Des Choses à lire
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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Jeu 28 Mar - 22:20

149 résultats trouvés pour aventure

John Williams

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 515hxf10

Butcher's Crossing


Originale : Anglais (E-U), 1960

CONTENU :
C'est vers 1870 que Will Andrews quitte Harvard après trois ans d'études pour pouvoir suivre une idée : rechercher un contact plus originel avec la nature. Muni d'une adresse, il tombe à Butcher's Crossing sur une ville au carrefour de la chasse vers les derniers grands troupeaux de buffles. Il y va se joindre à un groupe d'hommes, guidé par un certain Miller, qui lui, parle d'une vallée cachée avec un troupeau pas encore découvert. L'excursion se prépare et les quatre hommes partent. Le voyage et ensuite l'arrivée dans cette vallée reculée, la chasse aux buffles et la (sur)vie des hommes vont être racontés : on deviendra insatiable...

REMARQUES :
Après l'incroyable « Stoner » de John Williams, je ne pouvais que continuer à explorer cet auteur. J'ai donc pris ce roman antérieur de plusieurs années à Stoner, écrit en 1960. Et à notre grand étonnement nous découvrons que ce roman se situe complètement ailleurs : dans la deuxième moitié du XIXème siècle, dans le cadre du Far Ouest, d'abord avec les clichés y associés : cow-boys, filles légères, salon, coiffeur, chevaux dans un village de croisement, de départ et de retour d'expéditions pour chasser les derniers grands troupeaux de buffles. Mais déjà faut-il de plus en plus loin pour des troupeaux de moins en moins grands.

Assez rapidement, et sur la recommandation d'une vague connaissance, Will Andrews contacte un aventurier qui parle de ce qu'il avait découvert des années auparavant : une vallée isolée, cachée, ignorée, avec un énorme troupeau de buffles. C'est vraiment rapidement que le projet prend forme, qu'on se munit du nécessaire et qu'on partira à quatre. Le voyage, inclus une période sans eau et une perte d'orientation, puis l'arrivée dans la vallée (comme une arrivée à la terre promise…) ouvre vers la partie centrale, qui se déroule alors dans cette vallée : chasse, campement, surpris par l'hiver… Se déroule alors dans ces grandes espaces une sorte de huis-clos entre quatre hommes de trempes différentes.


Disons en passant que ce cadre bien différent de Stoner peut convaincre plus d'un sur la maîtrise, la flexibilité de Williams dans son écriture… Ayant souligné alors cette diversité on pourrait explorer cette curiosité que l'auteur donne au protagoniste Andrews son nom de famille comme prénom : William/Will. Donc de là la vague idée d'une forme de souvenirs autobiographiques. Pas du Far Ouest, mais peut-être de la confrontation avec la violence que constituaient probablement pour lui sa participation à la guerre mondiale. Car il faut bien souligner que notre héros Will est peut-être pas mal intentionné, mais qu'il est certainement pas entièrement préparé : les durétés de l'expédition vont le changer à jamais, lui qui était arrivé à Butcher's Crossing comme un garçon innocent.

Donc, le lien avec la vie de l'auteur sont bien sûr juste des idées personnelles possibles, mais ce qui est sûr c'est que des expressions, des réalités très différentes (Stoner ; Butcher'sCrossing) peuvent rendre dans leur complémentarité une idée d'une personne.

Le lieu (« Croisement des bouchers ») me fait penser à un carrefour de décision de vie ce qui est probablement le cas pour Will.

On pourrait (âmes sensibles) retenir le massacre des buffles dans la deuxième partie du roman, mais cette chasse ne constitue qu'une partie du récit. Donc, la comparaison avec le roman légendaire de McCarthy « Méridien de sang ou le rougeoiment du soir dans l'Ouest » n'est pas justifié coté sang, massacre, violence inouie. S'il y a parenté, éventuellement par le fait que l'Ouest américain se créa sa propre fin ? Le massacre aux buffles, presque anéantis entièrement, sont un parabole nous invitant à la réflexion.

Un centre d'intérêt de ce roman serait certainement la vie en univers clos : quatre hommes, liés pour une période prolongée les uns aux autres. Presque un huis clos donc.

Un très bon roman qui n’atteint peut-être pas encore la qualité de Stoner mais laisse présager le meilleur ! Invitation à la lecture !

mots-clés : #aventure #initiatique #nature #violence
par tom léo
le Mar 26 Sep - 18:20
 
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Sujet: John Williams
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Miguel Bonnefoy

Sucre noir

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Image126

Nous sommes à la lisière de la forêt, dans un pays caribéen où, des siècles plus tôt, lors d'une tempête un peu folle, le bateau du pirate Henry Morgan, chargé d'or et de joyaux, s'est échoué sur la canopée. Pendant trois générations, les chasseurs de trésor vont se relayer,  toujours bredouilles, pendant que la propriété familiale des Otero prospère peu à peu, et que ce monde retiré, voué au sucre et au rhum, se transforme. D'autres trésors se révèlent : l'amour, la filiation, l’accomplissement par le travail...

Miguel Bonnefoy déroule un récit fantasque et bon enfant dont on ne sait trop s'il est un hommage aux chasseurs de trésors ou aux trésors eux-mêmes, ceux qui se dérobent et ceux qui se révèlent. Il manque à l'auteur un certain souffle pour que cela soit totalement poétique, généreux, luxuriant et que certaines scènes, qui auraient pu être  d'anthologie, déploient toute leur éclat. Cela reste une agréable lecture de divertissement, qui réjouit l'imagination.


mots-clés : #aventure #famille
par topocl
le Lun 25 Sep - 20:52
 
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Sujet: Miguel Bonnefoy
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Joseph Kessel

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Kessel10

Les cavaliers

quatrième de couverture a écrit:Kessel a situé en Afghanistan une des aventures les plus belles et les plus féroces qu'il nous ait contées.
Les personnages atteignent une dimension épique : Ouroz et sa longue marche au bout de l'enfer... Le grand Toursène fidèle à sa légende de tchopendoz toujours victorieux... Mokkhi, le bon sais, au destin inversé par la haine et la découverte de la femme... Zéré qui dans l'humiliation efface les souillures d'une misère qui date de l'origine des temps... Et puis l'inoubliable Guardi Guedj, le conteur centenaire à qui son peuple a donné le plus beau des noms : "Aïeul de tout le monde"... Enfin, Jehol "le Cheval Fou", dont la présence tutélaire et "humaine" plane sur cette chanson de geste...
Ils sont de chair les héros des Cavaliers, avec leurs sentiments abrupts et primitifs. Et pourtant le souffle de la fable et du mythe les anime et nourrit le roman.


C'est rassurant de constater en cherchant deux petites choses pour préparer ce message et en relisant la présentation de l'auteur que ce livre est considéré comme un chef d'œuvre. Dans le cas contraire il aurait fallu revoir beaucoup d'écrits à la baisse.

C'est une des lectures qui donnent toute la démesure de cet acte qu'est la lecture, toute la force imposée par une œuvre qui prend le pas sur nos émotions et notre réalité de l'instant, c'est un transport fulgurant et intense... et l'épopée, incroyable, étourdissante dans des paysages d'un grandiose magique ne serait pas grand chose, si elle se bornait au presque documentaire, à l'histoire racontée...

Le conte de Kessel rend honneur aux deux objets qui sont peut-être l'âme profonde du conte, l'amour de l'histoire et l'homme, la relation conflictuelle qu'il entretient avec lui-même. Peu d'histoires vous emporteront aussi loin ou vous laisseront frémissant et exténués dans l'attente de la suite, peu d'histoires aussi vous émerveillerons par ses richesses les plus grandes et les plus pauvres. Et peu de conteurs auront le talent et la sagesse de l'auteur pour vous parler des hommes de cette manière. Ouroz champion frustré de bouzkachi est blessé, il partira alors pour un long et périlleux voyage vers lui-même et vers son père. Son père, Toursène, ancien champion, apprend la vieillesse et fait un voyage immobile vers son fils.... d'autres cheminent jusqu'au plus ancien, l'Aïeul de tout le monde, Guardi Guedj, le conteur.

Kessel réussit à faire accepter, et ressentir, le tourment de ces hommes fières, il réussit à rendre attachant Ouroz, suprêmement orgueilleux et même mauvais... même son saïs (palfrenier) et ami, le grand et fort Mokkhi au cœur d'or, tournera mal... la grandeur du conte n'empêche pas d'aller loin dans la noirceur, lucide... c'est étonnamment vivant, émouvant, remuant, haletant. Se mêlent conditions et obligations sociales, fierté, conduite, envie et faiblesse... les choses ne sont pas sans raisons les bonnes comme les mauvaises et dans toute l'aura du conte, du déchirement entre le bien et le mal, les choses ne sont pas si claires et les conclusions rarement définitives. C'est d'une grande humanité, bien observée, et exposée avec une certaine réserve. On garde tout dans un dangereux équilibre, le réel et la tradition comme le progrès vers une humanité plus grande, c'est magnifique tout simplement, quelque soit l'âge du personnage observé.

Et de quelle manière la réalité se mêle de fantastique dans une juste intensité du récit...

Une incroyable découverte, un choc. Un beau roman sur les tourments de l'homme et sur le rapport père-fils. Les femmes sont présentes aussi, en retrait, beaucoup, reflet du pays, et Zéré la "petite nomade" n'a pas vraiment un très beau rôle... mais elles sont présentes dans leur fascination et aussi dans le rapport de l'homme à sa condition.

580 pages extraordinaires. une preuve supplémentaire que la beauté et la puissance ne sont pas contraires de la sensibilité et de la sagesse.

Je n'en dis pas assez sur le coeur et l'âme de la chose, je ne pourrai pas et ça ne servirai pas à grand chose. Pensez à votre orgueil, votre fierté... votre besoin de vous sentir vous mêmes, d'acceptation et à ces paysages hors du monde, de plateaux, de steppes et de montagnes... et lisez ce livre, même si il a l'air un peu épais et différent de lectures plus actuelles, c'est un Livre à lire.

(pied rapatrié).

mots-clés : #aventure #initiatique #sports #voyage
par animal
le Ven 18 Aoû - 17:33
 
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Sujet: Joseph Kessel
Réponses: 47
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Robert Louis Stevenson

Les trafiquants d'épaves
Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 On-the10
Stevenson (& LLoyd, & 3 membres d'équipage) sur le schooner "The Equator", date probable de la photo: juin 1889.
Date de première parution: 1892.
Titre original: The Wrecker.
Ce qui signifie littéralement le brise-tout, le brise-fer. Mais surtout nom élaboré d'après le mot anglais qui correspond à épave: wreck.
(NB: titre parfois mis au singulier, selon les traductions: "Le trafiquant d'épaves").





Dès la page de garde, une curiosité: "traduit de l'américain par Anne-Marie Hertz".
En fait, il est écrit au "je" et le personnage principal est Loudon Dodd, américain.
Mais surtout, il fait partie des deux ouvrages de Stevenson composés sur la fin de sa vie, malade, et écrits à quatre mains avec son beau-fils, Lloyd Osbourne (l'autre livre ainsi co-composé est Le creux de la vague).
Et Lloyd Osbourne, le fils de Fanny, est bien sûr américain.
Mais Stevenson se réservait toujours la dernière main sous ce qui devait être publié sous son nom.
Le cas est différent pour Un mort encombrant, que le duo fera paraître sous leur double signature.

Beaucoup de souffle, d'action, pas mal d'humour et, bien entendu, de l'aventure et du suspense comme vous vous y attendez certainement. Quelques réminiscences, ou emprunts à la vie de Stevenson lui-même.
Ainsi le père de Loudon doit quelques traits à Thomas, le père de Stevenson.
Les descriptions du Paris "bohème" et du Barbizon des peintres proviennent des visites que Stevenson fit à son cousin Bob, peintre installé à Paris dans l'atelier de Carolus-Durand.
La partie écossaise vient de sa jeunesse, quant à la Californie et l'Océan Pacifique, les a-t'il assez arpentés ?

Des pages de grande envergure, l'anticonformiste et talentueux Stevenson, pourtant vers la fin de sa vie, la quarantaine à peine passée, n'a rien perdu de sa patte.
J'ai une petite prédilection toute personnelle pour ses pages marines.

Les trafiquants fut écrit dans son domaine de Vailima, où il ne vit pas comme, ou tel un, chef de clan Samoan:
Il en est un.
Les indigènes l'ont surnommé Tusitala, celui-qui-raconte-les-histoires.
En 1893, un an après la sortie des trafiquants d'épaves, la guerre civile éclate aux Samoas et Robert-Louis s'apprête à aller libérer le chef des insurgés Samoans, Mataafa, exilé de force aux îles Marshall.
Mais une hémorragie cérébrale, tandis qu'il peaufinait cette expédition loyale et risquée, l'emporte en décembre 1894...

Allez, embarquement immédiat pour un extrait, voilà en tous cas un livre captivant pour renflouer votre envie de parcourir toujours un peu plus l'œuvre de Stevenson:

Prologue a écrit:
Un sourire et un regard d'intelligence passèrent de l'un à l'autre, et Loudon exprimait probablement le sentiment commun lorsqu'il déclara:
- A propos de bonnes affaires ! Je ne connais rien de tel qu'un schooner, un capitaine qui connaît son travail, et un bon récif sérieux.
- De bonnes affaires, cela n'existe pas, dit l'homme de Glasgow. Personne ne s'en tire, sauf les missionnaires, nom d'un chien !
- Je ne sais pas, fit un autre, l'opium ne marche pas si mal.
- Ce qui est assez bon, c'est de tomber sur une île à perles interdite, par exemple la quatrième année, remarqua un troisième, vous écumez toute la lagune en douce et vous filez avant que les Français n'aient eu vent de votre présence.
- Un pon betit vilon t'or, c'est pon aussi, observa un Allemand.
- Les épaves, ça paie bien, dit Havens. Voyez plutôt ce type d'Honolulu et ce bateau qui s'est échoué sur le récif de Waikiki; il soufflait un kona du diable; et le bateau a commencé à se briser dès qu'il a eu touché. Une heure ne s'était pas passée que l'agent de la Lloyd's l'avait déjà vendue, et avant qu'il fasse nuit et que le bateau ne se fût brisé en miettes pour de bon, le gars qui l'avait acheté avait fait sa pelote. S'il avait eu trois heures de clarté de plus, il aurait pu se retirer des affaires. Toujours est-il qu'il s'est fait construire une maison dans Beretania Street, et qu'il lui a donné le nom du bateau.
- Oui, les épaves, ça rend quelquefois, fit la voix de Glasgow, mais pas souvent.
- D'une façon générale, rien ne rend beaucoup, dit Havens.  
- Oui, je crois que c'est la vérité vraie, s'écria l'autre. Moi, je voudrais bien connaître un secret sur un type bien placé et qui ait de l'argent, pour le faire cracher.
- Je suppose que vous savez que cela n'est pas considéré comme une chose à faire, lança Havens.
Ca, alors, je m'en moque: moi ça me convient, cria l'homme de Glasgow avec force. Seulement, le diable c'est qu'un type ne peut pas découvrir de secret dans un patelin comme les mers du Sud; pour ça, il n'y a vraiment que Londres ou Paris.
- Mc Gibbon a dû lire un roman de quatre sous, dit l'un des membres du club.
[...]
La soudaine acrimonie de ses remarques tira Loudon de sa réserve.
- C'est assez curieux, mais je crois bien que j'ai exercé toutes ces professions.
- Affez-fous jamais drouvé un vilon ? s'enquit le peu éloquent Allemand, d'une voix émue.
- Non. J'ai fait l'idiot de bien des manières, répliqua Loudon, mais je n'ai jamais été de l'espèce "chercheur d'or". Tout le monde a son petit côté normal.
- Alors, suggéra un autre, avez-vous jamais fait la contrebande de l'opium ?
- Si, dit Loudon.
- Est-ce que ça paie ?
- Et comment ! répondit Loudon.
- Peut-être que vous avez aussi acheté une épave ?
- Oui, dit Loudon.
- Et ça valait le coup ? poursuivit l'interlocuteur.
- Eh bien, mon épave à moi était d'un genre un peu particulier, répliqua Loudon. Je ne sais si, dans l'ensemble, je peux recommander ce genre d'activité.
- Le bateau s'est brisé en mille morceaux ?
- C'est plutôt moi qui me suit senti brisé ! dit Loudon. Mon cerveau était trop petit pour une telle entreprise.
- Avez-vous jamais essayé le chantage ? demanda Havens.
- Aussi simple qu'un jeu d'enfant, répondit Loudon.
- Ca paie ?
- Eh bien, vous savez, je n'ai pas de chance, répliqua le nouveau venu. Cela aurait normalement dû me rapporter beaucoup.
- Vous aviez découvert un secret ?
- Un secret grand comme l'Etat du Texas.
- Et le type était riche ?
- Oh, il n'en avait pas autant que Jay Gould, mais à mon avis il aurait pu acheter ces îles s'il en avait eu envie.
- Eh bien alors, pourquoi est-ce que ça n'a pas marché ? Vous n'avez pas pu lui mettre le grappin dessus ?  
- Si, j'y ai mis le temps, mais je suis à la longue arrivé à le coincer, seulement, alors...
- Alors, la situation s'est complètement retournée. Je suis devenu l'ami intime du gars en question.
- Sans blague !
- Il n'était pas difficile, vous voulez dire ? demanda Dodd plaisamment. Mais non. C'était un homme aux idées larges.  




Renfloué quasi intact d'un message sur Parfum du 1er décembre 2013.





mots-clés : #aventure
par Aventin
le Ven 12 Mai - 18:11
 
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Arturo Pérez-Reverte

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Le-cim10

Le cimetière des bateaux sans nom

J'ai beaucoup aimé ce roman, de l'aventure, de l'amour, de l'histoire....très bien documenté, un héros romantique, Coy, marin en panne de bateau, amoureux d'une  belle femme blonde, Tanger, criblée de taches de rousseur, froide et calculatrice...qui partent à la recherche d'un brigantin englouti depuis deux siècles qui détiendrait un trésor caché...

Des rivaux dangereux sont sur le coup.....un suspens bien orchestré. affraid

Beaucoup de termes techniques bateau, évidemment les voileux seront ravis, ainsi que tous les amateurs de jazz, une des passions de l'auteur avec la navigation dont il parle si bien.

Si on n'aime pas les longues descriptions, les explications techniques, mieux vaut éviter mais ce serait dommage   Wink
(commentaire récupéré)

"Il existe ainsi, depuis des milliers d'années, depuis avant même que les barques aux flancs ronds ne se lancent sur Troie, des hommes qui ont des plis autour de la bouche et des coeurs pluvieux de novembre – de ceux que leur nature décide tôt ou tard à regarder avec intérêt le trou noir d'un canon de pistolet – pour qui la mer signifie une solution et qui devinent toujours quand vient l'heure d'embarquer".



mots-clés : #aventure
par simla
le Ven 12 Mai - 7:18
 
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Arturo Pérez-Reverte

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 41rwrb10

La reine du sud

Un roman tiré d'une histoire vraie, dont l'héroïne, Tereza Mendoza, "la Mexicaine",  est absolument  politiquement  incorrecte, puisqu'il s'agit d'une femme qui, après bien des péripéties, devient la Reine du Sud (de la Méditerranée) en transportant des quantités de drogue d'un continent à l'autre,  évidemment, elle se contente de jouer les passeurs et n'achète ni ne vend les stupéfiants, l'honneur est (presque) sauf  Wink


Teresa Mendoza, initialement,  n’est que la compagne d’un passeur de drogue le Guêro Davila, un as de l’aviation. Son destin bascule le jour ou celui-ci  est abattu, car il a trahi ses chefs. Une règle implacable veut que tous les proches du traître soient tués. Teresa est donc la future victime.

Un carnet laissé par Davila est sa seule chance de survie à condition qu’elle ne sache rien de son contenu. Teresa réussit à convaincre son parrain don Epifanio Vargas, mafioso reconverti dans la politique, de son ignorance et échange le carnet contre sa propre vie. Aidée par Vargas, elle s’enfuit en Espagne et échoue à Melilla, enclave espagnole au Maroc, et siège de tous les trafics.

À partir de là commence une autre vie, ou plutôt d’autres vies pour Teresa la fugitive. Elle parviendra donc à devenir une richissime femme d'affaires grâce à des rencontres, à son don en mathématiques (ça aide dans ce milieu) et surtout à sa propension à saisir la balle au bond.

Arturo Perez Reverde avec le talent qu'on lui connait parvient à nous émouvoir, à nous rendre sympathique cette femme énigmatique, courageuse, intelligente  (il faut l'être pour survivre dans ce milieu surtout en étant une femme).

Le roman est construit sous la forme d'une enquête que mène l'auteur, rencontres avec des avocats, des policiers, des juges qui ont connu Tereza d'un côté, et la narration romancée de la vie de cette femme de l'autre...habilement fait comme toujours, un vrai roman d'aventures chez les mafieux en quelque sorte.  Shocked


Douze années s’étaient écoulées depuis cette après-midi ou Teresa Mendoza s’était mise à courir dans la ville de Culiacàn. Ce jour-là, début du long voyage aller-retour, le monde raisonnable qu’elle croyait avoir construit à l’ombre du Guero Dàvila s’était écroulé autour d’elle - elle avait pu entendre le crépitement des morceaux qui s’éparpillaient-, et elle s’était vue soudain en danger et perdue. Elle avait laissé le téléphone pour parcourir l’appartement en tous sens, ouvrant les tiroirs à tâtons, aveuglée par la panique, cherchant un sac pour y fourrer quelques effets indispensables avant de s’enfuir. Elle voulait pleurer son homme, ou crier jusqu’à s’en arracher la gorge ; mais la terreur qui l’assaillait par vagues comme des volées de coups paralysait ses gestes et ses sentiments. C’était comme si elle avait mangé  un champignon de Huautla ou fumé de l’herbe très forte, douloureuse,qui l’avait mise dans un corps étranger au sien sur lequel elle n’avait aucun contrôle. Et c’est dans cet état qu’après avoir passé en hâte, maladroitement, un  jean, un chemisier, des souliers, elle avait descendu l’escalier en vacillant, encore mouillée sous ses vêtements, les cheveux humides, avec un petit sac de voyage contenant le peu de choses qu’elle avait réussi à y glisser, froissées et en vrac… Ils iront tout de suite à la maison, l’avait prévenue le Guero. Ils iront voir ce qu’ils peuvent y trouver. Et il vaut mieEt il vaut mieux qu’ils ne t’y trouvent  pas.
Elle s’arrêta dans la rue, indécise, précaution instinctive de la proie qui flaire la présence toute proche du chasseur et de ses chiens. Face à elle s’étendait la complexe topographie urbaine d’un territoire hostile. Colonie Las Quintas : larges avenues, maisons discrètes et confortables avec bougainvillées et belles voitures garées devant. Et voilà que soudain la pharmacienne d’en face, l’employé de l’épicerie ou elle avait fait ses achats au cours des deux dernières années… lui semblaient dangereux, à l’affût. Elle n’aurait plus d’amis, avait conclu le Guero avec ce rire indolent, que parfois elle adorait et d’autres détestait de toute son âme. Le jour où le téléphone sonnera et où tu te mettras à courir, tu seras seule, ma belle. Et je ne pourrai pas t’aider.


Aucun de ceux qui avaient connu Teresa Mendoza la Mexicaine, pas même elle, ne pouvait imaginer qu’elle deviendrait un jour La Reine du Sud, à la tête de la plus grande entreprise maritime de transport de stupéfiants de toute la Méditerranée. C’est l’histoire de son ascension que relate Pérez- Reverte avec l’efficacité et le talent qu’on lui connaît.

Teresa Mendoza, au départ n’est que la compagne d’un passeur de drogue le Guêro Davila, un as de l’aviation. Son destin bascule le jour ou celui-ci  est abattu, car il a trahi ses chefs. Une règle implacable veut que tous les proches du traître soient tués. Teresa est donc la future victime. Un carnet laissé par Davila est sa seule chance de survie à condition qu’elle ne sache rien de son contenu. Teresa réussit à convaincre son parrain don Epifanio Vargas, mafioso reconverti dans la politique, de son ignorance et échange le carnet contre sa propre vie. Aidée par Vargas, elle s’enfuit en Espagne et échoue à Melilla, enclave espagnole au Maroc, et siège de tous les trafics. À partir de là commence une autre vie, ou plutôt d’autres vies pour Teresa la fugitive.

Grâce  à son intelligence, son don pour les chiffres, sa capacité à saisir les opportunités que lui offrent des rencontres décisives, elle devient cette femme d’affaires richissime et secrète, surnommée la Reine du sud, qui à la fin, va retourner au Mexique solder une vieille vengeance.



mots-clés : #aventure #criminalite
par simla
le Jeu 11 Mai - 6:25
 
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Robert Louis Stevenson

Le maître de Ballantrae

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Map-ba10

1745. Une pièce de monnaie décide du sort de deux frères nobles. A l'un (James) le clan Jacobites des Stuart de "Bonnie Prince Charlie", dont l'épopée se terminera à la très célèbre bataille de Culloden, bien connue de l'Histoire pour être la dernière bataille à s'être déroulée entièrement (c'est-à-dire avec les deux protagonistes) sur la terre de Grande-Bretagne, et pour sceller définitivement (et jusqu'à nos jours) l'inféodation de l'Écosse à la Couronne britannique et au gouvernement de Londres.
A l'autre (Henry) le nom, le titre nobiliaire, et le clan des futurs vainqueurs.

Sous la plume du narrateur, Mackellar, homme de confiance de la maison, de cœur comme de raison dans le clan d'Henry, nous sommes transportés d'aventures en extorsions de fonds familiaux, ballotés d'un démon à face d'ange (James) en un juste impopulaire jusqu'à la détestation (Henry), passant par moult tensions, rapports de force, affrontements psychologiques comme physiques.
Pour continuer, ballottés de château de bord de sound environné de croquants, contrebandiers et gens de peu en champs de batailles, fuites éperdues, France, Amérique du nord, Indes, etc...

Stevenson ?
Un des plus grands noms du roman d'aventure et un des fondateurs, au XIXème, du roman psychologique, créateur d'un genre qui fit et fait toujours florès (beaucoup trop, à mon goût, mais c'est une autre histoire), les histoires de pirates, en outre écrivain apprécié des gens de mer même si là n'est pas l'essentiel de sa plume (comme Chateaubriand, par exemple, pour un cas similaire).  

Nous avons toutes, absolument toutes les facettes de la maîtrise reconnue de Stevenson dans ces genres-là dans ce seul ouvrage. Le final est, littéralement et dans tous les sens, fantastique.  

On décèlera sans aucune difficulté des traces de romantisme et de naturalisme dans la verve du Maître :
Comme une fidélité aux plus grands noms de la littérature écossaise, peut-être ?
Du thrill aussi, allié à une fine construction, et comme toujours dans son œuvre romanesque le sens de la narration:
Oui, Stevenson est un utmost brightest conteur.

Ajoutons pour finir et pour le détail petit-historique qu'il n'est pas anodin que les deux protagonistes principaux se nomment Henry et James, je le vois pour ma part comme une œillade de Stevenson à son ami Henry James.



(Ravaudé depuis un message du 11 août 2013 sur Parfum)


mots-clés : #aventure
par Aventin
le Mer 10 Mai - 16:44
 
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Donald Ray Pollock

Une mort qui en vaut la peine

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Images31

Le jour où ils  enterrent leur despote de père,  qui les a élevés dans la misère et la crainte dü péché, les trois frères Jewett, réincarnation des Dalton, n'ont d’autre solution que de braquer une banque, comme le héros du seul livre qui a bercé leur enfance. Ils ont si dégourdis qu'ils ramassent moins de dollars qu'ils  n'alignent de cadavres, et bientôt, la rumeur aidant, ils se retrouvent traqués par tous les bien pensants de l'Etat: leur tête est mise à prix.
C'est une assez jubilatoire farandole de gaffes et de déboires qui les attend, sur fond d'hémoglobine, de sexe minable et de merde débordante : Pollock  ne lésine pas.

Le drame cède toujours le pas  à l'humour, et leur destin croise d'autres destins qui tissent peu à peu un portrait pittoresque de Meade, cette petite ville d'Ohio où tous finissent par  se retrouver: les soldats du camp militaire préparant au grand départ (on est en 1917), les prostituées décaties, les artistes ambulants, l'inspecteur des installations sanitaires, et Ells paysan ruiné, chanceux époux d'Eula, qui se demande bien où peut être cette Allemagne...

C'est un peu long à démarrer, on a  le temps de se  dire que ces portraits assemblés feraient autant de nouvelles épatantes, et puis Pollock donne la pleine mesure de son talent : à mi-parcours, tout  se noue, l'intrigue  attrape son lecteur, et on se régale à ce roman d'aventure habile, comique, extravagant.



mots-clés : #aventure #humour
par topocl
le Sam 8 Avr - 18:11
 
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Joseph Conrad

Bix et Bédoulène, mais aussi "Le flibustier" m'ont donné envie d'une relecture:





Le nègre du Narcisse
[i]Histoire de gaillard d'avant[/i]
Titre original: The Nigger of the Narcissus, A Tale of the Sea.
Titre original américain: The children of the Sea, A Tale of the Forecastle
NB: Nigger posait problème aux éditeurs américains de l'époque. Il fallut attendre les années 1920 pour que The Nigger of the Narcissus s'impose aussi comme titre pour les éditions d'outre-atlantique.

On voit que la traduction française propose un mélange des deux titres.
Au reste, Conrad a proposé la bagatelle de treize titres à ses éditeurs (!), quelques exemplaires prisés des bibliophiles arborent des titres rares.


Roman, 150 pages environ, cinq chapitres, paru en 1897, l'écriture a débuté (en Bretagne pendant la lune de miel des Conrad) en juin 1896 pour s'achever en janvier ou février 1897.

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Otago_10
Le trois-mâts-barque Otago, sur lequel Conrad servit comme Capitaine en 1888 et pendant trois mois en 1889.


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Le procédé littéraire:

Conçu pour être à l'origine une nouvelle, celle-ci s'allonge au gré des retouches de l'auteur, pour devenir plus un court roman qu'une longue nouvelle.
On note que Conrad a effectué une traversée à bord d'un navire (trois-mâts-barque) nommé "Narcissus", entre Bombay et Dunkerque, ici le Narcisse navigue entre l'Inde et Londres.
Il a sans doute puisé là le matériau nécessaire à l'écriture de ce livre, et remarquons en outre que c'est le seul cas de bateau ayant réellement existé, traduit sous son propre nom, dans les ouvrages de Conrad.

L'intrigue ? Cela va être vite vu, il n'y en a pas, ou si peu: le bateau va-t-il réussir sa traversée, parvenir à bon port, accessoirement James Wait (le "Nègre du Narcisse") va-t-il guérir ?

La construction, ce sont cinq chapitres formant un Opus quasi-symphonique. En cela c'est un joyau, à classer vraiment parmi le tout meilleur de Conrad.

Le prélude est en douceur, presque enjoué, de petites notes exotiques de port de nuit d'une côte indienne. Le brouhaha des conversations dans le gaillard d'avant - j'ai toujours pensé que ce chapitre en particulier avait inspiré Malcolm Lowry pour quelques pages un peu similaires, de bribes de conversations décousues, d'équipage, dans (un autre chef-d'œuvre) Ultramarine.
L'appel du rôle, de l'engagement à bord. In extremis, noir sur ténèbres, paraît James Wait qui jette un "Wait !" ambigu, est-ce son nom, est-ce une apostrophe (qui serait, alors, provocante, irrespectueuse) envers la hiérarchie du bord ?

Le chapitre I et II (le plus bref) nous présentent l'équipage et brossent les trente-deux premiers jours de mer - quelques individualités sont déjà appuyées.
James Wait est un pivot de cette histoire, une individualité centrale, peut-être à son insu, du corps homogène que forme l'équipage, est-il un imposteur qui singe la maladie, ou bien souffre-t-il réellement ?
Un autre matelot, Donkin, rescapé d'on ne sait quelles prisons coloniales, inscrit au rôle en haillons, sans coffre ni vêtements, écorché-vif, brebis galeuse, insoumis et tire-au-flanc, est lui aussi en rupture vis-à-vis du corps on ne peut plus disparate, mais uni et discipliné, que forme les autres marins.

Le III glisse sur l'élément, la mer tempétueuse, une accumulation de touches négatives, de fragments hostiles crayonnés.

Conrad, magistral, recentre sur l'humain au milieu de tout ce négatif en nous livrant un morceau de bravoure positif (cinq hommes affrontent le péril pour aller désincarcérer Wait de sa cabine). La mise en exergue de la mâle vigueur coordonnée, de l'héroïsme ordinaire, du sens même de ce que forme un bord, de la responsabilité, autant de thèmes qui hantent les ouvrages de Conrad.

Dans "Le nègre...", dans ce chapitre en particulier, ces messages sont introduits de façon non démonstrative, ramassée, sans en faire des tonnes, de manière vraiment talentueuse je trouve.    

Avec la fin de la tempête et l'arrêt du "marche ou crève", Jimmy Wait reprend une position centrale, le haineux Donkin aussi, qui monte la tête des uns et des autres, versant sa rage de brebis galeuse. C'est alors que le Narcisse traverse une longue accalmie. D'idiosyncrasies en formules emporte-pièce et rhétorique de caniveau, Donkin parvient à ses fins, retourner l'équipage contre la hiérarchie du navire. Une scène d'une grande violence verbale met aux prises Donkin et Wait. Puis le prosélyte cuisinier Podmore objurgue Jimmy Wait de tous les feux de l'enfer, au point que le commandant doit recadrer Podmore.  

A l'occasion d'une matinée radieuse, le même commandant, fin psychologue sous son abord très sec, règlera aussi le cas Donkin.  

Reste l'épilogue, plutôt allegro ma non troppo, qu'on ne dévoile pas.

Mais tout ceci serait peu de choses, s'il n'y avait cette poétique par séquence sublime, vraiment, et l'étrange alliage, qui fonctionne, de celle-ci avec cette justesse, cette profusion de termes de marine et de souci d'exactitude dans le réalisme de navigation.

L'un des messages que fait passer l'auteur est cette chaleur fraternelle de l'équipage, qui, s'il est conduit par des supérieurs hiérarchiques à la hauteur, arrive presque à transcender en noblesse, en ce que l'homme peut effectuer de meilleur, ce travail dur, sous-considéré, sous-payé, de marin à la façon de la marine marchande à voile au XIXème.

Quelques pages de Loti, de Melville, ou encore de Stevenson vont sans doute dans un sens similaire, et, vous l'aurez compris, l'intérêt principal -l'attrait- du livre n'est pas non plus dans cette petite démonstration-là.  

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Les personnages:

On note qu'ils sont exclusivement masculins. Toutefois, à bien regarder, Wait cristallise un côté féminin je crois, et, d'une certaine façon, la mer elle-même, voire le Narcisse, constituent un nécessaire pendant féminin à ce monde viril.

Chapitre III a écrit:Il buvait ce qui restait gravement, d'une longue goulée; tandis que les lourds embruns crépitaient sur son ciré et que les cinglants paquets de mer déferlaient sur ses hautes bottes. Il gardait les yeux rivés sur le navire, comme un amant observe le généreux labeur d'une frêle femme à la vie de laquelle est suspendue, comme par un fil ténu, la plénitude de la joie et la signification de ce monde. Nous observions tous le navire. Il était magnifique et avait une faiblesse.


L'équipage est une masse-magma, un chœur de tragédie antique, servant le navire comme la narration. Parfois un membre s'avance, tel un bref soliste, jusqu'au premier rang.
Outre Donkin le faux, Podmore et Belfast déjà cités, évoquons Singleton le vétéran, marin instinctif et inébranlable, à la bravoure hors pair, patriarcal et visionnaire à force d'expérience, Wamibo le colosse étranger, les scandinaves doux et en un "ailleurs", Baker, l'officier en second, qui ne prend jamais de galon mais mène bateau et hommes à merveille, participant à cet encadrement efficace, composé de trois hommes semblant disparates.

Et Wait.
Wait, le malentendu, le quiproquo dès son arrivée à bord.
Wait le personnage-pivot, ce qui justifie sa présence en titre.

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Un chef-d'œuvre ?
Le "Nègre..." ?
On se situe dans le courant littéraire dit réaliste, à ce qu'il à proposer de meilleur.
Il vient pourtant d'un écrivain qui était, à sa parution, encore un débutant à peine confirmé, loin de son firmament.

Résumons: Un roman XIXème, réaliste donc daté, donnant dans la littérature de genre (littérature de mer), peu voire pas d'intrigue ni de suspense, mâtinant la narration de traits qualifiables sans excès de poésie en prose (brillante), mais, dites-moi, cela a tout pour être rébarbatif, enfin, à tout le moins vieillot, dépassé !

Et bien non.

Je ne m'explique pas tout:
Pourquoi est-ce que "ça prend", comment ça fonctionne encore aussi magistralement, pourquoi est-ce un ouvrage qu'on ressent aussi fort aujourd'hui, pourquoi je le recommande et le glisse entre des mains amies dès que possible, etc...

Le même sujet, avec les mêmes ingrédients, traité par une plume de moindre envergure aurait confiné à l'oubliable reportage pour terriens ou urbains de l'époque.

Expliquer pourquoi c'est un ouvrage aussi majeur ? J'en suis bien incapable, et ce n'est pas faute de l'avoir décortiqué patiemment (je n'ai pas compté mes relectures, je sais que je n'en suis pas à la dernière).

Mais, trêve de bavardages, partageons plutôt une petite dégustation de cette prose si chargée en poésie -paradoxalement- réaliste... (pour la qualité du réalisme chez Conrad, on note que Conrad écrit ce qu'il a lui-même éprouvé -ça aide-, mais cela ne saurait expliquer complètement pourquoi il nous semble si brillant...pour une évidence, soulignons que le vécu, en réalisme, est un matériau de choix, mais distinct du talent d'assemblage littéraire, qui reste la part de l'art en écriture).

chapitre III a écrit: À minuit, ordre fut donné de serrer le petit hunier et le perroquet de fougue. Au prix d'immenses efforts, les hommes, impitoyablement battus par le vent, se hissèrent dans la mâture, sauvèrent la toile et redescendirent quasiment épuisés pour endurer en un silence pantelant le cruel martèlement des énormes lames.

Pour la première fois peut-être dans l'histoire de la marine marchande, le quart, invité à laisser son poste, ne quitta pas le pont comme s'il était contraint d'y demeurer sous la fascination d'une violence venimeuse.

À chaque forte rafale les hommes, blottis les uns contre les autres, se murmuraient: "Ça peut pas souffler plus fort" - et, après, la bourrasque leur infligeait un démenti avec un hurlement perçant et leur coupait le souffle au fond de la gorge.

Un grain furieux parut fendre l'épaisse masse de vapeurs fuligineuses; et, par-delà la débâcle des nuages lacérés, on put entr'apercevoir la lune à son apogée qui revenait traversant le ciel à une vitesse effrayante droit dans l'œil de la tempête.

Beaucoup opinaient du chef, murmurant que "ça les retournait" de regarder ça. Bientôt les nuages se refermèrent et l'univers redevint ténèbres aveugles et folles qui en hurlant lapidaient le vaisseau solitaire de grésil et d'embruns salés.      



mots-clés : #aventure #xixesiecle
par Aventin
le Ven 7 Avr - 22:35
 
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Joseph Conrad

Lord Jim
Roman, publié en 1900, écrit entre septembre 1899 et juillet 1900.
Titre original "Lord Jim", 470 pages environ, deux parties, quarante-cinq chapitres.

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Lord_j10

Comme d'autres titres de Conrad, il est possible de le lire ici.

Conrad a entrepris Lord Jim en souhaitant faire beaucoup plus court, vingt-cinq mille mots, soixante-quinze pages environ, une nouvelle complémentaire de Jeunesse et d'Au cœur des ténèbres. C'est en ce sens qu'il signe avec la revue écossaise Blackwood's magazine, pour une parution en feuilleton. Nul ne se doute alors, à commencer par l'auteur, que l'ouvrage final sera de si longue haleine, qu'il comprendra deux vastes parties denses et bien distinctes, presque deux romans en un.

Conrad a dû s'employer. Il n'avait jamais alors exploré ses possibilités d'écriture sur une distance allant au-delà de la centaine de pages. Or, dans cette relative terra incognita de ses possibilités littéraires, il finit son roman en athlète-marathonien enfiévré, sur la bagatelle de vingt et une heures d'écriture non-stop pour apposer le point final !!

Le procédé littéraire lui fut reproché, je veux dire ce discours interminable de Marlow. De bien futiles et savants critiques ont calculé que Marlow a dû parler onze heures de rang, ce qu'ils jugent peu probable et donc disqualifiant pour cet ouvrage.
Tout à l'opposé cela me semble très moderne, comme "impossibilité physique", ça le fait sortir d'un réalisme millimétré.
Et je suis presque chagriné que Conrad ait cru bon de leur répondre, au lieu de se contenter d'un vague haussement d'épaule.

Lord Jim, entreprise novatrice, s'avère éprouvant pour le lecteur, lequel est sollicité, en effet la matière est très riche, et tout n'est pas dans la linéarité chronologique.

Comme le roman se veut une compilation, faite par Marlow, de témoignages, dont le sien propre, nous devons garder les faits mais aussi les petits indices (un peu comme dans un polar) susceptibles de ressurgir: d'où la nécessité, au moins pour chaque partie (on peut souffler longuement au milieu), d'une lecture assez rapide, histoire de bien tout garder frais en tête.
Le discours de Marlow, méandreux, à bâtons rompus parfois, n'est pas effectué par un professeur, ni par un enquêteur professionnel, mais par un pair, certes plus expérimenté et plus élevé en grade et c'est cela que veut restituer (ou instituer comme procédé) Conrad.

D'où, et nous en sommes gré à l'auteur, les détours discursifs et les petites longueurs (rares, au reste) narratives, rendant ainsi un cachet certain et une belle atmosphère à l'ensemble. Il y a ce côté "élucubrations entre gentilshommes (ou racaille) de mer", ressassant au rythme d'une lenteur régulière, qui sonne bien.  

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De quoi s'agit-il ?

D'un jeune gentleman face à l'honneur, au devoir, à la solidarité, aux codes du métier de marin. Une histoire de courage, de loyauté, de manquement. En somme assez Kiplinguienne, la thématique, assez "empire britannique sur lequel le soleil ne se couche jamais".

Mais quel traitement !
Tout part, avec une excusable prémisse ancienne, d'un travers dans lequel Jim (re)tombe. Puis, qui fuit, sur une chance donnée par Marlow, le monde, toujours plus discret, toujours plus à l'est, à mesure que son histoire le rattrape.
Est-il encore "l'un des nôtres" ? (Marlow assène, à longueur de chapitres, qu'en effet c'est "l'un des nôtres").

Marlow, par son entregent, lui permet une dernière chance, dans un recoin de l'Indonésie hors du temps. Où il devient Tuan Jim, Lord Jim. Sans dévoiler le final de cette tragédie, et pourtant il le faudrait, car il se pose là et ce n'est rien de l'écrire, le "je" narratif passera entre plusieurs bouches ou écritures, revenant parfois à Charlie Marlow: le procédé n'est si fréquent, il fallait oser !

Les personnages secondaires sont extraordinairement campés, et vraiment, quand Conrad s'attarde sur "le célibataire blasé entre-deux âges qui avait une réputation d'excentrique et possédait une rizerie", ou Chester, ou Stein (ah, Stein !), Brown, Jewel, Doremin, Tamb'Itam, Cornelius, le Rajah dans la seconde partie, ou bien "le Lieutenant français d'un certain âge" rencontré à Sidney, l'extraordinaire Brierly, Mr Jones, le Capitaine et le chef-mécanicien du Patna dans la première, ce ne sont pas de ces sous-lectures au sein d'une lecture principale, qui alourdissent le pavé, mais du bon trait croqué, des gens dont le témoignage, le regard, ne sont pas forcément ceux de Marlow, et qui viennent, à leur manière, nous illustrer mais aussi nous complexifier le cas Jim.

Enfin, mais que cela ne soit pas réduit à cette seule dimension, c'est -et vous vous en doutez bien sûr- un livre de mer et d'aventure de haute tenue.
Qu'est-ce avant tout, sinon un chef-d'œuvre (au reste reconnu, je crois) aux pistes et questionnements toujours très intemporels ?

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Relire Lord Jim une fois de plus ?

J'en brûlais. Au point (c'est ridicule, et de bout en bout j'en fus conscient) de mettre en place une véritable mise en scène, que j'ai respectée à la lettre.
Le grand privilège de la relecture, c'est peut-être cela: pouvoir se placer en situation optimale.

Lecture démarrée dans une tente ouverte (sauf la moustiquaire), à la lueur d'une frontale, une fin de nuit d'août très sereine, avec comme seul fond sonore le ressac, quelques feuilles d'arbres bruissant à peine, et des odeurs salines, de mer.    
Captain Charlie Marlow peut prendre la parole et se lancer dans son discours interminable.

Puis prolongée, aux toutes premières lueurs, et après l'intermède d'un café sur le réchaud, au bout d'une grève sableuse, contre quelques rocs calcaires, avec la compagnie de ces petits crabes si craintifs, de couleur vert-bronze.  

Magnifique lever de soleil, des stries régulières d'abord rosâtres sur ton suie, puis orangées sur ton cendre. Et le ciel se mirait à l'identique sur les flots d'huile absolument, sauf sur une légère frange agitée d'un faible clapot le long de la berge.

J'attendais la chaleur d'août, la canicule, celle de l'air épais et comme gluant, je ne l'ai pas eue, au moment de lire le balancement des pankas dans l'air surchauffé, irrespirable.

Les estivants commençant à se déverser, un recoin du port (enfin, pas du côté port de pêche ni port de plaisance), laissé aux herbes folles, puis un paisible vieux marais, envasé, à l'abandon, fournirent les lieux propices à la lecture de la première partie, pliée en 24 heures.

La seconde fut avalée en deux longs traits, deux nuits, à la maison. Puis j'ai traîné à plaisir sur les soixante-dix dernières pages (chapitre 37 et suivants), que j'avais autrefois avalées tel un boulimique, pressé de connaître l'issue, puis lors de la relecture précédente, pages parcourues sans trop chercher à voir ce qu'on peut scruter au-delà des mots et des situations, de l'action.

Pas plus de dix pages par jour. Quand le dénouement est déjà connu, il reste encore à apprécier la manière de le conduire, tout ce que je n'avais pu (ou plutôt su) apprécier jusqu'à présent.  

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Deux extraits:

Chapitre 10 a écrit:Je fus frappé par la vérité suggestive de ses paroles. Elle est très particulière, la situation d'un petit canot isolé sur une mer infinie. Sur ces vies évadées de l'ombre de la mort plane le spectre de la folie. Lorsque l'on a perdu son navire, c'est l'univers entier que l'on a perdu; cet univers qui vous a façonné, qui vous a contraint, qui a pris soin de vous.
L'âme des hommes qui flotte au-dessus d'un abîme, en contact avec l'immensité, se croit autorisé à se livrer à n'importe quel excès d'héroïsme, d'absurdité ou d'abomination.
Évidemment, comme pour les croyances, la pensée, l'amour, la haine, les opinions, et même l'aspect extérieur des objets concrets, il y a autant de sortes de naufrages que de sortes d'hommes; et, dans ce cas-là, il y avait un élément d'abjection qui rendait l'isolement plus complet.
Il y avait des circonstances d'une vilenie qui coupait plus radicalement ces rescapés de tous les autres hommes, de ceux qui n'avaient jamais eu à subir l'épreuve de cette farce démoniaque. Les trois hommes étaient exaspérés contre lui parce que c'était à contrecœur qu'il avait déserté; lui les rendait responsables de la haine et du dégoût que tout cela lui inspirait.
Il aurait voulu se venger sur eux de l'ignoble tentation qu'ils avaient poussée sous ses pas.
Rien de tel qu'un canot en haute mer pour libérer l'irrationnel tapi au cœur de toute pensée, de tout sentiment, sensation ou émotion.  


Chapitre 19 a écrit:Tous furent également empreints de cette absurde noblesse d'intention qui rendait leur futilité profondément émouvante. Renoncer à son pain quotidien afin d'avoir les mains libres pour se colleter avec un fantôme est peut-être un acte d'héroïsme prosaïque.
D'autres l'ont fait avant lui (mais nous, qui avons vécu plus longtemps, nous savons que ce n'est pas une âme obsédée, mais un corps affamé qui fait le hors-la-loi), et certains hommes qui mangeaient et entendaient bien manger chaque jour ont applaudi à cette folie pleine de bonnes intentions. La chance n'était pas avec lui, vraiment, car toute cette instabilité ne pouvait parvenir à le mettre à l'abri de ce fantôme.
Un doute subsista toujours sur son courage. La vérité, me semble-t-il, c'est qu'il n'est pas possible de se libérer du fantôme d'un fait. Vous pouvez lui faire face, ou l'éviter, - et j'ai connu un ou deux hommes capables de faire un clin d'œil à leurs spectres familiers.
Manifestement, Jim n'était pas un homme à clins d'œil.
Mais ce que je n'ai jamais pu tirer au clair, c'est si sa stratégie avait pour but d'éviter son fantôme ou de le défaire en combat singulier.  



(Ramené toiletté d'un commentaire du 31 août 2014, et du 1er septembre 2014 pour les extraits)



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par Aventin
le Dim 19 Mar - 7:36
 
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Glendon Swarthout

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 0763-c10


Homesman


Et bien en voilà une jolie surprise !!!

Je ne connaissais pas du tout cet auteur très prolixe, reconnu comme un des plus grands spécialistes de l'Ouest américain.

Ce roman se déroule au moment de la grande ruée vers l'Ouest, à la recherche de terres à conquérir, bien qu'il y ait quelques indiens au cours du récit, ce n'est toutefois pas un roman "western" typique.

Après un hiver extrêmement rigoureux dans la région, le Nébraska, au coeur des Grandes Plaines, quatre femmes de pionniers ayant traversé chacune des épreuves dramatiques, perdent la raison. Une seule solution pour ces femmes qui ont besoin de soins, être rapatriées dans leur famille vers l'Est et leur terre d'origine. Mais c'est un voyage qui doit durer plusieurs semaines et il faut trouver un "rapatrieur" (nom du roman). Mary Bee, ancienne institutrice célibataire, la trentaine, devenue agricultrice, une femme exceptionnelle, pleine d'humanité, se débrouillant toute seule pour faire tourner sa ferme , se propose en remplacement du mari tiré au sort qui refuse d'escorter sa femme et les trois autres.

Elle se fait accompagner, par le plus grand des hasards, par un homme solitaire, un voleur de concession, qui échappe de peu à la mort par pendaison.

Et les voilà tous deux partis, en charge de quatre femmes démentes, tout au long des plaines, pour un long voyage.

Briggs, un voleur, un rustre, un mal embouché et Mary, femme instruite, raffinée, possédant une force de caractère impressionnante, vont donc devoir s'accommoder de leur compagnie et ce ne sera pas sans mal.

Je ne dévoilerai pas davantage la suite de leurs aventures, ce serait dommage.

Néanmoins, le sort des femmes dans ces contrées, convoitées par les pionniers, "les filles à marier étaient plus rares que les huîtres dans le Territoire, où les hommes étaient huit fois plus nombreux que les femmes.", et ne sont souvent que des objets, surtout de travail, dans les mains des hommes, abattant un travail énorme dans des conditions de vie très dures, entrecoupé par les nombreuses grossesses qu'elles mènent souvent à terme toutes seules..... est bien loin de celui des héros de " La petite maison dans la prairie "!

" et pour finir, cet hiver infernal. Avaient-ils tant péché ? Il faisait si froid qu'ils étaient arrivés à court de bois et d'épis de maïs dès la fin janvier, et qu'ils avaient dû se chauffer et cuisiner avec leurs réserves de foin. A deux reprises, alors que la température était tombée à -40°C, ils avaient dû faire rentrer les deux cochons dans la maison la nuit pour éviter qu'ils ne meurent de froid, mais ils les avaient oubliés un soir et une meute de loups les avaient dévorés jusqu'aux os. Les blizzards étaient si violents que l'on ne voyait pas à plus de dix mètres de la porte. Il leur fallait tendre une corde de la porte à l'étable, puis une deuxième vers les toilettes extérieures pour ne pas se perdre.Le révérend Dowd leur avait rendu visite en janvier, durant un court dégel, tout comme Mary Bee qui était venue de ses terres, en février, pour leur apporter à manger. A l'exception de ces deux-là - le pasteur itinérant et leur plus proche voisine -, la famille n'avait posé les yeux sur aucun être humain en cinq mois. La neige rendait l'école-église inaccessible, personne ne hurlait jamais un salut cordial et ils se languissaient d'entendre l'archer courir sur le violon. Père, mère et les trois filles frissonnaient, ils étaient malades et buvaient dans la même louche.

Et un bébé, à présent, conclut Line.

Vester avait quarante quatre ans. Il pose sa main sur le ventre de sa femme et lui dit que le bébé n'était pas de sa faute. L'homme avait des besoins, dit-il, et le Seigneur avait créé la femme pour les assouvir. "




J'ai beaucoup aimé, une belle aventure, très surprenant, très original dans son déroulement et aussi sa fin !


mots-clés : #aventure  #pathologie
par simla
le Dim 26 Fév - 8:17
 
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Slavomir Rawicz

Slavomir Rawicz
1915-2004


Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Tylych34

Slawomir Rawicz, né en 1915 à Pinsk (alors en Russie, avant d'être en territoire polonais entre les deux guerres mondiales et désormais en Biélorussie), mort en Grande-Bretagne le 5 avril 2004, est officier de cavalerie polonais de la Seconde Guerre mondiale, auteur d'un ouvrage unique, « À marche forcée », récit controversé de son évasion d'un camp du goulag. Ce livre est également à l'origine du film Les Chemins de la liberté réalisé par Peter Weir.


Officier dans l'armée polonaise, il est capturé par les Soviétiques lors du partage de la Pologne en 1939 puis déporté dans un camp du goulag en Sibérie. Il ne tarde pas à organiser une évasion avec six autres détenus. La suite est un incroyable périple de survie depuis le camp du Goulag jusqu'à l'Inde, en traversant le lac Baïkal, la Bouriatie, la Mongolie, le désert de Gobi, le Tibet et l'Himalaya. C'est ce récit qui est raconté dans son livre À marche forcée, publié en 1956 et qui se vendra à plus de 500 000 exemplaires et sera traduit dans 25 langues. Mais la véracité de certains passages, voire plus récemment de l'intégralité du récit, et la réalité de cette fuite, sont remises en cause.

Mise en cause:

Des journalistes de la BBC, après enquête en Pologne, en Russie et dans d'autres pays, établirent dans les années 2000 que Rawicz n'a pas pu accomplir le périple car des documents trouvés dans les archives polonaises et russes indiquent qu'il était sorti du goulag en 1942 à la faveur d'une amnistie générale des soldats polonais (lettre d'amnistie et permission de rejoindre l'armée polonaise en Russie). Le casier militaire de Rawicz indique qu'il rejoignit alors l'armée polonaise en Russie.
Le périple même est toutefois peut-être authentique car, selon The Daily Mirror, Rawicz aurait trouvé inspiration dans le récit d'un compatriote nommé Witold Glinski, qu'il aurait trouvé pendant la guerre dans des documents de l'ambassade de Pologne à Londres.

Source wikipédia





A marche forcée

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Tylych23

La présente réédition (dans une traduction nouvelle) de ce classique absolu de l'aventure vécue est due à l'initiative de Nicolas Bouvier qui n'aura pas eu le temps de l'accompagner jusqu'à son terme. « Ce n'est pas de la littérature, tenait-il à préciser, c'est peut-être mieux que ça... Certains livres sont assez forts pour se passer des secours du style. »
Hiver 1941. Une petite troupe de bagnards s'évade d'un camp russe situé tout près du Cercle polaire. Ils ne connaissent pas grand-chose à la géographie. Ils songent " simplement " à gagner à pied l'Inde anglaise : le soleil, pensent-ils, leur indiquera au moins la direction du sud.
Aucun d'eux n'est capable, sur des milliers de kilomètres qu'il leur faut parcourir, ils y mettront deux ans, de situer le désert de Gobi...Que plusieurs réussiront pourtant à franchir sans provision d'eau.

L’innocence, parfois, est la meilleure alliée du courage...


Force morale face aux interrogatoires soviétiques, pour une survie.
Bravoure lors d’une traversée en train, parqués comme des animaux, pour rejoindre le Cercle Polaire, camp de détention 303 en Sibérie, pour une survie.
Vaillance et courage dans une marche de plus de quarante jours, enchaînés, en plein hiver, 1400 kms face aux tempêtes de glace, Sibérie, pour une survie.
Stoïcisme dans un goulag, camp de travail, pour une survie.
Héroïsme d’une évasion, pour une survie.

Voici l’histoire de l’évasion de quelques « misérables » nom donné par les nomades mongols (terme ancestral datant des peuples sous emprise des tsars) aux hommes dépendants d’un état, qui n’ont pas voulu se plier à une idéologie, travailleurs fournissant gratuitement à  l’URSS  les exploitations de la Sibérie.
Remarquable et Poignant.


Ce doit être dans la dernière semaine de janvier 1941, alors que nous marchions depuis quarante jours, que le troisième blizzard, le plus violent, s'abattit sur nous et finit par enliser les camions. Le convoi avait couvert plus de douze cents kilomètres depuis Irkoutsk. Nous avions traversé deux grands cours d'eau, d'abord le Vitim, puis, à peine quelques jours plus tôt, la puissante Lena, tous deux pris par les glaces et pareils à de larges routes parfaitement lisses serpentant à travers l'immensité de la Sibérie. Après cela, il semblait impensable que les camions interrompissent jamais leur lente progression vers le nord. Le visage cinglé par une neige sèche et dure, soldats et prisonniers travaillaient de concert à déblayer les congères. Arriva toutefois le moment où nos efforts furent inutiles. La longue file de véhicules et de piétons se ramassa sur elle-même et s'immobilisa sans ordre.



Tout au long du voyage, c'est par roulement qu'avait été assurée la tâche éprouvante d'ouvrir la marche. Quand la relève était décidée, le chauffeur du camion de tête se rangeait sur le côté avec les hommes enchaînés à sa suite et se laissait dépasser par les autres véhicules pour repartir en dernière position. La durée du service en tête de convoi était fonction de la route et du temps qu'il faisait. Pour lors, nous suivions un axe important bordé de poteaux télégraphiques dont les fils pendaient sous le poids de la neige. Toutefois, l'avantage de circuler sur une route digne de ce nom était plus que contrebalancé par la situation de ladite route sur un plateau exposé aux intempéries. Outre les difficultés liées aux amoncellements de neige, les chauffeurs devaient éprouver toutes les peines du monde à distinguer quoi que ce fût à travers l'épais brouillard de flocons tourbillonnants.



Mon groupe se trouvait alors en quatrième ou cinquième position dans la file, et ce fut là, presque à ma hauteur, qu'après être allés à l'avant prendre la mesure de la situation, le commandant et ses officiers se réunirent pour conférer. Je ne sais si pareille éventualité avait jamais été envisagée, mais toujours est-il qu'ils se montraient à l'évidence fort inquiets. Ils discutèrent, tournant le dos au vent, durant quelques minutes, ensuite de quoi un radio grimpa à l'un des poteaux téléphoniques pour y raccorder un poste de campagne. Il redescendit faire son rapport. Les officiers hochèrent la tête avec raideur, puis se séparèrent pour remplir leurs fonctions respectives. Nous attendîmes tandis qu'un petit détachement de soldats partait sur la route en quête d'un lieu abrité.



Une demi-heure environ après l'arrêt, les chaînes furent décrochées des camions; on nous fit avancer pour battre la neige fraîche et y ouvrir une piste. Les camions progressaient lentement derrière nous. Après un kilomètre et demi d'efforts nous atteignîmes avec soulagement un havre constitué par un rideau d'arbres. Nous parvînmes, non sans difficulté, à allumer des feux, plusieurs centaines, et à les entretenir toute la nuit afin de ne pas crever sur place. Nous avions le sentiment que cette tempête entendait nous effacer de la surface de la terre. Certains prisonniers se frayaient obstinément un chemin pour s'approcher au plus près des flammes et, méprisant les mises en garde faites dès les premiers temps de notre marche, y présentaient leurs doigts engourdis pour ensuite hurler de douleur quand le sang se remettait à circuler. Nous ne cessions de nous retourner à l'intérieur du cercle de chaleur car le blizzard nous glaçait le dos tandis que nous nous réchauffions les mains, le visage et la poitrine. On ne laissait personne dormir. Ceux qui commençaient à somnoler étaient brutalement secoués par leurs camarades: chacun savait que s'il s'endormait ce pouvait être pour toujours.





mots-clés : #aventure
par Ouliposuccion
le Sam 25 Fév - 11:16
 
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Sujet: Slavomir Rawicz
Réponses: 3
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Mark Twain

je copie-colle aussi lâchement que j'avais pu apprécier la lecture (et je plussoie pour l'édition-traduction même si je trouve cette collection souple trop souple) :

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Huckfi10

Aventures de Huckleberry Finn

On «retrouve», après les aventures de Tom Sawyer, Huck adopté par la veuve et en phase de se faire civiliser tant bien que mal. Toujours tenté par les nuits à la belle étoile mais sensible aussi à l'attention et aux efforts faits pour lui. Mais réapparaît son père vagabond alcoolique et violent. Il s'échappera, retrouvera l'esclave de la veuve et tous les deux ils descendront en radeau le Mississippi. Avec une magnifique candeur de menteur né Huck raconte ses aventures qui sont autant d'occasions de découvrir en s'amusant quelques travers chers à Mark Twain. Bigoterie, conformisme moutonnier parfois violent et surtout diverses forme de mépris généralement injustifiés cohabitent et réagissent avec des résultats allant du miracle à la catastrophe.

N'empêche bien qu'on s'amuse, à se demander d'ailleurs comment on fait pour s'amuser dans de telles circonstances, le portrait de société est du genre inquiétant. Parce qu'à côté de gentils doux dingues et autres bonnes et douces âmes de femmes tranquilles, entre le père, des maniaques de la vengeance, et une flopée de types sans scrupules cette descente vers le Sud n'est pas un long fleuve tranquille! Un fleuve qui d'ailleurs est loin de compter pour du beurre. J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir les îles, les berges et le rythme de la vie du fleuve avec les inondations, les trains de bois, les vapeurs et les bacs. Le pays qui change aussi au fur et à mesure de la descente, la confluence avec l'Ohio. Et puis les nuits, les orages, les plantes, avec les répétitions du voyage, les étapes de nuit c'est immense, envoûtant et participe autant à l'aventure que les péripéties du voyage.

On retrouve à la fin Tom et son inventivité presque dangereuse. Une autre occasion pour l'auteur de revendiquer son amour de la fiction, son besoin de fiction et d'en faire apparaître les effets secondaires. En effet tout comme au fil du bouquin qui entretient des contrastes pas toujours super rigolos, dans l'avalanche de culture populaire et d'histoires officielles mal digérées on voit apparaître la construction d'une culture si ce n'est d'une identité américaine. À côté de la fraîcheur, d'une certaine naïveté on brasse aussi un beau fond de violence et un bric-à-brac de superstitions et d'habitudes ou coutumes qu'on sent sur leur fin. Le livre que l'on a entre les mains se voulant un rôle à jouer dans cette affaire.

Hé oui, s'amuser des bêtises de ses compatriotes ne fait pas oublier l'autre personnage central de l'histoire : Jim. Le nègre, l'esclave en fuite et un espoir de liberté. Au fil de l'histoire les sentiments spontanés de Huck voisinent avec les réflexions imposés par son milieu. Il peut se sentir coupable de participer à cette liberté, ressentir de la honte... On peut  dire qu'il voit, comme tout le reste Jim avec simplicité. Au final cet ange gardien, qu'il est aussi, n'est certainement pas aussi nigaud qu'il en aurait l'air. Seulement il garde avec ses peines bien des choses pour lui. C'est tout ça ce bouquin qui s'étire entre presque le Nord et le Sud, entre des manières juvéniles et une lucidité dure, mariant la langueur du fleuve et la douceur du Sud à un militantisme profond.

Enfin pour la lecture les aventures ça fait du bien, se trouver pour quelques jours dans une bulle vraiment pas nette de fictionnel très vivant (inclure les motivations de l'auteur) et ne pas perdre le panorama (avec les gens qui le peuplent) ça ne fait pas de mal non plus et tout mis bout à bout c'est un excellent moment de lecture. (Ça rame un peu plus à la toute fin, avec Tom, quoique le contraste de milieu entre les deux garçons ne soit pas sans intérêt avec ce Tom bien plus pénible et dangereux, mais c'est compensé par l'étonnante douceur et gentillesse manifestée par cette petite famille pourtant loin d'être parfaite). Excellent moment (et meilleur que Tom Sawyer).


mots-clés : #aventure
par animal
le Lun 9 Jan - 20:45
 
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Sujet: Mark Twain
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Carsten Jensen

Nous les Noyés
Prix gens de mers, festival Etonnants Voyageurs 2010

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Image315

Marstal, 1850-1945. De la guerre contre l’Allemagne à la seconde guerre mondiale, cent ans d’histoire (d’histoires) d’un petit port danois, où naquit Carsten Jensen et qui fut, à l’aube du XXème siècle, grâce au dynamisme et à l’esprit communautaire de ses habitants, le deuxième port danois après Copenhague. C’était le temps de la marine à voile puis la ville, par une certaine frilosité, périclita ensuite, ne sachant s’investir dans l’acier et les moteurs. De tous temps, les femmes voyaient partir en mer leurs hommes pour des mois ou des années, et la mer ne les rendait pas toujours, le cimetière restant désespérément vide des tombes des noyés perdus. Elles pleuraient leurs maris et élevaient les enfants, garçons ne rêvant que de prendre la mer, à l’emprise aussi magnétique que tragique, filles épousant des marins qu’elles pleureraient bientôt. Et les hommes fascinés par l’océan, l’aventure, l’esprit de corps, les mondes à découvrir, et ce malgré la violence, la peur et la solitude.

   L'océan, c'était cet ailleurs infini où un gamin pouvait laisser derrière lui des mauvais traitements de son enfance et se réinventer.


   
C'était la promesse de devenir un homme qui poussait un garçon à prendre la mer.
   Pourquoi une femme tombait-elle amoureuse d'un marin ? Parce que le marin était perdu, lié à quelque chose de lointain, d’inaccessible, d'incompréhensible au fond, même pour lui-même? Parce qu'il partait ? Parce qu'il revenait à la maison ?


Peu adepte habituellement des récits de voyages en bateau (dont les dénominations des diverses constituants, voiles, ponts, machines restent pour moi une énigme), je ne me suis pas ennuyée une minute dans ce roman que je qualifierais plus de roman-océan que de roman-fleuve, tant sont riches les péripéties, complexes les personnalités, ouverte la vision d’un monde et de notre monde à travers lui. On est pris par le récit, parfois le temps est calme et on se laisse porter par la qualité de la prose de Jensen, par ses talents de raconteurs, sa finesse d’observation, sa capacité à créer une ambiance. On connaît alors le doux plaisir du lecteur épanoui, qui suit tranquillement le conteur, sans impatience de savoir trop vite la suite, tant l’instant nous satisfait, bercé dans un bien-être où on se délecte. Puis l’action l’emporte, les péripéties se font prenantes, tragiques parfois, et on est réellement secoué, la tempête vous saisit, l’intensité et le tragique des destins nous emportent. Les changements de rythme ne cachent aucune perte de vitesse, on apprécie le quotidien comme l’extraordinaire, ces hommes aux tempéraments prodigieux, deviennent des compagnons dont on partage les interrogations et les angoisses, les certitudes et les doutes.

Roman d’aventure, roman historique, Nous les Noyés nous transmet un message comme toutes les grandes histoires : la vie est dans l’aventure, la prise de risque, la découverte d’autres mondes, l’amitié, la transmission, et la communauté est là pour que dans cette quête nous gardions un ancrage, nous nous ressourcions. Dans cette histoire d’un siècle on croise des hommes (et des femmes) courageux mais découragés, des crapules sympathiques, des amours impossibles, un enfant miraculé, des gamins délurés. Carsten Jensen n’hésite pas à glisser quelques légendes, des semi- héros, des coïncidences improbables, des rêves prémonitoires, une têt réduite, qui font de ce récit un livre de légende, une odyssée qu’on ne souhaite pas lâcher.

La dernière partie (le livre va en se bonifiant) consacrée à la guerre de 39-45 nous en montre le déroulement sur les mers, assez méconnu, de moi en tout cas, et c’est l’occasion d’une richesse de sentiment, d’une désespérance, car tout a perdu son sens, tout n’est plus que douleur et culpabilité.
Le message de Carsten Jensen reste cependant optimiste grâce à une dernière explosion de joie sur les dernière pages du livre

Spoiler:

   
Ce livre nous montre comment le temps imprime sa trace et marque les cités comme les hommes, les transforme, leur donne leur chance ou leur malchance et comment les difficultés constituent le cheminement pour une certaine sérénité. Comment la communauté alternativement indulgente ou rejetante, est le terreau de nos destins, l’enracinement qui nous permet de résister aux épreuves, nous, petits hommes ballottés dans des histoires qui nous dépassent et qui font les délices de ceux à qui on les raconte..

 
 Les marins n'étaient ni meilleurs ni pires que les autres. Il y avait des situations qui forçaient leur loyauté. Le monde limité du pont rendait leur dépendance mutuelle si évidente que l'instinct de survie individuelle était étouffé. Ils savaient qu'ils ne pouvaient pas s'en sortir sans les autres.


(commentaire récupéré)


mots-clés : #aventure #historique
par topocl
le Lun 9 Jan - 10:18
 
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Sujet: Carsten Jensen
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Jean-Marie Blas de Roblès

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Liledu10

L'île du point Némo

Quel curieux objet littéraire que ce livre ! Comment dire… L'imagination est poussée à un degré tel que s'en est complètement barré. Je pense qu'il y a quelques années j'aurais pu détester : trop étrange, parfois outrancier, parfois grivois, vraiment trop, trop dans tous les domaines ! Et pourtant, j'ai apprécié cette lecture.

Alors pourquoi ?

Tout simplement, je pense, parce que ce livre est vraiment, nul ne pourrait le nier, l'œuvre d'un érudit. Mais là où l'érudition pouvait être quelque peu ostentatoire dans le génial Là où les tigres sont chez eux, elle n'est ici qu'au service de la fantaisie la plus totale.  
Le propos de départ, la quête éperdue d'un diamant volé, n'est que le prétexte à une course échevelée, à la fois pastiche et hommage des œuvres de Jules Verne et de Conan Doyle _ entre autres_ que l'auteur connaît visiblement sur le bout des doigts. Il les connaît si bien, ces grands écrivains du XIXème, que le lecteur se laisse entraîner dans un jeu de piste littéraire, se prenant à chercher les multiples clins d'œil, à rire des anachronismes savamment distillés pour mieux le perdre, et si souvent, à rester ébaubi devant l'imagination toujours plus débridée d'un auteur qui ne s'interdit décidément rien.
Si le récit principal reste de facture somme toute assez proche des auteurs dont il se fait l'élève malicieux, les intermèdes qui parsèment le livre, quand à eux, poussent l'imagination toujours plus loin, et m'ont parfois laissée tout estourbie… oui, réellement bouche bée devant les trouvailles toujours plus ahurissantes de ce diable d'auteur. Et qu'importe si le lien entre la trame principale et les récits secondaires n'a aucun caractère d'évidence...

Avec cet ouvrage plus que curieux, Jean-Marie Blas de Roblès réussit le tour de force de produire un roman qui respecte tous les codes des auteurs qu'il pastiche tout en étant résolument moderne. Son érudition, toujours aussi plaisante, ne perd jamais le lecteur mais au contraire l'incite à plus de curiosité, et le comble d'anecdotes savoureuses.
Et puis, dissimulées derrière la farce, pointent une gravité et une mélancolie qui poussent à la réflexion, notamment sur la place des livres et des auteurs dans un monde qui a tendance à oublier à quel point ils lui sont indispensables...

Ce roman foisonnant et si étrange est impossible à conseiller. Toujours puis-je vous dire que, sans avoir ressenti l'immense coup de coeur que fut pour moi la révélation Là où les tigres sont chez eux, j'ai passé un très bon moment. Souvent amusée, régulièrement ahurie, immanquablement admirative. Et parfois, aussi, allez je l'avoue, quelque peu agacée devant certaines facilités indignes de ce talent hors norme…
Je comprends qu'on adore, je comprendrais aisément qu'on déteste. Mais pour peu que l'on se laisse aller, cette lecture peut se révéler, oui, assez jouissive.

(Ancien commentaire remanié)


mots-clés : #aventure #creationartistique
par Armor
le Lun 2 Jan - 15:35
 
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Sujet: Jean-Marie Blas de Roblès
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Nicolas Leskov

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Vagabo10

LE VAGABOND ENSORCELE

Ivan, un colosse en habits de moine, raconte à ses compagnons de rencontre les aventures qui ont fini par l'amener à devenir moine. Moins par vocation que pour être tranquille. A ce qu'il croit...

Et des aventures il en a eues et des souvenirs ! Il a traversé la moitié de la Russie, d'abord militaire forcé, capturé par les Tartares, quasiment marié par eux (plutôt deux fois qu'une), il finit par s'associer à un prince lunatique en tant qu'expert en chevaux. Les chevaux, c'est la seule chose qu'il connaît à fond. Un don quasiment inné. Les chevaux, leurs qualités et leurs défauts et quant il en trouve un vraiment bon, il l'aime. Mais comme il doit aussi les vendre, il pleure et boit pour se consoler.
Et puis le prince se révèle être une canaille.
Tous deux tombent raides amoureux d'une tzigane, mais c'est le prince qu'elle choisit. A tort ! Le prince se lasse vite et l'abandonne. Il hypothèque la maison d'une autre maîtresse pour épouser la fille d'un notable.

On peut comprendre qu'Ivan lassé veuille se mettre à l'abri d'un monastère. Mais comme il est ensorcelé, il a tendance à prendre les vessies pour des lanternes et les vaches pour des diables cornus ! A la fin, les moines font venir un médecin pour l'examiner. Mais le médecin se déclare incompétent.

"Je ne parviens pas, dit-il à comprendre ce qu'il est au juste : un faible d' esprit inoffensif, un fou ou bien un véritable prophète. C'est d' ailleurs plutôt de votre ressort… Envoyez le faire un grand tour, le plus loin possible..."

Le vagabond ensorcelé est un récit brillant, drôle, remarquablement écrit et traduit. L'intérêt ne faiblit jamais, chacun des chapitres étant une nouvelle histoire, à la manière des Mille et une nuits ou du Testament trouvé à Saragosse. Et aussi des Ames mortes de Gogol qu'il admirait.

Leskov écoutait beaucoup et bien, et notamment un peintre d'icônes qui lui inspira cette histoire.
On peut dire qu'Ivan Severianovitch, c'est un peu le chevalier et le géant des contes et des récits épiques. Et aussi le paysan russe encore peu touché par la civilisation européenne.
Un être qui endure les privations et les coups et cherche le salut de son âme à travers ce qu'il sait des Ecritures.
Un être profondément naïf, bon et généreux, même s'il est excessif dans tous ses appétits, ses beuveries et ses amours.

Messages récupérés


mots-clés : #aventure
par bix_229
le Sam 31 Déc - 18:25
 
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Sujet: Nicolas Leskov
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John Hawkes

Aventures dans le commerce des peaux en Alaska

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 41yre510

Après le Krach de 29 , Jack Deauville, alias Oncle Jack, embarque avec sa jeune et amoureuse épouse  et sa petite fille Sunny pour l'Alaska. Suivront dix années d'aventures et d' espoirs déçus ou inaboutis, qui n’empêchent pas Jack de conter et reraconter ses expéditions comme autant d'exploits rocambolesques. Tout à la fois risible  et  égocentrique, ce Tartarin des glaces n'en possède pas moins un charme fou. C'est un sentimental qui n'a pas le temps d'y penser.

C'est sa fille Sunny, devenue adulte et maitresse d'un bordel arctique, qui raconte cette histoire 20 ans après (ses aventures sont beaucoup moins captivantes, mais au final assez peu présentes, ce qui sauve le roman). C'est l'histoire douce-amère d'un homme au demeurant assez minable, mais qu'on aime pour cette espèce de charisme  de loser. Des histoires du grand Nord, des personnages typés et attachants, un bon talent de conteur, un humour discret qui sous-tend le récit... voilà de quoi passer un bon moment !

(commentaire récupéré)


mots-clés : #aventure
par topocl
le Jeu 29 Déc - 10:07
 
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Sujet: John Hawkes
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Robert Louis Stevenson

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Enlevy10

Les Aventures de David Balfour. Enlevé. - Le Serpent à plumes

Pendant les années 1700-1720, l'Ecosse est déchirée entre les partisans du roi George et  ceux de jacques III exilé en France. Stevenson est en passe d'écrire un roman historique à la Walter Scott sur le sujet : conjurations, coups d' épées, enlèvements, etc.
Heureusement pour lui et pour nous, il rencontre mentalement les deux personnages qui vont animer le roman. Il écrit dans une lettre :

"J'avais commencé Enlevé à moitié pour le plaisir, à moitié pour faire bouillir la marmite. Et soudainement tout bascula. David et Alan s'échappèrent du canevas et je m'aperçus que j'étais dans un autre monde."

A dix huit ans, David Balfour devenu orphelin part de chez lui pour gagner sa vie. Il se rend chez un oncle, le frère de son père. Mais il est tellement bien accueilli qu'il manque de peu être assassiné. On apprendra rapidement que l'oncle en question craint que son neveu fasse valoir ses droits.
David est un solide gaillard et il a oublié d'être sot. Mais l'oncle réussira quand même à l'assommer et à le faire embarquer contre son gré sur un bateau pirate en route vers l'Amérique.

La suite est délectable, vous pourrez vous en assurer vous même. Stevenson a le talent de conteur d'Alexandre Dumas et quelques autres dons en plus.
Sachez seulement que le sort de David va être rapidement lié à celui d'Alan Breck, partisan de George, le roi en exil. Sa tête est mise à prix et il a l'armée de Jacques III à ses trousses.
Les voilà donc en fuite, aux prises avec la faim, la fatigue, le froid. Et forcés inlassablement de marcher, courir, se cacher à travers landes et fougères. Au risque d'être dénoncés.

Heureusement David et Alan sont jeunes et courageux. Leurs rapports certes sont  par moments orageux. Stevenson ne cache jamais leurs faiblesses. Trop pauvres pour ne pas être fiers, un brin vaniteux et bravaches, ils se disputent souvent.
Alan, l'aîné, est  téméraire et semble inflexible, mais David, tire parti au mieux de sa jeunesse et de ses caprices pour faire tourner Alan en bourrique.
Et tel est le sel de cette aventure et des rapports entre les deux amis. Qui, quand ils ne se chamaillent pas sont les meilleurs amis du monde. Amitié amoureuse ? On peut se le demander tant l'attraction des ces deux-là est forte.
Et puis, Stevenson est très à l'aise quand il s'agit de traiter de  l'ambivalence des sentiments. Ceux qui ont lu Le Maitre de Balantrae ne me contrediront pas.

C'est peut-être aussi la raison pour laquelle, Henry James aima tellement le roman.

"Personne d'autre que Stevenson , écrit James, n'aurait pu, je pense, camper un tel mélange d'observation sympathique et ironique… La plus nette supériorité du livre réside dans le fait qu'il campe deux personnages d'aplomb, d'une manière admirable."
Dans le portrait d'Alan Breck, James voit un chef-d'oeuvre et la "querelle entre les deux hommes un coup de génie."

Sachez encore que Enlevé, n'est que la première partie de David Balfour et que la suite, Catriona, sera publiée quatre années plus tard. Peu avant la mort de Stevenson.


mots-clés : #aventure #historique
par bix_229
le Sam 24 Déc - 17:18
 
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Sujet: Robert Louis Stevenson
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B. Traven

Le trésor de la Sierra Madre

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Image148

On imagine volontiers tout au fil de la lecture, le film sans doute excellent qui en a été tiré par John Huston, où, nous dit wikipedia, John Huston lui même interprète le rôle du « riche américain au costume blanc ». C'est en effet un roman d'aventure dans toute sa splendeur, trois types dans la misère qui s'allient  pour s'en sortir,  et en face, l'or : quoi de plus emblématique de toute aventure humaine que l'or, avec tout ce que cela implique de rêve, de fascination, de folie,  de jalousie, de dérision...Sans parler de la couleur locale, le port qui grouille d'activité, les mules sur les pistes au sein des vallées désertiques et  escarpées, les bandits féroces et crasseux...Dans un climat de compagnonnage alternativement suspicieux ou amical, nos héros affrontent l'adversité, au sein de laquelle leurs propres démons ne sont pas en reste. Ils vagabondent entre enthousiasme, anxiété, délire et épuisement.


Mais il n’est pas à négliger que les héros sont des gringos au pays des Indiens, détrousseurs eux-même d'un peuple plus pauvre qu'eux, plus humble et plus sage aussi, semble indiquer Traven. Le film donne sans doute la part moins belle à la description d'un pays qui n'a guère vécu que d'oppression venue de l'extérieur, où l'autorité civile et religieuse a  proscrit l'éducation, fait régner la terreur, la suspicion et la superstition, entretenu la misère tant pécuniaire qu'intellectuelle . B Traven, qui a des passages virulents sur le rôle de l'Eglise au Mexique, double son roman d’aventure d'un roman social et politique.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #aventure #politique #social
par topocl
le Sam 17 Déc - 8:53
 
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Joseph Conrad

Au cœur des ténèbres

Tag aventure sur Des Choses à lire - Page 7 Images66

Roman d’aventure aux baroudeurs  désespérés, à la recherche d’un  génie tout à la fois fascinant et ignoble, où la brousse oppresse une rencontres tragique et lyrique, interroge sur l’humain dans ses profondeurs les plus abjectes, Au cœur des ténèbres n’était a priori pas un pari gagné pour moi.
C’était compter sans le style flamboyant de Conrad, un écrivain que je découvre et dont j’ imagine qu’il pourrait subjuguer en racontant n’importe quelle histoire, en disséquant n’importe quel anti-héros. Une prose magique. (Chapeaux bas au traducteur, JJ Mayoux)
Du fort , du beau, du lourd (au bon sens du terme).

C'est une drôle de chose que la vie - ce mystérieux arrangement d'une logique sans merci pour un  dessein futile. Le plus qu'on puisse en espérer, c’est quelque connaissance de soi-même -  qui vient trop tard - une moisson de regrets inextinguibles. J'ai lutté contre la mort. C'est le combat le plus terne qu'on puisse imaginer. Il se déroule dans une vie grisaille impalpable, sans rien sous les pieds, rien alentour, pas de spectateurs, pas de clameurs, pas de gloire, sans grand désir de victoire, sans grande peur de la défaite, sans beaucoup croire à son droit, encore moins à celui de l'adversaire - dans une atmosphère écoeurante de scepticisme tiède.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #aventure
par topocl
le Jeu 15 Déc - 11:28
 
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Sujet: Joseph Conrad
Réponses: 92
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