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167 résultats trouvés pour Creationartistique

Bahiyyih Nakhjavani

La femme qui lisait trop


Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 7 La-femme-qui-lisa...-121-198-41929bb

“Ce livre est dédié à la mémoire d’une femme qui vécut en Perse au XIXe siècle et qui, même si on l’a représentée sur une pierre tombale, n’eut jamais l’honneur d’une épitaphe. C’est un hommage à Tahirih Qurratu'l-Ayn, dont la vie, en avance sur son temps et les dernières années d’emprisonnement, de 1847 à 1852, ont inspiré cette histoire.” B.N.
Téhéran, deuxième moitié du XIXe siècle : la cour du shah fourmille d’intrigues de palais, de complots et autres tentatives d’assassinats plus ou moins abouties, sous l’ironique et cruel regard de la mère du souverain persan, qui en a vu bien d’autres dans sa déjà longue et très machiavélique existence et n’a nulle intention de se laisser déposséder de la moindre parcelle de son auguste pouvoir de tyrannique douairière…
Voici que cette fois, pourtant, ce très ancien royaume de Perse va se trouver ébranlé non tant par les menées factieuses des uns ou des autres (menées qu’observe, avec inquiétude, l’ambassadeur de Sa Royale Majesté la Reine d'Angleterre) mais par l’irruption, sur cette scène agitée, d’un protagoniste inattendu en la personne de Tahirih Qurratu'l-Ayn, poétesse fort lettrée dont, dans le royaume, les vers semblent agir sur quiconque en prend connaissance comme de puissants catalyseurs d’énergies subversives – or de l’adjectif “subversif” à celui d'“hérétique”, la distance se franchit aisément, à l’époque …
A travers la figure historique de la poétesse Tahiri à laquelle ses compatriotes et l’Histoire se montrèrent si peu soucieux de rendre justice, et qui osa, en femme libre et maîtresse du langage, affronter le clergé et les théologiens de son temps, Bahiyyih Nahkjavani met en scène les enjeux éternels et plus que jamais incandescents en nos temps contemporains, de la liberté d’expression dès lors qu’elle s’affronte aux interdits, religieux notamment.
En se dressant, avec bravoure, contre toute autorité et en questionnant, en érudite et en femme, les interprétations du monde qui lui étaient proposées, la poétesse de Qazvin éveilla en effet la même violence et les mêmes instincts fanatiques qui se peuvent observer aujourd’hui.


Il est difficile de parler de ce livre remarquable  après ce résumé, d’autant qu’après les mots de Nakhjavani les miens ne feront que pâle figure. Je vais tenter de résumer au mieux.
Un hommage à la poétesse Tahirih Qurratu'l-Ayn, première femme féministe de l’histoire de Perse  voulant généraliser l’alphabétisation  féminine à travers le portrait de 4 femmes :

-Le livre de la mère : Son Altesse royale Mahd-i-Oldya , mère du Shah Nasir-ed-Din  tenant les rênes de l’empire de Perse. On y lit toutes les intrigues politiques liées à la cour, assassinat, la peur et la haine que suscite la poétesse qui s’expose aux yeux du monde sans voile ,en femme libre ,  mais qui a conquis par son esprit et son aura de grandes cités , comme Bagdad et les montagnes d’Irak . Une rhétoricienne de talent s’élève contre les dogmes religieux et le pouvoir du royaume.

Le livre de l’épouse : épouse du maire de Téhéran, Mahmud Khan-i-Kalantar, chef suprême de la police qui écroue la poétesse entre ses murs, sa demeure étant la prison dans laquelle les hurlements dus aux tortures ne sont pas légendes. La captive étant considérée comme un djinn par cette épouse ne laisse pas le harem insensible  et démontre que toutes sont conscientes de leur vie dans laquelle elles jouent « le jeu »d’être une épouse assujettie. Pourtant il suffit de peu pour que ces femmes se rallient à la cause de «l’hérétique ».

Le livre de la sœur : sœur du shah et épouse du grand vizir Amir Kabir. Partisane de la poétesse. L’ordre chronologique des événements commence à voir le jour au travers de cette personnalité, en effet, Nakhjavani  opte pour la narration déstructurée, ce qui nous sollicite à se centraliser afin de ne pas se perdre dans les sinuosités des lignes, chaque chapitre correspond à une pièce de puzzle à assembler au récit. (ce qui m’a valu quelques retours en arrière)

Le livre de la fille : une partie concernant la poètesse Tahirih Qurratu'l-Ayn et sa fille.

« Nous définissons aujourd’hui le voile comme un emblème d’identité culturelle, de foi religieuse. Elle n’y voyait que préjugés, littéralisme et uniformité. Nous en avons fait un symbole politique, un argument dans la négociation de la liberté d’expression, un symbole politique. Elle le rejetait précisément parce qu’il représentait l’oppression. Si l’Islam contemporain est déchiré par l’écart grandissant entre modérés et extrémistes, par le conflit entre chiites et sunnites, et si l’anarchie au Moyen Orient et la montée partout dans le monde du fondamentalisme et de la terreur qui en sont les conséquences ont commencé à menacer la texture même de nos démocraties, il peut être opportun pour le public occidental de redécouvrir l’histoire de cette Perse du XIXème siècle » B.N


Au-delà d’un hommage, Bahhiyih Nakhjavani soulève le voile et nous mène au travers de ses yeux  dans ce royaume ou l’anderoun ne ressemble pas au conte des mille et une nuits, Téhéran n’exalte pas ses  effluves d’épices et de fleurs, mais  la puanteur des famines et des maladies, les jardins paradisiaques sont les lieux de tortures et le vin coulant à flots n’est autre que le sang du peuple.
C’est un voyage au cœur de la Perse, sous une identité dévoilée au travers d’un joyau qui n’est pas des moindres, la liberté d’expression parée de superbes allégories, que Bahhiyih Nakhjavani  signe ce bijou littéraire mettant en avant la condition féminine, la religion et les enjeux politiques.
Un chef d'oeuvre.


texte de Tahirih Qurratu'l-Ayn :

Je suis la rivière de vin rouge
Dans la bouche de la vie et de la mort.
Le dit écarlate de mes paroles
Passe goutte à goutte dans ton souffle.
                           
Je suis la rivière jaune
Qui nourrit et sustente la jeune intelligence
Mes pages safran offrent l’espoir à l’espèce humaine.

Je suis la rivière des mots verts comme le miel, pleins de vie.
Je tiens dans mes bras qui m’inspire et me fait confiance,
Les saisons et leur combat.

Je suis la rivière d’eau blanche
Par laquelle le cœur est lavé de la rouille.
Mes paroles d’unité ont soif de boire la poussière.


mots-clé : #creationartistique #conditionfeminine #historique
par Ouliposuccion
le Dim 29 Jan - 11:48
 
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Sujet: Bahiyyih Nakhjavani
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Metin Arditi

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 7 97827417

Le Turquetto

Si d'aventure une personne vous parlait de ce livre, de son héros à la vie improbable, de la foule bigarrée du bazar de Constantinople, avec ses mendiants hauts en couleurs, ses fabricants d'encre et de babouches, ses marchands d'esclaves, si cette personne vous racontait Venise, son foisonnement artistique et ses intrigues, si enfin elle évoquait les trois grandes religions monothéistes, alors, vous auriez l'impression que l'on vous parle d'un pavé de 800 pages. Et quelle ne serait pas votre surprise, en ouvrant le Turquetto, de découvrir un livre d'à peine 280 pages, et encore, très aérées.

C'est que nous avons là affaire à un écrivain maîtrisant merveilleusement son art, et qui vous pose un décor comme personne. Quelques détails, disséminés au fil des phrases, et c'est le lecteur qui se construit tout un monde.
L'auteur mélange à merveille imaginaire et grande Histoire, cette Histoire qui ballotte les êtres, et notamment ce pauvre Elie, né juif à une époque où il ne faisait guère bon l'être, et où les trois religions du livre se regardaient en chiens de faïence.

Un personnage un peu éthéré, ce Turquetto, qui connaîtra le rejet, la déchéance sociale comme la gloire et les honneurs, mais traversera tout cela sans guère y attacher d'importance, en homme aussi libre que possible des entraves infligées par la société et ses codes imbéciles. Une seule obsession le guidera toute sa vie, et lui sera aussi nécessaire que de respirer : le dessin.
Peut lui chaut d'être juif, chrétien ou musulman ( ou du moins, voudra-t'il le croire...) Pour lui, seule compte la magie du trait, sa célébration de la piété, sa faculté à révéler la vérité des êtres.

J'ai vécu ce livre comme une succession d'émotions, subtiles et contrastées. La construction de l'ouvrage rappelle un peu une pièce de théâtre, avec ses trois actes divisés en courtes scénettes.
Il faut avouer une chose : on ne s'attache pas vraiment au personnage principal, ce Turquetto omniprésent, passionné, tourmenté, et pourtant insaisissable. Paradoxalement, les personnages secondaires ont parfois plus de corps que le Turquetto lui-même. Certains sont particulièrement marquants, comme le calligraphe amoureux de son art, la vieille et sensuelle "éducatrice" de futures concubines, ou encore l'homme d'église migraineux et désabusé.
Avec une vraie économie de mots, Metin Arditi nous livre l'intimité de tous ces êtres, en de courts chapitres qui, chaque fois, suscitent l'émotion, la réflexion devant la richesse des thèmes abordés, et l'admiration du lecteur devant son art consommé de la chute.


PS : Ne lisez pas la quatrième de couverture, elle en dit bien trop.

(ancien commentaire remanié)


mots-clés : #creationartistique #historique #renaissance #romanchoral
par Armor
le Sam 28 Jan - 14:39
 
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Sujet: Metin Arditi
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Léonid Guirchovitch

Schubert à Kiev

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 7 Tylych10

Schubert à Kiev aborde un thème qui, dans les lettres russes contemporaines, est toujours frappé de tabou : la collaboration avec l’occupant nazi d’une partie de la population soviétique.
L’action débute au printemps 1942. Les espoirs que les nationalistes ukrainiens avaient placés dans le Reich ont fait long feu. L’éphémère indépendance de leur pays a laissé place à un régime de terreur. Tous les Juifs de la ville ont été massacrés à Babi Yar, à l’exception de ceux qui se cachent ou qui ignorent leur origine. Valentina Maleïeva, pianiste de l’opéra, qui élève seule sa fille Pania, fait l’objet d’un chantage de la part du metteur en scène : ayant découvert l’identité « mortellement dangereuse » du père de la jeune fille, une beauté de dix-huit ans, il tente de contraindre la mère à une liaison à trois.
C’est l’opéra – la musique – qui constitue l’épicentre de l’action romanesque, et apparaît comme le révélateur d’une époque et d’un tournant historique. En effet, les destinées humaines, particulièrement poignantes dans ce texte, ne sont pas l’unique enjeu du livre : il s’agit aussi de mettre en lumière l’écroulement de la culture romantique dont le nazisme représente la dernière étape et Schubert le symptôme par excellence.


Lire Schubert à Kiev , c’est pénétrer dans un univers de musique classique et d’opéra , et c’est bien sous les airs de Schubert , Beethoven et tant d’autres  que l’auteur évoque la fin du romantisme sous le nazisme au travers de personnages collaborant avec les Allemands.
La toile de fond est un opéra, autour duquel un metteur en scène fait preuve de persécution à l’égard d’une pianiste après avoir découvert ses origines juives , ou les idéologies, parfois pas très claires et à double tranchant des personnages présents  sont évoquées.
Ce livre est un trésor pour les férus de classique, en effet, Guirchovitch  construit  la trame de son roman autour de lieds, de références aux textes d’opéras, ou d’événements liés à ce monde. D’autre part, la littérature russe et allemande n’est pas en berne non plus. Heureusement, beaucoup d’annotations en bas de pages sont nécessaires afin de comprendre où l’auteur veut en venir…
Je dirais que c’est une lecture assez éprouvante pour les lecteurs qui ne sont pas connaisseurs d’opéras d’autant qu’il faut également avoir un minimum de bagages en allemand, puisque certains passages ne sont pas traduits .De plus, mieux vaut être à la page concernant le conflit russe/allemand de 1942 ainsi que la collaboration ukrainienne.    
 
Alors faut-il pour autant s’y atteler ?

ce livre m’a légèrement ennuyée, du fait de la rhétorique  très spéciale et déclamatoire de l’auteur en plus de sa complexité , cela dit ce qui est ardu à mes yeux pourrait se révéler comme une lecture impérative pour d’autres en vue de la singularité du style Guirchovitch et de son érudition. Certes, certains auteurs abordent ce sujet de manière plus accessible sans transformer leur lectorat en nomade recherchant la lumière qui pourrait les éclairer mais ne serait-ce pas un atout pour Guirchovitch de se distinguer dans ce genre de littérature propre aux auteurs russes ?

Un livre qui sûrement mérite lecture , dérangeant , et ayant fait grincer des dents une Ukraine et une Russie qui font encore de ce sujet un tabou.


mots-clés : #creationartistique #deuxiemeguerre #antisémitisme
par Ouliposuccion
le Dim 22 Jan - 10:16
 
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Sujet: Léonid Guirchovitch
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Michèle Desbordes

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LA ROBE BLEUE


Une femme est assise sur une chaise devant "l'asile de fous" de Mondevergues à Monfavet (Vaucluse). Elle attend la visite de son frère. On est au début du 2Oe siècle et la femme pourrait etre Camille Claudel, attendant son frère Paul.
C'est ains que la voit en tout cas Michèle Desbordes...

Les années passent, toutes semblables, les visites de Paul à Camille se raréfient, et bientot Camille attendra seule la mort après 3O années d'internement forcé.
Elle vieillit seule et cesse alors d'écrire à sa famille et de demander qu'on la sorte de cet asile. Paul n'assistera pas aux obsèques de sa soeur...

Ce livre n'est pas une biographie. Les faits sont rares et Michèle Desbordes les a utilisés pour écrire une méditation poétique faite
d'admiration, de respect et d'émotion.

Ce qu'on peut dire pourtant, c'est que cette vie de femme et d'artiste fut un gachis et une somme de douleurs insensées.
Au début, il y a eu les blessures familiales. Mais aussi le frère cadet, Paul, avec qui elle fut très liée, et qui resta jusqu'au bout le seul etre sur qui elle compta. Et à mon avis, il ne fut pas toujours à la hauteur. Je n'aime pas ce personnage d'auteur de théatre et de diplomate, converti au catholicisme...

Pour revenir à Camille, il y eut aussi cette passion folle pour la sculpture, qui semble lui avoir rendu en partie l'attention qu'elle lui consacra.
Mais aussi la blessure de la rupture avec le sculpteur Rodin, à la mesure de l'amour partagé qu'ils vécurent pendant dix ans...
Elle ne s'en remit jamais...

Camille Claudel fut une grande artiste et c'est ce que chacun peut encore constater dans les vestiges de ce qu'elle n'a pas détruit ...

Paul Claudel écrivait d'elle jeune fille :

"Un front superbe surplombant des yeux magnifiques de ce rare bleu foncé, si rare à se rencontrer ailleurs que dans les romans."

Message récupéré

Celui-là devrait vous plaire aussi.



mots-clés : #creationartistique
par bix_229
le Mer 18 Jan - 20:10
 
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Sujet: Michèle Desbordes
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Michèle Desbordes

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La Demande


Un beau roman, triste, fatigué, usé comme le sont les deux protagonistes principaux : un vieil homme arrivant d'Italie où il fut peintre, architecte, dessinateur et dont on devine facilement l'identité (Leonard de Vinci) et sa servante, femme obscure, dont la présence va lentement envahir le quotidien du maître.

La relation qui se noue entre les deux personnages est faite essentiellement de silence et de petites attentions de l'un à l'autre, une paire de bottes offertes, un verre de vin clairet préparé spécialement. Ces petites choses qui créent les véritables liens, l'attachement. Et c'est de cet échange ténu dont Michèle Desbordes nous fait le récit, narration d'une grande finesse, attentive aux détails, à la légèreté des approches, à la profondeur des regards et à cette étrange, étonnante intimité qui s'instaure entre la femme du peuple, montée du fleuve vers le manoir et le maître.

A travers un récit d'une dangereuse douceur, Michèle Desbordes effeuille les thèmes de la création, de l'originalité dans un monde où les artistes répondent essentiellement à des commandes et ne créent jamais (ou presque) librement et c''est à se demander qui des deux est le plus libre, de la servante ou du savant. A ce demander aussi ce qu'il restera des œuvres du maître dont les fresques s'épuisent, les couleurs fuient, le salpêtre efface, tout comme les repas sont mangés, les sols salis, les vêtements ravaudés.

Sont également abordés les thèmes de la verticalité, ce qui tient l'homme dressé malgré les fatigues (châteaux à bâtir, murs à construire, falaises à observer) et la longévité (ce lien horizontal qui se retrouve dans le dessin des arches, le passage d'un pont, l'écoulement du fleuve). Les deux personnages sont sujets aux mêmes attirances et au même désarroi. Désarroi face à la vieillesse qui étreint l'un et l'autre, face à la fatigue, à la nécessité de chaque jour se lever et faire son œuvre. On trouvera alors de belles pages sur la passivité des soirées au coin du feu et les activités journalières (dessins pour l'un et pour l'autre soins ménagers). On lira avec plaisir les lignes concernant une nature à la fois douce et sauvage, chaude d'été et froide d'hiver, invitant au voyage ou à la réclusion et puis on s'arrêtera longtemps sur la description de ce couple improbable, tendre, silencieux, s'unissant d'un regard, le vieil homme retrouvant dans les jupes de la femme les anciennes futaines de sa mère, la femme découvrant dans les dessins du maître un monde inexploré, respectable et dangereux, obscur et fascinant.

Un livre d'une force gracile à peine exprimée, dite dans une langue à la scansion chantante, au bord de la suffocation, emplie d'une tristesse douce, attentive à l'autre, l'autre, le différent et l'ultime.


Il la regardait, oubliait les carnets, sans même la regarder notait les gestes, les mouvements, quand il regagnait sa chambre il se souvenait d'elle qui bougeait près de lui hâtive et silencieuse dans le bruit sourd des étoffes, à la regarder dans ses robes de toile grise aller et venir autour de lui, faire sans même y penser les gestes de tous les jours, attendre calmement et sans cesser de travailler la mort qui venait, il se demandait si quelque chose d'autre avait encore de l'importance.



mots-clés : #creationartistique
par shanidar
le Mer 18 Jan - 12:53
 
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Sujet: Michèle Desbordes
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Cees Nooteboom

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 7 Nooteb11

HOTEL NOMADE

« Pour moi la seule force qui nous permet d’endurer notre condition sur terre entre nos deux absences infinies, c’est le pouvoir de l’imagination. »

Cees Nooteboom est un écrivain voyageur. L'un ne va pas sans l'autre.
Il voyage en pensant à ce qu'Il écrira à  son retour. Il écrit en imaginant son prochain voyage. Sur le terrain ou en chambre close.
En fait, il ne cesse jamais d' imaginer, de penser, d'écrire et de voyager.

Voyageur il emmagasine ses souvenirs, ses impressions, accordant toute son attention aux détails et aux symboles.
Ici et là, il rencontre des hommes animés par la passion d'une vie.
Il trouve ou retrouve des églises, des temples, des musées, des hotels, des iles et il compose après coup des textes maginfiques à l'allure de mosaïque.
Et ses récits sont le fruit d'une réflexion etonnante, poétique et  toujours très personnelle.
Il réinvente la réalité pour son plaisir et pour le notre.


"Celui qui voyage constamment est toujours ailleurs, c'est vrai pour lui-même toujours absent, et c'est vrai pour tous les
autres, ses amis , car s'il est vrai que pour soi-même, on est toujours ailleurs, et  qu'il y a donc  toujours un endroit où l'on n'est pas, il y en a toujours un aussi où l'on est constamment, à savoir avec soi-même.

Et si primaire que soit cette vérité, on met bien du temps à la comprendre vraiment."


mots-clés : #creationartistique #voyage
par bix_229
le Lun 16 Jan - 19:53
 
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Sujet: Cees Nooteboom
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NAKAJIMA Atsushi

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Portrait de Stevenson par Fanny Osbourne (sa femme), 1876

La mort de Tusitala

Mélange des genres et brouillage des pistes par l'auteur qui joue une petite partie en biographie documentée et l'essentiel en journal de Stevenson aux Samoa, partie documentée elle aussi. Stevenson à travers Nakajima Atsushi, ou l'inverse, partage avec nous son amour pour ces îles du bout du monde et leurs habitants.

Son implication dans les affaires des occidentaux qui se partagent et sa volonté d'aider ces gens pas vraiment à se libérer mais à gérer au mieux l'inévitable cohabitation implique un regard critique sur les affaires du monde d'alors que peut-être l'auteur (japonais) retrouvais dans le sien à l'aube des années 40.

Mais Stevenson c'est aussi l'écriture, comme métier et comme vocation ainsi qu'une réflexion sur la création entre le métier, l'inné et une quête de liberté dans l'imaginaire que cela plaise ou non aux critiques et soit conforme ou non aux modes littéraires du moment.

Immanquablement j'ai repensé au journal commun de RL Stevenson et F. Osbourne (publié chez Phoebus : Notre aventure aux Samoa) et c'est parfois à s'y méprendre. Et c'est de sentir cette vie avec l'île et les Samoans que j'ai aimé retrouver.

Par contre j'ai été moins séduit par la réflexion artistique, et morbide (mais le parallèle entre les conditions de malades des deux auteurs ne se discute pas), il y a des morceaux intéressants, et documentés, mais ça fait plus bricolé et puis la ligne directrice du narcissisme créatif s'épuise et je ne suis pas sûr que ce soit hyper original ce qu'on trouve dans ces passages.

En tout cas une lecture étonnamment homogène pour un si drôle d'objet qui l'air de rien pose des ponts temporels et culturels pas si évidents tout en réservant un sentiment de forte intimité.

Récup' de message sans scrupules.


mots-clés : #biographie #creationartistique #minoriteethnique
par animal
le Lun 9 Jan - 21:14
 
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Sujet: NAKAJIMA Atsushi
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Antonio Muñoz Molina

Comme l'ombre qui s'en va

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Munoz Molina s'est immergé pendant des mois dans la biographie de James Earl Ray, l'assassin de Martin Luther King. A sa façon qu' il a d'écrire: au point de rêver qu'il est cet homme, de ne penser qu'à ça, de ne vivre que pour ça, voyager pour cela. Il en ressort un livre-promenade , plein de charme, de digressions, de surplace, de déambulations urbaines et intérieures.

On découvre une   biographie atypique de cet anti-héros,  décrit dans de perpétuels allers et retours temporels, avec une  accumulation de détails et  précisions "sans intérêt", minute après minute, qui finissent par dresser un portrait assez exhaustif de l'homme dans son intimité, portrait dont il faut accepter qu'il se refuse à répondre aux "pourquoi" au profit des "comment".

Ce portrait s’interpénètre avec tout un pan autobiographique, centré sur Lisbonne, ville que l'auteur et son personnage ont en commun. Lisbonne, James Earl Ray y a passé trois semaine à se cacher, alors que plus de trois mille agents du FBI avaient perdu sa piste, à harceler les ambassades dans l'espoir d' émigrer dans une ex-colonie portugaise, à traîner les rues, les bars, les bordels, à  lire compulsivement les journaux,  saoul et solitaire dans sa chambre d'hôtel. Le jeune Munoz Molina,  la parcoure en tous sens pendant 3 jours pour écrire son 2e roman, fuyant son ordinaire sans horizon, glanant les lieux, les situations, les personnages, les impulsions au fil des  places, venelles bars, peep show… construisant ainsi dans l'exaltation les bases du roman qui a fait de lui un écrivain. Il y est aussi retourné, plus tard, pour, au contraire,  ancrer son dernier roman dans le réel et écrire cette sublime déclaration d'amour à la vile qui a accueilli ses flâneries.

Mais c'est aussi le livre d'un écrivain mûr qui se retourne sur  la création littéraire. L'écriture d'un roman est "le métier le plus austère et le moins coûteux du monde : il suffit d'avoir un papier et un crayon." ironise-t-il. Le livre s'enrichit de la vie et la vie s'enrichit de la fiction. Munoz Molina se montre écrivain à l’œuvre, alternativement compulsif, besogneux ou jouissif ,  créateur  
généreux de cette étonnante biographie à deux têtes et un lieu.


mots-clés : #biographie #creationartistique
par topocl
le Dim 8 Jan - 21:48
 
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Sujet: Antonio Muñoz Molina
Réponses: 12
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Didier Daeninckx

Tes désirs sont des ordres ! (En fait, j'étais en train de le faire)

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 7 Daenin10

"Caché dans la maison des fous"

Impossible de résumer le début d'un synopsis d'un roman-chroniques. Denise GLASER, juive et résistante, suivie plus tard par Paul ELUARD et son épouse Nusch viennent trouver refuge, en 1943, dans l'asile de Saint-Alban-sur-Limagnole (Lozère). Cet établissement est dirigé par Lucien BONNAFÉ, assisté de François TOSQUELLES, réfugié politique espagnol suite au putsch franquiste. Tous deux résistants, ils joueront aussi un rôle essentiel dans l'évolution des techniques thérapeutiques de cet hôpital.

A partir de là, sur 103 pages, Daeninckx évoque à merveille, en vrac et sans lourdeur didactique : l' "extermination douce" des aliénés sous le régime de Vichy, les différentes formes de résistance au quotidien, l'histoire (via l'asile de Saint-Alban) et l'évolution des méthodes thérapeutiques dans les hôpitaux psychiatriques, le putsch franquiste et l'internement en France des réfugiés républicains, le surréalisme, la reconnaissance de l'art brut par le milieu artistique...

Vous trouverez peut-être d'autres thèmes effleurés par Daeninckx selon vos propres affinités avec certains sujets ? A lire sans modération !

J'avais retenu une dizaine d'extraits, mais je vais me limiter...

Sur des feuillets, tombés d'un bouquin, que Denise lit...
Spoiler:


Sur la technique de la fabrication des veufs...
Spoiler:


François Tosquelles, réfugié espagnol ayant combattu contre le putsch franquiste, républicain, marxiste et libertaire, très en verve...
Spoiler:


Et enfin, une que j'adore (même si dans le livre, elle est sans grande importance, elle prend un tout autre sens pour moi)  :
Spoiler:


Message récupéré


mots-clés : #creationartistique #deuxiemeguerre #pathologie
par Exini
le Dim 8 Jan - 19:15
 
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Sujet: Didier Daeninckx
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Thierry Jonquet

La bête et la belle

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On se dit au début que c’est un petit roman noir, assez drôle, qui ne craint pas la caricature (mais c'est un conte, n'est-ce pas) et qui ne se fatigue pas à creuser ses personnages, ni à  tirer pas autant profit qu'on l'aurait voulu de sa situation dans une banlieue ouvrière. On apprend finalement que c'est une double supercherie, dans laquelle j'ai totalement marché, et que j'ai donc trouvée habilement menée. C'est donc sur la fin assez malin et cocasse, les défauts-même s'expliquent plus ou moins, mais j'ai trouvé le chemin un peu long avant de le découvrir.

(commentaire récupéré, c’est drôle, parce qu'à distance l'impression qui me reste est bien meilleure)
mots-clés : #creationartistique #polar
par topocl
le Ven 6 Jan - 9:48
 
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Sujet: Thierry Jonquet
Réponses: 5
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Dany Laferrière

Journal d'un écrivain en pyjama

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 7 Image210

Dany Laferrière, écrivain émigré, que     le succès de son premier livre a sorti de la misère et de l'usine en quelques semaines, tend une main amicale à toute personne qui aime les livres, lecteur ou écrivain. En 182 brèves entrées,  il collige des réflexions, anecdotes, analyses, sur un ton jovial et ludique. Il parle de lui, de son expérience, d'écrivains amateurs ou professionnels, de lectures anciennes ou marquantes. Il étudie le rapport de l'écrivain à la lecture, à la réalité et à la fiction, à la page blanche ou déjà remplie, de la souffrance et de la jouissance d'écrire. Et lui, l'écrivain en pyjama, est du coté de la jouissance, c’est un homme qui ne se prend pas au sérieux et cueille d'abord les plaisirs de la vie, un homme léger, cela se sent.

C'est tout à fait sympathique, plein d'humour, de bonnes formules et de jolies pensées. Cela s'essouffle peut-être un peu au dernier tiers, devient un peu répétitif, mais c'est un réel plaisir de lecture.
Ca donne envie d'aller voir du côté de ses romans.



mots-clés : #journal #creationartistique
par topocl
le Mer 4 Jan - 13:00
 
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Sujet: Dany Laferrière
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John Berger

Le hasard-ou plutôt un cadeau -ont fait que j’ai lu deux livres de John Berger en peu de temps.

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Le premier , au si joli titre: Et nos visages, mon cœur,fugaces comme des photos est une sorte d’autoportrait à travers des thèmes différents, des réflexions sur l’exil, l’art, l’amour ,le temps,l’histoire, la foi, l’écriture,en prose ou en vers ( les siens ou ceux d‘autres écrivains), mais c’est de toute façon un texte très poétique.

Nous sommes tous des raconteurs. Couchés sur le dos, nous levons les yeux vers le ciel étoilé. C’est là qu’ont commencé les histoires, sous l’égide de cette multitude d’astres, qui, la nuit, fauchent les certitudes, et, avec un peu de chance, vous les rendent le matin sous forme de foi.


   ..
Ce qui nous sépare des personnages sur lesquels nous écrivons n’est pas notre savoir, qu’il soit objectif ou subjectif,mais leur expérience du temps au sein de l’histoire que nous racontons.Ce fossé nous octroie, à nous autres raconteurs,le pouvoir de connaître le tout. Mais, par la même occasion, ce fossé nous rend impuissants: une fois le récit engagé, nous ne pouvons plus contrôler nos personnages. Nous sommes contraints de les suivre à travers et en travers de ce temps qu’ils éprouvent, et que nous dominons.
   Le temps et, par là,l’histoire, leur appartiennent. Mais le sens de l’histoire, ce pourquoi elle vaut la peine d’être narrée, ce qui nous inspire, c’est nous, les raconteurs, qui en possédons les aboutissants, car nous nous situons du côté de l’intemporel.
   C’est comme si ceux qui nous lisent ou nous écoutent voyaient tout à travers une loupe. Cette lentille- le secret de toute narration- nous l’ajustons, nous la mettons au point avec chaque nouvelle histoire.
   Si je dis que nous autres raconteurs, sommes les Secrétaires de la Mort, c’est que, l’espace de nos vies fugitives, pour chacune de nos histoires, nous avons à polir ces lentilles entre le sable du temporel et la pierre de l’intemporel.


Ceci n’est qu’un tout petit extrait, c’est en tout cas un texte constamment intéressant, et toujours très fouillé, comme s’il s’appliquait à la compréhension du lecteur grâce à d’autres données, j’aime beaucoup cela.

mots-clé : #creationartistique





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Le deuxième, que j’avais choisi pour aborder cet auteur, c’est Un métier idéal., Histoire d’un médecin de campagne. Une sorte de reportage sur un médecin anglais, John Sassall, et sa vie quotidienne professionnelle .Avec de magnifiques photographies de Jean Mohr. C’est un livre qui date de 1967.

Là aussi, le portrait est très fouillé. Et bien sûr, plus que les descriptions des activités purement médicales de ce médecin de campagne qui fait pratiquement tout lui-même, ce sont les réflexions d’ordre sociologique et philosophique sur la médecine à travers ce personnage , qui interpellent.
C’est un texte dont j’aurais aimé discuter , tant, bien sûr, il me parle.. Même si je ne suis pas forcément d’accord avec les conclusions qu’en tirent d’autres lecteurs . Il vaut mieux d’ailleurs que je dise tout de suite que John Berger signale-rapidement- dans une postface, que ce médecin s’est suicidé.

je reconsidère avec une tendresse accrue ce qu’il a entrepris de faire et ce qu’il a offert aux autres aussi longtemps qu’il a pu le supporter


Et ces lecteurs semblent penser que ce suicide était inévitable.. Je ne le crois pas , même si je crois effectivement que la pratique de la médecine ne peut que fragiliser , à être en permanence en contact avec sa propre finitude.
Mais il n’y a pas que cela, pour John Sassall . Il y a beaucoup plus dangereux..

Il est probablement plus que la majorité des médecins conscient de commettre des erreurs de diagnostic et de traitement. Non parce qu’il commet davantage d’erreurs, mais parce qu’il compte comme erreur ce que beaucoup de ses confrères- peut être à raison- qualifient de regrettables complications…
Néanmoins, le sentiment de ses insuffisances ne provient pas de cela- encore qu’il puisse parfois être provoqué par un sentiment d’échec exacerbé à propos d’un cas particulier. Le sentiment de ses insuffisances ne touche pas uniquement à sa profession.
Ses patients méritent-ils la vie qu’ils ont ou bien en méritent-ils une meilleure?



Alors là, évidemment…si on commence à se demander , de façon plus générale, si les malades "méritent" leur maladie , ou leurs difficultés de tous ordres, on est foutu.. Rien que le verbe "mériter" fait frissonner!

John Berger nous fait partager les conclusions lucides et réalistes que tire John Sassall d'années d'exercice:

Abandonnant son ancien moi, Sassall jette un regard réaliste sur le monde dans lequel nous vivons et son indifférence ordinaire. Il est dans la nature de ce monde que les vœux pieux et les nobles protestations s’interposent rarement entre le coup et la douleur . Pour la majorité de ceux qui souffrent, il n’y a pas d’appel. Les villages vietnamiens brûlaient avec leurs habitants alors que les neuf dixièmes de la planète condamnaient le crime. Ceux qui moisissent en prison à la suite de sentences inhumaines que les juristes du monde entier déclarent injustes continuent quand même de moisir. Presque tous ceux qui crient à l’injustice crient jusqu’à ce que toutes les victimes qui en souffrent aient disparu. Lorsque le coup est dirigé contre un homme , rien ou presque ne vient l’amortir. Il existe une frontière stricte entre la morale et l’usage de la force. Une fois que l’on a été poussé de l’autre côté de la frontière, la survie dépend du hasard. Tous ceux qui n’ont jamais été ainsi poussés sont ,par définition, des hommes qui ont eu de la chance et qui contesteront la réalité de l’indifférence ordinaire du monde. Tous ceux qui ont été contraints de franchir la frontière- même s’ils survivent et parviennent à la repasser- reconnaissent différentes fonctions, différentes substances, dans la plupart des matériaux de base- dans le métal, le bois, la terre, la pierre, de même que dans l’esprit et le corps humain. Ne devenez pas trop subtil. Le privilège lié à la subtilité, c’est de faire la distinction entre le chanceux et le malchanceux.



C'est tout à fait vrai, tout à fait malheureux, mais qu'y faire?
Ce sont là des réflexions d’un humaniste réaliste, est-ce que cela doit interférer dans la pratique d’un métier, qui relève quand même beaucoup  de l’artisanat..
Et d’autre part, que dire de cette tentation d’omnipotence que j’ai ressentie chez ce personnage au demeurant admirable, bien sûr.. Peut être qu’un peu plus d’humilité aurait atténué les conséquences personnelles décrites par John Berger?


En tout cas, si j’avais à décider des réformes des études médicales, ce livre serait , avec quelques autres, une lecture obligatoire tant il renferme de sujets sur lesquels il est préférable de réfléchir avant de se lancer dans la pratique de cette profession.
Une étude assez magistrale de la grandeur- et des dangers- d'un métier.

récup


mots-clés : #documentaire
par Marie
le Mar 3 Jan - 1:15
 
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Sujet: John Berger
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Antonin Artaud

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VAN GOGH LE SUICIDE DE LA SOCIETE

Van Gogh est le livre que je préfère d' Artaud. Artaud s'est en partie identifié à Van Gogh, et c'est ainsi qu'on a un portrait sensible sinon ressemblant de Van Gogh et un autoportrait d' Artaud lui-meme en suicidé de la société...

Personnellement, j'aimais Van Gogh avant d'avoir lu Artaud, mais la lecture d'Artaud m'a fait connaître un Van Gogh que personne d'autre n'aurait pu me montrer.
Question d'empathie comme on dit. Artistes tous les deux, mais bien au delà de la fêlure. Artaud dans sa vie malheureuse ne connut pas beaucoup de moments heureux. Et il était beaucoup trop souffrant et hérissé pour avoir beaucoup d'amis.
Alors je pense qu'il a trouvé une parenté réelle avec Van Gogh.

Message récupéré


mots-clés : #creationartistique
par bix_229
le Lun 2 Jan - 16:57
 
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Sujet: Antonin Artaud
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Jean-Marie Blas de Roblès

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 7 Liledu10

L'île du point Némo

Quel curieux objet littéraire que ce livre ! Comment dire… L'imagination est poussée à un degré tel que s'en est complètement barré. Je pense qu'il y a quelques années j'aurais pu détester : trop étrange, parfois outrancier, parfois grivois, vraiment trop, trop dans tous les domaines ! Et pourtant, j'ai apprécié cette lecture.

Alors pourquoi ?

Tout simplement, je pense, parce que ce livre est vraiment, nul ne pourrait le nier, l'œuvre d'un érudit. Mais là où l'érudition pouvait être quelque peu ostentatoire dans le génial Là où les tigres sont chez eux, elle n'est ici qu'au service de la fantaisie la plus totale.  
Le propos de départ, la quête éperdue d'un diamant volé, n'est que le prétexte à une course échevelée, à la fois pastiche et hommage des œuvres de Jules Verne et de Conan Doyle _ entre autres_ que l'auteur connaît visiblement sur le bout des doigts. Il les connaît si bien, ces grands écrivains du XIXème, que le lecteur se laisse entraîner dans un jeu de piste littéraire, se prenant à chercher les multiples clins d'œil, à rire des anachronismes savamment distillés pour mieux le perdre, et si souvent, à rester ébaubi devant l'imagination toujours plus débridée d'un auteur qui ne s'interdit décidément rien.
Si le récit principal reste de facture somme toute assez proche des auteurs dont il se fait l'élève malicieux, les intermèdes qui parsèment le livre, quand à eux, poussent l'imagination toujours plus loin, et m'ont parfois laissée tout estourbie… oui, réellement bouche bée devant les trouvailles toujours plus ahurissantes de ce diable d'auteur. Et qu'importe si le lien entre la trame principale et les récits secondaires n'a aucun caractère d'évidence...

Avec cet ouvrage plus que curieux, Jean-Marie Blas de Roblès réussit le tour de force de produire un roman qui respecte tous les codes des auteurs qu'il pastiche tout en étant résolument moderne. Son érudition, toujours aussi plaisante, ne perd jamais le lecteur mais au contraire l'incite à plus de curiosité, et le comble d'anecdotes savoureuses.
Et puis, dissimulées derrière la farce, pointent une gravité et une mélancolie qui poussent à la réflexion, notamment sur la place des livres et des auteurs dans un monde qui a tendance à oublier à quel point ils lui sont indispensables...

Ce roman foisonnant et si étrange est impossible à conseiller. Toujours puis-je vous dire que, sans avoir ressenti l'immense coup de coeur que fut pour moi la révélation Là où les tigres sont chez eux, j'ai passé un très bon moment. Souvent amusée, régulièrement ahurie, immanquablement admirative. Et parfois, aussi, allez je l'avoue, quelque peu agacée devant certaines facilités indignes de ce talent hors norme…
Je comprends qu'on adore, je comprendrais aisément qu'on déteste. Mais pour peu que l'on se laisse aller, cette lecture peut se révéler, oui, assez jouissive.

(Ancien commentaire remanié)


mots-clés : #aventure #creationartistique
par Armor
le Lun 2 Jan - 15:35
 
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Sujet: Jean-Marie Blas de Roblès
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Emmanuelle Pagano

En cheveux

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A l'occasion de l'ouverture du Musée des Confluences, celui-ci s'est allié aux éditions invenit pour lancer une collection de quatre petits livres, où, partant de quatre objets du musée, quatre auteurs écrivent un texte.

Emmanuelle Pagano parle d'un carré de soie - une soie un peu particulière, la soie de mer - dont la photo orne l'entrée du livre.

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 7 Index223

Comme avec une vieille photo, à partir d'un objet, on peut écrire une histoire, créer une ambiance, retrouver des personnages.

A partir de ce carré de soie qu'elle a donné à un musée, la narratrice se remémore sa tante Nella, enfant puis jeune femme fantasque, vieille femme étrange, toujours rebelle, rejetant les conventions et les compromis dans une famille italienne fasciste, Elle vit une relation complexe faite d'amour passion et de haine rejetante avec son frère beaucoup plus âgé qu'elle, fasciné et horrifié à la fois par  les choix de sa sœur.

Cela, donne une belle ambiance à ce récit écrit d'une plume poétique à la fois douce et intransigeante. Il révèle plus d’attachement au personnage qu'à l'objet de départ de l’œuvre, et j'ai regretté que cet aspect n'ait pas été plus creusé. On apprend des choses intéressantes sur la soie de mer, dont je ne connaissais pas l'existence, mais le lien avec l'histoire est finalement assez léger. Il n'en demeure pas moins que la tante Nella fascine avec ses promenades en forêt, ses récoltes et accumulations d'objets inutiles, qui sont autant de  clins d’œils aux cabinets de curiosité mis en avant dans le musée. On aurait sans doute aimé en savoir un peu plus sur elle.


(commentaire récupéré)


mots-clés : #creationartistique
par topocl
le Dim 1 Jan - 17:32
 
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Sujet: Emmanuelle Pagano
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Rabih Alameddine

Les vies de papier
Pris Femina étranger 2016

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 7 Captur42

Aaliya est une vieille femme. Seule dans la vieillesse comme elle fut seule dans la vie, elle qui fut répudiée à moins de 20 ans. Elle a toute sa vie tenu une librairie, et maintenant elle se réfugie dans son appartement-cafarnaum, rempli de livres jusqu'au plafond. Toujours seule, se défendant de ses trois voisines , les "trois sorcières", elle déambule dans une Beyrouth défigurée par les guerres enchaînées. Et elle traduit, ouvrage après ouvrage, pour elle, sans attendre un public, pour le seul plaisir des mots, des phrases et des idées.

Beau sujet que cette femme inutile qui a trouvé le sens de sa vie dans les livres et dans les mots. L'écriture est assez chaotique, de digressions en détours temporels, et on attend vraiment les dernières pages pour voir où nous emmène Rabih Alameddine. Il y a de beaux passages sur la littérature et ce qu’elle apporte aux hommes (et aux femmes), sur la traduction, et le sort des femmes libanaises : les mariage arrangés introduisant des années de soumission à l'homme. Le parti pris d'insérer des citations et allusions  à toutes sortes de livres affectionnés par Aaliyaally est parfois habile, parfois plus pachydermique, évoquant un devoir de baccalauréat qui cherche à briller par   sa culture. Cela donne un résultat assez mitigé, avec de bons moments et mais aussi pas mal de moments où l'on se laisse porter par une vague un peu incertaine.

mots-clés : #creationartistique #universdulivre
par topocl
le Ven 30 Déc - 20:27
 
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Sujet: Rabih Alameddine
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Laurence Cossé

la grande Arche

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Laurence Cossé nous raconte comme un roman puissant, l’aventure humaine et urbaine, architecturale et politique de la Grande Arche de la Défense. Elle traite ce sujet qui ne me tentait pas du tout avec une intelligence, une ampleur, un humour,  une vivacité qui tiennent en haleine de bout en bout. Excellent.

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 7 Indexg10


mots-clés : #creationartistique
par topocl
le Ven 30 Déc - 17:01
 
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Sujet: Laurence Cossé
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Valentine Goby

La fille surexposée

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l'éditeur, alma a écrit:  Dans la collection pabloïd se rencontrent des auteurs libres d'improviser dans le genre et le style qui leur convient, à condition de s'inspirer d'une remarque de Picasso. Dans la Tête d'Obsidiennes d'André Malraux l'auteur des Demoiselles d'Avignon et de Guernica affirme que les thèmes fondamentaux de l'art ont et seront toujours: la naissance, la grossesse; la souffrance, le meurtre, le couple, la révolte et peut être le baiser. Il les appelle emblèmes.



Valentine Goby a choisi  la révolte. C'est écrit au début du livre, je ne suis pas sûre que j'aurais identifié ce thème sans cela.

Le régime colonial marocain avait regroupé à Casa dans un quartier appelé le Bousbir, 600 prostituées, encadrées policièrement et médicalement pour offrir un bordel hygiénique et plus propre, plus « moral »... Des photos de ces prostituées ont servi de cartes postales et le peintre-photographe marocain Miloudi Nouiga, les a utilisées dans une lutte déterminée contre l'oubli de ces femmes.

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Valentine Goby rapporte ces faits  dans un court récit à plusieurs voix (Maurice, le jeune homme qui fréquente le bordel et achète une carte postale, l'envoie à un ami ; Isabelle,  la petite-fille de ce dernier qui découvre  la carte postale et rencontre le peintre ; Biski, l'une des prostituées ; et  Miloudi Nouiga lui-même). Cet artifice donne une certaine distance assez documentaire . On sent un peu l’œuvre de commande, l'écriture comme procédé pour rappeler  ces prostituées à la mémoire de tous. J'ai trouvé que la « cause » venait au détriment de la puissance romanesque. Il n'en demeure pas moins qu'on croise de beaux personnages, des interrogations édifiantes, racontées d'une prose riche et habile et qu'on s’intéresse à l'aspect historique.

Un livre instructif donc, où m' a manqué l'émotion qu’aurait dû déclencher le sort de ces femmes humiliées.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #colonisation #conditionfeminine #creationartistique
par topocl
le Jeu 29 Déc - 9:57
 
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Sujet: Valentine Goby
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Jérome Garcin

Bleus horizons

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 Pourquoi suis-je incapable de lire autre chose que ce à quoi tout, dans ma vie, me renvoie ?



Jérôme Garcin mène de front deux destins, celui de Jean de La Ville de Mirmont, jeune écrivain fauché dans sa 28e année au 2e mois de la Grande Guerre, et celui de son ami fictif Louis Gémon, qui a partagé les mêmes tranchées, mais, lui, a survécu, modestement blessé. Il voue désormais son existence à rendre hommage et justice au jeune homme qu'il croit avoir trahi en lui survivant. Louis bafoue ses propres rêves d’écriture, de voyage et de liberté pour récolter scrupuleusement la moindre information, rencontrer ceux qui l’ont côtoyé, rétablir sa mémoire, publier ses écrits. On  croise ainsi au fil du livre  de savoureux portraits de Gabriel Fauré, François Mauriac, Bernard Grasset… Et de passe-temps d'un homme qui se reconstruit, cette quête sans fin du souvenir devient l'enfermement d’un homme meurtri, "archéologue névrotique appliqué à dépoussiérer une statue de sable fin ou une momie qui se décomposerait au grand jour".

Tag creationartistique sur Des Choses à lire - Page 7 10386910

Il s'agit donc bien plus que de la biographie romancée  de Jean de La Ville de Mirmont. Jérôme Garcin, bien sûr, dénonce la guerre qui a coupé  en route son destin prometteur. Mais son propos ne se limite pas à cela. Peu à peu émerge le sens profond du livre, et le reposant, le lecteur s’interroge. Survivant, ce garçon « resté à quai » aurait-il dépassé le traumatisme des tranchées ? Son image n’a t’elle pas été sublimée par sa mort prématurée ? Aurait-il répondu aux attentes de ses amis et aux siennes propres, écrit les livres qu’ils attendaient, lâché les freins qui l’entravaient et l’empêchaient de concrétiser ses rêves d’aventure ?  N’aurait-il pas, finalement, eu une destinée aussi décevante et improductive que son ami ?

Et quoi de plus intéressant qu’un livre qui commence mine de rien et finit par interroger son lecteur ?


(commentaire récupéré)
mots-clés : #creationartistique #premiereguerre
par topocl
le Mer 28 Déc - 9:06
 
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Sujet: Jérome Garcin
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Molly Prentiss

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New York, esquisses nocturnes

Molly Prentiss évoque la fascination exercée par New York au tournant des années 80 pour des artistes en quête de reconnaissance, entre squats et salles d'exposition. De Warhol à Basquiat, les influences se multiplient pour libérer une créativité et un idéalisme, à l'écart des troubles d'une époque. Le roman croise le destin de protagonistes réunis par les circonstances, qui se rejoignent puis se déchirent dans une quête de sens et d'affirmation.

L'univers urbain révèle une dynamique romanesque potentiellement enthousiasmante, mais j'ai été relativement déçu par l'écriture et des choix narratifs. Molly Prentiss suit une trame ambitieuse sans parvenir à transmettre une effervescence, une fièvre passionnée. L'arrière-plan politique est trop souvent survolé alors que l'ombre de la dictature argentine sert de fil conducteur à l'intrigue, et les rebondissements affectifs apparaissent par contre surchargés.

mots-clé : #creationartistique
par Avadoro
le Mar 27 Déc - 19:54
 
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Sujet: Molly Prentiss
Réponses: 1
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