-t-il au martyre des enfants qui brûlent ? »


(ancien commentaire remanié)


mots-clés : #religion  #conditionfeminine  #communautejuive
par Armor
le Ven 10 Fév - 13:57
 
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Sujet: Anouk Markovits
Réponses: 6
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Atiq Rahimi

Syngué Sabour,pierre de patience

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 Tylych32

En persan, Syngué sabour est le nom d’une pierre noire magique, une pierre de patience, qui accueille la détresse de ceux qui se confient à elle. Certains, dans ce livre en tout cas, disent même que c’est elle qui est à La Mecque, et autour de quoi tournent les millions de pèlerins. Le jour où elle explosera d’avoir ainsi reçu trop de malheur, ce sera l’Apocalypse.
Mais ici, la Syngué sabour, c’est un homme allongé, comme décérébré après qu’une balle se soit logée dans sa nuque sans pour autant le tuer. Sa femme est auprès de lui. Elle lui en veut de l’avoir sacrifiée à la guerre, de n’avoir jamais résisté à l’appel des armes, d’avoir été un héros, et pour ce résultat : n’être plus à la suite d’une rixe banale qu’un légume. Pourtant elle le soigne, et elle lui parle. Elle lui parle même de plus en plus. Tandis que dans les rues les factions s’affrontent, tandis que des soldats pillent et tuent alentour, elle parle, elle dévide sa litanie sans jamais savoir si son mari l’entend et la comprend. Et c’est une extraordinaire confession sans retenue par quoi elle se libère de l’oppression conjugale, sociale, religieuse, allant jusqu’à révéler d’impensables secrets dans le contexte d’un pays semblable à l’Afghanistan. À la fin du livre cette Syngué sabour explosera...
Avec ce roman, directement écrit en français, Atiq Rahimi retrouve une forme de réalisme très proche de Terre et cendres avec une écriture qui, sèche et précise, sait aussi devenir par moments lyrique, emportée. Cependant, plus directement que dans ses précédents livres, et comme de l’intérieur, il décrit avec beaucoup d’audace, la réalité oppressante, au quotidien et plus précisément au quotidien féminin, d’une certaine conception de l’Islam.


un livre que l'on referme afin de mieux écouter le silence pour un ultime hommage à cette écriture dépouillée et si admirable.
Pas besoin de beaucoup de mots ni de grandes envolées pour décrire ce texte merveilleux.
Le style Rahimi est d'une justesse à vous glacer le sang , conteur d'un Afghanistan si cruel et si chaleureux.

mots-clé : #conditionfeminine #psychologique
par Ouliposuccion
le Sam 4 Fév - 8:32
 
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Sujet: Atiq Rahimi
Réponses: 9
Vues: 1506

Jon Kalman Stefansson

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 51vwpz10

D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds  


c'est d'ailleurs pour cela qu'ils ne marchent pas sur l'eau....dit ce poète de Jon Kalman Stefansson

J'ai adoré ce roman, comme ses précédents  I love you

L'histoire de l'Islande vue à travers les destinées de trois générations d'islandais, un poète, des pêcheurs, une région, une ville Keflavik, l'implantation d'une base américaine qui influence toute une génération, et ensuite l'instauration des quotas de pêche qui mène cette ville à "une non existence" :


"Keflavik a trois points cardinaux : le vent, la mer, l'éternité"

Ari, revient au pays, après un long séjour a Copenhague où il travaillait dans une maison d'édition, il a quitté d'une façon abrupte sa femme, ses filles, son père, avec lequel il n'a quasiment pas ou peu de relations, lui fait parvenir un colis de souvenirs et tous ceux-ci remontent à la surface, sa mère décédée, la mémoire des grands-parents, leur vie de pêcheurs..



Les femmes sont omniprésentes, une justesse d'analyse dans leurs personnalités, leur place dans la société bien définie, le pouvoir des hommes les maintenant toujours à une place pas toujours bien vécue ni choisie...je dirais que Stefansson est un féministe convaincu  Wink

"Il ne savait pas que cette femme aussi belle que la lune, aussi mystérieuse que la nuit du mois d'août,n'avait supporté ni le poids des responsabilités, ni la fatigue éreintante, il ne savait pas que les deux conjugués avaient fini par engendrer ce démon qui venait l'assaillir dans son sommeil, l'accueillait à son réveil, elle avait ployé, puis s'était effondrée et enfuie par cet escalier menant au sous-sol de la maison du quartier de Vesturbaer à Reykjavik, elle avait fui sa petite fille de trois mois qui pleurait et hurlait dans son berceau, fui sa fille ainée, la mère d'Ari alors âgée de dix-huit mois, qui toussait et se mouchait sans relâche, refusait de s'alimenter, avait arraché la cuiller des mains de sa mère en trépignant, toutes trois hurlaient et pleuraient, la plus petite à cause de la fatigue et du mal de ventre, la plus grande parce qu'elle était souffrante et que la réaction de sa mère l'avait effrayée, quant à la grand-mère que j'ai en commun avec Ari, elle s'était mise à hurler parce que cette chose qui aurait du être la plus belle du monde, le but de la vie elle-même, la source de la beauté et de l'innocence avait transformé son existence en véritable enfer.
La vie n'avait rien à voir avec tout ça, ces difficultés financières, cette constante fatigue, ce manque de sommeil et son mari en haute mer qui ne comprenait rien, ne remarquait rien, c'en était fini de l'aventure....."

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"Les plus vieux écrits de ce monde, ceux qui sont si anciens qu'ils ne sauraient mentir, affirment que le destin habite les aurores et qu'il convient donc de s'armer de précautions au réveil : caresser une chevelure, trouver les mots qu'il faut, prendre le parti de la vie....

Il est vrai qu'à l'aube nous ressemblons parfois à une plaie ouverte.Nous sommes fragiles et désarmés et tout tient au premier mot prononcé, au premier soupir, à la manière dont tu me regardes quand tu t'éveilles, dont tu me considères au moment où j'ouvre les yeux pour m'arracher au sommeil, cet univers étrange où nous ne sommes pas toujours nous-mêmes, où nous trahissons ceux que nous ne pourrions imaginer trahir, où nous accomplissons d' héroïques prouesses, cet univers où nous volons, où les défunts revivent et où les vivants périssent. On dirait parfois que nous entrevoyons l'autre versant du monde, qu'il se livre à nous dans une autre version, comme s'il entendait par là nous rappeler que nous ne sommes pas forcément celui ou celle que nous devrions être, que la vie a mille facettes et qu'il n'est - hélas et Dieu merci- jamais trop tard pour s'engager sur une voie nouvelle, un chemin imprévu. Puis nous nous réveillons, si fragiles, désarmés et à fleur de peau, que tout est suspendu à nos premiers soupirs.Le jour tout entier, la vie tout entière peut-être. Alors regarde-moi avec délicatesse, dis quelque chose de beau, caresse-moi les cheveux car la vie n'est pas toujours juste, elle n'est pas tous les jours facile et nous avons si souvent besoin d'aide, viens et apporte-moi tes mots, tes bras, ta présence, sans toi je suis perdu, sans toi je me brise au creux du temps. Sois auprès de moi à mon réveil."

------------

L'amour, déclare-t-il, est une Voie lactée rayonnante et indestructible ! Et le plus douloureux dans la vie est sans doute de n'avoir pas assez aimé, je ne suis pas certain que celui qui s'en rend coupable puisse se le pardonner."

Du pur Stefansson, un des seuls auteurs qui me donne la chair de poule en le lisant, quelle joie de savoir qu'il existe  Very Happy

(commentaire récupéré)


mots-clés : #conditionfeminine #historique #famille
par simla
le Ven 3 Fév - 0:48
 
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Sujet: Jon Kalman Stefansson
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Tahar Ben Jelloun

La nuit sacrée

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 Tylych16

Parce que son père n’a pas eu de fils, une jeune Marocaine reçoit un prénom masculin : Ahmed. Récit d’une quête d’identité sexuelle et sociale, ce roman a été couronné en 1987 par le prix Goncourt.

Un livre , un écrin.
Un bijou enfermant la souffrance , le joyau d'une âme meurtrie et sans identité , l'éclat des lignes pures et oniriques , des chapitres oppressants et délicats , une écriture à couper le souffle de peur de perdre le conteur.
Une histoire qui nous montre l'hypocrisie d'une société abritant des âmes barbares et ignorantes , des êtres dénués d'humanité.
Puis vient cette voix , celle d'une identité perdue , d' une grandeur d'âme , celle qui ne rêve que de liberté du corps et de l'esprit , celle qui tente d'oublier un passé , qui découvre la vie dans un nouveau corps qui lui a si longtemps été interdit , l'oxygène suffisant pour lui permettre de se sentir vivante.
Une rencontre altruiste , philosophique , éloge de la solitude.
Mais oublie-t-on jamais..

"Rappelez-vous ! J'ai été une enfant à l'identité trouble et vacillante. J'ai été une fille masquée par la volonté d'un père qui se sentait diminué, humilié parce qu'il n'avait pas eu de fils. Comme vous le savez, j'ai été ce fils dont il rêvait. Le reste, certains d'entre vous le connaissent ; les autres en ont entendu des bribes ici ou là. Ceux qui se sont risqués à raconter la vie de cet enfant de sable et de vent ont eu quelques ennuis : certains ont été frappés d'amnésie ; d'autres ont failli perdre leur âme. Mais comme ma vie n'est pas un conte, j'ai tenu à rétablir les faits et à vous livrer le secret gardé sous une pierre noire dans une maison aux murs hauts au fond d'une ruelle fermée par sept portes




mots-clés : #conditionfeminine
par Ouliposuccion
le Lun 30 Jan - 11:03
 
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Sujet: Tahar Ben Jelloun
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Bahiyyih Nakhjavani

La femme qui lisait trop


Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 La-femme-qui-lisa...-121-198-41929bb

“Ce livre est dédié à la mémoire d’une femme qui vécut en Perse au XIXe siècle et qui, même si on l’a représentée sur une pierre tombale, n’eut jamais l’honneur d’une épitaphe. C’est un hommage à Tahirih Qurratu'l-Ayn, dont la vie, en avance sur son temps et les dernières années d’emprisonnement, de 1847 à 1852, ont inspiré cette histoire.” B.N.
Téhéran, deuxième moitié du XIXe siècle : la cour du shah fourmille d’intrigues de palais, de complots et autres tentatives d’assassinats plus ou moins abouties, sous l’ironique et cruel regard de la mère du souverain persan, qui en a vu bien d’autres dans sa déjà longue et très machiavélique existence et n’a nulle intention de se laisser déposséder de la moindre parcelle de son auguste pouvoir de tyrannique douairière…
Voici que cette fois, pourtant, ce très ancien royaume de Perse va se trouver ébranlé non tant par les menées factieuses des uns ou des autres (menées qu’observe, avec inquiétude, l’ambassadeur de Sa Royale Majesté la Reine d'Angleterre) mais par l’irruption, sur cette scène agitée, d’un protagoniste inattendu en la personne de Tahirih Qurratu'l-Ayn, poétesse fort lettrée dont, dans le royaume, les vers semblent agir sur quiconque en prend connaissance comme de puissants catalyseurs d’énergies subversives – or de l’adjectif “subversif” à celui d'“hérétique”, la distance se franchit aisément, à l’époque …
A travers la figure historique de la poétesse Tahiri à laquelle ses compatriotes et l’Histoire se montrèrent si peu soucieux de rendre justice, et qui osa, en femme libre et maîtresse du langage, affronter le clergé et les théologiens de son temps, Bahiyyih Nahkjavani met en scène les enjeux éternels et plus que jamais incandescents en nos temps contemporains, de la liberté d’expression dès lors qu’elle s’affronte aux interdits, religieux notamment.
En se dressant, avec bravoure, contre toute autorité et en questionnant, en érudite et en femme, les interprétations du monde qui lui étaient proposées, la poétesse de Qazvin éveilla en effet la même violence et les mêmes instincts fanatiques qui se peuvent observer aujourd’hui.


Il est difficile de parler de ce livre remarquable  après ce résumé, d’autant qu’après les mots de Nakhjavani les miens ne feront que pâle figure. Je vais tenter de résumer au mieux.
Un hommage à la poétesse Tahirih Qurratu'l-Ayn, première femme féministe de l’histoire de Perse  voulant généraliser l’alphabétisation  féminine à travers le portrait de 4 femmes :

-Le livre de la mère : Son Altesse royale Mahd-i-Oldya , mère du Shah Nasir-ed-Din  tenant les rênes de l’empire de Perse. On y lit toutes les intrigues politiques liées à la cour, assassinat, la peur et la haine que suscite la poétesse qui s’expose aux yeux du monde sans voile ,en femme libre ,  mais qui a conquis par son esprit et son aura de grandes cités , comme Bagdad et les montagnes d’Irak . Une rhétoricienne de talent s’élève contre les dogmes religieux et le pouvoir du royaume.

Le livre de l’épouse : épouse du maire de Téhéran, Mahmud Khan-i-Kalantar, chef suprême de la police qui écroue la poétesse entre ses murs, sa demeure étant la prison dans laquelle les hurlements dus aux tortures ne sont pas légendes. La captive étant considérée comme un djinn par cette épouse ne laisse pas le harem insensible  et démontre que toutes sont conscientes de leur vie dans laquelle elles jouent « le jeu »d’être une épouse assujettie. Pourtant il suffit de peu pour que ces femmes se rallient à la cause de «l’hérétique ».

Le livre de la sœur : sœur du shah et épouse du grand vizir Amir Kabir. Partisane de la poétesse. L’ordre chronologique des événements commence à voir le jour au travers de cette personnalité, en effet, Nakhjavani  opte pour la narration déstructurée, ce qui nous sollicite à se centraliser afin de ne pas se perdre dans les sinuosités des lignes, chaque chapitre correspond à une pièce de puzzle à assembler au récit. (ce qui m’a valu quelques retours en arrière)

Le livre de la fille : une partie concernant la poètesse Tahirih Qurratu'l-Ayn et sa fille.

« Nous définissons aujourd’hui le voile comme un emblème d’identité culturelle, de foi religieuse. Elle n’y voyait que préjugés, littéralisme et uniformité. Nous en avons fait un symbole politique, un argument dans la négociation de la liberté d’expression, un symbole politique. Elle le rejetait précisément parce qu’il représentait l’oppression. Si l’Islam contemporain est déchiré par l’écart grandissant entre modérés et extrémistes, par le conflit entre chiites et sunnites, et si l’anarchie au Moyen Orient et la montée partout dans le monde du fondamentalisme et de la terreur qui en sont les conséquences ont commencé à menacer la texture même de nos démocraties, il peut être opportun pour le public occidental de redécouvrir l’histoire de cette Perse du XIXème siècle » B.N


Au-delà d’un hommage, Bahhiyih Nakhjavani soulève le voile et nous mène au travers de ses yeux  dans ce royaume ou l’anderoun ne ressemble pas au conte des mille et une nuits, Téhéran n’exalte pas ses  effluves d’épices et de fleurs, mais  la puanteur des famines et des maladies, les jardins paradisiaques sont les lieux de tortures et le vin coulant à flots n’est autre que le sang du peuple.
C’est un voyage au cœur de la Perse, sous une identité dévoilée au travers d’un joyau qui n’est pas des moindres, la liberté d’expression parée de superbes allégories, que Bahhiyih Nakhjavani  signe ce bijou littéraire mettant en avant la condition féminine, la religion et les enjeux politiques.
Un chef d'oeuvre.


texte de Tahirih Qurratu'l-Ayn :

Je suis la rivière de vin rouge
Dans la bouche de la vie et de la mort.
Le dit écarlate de mes paroles
Passe goutte à goutte dans ton souffle.
                           
Je suis la rivière jaune
Qui nourrit et sustente la jeune intelligence
Mes pages safran offrent l’espoir à l’espèce humaine.

Je suis la rivière des mots verts comme le miel, pleins de vie.
Je tiens dans mes bras qui m’inspire et me fait confiance,
Les saisons et leur combat.

Je suis la rivière d’eau blanche
Par laquelle le cœur est lavé de la rouille.
Mes paroles d’unité ont soif de boire la poussière.


mots-clé : #creationartistique #conditionfeminine #historique
par Ouliposuccion
le Dim 29 Jan - 11:48
 
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Sujet: Bahiyyih Nakhjavani
Réponses: 7
Vues: 1293

Nancy Huston

Reflets dans un oeil d'homme.

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 Captur66

Essai:
Un dogme ressassé à l'envi dans la France contemporaine: toutes les différences entre les sexes sont socialement construites. Pourtant les humains sont programmés pour se reproduire comme tous les autres mammifères, drague et coquetterie étaient originellement liées à la perpétuation de l'espèce. Partant de ce constat simple mais devenu anathème, Nancy Huston explore les tensions contradictoires introduites dans la sexualité en Occident par deux phénomènes modernes: la photographie et le féminisme. Dans ce livre sensible et vibrant d'actualité, puissant et brillamment dérangeant, sur un ton personnel, drôle et pourtant informé, évoquant sans détours sa propre expérience comme celle des hommes qui l'entourent, Nancy Huston parvient à nous démontrer l'étrangeté de notre propre société, qui nie tranquillement la différence des sexes tout en l'exacerbant à travers les industries de la beauté et de la pornographie.

Alors que l'immense majorité des femmes deviennent encore mères, notre culture ne leur propose aucune image dans laquelle se refléter telles. Elle les somme au contraire de faire comme si cette éventualité n'était qu'un détail, un petit accident de parcours, vite résorbable. La grossesse n'est plus du tout un "état intéressant" et ses conséquences le sont encore moins ; logiquement, les femmes n'ont de cesse que d'effacer de leur corps toute trace de ce chamboulement, de retrouver leur ligne, leur beauté et leur "indépendance".
D'où : culpabilisation massive des jeunes mères contemporaines. Car, malgré la péridurale, le lait en poudre et leurs responsabilités dans le monde du travail, la plupart d'entre elles continuent de se sentir tour à tour bouleversées, effrayées, déprimées, exaltées, ahuries, bref, concernées en profondeur par cette affaire-là, et elles n'ont aucune place où se mirer. Dans la peinture, la sculpture et la photographie contemporaines, dans les défilés de mode, les magazines, sur Internet : zéro suggestion que la beauté d'une femme puisse être parfois liée à sa fécondité.


Nancy Houston est une écrivaine qu'on ne présente plus , même si ses œuvres restent non lues par quelques uns , elle reste une incontournable tant par sa qualité de romancière mais également d'essayiste.
Reflets dans un œil d'un homme , essai polémique , la théorie des genres est malmenée par l'auteur pour laisser place à la biologie , la génétique.
Aussi cette fameuse phrase " on ne naît ni homme ni femme , on le devient" est démontée par Nancy Houston qui intelligemment , armée de documentations , de témoignages d'hommes , d'artistes peintres , de féministes de tout temps , telles Anais Nin , Virginie Despentes , Nelly Arcan etc...défonce les portes de la bien-pensance et on entend les détracteurs qui cachés derrière le mur vocifèrent leur indignation.
Pourtant , nous sommes dans cette même société dans laquelle les femmes regardent leur reflet dans le miroir dans le simple but d'être regardée par des hommes , dépensent leur pognon en cosmétiques et en fringues afin de rester attractives dans une collectivité dictée par ceux-là  , affirment leur indépendance tout en appréciant tout ce qu'un bonhomme peut leur offrir , crachent sur la domination de la gente masculine quand elles n'attendent que de l'être au fond d'un lit , recherchant "la performance" , notion si souvent entendue et revendiquée sans tabou.

En d'autres termes, les femmes se servent des avantages de leur subjectivité accrue non seulement pour asseoir leur indépendance économique et affective, mais pour s'objectiver plus que jamais auparavant. Plus elles gagnent de l'argent, plus elles en dépensent pour leur beauté : en 2009, interrogées sur leurs priorités, une majorité d'adolescentes britanniques disent dépenser deux fois plus pour leur apparence que pour leurs études. "D'un côté, dit Gilles Lipovetsky, le corps féminin s'est largement émancipé de ses anciennes servitudes, qu'elles soient sexuelles, procréatrices ou vestimentaires ; de l'autre, le voilà soumis à des contraintes esthétiques plus régulières, plus impératives, plus anxiogènes qu'autrefois. En effet, c'est une femme plus sujet qui, seule, peut se rendre plus objet ; jamais les hommes dominants n'auraient pu obtenir un tel résultat massif.


A l'inverse , je ricane face à la mauvaise foi masculine , à cette arrogance doublée de prétention qui simule un accord total à cette théorie des genres...
Lequel a déjà dénoncé le diktat de la beauté alors qu'il est le premier à l'alimenter en reluquant les femmes exposant leur nudité , produits de grande consommation sur chaque affiche publicitaire ? lequel a déjà dénoncé le diktat de l'industrie pornographique plutôt que de la cautionner au quotidien ?

Pour la pornographie comme pour l'industrie de la beauté, les chiffres laissent sans voix. En ce moment il existe plus de 4 millions de sites web pornographiques, comportant plus de 400 millions de pages (dont plus de la moitié américaine); l'âge moyen du premier contact avec la pornographie est de onze ans; 90% des enfants entre huit et seize ans ont vu de la pornographie en ligne en faisant leurs devoirs; 40 millions d'adultes états-uniens regardent régulièrement de la pornographie sur internet.
Entre 1992 et 2006 les bénéfices tirés de la vente de videos pornos aux USA sont passés de 1,60 à 3,62 milliards de dollars.
Les revenus annuels de l'industrie pornographique sont supérieurs à ceux, cumulés, de Microsoft, Google, Amazon, eBay, Yahoo! Apple, Netflix et EarthLink.


Allons bon , arrêtons les mensonges , le déni , les contradictions !
Homme , femme , les différences existent depuis la nuit des temps , on ne devient ni l'un ni l'autre , on naît avec des gènes , en revanche , ce n'est pas en occultant ce que nous observons au quotidien , ce que nous faisons de notre société , que l'on construit , que l'on peut améliorer les comportements machistes ou féministes à l’extrême.
Il y' a dans cette société une contradiction évidente à chaque discours , une sorte de schizophrénie ambiante entre une pensée et le comportement.
La pensée de Darwin ou celle d'un monde sorti tout droit d'un moule ou les différences seraient obsolètes...
J'applaudis cet essai criant de vérité , soutenu d'une manière intelligente et documentée , j'applaudis Nancy Houston qui réveille les endormis , les naïfs et qui fout un coup de pied dans cette ruche dangereuse et complètement obsolète habitée par de petites abeilles dépourvues de bon sens qui passent leur temps à déclamer une rhétorique mielleuse , J'applaudis les détracteurs qui font que quelque part , en vue de leur vision sur un monde cloné n'engendrant aucune différence de genre ,cet essai existe.
Enfin pour terminer , je tiens à dire que je suis une femme , que oui , je me suis reconnue parfois parmi ces pages , et que non , je n'en ai pas honte , oui je suis pour l"égalité des sexes sans vouloir ressembler à un homme , non je ne crois pas qu'on puisse choisir ce que nous voulons être , nous sommes tout simplement par instinct , nous sommes une identité à part entière et chaque jour , nous le constatons , nous les hommes et les femmes , nous nous aimantons par nos différences , non , tout n'est pas négatif dans celles-ci , elles sont essentielles et fondamentales.
C'est en restant ce que nous sommes que nous pouvons changer les mentalités et faire évoluer cette société , c'est de l'acceptation des genres opposés que découlent la tolérance et la compréhension de chaque diversité , c'est en unissant ces contraires que naît la dualité.
Contourner une évidence , chercher à abattre ce qui est inné , c'est tuer l'essence et le combat de chacun.


mots-clés : #conditionfeminine
par Ouliposuccion
le Sam 28 Jan - 13:21
 
Rechercher dans: Écrivains du Canada
Sujet: Nancy Huston
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Marjane Satrapi

Broderies

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 Tylych69

Toujours dans l'esprit du très célèbre Persépolis, Marjane Satrapi s'invite dans la collection "Côtelette" pour offrir à ses plus fidèles lecteurs des petits instants de vie d'hommes et de femmes iraniens. Entre les fêtes de famille et les repas traditionnels, rien de tel qu'une petite histoire croustillante ! Un régal.

Dans l'intimité d'un boudoir iranien , les femmes se confient , les langues se délient , les hommes prennent cher , très cher et le tout avec un humour décapant.
Loin de l'Iran tabou , la gente féminine aisée et décomplexée aborde l'amour , le sexe , leurs expériences tantôt dévergondées tantôt inabouties.

- Elle est dégoûtante la petite peau qui pend ?
- Le prépuce ? Non, ça va. Je pense que de façon générale une bite n'est pas vraiment photogénique.


Dérision , confidences et sarcasme font de broderies une petite merveille qui loin des clichés , démontre la modernité et les libertés d'un Iran qui se veut de plus en plus ouvert sur une société nouvelle.

Je termine par la petite phrase finale "Quand le serpent vieillit, la grenouille l'encule."

Un pur délice.



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mots-clés : #bd #conditionfeminine #sexualité #humour
par Ouliposuccion
le Jeu 26 Jan - 7:10
 
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Sujet: Marjane Satrapi
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Alessandro Baricco

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 Produc10

La Jeune Epouse

Une jeune femme s'immisce dans la vie d'une famille aisée d'Italie du Nord au début du XXème siècle, en provenance d'Argentine, afin de réaliser un mariage précédemment arrangé. En raison de l'absence mystérieuse de son futur époux, elle se plie aux habitudes d'un monde replié sur lui-même, étrange et figé. Elle devient "La Jeune Epouse" face aux autres protagonistes aux rôles bien établis: "Le Père", "La Mère", "La Fille"...

Le basculement du récit vers une initiation sexuelle ne peut que faire penser au cadre de Théorème de Pasolini. Mais Baricco cherche aussi à échapper à toute référence et le contexte presque théâtral de l'action apparait lointain et presque insaisissable. J'ai cependant trouvé que l'écriture échoue à surprendre, malgré des recherches stylistiques dont la multiplicité des narrateurs et des allers-retours temporels. Et le dernier tiers ne parvient pas à captiver dans sa tentative de percer un univers énigmatique, au bord d'un précipice.
mots-clés : #conditionfeminine #famille #sexualité
par Avadoro
le Dim 22 Jan - 15:54
 
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Sujet: Alessandro Baricco
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Freidoune Sahebjam

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 Livre110

La femme lapidée

Ce livre est bouleversant  mais aussi révoltant. La fin est atroce, bien sûr, elle est lapidée mais interdiction par les hommes d’être enterrée dignement, elle est donc dévorée par les chiens.

Le pire c'est une histoire vraie. Les femmes iraniennes ne sont rien, n'ont rien à dire.

Soraya  est accusée d'adultère. C'est un mensonge. Son mari  veut divorcer  car il aime une autre femme en ville.
donc petit  à petit on a inventé une histoire  comme  quoi elle couchait avec un veuf où elle va faire le ménage. Cela  fait effet boule de neige.
Après une heure de débat , les hommes ont voté la lapidation.

Soit disant au nom de Dieu, qui demande que justice soit faite.
la pauvre Soraya  est ensevelie jusqu'aux épaules et c'est son père qui lance la 1° pierre.

on ne  sort pas  indemne de ce récit.
Soraya  est restée  digne jusque son dernier souffle.

désolée pour mon commentaire un peu décousu.

mots-clé : #conditionfeminine
par faustine
le Mar 10 Jan - 16:35
 
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Sujet: Freidoune Sahebjam
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Jhaverchand MEGHANI

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Fiançailles

Original : Vevishal (Gujarati, 1938)
Introduction, Traduction, Notes biographiques, Notes: Moïz Rasiwala

CONTENU :
Sukhlal et Sushila ont été promis l'un à l'autre par leurs pères respectifs dès leur plus jeune âge. Mais le temps a passé : la famille de Sushila fait aujourd'hui du commerce à Bombay, s'est enrichie et se demande comment rompre cet engagement et se débarrasser du fiancé devenu indigne ! Sukhlal cependant, comme il avait été convenu, arrive à Bombay pour entrer dans l'affaire de sa future belle-famille. Celle-ci le tue au travail, il résiste; le ridiculise, il résiste; le renvoie chez lui en fiançant la ravissante Sushila à un épouvantable intriguant, et là c'est elle qui résiste ! Sukhlal et Sushila s'aiment, tout simplement. Et comme chacun sait, l'amour finit toujours par triompher, surtout dans les romans... Aussi, quand le romancier demande à Sushila pourquoi elle adore son Sukhlal, elle rétorque: " Est-ce que je ne suis pas libre d'aimer quelqu'un sans avoir à justifier mon choix ? Des raisons ! Donner des raisons pour tout ! En plus, vous allez les raconter à tout le monde, n'est-ce pas ? " (Source : Présentation de l'éditeur)

REMARQUES :
Ce roman en 37 chapitres sur un peu moins que 300 pages trouve son enracinement de fond dans le Sorath dans le Gujarat (Nord-Ouest de l'Inde). L'appartenance des deux familles commerçants protagonistes à une certaine caste, au Jaïnisme comme réligion (voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ja%C3%AFnisme ), et au us et coûtumes de leur temps, déterminent le cadre incontournable de l'histoire. Si on n'est pas capable ou partant pour entrer dans cet « autre » univers, on jugera rapidemment avec nos idées si avancées et peut-être même une attitude de commisération, un sourire, ces femmes et hommes. Mais éventuellement, ce faisant, on ne fait pas seulement tort aux personnages du roman, mais on se prive aussi d'une lecture enrichissante et parfois même drôle.

Il était une fois...l'histoire de deux familles qui avaient promis leurs enfants à bas âge l'un à l'autre. Mais le destin faisaient se développer différemment ces familles. Celle de la fiancée, maintenant d'une vingtaine d'années, s'est enrichie peu à peu et a deménagé vers Bombay. Par contre Sukhlal et les siens restaient au village, avec une mère clouée au lit, trois autres enfants en bas âge. Le père, pratiquant convaincant du Jaïnisme, se montre affectueux et attentif aux besoin et de sa femme et de ses enfants. Le garçon aîné, lui, doit partir pour Bombay pour entrer dans le commerce de la famille de sa belle-famille. Mais celle-ci,au moins en ce qui concerne le chef du clan, l'oncle , mais aussi la mère de Sushila, aimeraient rompre les fiançailles avec un garçon devenu avec les années « pas assez convenable » pour leur fille « si douée ». Ils commencent à penser à un jeune arriviste, Vijaychandra. Et rendent la vie de Sukhlal impossible, le tuent au travail, l'humilient. Quand le père de celui-ci arrive, il ne voit pas d'issue honorable sauf que d'entrer dans les propositions du beau-père de son fils.

Mais quand les obstacles au niveau des parents se dressent, les deux concernés – qui pourtant se sont pratiquemment à peine vus – et après quelques hésitations, commencent à resister à leur façon et à lutter dans le cadre du possible l'un pour l'autre. Des deux cotés ils vont trouver des fidèles aides auprès des gens proches. Ils ne vont peut-être pas devenir des rebelles pur et durs, mais ils commencent à s'affirmer, à apprendre à extérioriser leurs volontés contre celle de l'autorité familiale. Et, au lieu de voir ici juste un roman rose simple, on pourrait très bien se demander s'il n'y a pas ici une critique plus ou moins cachée de la societé, mais aussi une invitation à resister, de manifester « humblement », mais résolumment sa détermination. Et on pensera peut-être au contexte politico-sociétale du mouvement non-violent pour l'indépendence en Inde, déjà dans ces années 30, cadre probable du roman.

Face à l'oncle riche de la fiancée et la mère de la fiancée d'un coté, et les figures plus pauvres, mais tant dignes du père de Sukhlal ou de la tante de Sushila, on peut aussi se demander sur le rôle lamentable des uns et celui plus lumineux des autres. Qui sont alors les vrais riches, les vrais pauvres ?

Qui entrera avec un certain respect et acceptance du cadre du roman dans cette lecture, peut y trouver un bon mélange de réalisme, de descriptions des us et coûtumes d'une époque, d'une réligion, d'un pays avec une dose d'humour certain !


mots-clés : #conditionfeminine #famille #traditions
par tom léo
le Lun 9 Jan - 7:12
 
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Sujet: Jhaverchand MEGHANI
Réponses: 3
Vues: 849

Lao She

Pour écrire ce roman, Lao She s'est inspiré de sa propre expérience. En effet, chose rare à l'époque où les différentes castes ne se mélangeaient guère, l'intellectuel Lao She se lia d'amitié avec une famille de "chanteurs au tambour", dépositaires d'un art ancestral qui semble l'avoir littéralement fasciné.

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Les tambours

1938 : Comme de nombreux compatriotes, Baoqing et sa famille ont fui l'invasion japonaise. Désormais établis à Chongqing, il exercent dans un théâtre local leur métier de toujours, chanteurs au tambour.  Baoqing et sa femme ont une fille unique, mais ils n'ont pas souhaité qu'elle perpétue la tradition familiale. En effet, leur caste est méprisée, et les chanteuses au tambours sont souvent réduites à la prostitution. Ils ont donc choisi d'adopter une fillette, Grâce, et l'ont initiée à leur art. Si la femme de Baoqing, alcoolique et colérique, ne rêve désormais que de vendre la jeune fille pour pouvoir s'acheter un fils, Baoqing, lui, s'est attaché à elle.

Baoqing a déjà beaucoup évolué par rapport aux moeurs de l'époque, mais il n'en reste pas moins un produit de la société traditionnelle. Il trouve ainsi tout naturel de choisir les époux de ses filles, quitte à sacrifier leur avenir dans son propre intérêt. Baoqing n'a donc accompli que "la moitié du chemin" ; c'est du moins ce que tente de lui faire comprendre Meng Liang, un jeune écrivain aux idées progressistes avec lequel il s'est lié d'amitié. Si pour l'aînée, il est déjà trop tard, tout n'est pas perdu pour Grâce. Elle peut encore s'instruire, et choisir elle-même son destin, même si les préjugés de classe ne lui rendront pas les choses faciles...

Si les Tambours restera probablement un livre mineur dans  l'oeuvre de Lao She, il n'en demeure pas moins fort intéressant par de multiples aspects. On se régalera comme toujours du style de l'auteur, de sa dérision et de ses métaphores originales. Et on ne pourra qu'être sensible à ce véritable plaidoyer en faveur d'une société plus juste, notamment envers les femmes. Lao She n'a de cesse de prôner leur droit à l'éducation et à disposer d'elles-même, en dénonçant les injustices d'un système féodal qui les réduit à l'état d'objet que l'on monnaye, bat ou rejette à l'envi.

Les femmes ont toujours été maltraitées et considérées comme quantité négligeable dans l'ancienne société. Mais si tu veux devenir quelqu'un, tu dois lutter pour progresser.  Aujourd'hui la femme est dans la même situation qu'un coureur qui participerait à une course avec les pieds entravés. Mais ni tes pieds, ni ton esprit ne sont attachés. Il te faut simplement travailler davantage.Ta soeur a été battue. Pourquoi? Parce qu'elle n'a jamais essayé d'évoluer. Elle n'a connu que l'obéissance servile et la fidélité au système familial. Comment aurait-elle pu savoir que les anciennes forces qui dégradent la femme peuvent être vaincues par la rébellion des femmes elles-mêmes ?


Indépendamment du seul aspect littéraire, le personnage de Meng Liang, double littéraire de l'auteur, est très intéressant pour comprendre la personnalité et la vie de Lao she lui-même.
Son rejet du système traditionnel et de ses injustices, son désir d'égalité entre êtres humains, montrent clairement qu'il était séduit par les idées nouvelles. Néanmoins, il ne rejette pas le passé en bloc et demeure très attaché aux aspects positifs de la culture chinoise ancestrale, amoureux de l'art chinois sous toutes ses formes, et soucieux de perpétuer les valeurs familiales. Et puis, Lao She incite ses compatriotes à s'ouvrir sur le monde, ne serait-ce que par l'apprentissage des langues et la lecture des grands auteurs étrangers.

Pour nous qui connaissons l'histoire récente et tragique de la Chine, il n'est pas difficile de voir dans ses propos ce qui a pu en faire un temps un auteur très apprécié du parti communiste. Mais on comprend hélas aussi bien vite pourquoi il fut persécuté durant la révolution culturelle….

(Ancien commentaire remanié)


mots-clés : #conditionfeminine #traditions
par Armor
le Mer 4 Jan - 11:21
 
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Sujet: Lao She
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Elif Shafak

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 97822611

la Bâtarde d'Istanbul

Ca fait quelques temps que je l'ai lu. Il est intéressant de voir que certaines choses marquent plus que d'autres...
Je me souviens surtout de la femme turque, qui porte la mini-jupe dans Istanbul, qui s'affranchit des codes dictés par la religion, la tradition. Elle est également mère célibataire ce qui n'arrange pas son cas... Elle fume, elle boit, elle côtoie des hommes. Une femme toute européenne à Istanbul en somme.

Même si c'est la jeune fille qui fait le voyage (famille arménienne immigrée aux Etats-Unis), pour découvrir ses origines, toutes cherchent des réponses. Des solutions pour l'avenir, se construire ou se reconstruire, pour comprendre ce qui c'est passé, pourquoi elles en sont arrivées là.

Les autres femmes de la famille Kazanci sont toutes différentes, mais toutes vieilles filles ou veuves. Les hommes meurent jeunes dans leur famille. Il y a entre autre une voyante, un peu mystique très amusante avec ses lubies. Elles ont toutes leurs manies particulières, elles sont (je crois) 8 à vivre ensemble dans la même maison, et ça fait un joyeux bordel .... croyez moi ! Elles sont attachantes et drôles, on les aime rapidement !

Une lecture pleine de rebondissements, une écriture simple et agréable. Des descriptions de femmes turques, avec leurs paradoxes, leurs envies, leurs attentes, d'une Istanbul tiraillée entre Europe et Occident, modernité et tradition. Sur la place des femmes dans cette Istanbul, dans cette Turquie géographiquement et intellectuellement en proie à des doutes, des dilemmes. Un très beau roman, une fin inattendue, je vous le recommande choisiens et choisiennes I love you

mots-clés : #famille #conditionfeminine
par Silveradow
le Lun 2 Jan - 19:15
 
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Sujet: Elif Shafak
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Vaikom Muhammad BASHEER

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Grand-père avait un éléphant

Kounnioupattoumma est fille de notables. Elle est jeune, jolie, littéralement couverte de bijoux, et en âge d'être mariée. Mais aucun prétendant ne trouve grâce aux yeux de ses parents. Car Kounnioupattoumma n'est pas n'importe qui : son grand-père avait un éléphant… mort depuis longtemps, certes, mais dont le prestige rejaillit aujourd'hui encore sur toute la famille.
Et puis voilà qu'un jour, le père de Kounnioupattoumma se retrouve ruiné… Il est bien fini, le temps de l'opulence… Ce revers de fortune aura des conséquences inattendues. S'éveillant à d'autres modes de pensées, la jeune femme osera-t'elle se rebeller et remettre en cause l'archaïsme de certaines coutumes ?

Pétri d'humour et d'humanisme, le texte nous transporte dans un petit village indien figé dans ses moeurs ancestrales. En grande majorité analphabète, la population suit aveuglément les recommandations du kahtib (prédicateur musulman), et tant pis si celui-ci raconte n'importe quoi, puisque de toute façon personne ici n'est à même de vérifier dans le texte…
Une fois descendue de sa tour d'ivoire, Kounnioupatouma va découvrir qu'il existe une autre façon de considérer la religion, et que la destinée d'une femmes n'est pas forcément d'être brimée et d'obéir…

J'avais adoré ce petit bonbon littéraire en forme de conte moral, dans lequel Vaikom Muhammad Basheer prône la tolérance et vante les mérites de l'instruction avec, en prime, un humour délectable et une ode au mariage d'amour.
Une délicieuse friandise donc, à déguster sans modération entre deux lectures plus consistantes !

(Ancien commentaire remanié)


mots-clés : #conditionfeminine #humour #traditions
par Armor
le Lun 2 Jan - 15:12
 
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Sujet: Vaikom Muhammad BASHEER
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Valentine Goby

La fille surexposée

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l'éditeur, alma a écrit:  Dans la collection pabloïd se rencontrent des auteurs libres d'improviser dans le genre et le style qui leur convient, à condition de s'inspirer d'une remarque de Picasso. Dans la Tête d'Obsidiennes d'André Malraux l'auteur des Demoiselles d'Avignon et de Guernica affirme que les thèmes fondamentaux de l'art ont et seront toujours: la naissance, la grossesse; la souffrance, le meurtre, le couple, la révolte et peut être le baiser. Il les appelle emblèmes.



Valentine Goby a choisi  la révolte. C'est écrit au début du livre, je ne suis pas sûre que j'aurais identifié ce thème sans cela.

Le régime colonial marocain avait regroupé à Casa dans un quartier appelé le Bousbir, 600 prostituées, encadrées policièrement et médicalement pour offrir un bordel hygiénique et plus propre, plus « moral »... Des photos de ces prostituées ont servi de cartes postales et le peintre-photographe marocain Miloudi Nouiga, les a utilisées dans une lutte déterminée contre l'oubli de ces femmes.

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 Nouiga10

Valentine Goby rapporte ces faits  dans un court récit à plusieurs voix (Maurice, le jeune homme qui fréquente le bordel et achète une carte postale, l'envoie à un ami ; Isabelle,  la petite-fille de ce dernier qui découvre  la carte postale et rencontre le peintre ; Biski, l'une des prostituées ; et  Miloudi Nouiga lui-même). Cet artifice donne une certaine distance assez documentaire . On sent un peu l’œuvre de commande, l'écriture comme procédé pour rappeler  ces prostituées à la mémoire de tous. J'ai trouvé que la « cause » venait au détriment de la puissance romanesque. Il n'en demeure pas moins qu'on croise de beaux personnages, des interrogations édifiantes, racontées d'une prose riche et habile et qu'on s’intéresse à l'aspect historique.

Un livre instructif donc, où m' a manqué l'émotion qu’aurait dû déclencher le sort de ces femmes humiliées.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #colonisation #conditionfeminine #creationartistique
par topocl
le Jeu 29 Déc - 9:57
 
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Sujet: Valentine Goby
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Mahasweta DEVI

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Indiennes, Rudali et autres nouvelles

Mahasweta Devi est une militante, et ses nouvelles parlent de ceux qu’elle défend au quotidien : les oubliés de l’Inde. Plus encore, elle s’attache à décrire le sort des femmes, doublement opprimées : parce que femmes, parce que de basse caste.
Les nouvelles de ce recueil ont pour cadre ces villages reculés du Bengale où, siècle après siècle, le petit peuple trime sous la houlette des maliks et des zamindars, propriétaires terriens et usuriers qui règnent en seigneurs, dispensateurs de rares bienfaits et surtout de malheur. Complexes, les relations d’interdépendance qui se sont crées entre communautés sont autant faites d’acceptation silencieuse que de révolte...

Face à la pauvreté et à l’adversité, le groupe et ses codes sont une sécurité, mais aussi un carcan dont il est fort mal vu de se défaire. Oser braver l'ordre établi, c'est accepter d'en payer le prix. Mais les femmes de Mahasweta Devi font face, par la rébellion ouverte parfois, par une discrète résistance au quotidien le plus souvent.

Mahasweta Devi est un auteur qui prend son temps (chaque nouvelle comporte au minimum une trentaine de pages), et sait créer une véritable atmosphère autour de personnages complexes et attachants. La militante qu'elle est a su éviter avec brio l'écueil d'une dénonciation pesante, misérabiliste ou manichéenne.
Au contraire, elle transmet au lecteur son attachement sincère pour les déshérités du Bengale, notamment à l'aide de dialogues vivants et imagés qui sonnent étonnamment juste. On peut d'ailleurs saluer le travail de la traductrice, qui est parvenue à nous en restituer toute la saveur.
Ces nouvelles ne sont d'ailleurs pas dénuées d'ironie. Pour ne prendre qu'un seul exemple, je vous parlerai de la toute première, celle qui donne son nom au recueil. Il y est question d'une femme qui, accablée par le sort, ne parvient pas à pleurer lorsque la mort emporte tour à tour chacun de ses proches. Pourtant, au soir de sa vie, seule avec un petit-fils à charge, c'est en devenant… "pleureuse professionnelle" qu'elle parviendra à survivre !

Après la lecture des trois premières nouvelles, j'étais totalement séduite. Un délice !
J'avoue que les trois suivantes m'ont au départ un peu déroutée par leur construction et leurs longues digressions. Le contexte, typiquement indien, m'a également demandé plus d'attention ; j'ai même effectué quelques recherches. Mais une fois que le puzzle se mettait en place, le plaisir de lecture revenait, toujours aussi fort, si ce n'est plus. Et à la réflexion, c'est aussi ce que j'ai tellement aimé chez cet auteur : jamais elle ne cherche à séduire le lecteur occidental en mal d'exotisme comme c'est, avouons-le, parfois le cas avec les auteurs indiens.

En conclusion, j'ai profondément aimé cette découverte sans misérabilisme d'une Inde authentique. J'ai eu le sentiment d'approcher, ne serait-ce qu'un peu, la réalité de l'Inde rurale, celle des villages murés dans leurs coutumes séculaires. En effet, même si ces nouvelles ont toutes été écrites entre 1978 et 1979, je crains qu'hormis quelques routes et téléphones portables de plus, la situation des basses castes n'ait guère changé…
Des mois après cette lecture, me restent encore en tête bien des images marquantes. Et l'envie toujours vive de poursuivre la découverte de cet auteur…

(Ancien commentaire remanié)


mots-clés : #conditionfeminine #nouvelle #social #traditions
par Armor
le Mar 27 Déc - 17:14
 
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Sujet: Mahasweta DEVI
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Eduard von Keyserling

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Ah comme j'ai aimé la lecture d'Altesses !

L'aristocratie et ses petites princesses en attentent de couronne sont assez éloignées des univers que j'aime parcourir en littérature et pourtant, je suis très heureuse d'avoir lu Altesses et de m'être laissée prendre par la prose élégante et colorée de Keyserling.

Deux éléments ont particulièrement retenu mon attention et éveillé ma curiosité : le rapport au corps et la description de l'atomisation d'une société. Parce que, ce qu'il y a de bien avec Keyserling, c'est qu'il connait parfaitement la noblesse qu'il décrit, qu'il fait partie intégrante de cette société déliquescente, apeurée par la démocratie et s'autodétruisant lentement par respect pour des valeurs séculaires.

Mais revenons au corps. Le corps des femmes est ici, en particulier, parfaitement mis en scène par Keyserling et quand je parle du corps des femmes, je devrais dire l'absence, la confiscation, la néantisation de ce corps. Car le carcan social impose une restriction, une retenue, une distance qui donne l'illusion de la force, de la maîtrise, de la captation par le masculin du féminin. Les jeunes femmes sont ainsi étouffées par les tonnes de vêtements qu'elles portent, elles sont consignées au jardin et à l'écoute du chant des oiseaux, elles sont forcément fragiles et pures et n'ont droit à aucune liberté, toujours surveillées par leurs suivantes. Les jeunes épousées convolent avec des inconnus (la plupart du temps volages) qui ne les utilisent que comme des ventres et une fois mère, ses femmes n'ont pas le droit de prendre leurs enfants contre elle, de les caresser, de les embrasser, de leur montrer leur amour. Le corps confisqué de la femme noble est une entité abstraite qui se laisse déshabiller par une servante et ne touche jamais l'autre (ne se touche jamais vraiment non plus), du coup le moindre frôlement, la moindre caresse prend des proportions exceptionnelles dans l'esprit des jeunes oiselles.

Mais les moins jeunes ne sont pas épargnées, comme le montrent les scènes entre la princesse mère qui est veuve mais encore verte et le comte Streith célibataire. Scènes qui marquent le point rouge du désir par cette séduction glacée qui n'a pour simple distinction/déflagration que l'attouchement d'une main sur le velours d'une veste. Je reste sidérée par la puissance de feu de ce désir tu, de ce désir caché, qui éclate comme une bombe dans la nuit.

Il n'en reste pas moins que le roman raconte aussi l'atomisation de ce monde aristocratique, figé dans le formol et dont les coutures craquent. Les jeunes filles se prennent à rêver d'un travail, d'une liberté, d'un accomplissement hors des hommes et ces désirs font peur aux adultes ou leur tournent la tête. Les pères se heurtent à la légèreté de leurs fils (joueurs, endettés, coureurs…) et dans cette atmosphère de fin de règne les nobles résistances des 'anciens' ne parviendront pas à sauver leurs enfants de  l'implosion qui les guette.

Et pour revenir sur la méthode Keyserling, j'ai aimé que l'histoire passe d'un personnage à un autre, d'une identité à une autre, permettant ainsi au lecteur de découvrir les points de vue de chacun et de ne jamais s'ennuyer, bien au contraire. Dans sa postface, fort intéressante, Peter Krauss explique que pour lui le personnage principal du livre est le comte Streith, il sera pour d'autres lecteurs : Marie, la princesse mère ou la jeune et fougueuse Britta, Félix ou Hilda, Eleonore ou bien Roxane.

De cette lecture qui se déploie comme un éventail aux somptueux coloris et aux nuances impressionnistes émane un souffle à la fois rebelle et nostalgique qui reste longtemps en mémoire.  

Je note enfin, et pas seulement sur le ton du divertissement mais plutôt sur celui d'une photographie d'époque, qu'à travers ce livre je découvre ou redécouvre la manière dont les nobles occupaient leurs soirées du temps d'avant les nouvelles techniques de communication. Jeux, discussions, contemplation… tant d'attitudes princières qui donneraient presqu'envie d'attendre, le corps cerclé de taffetas étouffant, une couronne.

mots-clés : #conditionfeminine #historique
par shanidar
le Ven 23 Déc - 13:15
 
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Sujet: Eduard von Keyserling
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Chahdortt Djavann

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 51wqa110

Je ne suis pas celle que je suis

Une telle histoire peut  paraître tout bonnement inimaginable, mais vivre perpétuellement en cachette, subir des interdictions en tous genres qui touchent à la vie affective et intime a rendu les Iraniens fous. Les situations les plus improbables et les plus insolites, qui n'ont aucune raison d'exister ailleurs, sont monnaie courante en Iran.

On alterne les très courts chapitre, d'où une lecture rapide pour un livre qui semblait gros au départ.


D'un coté, le récit de l'enfance et la jeunesse de Donya, en Iran, sous la dictature des mollahs, dont je craignais un peu une redite par rapport à En censurant un roman d'amour iranien de Shahriar Mandanipour. Mais les trajectoires et les personnalités des 2 auteurs sont bien différentes, celle de Mandanipour lui a laissé la possibilité de l'humour, alors que dans le domaine privé comme dans le domaine public, l'expérience de Donya (et sans doute partiellement (?) celle de Chahdortt Djavann), a été autrement traumatisante, et n’autorise que la béance et le tumulte. femme  dans ce monde  inimaginable où elles sont considérées comme des mineures et traitées comme des putains, révoltée dès l'enfance, ce qui est loin de lui avoir simplifié la vie,   Ces pages sont d'une violence à la limite du soutenable, le livre dae Mandanipour paraît presque .

Raconter aux autres que l'infâme régime m'a emprisonnée et torturée, c'est plus facile que d'avouer la vérité sur mon père…


D'un côté le compte rendu distant du dialogue /monologue de Donya, une iranienne immigrée à Paris, sortant d'une tentative de suicide incapable de s'adapter à ce nouveau monde, fermée, blessée. Le déroulement des séances et montre  l'éclatement de sa personnalité, l'anéantissement de ses espoirs, la gravité de sa souffrance. Sa vie est un déchirement, sa psychanalyse un long cri errant entre l'incrédulité et le rejet de sa thérapie, l'agressivité et le doute face à son thérapeute, puis, peu à peu, les pensées et les récits, non pas qui s'ordonnent, mais qui prennent un chemin. L'écueil de la langue , quoiqu'elle la  maîtrise merveilleusement , mais qui n'est pas sa langue maternelle, sa langue primale, est un obstacle supplémentaire.

J'ai eu plus de mal à entrer dans ces pages, car d'une part tout est déconstruit, mais logiquement puisque Donya est déconstruite, et parfois exaspérante de ce fait, mais  qui peut lui en vouloir ? , et aussi parce que la psychanalyse, qui me semble parfaitement racontée ici, m' a toujours mise mal à l'aise, position qui est évoquée  dans le livre lors d'un séminaire antipsychanalyse. Mais cela, c'est mon affaire.


Enfin quelques brefs paragraphes sur la vie  privée du thérapeute, dont je n'ai guère compris l'intérêt, (si ce n'est de montrer qu'en fait, Donya poursuit souvent son chemin seule ?). Mais qui émergera sans doute dans les tomes suivants.

Au total un romans des plus intéressants, violent dans l'information, sans concession dans la forme, qui finit un peu en queue de poisson (mais il y a une suite). Mais  de toute façon peut-on espérer qu'un tel destin soit un jour clos ?

- Au moins, on doit reconnaître aux mollahs le mérite d'avoir rendu palpitants les actes les plus anodins ; ce qu'ailleurs ont considère comme ordinaire, ou même ennuyeux parce que trop accessible, devient ici un délice. Comme boire du whisky, écouter de la musique, se voir entre filles et garçons, ironisa Armand.


(commentaire récupéré)


mots-clés : #conditionfeminine #regimeautoritaire
par topocl
le Jeu 22 Déc - 16:12
 
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Sujet: Chahdortt Djavann
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Beyrouk

Tag conditionfeminine sur Des Choses à lire - Page 5 Bm_cvt10

Le tambour des larmes

« Je hais les miens, mon oncle et ma mère, et tout le campement.  Je me suis enfuie, Mbarka, j'ai craché sur eux tous et sur ce à quoi ils croient. Ils m'ont volé mon ventre et ma chair, Mbarka, et je me suis enfuie, j'ai enlevé le tambour de la tribu pour les émasculer, pour piétiner leur stupide vanité et pour qu'ils aient honte."
(…)
« J'ai volé leurs maudits totems, tu comprends ? J'ai volé leur fierté, tu comprends ? Et ils me poursuivent et je les fuis, et je cours derrière le petit cœur qu'ils m'ont arraché. »


Une fuite, éperdue. Et une quête, sans fin.

Rayhana court, pour échapper à ses erreurs, à son destin, et à ses poursuivants. Séduite par un beau parleur, elle a vécu le drame de tant de femmes avant elle : abandonnée et enceinte, elle n'a eu d'autre solution que de se cacher pour donner naissance à son enfant, qu'on lui a ensuite arraché.
Mais Rayhana a refusé de se conformer à ce qu'on attendait d'elle : vivre comme si de rien n'était, se marier et avoir d'autres enfants, légitimes ceux-là. Insoumise, elle a fui, emportant avec elle le bien le plus précieux de sa communauté, le tambour sacré. Un geste de défi lourd de conséquence, qui lance à ses trousses un village tout entier, rendu fou par ce sacrilège. Mais Rayhana est au-delà de la raison, elle brûle et se consume, et se lance dans une quête aussi brouillonne qu'inlassable, celle de son enfant perdu.

Le récit, émaillé de nombreux flash back, se concentre autant sur le présent de la jeune femme que sur la genèse du drame. Sous la plume de Beyrouk se déploie un monde inconnu et fascinant, celui des nomades du désert mauritanien. L'occasion pour le lecteur d'approcher un peu ces tribus où Allah et les djinns se côtoient en bonne entente, où la poésie et l'amour tiennent une place à part. Mais aussi, hélas, un monde aux codes rigides, pratiquant encore l'esclavage et où, au nom de l'honneur, l'on punit sévèrement le moindre faux pas. Comme trop souvent, les femmes, gardiennes des traditions, se font les bourreaux de leurs propres filles pour préserver leur statut au sein du groupe...

Rayhana est le symbole de la révolte, du refus de l'ordre établi. Tel un papillon affolé, elle court en tous sens, se heurtant sans cesse aux murs culturels dressés devant elle. Mais elle continue, encore et encore.
Incandescente, sa rage brûle tout sur son passage. Il serait si simple, et tellement plus sage, de se débarrasser du tambour sacré, dont le vol met en grand danger sa vie et celles de ceux qui l'accueillent. Mais elle ne peut se défaire de ce constant rappel de sa haine et de son désespoir, symbole d'une oppression mais aussi d'une faute qu'elle ne peut se pardonner. Car c'est là toute l'ambiguïté de Rayhana : envers et contre tout, elle porte en elle la fierté de ses coutumes et de son sang. Perdue dans la grande ville, confrontée à l'anonymat et à une modernité qui la dépasse, c'est à son identité tribale qu'elle se raccroche fermement. Prisonnière malgré elle de ce dont elle cherche à s'émanciper..

La plume de Beyrouk, poétique mais sans emphase, épouse à merveille les moindres états d'âme de la jeune héroïne. Elle sait se faire sobre et discrète ou, au contraire, couler comme un torrent de lave en fusion.
L'auteur a su retranscrire avec une rare sensibilité le désespoir et la rage d'une jeune femme en rupture avec les codes ancestraux. Le personnage de Rayhana, avec sa force, ses failles et ses contradictions, porte en lui le germe d'une émancipation encore à conquérir. Avec son infinie sensibilité, Beyrouk a su nous le rendre inoubliable…

Massouda me serrait dans ses bras et pleurait avec moi. Ma mère, imperturbable, nous fixait toutes les deux. Entre deux sanglots, je vis son visage et il me fit peur. Il y avait en elle une résolution inébranlable, un regard qui avait traversé les doutes, qui avait renvoyé les larmes, et comme une espèce de démence qui gisait là, au fond, et qui allait surgir des yeux globuleux, nous engloutir toutes les deux. Et j'arrêtais soudain de pleurer, ébranlée par la vérité qui brusquement m'apparut : ma mère était prête à tout, au suicide, au meurtre, à tout si sa volonté ne s'accomplissait pas. Ma mère était devenue folle.



mots-clés : #conditionfeminine #minoriteethnique #traditions
par Armor
le Ven 16 Déc - 0:44
 
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Sujet: Beyrouk
Réponses: 1
Vues: 871

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