Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Jeu 28 Mar - 22:39

123 résultats trouvés pour fantastique

Adolfo Bioy Casares

Nouvelles fantastiques

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Nouvel13

Relecture d’un recueil qui m’avait beaucoup plu.

Le crime de Carlos Oribe
Le narrateur rapporte ce qu’il advint à General Paz (district du Chubut en Patagonie) en 1933 à ses deux amis, Juan Luis Villafañe, un journaliste qui narre sa rencontre avec le poète Carlos Oribe.
Incipit :
« La réalité (comme les grandes villes) s’est étendue et ramifiée au cours de ces dernières années. Cela a influé sur le Temps : le passé s’éloigne à une vitesse inexorable. Dans l’étroite rue Corrientes, certaines maisons ont subsisté çà et là plus longtemps que le souvenir que l’on garde d’elles [… »

Le Danois Louis Vermehren vit à l’écart dans sa propriété La Adela avec ses quatre filles. L’une d’elles, Lucie, décède, et le médecin refuse d’aller au domaine pour délivrer le permis d’inhumer. Le premier narrateur résume la version de Villafañe, avant de la déconstruire :
« Mais récapitulons les faits : par la fenêtre de l’hôtel, à General Paz, Oribe et Villafañe aperçoivent au loin un bois de pins : c’est La Adela, une propriété où personne n’entre et d’où personne ne sort depuis un an ; Oribe prétend, un après-midi, qu’il ne quittera pas General Paz sans visiter cette propriété ; le soir venu, sous un faux prétexte, il sort de l’hôtel ; Villafañe sort également ; le lendemain matin Lucie Vermehren meurt et l’interdiction de pénétrer à La Adela est levée ; Oribe ne veut pas aller à la veillée funèbre ; puis il y va et circule dans la maison comme s’il la connaissait ; ensuite Vermehren tue Oribe. »

On apprend notamment que Vermehren « décida d’imposer à tous une existence scrupuleusement faite de répétition, pour que chez lui le temps ne passât point », et que le médecin avait diagnostiqué, un an et demi avant sa mort, que Lucie ne pouvait survivre plus de quelques mois…

À la mémoire de Pauline
Le narrateur, un écrivain, est amoureux de Pauline, avec qui il pense partager une profonde « conformité d’âme » :
« Je crus pouvoir expliquer cette ressemblance en me disant que j’avais dû être une première ébauche, bâclée et confuse, de Pauline. »

Mais Pauline se fiance avec Julio Montero, aussi littérateur, assez piètre selon le narrateur qui l’exècre.
De retour d’Angleterre où il a étudié pendant deux ans, ledit narrateur revoit Pauline (dans un miroir) – et apprend que Montero la tua par jalousie la veille de son départ pour l’Europe. Dans un finale atterrant, il comprend de Pauline ne l’a jamais aimé et que son ultime apparition était une projection du ressentiment de Montero. J’avais déjà beaucoup apprécié à ma première lecture cette poignante histoire d’amour.

Une histoire extraordinaire
Le narrateur, un éditeur, est invité par Roland de Lancker dans sa maison de campagne pour y discuter la mise sur pied d’une académie littéraire. L’hôte, un original impie et cultivé, dispute son élève Olivia (aux belles jambes) aux pudibondes brigades du père O’Grady.
« Je n’aime pas une morale prosélyte, qui institue un système grossier de récompenses et de châtiments, une morale qui dépêche en enfer ceux qui n’ont pas la foi, qui est obsédée, comme une vieille fille aigrie, par le spectacle de la vie amoureuse des autres. Le christianisme va contre la vie même ; il la rétrécit, freine ses élans. N’a-t-il pas dépeuplé le monde de ses dieux antiques, qui étaient les forces qui aidaient à vivre ? Je ne cesse, voyez-vous, de déplorer la chute du panthéon païen. La nouvelle religion est triste ; elle trouve son plaisir dans la pauvreté, la maladie, la mort. Comme la légende de Faust, elle punit celui qui essaie de savoir et celui qui essaie de vivre, celui qui essaie de communier plus intensément avec le monde. Il faut mener sa petite vie, comme m’a dit une jeune fille, sans rien savoir de la vie éternelle. Il semblerait que l’Église et Goethe veuillent que les hommes soient comme ces pauvres qui sont si humbles qu’ils restent là où ils sont, sans poser de questions ni prétendre à quoi que ce soit. »

Lancker est en fait un païen polythéiste, sacrilège choquant la compagnie dévote dans sa lutte contre le christianisme, qui prend une dimension aussi surnaturelle que facétieuse.
Ce récit fait nommément référence à Magique, la pièce de Chesterton ; Borges appréciait également beaucoup cet auteur, et tout le recueil est fortement influencé par la littérature anglo-saxonne – et parcouru d’un humour chestertonien.

La servante d'un autre
Tata Laserna, femme du monde et à hommes, s’évanouit lorsqu’un explorateur belge lui présente la tête de Célestin Bordenave, un ancien amant, réduite par les Jivaros. À propos des « Pygmées d’Afrique [qui] parviennent, eux, à réduire le corps tout entier et, fait essentiel, qu’ils ne tuent pas », est contée l’histoire du poète Rafaël Urbina, amoureux de la belle Flora, dans un style à la fois précieux et emprunté, déplacé et d’une grande élégance.

La mouche et l'araignée
Raoul est heureux avec sa femme Andrea, jusqu’à ce que la peu appétissante Mlle Krig, qui sait se faire aimer, leur dicte leurs rêves.

Le côté de l'ombre
Le narrateur rencontre, de passage sur un rivage exotique, un ami perdu de vue, riche collectionneur anglais. Toute l’approche laisse craindre sa déréliction, à laquelle il échappe après avoir écouté les mésaventures de Veblen, amoureux de l’intelligente et trompeuse Léda, puis ruiné, et enfin rejeté là avec une chatte, Lavinia.

Un lion dans le bois de Palermo
Un lion échappé du zoo près du Club athlétique provoque un retour à la nature agressive des humains qui s’y trouvent.

Le calmar aime bien son encre
Le tourniquet qui a cessé de fonctionner dans le jardin de Don Juan Camargo, qui fait emprunter des livres scolaires par son filleul, don Tadeito, homme à tout faire un peu simplet qu’on fait parler pour découvrir qui réside là.

Le grand Séraphin
Alfonso Alvarez, professeur d’histoire ayant besoin de repos et d’air pur, a quitté Buenos Aires pour la petite hôtellerie du Boucanier anglais, sur la côte. Les sources thermales empestent, et bientôt poissons et cétacés sortent de la mer. La petite communauté réagit singulièrement à la fin du monde, et Hilda la servante allemande le poursuit toujours de ses assiduités.

On ne rattrape pas les miracles
Curieuses rencontres, deux sosies de Somerset Maugham sur un paquebot, une femme aimée et morte, croisée dans un aéroport.

Le raccourci
Guzman, un voyageur de commerce, emmène avec lui son ami Battilana, à la réputation d’homme à femmes.
« Aujourd’hui je trouve tout, mais on a changé les distances. Ce ne sont plus les mêmes. Certaines ont raccourci, d’autres ont été allongées. »

La voiture s’embourbe, et ils cherchent du secours dans ce qui se révèle un bâtiment militaire, où on les arrête. Battilana avoue à Guzman fréquenter sa femme avant de séduire une monitrice à l’issue d’une kafkaïenne cour martiale. Le colonel dit à Guzman de s’enfuir lorsqu’il entendra la salve de l’exécution de Battilana – ce qu’il fait, organisant vite la poursuite de son existence.

Régal de lecture, même si la qualité des textes est inégale, mais où s’allient le talent du conteur et l’adresse pleine d’intelligence du bon faiseur.

\Mots-clés : #fantastique #nouvelle
par Tristram
le Dim 27 Fév - 11:39
 
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Jacques Abeille

Les Carnets de l'explorateur perdu

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Les_ca11

Divers textes ethnologiques étudiant la légende et les faits en marge de l’invasion barbare de Terrèbre, dans le Cycle des Contrées, et attribués à Ludovic, le narrateur des Voyages du fils.
Les cavalières : le corps franc de cavalières alliées aux barbares fut-il mythique ? Cinq témoins confirment leur existence, variant de façon souvent érotique autour du thème des Amazones.
Beaucoup d’évocation de trahisons, comme dans L’arbre du guerrier.
Contacts de civilisations entre les steppes et les jardins statuaires imagine une origine possible de la culture des statues.
Deux mythes du désert : Sur l'origine de la parole et Sur l'origine des images.
« Il y eut une histoire quand Inilo s’assura que de tout ce qui existe on trouve trace. Et cela l’effraya car celui qui regarde une trace, si c’est à la chasse, il est derrière sa proie, mais celle-ci est absente. Quand il rejoint sa proie, il n’y a pas de trace ; c’est la proie qui se dresse sur la place de sa trace. Enfin, quand la proie n’est plus, la trace reste bien que le chasseur accroisse ses forces. Et voici ce qui effraya Inilo davantage encore : quand le chasseur a atteint sa proie et qu’il s’en nourrit et en nourrit les siens, ce n’est plus vers la proie que mène la trace mais vers le chasseur. Et chaque jour de nouvelles traces vont vers le chasseur qui, au fur et à mesure qu’il avance en âge, traîne à sa suite tout un réseau de traces toujours plus innombrables. »

« On dit aussi que les hommes, longtemps avant de se soucier de construire, ébauchèrent des ruines. »

Bonda la lune, cosmogonie et littérature chez les minorités désertiques : sur le thème de la lune et du soleil, pôles féminin et masculin.

Dans l'ensemble, c’est toujours la même anthropologie fictive servie par un français châtié, poétique.

\Mots-clés : #contemythe #fantastique #nouvelle
par Tristram
le Dim 13 Fév - 10:55
 
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Maurice Renard

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 97828410

L'invitation à la peur

" Maître de l'horreur et du mystère " comme le célébraient ses amis, " scribe des miracles " comme il s'instituait lui-même, théoricien et praticien du " merveilleux scientifique " qui deviendra plus tard la science-fiction, Maurice Renard (1875-1939) occupe une place essentielle dans la littérature fantastique française : Le Docteur Lerne, sous-dieu (1908), Le Voyage immobile (1909), Le Péril bleu (1912), Monsieur d'Outremort et autres histoires singulières (1913), Les Mains d'Orlac (1920), qui fut adapté plusieurs fois au cinéma, L'Homme truqué (1921), Lui ? (1927), Un homme chez les microbes (1928), Le Carnaval du mystère (1929), et Le Maître de la lumière (1933).

"II est hasardeux de coller des étiquettes strictes sur les œuvres de Maurice Renard où, la plupart du temps, se combinent merveilleux, surnaturel, anticipation et énigme policière. Dans l'ensemble, elles appartiennent à la littérature d'épouvante en ce sens qu'elles mettent en jeu, par-dessus tout, les mécanismes du frisson et de la peur. "
Jean-Baptiste Baronian


je me suis laissé faire par la pas moche collection et le quatrième de couverture, qui laissait présager détente et dépaysement !

Ce sont donc quelques nouvelles fantastiques orientées science et atmosphère avec un brin de farfeluterie. Assurément pas désagréable bien qu'un peu lourd ou laborieux par moment. Dans la construction surtout il y a des surprises que l'on voit venir de loin... ce qui ne gâche pas tout le plaisir de lecture heureusement et le suspens et la curiosité font le reste...

Beaucoup de références à Poe... une nouvelle hommage à l'homme invisible de HG Wells qui conclut le recueil de bien bel manière... les adeptes y trouveront potentiellement plus leur compte que moi (qui n'avait pas franchement décollé à ma dernière lecture de Poe).

Accessoirement on redécouvre une vision de la science qui trempe dans un extraordinaire accessible (et un style daté juste comme il faut)... et qu'un auteur de farfeluteries (tout de même) avait tout l'air d'avoir, à une époque, sa place avec les autres !

Pas impérissable mais pas de regrets, peut⁻être une lecture plus étalée dans le temps m'aurait-elle mieux convenu ?

(récup)


Mots-clés : #fantastique
par animal
le Mar 18 Jan - 21:02
 
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Howard Phillips Lovecraft

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 97815410

The Tomb (1917)

Un jeune homme de bonne famille qui nous écrit depuis un asile pour nous raconter les événements qui... solitude, songes, frontière avec l'irréel bien floue. L'ambiance morbide aussi c'est vrai. Tout ce qui fait un parfait décor de nouvelle fantastique à faire frissonner avec ce courant parfum de préciosité de personnages ne trouvant pas leur place parmi leurs semblables...

Cahier des charges respecté ou défini ? Peu importe, ce que j'en retiens c'est l'atmosphère au rendez-vous, le rythme de la langue et le sens de la narration. Pour s'y remettre ça fonctionne bien !

(Dernière incursion dans le fantastique avec Clive Barker et c'était bien bien cracra !)


Mots-clés : #fantastique #horreur #reve
par animal
le Lun 17 Jan - 21:13
 
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Theodore Sturgeon

Cristal qui songe

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Crista10

Horty (Horton) Bluett est un enfant trouvé de huit ans. Mal aimé à l’école (qui l’a renvoyé pour avoir mangé des fourmis) comme dans sa famille d’accueil, son seul ami est Junky, un cube de bois bariolé contenant un diablotin à ressort, jouet qu’il possède depuis l’orphelinat. Armand, son père adoptif, lui ayant écrasé trois doigts (ainsi que la tête de Junky), Horty fugue. Il est recueilli par des nains qui vivent en forains, travaillant pour le directeur de la troupe, le Cannibale, un médecin surdoué devenu un haineux misanthrope.
Ce dernier a découvert le « cristal », être vivant totalement étranger à notre perception du monde ; ils peuvent « copier les êtres vivants qui les entourent », mais involontairement, un peu comme une chanson est le sous-produit de l’amour qui fait chanter l’amoureuse :
« Leurs rêves ne sont pas des pensées, des ombres, des images, des sons, comme les nôtres. Ils sont faits de chair, de sève, de bois, d’os, de sang. »

Le Cannibale parvient à les contrôler, les contraignant par de torturantes ondes psychiques à créer des êtres vivants, parfois inachevés – des monstres.
Horty, devenu Hortense (ou Kiddo), s’épanouit dans la communauté du cirque, où sa maternelle amie Zena le chaperonne, déguisé en fillette ; guidé par cette dernière, il lit beaucoup, se souvenant de tout grâce à sa mémoire prodigieuse ; et sa main coupée repousse…
« Horty apprenait vite mais pensait lentement ; la mémoire eidétique est l’ennemie de la pensée logique. »

(Eidétique au sens d’une mémoire vive, détaillée, d'une netteté hallucinatoire, qui représente le réel tel qu'il se donne, d’après Le Robert.)
Bien qu’il lui soit difficile de prendre seul une décision, Horty devra s’enfuir pour échapper à la dangereuse curiosité du Cannibale.
« Fais les choses toi-même, ou passe-t’en. »

Une douzaine d’années plus tard, Kay, la seule camarade de classe d’Horty à lui avoir témoigné de la sympathie, est draguée par Armand, devenu veuf et juge, qui la fait chanter pour parvenir à ses fins…
Horty affrontera le Cannibale − cette histoire est un peu son roman d’apprentissage −, et il comprendra les cristaux mieux que lui.
« …] les cristaux ont un art à eux. Lorsqu’ils sont jeunes, lorsqu’ils se développent encore, ils s’exercent d’abord en copiant des modèles. Mais quand ils sont en âge de s’accoupler, si c’est vraiment là un accouplement, ils créent du neuf. Au lieu de copier, ils s’attachent à un être vivant et, cellule par cellule, ils le transforment en une image de la beauté, telle qu’ils se la représentent. »

Considéré comme un classique de l’étrange, ce roman humaniste a pour thème la différence, physique ou de capacités psychiques particulières, thème qui sera développé dans Les plus qu'humains.
« Les lois, les châtiments font souffrir : la puissance n’est, en fin de compte, que la capacité d’infliger de la souffrance à autrui. »

« Tout au cours de son histoire, ça a été le malheur de l’humanité de vouloir à tout prix que ce qu’elle savait déjà fût vrai et que ce qui différait des idées reçues fût faux. »

En cette époque où le souci de l’Autre devient peut-être de plus en plus important, cet auteur un peu oublié m’émeut toujours par son empathie pour l’enfant et le différent.

\Mots-clés : #enfance #fantastique #identite #initiatique #philosophique #psychologique #sciencefiction #solidarite
par Tristram
le Jeu 9 Déc - 11:58
 
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Loys Masson

Les Tortues

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Les_to10

Le narrateur raconte son passé, lorsque « les Seychelles sont à la variole » comme y relâche la Rose de Mahé en 1904, en attente d’une cargaison fournie par le stevedore Léonis Barclay : des tortues géantes. Son capitaine, Eckardt, navigue en marge des lois, et s’apprête en fait à récupérer le butin dérobé par un de ses complices, Juste Vahély, lors du naufrage du Glen Moor de l’Iman de Mascate vingt-deux ans plus tôt…
Le bateau part avec Vahély prisonnier à bord ; l’équipage comprend douze membres, dont Bazire qui est attiré par les tortues, alors que le narrateur les a en horreur. Le voyage est lourd de sombres pressentiments et signes prémonitoires, avec notamment l’apparition répétée d’un énigmatique chandelier à sept branches (la menorah judaïque ?).
L’atmosphère de malédiction laisse le lecteur en suspens, et le ton est dramatique, d’un mystérieux qui peut rappeler Bosco ou Ramuz ; une nuance de créolité est perceptible dans le style. Avec une certaine emphase, le récit plonge dans un délire empreint de folie, peut-être la fièvre variolique, ou la divagation éthylique.
Les métaphores sont parfois déroutantes, teintées de poésie, comme « ces anges-plantes les vanilliers ».
« Blé charançonné de l’espérance… »

Image obsédante des tortues parquées sur le pont :
« J’étais dans les vergues, loin de cette dunette, de quelque chose de mouvant à mes pieds. Loin d’un chuchotement qui se faisait dans l’enclos des tortues et qui est, je l’ai su depuis, le frottement doux, pressant, amoureux, des coques entre elles quand le temps de la pariade approche. […]
Dans l’enclos le bruit s’amplifiait. Il s’y mêlait le loc-bloc, loc-bloc, loc-bloc cadencé, comme éternel dans sa lenteur, des monstres changeant de place, se formant en couples au gré des affinités. »

Importance des sons, comme des odeurs (volontiers répugnants) :
« J’entendais le cœur de l’odeur. »

Dans la veine du récit-type de malédiction marine, superstitieuse et obscure peur, mais il me semble plus près de B. Traven ou Jean Ray que de Conrad ou Melville.

\Mots-clés : #fantastique #merlacriviere
par Tristram
le Ven 19 Nov - 12:18
 
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Sujet: Loys Masson
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Vénus Khoury-Ghata

La revenante

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 La_rev10

Roman, 2009, 200 pages environ.

Dans "Ton chant est plus long que ton souffle", livre d'entretiens avec Caroline Boidé (éditions Écriture 2019) - que j'ai lu dans la foulée de La revenante - Vénus Khoury-Ghata estime, la quatre-vingtaine passée, que ses romans ne sont pas voués à la postérité, au contraire, peut-être, qui sait ? de sa poésie.

On lui laisse le pronostic, toutefois tout n'est pas à jeter, ou destiné à une oublieuse consommation immédiate, parmi ses romans.

Celui-ci possède un riche sujet:

quatrième de couverture a écrit:
Juin 1941.
Trois officiers français des troupes du levant sont ensevelis sous les décombres d'un temple du djebel Druze, en Syrie. Cinquante ans après, les trois corps exhumés sont ceux de deux hommes et d'une femme. Qui est cette femme ? Qu'est devenu le troisième officier, dont la dépouille n'a jamais été réclamée par sa famille ? Et en quoi ces faits, relatés par un journal, concernent-ils Laura, une jeune française de vingt-cinq ans ? Un accident de voiture, un coma, suivis d'hallucinations, de rencontres et de hasards : Laura est convaincue qu'elle est Nora, dont la vie s'arrêta brutalement sous les ruines de ce temple. Il lui faudra se rendre sur les lieux pour découvrir le secret de sa première vie, car " il y a de la terre dans sa mémoire, une terre lourde et suffocante ".


On adhère je ne sais comment à cette espèce de re-vie de Laura en Nora; loin de la Fantasy, avec ce qu'elle sait faire, dépeindre (ce Proche-Orient) Vénus Khoury-Ghata nous embarque encore une fois assez loin, remuant des passés douloureux, esquisse des convictions à des années-lumières de la pensée occidentale actuelle ou du demi-siècle passé.

Il y a toujours un certain humour - et un sens de l'absurde. Des caractères typés, savamment croqués. Et un style vivant, où les phrases basiquement courtes servent à amener une plus longue, sur laquelle le lecteur, en son regard intérieur, s'arrête, comme dans cet extrait (c'est sûrement la poétesse qui a glissé "Les arbres s'immobilisent d'un coup, puis l'encerclent"):

Chapitre 19 a écrit: Personne dans la rue. Personne à qui parler. C'est l'heure de la sieste. Pourtant, elle est sûre de connaître ceux qui vivent derrière les murs. Il suffit qu'elle prononce un premier mot pour s'approprier la langue.

  Sa vie est une suite d'errances dans l'attente de ce moment. Elle s'arrête. Les arbres s'immobilisent d'un coup, puis l'encerclent. Elle est prisonnière d'un air aussi opaque qu'un mur de pierres. Elle étouffe. Une douleur déchire le bas de son ventre qui devient brusquement lourd. Un sang invisible humecte l'intérieur de ses cuisses. Ses jambes lui font défaut. Elle se traîne jusqu'à l'auberge de Maryam, et gravit les marches en gémissant. Ce parcours, cette souffrance sont siens. Elle les a vécus jadis. Ils sont inscrits dans la chair de sa mémoire.

  Laura pénètre dans la pénombre. Maryam n'ouvre jamais ses volets. Sa maison et ses yeux sont frappés de la même cécité. L'aveugle s'est retirée dans une pièce du rez-de-chaussée avec son chat, son narguilé, son canari et son tarot qu'elle tire les yeux fermés, palpant les cartes comme des visages amis.

  Laura la trouve à demi allongée sur un divan couvert d'un vieux kilim, une main enfoncée dans le pelage du chat, l'autre tenant le tuyau du narguilé qu'allume un jour sur deux Martha, quand elle fait le ménage de sa cousine. Souffrant de ne pouvoir voir sa visiteuse, Maryam lui pose une multitude de questions, sur la couleur de sa peau et celle de ses yeux.
- Tu portes toujours ta natte de cheveux blonds ?
Laura est pétrifiée.
- Comment le savez-vous ?
- Parce que tu l'avais dans le temps.
Un silence lourd suit. Le chat a cessé de ronronner. Le narguilé de gargouiller.    



Mots-clés : #deuxiemeguerre #devoirdememoire #fantastique #identite #lieu #psychologique #voyage
par Aventin
le Jeu 28 Oct - 21:15
 
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Sujet: Vénus Khoury-Ghata
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Johan Daisne

Un soir, un train

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Un_soi10

(Ce qui suit n’a de sens que si l’on a lu le livre, ou au moins le commentaire d’ArenSor).

Quelques remarques, peut-être insignifiantes :
• L’auberge où se trouvent les trois protagonistes est à la fois d’une réalité quotidienne, banale, et marquée par « un étrange isolement dans l’espace ainsi qu’un arrêt typique du temps » qui sont signes d’un autre monde.
• « Sherlock Wolmes », et non Holmes, est évoqué, en tant que célèbre enquêteur : coquille ? traduction malheureuse du flamand en wallon ? indice de ce que l’on parle d’un univers pas totalement identique au nôtre ?
• Le narrateur, un écrivain, se perçoit confusément entre Val l’étudiant, l’ardente jeunesse, et le professeur Hernhutter, la maturité intellectuelle ; Il est attiré par les deux, et retrouve aussi chez le professeur les notions que lui-même a méditées un peu plus tôt, la loi d’inertie et celle de l’automatisme psychique : peut-être sont-ils des personnages issus de son esprit, des émanations de sa conscience, des étapes de sa vie ?

Il me semble qu’il y a beaucoup de choses encore à découvrir dans ce texte, que l’auteur les y ait mises sciemment ou pas, et il serait sûrement fructueux que de nouveaux commentaires en dégagent d’autres.
Sinon, voilà un bel exemple de ce fantastique métaphysique que cultivent tant les Flamands que les Allemands.
« − Non, c’en est trop… Je vous jure que je ne vais pas m’en faire, car je ne comprends plus rien à cette histoire. Or, l’angoisse et la conscience de sa propre ignorance ne s’excluent-elles pas l’une l’autre, professeur ? demanda-t-il en riant.
Hernhutter avait sagement acquiescé et cité en exemple l’existence humaine : personne n’y comprend rien et, sans doute pour cette raison, tout le monde l’accepte comme une chose normale. »


\Mots-clés : #fantastique #nouvelle
par Tristram
le Dim 3 Oct - 13:34
 
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Sujet: Johan Daisne
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Robert Pinget

Graal Flibuste

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Graal_10

Récit picaresque conté par épisodes parfois peu liés les uns aux autres, où le narrateur voyage avec son cocher Brindon dans une carriole tirée par le cheval Clotho, dans un pays fantastique qui rappellerait l’imaginaire poétique de Vian (voire celui d’Audiberti), et au bestiaire digne de Michaux (la flore est tout aussi originale, et parfois elle se croise avec la faune en curieuses métamorphoses).
« Les vergedouces. Ce sont des cactées sans épines, lisses et très proliférantes. Elles forment des arbustes qui le matin, pour être gros comme des framboisiers, seront vers seize heures de la dimension d'un cèdre. Au premier souffle du large, vers dix-neuf heures, les sels marins attaquent la pulpe délicate qu'ils rongent incontinent et l'arbre n'est plus qu'un squelette, puis qu'un petit tas de fibres.
Les pavots-chiens. Plantes dangereuses parce qu'elles s'attaquent à l'homme. Nous les avons vues de loin, massées sur une colline qu'elles teintent de pourpre et d'hyacinte. Elles aboient au passage de la chair fraîche.
[…]
Les vire-ceintures. On a baptisé ainsi l'andréosylphe pompareuse, mais la raison m'en échappe. Oblongue et formée d'un seul pétale, la corolle s'évase par le haut comme une collerette qui, frottée d'un brin d'herbe, rend le son le plus mélodieux qui soit. Un musicien habile sur un bouquet de vire-ceintures pourrait jouer la gamme. »

« Une légende veut que Graal Flibuste, protecteur des banques, ait maudit tout être vivant qui foulerait le sol du sanctuaire. »

La généalogie de Graal Flibuste constitue une mythologie loufoque (quoique pas plus que certains avatars latins, grecs ou sud-américains).
« Calott épousa l'une des Éphémères, la noire Myo, qui lui donna pour fils le nain Rzwek, inventeur des céphalées et des eczémas ; une légende transarcidoine lui attribue le meurtre de la lune, qui, depuis, n'a plus de lumière propre. »

Donc association de cocasse et de poésie :
« Devant chaque stalle, une tablette de verre où étaient posés le gobelet et la brosse à dents. L'hygiène dentaire de la vache a des répercussions sensibles sur sa capacité laitière. Notre guide voulut bien nous confier que les ruminantes n'étaient pas encore en mesure de se donner ces soins elles-mêmes. »

« J'ai vu des paysans teindre leurs bœufs selon la couleur du temps avant de partir aux labours ; zinzolin par temps d'orage, jonquille ou azur par beau fixe, puce ou mouche écrasée par temps de pluie, s'en vont vers le sillon les majestueux attelages. »

On croise déjà monsieur Songe, et il paraît que les différents romans de Pinget appartiennent au même univers, où se retrouvent certains personnages.
Un temps, c’est une intrigue du genre polar qui occupe le narrateur et Brindon, « Le mystère Dunu ».
« Le mystère Dunu nous intriguait chacun, à des degrés divers puisque Brindon en savait moins que son maître, mais nous occupait tous deux et de la sorte prenait corps en dépit des circonstances, presque en dépit de lui-même. Ainsi se créent ou se recréent, de par l'attention d'individus fort éloignés les uns des autres mais animés de la même passion, ce que l'on pourrait appeler des nœuds circonstanciels de temps ou de lieux, des complexes comme de matière spirituelle brute, inexplorée, disponible, toute chargée de puissance et prête à donner naissance à quelque prodigieuse invention ; mais cette force n'est que chimère, elle a toutes les apparences de la vie, elle en emprunte d'inédites au besoin, faisant apparaître entre les divers possibles des relations mystérieuses, donnant du relief à certains impondérables, sans pour cela participer du seul mystère qui soit : le réel. De même nous nous efforçons dans notre chambre de construire pour le futur un bonheur idéal, nous avons l'impression de le tenir à force de veilles et d'efforts, il ne peut échapper qu'à notre inattention et de celle-ci nous évitons la moindre seconde, nous tenant pour ainsi dire sur le qui-vive ; et parce que peut-être à plusieurs milles de là quelque rêveur agit de même, le fameux lien circonstanciel se crée et nous remplit de l'intime persuasion que nous sommes sur le point d'aboutir. Or nous nous retrouverons cent ans plus tard dans la même chambre et les mains vides pour avoir oublié d'ouvrir notre porte et de descendre dans la rue où nous attendait peut-être la fortune. »

Une certaine amertume ou angoisse transpire parfois, comme un cauchemar qui sourdrait du rêve.
« Ma mère, lorsque nous étions enfants, nous contait pour nous endormir comment elle s'y était prise pour assassiner notre père. »

Il me semble que c’est écrit au gré de l’inspiration, sans unique fil conducteur, ou plutôt sans vraie intrigue générale ; d’ailleurs le roman s’achèvera sans réel dénouement, et je ne crois guère qu'on puisse y trouver quelque message métaphysique ou moral (quoique)…
« Vous craignez vos désirs, et ce qui en retarde l'assouvissement vous est un réconfort.
− Autrement dit, je suis un lâche ?
− Certainement. »


\Mots-clés : #absurde #aventure #contemythe #fantastique
par Tristram
le Ven 30 Juil - 18:59
 
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Sujet: Robert Pinget
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Lord Dunsany

Contes d'un rêveur

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Contes11

Songes d’un haschischin, souvent dans la noire Londres polluée, toujours sur un ton biblique, qui se délecte de noms imaginaires comme autant de chatoyantes chimères (et inspirera manifestement Lovecraft).
« Lorsque j’eus parlé, ils me firent compliment des demeures de mon imagination, disant que bien qu’ils n’eussent jamais vu ces villes, elles étaient dignes en effet d’être imaginées. »
« Jours oisifs sur le Yann »

«
Quand les collines appelaient, j’allais les voir par la route, à vélo. Si vous y allez en train, vous manquez l’approche lente, vous ne vous débarrassez pas de Londres comme d’un vieux péché oublié, ni ne passez près des petits villages qui ont dû entendre les rumeurs des collines ; vous ne vous demandez pas si elles sont toujours les mêmes, et atteignant enfin à l’orée de leurs robes largement étendues, tombant à leurs pieds, vous voyez leurs visages accueillants et saints. En train, vous les voyez soudain, au détour d’une courbe – les voilà toutes, assises sous le soleil. »
« Le champ »


\Mots-clés : #fantastique
par Tristram
le Dim 20 Juin - 17:36
 
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Sujet: Lord Dunsany
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Adolfo Bioy Casares

Dormir au soleil

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Dormir10

Lucien Bordenave − Lucho − raconte par écrit à un certain Félix Ramos comment il a laissé sa femme, la belle Diana qu’il aime, être enfermée à l’asile psychiatrique, et comment il acquit une chienne du même nom. Il apparaît comme quelqu’un d’assez faible, angoisseux jusqu’à l’insomnie voire la superstition ; quant à elle, qui lui faisait sans cesse des reproches et s’absentait la nuit avant son internement, en est revenue transformée, aimante – comme sa sœur, qui lui ressemble tant, et s’était révélée amoureuse de son beau-frère tandis qu’elle était en clinique. Une impression fort diffuse d’étrangeté s’installe progressivement au cours de la lecture du roman ; puis le narrateur est enfermé à son tour, et s’évade…
« Nos désirs finissent par se réaliser sous une forme qui nous amène à trouver meilleur de ne rien désirer. »

Casares manipule le lecteur, qui forge des hypothèses, puis perd pied...

\Mots-clés : #fantastique
par Tristram
le Jeu 10 Juin - 13:07
 
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Sujet: Adolfo Bioy Casares
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William Henry Hudson

Vertes demeures

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Captur34

Robinsonnade exotique dans le genre d’Henry Rider Haggard, Edgar Rice Burroughs et Arthur Conan Doyle.
Cette évocation fantaisiste de la forêt sud-américaine par un naturaliste est surtout un fantasme d’amour merveilleux qui se substitue au presqu’impossible rendu de la nature, mais sa haine raciste, même fantasmatique, m’a insupporté d’entrée :
« Il m’est pénible de dire du bien des sauvages de Guyane, mais je dois le faire, car non seulement ils ne me firent aucun mal lorsque j’étais à leur merci au cours de mon long périple, mais ils m’accueillirent dans leurs villages, me nourrirent lorsque j’avais faim et m’aidèrent alors que je n’avais rien à leur proposer en échange.
Ne crois pas, cependant, qu’ils aient un bon naturel ou cette humanité que l’on trouve chez les peuples civilisés : loin de là. Je les tiens aujourd’hui et, heureusement pour moi, les tenais alors, quand j’étais à leur merci, pour des bêtes féroces douées d’une sorte d’intelligence sournoise et malveillante dépassant de loin celle de la brute, et n’ayant pour toute morale que le respect des droits des membres de la même famille, ou de la tribu, respect sans lequel même les communautés les plus primitives ne peuvent survivre. »

C’est bien sûr sa supériorité de Blanc qui permet à Abel, le héros-narrateur, de garder le dessus lors des rencontres au cours de ses pérégrinations ; en fait c’est sa duplicité, qui le gêne d’ailleurs moins que d’organiser un massacre… Et c'est un peu, en raccourci, l'histoire cynique de la colonisation des peuples amérindiens...
M’a semblé fort intéressant le fil de la carnivorie qui court d’un bout à l’autre de l’ouvrage, Rima la femme-oiseau luttant contre les chasseurs, et tous les autres personnages, y compris Abel, mangeant de la viande (évidemment sauvage) dès que possible.
Le livre est assez mal traduit, pour ce que j’ai pu en juger ; à noter une traduction antérieure, de Victor Llona, qui m’est parue au moins aussi valable, consultable ici : https://issuu.com/scduag/docs/fra12011 et la VO de Green Mansions: A Romance of the Tropical Forest : https://gutenberg.org/ebooks/942
Une perle baroque :
« The Indian kills his enemy, but the white man takes his gold, and that is worse than death. »
William Henry Hudson

« L’Indien tue son ennemi, mais l’homme blanc lui prend son or, ce qui est pire que s’il le tuait. »
Traduction Patrick Reumaux

« L’Indien tue son ennemi, mais l’homme blanc lui prend son or, et cela est pire que la mort. »
Traduction Victor Llona


\Mots-clés : #fantastique
par Tristram
le Lun 7 Juin - 14:15
 
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Sujet: William Henry Hudson
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Julio Cortázar

Un certain Lucas

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Un_cer10

Recueil de textes brefs, la plupart tournant autour d’un certain Lucas : absurde, fantastique, humour, poésie, rêve (et même cauchemar), questionnement métaphysique, invention (y compris de mots), autobiographie aussi sans doute ; Cronopes et Fameux vient à l’esprit, sans être surpassé. J’ai surtout pensé à Un certain Plume, de Michaux, qui pourrait être un modèle, et en tout cas participe du même esprit.

\Mots-clés : #absurde #fantastique #nouvelle
par Tristram
le Mer 14 Avr - 14:06
 
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José Saramago

Le radeau de pierre

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Le_rad10

La péninsule Ibérique se sépare de l’Europe par « rupture des Pyrénées », et José Saramago nous raconte avec bonhomie cette scission fantastique, et les réactions des personnes comme des gouvernements et scientifiques.
« Il y eut une pause, on sentit passer dans l’air comme un grand souffle, la première et profonde respiration de celui qui se réveille, et la masse de pierre et de terre, couverte de villes, de villages, de rivières, de bois, d’usines, de forêts vierges, de champs cultivés, avec ses habitants et ses animaux, commença de bouger, barque qui s’éloigne du port et met le cap vers l’océan, une fois encore inconnu. »

Elle a pris la mer comme une île, et la vision forte est à la fois rendue avec réalisme et poésie, un certain onirisme, du merveilleux et de l’humour sur un substrat de mythologie infernale (avec notamment les chiens).
Joana Carda griffe le sol avec une branche d’orme, Maria Guavaira dévide interminablement un bas de laine bleue, Joaquim Sassa fait ricocher une lourde pierre sur la mer, les étourneaux suivent José Anaiço, Pedro Orce est le seul à ressentir le tremblement de la terre, et tous vont se réunir pour voyager à travers l’ex-péninsule.
La foule va voir passer le rocher de Gibraltar, tandis que d’après les calculs l’archipel des Açores se trouve sur la route suivie…
La recherche stylistique novatrice, habituelle à Saramago, va vers un allégement de la ponctuation, moins marquée notamment dans les dialogues ; cette fois, elle ne gêne pas la compréhension du lecteur, souligne le flux de paroles ou pensées sans artificialité. De plus, le narrateur s’adresse directement au lecteur, et digresse volontiers sur l’écriture, le langage (et les noms, qui apparemment fascinent l’auteur). Saramago fait aussi de nombreuses allusions aux littératures espagnoles et lusophones, y compris à ses propres œuvres, et affectionne les dictons.
« Joaquim Sassa ne répondit pas, il fit taire son imagination, car le dialogue menaçait de tourner en rond, il allait devoir répéter, Je ne sais pas, et ainsi de suite, avec quelques légères variantes, d’ordre formel, en prenant malgré tout le maximum de précautions car, on le sait, la forme mène au fond, le contenant au contenu, le son d’un mot à son sens. »

« Une aura, une lueur sans éclat, une sorte de lumière non lumineuse semblait planer sur elle, mais cette phrase, composée comme toutes les autres presque uniquement de mots, peut-elle échapper à l’équivoque. »

« …] c’est le narrateur, amant de la justice, qui n’a pu résister à faire ce commentaire. »

« Enfin, le dernier car il en fallait bien un, Pedro Orce dit, Où on dira je vais, et cette phrase qui offense manifestement la grammaire et la logique par excès de logique et sans doute aussi de grammaire, restera telle quelle, peut-être finira-t-on par lui trouver un sens particulier qui la justifie et l’absolve, celui qui a l’expérience des mots sait qu’on peut tout en attendre. »

« …] tout ce que nous disons s’ajoute à ce qui est, à ce qui existe [… »

De mon point de vue, une belle réussite !

\Mots-clés : #contemythe #fantastique #insularite
par Tristram
le Mer 7 Avr - 13:40
 
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César Aira

Les Nuits de Flores

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Les_nu10

En ces temps de crise économique, Aldo et Rosita, un couple de retraités du quartier de Flores à Buenos Aires, font partie de l’équipe nocturne de delivery de pizzas − mais si les autres sont des jeunes en mobylette, eux livrent à pied. César Aira observe précisément et avec empathie ce cas sociologique dans son quartier de prédilection. Surviennent, dans la criminalité corollaire de la crise, l’enlèvement et l’exécution de Jonathan, un des motocyclistes – occasion de remarques originales sur le traitement de l’information :
« S’il y a une nouvelle, c’est la télévision qui la donne, elle est vite assimilée et cesse d’être une nouveauté. Il est quasiment impossible d’être surpris, car la surprise se trouve immédiatement reléguée à un passé immédiat, et il ne reste que la répétition. »

« Ceux qui avaient une certaine expérience de la vie, comme Aldo et Rosa, savaient qu’il suffisait d’attendre qu’une autre nouvelle remplace celle-ci. »

« C’était une espèce de cercle vicieux. Il fallait savoir pour pouvoir s’identifier, mais la connaissance déformait les faits. En réalité, il n’y avait rien à raconter, parce qu’il n’y avait pas de temps disponible et que la simultanéité ne se raconte pas. »

« Il fallait toujours être attentif aux décisions de la grande industrie, c’étaient les seules projections sur le futur qui comptaient. »

Apparaît aussi Nardo, une sorte de petit monstre, « un mélange de perroquet et de chauve-souris », puis… beaucoup de choses, dont une enquête policière, de la critique d’art et une plongée dans le monde maléfique de la pègre, non sans rocambolesques rebondissements et métamorphoses, incluant un glissement dans le réalisme magique.
« Les naturalistes trouvent dans de petites modifications de l’environnement les causes de l’extinction d’un oiseau, d’un insecte, d’un cactus… Pourquoi l’assassinat ne serait-il pas une de ces causes ? Il était si difficile de découvrir les coupables… L’impunité circulait, comme une monnaie légale. Ils sentaient que ce n’étaient pas des pizzas qu’ils livraient, mais un message, que plus personne ne comprenait : le message de la disparition de toute chose. »

Ce bref roman combine réflexions sociétales et aventures baroques dans un maelström jubilatoire qui m’a bien plu !

\Mots-clés : #fantastique #social
par Tristram
le Dim 4 Avr - 23:37
 
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Sujet: César Aira
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Stephen King

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 If-it-10

Si ça saigne

C'est un recueil de quatre nouvelles.

Pour éviter de trop en dire, je vais évoquer quelques thèmes généraux : la technologie et ses dérives, le monde actuel et virtuel, l'écriture (avec une référence magistrale à E A POE), le passage du temps, la maladie, la vieillesse...

Il y a une nouvelle qui reprend l'héroïne de M. Mercedes. C'est classique chez King, ces correspondances entre livres. Elle n'était pas mal, mais un peu longue.

On retrouve l'habituelle capacité de King à narrer le quotidien, les soucis des gens, à nous livrer un état des lieux de la vie dans le Maine, et aux Etats-Unis. Ce côté un peu rural, plein de bon sens. On est loin des mégapoles à la mode et factices.

Il tape dans le vrai !

Il y a aussi l'irruption de l'irrationnel dans la vie ordinaire, les questionnements sur le destin (la nouvelle avec Chuck, qui meurt à 39 ans, est absolument magistrale et émouvante).

Allez bonus : ma nouvelle préférée est la dernière.

On y retrouve un écrivain qui est frappé - comme la foudre - de l'inspiration. Il sait que c'est son ultime chance d'écrire un bon roman. Il part s'isoler dans un vieux chalet décrépit. Imaginez l'ambiance poussiéreuse, silencieuse et tempétueuse (car un ouragan arrive). Habituel décor du maître. On y est. On se sent mal. On attend, on frissonne, on vit dans l'exaltation créatrice.

On pense à Shining. Son mental va t-il résister ? C'est fébrile, agité et l'homme écrit, écrit, jusqu'à en perdre un peu la raison. Puis surgit un "rat" : épisode hallucinatoire (ou pas), surréel car celui-ci lui parle... Est-ce son daemon ? Un délire ? Ou la voix de la création littéraire ?

Je n'en dis pas plus.

Il sait nous captiver...


Mots-clés : #fantastique #nouvelle
par Tatie
le Sam 20 Mar - 16:48
 
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Sujet: Stephen King
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Charles Dickens

Cantique de Noël

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Cantiq10

Voici, dans un conte de cinq « couplets », Ebenezer Scrooge (quels noms de personnages, comme celui de son commis, Bob Cratchit !), un homme d’affaires âpre au gain ayant survécu à son associé, Jacob Marley, dont le spectre lui apparaît un soir de Noël typiquement londonien.
« Scrooge reprit le chemin de son lit et se mit à penser, à repenser, à penser encore à tout cela, toujours et toujours et toujours, sans rien y comprendre. Plus il pensait, plus il était embarrassé ; et plus il s’efforçait de ne pas penser, plus il pensait. Le spectre de Marley le troublait excessivement. Chaque fois qu’après un mûr examen il décidait, au-dedans de lui-même, que tout cela était un songe, son esprit, comme un ressort qui cesse d’être comprimé, retournait en hâte à sa première position et lui présentait le même problème à résoudre : "était-ce ou n’était-ce pas un songe ?" »

Odieux avare endurci, trois esprits successifs (passé, présent et avenir) l’amènent à repentance au spectacle de la misère humaine qui fête malgré tout gaiement Noël en compagnie. L’acariâtre nanti découvre l’amour et la bonne humeur familiale. Après cette leçon nocturne, il rit et répand le bonheur.
C’est pathétique (la mort du petit Tiny Tim, les bons sentiments), d’une époque où cela était encore possible en littérature – encore neuf.
Dickens excelle tant dans la forme brève que dans ses longs feuilletons, et son œuvre appartient au fond commun des lettres. L'histoire fameuse de Scrooge fait partie de ses créations devenues légendaires outre-manche. J’ai moi-même l’impression de l’avoir déjà lu – ce qui n’est pas impossible…

\Mots-clés : #contemythe #fantastique #misere #social #xixesiecle
par Tristram
le Mer 3 Mar - 0:02
 
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Sujet: Charles Dickens
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Richard Brautigan

Le monstre des Hawkline ‒ Western gothique

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Le_mon10

Ça commence effectivement en western, et bascule dans le roman gothique… Comment dire ? nous manquons de pseudo-synonymes moins imprécis pour "décalé", "déjanté" et autres "foutraque" et "loufoque". C’est un burlesque et un absurde qui correspondent assez à ce que firent au cinéma au même moment les Monty Python, voire même un homologue du théâtre de l’absurde, dans la grande lignée du grotesque et du non-sens de la farce.
Deux tueurs professionnels sont engagés pour une mystérieuse mission dans « l’énorme maison jaune » de Miss Hawkline, à l’écart dans le désertique « Oregon de l’est »… et l’antagonisme de l’ombre et de la lumière des « Produits Chimiques » dans le cristallisoir du sous-sol renouvelle les genres avec force clins d’œil !
« Greer et Cameron étaient visiblement des hommes capables de se sortir de n’importe quelle situation avec le maximum d’effet pour le minimum d’effort.
Ils n’avaient l’air ni dur ni méchant. Ils ressemblaient plutôt au produit de la distillation de ces deux qualités. Ils semblaient vivre dans l’intimité de quelque chose que les autres ne pouvaient percevoir. Bref, ils ne manquaient pas de présence. On n’avait pas envie de se frotter à eux, même si Cameron passait son temps à compter, par exemple qu’il avait vomi dix-neuf fois entre Hawaii et San Francisco. Ils gagnaient leur vie à tuer les gens. »

« La route s’enfonçait dans la désolation des Dead Hills qui disparaissaient derrière eux pour réapparaître de nouveau. Tout était toujours pareil et tout était très tranquille.
Un instant Greer crut voir quelque chose de différent, mais il comprit qu’il s’était trompé. Ce qu’il avait vu était identique à ce qu’il voyait. Il avait cru que c’était plus petit, mais c’était en réalité exactement de la même taille que tout le reste. »

« Greer et Cameron contemplaient les sœurs Hawkline occupées à caresser en l’embrassant un porte-parapluies fait d’une patte d’éléphant, en l’appelant :
‒ Daddy ! Daddy !
C’est-à-dire :
‒ Papa ! Papa ! »

Malheureusement dans une traduction avec des maladresses… absurdes.

Mots-clés : #absurde #fantastique #humour
par Tristram
le Mer 14 Oct - 20:43
 
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Sujet: Richard Brautigan
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Vues: 5287

Laura Gallego García

Laura Gallego García
Née en 1977

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 List_610

L'auteur d'Idhun. Netflix vient de sortir une série animée sur une saga qui a marqué une étape importante pour une génération au milieu des années 2000. Idhun est devenu la quintessence de l'histoire fantastique de l'Espagne, et a encore de nombreux fans aujourd'hui. Cependant, bien qu'Idhun soit son œuvre la plus connue, Laura Gallego est une écrivaine valencienne très prolifique, qui a écrit de la littérature pour enfants et pour jeunes adultes, bien que son genre préféré ait toujours été le fantastique.

Plus : wikipedia.org


Bibliographie :

Romans :

Les Chroniques de la tour
- L'Elfe Fenris, Baam, 2009
- La Vallée des loups, Baam ! 2008
- La Malédiction du maître, Baam ! 2008
- L'Appel des morts, Baam ! 2008

Idhun
- La Résistance, Bayard, 2010
- La Triade, Bayard, 2012

- La Légende du roi errant, La Joie de lire
- Prix Steamboat 2001
- Le Collectionneur d'horloges extraordinaires, Éditions du Seuil, 2005
- La Fille de la nuit, J'ai lu, 2013
- L'Impératrice des éthérés, Baam !, 2010
- Deux cierges pour le diable, Baam ! 2009

Cela m'a inspiré pendant mon adolescence, et bien que j'aie toujours voulu être écrivain grâce à cela, j'ai maintenant un travail très différent (je travaille dans les ressources humaines et je pense que c'est une tâche essentielle dans le monde d'aujourd'hui). Je le lis encore de temps en temps, le roman pour jeunes adultes m'attire toujours beaucoup, et Laura Gallego sera toujours une référence du genre en espagnol.

Mots-clés : #fantastique #jeunesse
par Ailen
le Mar 22 Sep - 10:34
 
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Sujet: Laura Gallego García
Réponses: 1
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Jean Ray

Les Derniers Contes de Canterbury

Tag fantastique sur Des Choses à lire - Page 2 Les_de10


Le narrateur (principal) relate comme il assiste, dans la vieille taverne londonienne où les pèlerins des Contes de Canterbury de Chaucer se sont rencontrés six siècles plus tôt, à une soirée où chacun leur tour racontent leur histoire des êtres déplacés dans le temps, « ou vivant plutôt dans un présent de plusieurs siècles ». Parmi eux, le Chat Murr d’Hoffmann, le Falstaff de Shakespeare, et nombre d’autres références littéraires du genre fantastique (au sens large), mais aussi des fantômes de bourreau, de marin, de sorcière…
Volontiers macabre, souvent horrifique, avec beaucoup d’humour noir mais aussi d’ironie, notamment inspirés du roman gothique anglais et de Dickens, ces contes valent surtout par l’atmosphère que Ray sait excellemment rendre, et par son style baroque, au vocabulaire étendu, volontiers archaïsant. Quelques extraits en donneront peut-être un meilleur aperçu :
« Ma maison !… La douce et vieille maison de Stanworth Street, sentant bon l’excellente cuisine d’Elfrida, et la fraîche amertume des lauriers-tin en cuvelle de mon jardinet, où un jet d’eau, svelte comme une liane, taquinait les petits rochers de margritin… »

Premières phrases de Le bonhomme Mayeux (ou Uriah Chickenhead) :
« En 1849, je n’étais qu’une sotte image, tavelée de rouille et tachée de graisse, épinglée sur une porte de placard dans les cuisines du château de Claremont, à cinq lieues françaises de Londres.
Le cuisinier Trochard, soldat de Valmy et demi-solde, dévoué au roi en exil et à sa fortune, dans un geste de rancune, me cloua à cette place comme à un pilori.
‒ C’est toi, sale merle, bavard et stupide, qui portes la faute de la perte royale, me criait-il après boire.
Et, non content de m’accabler d’injures, il me lapidait de rogatons et d’ordures.
Un historien lui aurait certes donné tort, mais Trochard savait à peine épeler les gazettes venant de France.
Heureusement, aux créatures idéalement plates les peines et les souffrances des êtres à trois dimensions sont épargnées, et je n’éprouvai ni goûts de révolte ni désirs de vengeance.
Jusqu’au jour… à la nuit, pour être plus véridique…
Il y avait un fantôme à Claremont. »

De même, début de Reid Unthank :
« J’étais content de moi. Ma plume éclata du bec comme je signai mon manuscrit d’un large paraphe, ce qui est généralement d’excellent augure.
‒ Il plaira ! aurait dit mon vieux maître d’école qui avait foi dans les signes bons et mauvais, appogiatures des prophéties.
J’empruntai à ma logeuse, dont le mari était maître corroyeur aux tanneries de Putney Communs, le cachet de la corporation, portant la drayoire et, de cire rouge, scellai mon envoi au Club Littéraire d’Upper-Thames.
Ma modestie m’empêcha d’inscrire en tête de mon œuvre une devise, où discrètement mes espérances se trouvaient encloses : « Honneur et Profit ».
J’attendis le samedi suivant avec fièvre.
Souvent, en mes copieuses heures de loisir, mes pas me portaient vers une de ces larges eaux mortes de Isle of Dogs, où l’on prend encore un peu de poisson. Un vieux Chinois, du nom de Su, y avait établi une sorte de bourdingue à claies, dont le coutel s’ouvrait près de l’une des berges de Limehouse Reach, et qui retenait captifs merlans, turbotins, carrelets et émissoles en rupture d’eau salée. »

Une quinzaine de textes divers, souvent fort inventifs, liés par le fil de cette réunion fantomale et la récurrence de certains personnages/ conteurs (ou de lieux, comme le quartier de Tyburn) ‒ en fait une structure plus ingénieuse encore, avec mise en abyme de l’histoire du narrateur principal.

Mots-clés : #fantastique #nouvelle
par Tristram
le Ven 7 Aoû - 0:18
 
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Sujet: Jean Ray
Réponses: 15
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