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189 résultats trouvés pour humour
Ahmadou Kourouma
En attendant le vote des bêtes sauvages (1994).
Comme dans tout roman d'Ahmadou Kourouma, le lecteur européen doit se déchausser avant d'entrer.
Puis se dévêtir, se dépouiller de tout bagage. Il y a de toute manière toujours une voix pour le lui rappeler...
Il existe deux sortes de cécité sur cette terre. Il y a d'abord ceux qui irrémédiablement ont perdu la vue et qui parviennent avec une canne blanche à éviter les obstacles. Ce sont les aveugles de la vue. Et ceux qui ne croient pas, n'utilisent pas la voyance, les sacrifices. Ce sont les aveugles de la vie. Ils entrent de front dans tous les obstacles, tous les malheurs qui empêchent leur destin de se réaliser pleinement. Qu'Allah nous préserve de demeurer, de continuer perpétuellement à vivre parmi les aveugles de la vie !
Après plusieurs semonces, le lecteur mal élevé qui refuse se verra éconduit.
Et prendre la porte, dans un roman, ça s'appelle être condamné à ne pas comprendre. Le rationaliste qui cherchera à esquiver les voies magiques frayées dans cette logorrhée rituelle se voit rabroué sans ménagement : naïf ! enfant !
Le récit prend la forme d'un donsomana, qui est une geste purificatoire, dite par un sora - ce sera Bingo - et accompagnée par un répondeur cordoua, Tiécoura. Le donsomana, divisé en six veillées, doit opérer une purification de Koyaga, ancien dictateur de la République du Golfe. Ce dernier a perdu l'aérolithe et le Coran qui l'auréolaient d'un pouvoir magique sans égal ; d'où le donsomana, préalable nécessaire pour les retrouver, et, par là-même, pour reconquérir le pouvoir.
Bingo. Tiécoura. Deux voix principales auxquelles se mêlent plusieurs autres.
Tout s'entremêle et se confond si bien que le propos n'est jamais clair, car on n'est jamais tout à fait sûr de savoir qui parle.
Koyaga est tour à tour encensé, mythifié puis conspué et condamné.
Car "Tout n'est pas négatif, totalement négatif, même dans un autoritarisme émasculateur. Même dans l'anus de l'hyène, on trouve des taches blanches. Conclut le cordoua."
Une archéologie du texte fera apparaître que Kourouma a mélangé dans son portrait de Koyaga biographie officielle, lumineuse, et biographie non officielle, interlope, d'Eyadéma, dictateur du Togo.
D'où les ambivalences. Mais cela n'explique pas grand chose.
Autre génie de Kourouma : ouvrir des brèches dans le temps.
Par des entrelacs et entrelacements narratifs permanents, le passé ancestral et le présent le plus sordide se jouxtent.
Si bien que tout est embaumé d'une impression de sacralité ; Koyaga, plus qu'un homme, devient acteur de l'Histoire, héros en mouvement.
Héros dans un monde où le sorcier féticheur et le blanc colonisateur sont voisins.
Le lecteur est perdu dans cette "vaste et multiple Afrique" où l'irréel et le réel n'ont pas de frontière connue.
Bien sûr, on pourra reconnaître de véritables dictateurs dans ce roman : Koyaga est l'alter ego d'Eyadéma, le personnage de Tiékoromi, président de la République de la Côte des Ebènes au totem caïman renvoie au président ivoirien Houphouët-Boigny (comme dans les Soleils des Indépendances), l'empereur Bassouma au totem hyène évoque l'empereur Bokassa et l'Homme au totem léopard rappelle Mobutu Sese Soko (président du Zaïre).
Arrivé au seuil du pouvoir, Koyaga décide à la suite d'un songe d'entreprendre un voyage initiatique. Il apprendra auprès de Tiécoromi, de Bassouma, de Bokassa et de l'Homme au totem léopard l'art de la dictature. C'est lors de la quatrième veillée que ce voyage est retracé. Avec, comme toujours, beaucoup d'humour, mais un humour en demi-teinte, comme assourdi ou effacé.
Voici donc les quatre mises en garde de Tiécoromi (entendez le rire sourd de Kourouma) - j'abrège beaucoup :
1/ "la première méchante bête qui menace le sommet de l'Etat et en tête d'un parti unique s'appelle la facheuse inclination en début de carrière à séparer la caisse de l'Etat de sa caisse personnelle. Les besoins personnels d'un chef d'Etat et président d'un parti unique servent toujours son pays et se confondent directement ou indirectement avec les intérêts de sa République et de son peuple."
2/ "la seconde méchante grosse bête qui menaçait un chef d'Etat novice - et même tout homme politique en début de carrière -, était d'instituer une distinction entre vérité et mensonge. La vérité n'est très souvent qu'une seconde manière de redire un mensonge. Un président de la République et président fondateur de parti unique - et Koyaga forcément sera le président fondateur d'un parti unique - ne s'alourdissait pas, ne s'embarrassait pas du respect d'un tel distinguo."
3/ "la troisième méchante grosse bête qui menace au sommet de l'Etat et à la tête d'un parti unique consiste, pour le président, à prendre les hommes et les femmes qui le côtoient, qu'il rencontre, avec lesquels il s'entretient, comme culturellement ceux-ci se présentent. Un chef d'Etat prend les hommes comme ils existent dans la réalité. Il doit connaître - comme le charmeur connaît les parties du corps des serpents - les sentiments et les moyens par lesquels il faut enjôler les humains."
4/ "il vous a alors expliqué ce qu'il appelait la quatrième bête sauvage qui menace le chef d'un parti unique : le mauvais choix. Dans la guerre froide qui régissait l'univers, le choix d'un camp était essentiel, un acte risqué, aussi risqué que prendre une femme pour épouse, etc."
On traverse les espaces (par ce voyage et celui de Maclédio, son bras droit, parti jadis en quête de son "homme de destin") et les temps.
L'action de quelques hommes traverse les âges et les frontières de l'Afrique : ce n'est rien moins qu'une saga.
D'ailleurs, cette impression diffuse d'intemporalité, de sacralité, n'est pas non plus étrangère à l'usage presque rituel des proverbes.
Des proverbes très colorés ; qui sentent la profonde sagesse d'une culture, agrégée au fil des siècles, qui charrient la puissance du verbe. Et dont l'humour est féroce.
"Tiécoura ! Le proverbe est le cheval de la parole ; quand la parole se perd, c'est grâce au proverbe qu'on la retrouve."
Passée la déception de ne pas retrouver le langage des Soleils des indépendances, j'ai retrouvé, subtilement distillée entre les six veillées, la langue colorée de Kourouma. Sa finesse et sa complexité.
mots-clés : #humour #regimeautoritaire
- le Dim 11 Déc - 15:13
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- Sujet: Ahmadou Kourouma
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Christopher Brookmyre
Les canards en plastique attaquent !
Avec ce roman, j'ai découvert un nouveau style de polar. Avec des meurtres, du frisson, parfois même un dose de fantastique (quoique) mais, surtout de l'humour. Jack Parbalane, qui en est le héros-malgré-lui, est un journaliste d’investigation aimant se placer dans des situations périlleuses.
Cette fois, c'est au coeur de l'étrange et du paranormal qu'il sera plongé. Et son scepticisme va en prendre un coup.
Mais je préfère emprunter une partie de la critique du site lecafardcosmique qui résume parfaitement l'idée :
"Le fervent rationaliste affirme souvent qu’il a besoin de voir pour croire. Détournant astucieusement cette sentence, Brookmyre démontre surtout qu’il faut croire pour voir, la foi se passant allègrement de la logique ou du raisonnement. Et quand bien même on tenterait d’expliquer à un croyant, avec des preuves, la vacuité de ses croyances, on se verrait opposer une fin de non-recevoir. Sujet vieux comme le monde, on en conviendra, mais traité ici par l’auteur écossais d’une manière futée et avec une ironie british délicieusement mordante. "
Alternant différents point de vue, une narration non linéaire, l'auteur nous emmène dans le monde du "paranormal", ou plutôt de ceux qui jouent avec les personnes qui les croient.
Le commentaire du Cafard Cosmique est vraiment parfait : le voilà !
Le livre n'existe malheureusement pas en poche, à ce que je sache. Peut-être en bibliothèque...
Message rapatrié
mots-clés : #humour #polar
- le Sam 10 Déc - 14:33
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Zadie Smith
Sourires de loupC’est à la guerre que se sont connus Archie, un Anglais raz-des-pâquerettes qui ne demande qu’une chose, c’est qu’on le laisse tranquille et Samad, le Bangladais qui se croit meilleur parce qu’il a des opinions sur tout. Unis par une guerre ennuyeuse donc décevante, qu’ils ont clôturée par un acte de violence gratuite, leur secret.
On les retrouve entre 1975 et 1998, épousant de très jeunes femmes beaucoup plus fines et ouvertes qu’eux : une beauté haïtienne pour l’un, et une bangladaise pour l'autre, dans le cadre d'un mariage arrangé. Et nous voilà partis pour la 2e génération, une fille d'un côté, des jumeaux de l'autre, aussi différents que cela se fait dans les romans. Samad compte sur ses fils pour respecter les préceptes de l'islam et la tradition que, sous ses belles paroles, il n'a cessé de bafouer.
Et plus Samad s'éloignait vers la haute mer, attiré vers les profondeurs par une sirène nommée Poppy Burt-Jones, plus il était décidé à donner des racines à ses fils sur la terre ferme, des racines profondes qu'aucun orage, qu'aucune tempête ne sauraient arracher. Plus facile à dire qu'à faire.
Et voilà le thème principal d’un roman d’une grande richesse, qui multiplie les histoires et les rebondissements : peut-on sans trahir ses racines, respecter la tradition tout en s'ouvrant à la modernité. Et bien, cela semble non seulement pas facile, mais assez douloureux…
L’immigrant ne peut que rire des peurs du nationaliste (l'envahissement, la contamination, les croisements de races) car ce ne sont là que broutilles, clopinettes, en comparaison des terreurs de l'immigrant : division, résorption, décomposition, disparition pure et simple.
Zadie Smith n'a pas de réponse, mais elle propose de nombreuses pistes, puisque vont intervenir une famille juive outrageusement paternaliste, un généticien qui joue avec les souris comme Dieu joue avec les hommes, des fondamentalistes musulmans à la petite semaine, une grand-mère Témoin de Jéhovah, un criminel nazi ou supposé tel, Les versets sataniques de Salman Rushdie… Tout cela dans un enchevêtrement d' intrigues et une joyeuse confrontation de cultures, d'opinions, de modes de vie et de personnages.
Malgré la multiplicité des personnages , tous ont leur personnalité, tous sont aussi vivants que mes voisins. Chacun a son accent, ses tics de langage, sa façon de parler, Zadie Smith a un sens du portrait phénoménal, en même tant très typé et plein de nuances et de surprises. Et une capacité à mener son récit en divers lieux et temps sans nous perdre un instant, voguant savoureusement entre authenticité et burlesque.
Chacun en prend pour son grade dans un humour décapant qui coure au fil des pages (je me suis fait regarder de travers à force de rire sur mon canapé, et malgré le sérieux de son sujet c'est un livre vraiment gai et chaleureux ), toujours accompagné d’une grande tendresse, forçant le trait juste ce qu'il faut, sans vouloir donner de leçons, sans donner tort ou raison à aucun. On se prend à aimer chaque personnage, même le plus fade, même le plus vaniteux, même le plus réac…
A travers la vie de deux amis au demeurant assez minables, Zadie Smith nous propose un roman brillant, éblouissant par moments, drôle sans relâche , un portrait d’une certaine Angleterre qui n’ a pas toujours la parole, prolétarienne et multiethnique. Un livre éminemment joyeux et tendre pour une cause grave.
Un coup de chapeau au traducteur (ou traductrice ?), Claude Demanuelli
« Je t'en prie, Jones rends-moi un grand service, veux-tu ? Si jamais tu entends quelqu'un, quand tu seras rentré chez toi - si tu rentres, si nous rentrons dans nos pays respectifs - , si jamais tu entends quelqu'un parler de l’Asie », à ce stade, sa voie baissa d'un ton et s’emplit de tristesse, « réserve ton jugement, je t'en prie. Si on te dit « Ils sont ceci », « Ils font cela » ou « Voilà ce qu'ils pensent », attends pour juger de façon définitive d’être en possession de tous les faits. Parce que ce pays que les gens appellent l'Inde connaît des centaines d'autres noms, il est habité par des millions d'individus, et si tu crois avoir trouvé deux hommes semblables dans cette multitude, et bien tu te trompes. Ce sera juste une illusion d'optique. »
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #humour #religion #immigration
- le Sam 10 Déc - 10:10
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- Sujet: Zadie Smith
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Bohumil Hrabal
Les souffrances du vieux WertherCe sont les souvenirs de son oncle que l'auteur nous dévoile. Un oncle qui nous est sympathique dès les premières pages de la préface.
Je me suis essoufflée à suivre l'écriture qui s'exalte dans les paroles de l'Oncle, sans pause, mais je n'en souhaitais pas. C'est un enchainement de longues phrases qui m'ont tenue jusqu'à la dernière page.
Ouf quel Homme cet Oncle ! Qui a comme «bréviaire» le livre de Batista, ce qui lui permet de «philosopher» sur tout et sur les femmes particulièrement.
Quel auteur que Bohumil Hrabal ! encore une fois ce fut une très bonne lecture.
Extraits :
«sauf que l'excès vous fait du mal comme dit Batista, c'est celui qui écrit des choses qu'on comprend pas trop parce qu'il a été aux écoles»
«Les nobles étaient vicieux parce qu'ils avaient de quoi et puis ils avaient le sens de l'art et de la culture, ils apprenaient juste à bien abêtir les gens par le trône et l'autel»
«et le Christ, surnommé autrement Jésus, a fait des choses que personne n'était arrivé à faire avant, c'était un juif baptisé, comme Ghandi il voulait la justice, que personne sur terre ne fasse cocu et ne vole, et c'est pour ça qu'il a subi la passion. Jan Hus aussi s'est laissé brûler par simple entêtement, et comme ils voulaient picoler pendant la noce, le Christ leur a changé le vin en eau, c'était un rigolo et un magicien...»
«J'ai encore pu lui jouer un rôle d'officier de la garde, et si je m'étais entraîné dès ma petite enfance, maintenant je serais aussi dans les journaux, c'est exactement comme Jésus, depuis son plus jeune âge, il s'était entraîné à faire le docteur, le législateur et le magicien, s'il n'avait pas été tout ça, on ne l'aurait pas considéré comme Dieu, les libres penseurs reprochent à l'église que s'il était Dieu, pourquoi il entretenait des relations avec une femme perdue, mais il lui donnait seulement des leçons d'hygiène publique, comme Batista, et elle, Marie-Madeleine, quoique grue à l'origine, elle a quand même fini par parvenir à la sainteté...»
mots-clés : #famille #humour
- le Jeu 8 Déc - 21:45
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- Sujet: Bohumil Hrabal
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Howard Jacobson
Kalooki nightsJe connaissais un dénommé Otto Kahn, qui était très riche et qui donnait beaucoup d'argent au Metropolitan Opera à une époque. Il était très ami avec Marshall P. Wilder, qui était bossu. Alors qu'ils descendaient la Cinquième Avenue, ils sont arrivés devant une synagogue, et Kahn s'est tourné vers Wilder et lui a dit : « Tu sais, avant j'étais juif. - Ah bon ? a répondu Wilder. Et moi avant j'étais bossu. »
Si vous aimez cette blague juive qui figure en exergue, vous adorerez Kalooki nights
Ce livre raconte le cheminement d’un Juif anglais né dans une famille qui se veut assimilée, mais est loin d’avoir réglé tous ses comptes avec la tradition qu’elle a reçue en héritage. Un garçon devenu dessinateur humoristique , qui cherche à « contenir le monde dans la case d'une BD »….avec son envie de tout comprendre, analyser et décortiquer : comment être juif au XXIème siècle, rejeter une religion-carcan, une histoire stigmatisante, mais sans trahir, comment aimer les siens à la folie, mais entrer dans le monde des non-juifs, et bien sûr des shiksas blondes, comment décharger de ses épaules la Shoah sans courir le danger de l’oublier, comment vivre l'antisémitisme larvé ou assumé des goys sans reconstituer le ghetto…
Quand je vous le raconte c‘est sans doute assez rasoir mais quand c‘est Howard Jacobson, c’est d’une drôlerie désespérée plutôt ébouriffante. C’est dévorant d’humour, brillantissime d’intelligence, de remise en question sans fin, de paradoxes, d’enculage de mouche stimulant. Ce livre est une quintessence de l’esprit et de l’humour juif , du Woody Allen à la puissance Philippe Roth, avec tout ce que cela sous-entend d’autodérision , de contradictions innombrables, ce mélange d’humilité et d’arrogance, d’archaïsme et d ‘ouverture, cette capacité à poser et reposer les questions en biaisant et tournant en rond, sans jamais trouver une solution, de pleurer et rire tout à la fois sur son sort. Quant aux personnages, dont chacun saura surprendre au fil du roman par ses côtés noirs et ses coups de génie, ils sont tout à la fois touchants et déchirants dans leur capacité à interroger eux-mêmes et le monde, entre doute et certitude.
Sous la plume du Sunday Telegraph, le 4e de couverture annonce : « Déchaîné, polémique, hilarant, sacré, déicide, déchirant… ». J'ajouterai : pathétique, interpelant, iconoclaste, désopilant. En un mot : jubilatoire
Rendons à César ce qui lui appartient : nous sommes un peuple qui se mortifie, se dégoûte et se martyrise, mais nous n'aurions pas pu y arriver sans une aide extérieure.
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #humour #communautejuive
- le Mar 6 Déc - 16:59
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- Sujet: Howard Jacobson
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Arto Paasilinna
La Douce empoisonneuse
Dans une maisonnette rouge, non loin d'Helsinki, Linnea, une vieille dame malmenée par son neveu et ses sinistres amis, songe au suicide. Mais, surprise, concocter un poison mortel se révèle beaucoup plus passionnant que le tricot. Et les desseins morbides de Linnea, par une suite précipitée d'événements cocasses, se retournent en sa faveur ...
C'est le 1er roman de cet auteur que j'ai lu et je remercie Amazon car il était en cadeau ^^.
Cela fait déjà quelques temps mais j'ai gardé quelques souvenirs. Arto PAASILINNA arrive à faire des personnages très touchant et attachant même si on peut leur faire de nombreux reproches.
J'ai presque eu l'impression d'une caméra cachée en lisant ce livre, des quiproquos, des situations burlesques, des choses faites sans mauvaise intention mais qui tourne très vite à l'insolite.
mots-clés : #humour
- le Dim 4 Déc - 13:51
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- Sujet: Arto Paasilinna
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Arto Paasilinna
Petits suicides entre amis
«SONGEZ-VOUS AU SUICIDE ? Pas de panique, vous n'êtes pas seul. Nous sommes plusieurs à partager les mêmes idées, et même un début d'expérience. Ecrivez-nous en exposant brièvement votre situation, peut-être pourrons-nous vous aider. Joignez vos nom et adresse, nous vous contacterons. Toutes les informations recueillies seront considérées comme strictement confidentielles et ne seront communiquées à aucun tiers. Pas sérieux s'abstenir. Veuillez adresser vos réponses Poste restante, Bureau central de Helsinki, nom de code " Essayons ensemble ".»
Deux suicidaires se retrouvent fortuitement dans une vieille grange où ils souhaitaient partir tranquilles. Entravés dans leurs funestes projets, ils se mettent en tête de rassembler d'autres désespérés pour monter une association. Commence alors, à bord d'un car de tourisme flambant neuf, un périple loufoque mené à un train d'enfer, des falaises de l'océan Arctique jusqu'au cap Saint-Vincent au Portugal pour un saut de l'ange final. Un récit désopilant doublé d'une réflexion mordante sur le suicide.
Mon avis
J'ai adoré ! Il s'agit d'une réunion de personnes ne croyant plus à la vie et désirant en finir. Pas très joyeux à priori et bien sincèrement, c'est le livre le plus vivant que j'ai pu lire. Un humour burlesque en plus, il n'en fallait pas plus pour dévorer le livre. L'histoire est originale, c'est une aventure du début jusqu'à la fin riche en rebondissements, chaque personnage a sa personnalité et a un rôle à jouer. L'auteur arrive à faire sortir de la vivacité, de la gaité de la part des suicidaires car ils profitent pleinement de chaque moment et arrive en même temps à faire ressortir de la tristesse à travers des personnages annexes qui eux n'ont pas le dessein de mourir. Je recommande donc vivement la lecture de ce roman.
mots-clés : #humour #mort
- le Dim 4 Déc - 13:32
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- Sujet: Arto Paasilinna
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Jean Echenoz
S'il est vrai que je revendique le droit à mes à-prioris , il n'en est pas moins vrai que c'est pour mieux les abolir un jour . Celui où le destin me le permet ou lorsque je l'aurai décidé .Les Editions de minuit , version papier , je n'aime pas trop : cette élégance affichée , loin de me séduire a tendance à me faire fuir . Si en plus elle est associée à Jean Echenoz qui m'a toujours paru inabordable , c'est mort pour la lecture de son dernier opus .
Mais voilà que la liseuse entre en scène . Et ouvre une autre porte .
Et là .....ô merveille ....Les à prioris s'effacent et je découvre , enfin , le talent d'un écrivain surprenant et "qui fait du bien " .
Comme toujours je vais vous renvoyer à la quatrième de couverture si vous souhaitez un résumé de ce roman . A part que pour une fois , l'histoire , c'est ce qui fait le charme de ce roman et que si j'en fais l'économie aujourd'hui , c'est surtout que tenter cet exercice si fastidieux d'habitude , deviendrait en plus fortement périlleux .
Car l'écrivain ne nous rend pas la tâche aisée avec ce pseudo-roman polar qui fonctionne comme une belle mécanique dont seul le créateur peut agiter les manettes pour la faire fonctionner . Et il est habile , malin , et possède plus d'un tour dans son sac l'artiste, pour embarquer le lecteur à bord de cette belle structure .
Et alors de surprises en surprises , sous la plume du magicien , c'est une invitation à une sorte de farce semi burlesque , un roman de contre-espionnage façon parodie jubilatoire avec des répliques à la Lautner , et une ambiance faussement noire , qui nous amuse autant qu'elle finit par nous glacer (quand même) !
C'est l'enfant qui en nous qui jubile et se laisse prendre par cette narration complètement déjantée avec des situations fortement improbables , qui accepte les libertés de l'écrivain ne s'embarrassant pas avec des apparences de crédibilités en prenant son lecteur à parti par jeu de séduction et de facéties littéraires . Alors vous embarquez ?
Un excellent divertissement certes , mais sous couvert d' un polar , Echenoz nous dresse une belle caricature de nos paysages urbains , des solitudes qui s'y cotoient et pleins de petites choses grinçantes mais il a pris le parti de s'en amuser avec cette belle "farce" , un petit bijou de pure fantaisie de grande intelligence surtout !
Jouissif !
mots-clés : #humour
- le Sam 3 Déc - 14:28
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- Sujet: Jean Echenoz
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Vercors
Les animaux dénaturésLa surprise première quand on a commencé Vercors comme (presque) tout le monde par Le silence de la mer, c'est le ton léger et l'humour. Il a une façon de vous raconter ça, Vercors, de transformer en jolie galéjade ce questionnement fondamental sur le sens de l'homme et le sens de la vie .Il n'y a que deux explications possibles à la réussite complète de ce bouquin, soit c'est un miracle, sur cet homme a un talent fondamental.
Les animaux dénaturés se situe entre la controverse de Valadolid (1550 – les Indiens ont-ils une âme ?) et les interrogations de nos comités d'éthique actuels sur le sens de la vie, et le droit que nous avons de la manipuler. C'est dire si le sujet est sérieux . Avec toujours cet espoir que tout soit simple : définir, mettre en mots, fixer des limites, trois solutions impossibles face à des questions éternelles.
La force du livre de Vercors, c'est que ce questionnement, tant zoologique qu’anthropologique, philosophique, religieux, éthique, politique, est traité avec une brillante intelligence qui n'exclut pas l'humour.
Intelligence d'abord parce que tout ce qui est dit est d’une clarté lumineuse, présente les partis (et partis pris) opposés, chacun avec une propension à se croire détenteur de l’unique vérité, menant son propos jusqu'au bout, voire jusqu'à l'extrême, pour finir par mettre à jour ses contradictions. C'est assez jubilatoire, et intellectuellement très nourrissant, ce débat de grands esprits ancrés chacun dans ses positions.
Quant à l'humour, c'est difficile à croire, mais sur ce sujet, Vercors arrive à nous faire rire ou sourire à chaque page,: il y a une grande délicatesse à la fois attentive et amusée chez cet auteur.
Au milieu des tergiversations des savants, il construit peu à peu son héros. Doug est un gentil naïf, amoureux plutôt bêta, Candide égaré dans une expédition scientifique qui le dépasse. Il devient au fil des pages un honnête homme, qui, loin des vaines querelles des scientifiques, est prêt à risquer son amour, son honneur et sa vie pour une cause qui a quelque chose à voir avec la dignité. La grand message de son action, c’est que loin des classifications et des grandes idées, ce qui fait l'homme, c'est le refus et le combat.
Au final, on ne sait si c'est l'importance du propos ou l'exquise légèreté du récit qui l'emporte dans ce sentiment de se régaler tout au fil de la lecture.
(commentaire rapatrié)
mots-clés : #humour #science
- le Sam 3 Déc - 11:25
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- Sujet: Vercors
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