Des Choses à lire
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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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352 résultats trouvés pour famille

Marie Sizun

La femme de l'Allemand

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La femme l'Allemand fait partie de ces petits livres extrêmement intenses qui décrivent de façon apparemment très simple toute une vie dans sa complexité.

De 2 à 18 ans, on assiste à la construction de Marion, écartelée entre l'amour et la haine pour une mère aimante, dérangeante, souffrante. Dans le même temps, on assiste à l'effondrement progressif de celle-ci, à la destruction de sa personnalité par une maladie insaisissable.

Tout est basé sur des non-dits, car jamais, nul n’a rien expliqué à Marion, ni de sa naissance à la fin de la guerre après une liaison avec un allemand aujourd'hui disparu, ni de la maladie de sa mère, et elle va se construire en captant ici et là des indices. Chacun se drape dans sa douleur et abandonne l'enfant comme s'il était invisible. Personne n'ose ou ne peut lui offrir la protection de la simple vérité, et elle va ainsi grandir dans l’incertitude, l'espoir toujours déçu. Elle ressent très cruellement cette mère à la fois adoratrice et rejetante,, dépendante et supérieure dont elle a longtemps aimé le fait qu'elle soit différente, jusqu'à ce que cette différence même devienne intolérable. Elle va essayer de se forger une ligne de conduite, errant entre l'amour, le rejet et la culpabilité, hésitant entre sa propre protection et la protection de sa mère si fragile mais si dangereuse.

Le style très saccadé, très direct soutient ce suspense haletant de cette histoire pour laquelle on sait dès le départ qu'il n'y aura pas de happy end. La description de la maladie de Fanny, par petites touches d'étrangeté quand elle va plutôt bien, par grandes crises incompréhensibles quand tout se décompense, est à la fois d'une grande précision, pleine de compassion, jamais dans l’impudeur. C'est un roman de tous les excès qui s'attache à de grandes nuances.

Vraiment un choc de lecture.



(commentaire rapatrié)
mots-clés : #famille #pathologie
par topocl
le Sam 10 Déc 2016 - 17:15
 
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Sujet: Marie Sizun
Réponses: 7
Vues: 1385

Henri Bosco

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Le mas Théotime

C’est tellement de sentiments, d’émotions, la lecture de ce livre, mais c’est avant tout un grand amour pour la Terre et tout ce qu’elle offre à l’être humain ; Terre nourriture du corps mais aussi de l’âme.
Sortant de ma lecture de Simone Weil, j’ai retrouvé dans ce livre sa pensée :  le salut par le travail, le travail salvateur de la Terre et qui conduit vers  la sérénité, la pureté  et plus, vers Dieu.
« Or dans la solitude des champs, des bois et des collines, si quelque aliment pur ne nous soutient, il peut nous arriver d’abandonner, sans le savoir, l’exercice des facultés humaines et de perdre le sentiment et la jouissance des biens intérieurs. Ce sont de vieux biens, depuis longtemps déposés en nous par la patiente communauté des hommes, et qu’ ils nous ont légués pour nous permettre justement de passer sur la terre, sans trop de terreur ni de désespoir. Quand nous les perdons, il ne nous reste plus que notre chair à opposer au monde, et nous savons trop le peu qu’elle pèse. »
« Le travail qui nous occupait du matin au soir, rudement, maintint notre souci commun dans les lieux solides et sains de l’âme. »

« Ils savaient simplement de père en fils, que ces grands actes agricoles sont réglés par le passage des saisons ; et que les saisons relèvent de Dieu. En respectant leur majesté,  ils se sont accordés à la pensée du monde, et ainsi ils ont été justes, religieux. »


Mais comme l’Homme et la Femme  ne sont que des humains ils ont aussi des bonheurs et des malheurs terrestres ; l’amour en est un. Celui qui unit Geneviève et Pascal est malheur par la force de leur cœur sauvage, et bonheur  quand ils comprennent et acceptent qu’il ne vive que dans leur âme,  en le consommant ils le perdraient.

Il y a beaucoup de respect et d’amitié dans les relations entre Pascal et les Alibert, cette famille représente avec honneur la vie de l’homme de la terre,  celui qui  sait s’en faire une alliée.  Le lecteur sent  dans les mots de l’auteur tout le respect que lui-même accorde à ces paysans :
« Elle respirait le bonheur. Et de la voir ainsi je me sentais heureux, parce qu’elle  était grande, belle, et qu’elle marchait près de moi, avec la confiance, à pas lents, comme une vraie femme de la terre. »

Quand Clodius est assassiné à la lecture du testament Pascal découvre la justesse avec laquelle le disparu  l’a jugé puisqu’il lui lègue tout ses biens, à lui alors que tant de haine les  a fait ennemis, mais dont le même sang coule dans les  veines ; c’est avec humilité et honneur qu’il acceptera les devoirs qui y sont rattachés.

« Dans la pièce il y avait Clodius, et il était vivant. On venait d’entendre sa voix, dure, ironique, mais mâle et d’une sorte de grandeur qui nous dominait, même moi, qui l’avais haï, et qui savais pourtant ce que peut inspirer un cœur sauvage. Du mien, une sorte d’amour aussi farouche partait vers lui, et je me disais, tout en moi, avec un orgueil chaud et sombre, que c’était mon sang qui venait de parler. »

Difficile de comprendre, à part au premier abord, dans les premières minutes où Pascal comprend que celui qu’il abrite est l’assassin, la raison de la non-dénonciation.  C’est qu’il ne faut pas oublier l’hospitalité dû à celui qui la réclame, l’asile en quelque sorte.

« Le sens de l’hospitalité l’avait emporté sur le sens moral. »

Quel désarroi ensuite pour Pascal lorsqu’il comprend qu’il se trouve complice de cet homme, mais Théotime le sauve de  l’acte vil, la dénonciation qu’il s’apprête à faire alors que la décision de Geneviève le bouleverse  et qu’il comprend que la séparation est définitive :

« Je fis un pas ; mais, quoique je n’eusse pas honte , tant je brûlais de douleur et de jalousie, je fus arrêté. Une brise m’avait apporté une odeur de fumée que je connaissais bien. Il était six heures, et Marthe venait d’allumer du feu à Théotime pour mon déjeuner du matin.  Malgré moi je me retournais pour regarder ma maison. »

Geneviève qui vivra désormais dans la sérénité qu’offre la piété, donne à Pascal un dernier gage d’amour, en lui offrant l’Ermitage de St-Jean, en tant que Maître il redonnera vit à la fête de Noël « le feu des bergers ».
Pascal vivra ses obligations envers la Terre, ses gens, Théotime  dans la solitude, le respect et l’amitié des Alibert,  avec l’apport de tous les » Vieux  Biens » légués par ses ancêtres.

Une lecture qui illumine, qui apporte la sérénité, les bienfaits de la Terre et un espoir en et pour  l’Homme.
Beaucoup de poésie dans les mots, l’auteur  fouille au plus secret des cœurs et des âmes, n’en cache pas la noirceur mais sait en élever aussi le meilleur.

l'Ermitage de St-Jean du Puy à l'heure d'aujourd'hui

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mots-clés : #education #famille #initiatique #insularite #nature #ruralité #vengeance

_________________
Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journée pour soi est un esclave. » Friedrich Nietzsche
par Bédoulène
le Sam 10 Déc 2016 - 17:09
 
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Sujet: Henri Bosco
Réponses: 124
Vues: 13935

Brady Udall

Le polygame solitaire

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J'avais aimé Le destin miraculeux d’Edgar Mint, où Brady UDALL nous faisait une brillante démonstration de sa capacité à comprendre la solitude et l'ironie de l'enfance. Dans Le polygame solitaire, il hausse ce talent au plus haut niveau, et nous fait part de sa vision de la famille, qui est en même temps très personnelle et universelle (très proche de ce que j'en ai). Ces romans familiaux qui montrent à quel point le milieu familial est un milieu invivable, lui qui réunit des êtres que rien ne devrait normalement rapprocher, mais où le miracle de l'amour, des codes partagés, des rituels progressivement adaptés, des concessions raisonnées, permet finalement à chacun de trouver sa place, de s'épanouir, d'enrichir l'autre. Pour moi, comme pour Brady Udall apparemment, la famille est l'ultime et formidable ressource malgré tout ce qu’elle a d'insupportable. Famille je vous hais, famille je vous aime : c'est l'ingrédient principal de ce livre. Le héros, 45 ans, Golden Richards, est à un stade de questionnement existentiel. Sa famille a toujours été son investissement premier, son tuteur personnel, mais l’accumulation des responsabilités, des petits tracas quotidiens, qu'il avait acceptés jusque-là, lui deviennent insupportables après le décès de 2 de ses enfants. Il est usé. Ce sont autorisés Il a des rêves d'égoïsme et de liberté, que sa droiture lui interdit de faire aboutir, et dont l'éclosion l'enferme dans un désespoir secret. On suit aussi l'un de ses fils, Rusty, 11 ans, pas tout à fait dans le moule, et qui de ce fait se croit non- aimé alors qu'il est simplement mal aimé.

Grâce au talent de Brady Udall à poser ses personnages, à nous exposer leurs contradictions, leurs faiblesses, leurs envies, à situer avec empathie et humour les situations les plus banales ou plus rocambolesques, le roman serait déjà réjouissant. Il y a des pages hilarantes qui nous racontent comment décoller un chewing-gum prie dans les poils pubiens, faire la chasse aux puces dans une famille nombreuse (j'ai retrouvé mes modestes chasses personnelles contre les poux)…

Mais il faut savoir aussi que cette histoire se situe dans les années 70 dans une secte de fondamentalistes mormons. Et que parmi ceux-ci un certain nombre d'hommes sont considérés comme élus et de ce fait poussés (contraints ?) à être polygame et à engendrer le plus d’enfants possible. (Il faut bien noter que ce ne sont pas les vrais Mormons :ceux-ci ne sont plus polygames depuis la fin du XIXe siècle comme cela est rapidement expliqué dans le livre,… mais ce que le 4e de couverture semble ignorer.)

Golden est l'un de ceux-là, mari de 4 femmes, père de 28 enfants. On comprend vite comment ses problèmes sont démultipliés, insurmontables et pathétiques. Brady UPDALL décrit plus particulièrement certains des personnages auxquels il s'attache décryptant remarquablement la culpabilité, les petites jalousies, les mesquineries cachées, mais aussi actes courageux, les paroles consolatrices et les mains tendues. Il sait que celle-ci n’atteignent pas toujours leur but, que la vie nous réserve pas que des bonnes surprises, qu'il faut lutter sans fin, que c'est pour ça sans doute qu’elle vaut la peine d'être vécue.

Ce qui est passionnant dans le roman de voir comment Udall montre que ses personnages, qui devraient nous paraître totalement incompréhensibles du fait de leur vécu et de leurs valeurs si différente des nôtres, sont en fait très proches de nous avec simplement un décalage dans la façon d'apprécier les choses. Il n'évite pas l'aspect intolérable rigidité et d'intégrisme de ses personnages. Mais les grandes émotions, les sentiments basiques sont la. La vérité est beaucoup plus complexe que ce qu'on pourrait imaginer : l'homme patriarche n'est pas forcément le gagnant, les femmes, quoique n'ayant pas la part belle quand on les regarde avec nos yeux, savent aussi mener leur barque à leur avantage. Dans ce carcan des traditions chacun exprime à sa manière sa personnalité propre. Total, comme chez nous, tout le monde aime, souffre, se bat, essaie de s'en sortir au mieux, se raccroche à cette notion à la fois rebutante et formidable : la famille. Et pourtant, malgré ce credo somme toute bien banal, malgré une obéissance à Dieu et aux règles qui exclue toute critique, Udall ne tombe jamais dans le « bien-pensant », il garde un recul amusé et une décontraction qui sont l’un des charmes du livre.

On a pu comparer Brady Udall, dans diverses critiques, à John Irving, et en effet on retrouve cette empathie pour l'enfance qui se sont abandonnée, qui se sent différente et manque d'amour, lâchée dans le monde pas toujours accueillant et compréhensif des adultes, prête à tout pour attirer l'attention. Mais ici le regard est beaucoup plus tendre, naïf, plein de compassion : il comprend les enfants et leurs déchirements certes, mais il pardonne aux adultes, qui, eux aussi sont de malheureux individus perdus dans un monde trop dur pour eux.

C'est donc une histoire totalement banale et proche de nous : celle d'une famille , mais racontée de façon riche, originale, touchante, drôle, palpitante. Je m'arrête dans la liste d'adjectifs louangeurs, mais vous comprendrez que je n'ai qu'un conseil : allez à la rencontre du polygame solitaire et de sa famille, qu'on n'a pas envie de lâcher après la dernière page.

En tant que famille, ils partaient à la dérive, leur obéissance à Dieu et leur foi devenaient sujettes à caution, leur père et patriarche était absent par le corps et par l'esprit, et il ne servait pratiquement plus à rien ni à personne depuis trop longtemps, leurs mères se querellait et se révélaient incapables de se faire obéir de leurs enfants qui eux-mêmes se disputaient, se conduisaient mal et rendaient leurs mères folles.

Il n'aurait pas pu fournir une réponse plus juste, plus parfaite, parce que, après tout, c'était une vérité fondamentale sur laquelle ils avaient choisi de régler leur vie : à savoir que l'amour est une matière première illimitée. Il n'est pas soumis au jeu cruel des additions et soustractions, de sorte que le donner à une personne n'implique pas nécessairement qu'on doive l’ôter à une autre. Et le cœur dans sa capacité elle aussi illimitée - même le cœur trouble et mensonger de l'homme devant elle, même cette pauvre chose qui se serrait et battait de manière désordonnée à l'intérieur de sa propre poitrine - peut s'ouvrir à tous ceux qui désirent y entrer à l'exemple d'une maison aux portes et aux fenêtres grandes ouvertes et du cœur de Dieu lui-même, immense, accueillant et sacré, une demeure aux pièces innombrables, remplies d’ une multitude infinie.



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #religion #famille
par topocl
le Sam 10 Déc 2016 - 10:38
 
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Sujet: Brady Udall
Réponses: 4
Vues: 851

Jordi Soler

La fête de l'ours


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Dans Les exilés de la mémoire et La dernière heure du dernier jour, Jordi Soler racontait comment son grand-père Arcadi, républicain espagnol, avait traversé la frontière, s'était retrouvé en camp à Argeles-sur- mer et avait fini par émigrer au Mexique où il connut une belle réussite, en tout cas sur le plan social, à travers sa plantation de café, mais resta pétri de la nostalgie et des déchirures de l'exil. Il avait dû parler (je ne me souviens plus très bien), d’Oriol, le frère d’Arcadi, disparu dans une tempête de neige lors de sa traversée des Pyrénées avec son frère. C’est d’ Oriol que nous parle La fête de l’ours.

Peu à peu, Oriol était devenu l'un des fleurons de la légende familiale : un portrait mi-tragique mi-théorique s'était construit, et avait apaisé insensiblement la souffrance de chacun. Mais tout ceci va être bouleversé lorsque, après la publication de ses livres, à l'occasion d'une conférence à Argeles- sur-mer, Jordi Soler se voit remettre par une femme ,vieillissante, sale et rebutante, une photo de son grand-oncle pendant la guerre civile. Oriol a survécu, Oriol est resté en France où il a mené une existence non plus mythique mais réelle, et Jordi Soler va s'attacher à rencontrer des personnages qui ont partagé la vie de son grand-oncle, fouiller des archives et reconstituer, sur fond de hautes vallées des Pyrénées, une vie dont on se demande si elle est sortie d'un film de Fellini ou d'un conte médiéval. On va croiser l'enfance virginale, un ogre gentil, une sorcière effrayante, une maisonnette cachée dans la forêt, une bête terrifiante, qui constituent les ingrédients d'une révélation progressive, aussi déroutante que terrible, qui trouve son acmé dans le dernier chapitre, un suspense magnifique à Prats-de-Mollo, dans une apocalypse festive qui explique le titre du livre.

Jordi Soler remet en cause toutes les idées bien-pensantes sur les héros, sur la mémoire familiale, fait appel au devoir, à l’honneur, à la terreur et à la haine. Il nous livre une histoire hallucinante, farouche, dans un style magnifique où les phrases nous enveloppent, nous emportent et nous bercent. Il nous emmène dans des scènes magnifiques, géantes, le premier et le dernier chapitre sont magiques, splendides. Il y a dans ce livre un mélange de réalité crue, d’humanité bestiale et d'imagination inventive qui transcendent le simple récit

C'est plus qu'un coup de cœur, c'est un coup de massue.

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #immigration #famille
par topocl
le Sam 10 Déc 2016 - 10:15
 
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Sujet: Jordi Soler
Réponses: 4
Vues: 558

Vincenzo Consolo

[center]Vincenzo Consolo (1933-2012)

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 17 Consol10
[/center]

Vincenzo Consolo (né le 18 février 1933, à Sant'Agata di Militello, en Sicile, mort le 21 janvier 2012 à Milan1) est un écrivain italien associé à la «Génération des années trente». Il fait des études de droit à l'université, puis retourne enseigner en Sicile et fréquente Lucio Piccolo et Leonardo Sciascia. Bien qu'il vive depuis 1969 à Milan où il travaille, il reste profondément imprégné de la Sicile, de sa beauté comme de sa violence.

Engagement politique

Ami du poète palestinien Mahmoud Darwich, membre fondateur du Parlement international des écrivains, il manifeste dans Ramallah assiégée, avec l’Américain Russell Banks, le Nigérian Wole Soyinka, le Portugais José Saramago, le Chinois Bei Dao, le Sud-africain Breyten Breytenbach, l’Espagnol Juan Goytisolo, accompagnés de Leïla Shahid et Elias Sanbar.

Il est membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont commencé le 4 mars 2009.


Oeuvres traduites en français :

Le Sourire du marin inconnu
Lunaria
Le Retable
La Blessure d'Avril
Les Pierres de Pantalica
D'une maison l'autre, la nuit durant
Ruine immortelle
Le Palmier de Palerme
Le Voyage en Palestine (collectif d'écrivains et de traducteurs)
De ce côté du phare : voyages en Sicile
Le Sourire du marin inconnu





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Le palmier de Palerme

Quand la révolte n'a pas de parole nait entre les êtres l'incompréhension, alors chacun choisit la fuite, fuite géographique, fuite dans l'écriture et parfois dans l'aliénation ; c'est ce qui ampute le destin de cette famille.

Ce récit est la confession du Père et en-deça je pense quelque peu celle de l'auteur, quant à cette région, qu'il a quitté, cette région victime de tant de maux (mafia, Etat, religion...).

L'écriture de cet écrivain est très riche et poétique ; intéressante aussi dans les nombreuses références culturelles (littérature, peinture, architecture, histoire)

Je souhaite que ces quelques extraits vous convainquent de faire connaissance avec cet auteur.


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"message rapatrié"


mots-clés : #famille
par Bédoulène
le Ven 9 Déc 2016 - 18:08
 
Rechercher dans: Écrivains Italiens et Grecs
Sujet: Vincenzo Consolo
Réponses: 0
Vues: 580

Christoph Ransmayr

Merci, Bédoulène, pour cette présentation ! J'ajoute mes notes/remarques de l'époque de la lecture :


La montagne volante

Originale: « Der fliegende Berg » (Allemande, 2006)


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CONTENU :
L'histoire de deux frères qui se mettent en route en partant de la côte sud-ouest de l'Irlande vers le pays de Kham et les hautes montagnes du Tibet oriental. Là ils cherchent – contre tout savoir de cartographie moderne et de moyens de navigation, une montagne sans nom, pas encore ascendue : peut-être une des dernières tâches blanches sur la carte mondiale ? Dans cette quête les frères encontrent la vie archaique de nomades, en conflit avec les usurpateurs chinois, mais aussi de façons différentes la mort… (Source : se référant à la description de l'éditeur allemand)

REMARQUES :
De point de vue de contenu le roman traite en 18 chapitres d'env 13 à 26 pages de deux frères irlandais, fils d'un sympathisant de l'IRA. Tôt l'essentiel semble avoir été dit : lors d'une ascension commune dans l'Himalaya « il y a une année », l'ainé sera enseveli par une lawine de neige tandisque le jeune survivra.

Après ces chapitres d'entrée, jouant près de la montagne, appelée en tibétain « montagne volante », le cadet raconte dans un va-et-viens constant : entre souvenirs de l'enfance, la jeunesse, le temps comme jeune adulte d'un coté. Et de l'auutre : des préparatifs pour l'expédition, l'avancée dans la caravane de nomade, les différentes ascensions.

Liam est un freak des ordinateurs : élévant sur une île en face de Cork/Irlande de la bétail, et cherchant dans le web des informations sur les « tâches blanches » sur la carte mondiale. Une semble se trouver dans l'Himalaya, un sommet jamais pris. Il devient obsedé par le projet de s'y rendre. Padraic, le narrateur et frère cadet, est différent : il se laisse plutôt entraîner. Et leur expédition les menera de la hauteur de la mer dans les hauteurs du Tibet oriental. Mais cette montagne, la « montagne volante », n'est pas juste une désignation locale pour un lieu, mais au-délà : elle a une signification dans la mythologie tibétaine.

Une grande part du chemin les frères sont en route ensemble avec la caravane des nomades. Et Padraic est irrésistiblement attiré par une jeune mère et veuve : Nyema. Une rlation naît. Est-ce qu'elle sera plus forte que la montagne ? Jusqu'à où vont l'aliénation et la distance vers son frère ? Comment se montrent différences et harmonie entre les frères lors de leurs ascensions, leurs entreprises ? Comment ne pas vivre le chemin du bonheur de l'autre comme un dérangements de nos idées, rester proches?

Il y a le paradoxe que d'un coté on pourrait être tenté de voir la fin déjà au début du roman. Néanmoins il y a une forme de montée en tension jusqu'à la dernière page. L'essentiel est ailleurs.

En passant on apprendra dans des retours en arrière des choses sur la societé e Irlande, mais aussi les mythes et la compréhension du monde tibétains.

Certains disaient que ce roman est une élaboration élargie et fictive du drame au Naga Parbat où les frères et alpinistes Georg et Reinhold Messner ont fait une expédition...

Le roman se présente en forme lyrique très dense, mais pas rimée. La langue – en allemand – est un délice, on ne peut pas la trop louer. Ce qu'il en fait nous atteint de façon si courante, allant de soi, sans être simple ou bête. Nous sommes devant un rythme et une mélodie tellement que la lecture est pur plaisir en soi. On s'imagine un tel texte déclamé… C'est parmi le meilleur que l'art littéraire a produit ces dernières années en allemand, avec l'Allemand.

Un livre enrichissant qui excelle par sa langue. Petites critiques minimals pour quelques répetitions et longeurs.


mots-clés : #famille #initiatique #voyage
par tom léo
le Ven 9 Déc 2016 - 17:10
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langue allemande
Sujet: Christoph Ransmayr
Réponses: 13
Vues: 1259

Roberto Alajmo

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Fils de personne

Second livre que je lis de cet auteur et le plaisir est encore plus fort. Alajmo est toujours aussi acide, il rogne avec plaisir les  personnages qu’il met en scène, oui en scène car c’est une véritable comédie, noire,  prenante, il ne délivre même pas  le lecteur de son emprise à la dernière page. Le  lecteur  s’étonne que sa lecture soit déjà terminée !

L’écriture est  liquide, elle glisse  mais draine toujours les impuretés de l’âme humaine.

L’Histoire : Un meurtre a été commis dans une famille « pauvre »  comme il y en a des centaines en Sicile, vivent dans l’appartement : les grands-parents, les parents de Tancredi  20 ans.


Ces extraits donnent le ton :

La grand-mère : « Tancredi la connait et il le sait : son ton impatient signifie qu’elle a l’intention de collaborer dans les  limites de l’indispensable. Pas un mot qui ne soit essentiel. Ca fait partie de son caractère, elle est comme ça, mémé Rosa : elle en veut au monde entier. Elle est amère. Arrivée au moment du bilan, elle a découvert que la vie était en dette avec elle, et ne pouvant plus passer à la caisse, elle a décidé de se venger en rendant l’existence plus difficile au reste de l’humanité. »

Le grand-père : « Il a ça de bien pépé Fonzio : parfois on ne comprend pas  s’il fait l’idiot ou s’il l’est vraiment. »

La mère : « En ce moment, sa mère doit être dans le fauteuil, sa place préférée quand il s’agit de perdre connaissance. Il lui arrive d’avoir ce genre d’évanouissements. Mais ce ne sont pas vraiment des évanouissements, car bien qu’évanouie elle arrive à parler. »

Le Père : « Nicola avait mis au point une technique qui consistait à se fâcher tout juste avant de se mettre en colère et  garder ainsi le contrôle de sa colère. Ce n’était pas un véritable emportement, mais il n’était pas feint non plus, et à froid, il n’était pas difficile à produire. Une fois obtenu le prix qu’il voulait, il posait l’objet qu’il tenait en otage, encaissait l’argent et saluait.»

Tancredi : Il a vingt ans désormais. « Il s’efforce de se regarder avec objectivité. Il est grand. Il sait quels sont ses devoirs et maintenant il a décidé de ne plus s’y dérober. La réalité qu’il a à vivre est ce qu’elle est, il n’y a rien d’autre à attendre. »

Tancredi vu par les autres : C’était un adolescent déjà grand et maigre, qui avait poussé d’un coup sans laisser au reste le temps de grandir en proportion. Le reste, et surtout l’intelligence, on espère toujours que ça suivra dans les mois, les années à venir. Serenella l’avait cru jusqu’à maintenant : que son frère était stupide de manière provisoire, que son intelligence devait tôt ou tard arriver. Et en fait non, apparemment. «


Je vous invite donc une fois de plus à faire connaissance de cet auteur.


mots-clés : #criminalite #famille
par Bédoulène
le Ven 9 Déc 2016 - 16:50
 
Rechercher dans: Écrivains Italiens et Grecs
Sujet: Roberto Alajmo
Réponses: 2
Vues: 724

Tarjei Vesaas

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 17 Vesaas10

L'arbre de santal

Une famille ordinaire en Norvège au début du 2Oe siècle. Un couple uni, deux enfants, une fille, Margit, un garçon, Egil, de dix et onze ans.
Le père écrit des articles pour les journaux et  sans doute quelque chose de plus personnel. La mère est enceinte et son humeur se met à varier soudain.
Par moments, elle est carrément déprimée et elle confie à son mari qu' elle est «condamnée». De plus en plus souvent, elle se plaint d'être «seule» et «s'absente» mentalement.
Et l'on a déjà compris que la vie de cette famille va être bouleversée.

Comme tous les enfants de leur âge, les enfants ont parfois des rapports agressifs, mais aussi des moments de communion et de complicité exceptionnels.
L'état de la mère se dégrade, contamine l'atmosphère et inquiète le père au plus haut point. Un homme exceptionnellement tendre jusqu' à la faiblesse, intuitif et généreux.
Il va devenir en fait l'unique pilier ou presque sur laquelle Hilde, sa femme va s'appuyer. L'unique pourvoyeur des besoins d'une famille en perdition.
Face à l'adversité, ils deviennent à eux quatre un organisme autonome, symbiotique et sans hiérarchie, les rôles alternant en fonction de la situation.

Hilde est un être magnétique, une voyante, elle capte la lumière. Mieux, elle est source de lumière et illumine tous ceux qui l' entourent. Ou ceux qu'elle rencontre. Mais quand elle «s'absente», tout s' assombrit.
Elle VOIT ce que personne d' autre ne perçoit.  La contrepartie, c'est qu'elle devient dépendante de  son mari et de ses enfants. Elle se coupe de la réalité ordinaire et par la force des choses, les trois autres deviennent extraordinairement perspicaces, attentifs à son égard pour l'arracher à la mélancolie.
Aux yeux des enfants, elle paraît déraisonnable, capricieuse, infantile  et leur père excessivement faible. Mais seulement par moments.
Et, de fait, ils n' ont pas tort. Mais d' un seul sourire, elle les subjugue tous.

Un jour elle déclare qu' elle veut voyager. Et lorsque le père réalise qu' elle est sérieuse, il décide de l'accompagner.
Il hypothèque sa maison et ils partent tous les quatre en train. Ce voyage révèle très vite ce qu'il est, une folle randonnée, une fuite en avant funambulesque. Avec des moments totalement exaltants. Surtout pour la mère, grâce à ses facultés extrasensorielles.
Les autres l'aident constamment, la veillent, la surveillent, la protègent. Mais à la fin, il n' y a plus d' argent. Plus de train. Juste des marches harassantes. Le père doit travailler pour simplement subvenir aux besoins immédiats.
Un jour enfin, l' errance se termine. Hilde va accoucher dans une ferme et accomplir ce qu' elle avait annoncé et prévu des mois auparavant.

Voilà un livre d' une justesse de ton et de style constante. Quasiment miraculeuse. À la fois sombre et lumineux. Meme si cette lumière porte le «soleil noir de la mélancolie».

Rapatrié


mots-clés : #famille #pathologie
par bix_229
le Jeu 8 Déc 2016 - 23:49
 
Rechercher dans: Écrivains de Scandinavie
Sujet: Tarjei Vesaas
Réponses: 19
Vues: 1498

Bohumil Hrabal

Les souffrances du vieux Werther

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Ce sont les souvenirs de son oncle que l'auteur nous dévoile. Un oncle qui nous est sympathique dès les premières pages de la préface.

Je me suis essoufflée à suivre l'écriture qui s'exalte dans les paroles de l'Oncle, sans pause, mais je n'en souhaitais pas. C'est un enchainement de longues phrases qui m'ont tenue jusqu'à la dernière page.

Ouf quel Homme cet Oncle ! Qui a comme «bréviaire» le livre de Batista, ce qui lui permet de «philosopher» sur tout et sur les femmes particulièrement.

Quel auteur que Bohumil Hrabal ! encore une fois ce fut une très bonne lecture.

Extraits :

«sauf que l'excès vous fait du mal comme dit Batista, c'est celui qui écrit des choses qu'on comprend pas trop parce qu'il a été aux écoles»

«Les nobles étaient vicieux parce qu'ils avaient de quoi et puis ils avaient le sens de l'art et de la culture, ils apprenaient juste à bien abêtir les gens par le trône et l'autel»

«et le Christ, surnommé autrement Jésus, a fait des choses que personne n'était arrivé à faire avant, c'était un juif baptisé, comme Ghandi il voulait la justice, que personne sur terre ne fasse cocu et ne vole, et c'est pour ça qu'il a subi la passion. Jan Hus aussi s'est laissé brûler par simple entêtement, et comme ils voulaient picoler pendant la noce, le Christ leur a changé le vin en eau, c'était un rigolo et un magicien...»

«J'ai encore pu lui jouer un rôle d'officier de la garde, et si je m'étais entraîné dès ma petite enfance, maintenant je serais aussi dans les journaux, c'est exactement comme Jésus, depuis son plus jeune âge, il s'était entraîné à faire le docteur, le législateur et le magicien, s'il n'avait pas été tout ça, on ne l'aurait pas considéré comme Dieu, les libres penseurs reprochent à l'église que s'il était Dieu, pourquoi il entretenait des relations avec une femme perdue, mais il lui donnait seulement des leçons d'hygiène publique, comme Batista, et elle, Marie-Madeleine, quoique grue à l'origine, elle a quand même fini par parvenir à la sainteté...»



mots-clés : #famille #humour
par Bédoulène
le Jeu 8 Déc 2016 - 21:45
 
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Sujet: Bohumil Hrabal
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Elif Shafak

Elif Shafak
Née en 1971

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 17 Elifsh10


Née le 25 octobre 1971 à Strasbourg de parents turcs, Elif Shafak est une écrivaine turque.
Diplômée en relations internationales de la Middle East Technical University d'Ankara, elle est aussi titulaire d'un master en genre et études féminines dont le mémoire portait sur la circulaire Compréhension des derviches hétérodoxes de l'islam. Elle a soutenu sa thèse en sciences politiques sur l'Analyse de la modernité turque à travers les discours des masculinités.

Elle enseigne à l'université, et vit entre les USA et la Turquie.

Son premier roman, "Pinhan", obtient le Prix Mevlana récompensant les œuvres littéraires mystiques en Turquie.
Son second roman, La bâtarde d'Istanbul, best-seller en Turquie en 2006, raconte l'histoire de deux familles, l'une turque, l'autre arménienne, à travers le regard des femmes. Il lui a valu d'être poursuivie en justice pour « Humiliation de l'identité turque, de la République, des institutions ou organes d'État ». Le procès s'est conclu par un non-lieu.

Outre ses romans qui remportent un vif succès en Turquie et ailleurs, Elif Shafak écrit aussi des articles pour des journaux et magazines en Europe et aux Etats-Unis, des scripts pour des séries télévisées et des paroles de chansons pour des musiciens de rock.

source : wikipédia.

Ouvrages traduits en français :

La Bâtarde d'Istanbul, Paris, 2007.
Bonbon Palace, 2008
Lait noir, 2009
Soufi mon amour, 2010
Crime d’honneur, 2013
L’Architecte du Sultan, 2015






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Crime d'Honneur

Lecture terminée, l'histoire se met en perspective, alors que "le destin" qui guide le fil de cette lecture nous joue bien des tours comme dans le superbe film d'Elia Kazan "America, America". En fait j'ai eu l'occasion de parler de kaléidoscope ou de puzzle pour definir ce roman, mais pour être plus précis on devrait parler de ce "Palais des glaces" qui prenait place dans les fêtes foraines d'autrefois, succession de miroirs où chacun s'aventure, et regarde son image démultipliée selon sa position.
Dans ce recit, qui semble mener à l'inéluctable, tel le destin d'autres femmes égarées dont il est fait état, le destin de deux soeurs jumelles Jamila et Pembe, Pembe et Jamila, se mélange comme les marionnettes sous les doigts de l'artiste, en l'occurence ceux de l'auteure, mêlant à loisir leurs vies entre le plateau anatolien et les rues de Londres, entre culture islamique et manifestations de punks anglais, dans un brassage de peuples orientaux aux traditions et coutumes ancestrales.
L'écriture de Elif Shafak est limpide, elle s'écoule agréable, pleine d'un charme oriental, toute en suggestions et retenue. Elle nous fait découvrir l'existence de populations transportées dans une europe où telle la plante épiphyte d'Elias elles survivent en s'attachant "à toutes sortes de choses et poussent presque dans l'air, en vraies nomades".

Spoiler:



mots-clés : #conditionfeminine #immigration #famille
par Chamaco
le Mer 7 Déc 2016 - 18:43
 
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Sujet: Elif Shafak
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Maurizio Maggiani

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 17 97827416

Le Courage du Rouge-gorge

C’est tout d’abord la couverture du livre qui m’a attirée :Acte sud a choisi un Paysage fantastique d’Iran du XIVè siècle. Ensuite, j’ai vu qu’il s’agissait d’un auteur italien et enfin le format oblong du livre me plaisait.
Bref, il fut acheté comme ça, sur un coup de tête ? marketing ? presse ?

Saverio Pascale est le fils d’émigrés italiens anarchistes, installés à Alexandrie d’Egypte pour fuir le fascisme. Sa mère morte alors qu’il était très jeune, il vit avec son mystérieux père, boulanger de son état, entouré d’autres italiens émigrés comme eux.
Saverio se laisse bercer par l’ambiance des quartiers de Ras-El Tin, la mer, les effluves des marmites sans songer au passé.
Ce qui déclenche toute l’histoire est, suite à la noyade du père, la découverte d’un petit recueil de poèmes bien caché dans un tiroir : Le Port enseveli de Giuseppe Ungaretti, texte qui suscite chez Saverio émerveillement et malaise.
Commence alors une période de questionnements et de doutes pour le jeune homme : quel était ce passé dont il ignorait tout ? Quel lien liait le poète et le boulanger ?

Saverio part en quête de ses origines, chemin inverse de celui de son père, route menant d’Alexandrie à Carlomagno ; volonté intime mais aussi collective.
Le jeune homme n’atteindra pas Carlomagno ; il croisera Ungaretti à Rome et cette rencontre furtive et bousculée aura pour conséquence de mettre fin au voyage.
Néanmoins le poète va faire remettre à Saverio un cadeau…

« Mon cher jeune homme,
Croyez-moi, je regrette beaucoup que nous ne puissions approfondir notre connaissance réciproque.
Je vous joins une petite surprise, que, je l’espère, vous pourrez utiliser plus utilement que moi-même.

Giuseppe Ungaretti
»

…un ancien document, note de frais de la condamnation pour hérésie d’un certain Pascal brûlé vif. Une énigme.

De retour en Egypte, débute pour Saverio une période de recherches, d’une part un nouveau voyage entre les livres et d’autre part la recherche intérieure, celle de son « port enseveli » qu’il croit approcher en pratiquant la plongée sous-marine.
L’euphorie grisante des profondeurs le pousseront à l’irraisonnable : Saverio sera victime d’une embolie pulmonaire et sera hospitalisé.

« Je m’appelle Saverio et je raconte cette histoire parce que c’est ce que veut le Dr Modrian. » (Première phrase du livre)
Le médecin veut le guérir par l’écriture et Saverio va raconter l’histoire de Pascal et Carlomagno ; c’est la réalité qui donne naissance au rêve, les histoires dans l’Histoire, c’est soi à travers les autres. Et de ce flou paraît une évidence : la vie, être vivant et là.

Saverio sort de l’hôpital malgré le Dr Modrian, abandonne l’histoire de Pascal pour vivre.
Ce sera poussé par ces amis et amis de feu son père qu’il racontera la fin de Pascal le brûlé vif, moment où les deux histoires se fondent : celle du passé (Pascal) et celle du présent (Saverio).


mots-clés : #famille #historique #immigration
par Cliniou
le Mer 7 Déc 2016 - 13:40
 
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Sujet: Maurizio Maggiani
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Herman Koch

Le dîner

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 17 41kclu10

Le dîner est un livre qui, sous des aspects classiques est très dérangeant qui déstabilise par son mode de récit comme par ce qu’il raconte et les idées qu’il remue. Il est difficile d ‘en rendre compte, car c’est la progression du récit et les découvertes progressives qui le rend si fort, et je ne voudrais donc pas déflorer plus ce roman que cela ne l’a été fait dans la presse ou sur le quatrième de couverture. Je vais essayer cependant de vous faire partager mon enthousiasme.

Tout commence par  la couverture, qui je l’avoue ne m’ a pas vraiment tentée au départ. Ce homard rougeoyant m’évoquait quelque chose de ludique, sans doute assez superficiel. Ne vous y fiez pas. Regardez plutôt ses pinces qui sont prêtes à vous saisir cruellement et ne plus vous lâcher. C’est ainsi qu’est fait le livre, ça part léger et ça continue dans un tourbillon angoissant.

Le récit est construit autour du fameux dîner. C’est à dire une unité de lieu, de personnages et de temps qui commence en comédie et finit en tragédie antique où vont se révéler en une soirée des comportements et des personnalités qui se sont construits depuis des années, à l’occasion d’un événement (que je ne veux pas décrire) plus récent qui cristallise tout cela.

On commence donc avec Paul le narrateur , qui va dîner en compagnie de son épouse Claire, avec Serge et Babette, frère et belle-sœur, dans un restaurant bobo-branché. Paul a un regard ironique sur ce monde : description très précise du moindre détail du repas, de la mise en scène, des attitudes des convives, des serveurs, des tarifs, qui est absolument parfaite et bien vue quand on fréquente parfois ce genre de lieux : il en remet juste une petite couche par ci par là pour faire de ce rituel de plaisir luxueux, une mise en scène hilarante. Son frère aussi, il le regarde à sa façon : pas vraiment sympathique, un homme politique de gauche un peu vulgaire, qui sera prochainement élu premier ministre, qui a réussi, qui le sait et en profite, pas toujours avec délicatesse ; Là encre la description de l’homme people un peu arriviste, calculateur, trop bien dans sa peau est plutôt fine.

Puis peu à peu il se fait un glissement insensible. La crique, d’amusante, devient amère. Paul se campe sur des positions d’homme « ordinaire », de « bonheur à trois » dans sa famille qu’il défend avec une jalousie et  une supériorité qui tourne assez vite au mépris. On sort de l’ l’amusement, et on sent des choses grinçantes qui s’insinuent, de la paranoïa pourquoi pas.
Pourtant le dîner commençait sur le mode léger : apéritif au champagne, propos courtois sur les vacances et le films de Woody Allen. Paul mord un coup à droite et à gauche, mais cela passe …

Il faut en venir au plat de résistance et on comprend la tension qui était dans l’air et que chacun semblait nier : Serge en se faisant plus amical qu’il ne l’est, Paul en lâchant son fiel hargneux. Il faut parler des enfants. Des adolescents « comme les autres » qui ont commis un acte répréhensible, chacun le sait , et nous le découvrons peu à peu, comme les parents l’ont eux même découvert, horrifiés (?). Et il faut faire des chois : comment réagir, et surtout, les préserver en postulant qu’ils sont bien plus innocents que la réalité ne va le monter. Mais aussi (surtout ?) préserver son petit bonheur personnel, son cocon familial, sa place en politique, son image personnel de soi et sa famille….Un somptueux travail de déni scrupuleusement organisé, une absence totale de remise en question, et, caché derrière un prétendu amour filial, une absence totale d’humanité.

Tout cela réserve pas mal de surprises, chacun se révèle tel qu’il est en réalité. La sournoiserie, la perversion, la haine, tout y est, magnifiquement enrobée derrière un voile de bonne conscience dévoyée . Le pire n’est jamais celui que l’on croit. Les enjeux de toute une vie se révèlent à travers cet épisode cathartique. Cela explose et quand cela a fini d’exploser cela a encore des soubresauts qui modifient notre façon d’appréhender leur réalité.

Cette histoire nous remue par sa violence extrême. Ce qu’annonce le quatrième de couverture « jusqu’où irons nous pour protéger nos enfants » n’est déjà pas anodin, mais il est réducteur. Ce n’est qu’un des aspects de ce livre à suspense. On s’interroge de façon beaucoup plus large sur ce que nous avons fait de notre société, et de ce que notre société nous a fait en retour pour que nous, parents et eux, enfants agissent ainsi. Le drame qui se joue sous nos yeux n’set qu’un effet zoom sur plein de dysfonctionnements plus anodins que nous pratiquons ou côtoyons au jour le jour sans forcément y prendre garde et qui pourraient , peu à peu au final, nous mener là… nous prévient Herman Koch.

L’idée de nous présenter cette situation de dîner est absolument excellente. Le retournement  de ton au fil du livre, racontant ce repas raffiné jusqu’à ce final monstrueux, est mené avec une grande habileté. Il n’y a pas un moment où on se dit « Ah ça tourne » , les petites saloperies quotidiennes s’infiltrent peu à peu pour bouleverser le récit, sans qu’on s’en rende vraiment compte sur le moment. Les notations sur la cuisine, le service , les interventions des serveurs sont un moteur de l’intrigue, elle permettent des pauses salutaires et souvent drôles dans la progression dramatiques qui sont réjouissantes, elle permettent de conserver le caractère banal de la situation.. Le repas au restaurant constitue un huis clos où la tension monte, mais d’où les personnages peuvent sortir (petit tour au toilettes, dans le parc) et interférer avec d’autres (les serveurs , les autres clients, le fils de passage ) pour faire des pauses dans cette montée en puissance.

Le style n’est pas extrêmement travaillé, c’est le reproche qu’on pourrait à faire à ce livre, mais finalement c’est d’assez peu d’importance, et on y gagne peut-être même en rythme.. Il y a une compréhension de la fragilité humaine, des failles où s’insinue le mal et des extrémités auxquelles elle peut mener qui est assez terrifiante.


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #famille #pathologie #violence
par topocl
le Mar 6 Déc 2016 - 18:51
 
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Sujet: Herman Koch
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Ivan Jablonka

Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus - Une enquête

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 17 C1010

Tout est dans le détail.

Par son travail obsessionnel mais passionnant de fourmi déterminée, Jablonka accumule les faits, donne sens aux détails les plus insignifiants, pour recréer  l'histoire d'une décennie, à travers un homme et une femme qui l'ont traversé valeureusement et en ont été honteusement éliminés. Dans le fin maillage de ce tissu informatif persistent des failles, déchirante pour le petit-fils qu'il est, mais qui créent autant d'ouvertures pour l'historien qu'il est devenu, à écrire des biographies subjectives ancrées dans le réel.

Pendant plusieurs années, Ivan Jablonka, enfant gentiment laissé à l'écart du drame de ses grands-parents communistes polonais juifs émigrés à Paris, abominablement assassinés comme des millions d’autres au camp d’Auschwitz II Birkenau, devenu historien « pour réparer le monde », a compilé les indices, témoignages, récits, archives qui lui permettent ici de reconstituer au mieux l’histoire de Matès et Idesa, ses grands-parents.

Matès est né au shetl de Parczew de parents juifs religieux dans une fratrie de 5 enfants, qui, tous, rejettent le joug d'une religion qui les étouffe et embrassent la cause communiste, dans l'idée de construire un monde meilleur, quitte à perdre leur liberté et leur vie. Lui et son épouse Idesa, emprisonnés, persécutés, fuient la Pologne et arrivent en 1936 à Paris, sans argent, sans amis, sans papiers. L'accueil est basée sur la tracasserie administrative, le rejet et les menaces d'expulsion. Tout ceci n'est qu'un avant-goût qui va trouver son apogée dans l'antisémitisme avoué et glorifié qui mènera dès la victoire allemande vers les rafles et les camps d’ extermination.

Ivan Jablonka ne laisse rien au hasard. Il compulse les récits des survivants et de leurs descendants, les lieux d'archives, les ouvrages historiques ou littéraires pour réunir une documentation qui traque la moindre trace objective ou émotionnelle que ses grands-parents ont pu laisser, et qui permettrait d'écrire leur histoire, de connaître leur vie. Il confronte cette multiplicité de pistes, de traces, à celles laissées par d'innombrables autres juifs polonais qu'ils ont croisés le temps d'une minute ou de plusieurs mois, à celles de frères et sœurs exilés à Bakou ou en Argentine, à celles d'autres, connus ou anonymes, qui pour une raison ou une autre, eurent un destin similaire.

Il réunit une impressionnante somme de documentation qu’il nous restitue avec une précision quasi obsessionnelle et dont le maillage serré laisse subsister bien sûr des zones d'ombre et d'interrogations. Dans ces trous du récit, Jablonka insinue des hypothèses, mais toujours étayées sur des faits, non pas des délires fictionnels mais des options possibles qu’il prend soin de toujours signaler - on sait toujours parfaitement si on est dans un élément irréfutable ou des péripéties possibles, voire probables. Et ce maillage même, n’est que l'image de celui, machiavéliquement constitué par l'autorité policière ou politique pour mieux traquer et condamner les deux émigrés. L'auteur, par cette accumulation de détails, par son attachement à la moindre précision véridique, qu’un non historien aurait considérée comme non signifiante, reste le plus souvent dans une objectivité non compassionnelle, mais d'autant plus efficace, et c'est sur ce fond quasi professionnel que certaines pages, jamais pathétiques, prennent une ampleur d'une beauté bouleversante, une émotion d'autant plus marquante qu’elle est totalement maîtrisée..

Après Les disparus de Mendelssohn  et Une histoire familiale de la peur d’Agata Tuszynska, voici un nouveau récit familial où l'histoire de la recherche,  le caractère tout à fait fascinant des personnages (ces grands-parents qui, ayant voulu créer un monde meilleur, finirent leur vie dans un enfer que nul n'aurait su imaginer), la tragédie aussi intime qu'universelle qu'ils connaissent, s'entrecroisent pour amener Ivan Jablonka, homme courageux quoique découragé, à construire un récit de bout en bout passionnant, offert à ses 2 filles qu’il conduit à l'école maternelle dans le quartier-même où Matès et Idesa se cachèrent plusieurs mois avec leurs 2 enfants. Au-delà de leurs destins individuels, il brosse un portrait tragique du XXe siècle et du sort que celui-ci réserva à des hommes et des femmes à qui l'idéologie arracha leurs amours, leurs enfants et leur vie.

Histoire intime, histoire collective s'entremêlent étroitement, et la quête du détail, le souci d'objectivité rigoureuse ne sont que le terreau qui fertilise ce travail de mémoire dont émerge une émotion d'autant plus forte qu’elle est maîtrisée.



(commentaire rapatrié)


mots-clés : #biographie #communautejuive #deuxiemeguerre #documentaire #famille
par topocl
le Mar 6 Déc 2016 - 16:51
 
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Sujet: Ivan Jablonka
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Mikal Gilmore

Un long silence

Tag famille sur Des Choses à lire - Page 17 51vcd010

Cette photo est une vraie photo de la famille Gilmore

En 1976, le frère de Mikal Gilmore, Gary, a déchaîné les médias américains. Tout d'abord en commettant un double meurtre insensé, exempt de tout mobile, de sang-froid, puis, alors que depuis 10 ans aucun condamné à mort n'avait été exécuté aux États-Unis, en refusant de demander sa grâce, en exigeant son exécution, en demandant que celle-ci soit réalisée avec la méthode la plus violente qui soit (fusillé par un peloton de 5 personnes). Il a ainsi ouvert la porte au rétablissement de la peine capitale aux États-Unis.

D'une histoire pareille, qui a été déjà rapportée par Norman Mailer dans Le chant du bourreau un roman-fleuve de 900 pages qui lui a valu le prix Pulitzer en 1981, et dans plusieurs films et reportages télévisuels, qui continue à hanter la conscience américaine, Mikal Gilmore n'a pu ressortir indemne.

Ce livre est une tentative désespérée d'exorciser son passé, d'expliquer l'inexplicable, de pardonner l'impardonnable, d'aimer désespérément une famille si peu « aimable ». Décortiquant une histoire familiale au fil du siècle, décryptant les personnalités, les héritages, Michael Gilmore essaie de dénouer l'écheveau inextricable qui a amené son frère dans cette folie destructrice et suicidaire. Il veut comprendre, mais sans se contenter de jouer la carte trop facile de la simple enfance malheureuse, de la lourdeur de l'héritage psychologique, marquée par la culture mormone, austère, rigide, et structurante. Il compatit aux victimes, mais il veut aussi compatir à son frère, pris depuis l'enfance, et peut-être même déjà avant sa naissance, dans un engrenage mortifère. À côté de la pire violence du crime final, il met en lumière la douleur partagée de cette famille, l’in capacité que chacun y avait d’exprimer sa souffrance sa solitude autrement qu'en détruisant l'autre.

Gilmore nous décrit cette famille, sa famille , il dissèque cet ancrage maléfique, mais ancrage tout de même, où l'amour est aussi violent (à tous les sens du terme) que désespéré, et entre en résonance avec les pertes et les abandons. Chaque personnage hurle magnifiquement sa détresse à travers ses fureurs et ses folies, et grâce à l'immense empathie et à l’intelligence magnifique de Mikal Gilmore, on est en empathie profonde, mêlée de détestation, pour chaque personnage, aussi révoltant soit  son comportement.

Mais l’auteur ne s'arrête pas là. Il nous interroge sur la vie et la mort, la prédestination et le libre arbitre, notre droit à décider de la mort des autres et de régler nos problèmes personnels par celle-ci. Il parle de la difficulté de vivre avec un passé pareil, comment s'en affranchir sans le trahir comment exprimer son amour pour des êtres aussi détestables, comment juger des hommes et des femmes qu'il aime tant et qui ont tant souffert.

Un long silence, a en anglais un titre beaucoup plus vibrant, bien plus représentatif du livre, : Shot in the Heart. C'est, et je pèse mes mots, le livre le plus bouleversant que j'ai lu depuis bien plus de dix ans

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #criminalite #famille
par topocl
le Mar 6 Déc 2016 - 15:25
 
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Sujet: Mikal Gilmore
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Jonathan Franzen

Freedom

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Il y a fort longtemps, je racontais souvent à mes enfants un conte africain où la mère répétait à son enfant « Épaminondas, Épaminondas, qu’as-tu fait de la conscience que je t'ai donnée à la naissance ? ». Dans Freedom, l'Amérique serine à ses personnages « Patty, Walter, qu'avez-vous fait de la liberté que je vous ai offerte à la naissance ? ».

Pour s'en tenir à l'intrigue, Franzen raconte l'histoire de deux amis, aussi différents l'un de l'autre que peuvent l’être deux amis, qui sont pendant quarante ans amoureux de la même femme. Jules et Jim à l'américaine en quelque sorte, mais vraiment très américain. Un pavé subtil et tragique qui nous montre comment , bien qu'ils soient nés dans un pays démocratique, dans un milieu intellectuel et aisé, nos trois héros, gavés de bons sentiments, mais totalement immatures et égocentriques, vont écrire au fil des années leur propre malheur.

Cette toile de fond est l'occasion pour Franzen de  nous peindre une société américaine en pleine errance, pas une petite Amérique bêtement consumériste et sans cervelle, non, des Américains qui réfléchissent, pensent prendre du recul, mais dans un tel individualisme, un tel besoin de marquer leur territoire et montrer leur excellence, qu’ils n'arrivent pas à trouver leur place et détruisent tout sur leur passage.

Cela donne un livre joyeux et sarcastique, d'une richesse foisonnante, éblouissant d'idées et de détails, riche de scènes inoubliables, un portrait sans complaisance d'une société dans l'impasse.(Impasse que refuse Franzen dans les dernières pages fâcheusement un peu trop gentillettes). Tout au fil des 700 pages, il n’y a pas une baisse de régime, toutes les phrases sont pensées , brillantes, intelligentes, indispensables. Franzen aurait eu matière à 10 romans avec ce livre, et il choisit de nous offrir sa version du Grand Roman Américain.

(commentaire rapatrié)
mots-clés : #famille #psychologique
par topocl
le Mar 6 Déc 2016 - 15:22
 
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Sujet: Jonathan Franzen
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Alessandro Baricco

Merci, Bédoulène, pour la présentation de cet auteur dont j'ai lu entre-temps trois, quatre livres qui m'ont plutôt plus! Voici mes impressions sur l'un d'eux :

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Sans sang

Original : Senza Sangue (Italienisch, 2002)

CONTENU :

« Le pays allait de l'avant, bien loin de la guerre, à une vitesse incroyable, en oubliant tout. Mais il y avait tout un monde qui n'en était jamais sorti, de la guerre, et qui dans ce pays heureux n'arrivait pas à redémarrer.»

Ce monde va se livrer bataille à la vieille ferme de Mato Rujo, où vivent Manuel Roca et ses deux enfants. Habités par la vengeance, trois hommes viennent débusquer celui qui fut leur ennemi, trois hommes décidés à faire couler le sang. Manuel Roca le sait. Sous la plancher de la maison, il dissimule sa petite fille puis après avoir chargé ses fusils, il demande à son fils de courir se cacher. Déjà le bruit des armes automatiques les rattrape. La guerre n'est pas finie.
(Source : amaz.fr)

REMARQUES :

L'histoire consiste de deux grandes parties numerotées qui sont encore une fois sous-divisées en parties, paragraphes plus petits. Dans la première partie un groupe de trois hommes s'approche d'une maison sise solitairement dans la campagne. C'est là-bas que vivent Manuel Roca avec son fils et sa fille. Il semble préparé, e attente d'un conflit. Il essaie de cacher, de sauver les enfants. Des tirs fusent et Roca est pris. Le responsable de l'attaque semble l'avoir cherché pour une affaire datant de la guerre. Roca aurait torturé des gens, dont aussi le frère de l'agresseur. Est-ce qu'il s'agit de la guerre civile espagnole ? D'une question de revanche ? Alors on se demande : Comment le conflit se termine ? Comment s'en échappe qui ? Qui est victime, qui est l'agresseur? Dans la deuxième partie – dont on ne va pas dire trop pour ne pas enlèver le sel de l'histoire – on change le lieu et on saute dans le temps de cninquante années ! Est-ce que l'histoire a continué ? Comment les survivants ont passé leurs vies ? La langue est circonscrite, pas pathétique. Elle me plaisait beaucoup. En certains passages l'auteur change vers une narration sans orthographie, un parler sans point ni virgule. Bien sûr on pourrait s'approcher d'une interprétation de l'histoire sous l'aspect de la revanche. Mais il y aurait aussi l'histoire d'une execution refusée, ou des conséquences imprévisibles, même d'une mauvaise action. Et même la petite lueur d'une éventuelle réconciliation ? La fin inattendue m'a surpris et plu. Cela fut la première rencontre avec cet auteur. Très bonne impression !



mots-clés : #famille #violence
par tom léo
le Mar 6 Déc 2016 - 7:36
 
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Sujet: Alessandro Baricco
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John Burnside

Un mensonge sur mon père

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Je suis sûr que mon père ressentait ces choses - mais ces mots sont les miens, et c'est ça le véritable mensonge sur mon père. Je ne peux parler de lui sans parler de moi, de même que je ne peux me regarder dans un miroir sans y voir son visage. (…) quelque soit les circonlocutions dont j'accompagne mon propos, un mensonge reste un mensonge, et je ne suis pas moins une invention, pas moins un faux-semblant, pas moins un mensonge qu'il le fut jamais.


Je suppose que même mon père savait que la mort était la seule situation dont il ne pourrait pas se sortir à l'aide d'un mensonge.


Cette histoire, ce sont tous les mensonges que son père lui a racontés pour protéger une personnalité dominée par la noirceur ; ce sont les mensonges qu'on raconte évidemment, le sachant plus ou moins, quand on essaie de reconstituer la vie d'un homme, et  plus encore d'un père .

Chaque vie est un récit plus ou moins secret, mais quand un homme devient père, l'histoire est vécue non pas au service, mais dans la conscience permanente d'un autre individu, ou de plusieurs. Quel que soit le mal qu'on se donne pour éviter ça, la paternité est un récit, une chose racontée non seulement à, mais aussi par les autres en question.


Ce père-là, « brutal et malheureux », entre misère et alcoolisme, a fait le malheur de ses proches et le sien propre.

Demain, me dis-je, la situation redeviendrait normale. Il s'écoulerait encore un certain temps avant que je me rende compte qu'en dépit des efforts de ma mère, ou des nôtres, il n'y aurait jamais de situation normale à laquelle revenir.


Histoire cent fois racontée d'une enfance annihilée par l'image d'un père inacceptable, puis d'un adolescent qui reproduit les schémas qui lui ont été transmis dans une terrible descente aux enfers.

Je n'attendais rien. Il n'était pas question que le chemin de l'excès mène au palais de la sagesse.L'excès était, pour moi, une tentative désespérée de préserver quelque chose d'inhumain, de me cramponner à la sauvagerie. Je savais que le fait d'être un homme était lié à cette sauvagerie : sauvagerie, non pas barbarie, mais sauvagerie des oiseaux et des animaux, sauvagerie d'un vent âpre dans les  herbes, sauvagerie de la mer, sauvagerie de ce qui reste indompté.


J'y ai rarement vu une telle lucidité, une telle humble sobriété, une telle subtilité dans l'appréhension des ambiguïtés qui nous mènent et malmènent, une telle empathie au monde croisée d'une épouvante face à son épouvante.

C'est un très beau texte, écrit dans une langue limpide, avec des portraits qui soulignent l'extrême humanité de l'auteur, cet homme qui dut attendre d'être père, non pas pour pardonner, mais envisager qu'il « pourrai[t] arriver à pardonner ».

On ne peut apprendre à s'aimer soi-même qu'à condition de trouver à aimer au moins une chose au monde ; peu importe quoi. Un chien, un jardin, un arbre, un vol d'oiseaux, un ami. J'entends par là que le vieux cliché de psychologie populaire est presque vrai dès lors qu'on le renverse : on apprend à s'aimer soi-même en aimant le monde qui nous entoure.


Du grand art.

Nous  sommes dressés à dissimuler l'imagerie de nos vies rêvées - et pourtant, ces images forment un monde en elles-mêmes, elles constituent une écologie, et c'est vers ce monde, vers cette écologie, que j'imagine m'acheminer quand je caresse un long rêve de départ, un après-midi, me projetant au loin, ailleurs, avec une poignée de pièces dans la poche et un petit vent frais qui agite les herbes.




(commentaire rapatrié)


mots-clés : #autobiographie #famille
par topocl
le Lun 5 Déc 2016 - 20:40
 
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Sujet: John Burnside
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Héctor Abad Faciolince

L'oubli que nous serons

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Mon grand-père disait parfois à mon propos : « Cet enfant, il faut l’élever à la dure. » Mais mon père répondait : « La vie est là pour ça, qui cogne durement sur tous ; pour souffrir, la vie est plus que suffisante, et je ne l’aiderai pas. »


Poignant hommage à son père, homme extra ordinaire, à travers lequel Hector Abad  nous raconte qui il est, et nous fait pénétrer dans les arcanes de l'histoire colombienne contemporaine. Hector Abad raconte avec une nostalgie joyeuse puis douloureuse les années heureuses suivies des années tragiques.

Père d’exception, aimant, offrant et soutenant sans attendre en retour, pivot d’une  vie familiale radieuse…

J'aimais mon père d'un amour que je n'ai jamais éprouvé jusqu'à la naissance de mes enfants. Quand je les ai eus, je l'ai reconnu, parce que c'est un amour égal en intensité, bien que différent, et, dans un certain sens, opposé. Je sentais qu'il ne pouvait rien m’arriver si j'étais avec mon père. Je sens qu’il ne peut rien arriver à mes enfants s’ils sont avec moi.
(…) J'aimais mon père d’un amour animal. J'aimais son odeur, et aussi le souvenir de son odeur, sur le lit, lorsqu'il partait en voyage et que je demandais aux bonnes et à ma mère de ne pas changer les draps ni la taie d’ oreiller.



…médecin généreux investi dans un travail de prévention sociale en dépit des obstacles, s’impliquant jusqu’à la mort  dans la lutte pour les droits de l’homme dans un pays où la seule puissance est celle de l’argent et du feu

Les villes et les campagnes se couvraient du sang de la pire des maladies affectant l'homme : la violence. Et comme les médecins d’autrefois, qui contractaient la peste bubonique ou le choléra, dans leur effort désespéré pour les combattre, ainsi tomba Hector Abad Gomez, victime de la pire épidémie, de la peste la plus mortelle qui puisse affecter une nation : le conflit armé entre différents groupes politiques, la délinquance tous azimuts, les explosions terroristes, les règlements de comptes entre mafieux et trafiquants de drogue.


A travers cet homme unique, Hector Abad retrouve les jours heureux de son enfance avec une douceur, une joie de vivre que les tragédies n’ont pas su entamer

La chronologie de l'enfance n'est pas faite de cette lignes mais de soubresauts. La mémoire est un miroir opaque et brisé, ou, pour mieux dire, elle est faite d'intemporels coquillages de souvenirs éparpillés sur une plage de vie. Je sais que maintes choses se sont produites pendant ces années-là, mais tenter de s'en souvenir est aussi désespérant que d'essayer de se rappeler un rêve, un rêve qui nous a laissé une impression, mais aucune image, une histoire sans histoire, vide, de celles dont il ne reste qu'un vague état d’âme. Les images sont perdues. Effacées les années, les paroles, les caresses, évanouis les jeux, et pourtant, soudain, en revoyant le passé, quelque chose s'éclaire à nouveau dans l'obscur région de l'oubli.


Il lance le défi de porter à la face du monde la mort de son père, de le sauver de l’oubli, ainsi que tous ceux qui partagèrent sa lutte et son destin


Un coup de chapeau pour ce récit pathétique sans pathos, qui nous emmène au bout du monde et  des hommes, portait magnifique d’un homme magnifique, défi à la cruauté et à l’oubli



Je compris que la seule vengeance, le seul  souvenir, et aussi la seule possibilité d'oubli et de pardon, c'était de raconter ce qui s'était passé, et rien d'autre.
(...)
J’use  de sa même arme : les mots. Pourquoi ? Pour rien ; pour ce qui est le plus simple et le plus essentiel : pour que ça se sache. Pour allonger son souvenir un peu plus avant que ne vienne l'oubli définitif.




(commentaire rapatrié)


mots-clés : #biographie #famille #regimeautoritaire
par topocl
le Lun 5 Déc 2016 - 9:41
 
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Sujet: Héctor Abad Faciolince
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Marie-Hélène Lafon

Nadine a écrit:Mmm. je sens que mes archétypes fondamentaux vont aimer.
Je note. je vais en chercher à la médiathèque .

Alors on continue Very Happy !

Les derniers indiens

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Au fin fond du Cantal, un frère et une sœur âgés, anciens agriculteurs célibataires, vivent un dernier combat qui consiste à rester chez soi, et ne pas se faire assister. Il ressassent leur passé, les générations enchaînées sur une même terre, une mère autoritaire, le frère décédé dans sa jeunesse lumineuse, les choix qui ne se sont pas proposés, les murs qui se sont dressés. Ils observent leurs voisins, ouverts à la vie et au progrès, avec une fascination mêlant rejet et envie. Ils se demandent s'il ne faut pas acheter des chaises pour remplacer les bancs, mais cela ferait bien du changement…

Décidément, Marie-Hélène Lafon a le don pour parler des gens de peu, ce monde agricole abandonné dans sa solitude, un profond respect pour ces gens de peu . Tout cela ferait déjà un excellent roman d'atmosphère, puissant, attentif, s’il n’y avait en outre la dernière page, qui nous fait tomber, avec une délicatesse subtile, dans la noirceur d'un Maupassant


(commentaire rapatrié)


mots-clés : #famille
par topocl
le Lun 5 Déc 2016 - 9:34
 
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Sujet: Marie-Hélène Lafon
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Réjean Ducharme

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Va savoir

Comme disent nos cousins Québecquois je crains d’être tombée en amour  pour cet auteur.

Rémi, le narrateur, aime les femmes, sa femme d’abord qui ne s’est jamais aimée et qui à la suite d’une double fausse-couche part courir le monde en compagnie de Raïa l’ancienne maîtresse de Rémi lequel  lui a confié Mamie  pour lui redonner le goût de l’amour et la ramener auprès de lui.

Pendant ce temps Rémi restaure une veille maison qui accueillera sa Mamie quand, enfin,  si elle revient ; elle lui a dit en partant « la vie il n’y a pas d’avenir là dedans faut investir ailleurs ». Rémi lui s’investit dans l’amour, celui qu’il garde pour Mamie, celui qu’il prend de Jina et Mary ses voisines mais surtout celui de Fanie la fillette de Mary, c’est  d’ elle d’ailleurs qu’il recevra après tant de complicité, de jeux le plus grand mépris.

Mamie s’ingénie à se perdre, à se gommer de la vie, de celle de Rémi et des autres ; elle le fait si bien que même Raïa avoue à Rémi qu’elle l’a perdue complètement.
Comme il le dit à Hubert le mari de Mary, Rémi est un panier percé, il perd les femmes qu’il  aime. Il avait investi, il a compris qu’il ne le fallait pas. Hubert, le mari de Mary  (qui lui perd sa vie) lui accorde à sa succession,  le cœur de Mary.  

Va savoir ?

Ces portraits de femmes sont superbes . Le langage m’a surprise dans les premières pages mais quelle force , quel coup au cœur ces phrases. J’aime cet homme qui met ses sentiments à nu, qui lit si bien les femmes et a su conquérir Fanie qui ne s’était pas ouverte à la vie.


Extraits

Fanie :

« Elle me prend par la main. Je me laisse mener. On ne peut pas résister,  des doigts si menus, si délicats, ce n’est pas humain. On est saisi par la grâce et remis à sa place, au règne inférieur où  on s’élève en grandissant. On est tout organes et tout infections, elle est tout art. On râle, elle rêve.  On a des mangeoires, des lavoirs, des histoires, des boudoirs, des baisoirs, des histoires où les ranger, des maîtres équipés pour nous y tenir et mieux nous rançonner. Elle n’a rien , elle est tout ce qu’elle a. »

« Et ça l’avait épuisée. Ou elle me faisait un numéro, pour se faire porter. Je ne me suis pas fait prier, je l’ai juchée sur mes épaules, et je ne sais pas ce que ça m’a encore fait comme effet, si j’étais heureux de l’avoir, ou malheureux qu’elle ne soit pas à moi. »

« C’est à ce moment que le petit miracle instantané s’est produit. C’est en tout cas l’effet que m’ a fait ce que j’ai pris dans mes bras quand Fanie a réussi à s’échapper et qu’elle m’a escaladé pour que je la sauve… Le monde entier comprenait de quel prix je paierais un autre écart de loyauté : il ne s’en est pas mêlé. »

Raïa :

« Elle veut visiter la vie, fourrer son nez délicat, aux parois frémissantes, où ça fermente. Il faut que ça souffre et ça sacre, se caresse et se salisse, sinon ça l’assomme.

Dali le chien : « Dali finit par la trouver sympathique aussi malgré les accrocs de leurs premiers contacts. Il la raccompagne en prenant ses coordonnées avec son nez, il sait tout de suite où les trouver. Il ne faut pas s’attacher aux gogo-girls qui ont du cran, elles sont trop portées à se ramasser dans un fossé avec du plomb dans le compteur. »

Mamie :

« Pour moi, il y en a une, une seule, et c’est bon de la perdre une fois de temps en temps, de courir le danger de la chercher encore, trouver sous quel visage elle s’est encore cachée. Qui risque rien n’ a rien, et c’est à ne souhaiter à personne, encore moins à la personne qu’on a qu’à la personne qu’on est… »

« Je te prends les doigts et te les mords, te les mange un par un comme je faisais à Raïa parce que tu m’en donnais envie et que tu confisquais les tiens, pas assez soignés, assez élégants pour être adorés, tu leur trouvais des cuticules, un air trapu, bossu, tordu, tout ce qui pouvait t’arranger… »

« Si tu disparais ainsi tu m’auras quitté en me serrant dans les bras de Raïa, et pour le fou d’amour que je suis c’est l’image idéale pour tracer une croix. Tu aurais fait exprès que ça ne me surprendrait pas. Tu auras fait ton gros possible , une dernière fois. Je te demande pardon  de t’avoir demandé ce que tu ne pouvais plus donner mais je sais pas si ce n’est pas moi qui ne te pardonne pas. Tu m’as dévoyé finalement, disqualifié, empêché d’accomplir ma sale petite  besogne de vivant. »

Jina et Mary : « Je les aimais de plus en plus sans le leur faire payer et ça leur faisait de plus en plus plaisir sans que ça paraisse. Histoire d’essuyer mieux les plâtres, on a combiné un de nos
fameux pique-niques. »

(message rapatrié)


mots-clés : #famille #social
par Bédoulène
le Dim 4 Déc 2016 - 18:11
 
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Sujet: Réjean Ducharme
Réponses: 22
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