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La date/heure actuelle est Ven 19 Avr - 8:40

141 résultats trouvés pour biographie

Patrick Deville

Peste et Choléra

Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Tylych10

Parmi les jeunes chercheurs qui ont constitué la première équipe de l’Institut Pasteur créé en 1887, Alexandre Yersin aura mené l'existence la plus mouvementée. "Ce n'est pas une vie que de ne pas bouger", écrit-il. Très vite il part en Asie, se fait marin, puis explorateur. Découvreur à Hong Kong, en 1894, du bacille de la peste, il s’installe en Indochine, à Nha Trang, loin du brouhaha des guerres, et multiplie les observations scientifiques, développe la culture de l’hévéa et de l’arbre à quinquina. Il meurt en 1943 pendant l’occupation japonaise.
Pour raconter cette formidable aventure scientifique et humaine, Patrick Deville a suivi les traces de Yersin autour du monde, et s’est nourri des correspondances et documents déposés aux archives des Instituts Pasteur.


Il fut un homme épris de liberté qui n'eut pas peur de tout quitter pour explorer le monde , dernière résidence: Vietnam.
Un gentilhomme passionné par les sciences , la médecine , la botanique , qui n'eut pas peur de tourner le dos à tous les honneurs afin de vivre son essentiel.
Un chevalier solitaire avide de connaissances , perfectionniste et méticuleux , il fut le découvreur du bacille de la peste.
Personnage de l'ombre , pilier de l'Institut Pasteur , sa fidélité et sa loyauté en fit d'avantage qu'un génie , mais un philanthrope émérite que la sédentarité paralysait.
Alors que cet homme devrait illuminer chaque esprit , amorcer l'ébauche d'un souvenir , il reste pour la plupart inconnu , mais afin de réparer cette lourde perte , il renaît, réapparaît dans ce livre que lui dédie Patrick Deville , triomphant et insoumis.
Ceci est un hymne.
un hommage.
Une révérence à un homme libre.
A l'excellence.
Il s'appelait Alexandre Yersin.


mots-clés : #biographie #pathologie
par Ouliposuccion
le Lun 20 Fév - 18:27
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Patrick Deville
Réponses: 33
Vues: 2557

Michel Laval

Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Ak1011

L'homme sans concession, Arthur Koestler et son siècle

Cette lecture a été faite il y environ 1 an avec Shanidar sous forme de LC mais sur fil d'auteur, j'ai récupéré nos messages car la qualité d'écriture de Michel Laval et le plaisir de lecture m' y incité.

c'est donc sous cette forme que se présente nos commentaires.

 
Bédoulène :

Juste lu une trentaine de pages qui me remémorent ce que nous savons déjà de nos lectures de Koestler. J'aime bien que Laval retrace l' histoire avant, pendant et après la naissance d' Arthur K. et l' argumente des citations d'intellectuels.

(encore des pistes de lecture   )

je vais poursuivre

j'espère que Laval nous parlera de la vie privée de Koestler car c'est ce que nous ne connaissons pas de lui.

En fait cette lecture, pour les 80 pages lues est pour moi une révision des livres de Koestler, mais l'auteur y ajoute des portraits d'intellectuels, celui de Jabotinski, par exemple, est assez pointu et surtout les descriptions des villes (Vienne, Haïfa, Tel-Aviv, Jérusalem, Berlin...) sont intéressantes car il dresse leur historique.





shanidar :

Je te rejoins complètement Bédou (je n'ai lu que 20 pages pour l'instant). Laval ne donne aucune explication aux raisons qui l'ont porté à écrire sur Koestler, le biographe reste dans l'ombre et semble bien mystérieux (je n'ai rien trouvé sur lui sur le net...). Les premiers paragraphes décrivant l'état de l'Europe Centrale à la naissance de Koestler et les réflexions-citations empruntées à Musil et Zweig sont particulièrement éclairantes (j'imagine qu'il faudrait faire un parallèle entre L'homme sans qualités de Musil et la vie de Koestler mais je n'ai jamais lu Musil...). Quant à Zweig, il me semble que la grande différence avec Koestler vient de leur condition sociale (Koestler déclassé face à un Zweig quasiment aristocrate...).

Enfin, il est intéressant de constater qu'en 1905 (année de naissance de Koestler) la photographie du monde est celle d'un moment qui va très vite et complètement être transformé par la guerre, les changements de régime, les révolutions ; les Empires vacillent et avec eux leurs cultures, leurs hiérarchies intellectuelles et leur joug. La vie de Koestler va donc être marquée par ce changement drastique de régime.

Pour le reste, j'espère aussi que Laval va nous parler un peu plus des relations privées de Koestler ou des mécanismes qui ont fait de sa vie ce qu'elle fut (au regard de l'Histoire, des évolutions sociales et de la pensée au XXème siècle)... sinon, nous risquons de ne faire que relire ce que Koestler nous dit déjà (et avec talent) dans ses autobiographies...


 



Bédoulène :

j' ai noté aussi un rv avec Musil et d'autres livres qui m'attirent.  

Effectivement l'auteur retrace le parcours d'A. Koestler, relevant de ses écrits les choix, les thèses essentielles pour en dresser son identité, mais à ce jeu c'est Koestler qui est le meilleur (tu l'as dit : avec talent)

Laval évoque la situation de l'Allemagne au regard de la crise de Wall Street, en effet les banquiers américains ayant exigé le rapatriement des fonds, n'accordant plus de prêt, ce fut l'effondrement économique de l'allemagne ; je pense qu'on peut reconnaître que la situation catastrophique à cette période (notamment le chômage) a permis l'ascension du nazisme qui guettait.

Les voix de certains intellectuels qui étaient conscients du danger, tel Thomas Mann, n'étaient pas entendues. L'auteur fait une métaphore très visuelle de la République de Weimer : le naufrage du Titanic.

Il relate les raisons de Koestler à son adhésion au Parti communiste ; les restrictions qu'il fait Koestler ne pouvait à l'époque pas les voir et nous savons que quand il s'engage ce n'est pas uniquement par raison, il n' a jamais écarté celles du coeur.

Je crois que cette biographie est une entrée pour une première rencontre avec Koestler, mais je continue espérant y trouver un complément.

Peut-être que Laval donnera les raisons du choix de cette biographie ?
 




shanidar :

Nous apprendrons peut-être plus après avoir passé les années de guerre (vers 1947...). Mais je ne suis pas aussi avancée que toi, Bédou. Je pars tout juste pour Haïfa !!

Pour l'engagement au PC, il faut aussi sans doute se souvenir du tout jeune Koestler fasciné par la Marche funèbre de Chopin, jouée lors des défilés du 1er mai à Budapest en 19, qui semble lui donner à la fois un grand émoi musical et partisan !

Ce qui est intéressant c'est de voir que chez Koestler, bien souvent, les choix qu'il prend sont liés à l'instinct, à l'envie de partager des idées, des combats, plus qu'à un réel raisonnement. Je cherche sans trouver, si mes propres engagements sont liés à de violentes émotions, à des images, des sons, de grands évènements, la Chute du mur est pour ma génération un point de bascule, mais il a ouvert une brèche dans les idéologies plutôt que conforté le militantisme (ou quelle que soit la manière dont on veut qualifier son 'être au monde' sans forcément adhérer à un parti en particulier)...





Bédoulène :

d' ailleurs ses camarades lui reprochaient souvent "d'écouter son coeur"  

l' auteur suit Koestler mais pour nous c'est une révision, agréable cependant.

En exergue des chapitres des citations pertinentes.

Dans Berlin déchirée par les luttes entre la révolution brune et la révolution rouge, AK joue le rôle d'informateur qui lui est permis dans son travail pour la maison de presse, mais il doit quitter son poste et après des mois d'attente voilà qu'il lui est autorisé de partir en Union soviétique pour suivre le Plan quinquennal. Pendant une année il va sillonner le pays, se rendre compte des mensonges, de la famine qui mine le pays, de l'arbitraire, les répressions mais son cerveau conditionné ne croyait pas ce que ses yeux voyaient ; l'annonce de l'accession au pouvoir d'Hitler confortait son besoin de croire encore qu'il avait choisi le seul parti pouvant faire face au fascisme.

Retour en Allemagne puis départ pour la France où comme tous les émigrés il se retrouve à nouveau dans une situation difficile, démuni de tout. Là il va travailler bénévolement dans l' association de W. Münzenberg puis à l'INFA.

L'auteur évalue l'implication du "prestidigitateur" Münzenberg, qui habilement amène les intellectuels Français à soutenir ses actions (Gide, Malraux, Barbusse........).

" Le manipulateur avait fait des intellectuels sa cible privilégiée. Plus que tout autre, il avait compris leur intérêt stratégique, il avait perçu leur extrême sensibilité aux mouvements de l'histoire, leur vanité, leur mauvaise conscience, leur vigilance exacerbée, leur hantise d'être pris au dépourvu et leur obsession de se montrer toujours à la pointe des combats, comme s'ils incarnaient l'esprit du monde".

Les actions de Müzenberg et l'implication des intellectuels auprès des ouvriers incitèrent les diverses sensibilités de gauche à s' unir enfin, prémisses du futur Front Populaire !

A. Koestler améliora sa situation financière en livrant quelques articles de presse ; il entrepris de rédiger un livre sur Spartacus, la première des révolutions dont l'échec, après l' avoir comparer avec la situation de l'Europe et les thèses marxistes le laissa bien sceptique sur la réussite de la révolution rouge.

Il part à Zurich où il se mariera avec Dorothé Asher dont il se séparera rapidement ; il rencontre plusieurs émigrés, notamment Joseph Roth dont l'auteur fera un portait aussi réaliste que déprimant.

De fait, l'un des atouts de ce livre est la maîtrise de Laval à faire des portraits saisissants, de personnages comme des villes.

Le parti national-socialiste poursuivi sa montée en Allemagne, leur première victoire fut la récupération de la Sarre .

"Près de cinq cent mille Sarrois, toutes classes sociales confondues, sans la moindre pression, sans la moindre menace ni la moindre violence, opté pour un régime dont la nature ne faisait aucun doute. Tous ensemble, bourgeois et prolétaires, riches et pauvres, nantis et déshérités, croyants et athées, avaient consenti librement à la servitude et s'étaient abandonnés dans un cri sourd de plaisir aux accents de cette voix qui leur promettait en allemand une gloire et une grandeur millénaires. L'adhésion avait été massive, sans réserve ni retenue."

pour sa part Koestler avait conté une anecdote sur l'attitude des dirigeants communistes de la Sarre qui avaient répondu aux ouvriers, lesquels s'interrogeaient sur l'expression de leurs votes, de voter pour la république soviétique allemande ! qui évidemment n'existait pas.

Les citations des personnages renvoient aux titres de livres et aux auteurs : une occasion de prévoir de prochaines lectures !


 



shanidar :

J'apprécie aussi le style de Laval et sa manière très simple d'amener des citations d'autres auteurs que Koestler. Ses descriptions des villes traversées par le cosmopolite Koestler me semblent souvent pertinentes : Haïfa, Tel-Aviv construite sur le sable, Berlin et ses furieuses contradictions, Paris en pleine reconstruction, Jérusalem la religieuse, etc., en revanche je ne suis pas toujours d'accord avec certains de ses raccourcis en particulier celui qui consiste à dire que dans les années 20, Berlin, comme toute l'Allemagne manquait de conscience morale (je ne crois pas qu'on puisse dire ça les yeux dans les yeux de Thomas Mann, par exemple) ou que la France de la même époque vivait non pas une renaissance (les Années folles) mais son irréversible déclin. Néanmoins le texte reste intéressant par sa densité et sa volonté de donner à entendre la voix des intellectuels d'alors.





Bédoulène :

Au vu des résultats des votes pour la Sarre, on peut dire que oui "l'Allemagne manquait de conscience morale"   mais l'Allemagne n'est point seule à en avoir manqué.

Juillet 36 l'Espagne se déchire : "l'Espagne ancestrale avec ses processions et ses cantiques, ses  dévots et ses carabiniers d'une part, l'Espagne républicaine des socialistes, des communistes et des anarchistes, d'autre part."

L'auteur rappelle les exactions commises par les deux camps :

"Le 18 août 1936, le chef de la milice phalangiste de Grenade avait fait fusiller le poète Federico Garcia Lorca. Trois mois plus tard, José Antonio Primo de Rivera, le chef de la phalange, tombait sous les balles gouvernementales dans la cour de la prison d'Alicante après un simulacre de procès. Chaque camp s'auréolait de son martyr dont le supplice creusait entre eux un infranchissable fossé."

Laval encore une fois dresse la situation de l'Espagne de façon détaillée. Rappelant l'élan des intellectuels de gauche à venir soutenir le peuple républicain, oralement ou physiquement. Beaucoup venant d'europe, voire d'amérique rejoignirent les Brigades Internationales.

C'est à la lecture du livre d'Orwell "Hommage à la Catalogne" que les enjeux des différents parti politiques étaient aussi assez explicité.

Koestler veut se battre, il obtiendra 2 cartes de presse et part en Espagne avec son passeport hongrois. Il arrive à tromper le Gal  franquiste Queipo de Llano . Koestler retournera plusieurs fois en Espagne, la 3ème fois  il sera arrêté et emprisonné, il devra sa relaxation à l'intervention des intellectuels, des communistes ...................... et celle active de sa femme.

C'est de son séjour en prison qu'il découvrit le "sentiment océanique", ce sentiment nouveau incitera Koestler à "brûler" un nouveau pont. "Il fit des puissances de la mémoire et de l'esprit des alliées quotidiennes. L'accès à la bibliothèque de la prison lui permit de renouer avec la lecture. Relaxé Koestler demeure en Angleterre où le rejoint Dorothé Asher. Il traduira son aventure espagnole dans son livre "un testament espagnol".

(Le sentiment océanique est une notion psychologique et/ou spirituelle formulée par Romain Rolland qui se rapporte à l'impression ou à la volonté de se ressentir en unité avec l'univers (ou avec ce qui est « plus grand que soi ») parfois hors de toute croyance religieuse.)

"Koestler part en tournée de conférences sur l'Espagne à travers l'Angleterre. Il n'était plus communiste, mais ne l'avouait pas encore."





shanidar :


Michel Laval date de 1930 le sursaut de Thomas Mann en citant un discours qui est repris en français dans un recueil d'essais : Les exigences du jour, mais il ne dit pas dans quelles conditions, ni devant quel auditoire ce texte a été prononcé...

(Bédou, je suis encore à observer la famine ukrainienne en compagnie de Koestler...)

Je trouve vraiment dommage que Michel Laval ne nous propose qu'une synthèse des écrits de Koestler (en tout cas pour l'instant) , il ne semble pas avoir lu de correspondances ou d'articles de journaux pas plus que de journaux 'intimes' des proches de Koestler qui pourraient nous donner une image différente de K. La seule petite chose que nous avons à nous mettre sous la dent pour imaginer un peu mieux la personnalité de Koestler est un passage d'un livre de Manès Sperber (qui devint un grand ami de K.) :
Citation :
Il avait une manière puérile de célébrer ses réussites - un peu comme un adolescent qui se serait introduit en fraude dans le lit d'une femme longuement désirée ou qui aurait séduit toutes les femmes d'un harem en une seule nuit. Koestler semblait vouloir délibérément provoquer l'antipathie. [...] Certes, la plupart des habitués de ses soirées comprenaient qu'ils avaient affaire à quelqu'un d'extrêmement sensible qui se mettait lui-même en scène d'une façon maladroite et surcompensatoire, un personnage dont le langage ironique -du moins l'espérait-il- le mettrait à l'abri de toute blessure. Même celui qui savait -comme moi- apprécier ses plaisanteries et ses répliques pleines de cynisme, même celui-là avait de la peine à le prendre au sérieux et à s'embarquer avec lui dans une discussion objective.


Je regrette beaucoup que Laval n'ait pas fait ce travail de recherches de témoignages sur Koestler qui nous permettrait d'avoir une image extérieure de l'homme.





Bédoulène :

oui tu as raison Shanidar, car nous connaissons déjà le parcours de K. Mais certainement que A.K. ne se livrait pas facilement aussi !

A.K. a garder plusieurs amis pour la vie et c'est par ceux-là que nous aurions appris plus de lui.



reprise de lecture

ocT 37 : de l’autre bout de la méditerranée la Palestine est ensanglantée. Le Haut comité Arabe s’ oppose à l’installation des émigrants Juifs. D’après l’ enquête de la Commission loyale Britannique il apparait impossible que Juifs et Arabes puissent vivre ensemble ; la seule solution serait de partager la Palestine en 2 parties indépendantes. La quotité de territoire proposée aux Sionistes ne leur convenait pas quant aux Arabes ils ne voulaient tout simplement pas des Juifs sur le territoire Palestinien (ce qui est toujours d’actualité) Les Britanniques et les Juifs durent de plus se défendre contre des bandes en provenance des autres pays arabes, lesquelles étaient soutenues par les fascistes allemands et italiens.
Le mouvement Sioniste se fissurait.

Koestler accepte la proposition de reportage faite par le News Chronicle à Jérusalem. Il remarque que le pays a changé, de nombreux Juifs ont rejoint la Palestine, la seule alternative pour eux à la barbarie nazie qui s’était renforcée. A.K. retourne en europe et lance un « SOS » pour la Palestine dans son article.

« Jamais, pour A.K., les Juifs ,n’avaient été menacés d’un péril aussi terrible qu’en cette fin d’année 1937 où tout semblait converger vers leur anéantissement général. Mais sa voix se perdit alors dans un silence de glace. »

C’est au cours d’une conférence sur la guerre d’Espagne que K. refusa de soumettre son texte au représentant du parti ; ce qu’il déclara était de nature à renier les thèses du Parti.
« A.K. comprit à l’instant qu’il venait de commettre l’irrémédiable, que ces propos avaient quelque chose d’iconoclaste, qu’ils résonnaient comme une « déclaration de guerre », et le sentiment immédiat qu’il en éprouva fut celui d’un véritable désarroi. »

C’est l’exécution de Boukharine en Union Soviétique qui conduisit de nombreux Communistes à voir la réalité et à quitter le Parti.

Le « procès » de Boukharine et des autres accusés fut le dernier des grands procès, il ne pouvait masquer 4 années de terreur ; il n’y avait plus de candidat pour participer à ces mascarades.
Laval rapporte les principales phases du procès.

L’auteur a bien saisi le désarroi qui assaille Koestler après sa décision ; cet homme ne pouvait quitter sans douleur cette compagne que représentait le Parti, après tant d’années de vie commune.

« Le geste de Koestler l’avait laissé sur la rive du fleuve, errant parmi les traitres et les hérétiques" . D’ ailleurs les mots de Koestler évoquent bien ce sentiment : « un prêtre défroqué », « seul et inutile », « au ban de l’humanité ».
Manès Sperber, l’ami de Koestler, entré un peu avant lui dans la dissidence, sentait un trou noir spirituel l’emporter « plus profond que l’abîme ».

Koestler se sauva en se replongeant dans l’écriture de Spartacus. Il tira une leçon de la révolte du gladiateur « il avait préféré sacrifier la révolution que la salir », alors que Camus écrivait « tout révolutionnaire fini en oppresseur ou en hérétique ».

K. rejoint dans le sud de la France les émigrants anti-nazis qui séjournent à Sanary sur mer.
De retour à Paris il commence la rédaction de son plus célèbre livre « le zéro et l’infini » qui retrace le procès d’un militant, qui aurait pu être être son ami Weisberg emprisonné comme le lui apprend sa femme.

Alors que la République d’ Espagne agonise dans l’indifférence, en Allemagne Hitler étend son emprise sur d’autres territoires.





shanidar :

Bédou, je suis arrivée au mois d'octobre 37 et au départ de Koestler pour la Palestine. De plus en plus à travers cette biographie se dessine le destin d'un homme seul, expatrié, apatride, exilé... Laval souligne la difficulté des émigrés allemands à trouver en France une terre d'accueil (c'est toujours le cas) et insiste sur le fait que la plupart vivaient en vase clos, ne fréquentant que des compatriotes et se retrouvant finalement coupés de la société française. A l'inverse, lorsque Koestler arrive en Angleterre après sa détention en Espagne, il est accueilli par un cercle de sympathisants anglais, ce qui semble lui permettre de s'intégrer un peu mieux dans la vie anglaise (même s'il continue à écrire en allemand).

Je ne m'étais pas rendue compte à quel point les premiers romans de Koestler avaient été si tardif (en 37, il n'a toujours pas publié Spartacus mais seulement des livres de vulgarisation sur la sexualité et des plaidoyers contre le fascisme).





Bédoulène :

"Je ne m'étais pas rendue compte à quel point les premiers romans de Koestler avaient été si tardif (en 37, il n'a toujours pas publié Spartacus mais seulement des livres de vulgarisation sur la sexualité et des plaidoyers contre le fascisme)." trop occupé par le Parti ! Shanidar

"cette biographie se dessine le destin d'un homme seul, expatrié, apatride, exilé..." tout à fait et à ce nouveau pont franchi avec sa sortie du PC il en sera de même.


suite

A propos du procès de Boukharine Koestler dénie les raisons avancées par le procureur et par Trotsky, qui justifieraient l'aveu, mais pour lui "l'aveu n'était pas autre chose que l'ultime service rendu au Parti, le dernier sacrifice qui lui était consenti."

Laval met en évidence l'analogie des réponses de Boukharine et de Roubachov, le héros de Koestler, il décortique les idées, les liens entre les victimes et le Parti, entre bourreaux et victimes.

en exergue chapitre IX : "Le péché de pratiquement tous les gens de gauche à partir de 1933 est d'avoir voulu être antifasciste sans être antitotalitaire." George Orwell (je mettrais un bémol à cette critique tousme parait injuste, les membres de "la base" eux ne savaient pas, ils croyaient ce que les "chefs" disaient - cela me rappelle une réflexion de Koestler alors qu'il est interné au camp du Vernet, il fait justement cette différence)

Après la rupture d'avec le Parti Koestler a quitté une rive, il marche sur ce nouveau pont mais il n'a pas encore atteint l'autre rive. "Une foi naît en vous par un acte apparemment spontané, comme le papilon surgit de son cocon. Mais la mort d'une foi est progressive et lente ; même après ce qui semble le dernier frémissement des ailes fatiguées, il y a encore un sursaut, encore un faible soulèvement. toute foi sincère montre ce refus obstiné de mourir."

L'auteur, à nouveau saisit très justement les sentiments qui accablent Koestler : "En cette fin d'année 1938, prise entre nostalgie et espoir, rêve et cauchemar, mensonge et passion, la foi d'Arthur Koestler agonisait lentement." Suit un développement intéressant.

Je suis , comme d'habitude saisie par les mots employés par Koestler, mais Laval me séduit par son raisonnement et sa perception vis à vis d'A.K.

à suivre.





shanidar :


Bédou, je pense que tout comme moi en lisant les pages sur les procès de Moscou, tu n'as pas pu t'empêcher de penser au film L'Aveu de Costa-Gavras, qui met bien en évidence lui aussi la difficulté à se séparer du Parti et la "facilité" à se reconnaître coupable pour sauver l'idéologie communiste. Quand on voit que Semprun a écrit les dialogues du film, j'imagine facilement qu'il a dû lui aussi éprouver les mêmes déchirements...

On retrouve également dans les mots et les maux des réfugiés, les incantations qui trouent encore aujourd'hui notre quotidien, comme si rien, finalement ne changeait vraiment, comme si l'homme était toujours aux prises avec les mêmes problèmes : migrations, identité, foi... et les mêmes aveuglements.


Bon. J'entame désormais la partie de la vie de Koestler que je ne connais pas ; c'est-à-dire à partir de son arrivée en Angleterre en 42. Fidèle à lui-même, Koestler écrit dans les journaux londoniens et new-yorkais pour dénoncer l'extermination des juifs d'Europe, mais tout comme Karski, il ne sera pas entendu (ou plutôt écouté). Il cherche aussi à dénoncer les camps dans lesquels ses amis antinazis sont internés en France. Sans plus de succès. On reconnait ici les engagements toujours renaissants de Koestler contre l'injustice et la barbarie mais aussi l'aveuglement des 'hommes libres'.

Laval s'attache également à nous parler du recueil d'essais Le Yogi et le Commissaire qui semble parfaitement exprimer les deux pôles vers lesquels oscillent le monde (matérialité contre spiritualité, pour le dire vite) alors même que Koestler tente de trouver la voie du milieu, celle qui permettrait aux hommes de vivre ensemble...





Bédoulène :

"Le Pape, l'Italie, la France, l'Angleterre et l'Union Soviétique, tous passaient des accords et des pactes avec Hitler. Par contre, aucun accord ne se faisait entre les peuples pour les persécutés."

Staline par "un virage radical consacrait la rupture suicidaire "classe contre classe"  et réhabilitait le mouvement communiste. Les démocraties le trouvaient fréquentable, oubliées les exactions commises ! Même ceux qui avaient rompu avec le PC ne souhaitaient pas agir contre le parti, l'ennemi restait le fascisme. Car ce que n'arrivaient pas à admettre les Communistes et sympathisants c'était : "Partis aux antipodes de l'espace idéologique Européen, Staline et Hitler avaient dérivé vers un même continent, une contrée inconnue et hostile où ils avaient instauré deux régimes similaires" explique Laval, tout en n'éludant pas les différences fondamentales des deux partis.

La presse de droite comme de gauche, en France se déchainait contre les émigrés antifascistes, Koestler, après son arrestation, son internement dans le camp du Vernet réussit à rejoindre l'Angleterre.

Laval fait un constat de l'entre deux guerre saisissant, citant Koestler et les intellectuels des pays européens pour asseoir son analyse, ma foi très juste. Après les atermoiements de la France et l'Angleterre, après maints accords, des plus vils, la deuxième guerre mondiale frappe à la porte de l'europe et s'installe durant 5 ans ; période pendant laquelle périront des millions d'hommes, parmi lesquels des millions de Juifs exterminés par les nazis et fascistes et bien qu'informés il est visible que pour les Alliés, le sauvetage des Juifs n'est pas prioritaire, la guerre idéologique prime.

AK, s'engage comme pionnier dans l'armée Britannique, mais attéré par les nouvelles dramatiques parvenant du continent (sans nouvelle de sa mère, de ses amis, connaissant le sort des Juifs...) il sombre dans une profonde dépression. Rétabli, il participe aux Searchlight Books, dénonce dans la presse, la radio l' extermination des Juifs par les pays fascistes et nazis. Se lie d'amitié avec Orwell pour lequel il a beaucoup de respect.

A.K. avait beau se démener, il fit un mémorandum pour le gouvernement Britannique, demandant une aide stratégique qui fut refuser au prétexte de raisons techniques. Confirmation que "Le sauvetage des Juifs n'était  pas d'actualité, il ne figurait pas parmi les priorités stratégiques des Alliés, qui pensaient que la seule manière de venir en aide aux Juifs était d'écraser le nazisme le plus rapidement possible. L'extermination se poursuivit."


Dans son livre "le yogi et le commissaire" Koestler met en confrontation deux idées "la transformation par l'extérieur"  (la fin justifie les moyens) et "il n'y a de salut qu'intérieur" (la violence est inutile et néfaste) mais il en choisira lui une autre qui  se trouve un compromis entre ces deux pouvoirs (l'action et la communion).

Pendant ce temps le Comité exécutif de l'Union Soviétique actait la dissolution  de l'Internationale communiste, avec la complicité des représentants Communistes des pays européens ; après avoir étranglé la révolution en Espagne, Staline trahissait une nouvelle fois les espoirs de millions de prolétaires et les Intellectuels qui soutenaient l'Internationale.

A.K ne se faisait aucune illusion sur le régime capitaliste "mais elle (la victoire des Alliés) apportera un énorme soulagement temporaire aux peuples du continent" il ajoutait "La gauche devait se résigner à ce combat d'arrière-garde et cependant vital, à ce rapiéçage anachronique et néanmoins nécessaire dont dépendait le salut de l'Europe". Elle devait jeter la vieille défroque des utopies qui avaient dénaturé le sens profond de son combat et de ses idéaux.Elle devait accepter de combattre "un mensonge absolu au nom d'une demi-vérité".

A.Koestler, emprunte à la philosophie et à la psychologie pour analyser, expliquer la situation de l'Europe, les positions des autres intellectuels et des démocraties ; il se sert de ses livres pour divulguer ses idées et ses choix.

J'apprécie les citations mises en exergue par Laval.


à suivre

Je trouve qu'il s'agit d'UN mot bien choisi pour faire une phrase compréhensible, qui exprime la nature du propos ;

J'ai besoin de partager mes ressentis en les citant, d'où mes nombreuses citations  

En Palestine où Koestler fait un voyage pour se rendre compte et pour convaincre les "rebelles" sionistes que le partage du territoire est la meilleure option, mais là-bas pas plus qu'en Europe quand il met en garde les pays de la menace totalitaire il n'est entendu.
De retour à Londres A.K. retrouve sa compagne depuis 2 ans Mamaine. Il se lie d'amitié avec Orwell. (je remarque que l'oncle de Mamaine est un adepte de l'occultisme et croit en la réincarnation, peut-être a-t-il eu une influence sur A.K. qui plus tard s'intéressera à la parapsychologie ?)

Sortie du livre de A.K. "la tour d'Ezra" : Laval décortique le livre dont le message reste "le sionisme donc malgré tout comme seul et unique remède à la condition extrême des Juifs". L'esprit des Anglais est rappelé par l'un des héros du livre : "Ils s'indignent du sort qui est fait au Juifs mais si l'un d' eux demande asile ils invoqueraient des difficultés économiques et les Arabes dépossédés". Pour A.K. les Juifs devaient se battre pour conquérir leur indépendance.

Dans une de ses préfaces A.K. explicitera sa position "le thème central de la trilogie précédente était l'éthique de la révolution ; celui de la Tour d'Ezra est le droit de se défendre". Il reviendra aussi sur "la fin et les moyens" (reproche d'abandon de ses convictions de la part de son  amie Daphné) car il considère toujours l'idée nécessaire mais dans une logique d'équilibre et d'analyse de la situation.

Le détachement d'A.Koestler vis à vis de ses engagements politiques d'avec le PC a été un processus lent car il a espéré longtemps "voir la gauche s'affranchir de la fascination du mythe soviétique et revenir aux idéaux de "l humanisme révolutionnaire occidental".


L'Union Soviétique est devenu un mythe, les exactions sur les "récalcitrants" au régime ont repris, dans tous les pays sous la botte du communisme, mais en France, comme en Italie, les jeunes intellectuels excusent les "erreurs" car Staline, parce qu'il a vaincu les nazis, parce qu'il y a eu la bataille de Stalingrad ...a retrouvé  une "virginité" !!

Quand A. Koestler s'engage, il le fait à fond aussi ses critiques envers le régime totalitaire que Staline a étendu sur tous les pays de l'Est, à la fin de la guerre, sont-elles virulents et dans ses rapports avec les Intellectuels sympathisants ou membres du PCF, il devient intransigeant, voire exécrable quand il est pris de boisson. Il retrouve à Paris, des anciens camarades et la bande à Sartre dont  Laval dresse un portrait détonnant, tout spécialement celui de Simone de Beauvoir.

La critique des livres de Koestler, par les Communistes,  augmentait en rapport de leur diffusion.

à suivre





shanidar :

Ah oui, j'ai beaucoup aimé le renvoi d'ascenseur de Laval qui explique que Simone de Beauvoir détestait Koestler et qu'elle a dû pas mal intriguer pour que Sartre se brouille avec ce dernier. La relation de camaraderie nouée ave Camus se soldera par des horions et celle avec Malraux par une distance progressive, comme si Koestler, toujours tout fou, ne pouvait pas conserver ses nouvelles amitiés (les solides, celles de ses 20 ans semblent durer encore avec Sperber ou Orwell)... comme si Koestler, toujours nerveux, toujours en attente, toujours prêt à se battre était un élément incontrôlable et dangereux, un bâton de dynamite prêt à s'enflammer. Même si cela devait être compliqué à vivre au quotidien, j'aime que l'image de Koestler soit celle d'un révolté, d'une Cassandre immolée, d'un empêcheur de penser en ronds...





Bédoulène :

comme toi j'aime Koestler révolté, attaquant et comme toujours droit dans ses convictions

Tandis que se poursuivent les faux procès dans les pays de l'Est, que l'élimination de ceux qui ne veulent pas se soumettre à Staline, tandis que l'Union Soviétique conserve l' appui de ses partisans occidentaux, dans le congrès pour la Paix, et le congrès Walfdor Astoria, en Palestine la trêve rompue par les Sionistes entraîne de nouveaux combats.

Laval critique le livre de Koestler : Analyse d'un miracle :la naissance d' Israël, personnellement je trouve que la phrase qui suit explicite la position de Koestler que je partage ""une première nation promettait solennellement à une deuxième nation le pays d'une troisième nation". et qui me semble déterminer les relations extrêmes qui survivent à notre époque.

(déclaration de Balfour 1917, conférence de Paris (1919), préalable au traité de Sèvres (1920), confirmé par la conférence de San Remo (1920)

(je relève qu'au premier temps des luttes c'est Israël la première qui a empiété le territoire Palestinien et qui a rompue la trève)

Koestler est Européen, il entend le rester, le lien est distendu entre lui et Israël.

Très intéressant constat que celui de Laval par rapports aux relations entre Koestler et Camus, entre Koestler et Malraux ; on en apprend aussi sur ces deux écrivains qu'il fréquente ; l'occasion de confirmer les vives réactions de Koestler. L' article virulent sur les "neutralistes" vise tout particulièrement JP. Sartre, ce que l'auteur juge exagéré.

Koestler se sent moins isolé quand il entend Melvin Lasky et que celui-ci lui demande de le rejoindre pour préparé ensemble un "anti-congrès de Walfdor Astoria" à Berlin.

Laval gâte son lecteur par des analyses et réflexions personnelles, l'intérêt du livre ne se dément pas au fil des pages.

Pour contrer la Walfdor Astoria, les intellectuels anticommunistes vont diffuser leurs thèses et opinions par l'association culturelle  fondée en 1950 :CLC (Congrès pour la Liberté de la Culture) (il s'avéra plus tard que la CIA finançait "en coulisses" l'association) les écrivains avouèrent : "je ne savais pas" quand le CLC fut démantelé.

Parmi les participants la contribution de Koestler fut la plus remarquable note Laval. Mais comme à son habitude Koestler contraria les membres de l'association, notamment Silone Ignazio qui lui voulait que la liberté soit défendue dans tous les pays et quel que soit le régime. En effet le régime capitaliste est susceptible aussi de privation de liberté (cf la période Maccarthyste aux USA)

Laval détaille les thèmes abordés au Congrès de Vienne, accompagne de réflexions personnelles les contributions de nombreux écrivains.

A.Koestler à son habitude, pousse l'intransigeance jusqu' à  soupçonner le comité de devenir "neutraliste". Il démissionne et part s'installer en Angleterre. Ensuite il part vivre plusieurs mois aux USA, mais suit la vie européenne. Le procès à Paris de David Rousset/Daix et Morgan qui contestent le livre de Rousset sur l'existence des  camps soviétiques.

A.Koestler se souvenant de ses propres difficultés alors qu'il arrivait à Paris,  crée le Fonds pour la liberté des intellectuels qui a pour objet de permettre aux écrivains réfugiés de travailler, écrire et publier.

Ses voyages au Japon et aux Indes, lui confirmeront que la meilleure place est l'Europe.

Il suit le procès d'Otto Katz, qu'il a connu, mais il décide d'abandonner l'Histoire à laquelle il a beaucoup sacrifié ; il sortira de sa "retraite" pour une nouvelle croisade : l'abolition de la peine de mort et un grand meeting en faveur des réfugiés Hongrois suite à l'écrasement de l' insurrection Hongroise par l'armée soviétique. (le rapport Kroutchev avait suscité un espoir)

A.Koestler écrivit, encore et encore, se disputa encore avec les uns et les autres, il critiqua les scientifiques Jacques Monod et Claude Levi-Strauss ; le philosophe Edgar Morin alors même qu' Arthur Koestler était l'initiateur de l'esprit intégratif.

Quatre ans avant sa mort Koestler dans une interwiew énonçait : que le tueur véritable n'était pas l'individu mais le groupe, que la tragédie de la condition humaine résidait dans le dévouement collectif aveugle à des causes ou des idéaux, et qu'en définitive l'existence d'un Dieu omniscient, omnipotent et qui ferait de l'amour son principe essentiel est contredite par toute l'Histoire de l'humanité."

Miné par la maladie Koestler se suicide, en paix grâce au "sentiment océanique" (il était vice-président de  EXIT  Society for the right to die whith dignity)-   ; Cynthia sa femme l'accompagne dans son dernier voyage car : elle ne peut vivre sans lui.

Tous les journaux, même ceux qui l'avaient écrasé sous leur haine lui rendent hommage.

Laval retrace à travers le destin d' Arthur Koestler celui du 20ème siècle, un siècle dramatique dans lequel Koestler a laissé son empreinte.  J'ai apprécié l'écriture de Laval, ses constats et les nombreux développements.

J'ai découvert une facette de Koestler plus intime.

c'était une lecture intéressante, utile soutenue par  l'écriture déliée de Laval.

merci à Shanidar d'avoir partagé cette lecture avec moi





shanidar :

Il me semble que Michel Laval est plus historien que biographe dans le livre qu'il consacre tout autant à Koestler qu'au XXème siècle.

Attentif à toujours mettre en perspective la vie intellectuelle et politique de Koestler dans le siècle où il vécut, Laval se garde bien de toute analyse psychologique du personnage ou de toute analyse littéraire de l'œuvre. Cela pourrait laisser sur sa faim le lecteur qui connaissant déjà Koestler par ses autobiographies attend l'immersion dans la vie de compagnonnage d'un écrivain, journaliste, chercheur plutôt solitaire. Si le personnage qui se dessine sous la très belle plume de Laval est un homme sans concessions, cela ne l'empêche pas d'être intrépide et complexe, à la fois flèche lancée dans l'azur et Zébulon querelleur, sorte de grand timide aboyeur, allant toujours à contre-courant, porté par une haute idée de l'humanité et défendant ses convictions avec âpreté et dédain. C'était à peu près l'image que je me faisais de Koestler et que nous rend parfaitement Laval.

Cette biographie, qui est surtout l'Histoire du XXème siècle, passe en revue les grandes utopies et les grandes désillusions vécues par Koestler : du sionisme au communisme, de l'anticommunisme à la lutte pour l'abolition de la peine de mort, Koestler est un homme de combat, qui ne cessera jamais de clamer haut et fort ses idées, s'attachant souvent à être détesté, n'hésitant pas à malmener ceux qui l'aiment et déguisant sous des airs rogues une timidité d'adolescent rêveur, assoiffé d'Idéal et de justice.

J'ai donc lu avec beaucoup de plaisir ce panorama grand teint d'un siècle défiguré par deux guerres et par l'Holocauste, un siècle qui voit s'affronter deux géants et avec eux deux mondes, deux manière de penser, deux esprits. Il semble qu'aujourd'hui le siècle soit plus complexe et ne permette plus de se coller une étiquette dans le dos afin d'être mieux ciblé, mais ce que déplorait Koestler : la consommation, l'individualisme, le ni oui-ni non, obligent à d'autres confrontations.

A la fin de ce grand et gros livre d'Histoire, on peut se demander si au bout du compte Koestler a choisi entre 'le sentiment océanique' (les rêveries et la méditation) ou le matérialisme inhérent à tout engagement politique ou humain ; il semble qu'arrivé au bout de sa vie, apaisé et malade, il ait su encore une dernière fois choisir entre une mort digne et l'ignominie de la maladie. Militant pour le droit à l'euthanasie, ce dernier engagement, il le tiendra, fidèle à lui-même jusqu'au bout et on ne peut qu'en être à la fois bouleversé et admiratif.


Merci à Bédou d'avoir tenue fermement la barre de ce livre-monde et surtout d'avoir pris le temps d'émailler ses commentaires de nombreuses citations mettant ainsi parfaitement en relief la corrélation entre Koestler et son siècle.


mots-clés : #biographie
par Bédoulène
le Sam 18 Fév - 17:59
 
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Sujet: Michel Laval
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Peter Schneider

Les amours de ma mère

Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 97822410

Ce n'est que sexagénaire, suite à une rupture de son couple, que Peter Schneider a enfin osé ouvrir la boîte qui l'a consciencieusement suivi toute sa vie, la boîte des lettres de sa mère. Sa mère, morte prématurément à 38 ans alors qu'il n'avait que huit ans, qu'il a si peu connue, négligée peut-être, emporté dans ses propres féeries protectrices. Prise dans la tourmente des bombardements de l'Allemagne, sautant de train en train, puis affrontant la faim et l'indigence de l'après-guerre,  femme exilée au Sud d'un  chef d'orchestre retenu par ses obligations professionnelles ou militaires, le seul être humain qui soit là et qui reste, elle  a traîné, protégé, éduqué ses quatre enfants,  dépassée mais toujours là.

C'est un siècle de merde, et pour les femmes un travail d'esclave - rien d'autre !


Seulement, Peter Schneider découvre que cette tourmente était aussi intérieure, cette femme à la fois étayée et détruite par le devoir maternel était une passionnée, une amoureuse spécialiste du ménage à trois, de la confidence-déballage conjugale, de la confession  épistolaire sans dissimulation.

lettre à son mari a écrit:Chez moi, c'est le caractère passionné qui façonne la vie et la détruit. Passion, tu n'as pas e droit d'interpréter ce mot de travers, lde e tordre. Ce sont les braises qui nous font croître au-delà de nous-mêmes, qui nous conduisent à nos limite. C'est pour cette raison que je continue à m'y rendre, parce que je sens qu'on vit seulement là où est hors de portée de soi-même.


C'est l'occasion pour le lecteur de rencontrer un mode de vie rarement raconté, celui des civils pendant la défaite et l'après-guerre allemande; c'est l'occasion pour Peter Schneider de découvrir certaines clés de son histoire familiale et de sa quête personnelle.

L'arrière-fond historique donne une puissance prégnante à ce magnifique portrait de femme dont on ne sait  (et l'auteur avec nous)  si elle est résolument moderne et sans tabou, ou totalement perdue, écartelée entre un homme-refuge incarnation de la fidélité, et un amour sublime mais totalement insatisfaisant. Au delà de l'histoire intime, les parents de Peter Schneider ont vécu pendant la guerre , ont fréquenté des nazis ou sympathisants, et ainsi l'auteur interroge le pardon que les allemands doivent (ou refusent d') accorder à leurs ascendants : le subtil mélange de la sphère intime et de la sphère publique rend son message universel.


mots-clés : #biographie #famille
par topocl
le Sam 18 Fév - 10:37
 
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Sujet: Peter Schneider
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Josef Bor

Le requiem de Terezin

Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Tylych16

Tirée d'une histoire vraie, à partir d'un vrai compositeur, cet ouvrage qui a été récompensé par le prix des lecteurs 2008 ne m'a attiré au départ ni pour son histoire qui ne me passionnait guère ni pour son auteur que je ne connaissais pas mais par chauvinisme. C'est Tchèque alors je lis, un peu bête mais cela ne m'a jamais trompé.

Et ce n'est toujours pas le cas.

Pourtant dés le début, j'eus un peu d'appréhension, pour cause l'avertissement avant le commencement du récit sur l'ignorance de l'auteur en terme de connaissances techniques sur la musique.

Finalement peu importe, on sent des approximations sur ce sujet mais il n'est pas le principal composant de l'histoire et je dirais même qu'il ajoute quelque chose : l'idée même que l'auteur n'est qu'un spectateur du travail du compositeur, qui entend sans comprendre, qui tente de savoir sans y parvenir et qui au final assiste à tout ce projet fou et désespéré mais tellement fascinant.

Cette histoire permet une réelle réflexion existentielle, face à la tyrannie et à l'inéluctabilité d'un avenir tragique. Que faire ? baisser les bras ? Continuer ce que l'on sait faire de mieux ? La réponse est évidente la mise en oeuvre beaucoup moins.

Cet éloge de ce que peuvent faire de mieux les hommes, l'art en coopération, en osmose, face à ce qu'ils peuvent faire de plus mal est la mise en exergue d'un combat binaire qui tiraille chaque société de façon plus ou moins nuancée mais qui à cette époque est paroxysmique. Dés le début on est emballé par le projet du compositeur on a envie d'y participer, d'aider, de défendre, on souhaite qu'ils y arrivent, on s'investit, on s'implique, on ressent, joie comme tristesse le choc des péripéties et du dénouement.

Le style, épuré comme beaucoup d'auteurs de ce pays, trouve toute sa richesse dans la description des lieux mais surtout dans les relations entre les personnages dévoilant toute une complexité qui donne du corps et du réalisme au récit.

Bien entendu je le conseille vivement car j'ai passé un très bon moment qui m'a fait aussi beaucoup réfléchir.


mots-clés : #biographie #campsconcentration
par Hanta
le Mer 8 Fév - 8:51
 
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Sujet: Josef Bor
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Marie Darrieussecq

Etre ici est une splendeur
vie de Paula M. Becker.

Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Tylyc114

Paula Modersohn-Becker voulait peindre et c'est tout. Elle était amie avec Rilke. Elle n'aimait pas tellement être mariée. Elle aimait le riz au lait, la compote de pommes, marcher dans la lande, Gauguin, Cézanne, les bains de mer, être nue au soleil, lire plutôt que gagner sa vie, et Paris. Elle voulait peut-être un enfant ? sur ce point ses journaux et ses lettres sont ambigus. Elle a existé en vrai, de 1876 à 1907.

Voilà un roman qui voit le jour en donnant naissance pour la deuxième fois à une artiste méconnue ( en dehors de l'Allemagne) , Paula Modersohn-Becker.
La raison de cet oubli dans l'histoire de l'art est certainement le fait que ce soit tout simplement...Une femme.
Le 19 ème siècle est riche et intense en art mais reste somme toute un monde masculin tout art confondu.On se souvient encore de toutes ces femmes dont Georges Sand qui écrivaient sous des pseudonymes masculins et qui ont essuyé bon nombre d'insultes misogynes pour cette insolence de l'esprit. On retrouve dans cette biographie la liberté de penser féminine ainsi que l'intellect tout en regardant de près cette haute société allemande et parisienne prise sous le joug du machisme fournissant cette bonne dose d'hypocrisie afin de ne pas déplacer le rôle de chacun.
Divers passages assez lassants , ou peut-être n'étais-je tout simplement pas sensible au monde artistique de Paula ; je ne le suis pas de sa peinture qui dénotait à son époque puisqu'elle est une des pionnières de l’expressionnisme mais qui reste à mes yeux assez terne et grossière (toutes mes excuses , hein...)
Grande amie de Rilke , c'est aussi une facette de ce poète qui est abordée , l'amitié d'artistes dans ce village d'Allemagne fréquenté par un petit monde d'intellectuels, Worpswede. A plusieurs reprises après sa mort il écrira sur elle , sur cet être cher perdu , mais pourquoi sans évoquer ses travaux artistiques..
Paula Becker reste une présence , un parcours de femme libre qui aime Paris et qui sera à noter parmi les premières féministes également qui détonne et étincelle dans un univers pas si simple à vivre dans lequel elle tente d'abolir toute frontière qui ne lui sied pas. Finalement sa meilleure compagne aura été la peinture , bien avant son époux.
Néanmoins , Marie Darrieussecq utilise une écriture différente , plus cérémonieuse , c'est à de demander si elle ne voulait pas rivaliser avec l'art qu'elle évoque , cette froideur allemande qui a ralenti ma lecture , ce qui rend l’héroïne assez inaccessible ce qui est bien dommage et je fais le parallèle avec l'écriture de Charlotte de Foenkinos forcément...lecture pas si lointaine , que je trouvais bien plus expressive de par la sensibilité qui émanait de l'écrivain.
Il en reste que c'est un bon livre et que le merveilleux dans tout ça , c'est de pouvoir découvrir une artiste et une vie , pas si anodine grâce à Darrieussecq qui l'écrit et a préparé son expo au musée de l'Art moderne de Paris avec l'aide de compères.


mots-clés : #biographie #creationartistique
par Ouliposuccion
le Dim 5 Fév - 0:21
 
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Sujet: Marie Darrieussecq
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Milo Manara

Le Caravage
tome 1: La palette et l'épée


Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Image105

"La vie sulfureuse du célèbre peintre italien par le maestro Manara Automne 1592. Michelangelo da Caravaggio dit « Le Caravage » débarque à Rome, toiles et pinceaux sous le bras. Il puise son inspiration dans l'âme de la cité éternelle, entre grandeur et décadence, et auprès des personnages hauts en couleur qu'il y rencontre. Rapidement admiré pour son talent, il sera toutefois souvent critiqué pour ses partis pris artistiques, notamment sur ses sujets religieux.Il prendra ainsi pour modèle de sa Mort de la Vierge une prostituée. Une réputation aggravée par le penchant du peintre pour la violence et sa participation à de fréquentes et vives échauffourées... Milo Manara amorce ici un diptyque consacré au génial Caravage et à l'Italie du Cinquecento, dans lequel il exprime à nouveau sa fascination pour la création artistique et la beauté des femmes, tout en rappelant qu'il est aussi un maître de la BD historique au sens de la reconstitution confondant."

Le caravage , l'inoubliable , homme fascinant , ce peintre sulfureux m'a toujours subjuguée tant par son caractère que par ses tableaux d'où émane une sensibilité artistique des plus remarquables.
Pourquoi choisir Manara pour lire sa biographie ?
Parce qu'il me semblait tellement proche de ce génie que j'étais certain qu 'une approche littéraire combinée au dessin ne pouvait que recréer l'univers dans lequel je voulais plonger.
Qui , mieux que Manara , pouvait nous propulser dans ce monde où les femmes sont des muses , qui pouvait mieux que Manara les dessiner et les mettre à la lumière via des dessins éblouissants!
Et je ne suis pas déçue ; Manara nous offre un diptyque fascinant dans lequel tout paraît vraisemblable dans ce récit ,il plonge au cœur même de l'artiste pour en faire ressortir toute l'essence et la création.
Le Caravage habité créait pour enfanter une œuvre dont la genèse probablement n'était que sa propre sensibilité , son amour des femmes et la volonté de raconter sans voile ni cape ce que ses yeux observaient , un point que Claudio Strinati , historien de l'Art met en exergue dans son avant-propos.
Ce ne sont pas des dessins que j'ai pu observer dans cet ouvrage , mais bien des tableaux tant la puissance des couleurs sont intensément belles , reflétant celles des siècles passés ,de la luminosité de Rome à la prison de Tor Di Nona.
C'est clairement un travail bluffant que j'ai feuilleté à plusieurs reprises après deux lectures juste pour le plaisir de ces reproductions.
J'attends bien évidemment avec impatience , la suite...

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mots-clés : #bd #biographie #creationartistique
par Ouliposuccion
le Mar 31 Jan - 22:23
 
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Sujet: Milo Manara
Réponses: 2
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Elsa Osorio

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La capitana
"Il y a des vies qui sont des romans qu’aucun romancier n’oserait écrire par crainte d’être taxé d’invraisemblance. Mika, la Capitana d’Elsa Osorio, semble avoir eu l’habitude de se trouver à l’épicentre des convulsions qui ont secoué le monde contemporain depuis les années 30.
Mika, Micaela Feldman de Etchebéhère (1902-1992), la Capitana, a réellement vécu en Patagonie, à Paris, à Berlin, en Espagne, elle a tenu toute sa vie des carnets de notes. À partir de ces notes, des rencontres avec les gens qui l’ont connue, des recoupements de l’Histoire, Elsa Osorio transforme ce qui pourrait n’être qu’une biographie en littérature. Mika a appartenu à cette génération qui a toujours lutté pour l’égalité, la justice et la liberté. Elle est allée à Paris avec son mari pour participer au mouvement intellectuel dans les années 30, ils ont fondé la revue Que faire ?. Puis ils sont allés vivre à Berlin dont les ont chassés la montée du nazisme, ainsi que les manipulations du mouvement ouvrier par le stalinisme. Enfin ils sont allés rejoindre les milices du POUM dans la guerre civile en Espagne.
Dans des circonstances dramatiques, elle, qui ne sait rien des armes et des stratégies militaires, se retrouve à la tête d’une milice. Son charisme, son intelligence des autres, sa façon de prendre les bonnes décisions la rendent indispensable et ce sont les miliciens eux-mêmes qui la nomment capitaine. Poursuivie par les fascistes, persécutée par les staliniens, harcelée par un agent de la Guépéou, emprisonnée, elle sera sauvée par les hommes qu’elle a commandés. Elle a fini sa vie d’inlassable militante à Paris en 1992. Elsa Osorio, portée par ce personnage hors du commun, écrit un roman d’amour passionné et une quête intellectuelle exigeante en mettant en œuvre tout son savoir faire littéraire pour combler les trous de l’Histoire."

A.M. Métailié

Je n'ai pas lu le livre d'Elsa Osorio, mais les propres souvenirs de Mika Etchebehere. Je conseille la lecture des deux.
Celui de M.E. est admirable de pudeur, de sincérité et d'humilité.
Je pense que le livre de  E.O. est un hommage romanesque mais vrai à cette femme extraordinaire  et à l'ensemble de sa vie tout à fait exemplaire. B


mots-clés : #biographie #guerredespagne
par bix_229
le Mar 31 Jan - 15:20
 
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Sujet: Elsa Osorio
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Rick Bass

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Colter


Originale : Colter. The true story of the best dog I ever had (Anglais/E-U, 2000)

CONTENU :
Rick Bass présente l'originalité d'être un chasseur passionné et un écologiste convaincu. Tout petit déjà, il collectionnait de la terre, du sable, des cailloux que les amis de la famille lui rapportaient des quatre coins du monde. Il élevait des tortues, des batraciens, des salamandres.
Grand amateur de chiens, il découvre Colter, pointer dont les talents, affirme-t-il, tiennent du génie. Le Petit Larousse précise que le pointer est un chien d'arrêt anglais. Certains amateurs se demandent qui est le plus fou des deux, du pointer ou de son maître.
(Source : Chr Bourgeois, éditeur, raccourci)


REMARQUES :
Voici un livre qui manque dans la bibliographie de la première page. Aussi pas classable ni sous « essais » ni sous « romans », mais plutôt un hymne, un éloge de Rick Bass sur son chien de chasse, Colter de nom. Dans ce récit le piètre chasseur qu'est Bass, exalte pas seulement la beauté et les capacités remarquable de son chien en tant que chien de chasse (ils partent en vadrouille 100 jours par an, et il considère cela comme inadapté de garder un tel chien sagement dans un coin de la maison – et soi-même aussi!). Mais il chante une vie proche de la nature, presque plongé et immergé dans les lointains de son Montana, lieu de vie de choix, et des lieux d'alentours. Oui, la chasse joue un grand rôle dans ce récit, mais au fond c'est comme un prétexte d'être sous les cieux, de fuir souvent la societé des hommes, de se retrouver dans la compagnie de son chien ce qui pour lui suffit si souvent. Ce faisant il s'amuse lui-même en parlant de tout ses coups de fusil ratés : il semble presque qu'il est extrêmement rare qu'il arrive vraiment à attraper quelque chose. Et cela ne tient pas à son chien remarquable, mais à son manque comme tireur.

Donc, un livre pas seulement pour des amateurs de chasse, mais plutôt les amateurs de vastes espaces, d'une liberté de la vie proche de la nature. Et on comprend la tonalité de tant de récits de Rick Bass – je pense par exemple aux nouvelles, Winter, La vallée du Yaak etc...


mots-clés : #biographie
par tom léo
le Sam 28 Jan - 21:50
 
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Sujet: Rick Bass
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Joseph Andras

De nos frères blessés

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En 1956, à Alger, Fernand Iveton, ouvrier communiste dévoué à l'indépendantisme, pose une bombe dans son usine, à une heure et dans un endroit choisis pour ne faire aucune victime. Il est arrêté avant même qu'elle n'éclate, torturé, condamné à mort dans l’urgence par un tribunal militaire. Le parti communiste détourne courageusement les yeux, son pourvoi en cassation est rejeté, la grâce du Président Coty (dont le Garde des Sceaux était François Mitterrand) est refusée: il est guillotiné.
Parce que l'ambiance est à la haine et qu'il incarne le traître,  parce  qu'il ne faut montrer où est la force et ne pas chagriner l'opinion publique.

Joseph Andras dresse le portrait de cet homme habité par une cause, et décrit, un peu superficiellement du fait de la forme "roman"  l'implacable machine à broyer. En alternance, pour montrer que ce dénommé "tueur" ou "terroriste" fut avant tout un homme, il raconte sa rencontre avec Hélène , sa future femme dans une bluette sans surprises.

C'est solidement écrit (mais cède par moments à la facilité de phrases "bellement obscures") et la dénonciation de l'innomable fait suivre les péripéties avec intérêt.



mots-clés : #biographie #guerre #politique
par topocl
le Sam 28 Jan - 21:05
 
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Sujet: Joseph Andras
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Stewart O'Nan

Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 11871710

Derniers feux sur Sunset

Stewart O'Nan s'attarde sur les trois dernières années de la vie de F. Scott Fitzgerald, depuis son retour à Hollywood en 1937 et le début de sa liaison avec la journaliste Sheilah Graham. Les relations complexes avec son épouse Zelda, internée en hôpital psychiatrique et sa fille Scottie marquent une personnalité qui cherche désespérément des repères mais se retrouve sans cesse seul face à ses doutes et à un vide.

La rédaction de scénarios occupe un quotidien balisé et le roman évoque notamment le rôle de Scott Fitzgerald dans l'écriture du film Trois camarades, produit par Mankiewicz et réalisé par Borzage. Mais Scott Fitzgerald est vite mis sur la touche, relégué vers des projets incertains qui ne peuvent combler des aspirations créatives. Des figures artistiques hantent les conversations, d'Humphrey Bogart à Ernest Hemingway, alors que Fitzgerald a l'impression d'être presque absent à lui-même.

Stewart O'Nan ne cherche pas à accentuer la sensation d'une chute dans l'évocation d'une trajectoire personnelle. Scott et Zelda, par la perception d'un déchirement affectif, ont la conscience du poids d'un passé et des souvenirs, qui brise toute velléité d'un nouveau départ. Cette lucidité est le point fort d'un roman à la tendresse désenchantée, bien que l'auteur soit parfois trop à distance de ses personnages.


mots-clés : #biographie
par Avadoro
le Mer 25 Jan - 23:27
 
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Sujet: Stewart O'Nan
Réponses: 6
Vues: 674

Lily Brett

Lola Bensky

Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Captur54

Londres 1967 : Lola Bensky, jeune journaliste pour le magazine australien Rock-Out, n a que 19 ans quand elle se retrouve au coeur de la scène musicale la plus excitante du moment !
Sans diplôme mais douée, trop grosse et toujours au régime, trop sage pour les sixties, quelles questions cette drôle de fille qui ne connaît rien au rock, n a jamais étudié le journalisme et dont le seul bagage et pas des moindres est d être l enfant de deux survivants d Auschwitz, va-t-elle bien pouvoir poser à ces rock stars en devenir ?
Armée de son magnétophone et tartinée de fond de teint, Lola observe, écoute, écrit. À Londres, elle parle bigoudis avec Jimi Hendrix et sexe avec Mick Jagger. À Monterey, elle échange avec Mama Cass sur leurs régimes respectifs et aborde l amour entre filles, la drogue et l alcool avec Janis Joplin. Un jour, elle prête même ses faux-cils à Cher...
Subtiles, drôles, personnelles, les questions s enchaînent, dévoilant des portraits inattendus de ces dieux du rock, mais révélant surtout la quête identitaire que Lola mène inconsciemment. Épouse, mère, auteure reconnue, Lola Bensky continue à s interroger sur ce qui fait la force d un être humain.


Lola Bensky ou le livre dont on a beaucoup parlé à sa sortie , autobiographique et intriguant par ce mélange d'extrêmes exposant en toile de fond l'holocauste et le rock'n'roll qui rend si vivant.
Et ça fonctionne , on découvre au gré des pages le traumatisme , l'animalité qui sommeille au fond de chaque personnalité si habitée par un désir de vie et de réponses , qu'elles soient touchantes , humoristiques ou radicales.
Lola Bensky , un instinct de survie  , le complexe de la différence et des kilos en trop, nous mène pudiquement auprès des rockeurs qui ont créé un nouveau monde , celui de la liberté alors que celle ci se bat contre les tortures subies et les fantômes de ses parents.
Frappant toujours avec justesse et sans se perdre dans le larmoyant , Lily Brett, petite abeille ballottée qui retrace son parcours dans la légèreté , récoltant le nectar qui redonne vie à toute une génération meurtrie ouvre le passage d'une ère nouvelle sans occulter l'inoubliable.
C'est en unissant nos propres rivalités aux parcours de vie que se place la première pierre d'un édifice qui sera la reconstruction , tant individuelle  que communautaire.
La cerise sur le gâteau , les somptueuses rencontres narrées de Lily Brett avec Les Beatles , Hendrix , Les Stones , Cat Stevens , Cher , Les Who ... sont bien évidemment , un pur moment de plaisir.


mots-clés : #biographie
par Ouliposuccion
le Mer 25 Jan - 16:27
 
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Sujet: Lily Brett
Réponses: 8
Vues: 1081

Mario Vargas Llosa

Le rêve du celte

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Biographie romancée de Roger Casement, un Irlandais qui , en tant que consul britannique a dénoncé les exactions commises au Congo Belge sous le règne de Leopold II, dans le seul but d'assurer l'enrichissent de la couronne et des investisseurs, et maquillé sous un paternalisme de sauvetage des bons sauvages. Mission aimablement commanditée par le ForeignOffice pour enquiquiner ledit Lopold.
Fort de ce premier succès, Casement est envoyé au Pérou pour dénoncer le perpétrées sur les populations amazoniennes par l'entreprise britannique qui  y exploite le caoutchouc, manne des premières décennies du XXème siècle,  avec la bénédiction du gouvernement péruvien.
La confrontation à ces  tortures, viols et violences,  esclavage et assassinats, révèle au scrupuleux Casement, homme intransigeant et déterminé, l'idée que l'Irlande n'est pas mieux traité par son "colonisatuer" et il va s'engager activement (et fort maladroitement) dans le combat pour l'indépendance dont il reste l'une des figures de proue.

Biographie passionnante d'un homme prêt à tout (au pire?) pour le triomphe de la justice, pélerin infatigable des nobles causes, mais qui n'est pas exempt d'ambivalences qui le feront se quetionner toute sa vie derrière l'inébranlable application de son devoir, c'est l'un des thèmes du roman.

Le récit pêche par un rapport assez plat de faits extraordinaires (on se demande parfois si Vargas Llosa ne s'est pas contenté par moments de recopier des extraits des carnets de Casement) que l'auteur essaie de compenser par une déconstruction de la chronologie plutôt lourde, parfois déconcertante. On est gêné aussi de ne pas savoir discerner l'historique de l'interprétation.

En gros, ravie d'avoir appris plein de choses, fait connaissance avec un homme singulier (mais sans savoir discerner le vrai de la fiction : et oui, une fois de plus il est écrit "roman") mais guère enthousiasmée  par le travail d'écriture de Monsieur Varas Llosa. Décidément, ce n'est pas ce livre-là qui a dû emporter la décision des Nobels.



mots-clés : #biographie
par topocl
le Sam 21 Jan - 9:31
 
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NAKAJIMA Atsushi

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Portrait de Stevenson par Fanny Osbourne (sa femme), 1876

La mort de Tusitala

Mélange des genres et brouillage des pistes par l'auteur qui joue une petite partie en biographie documentée et l'essentiel en journal de Stevenson aux Samoa, partie documentée elle aussi. Stevenson à travers Nakajima Atsushi, ou l'inverse, partage avec nous son amour pour ces îles du bout du monde et leurs habitants.

Son implication dans les affaires des occidentaux qui se partagent et sa volonté d'aider ces gens pas vraiment à se libérer mais à gérer au mieux l'inévitable cohabitation implique un regard critique sur les affaires du monde d'alors que peut-être l'auteur (japonais) retrouvais dans le sien à l'aube des années 40.

Mais Stevenson c'est aussi l'écriture, comme métier et comme vocation ainsi qu'une réflexion sur la création entre le métier, l'inné et une quête de liberté dans l'imaginaire que cela plaise ou non aux critiques et soit conforme ou non aux modes littéraires du moment.

Immanquablement j'ai repensé au journal commun de RL Stevenson et F. Osbourne (publié chez Phoebus : Notre aventure aux Samoa) et c'est parfois à s'y méprendre. Et c'est de sentir cette vie avec l'île et les Samoans que j'ai aimé retrouver.

Par contre j'ai été moins séduit par la réflexion artistique, et morbide (mais le parallèle entre les conditions de malades des deux auteurs ne se discute pas), il y a des morceaux intéressants, et documentés, mais ça fait plus bricolé et puis la ligne directrice du narcissisme créatif s'épuise et je ne suis pas sûr que ce soit hyper original ce qu'on trouve dans ces passages.

En tout cas une lecture étonnamment homogène pour un si drôle d'objet qui l'air de rien pose des ponts temporels et culturels pas si évidents tout en réservant un sentiment de forte intimité.

Récup' de message sans scrupules.


mots-clés : #biographie #creationartistique #minoriteethnique
par animal
le Lun 9 Jan - 21:14
 
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Hans Magnus Enzensberger

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Le bref été de l'anarchie

Durruti : une légende ?

Spoiler:


Je le crois dans la mémoire de la Catalogne, de l’Espagne et plus encore  puisque de nos jours l’histoire de cet homme suscite encore l’envie de savoir, de le connaître.
Durruti est entré dans l’Histoire, celle d’un peuple, celle de la révolution et la guerre d’Espagne.

L'auteur : «"Cependant, l'ensemble de ces propos anonymes et contradictoires se confond et acquiert une qualité nouvelle : ces histoires deviennent l'Histoire. C'est ainsi que depuis la plus haute antiquité "Elle" nous a été transmise : sous forme de légendes, d'épopées, de romans collectifs."

Sa vie est assez  rocambolesque, bandit d’honneur
Spoiler:

, aimé du peuple qui d’ailleurs l’a pleuré comme « Fils du Peuple » à sa mort.

Durruti c’est un ouvrier, un homme qui a toujours défendu les travailleurs, qui a su s’en faire comprendre et aimer. Un Anarchiste, membre du syndicat  de la CNT et du Parti anarchiste F.A.I. qui a participé dès les premiers jours à la révolution Espagnole et aux nombreuses grèves qui s’égrenèrent avant le mois de Juillet 36.

Ce mois, plus,  cet été où l’anarchie dressait les drapeaux, les barricades et les armes contre ceux qui exploitaient les travailleurs, les paysans, c’est-à-dire contre les propriétaires terriens, la bourgeoisie, l’ église et tout ce qui représentait la répression. Les anarchistes étaient habités d' une haine du capitalisme très vive.

Durruti a été souvent arrêté, emprisonné, obligé de s’exiler pour les idéaux qu'il défendait. De même ses proches amis Ascaso et Jover, surnommés d'ailleurs "les trois mousquetaires".
Durruti a cherché des fonds et du soutien auprès des anarchistes d’Argentine, de France pour la révolution et  ses méthodes n’étaient pas toujours très orthodoxes mais il a été honnête envers ses camarades, le peuple.

Après l’arrivée au pouvoir de la République, après leur participation à la victoire aux élections de  la Généralité de la Catalogne, ce qui constituait un dilemme quant aux idéaux qu’ils défendaient,  les anarchistes durent participer avec les autres partis.  Il devenait urgent de battre le général Franco, pour tous les anti-fascistes Espagnols.

Sans abandonner l’idée de continuer la révolution Durruti forma une colonne pour aller se battre sur le front de Saragosse., puis à Madrid où il trouva la mort. Comment ? cela reste aussi  un mystère.

Alors qu’ en 1918 80% de la classe ouvrière Catalane adhérait aux organisations anarchistes, après l’arrivée des Brigades Internationales majoritairement communistes, l’ envoi de matériel, armes par l’URSS, la main mise de l’URSS sur la guerre civile Espagnole le PCE devint majoritaire, les autres partis furent écrasés, interdits (FAI, POUM….) De fait la révolution fut étouffée, Staline n’en voulait pas, son objectif était de battre Hitler mais pas de sauver la révolution Espagnole.

Les anarchistes espagnols avaient choisi la ligne Bakounine depuis longtemps, plutôt que celle de Marx. L' une des racines de l'anarchisme s'était implantée lors de la venue en Espagne d'un certain Giuseppe Fanelli (Bakouniste) lequel avait su se faire comprendre du Peuple. L'exploitation des travailleurs, ouvriers et paysans avait consolidé l'idéal libertaire.


Ce récit est à de nombreuses voix et s’il en est une qui a su estimer au plus juste, a été la plus franche, la plus lucide c’est bien celle de Simone Weil.
Le choix de l’auteur de justement amener toutes ses voix en fait un récit très animé, attachant, instructif.



Quelques participants :
Le vicaire Jesus Arnal Pena, Diego Abad de Santillan, Ricardo Sanz, A. Souchy, César Lorenzo, Kaminski, A. Sanchez, Emma Goldman, Franz Borkenau, Louis Berthomieux, Ilya Ehrenbourg, MikhaÏl Kolcov, M. Hernandez


Extraits

Rien n’est changé effectivement, sauf une petite chose : le pouvoir est au peuple. Les hommes en bleu commandent. C’est à présent une de ces périodes extraordinaires qui jusqu’ ici n’ont pas duré, où ceux qui ont toujours obéi prennent les responsabilités. Cela ne va pas sans inconvénients, c’est sûr. Quand on donne à des gamins de dix-sept ans des fusils chargés au milieu d’une population désarmée…  « Simone Weil »

On a déjà eu en Europe une expérience de ce genre, payée de beaucoup de sang elle aussi. C’est l’expérience russe. Lénine, là-bas, avait publiquement revendiqué un Etat où il n’y aurait ni armée, ni police, ni bureaucratie distinctes de la population. Une fois au pouvoir, lui et les siens se sont mis, à travers une longue et douloureuse guerre civile, à construire la machine bureaucratique militaire et policière la plus lourde qui ait jamais pesé sur un malheureux peuple.   « Simone Weil »

Parlant de l’Espagne : Le mensonge organisé existe, lui aussi, depuis le 19 juillet. « S. Weil »

Je ne sentais plus aucune nécessité intérieure de participer à une guerre qui n’était plus, comme elle m’avait paru être au début, une guerre de paysans affamés contre les propriétaires terriens et un clergé complice des propriétaires, mais une guerre entre la Russie, l’Allemagne et l’Italie. « S. Weil »

Au prolétariat de l’URSS : Nous savons que pour la défense de notre révolution, nous pouvons compter sur vous, les travailleurs de l’URSS Mais on ne peut pas se fier aux politiciens, qu’ils s’instituent antifascistes ou démocrates. Nous ne croyons qu’à nos frères de classe. Seuls les travailleurs peuvent défendre la révolution espagnole, comme nous l’avons fait il y a vingt ans pour la révolution russe.
Vous pouvez nous croire. Nous sommes comme vous des travailleurs. Nous ne renierons en aucun cas nos principes et nous ne déshonorerons pas la faucille et le marteau, ces instruments de notre travail, symbole du prolétariat. Salut de tous ceux, qui, les armes à la main ,combattent contre le fascisme sur le front d’Aragon.  Votre camarade B. Durruti
Aux travailleurs russes : Le prolétariat international ne comprend pas pourquoi ces camarades (anarchistes) sont retenus prisonniers. Nous ne comprenons pas davantage pourquoi les renforts et les armes que la Russie envoie à l’Espagne sont devenus les instruments de négociations politiques à la suite desquelles le révolutionnaire espagnol sera obligé de renoncer à sa liberté d’action.
La révolution espagnole doit suivre d’autres voies que la révolution russe. Elle ne doit pas se développer sous le slogan d’ « un parti au pouvoir, tous les autres en prison ». […] Au peuple de choisir le régime qu’il désire !. Buenaventura Durruti


la LC ICI


mots-clés : #biographie #historique #insurrection
par Bédoulène
le Lun 9 Jan - 9:26
 
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Antonio Muñoz Molina

Comme l'ombre qui s'en va

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Munoz Molina s'est immergé pendant des mois dans la biographie de James Earl Ray, l'assassin de Martin Luther King. A sa façon qu' il a d'écrire: au point de rêver qu'il est cet homme, de ne penser qu'à ça, de ne vivre que pour ça, voyager pour cela. Il en ressort un livre-promenade , plein de charme, de digressions, de surplace, de déambulations urbaines et intérieures.

On découvre une   biographie atypique de cet anti-héros,  décrit dans de perpétuels allers et retours temporels, avec une  accumulation de détails et  précisions "sans intérêt", minute après minute, qui finissent par dresser un portrait assez exhaustif de l'homme dans son intimité, portrait dont il faut accepter qu'il se refuse à répondre aux "pourquoi" au profit des "comment".

Ce portrait s’interpénètre avec tout un pan autobiographique, centré sur Lisbonne, ville que l'auteur et son personnage ont en commun. Lisbonne, James Earl Ray y a passé trois semaine à se cacher, alors que plus de trois mille agents du FBI avaient perdu sa piste, à harceler les ambassades dans l'espoir d' émigrer dans une ex-colonie portugaise, à traîner les rues, les bars, les bordels, à  lire compulsivement les journaux,  saoul et solitaire dans sa chambre d'hôtel. Le jeune Munoz Molina,  la parcoure en tous sens pendant 3 jours pour écrire son 2e roman, fuyant son ordinaire sans horizon, glanant les lieux, les situations, les personnages, les impulsions au fil des  places, venelles bars, peep show… construisant ainsi dans l'exaltation les bases du roman qui a fait de lui un écrivain. Il y est aussi retourné, plus tard, pour, au contraire,  ancrer son dernier roman dans le réel et écrire cette sublime déclaration d'amour à la vile qui a accueilli ses flâneries.

Mais c'est aussi le livre d'un écrivain mûr qui se retourne sur  la création littéraire. L'écriture d'un roman est "le métier le plus austère et le moins coûteux du monde : il suffit d'avoir un papier et un crayon." ironise-t-il. Le livre s'enrichit de la vie et la vie s'enrichit de la fiction. Munoz Molina se montre écrivain à l’œuvre, alternativement compulsif, besogneux ou jouissif ,  créateur  
généreux de cette étonnante biographie à deux têtes et un lieu.


mots-clés : #biographie #creationartistique
par topocl
le Dim 8 Jan - 21:48
 
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Sujet: Antonio Muñoz Molina
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Zeina Abirached

je me souviens

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A la façon de Georges Perec, Zeina Abirached se souvient des faits de son enfance, anodins ou tragiques, qui ont laissé une trace dans sa mémoire. Cela  va de la forme des paquets de Kit-Kat,  au bruit des cassettes qu'on secoue, en passant par la fuite en bateau à Chypre et la collection d'éclats d'obus de son petit frère.
On retrouve le graphisme unique, les mêmes personnages, les parents,  les habitants de l'immeuble, et beaucoup d'autres seconds  rôles pittoresques… On retrouve même la tenture  du vestibule. On est peut-être plus sur le versant  nostalgique que sur celui de l'humour par rapport à Le jeu des hirondelles, mais il y a toujours ce regard personnel, cette tendresse, cette attention aux petites choses sur fond de drame. Et l'image au service de l'idée.

Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Index515     Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Index226

(commentaire récupéré)


mots-clés : #bd #biographie #initiatique
par topocl
le Dim 8 Jan - 21:11
 
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Sujet: Zeina Abirached
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Zeina Abirached

Mourir, partir, revenir - Le jeu des hirondelles.

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Zeina Abirached a écrit:    En avril dernier, sur le site de l’INA, qui venait de mettre ses archives en ligne, je suis tombée sur un reportage sur Beyrouth en 1984. Les journalistes interviewaient les habitants d’une rue située sur la ligne de démarcation. Bloquée à cause des bombardements dans l’entrée de son appartement – l’entrée était souvent la pièce la plus sûre car la moins exposée –, une femme au regard angoissé dit une phrase qui m’a donné la chair de poule. Cette femme, c’était ma grand-mère. J’étais à Paris et tout d’un coup, sur l’écran de mon ordinateur, ma grand-mère faisait irruption et m’offrait un bout de notre mémoire. Ça m’a bouleversée, je me suis dit que c’était peut-être le moment d’écrire enfin le récit qui me travaillait depuis un moment déjà.
   “Je pense, qu’on est quand même, peut-être, plus ou moins, en sécurité ici”
   C’est la phrase qu’a dit ma grand-mère en 1984.
   C’est une phrase qui s’interroge sur la notion d’espace et de territorialité.
   C’est une phrase qui résume la raison pour laquelle beaucoup d’habitants sont restés « chez eux » malgré le danger.
   C’est aussi la première phrase mon futur album.




C'est donc la petite fille Zeina Abirached, celle qui vivait à Beyrouth en 1984 avec son frère et sa famille, qui raconte.

Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Index127

Les francs tireurs, les combats, les bombardements.
 
Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Jeu-hi10   Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Hirond10

En cas d'alerte, tout l'immeuble se retrouvait dans le vestibule de leur appartement, considéré comme le lieu le plus sûr, où trônait, depuis toujours, une tenture  représentant la fuite d'Egypte de Moïse et des Hébreux.

Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Indx2110

Cette tenture est comme un fil rouge dans le récit, une sécurité qu'on retrouve en arrière plan de case en case, et qui ne manque pas de faire quelques clins d’œil au lecteur.

Tous les habitants de l'immeuble se regroupent peu à peu.

Tag biographie sur Des Choses à lire - Page 6 Inde1010

Chacun a sa personnalité, son histoire, ses angoisses. Chacun apporte quelque chose: du whisky, une recette de cuisine, une histoire pour détendre, une caresse pour apaiser. il y a des silences, des bavardages, des digressions. Il y a l'angoisse commune sous jacente et l'effort de chacun pour donner un sens aux relations et aux instants.

Le graphisme parait au début un peu enfantin, et figé, il est au contraire au fil des pages inventif, malicieux et terriblement attachant.

(commentaire récupéré)



mots-clés : #bd #biographie #guerre
par topocl
le Dim 8 Jan - 21:09
 
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Sujet: Zeina Abirached
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Vikram SETH

Ah, moi aussi j'avais beaucoup aimé Un garçon convenable!
Et Quatuor aussi.

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Deux vies
traduit de l'anglais ( Inde) par Dominique Vitalyos
Albin Michel

Vikram Seth est un garçon convenable...Convenable et même plus que cela aux yeux de sa famille, en tout cas, et c'est à sa famille qu'il rend hommage dans ce livre, qui relate donc l'histoire d'une amitié de plus de 20 ans, amitié transformée en mariage ,de raison sans doute, mais qui ,lui, a duré plus de 30 ans.

En fait, on pourrait même dire qu'il s'agit du récit de trois vies, car Vikhram Seth consacre nombre de pages à raconter pourquoi il s'est intéressé à cette branche de sa famille,son oncle Shanti et sa tante par alliance Henny. Et, ce faisant, comment en fait il est devenu écrivain.

Mais son souhait était de faire revivre par ses mots ces deux personnages dont le trajet ne fut pas si banal.Car Shanti était le dernier né d'une famille indienne, envoyé faire des études de dentisterie à Berlin en 1931. Ne parlant bien entendu pas un mot d'allemand...
"
Quand le train est arrivé à Charlottenburg, des gens sont descendus. J'ai demandé à un monsieur : " Bitte, Berlin?"Il a répondu:"Ja, ja".J'ai demandé:"Bitte, Charlottenburg?" et il a dit:"Ja, ja". Je ne comprenais pas comment un endroit pouvait être à la fois Charlottenburg et Berlin, j'ai pensé que j'avais à faire à un peuple de fous.....

"
Et c'est en cherchant une chambre meublée qu'il va faire la connaissance d'une famille allemande et juive, les Caro, dont la dernière fille ,Hennie, avait quand même demandé à sa mère de ne pas prendre le "noir" comme locataire...
Et voilà le destin - et le coeur du récit de Vikram Seth- lancés.

Ce n'est qu'en 1951 que Shanti et Hennie se marient. Entretemps, il a perdu son bras droit à Monte Cassino et a du ,pour survivre, apprendre à donner des soins dentaires avec son seul bras gauche.
Hennie a réussi à fuir en Angleterre en 39. Hélas, ni sa mère, ni sa soeur ,qui seront déportées. La mère meurt rapidement de maladie, sa soeur Lola est gazée.
Les chapitres les plus intéressants sur le plan historique sont d'ailleurs les récits ( d'après des lettres échangées entre Hennie et ses anciennes amies qui ont survécu parce que non juives) des réglements de comptes après guerre entre compatriotes allemands, résistants ou pseudo-résistants ou ayant franchement collaboré au régime nazi.

C'est un livre que je déconseillerais à ceux qui n'ont pas le goût des chroniques familiales, des livres de souvenirs ( avec documents joints, et photos). Moi, j'ai beaucoup aimé cette histoire d'une part, et d'autre part les tergiversations de l'auteur au fil des pages, qui sembleront sans doute ennuyeuses à certains ,sur le pourquoi- comment-quand- etc la raconter.

récup


mots-clés : #biographie #immigration
par Marie
le Sam 7 Jan - 2:35
 
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Sujet: Vikram SETH
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Nicolas Bouvier

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Nicolas Bouvier, l'oeil qui écrit
François Laut
Editions Payot


François Laut , ami de Nicolas Bouvier , a réuni des témoignages et surtout des correspondances pour écrire cette biographie de Nicolas Bouvier. Notamment les correspondances avec son ami d’enfance, son presque double Thierry Vernet.
Biographie assez complète, qui insiste sur les difficultés et les zones d’ombres et de souffrances . Liées à la difficulté de l’écriture, le plus souvent pour retranscrire le vécu .Il faut  
se transformer en reflet, en écho, en courant d’air, faire un avec les choses de façon à pouvoir ensuite parler en leur nom..


Je ne suis pas véritablement écrivain, ma vraie spécialité, c’est le voyage.. Etre l’œil ou l’esprit qui se promène, observe, compare et ensuite relate, une sorte de témoin.


François Laut note l’importance de la mémoire dans l’écriture de Nicolas Bouvier: les choses n’arrivant qu’une fois, ces petits moments d’harmonie totale entre une lumière, l’écho d’une voix, les couleurs, un goût dans la bouche, l’heure du jour, tout cela perçu souvent dans l’épuisement, et c’est cela qu’il faut faire revivre au lecteur par le poème ou le récit. Quelle difficulté..mais il l’a fait jusqu’au bout, jusqu’à sa mort le 17 février 1998.

La vie est affaire de sang pulsé , il faut vivre une vie émue dont on puisse tirer quelque chose et le transmettre; écrire et ne pas être ménager de sa vie.


Et aussi dans une lettre à sa mère en 1955:  
C’est un bonheur difficile, un risque constant, un long chemin. Il faut passer des cris de solitude aux cris de communion. Mais c’est une vie qui en vaut bien la peine.


Un texte qui donne envie de lire et relire Nicolas Bouvier .




mots-clés : #biographie
par Marie
le Sam 7 Jan - 2:26
 
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Sujet: Nicolas Bouvier
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Anne Marie Schwarzenbach

Je ne sais pas s'il faut mettre cette biographie ici?

Anne Marie Schwarzenbach ou le mal d'Europe
Dominique Laure Miermont

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J'ai découvert Annemarie Schwarzenbach en lisant La voie cruelle d'Ella Maillart (sacré personnage aussi, mais beaucoup plus solide) , le récit du voyage qu'elles ont fait toutes deux en Afghanistan en 1939. C'était un voyage: « essai de sauvetage», Annemarie s'était engagée à ne pas se droguer, et Ella Maillart y croyait..» Je l'ai retrouvée en lisant Klaus Mann.

Dominique Laure Miermont est la traductrice attitrée de Annemarie Schwarzenbach pour Payot. Elle a utilisé pour cet ouvrage un important fonds comprenant de nombreux inédits déposés aux Archives littéraires suisses à Berne.Hélas, presque toute sa correspondance, très abondante, a été détruite par sa mère après sa mort. C'est une biographie passionnante d'un personnage qui l'est aussi. En elle-même, mais aussi par ce qu'elle représente inscrite dans son époque.

Comme l'écrit Klaus Mann dans Le Tournant:

«Toute vie humaine est à la fois unique et représentative; dans chaque destin individuel, dans chaque drame personnel se reflète et se module le drame d'une génération , d'une classe, d'un peuple et d'une époque.»


En ce qui concerne la biographie elle-même, elle est très complète , et, effectivement, y insérer certains extraits de textes écrits par Annemarie Schwarzenbach permet d'encore mieux la découvrir, et donne envie de la lire. Le personnage lui même.. c'est le propre d'une biographie de raconter et de ne pas expliquer, ni interpréter. . J'ai complété par la vision d'un documentaire qui m'a semblé apporter quelques éléments supplémentaires. On la décrit comme étant en rupture avec les images dominantes de l'identité suisse de l'époque, rebelle très engagée contre l'inertie des autorités suisses .
Oui, bien sûr... Elle est en tout cas d'une lucidité extrême et d'une intelligence remarquable. Douée pour tout, magnifique, et on se dit pourquoi ce gâchis, car sa vie est un gâchis intégral.

Sans doute parce que tous ces talents ne sont pas suffisants pour résister à l'emprise de la tradition familiale. Et qu'elle n'arrivera jamais à se situer, continuellement en recherche de ce qui lui manque quelque part, toujours en demande, et des demandes tellement fortes que personne ne peut y répondre:

«Il faudrait choisir ses ennemis comme ses buts, en fonction des forces dont on dispose.»


Et oui, et quelle force mentale il faut pour résister , se couper complètement de son identité première. Elle ne l'avait pas visiblement et était elle-même son propre drame. Elle a été en tout cas très mal traitée par sa famille (vers laquelle elle se retournait en permanence.. là était son problème comme lui avait longuement expliqué Ella Maillart dans le courrier échangé) et il y a dans cette biographie une lettre de son frère qui fait frémir. Calculant le prix à payer , prix demandé par une institution psychiatrique américaine pour lui permettre d'éventuellement rebondir , et concluant qu'Annemarie ne valait pas ce prix... Quant au titre, Le Mal d'Europe? Il vient d'une lettre de Catherine Pozzi adressée à son fils , Claude Bourlet, amoureux d'Annemarie:

«On a auprès d'elle un sentiment d'instabilité curieux. Elle vous donne le mal d'Europe.»





mots-clés : #biographie
par Marie
le Lun 2 Jan - 4:18
 
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Sujet: Anne Marie Schwarzenbach
Réponses: 6
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