Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Ven 29 Mar - 0:36

32 résultats trouvés pour insurrection

Hans Magnus Enzensberger

Tag insurrection sur Des Choses à lire - Page 2 410oma10

Le bref été de l'anarchie

Durruti : une légende ?

Spoiler:


Je le crois dans la mémoire de la Catalogne, de l’Espagne et plus encore  puisque de nos jours l’histoire de cet homme suscite encore l’envie de savoir, de le connaître.
Durruti est entré dans l’Histoire, celle d’un peuple, celle de la révolution et la guerre d’Espagne.

L'auteur : «"Cependant, l'ensemble de ces propos anonymes et contradictoires se confond et acquiert une qualité nouvelle : ces histoires deviennent l'Histoire. C'est ainsi que depuis la plus haute antiquité "Elle" nous a été transmise : sous forme de légendes, d'épopées, de romans collectifs."

Sa vie est assez  rocambolesque, bandit d’honneur
Spoiler:

, aimé du peuple qui d’ailleurs l’a pleuré comme « Fils du Peuple » à sa mort.

Durruti c’est un ouvrier, un homme qui a toujours défendu les travailleurs, qui a su s’en faire comprendre et aimer. Un Anarchiste, membre du syndicat  de la CNT et du Parti anarchiste F.A.I. qui a participé dès les premiers jours à la révolution Espagnole et aux nombreuses grèves qui s’égrenèrent avant le mois de Juillet 36.

Ce mois, plus,  cet été où l’anarchie dressait les drapeaux, les barricades et les armes contre ceux qui exploitaient les travailleurs, les paysans, c’est-à-dire contre les propriétaires terriens, la bourgeoisie, l’ église et tout ce qui représentait la répression. Les anarchistes étaient habités d' une haine du capitalisme très vive.

Durruti a été souvent arrêté, emprisonné, obligé de s’exiler pour les idéaux qu'il défendait. De même ses proches amis Ascaso et Jover, surnommés d'ailleurs "les trois mousquetaires".
Durruti a cherché des fonds et du soutien auprès des anarchistes d’Argentine, de France pour la révolution et  ses méthodes n’étaient pas toujours très orthodoxes mais il a été honnête envers ses camarades, le peuple.

Après l’arrivée au pouvoir de la République, après leur participation à la victoire aux élections de  la Généralité de la Catalogne, ce qui constituait un dilemme quant aux idéaux qu’ils défendaient,  les anarchistes durent participer avec les autres partis.  Il devenait urgent de battre le général Franco, pour tous les anti-fascistes Espagnols.

Sans abandonner l’idée de continuer la révolution Durruti forma une colonne pour aller se battre sur le front de Saragosse., puis à Madrid où il trouva la mort. Comment ? cela reste aussi  un mystère.

Alors qu’ en 1918 80% de la classe ouvrière Catalane adhérait aux organisations anarchistes, après l’arrivée des Brigades Internationales majoritairement communistes, l’ envoi de matériel, armes par l’URSS, la main mise de l’URSS sur la guerre civile Espagnole le PCE devint majoritaire, les autres partis furent écrasés, interdits (FAI, POUM….) De fait la révolution fut étouffée, Staline n’en voulait pas, son objectif était de battre Hitler mais pas de sauver la révolution Espagnole.

Les anarchistes espagnols avaient choisi la ligne Bakounine depuis longtemps, plutôt que celle de Marx. L' une des racines de l'anarchisme s'était implantée lors de la venue en Espagne d'un certain Giuseppe Fanelli (Bakouniste) lequel avait su se faire comprendre du Peuple. L'exploitation des travailleurs, ouvriers et paysans avait consolidé l'idéal libertaire.


Ce récit est à de nombreuses voix et s’il en est une qui a su estimer au plus juste, a été la plus franche, la plus lucide c’est bien celle de Simone Weil.
Le choix de l’auteur de justement amener toutes ses voix en fait un récit très animé, attachant, instructif.



Quelques participants :
Le vicaire Jesus Arnal Pena, Diego Abad de Santillan, Ricardo Sanz, A. Souchy, César Lorenzo, Kaminski, A. Sanchez, Emma Goldman, Franz Borkenau, Louis Berthomieux, Ilya Ehrenbourg, MikhaÏl Kolcov, M. Hernandez


Extraits

Rien n’est changé effectivement, sauf une petite chose : le pouvoir est au peuple. Les hommes en bleu commandent. C’est à présent une de ces périodes extraordinaires qui jusqu’ ici n’ont pas duré, où ceux qui ont toujours obéi prennent les responsabilités. Cela ne va pas sans inconvénients, c’est sûr. Quand on donne à des gamins de dix-sept ans des fusils chargés au milieu d’une population désarmée…  « Simone Weil »

On a déjà eu en Europe une expérience de ce genre, payée de beaucoup de sang elle aussi. C’est l’expérience russe. Lénine, là-bas, avait publiquement revendiqué un Etat où il n’y aurait ni armée, ni police, ni bureaucratie distinctes de la population. Une fois au pouvoir, lui et les siens se sont mis, à travers une longue et douloureuse guerre civile, à construire la machine bureaucratique militaire et policière la plus lourde qui ait jamais pesé sur un malheureux peuple.   « Simone Weil »

Parlant de l’Espagne : Le mensonge organisé existe, lui aussi, depuis le 19 juillet. « S. Weil »

Je ne sentais plus aucune nécessité intérieure de participer à une guerre qui n’était plus, comme elle m’avait paru être au début, une guerre de paysans affamés contre les propriétaires terriens et un clergé complice des propriétaires, mais une guerre entre la Russie, l’Allemagne et l’Italie. « S. Weil »

Au prolétariat de l’URSS : Nous savons que pour la défense de notre révolution, nous pouvons compter sur vous, les travailleurs de l’URSS Mais on ne peut pas se fier aux politiciens, qu’ils s’instituent antifascistes ou démocrates. Nous ne croyons qu’à nos frères de classe. Seuls les travailleurs peuvent défendre la révolution espagnole, comme nous l’avons fait il y a vingt ans pour la révolution russe.
Vous pouvez nous croire. Nous sommes comme vous des travailleurs. Nous ne renierons en aucun cas nos principes et nous ne déshonorerons pas la faucille et le marteau, ces instruments de notre travail, symbole du prolétariat. Salut de tous ceux, qui, les armes à la main ,combattent contre le fascisme sur le front d’Aragon.  Votre camarade B. Durruti
Aux travailleurs russes : Le prolétariat international ne comprend pas pourquoi ces camarades (anarchistes) sont retenus prisonniers. Nous ne comprenons pas davantage pourquoi les renforts et les armes que la Russie envoie à l’Espagne sont devenus les instruments de négociations politiques à la suite desquelles le révolutionnaire espagnol sera obligé de renoncer à sa liberté d’action.
La révolution espagnole doit suivre d’autres voies que la révolution russe. Elle ne doit pas se développer sous le slogan d’ « un parti au pouvoir, tous les autres en prison ». […] Au peuple de choisir le régime qu’il désire !. Buenaventura Durruti


la LC ICI


mots-clés : #biographie #historique #insurrection
par Bédoulène
le Lun 9 Jan - 9:26
 
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Sujet: Hans Magnus Enzensberger
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Juan Rulfo

Tag insurrection sur Des Choses à lire - Page 2 51-qnq10

"Le Llano en flammes"

Le titre sonne mieux en castillan: "El Llano en llamas", allitération...

Bonne claque, bonne reculée que ce livre. Il a fallu que je repousse sine die toute autre tentative de lecture après, indice de livre vécu comme un chef-d'œuvre.

C'est un recueil de dix-sept nouvelles, souvent courtes.

Une langue proche de l'oralité, typique, "facile" allez-vous dire, mais, essayez - j'ai essayé - de faire du Rulfo-style, vous n'êtes pas au bout de vos peines.

La toile de fond est la révolte, la rébellion ou plutôt, pour employer le mot exact que les ultimes, vraiment tout derniers survivants appliquent encore à ces évènements, la révolution des Cristeros.

1925. Le Président du Mexique, Plutarco Elias Calles décide d'établir le contrôle absolu de la religion par l'État et la fermeture des églises. La plus grande partie de la population des États ruraux du centre du Mexique se soulève et initie une opposition armée, la guerre des Cristeros, d'après un surnom douteux donné par l'armée fédérale aux insurgés du sanctuaire de la Vierge Noire de Guadalupe, à Guadalupe.
L'affrontement s'étendit jusqu'en 1929.

Il faut imaginer des campesinos et des peones pauvres, des miséreux, équipés de bonne volonté et d'escopettes de réforme, contre l'armée fédérale, puissamment armée, commandée et organisée, et appuyée par l'aviation, des blindés et des canons, toutes armes en version dernier cri de la technologie d'alors.

Juan Rulfo est enfant, et écolier dans une institution Catholique. Son propre père a trépassé, assassiné en 1924 dans les troubles pré-révolutionnaires et son grand-père est mort pendu, après que ses deux pouces lui soient arrachés vifs.

Gamin, sa mère lui mettait la main sur les yeux afin qu'il ne puisse voir les Cristeros amenant au poteau leurs prisonniers pour l'exécution.

Au reste, et même si le Llano en flammes décrit de l'intérieur, en insider en somme, bien davantage les Cristeros que les troupes fédérales, nous ne sommes pas sur un brûlot révolutionnaire.
Le renvoi de la violence se fait dos à dos.
La nouvelle éponyme au titre du recueil est, du reste, assez parlante à cet égard.

Il nous reste un recueil écrit "près de l'os" (NB: il faut rester près de l'os, disait Cioran).

Dépouillé, avec parfois une touche d'humour, on rit certes un peu jaune, un rire-cicatrice si vous voulez, mais il se peut que le rire prenne, rarement il est vrai, le dessus.
Pour ceux qui souhaitent comparer la version d'origine avec la traduction, quelques-unes d'entre ces nouvelles en langue originale sont disponibles ici.

Dans le Llano en flammes, qu'y a-t'il ?
Eh bien, par exemple et pas nécessairement par ordre de compilation des nouvelles dans le recueil par l'éditeur:

On trouve l'absurde, comme par exemple celle de la terre stérile mais donnée (ou stérile et par conséquent donnée ?) comme par exemple dans la nouvelle "On nous a donné la terre".

On trouve le mauvais sort, la poisse qui s'acharne (par ex. dans "C'est qu'on est très pauvre").

On trouve l'assassin d'une famille entière, coursé, et un berger involontairement mêlé à l'histoire, qui craint la justice, pour sa peau (L'homme).

On trouve un pélerinage-calvaire-agonie (Talpa).

On trouve un Cristero, laissé parce qu'il n'en pouvait plus, qui sauve sa vie d'extrême justesse (La nuit où on l'a laissé seul).

On trouve une émouvante tranche de filiation dans "Tu n'entends pas les chiens aboyer".

On trouve une inhumaine, détestable tranche de filiation dans "L'héritage de Matilde Arcángel".

On trouve une bizarre tranche de filiation, un peu d'humour, un peu de bêtise aussi dans Paso del Norte.

On trouve sans doute la plus comique des nouvelles du recueil dans "Le jour du tremblement de terre".

On trouve un orphelin (peut-être un idiot de village ?) famélique et cloîtré par nécessité de violence alentours à son encontre (Macario).

On trouve la guerre, son absurdité, son horreur, et les protagonistes renvoyés dos-à-dos dans la nouvelle éponyme à l'ouvrage.

On trouve la vengeance et une vie entière à se planquer pour finir exécuté quand même (Dis-leur de ne pas me tuer !).

On trouve un endroit hostile, une campagne inhumaine, un village de bout de monde qui n'a que les bras de ceux qui s'exilent pour apporter un peu de ressource au pays, une très belle nouvelle (Luvina).

On trouve de l'inceste, du meurtre, de l'escroquerie, de la pudibonderie à œillères pharaïsantes dans la dernière nouvelle, Anacleto Morones.




Deux messages du 15 et du 16 octobre 2013 rapatriés et contractés


mots-clés : #insurrection #nouvelle
par Aventin
le Mar 27 Déc - 18:53
 
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Sujet: Juan Rulfo
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Alois Jirásek

Tag insurrection sur Des Choses à lire - Page 2 41z7e310

Philosophes

Roman qui se démarque de la bibliographie de Jirasek, plutôt spécialiste de romans historiques, Philosophes nous narre le récit d'évènements d'une petite ville au nord de Prague Litomysl, site sur lequel siège une importante université de philosophie et de religion qui fait la notoriété nationale de la petite bourgade.

On y rencontre quatre philosophes devant réussir leurs études mais également en prise avec leurs amours torturés et délicats au sein de la bourgeoisie tchèque.
C'est une histoire en deux plans : l'amour de la patrie et l'amour tout court. En effet le récit se passe lors des évènements de 1848 concrétisation de l'appel de Palacky et des révoltes praguoises contre l'empire basé à Vienne. Un patriotisme tchèque naît et se révolte : on veut reparler tchèque, regoûter à la culture tchèque et redevenir indépendants.

C'est aussi une certaine lutte contre la bourgeoisie et un certain conservatisme immobiliste. Les moeurs sont emprisonnés et le rôle de la philosophie est dans ce récit de le briser. C'est par le biais de ces histoires d'amour entre les étudiants et les jeunes filles que l'appel à la liberté se fait et est particulièrement touchant. Le droit de dire ce que l'on ressent, de souffrir et d'être heureux dans une société aseptisée. Récit cruellement d'actualité.

Le style est simple comme la tradition tchèque en fait l'usage. Simple mais pas simpliste, le vocabulaire est riche et varié mais sans ajout artificiel et exagéré. Le récit est souvent descriptif davantage des situations que des pensées des personnages, les dialogues ayant pour rôle d'exprimer ces pensées et l'on comprend bien pour quoi. Pour revendiquer une liberté d'expression des sentiments autant le revendiquer directement dans la manière d'articuler le récit, seuls les dialogues doivent être l'endroit où trouver les plus vives émotions des héros de l'ouvrage.

Une oeuvre agréable dans la plus pure tradition tchèque, que j'ai lu d'une traite tant et si bien que le livre n'a tenu que deux jours.


mots-clés : #historique #insurrection
par Hanta
le Dim 25 Déc - 20:47
 
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Sujet: Alois Jirásek
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Sylvain Prudhomme

Les grands

Tag insurrection sur Des Choses à lire - Page 2 Index122

En Guinée, c'est  la guérilla qui a permis d'accéder à l'Indépendance, en même temps que les amitiés et les inimitiés se sont scellées. Ensuite, la vie a repris son cours, chacun son chemin et son camp, l'armée a peu à peu pris les rênes du pays,vite dominée par les narcotrafiquants.
Le groupe Mama Djombo a produit une musique rebelle qui a fédéré les foules, consolé les perdants, et puis la chanteuse Dulce à quitté son amoureux Couto, changé de camp…
Quarante ans plus tard, le jour de la mort  de Dulce est aussi celui  du coup d'état militaire, c'est l'occasion d'un retour en arrière mélancolique pour Couto, et d' un ultime concert inspiré pour le groupe reconstitué.

   « Il y a des soirs où quand tu joues, avait dit autrefois Couto dans une interview, tu sens que ton esprit s'en va se promener. C'est tellement bien que tu t'en vas, ton esprit par faire un tour ailleurs, s'en va visiter l'esprit des autres musiciens, visiter les visages des spectateurs qui sont là, tout près de toi, en train de sourire. Tu sens que c'est bon, tu ne penses plus à rien, tu n'écoutes plus que ce que tu font tes doigts, tu regardes simplement ceux qui jouent à côté de toi et tu vois le sourire sur leur visage, tu n'as même pas besoin de leur parler, simplement tu sais, tu vois qu'eux aussi savent, c'est très bon. »


Tout au long de cette journée, Couto vieil homme qui espère encore en l'amour, traîne sa tristesse à travers la ville où les armes se bandent, dans l'indifférence générale : car ce sont l'amour, l'amitié et la musique  les vrais vainqueurs face à l'amertume de l'échec, la perte des espoirs et amours de jeunesse. Certains ont cédé aux mirages européens, mais pour ceux qui restent, l’engagement reste là, source de solidarité et d'intenses moments de bonheur, même si la foi est sans doute perdue.

Sylvain Prudhomme nous offre un habile mélange de fiction et de réalité. L'histoire de la Guinée est là en toile de fond, le groupe Mama Djombo a été et reste un groupe guinéen mythique. Mais  Dulce et Couto sont des personnages inventés. Couto, le guitariste vieilli en qui coexistent son vieil amour  pour Dulce, la star en-allée et la jeune Esperanza qui lui ouvre un nouvel horizon lumineux. Dulce la voix sublime, la chanteuse que toute la Guinée   porte comme un baume en son cœur, restée elle-même malgré trahison.

Tag insurrection sur Des Choses à lire - Page 2 Talac113

L'écriture alterne des dialogues  laconiques qui dévoilent superbement les enthousiasmes et la profondeur des sentiments des personnages, des élans lyriques, sombres ou joyeux , des descriptions urbaines chatoyantes. La langue créole et les paroles de chansons apportent leur touche de sincérité.

   
« Atchutchi dans ses chansons ne  disait pas amour , il disait baliera, quelque chose à mi-chemin du balancement et de la danse. Baliera comme le flux et le reflux du désir, des océans, des astres. Baliera comme le grand balancement du monde, la soif universelle d'aimer. Les hommes et les femmes de ses chansons n'y pouvaient rien, ils étaient les jouets d'une houle qui les bringuebalait de-ci de-là, imprévisible, toute-puissante ».


Très beau roman, déchirant et douloureux, mélancolique et palpitant, bercé à toutes ses pages par la musique et la sensualité, constat d'échec d'un pays et de ses aspirations, témoin que des hommes et des femmes font le choix d'y vivre, d'y connaître malgré tout des fulgurances heureuses ou malheureuses.

(commentaire récupéré)
mots-clés : #creationartistique #insurrection
par topocl
le Mer 21 Déc - 13:44
 
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Joseph Conrad

Nostromo

Tag insurrection sur Des Choses à lire - Page 2 51tj1h10

  "Il y a dans un trésor quelque chose qui s'attache à l'esprit d'un homme. Il prie et  blasphème et persévère cependant ; il maudit le jour où il en a entendu parler pour la première fois, et laisse arriver sa dernière heure sans s'en apercevoir, croyant toujours qu'il ne l'a manqué que d'un cheveu. Il le voit chaque fois qu'il ferme les yeux. Il ne l'oublie qu'à sa mort - et même alors… docteur, avez-vous jamais entendu parler des misérables gringos de l'Azuera, qui ne peuvent pas mourir ? Ah ! ah ! Ce sont des marins comme moi. On ne peut pas échapper à un trésor une fois qu'il s'est  attaché à votre esprit."


Sur fond historique de colonialisme, de coup d'états militaires, de guerre civile, et de politique dictatoriale au Costaguana, petit pays fictif d'Amérique latine, Joseph Conrad nous fait vivre au rythme d'un groupe d'Européen, installés là-bas comme chez eux. Écartelés entre leurs amours, leurs rêves et leur cupidité, ils mènent une existence à la fois brillante et fiévreuse, où ils apprennent que la réalisation des espérances, financières ou autres,  ne mène pas forcément à l'épanouissement personnel. Même chose pour Nostromo, un marin génois débarqué ici pour faire fortune, emblématique de cette petite communauté, qui voue un mélange d'admiration et de mépris à ce personnage valeureux et  fantasque.

Difficile de faire un commentaire  sur ce roman,  considéré par tous comme le chef-d’œuvre de Joseph Conrad, si ce n'est pour redire que c'est un roman magistral, qui se mérite, mais qui récompense généreusement l'effort qu'on a pu mettre dans sa lecture.On est captif des allers-retours temporels, des péripéties romanesques dignes des meilleurs romans d'aventure, de la complexité des personnages pris dans les rets de cette vie coloniale alternativement délicieuse et rude, cette petite communauté imbue d'elle-même, égocentrique et brillante, qui au delà de son lustre n'échappe pas à la moiteur.
Un roman âpre, foisonnant et tumultueux dont on ressort avec une satiété heureuse.

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #colonisation #insurrection
par topocl
le Sam 17 Déc - 9:36
 
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Hans Magnus Enzensberger

Les rêveurs de l’Absolu

Tag insurrection sur Des Choses à lire - Page 2 51uoe910


Le titre même est une invitation ; c’est le nom que Marx a attribué à une catégorie de conspirateurs, ceux qui exerçaient  avec  honneur : « Un rêveur de cette trempe, un inconnu au milieu d’une foule, suffit pour plonger tous les puissants de ce monde dans la terreur. »

Après la conspiration des Hommes de Décembre (Russie 1825), le Comité Central de la révolution en 1862, les conspirateurs Russes importaient les idées de l’Europe Occidentale (St-Simon, Charles Fourier, Feuerbach, Karl Büchner, Owen Proudhon, Darwin, Marx, Engels et Lassalle….)mais la pratique ils l’ apprirent dans leur pays.

Des groupes  aux noms évocateurs se formèrent : Sté du Tribunal du Peuple ou de la Hache, Union Centrale des Travailleurs, la Volonté du Peuple, ainsi que la presse :  La Libre Parole, La Cause du Peuple, Le Messager de la Vérité…. Les tracts et les bombes livraient combat.

Trois Hommes et leurs doctrines s’ affrontaient : le « Géant Bakounine, anarchiste, l’un de ses élèves Netchaïev Sergheï et un autre disciple de Bakounine Peter Tkatchev.

90% des Russes étant analphabètes dont 50 millions de paysans,  la presse et les tracts n’atteignaient qu’une minorité.

En 1870 La jeunesse de la bourgeoisie, de la noblesse décidèrent d’aller vers le Peuple, ces pélerins du socialisme se firent appelés les Narodniki.  Mais la tâche était rude tant le Peuple était écrasé de misère physique et morale.

193 de ces pélerins furent arrêtés leur procès en octobre 1877 fut retentissant.

1879 Le Comité exécutif de la Volonté du Peuple provenait de l’aile gauche des Narodniki, ces transfuges de leur propre classe n’en trouvèrent aucune autre pour les accueillir. Des petits bourgeois, des paysans et des ouvriers et  de nombreuses femmes rejoignirent le Comité. Les statuts sont en faveur de la révolution qui devait être prioritaire sur la famille, l’amitié, l’amour ;  l’individu cède la place à l’organisation.

Alexandre II fut tué par une bombe lancé par Grinevitzki en mars 1881 Le Comité adresse une lettre ouverte au fils du Tsar (non pas pour demander son départ mais une vie meilleure et plus de justice pour le Peuple) dont la réponse fut celle d’un despote et  ses exactions  décimèrent le Comité exécutif de la Volonté du peuple en 2 ans, ces membres exterminés.

Une trentaine d’années plus tard Lénine  à la tête de la révolution détruisait l’ordre ancien.

L’Occident s’était inspiré de l’exemple russe, des attentats contre les dirigeants des pays se répandirent malgré la police secrète dont ils s’entouraient.  L’ Internationale anarchiste avait proclamé la Terreur noire et provoqué des troubles  dans plusieurs pays.

1905 une nouvelle organisation s’ installa ; Kaliaïev l’un des membres  de l’organisation de Combat des révolutionnaires sociaux (organe  exécutif du Parti  des révolutionnaires sociaux)fut l’un de ces rêveurs de l’Absolu, lui qui renonça à  commettre l’attentat prévu contre le Grand-Duc quand il s’aperçut que la Grande-Duchesse et les enfants étaient dans la voiture. (attitude approuvé à l’unanimité par l’organisation)

C’est cette conscience qui marquait la différence entre les conspirateurs de 1905 et ceux qui les avaient précédés des décennies auparavant «  Ceux de 1905 n’étaient pas seulement des caractères extraordinaires au sens littéral du mot : ils en étaient conscients. »

C’est grâce aux « Mémoires d’un terroriste »  Boris Savinko que fut connue le fonctionnement, les méthodes de l’organisation de Combat des révolutionnaires sociaux.

Pour Lénine ces révolutionnaires sociaux n’ ont jamais compris le rôle historique du prolétariat, de même que les Communistes n’ont jamais compris que le combat de ces « Rêveurs de l’Absolu » n’était pas politique « Durant la seconde de vérité où ils lançaient la bombe, ils réalisaient leur salut et anticipaient celui des autres. »

Cette lecture très prenante est enrichissante historiquement, politiquement et socialement.

L’écriture est  agréable et  permet l’accessibilité à ce récit qui se lit aussi facilement qu’un thriller, ce qu’il peut sembler d’ailleurs  par la mobilité des  conspirateurs  et  les traques de la police secrète.
Je pense d’ailleurs que l’Ochrana avait intérêt à ce qu’ existent  ces  organisations révolutionnaires  et/ou terroristes qui garantissaient  sa propre existence.
Les évènements survenus en  Russie et ceux qui se déroulèrent  dans l’Occident  annonçaient dans  leur différence   la   destinée des  pays  concernés.
Le passage  concernant  les « Mémoires d’un terroriste » de Savinko m’ a tout particulièrement intéressée, je pense d’ailleurs en faire la lecture  (ce passage est aussi relevé par Guilloux dans l’Herbe d’Oubli)

"message rapatrié"



mots-clés : #insurrection
par Bédoulène
le Sam 10 Déc - 15:56
 
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B. Traven

La révolte des Pendus

Tag insurrection sur Des Choses à lire - Page 2 Traven10

Là, comme dans des lectures précédentes qui traitent de révoltés se  retrouve l'exploitation de l'homme par l'homme, avec la complicité (réelle ou muette) de l'église,  quel  que soit le pays.

" Mais Dieu qui est venu sur terre deux mille ans auparavant pour sauver les hommes, a sans doute oublié les Indiens."

Qui dit "opprimés" dit "révoltés" et c'est bien cette révolte que dans ce livre l'auteur nous conte, celle des Indiens du Mexique.

Dans l'enfer qu'est une "montaria" pour les Indiens on retrouve aussi des "classes" sociales, le patron (patroncito) le chef  ou Jefe, ses contremaîtres ou capataces, ensuite viennent les artisans (sellier, cuisinier etc.....) et les exploités les Indiens nommés chamulas.

"Les maîtres, les Cachupines, les Espagnols, les Ladinos et les Chinos blancos des cafetales allemands étaient des dieux contre lesquels un péon indien n'eut jamais osé se révolter. Ce n'était ni par lâcheté ni par l'esprit d'un pardon qu'ils agissaient ainsi. Ils savaient qu'il y a des dieux et des serviteurs. Et qui n'était pas dieu ne pouvait être qu'un serviteur obéissant et soumis."

La forêt est aussi exploitée par l'homme, l'acajou est d'un grand profit et est exporté, les grands exploitants étaient souvent des étrangers d'ailleurs (Américains, Allemands..)
Les exploités devaient fournir 3 à 4 tonnes de « trozas » rondins par jour, le lecteur peut imaginer facilement le chantier d’abattage.

Ce pays à cette époque est sous la dictature d'un vieux "cacique", lequel adopte toutes les "suggestions" des grands propriétaires. La révolte gronde dans toutes les régions, mais seuls les patrons le savent, les Indiens ne savent ni lire, ni écrire et donc facilement exploitables.

"Si le trône du vieux vacille et s'effondre, alors toute la République sera en feu. Et, comme depuis des années, personne n'a appris à penser, parce que c'était interdit de penser, elle brûlera jusqu'à ce que tout soit consumé et nous avec."

La violence répond à la violence, c'est pour cela que la révolte va être meurtrière.

Mais après avoir si longtemps baissé la tête, donné l'échine, les Indiens des exploitations avaient besoin d'un révélateur pour oser se libérer, c'est un enseignant qui peine avec eux qui va les inciter à la révolte.
Donc là,  la reconnaissance du "savoir" est une force libératrice.

"Mais quand l'opprimé commence à prendre conscience que sa vie est devenue semblable à celle des animaux, qu’il lui est impossible de leur ressembler davantage, alors les limites sont déjà franchies. Alors, l’homme perd toute raison et il ait comme un animal, comme une brute, pour tenter de retrouver sa dignité d’homme. »



Certains tels les péones de la petite exploitation que rencontrent nos révoltés  font  une révolution pratique, c’est-à-dire uniquement à leur profit comme le constate et  regrette l’un des protagonistes,  El Pofesor.

« Une révolution qui explique et qui a besoin d’être motivée n’est plus une révolution. Elle n’est qu’une lutte pour la propriété et les emplois. La vraie révolution, celle qui est capable de changer les systèmes, elle est au fond  du cœur des vrais révolutionnaires. Le vrai révolutionnaire ne pense pas au profit personnel qu’il peut retirer d’une révolution. Il démolit le système social au milieu duquel il souffre et voit souffrir les autres hommes. Il se sacrifie et meurt pour le détruire et pour réaliser d’autres idées. »

Le lecteur ne connaîtra pas le dénouement de cette « révolution », mais il apparait que tous  ces révoltés sont conscients qu’à présent ils ne doivent et ne peuvent que continuer dans leur engagement.

J’aime que l’auteur ait laissé la liberté au lecteur d’imaginer une fin à son goût à ses idées.

Je reviendrais pour d’autres lectures.

"message rapatrié"


mots-clés : #insurrection
par Bédoulène
le Sam 10 Déc - 12:05
 
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Sujet: B. Traven
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Manuel Scorza

Tag insurrection sur Des Choses à lire - Page 2 41wba611

Roulements de tambours pour Rancas


Ce qu'en dit l'auteur:
“c'est la chronique désespérément vraie d'un combat solitaitre: celui que livrèrent, dans les Andes centrales,
entre 1950 et 1962, les hommes de quelques villages visibles seulement sur les cartes d'état-major des troupes qui les rasèrent.”
En effet, la socièté minière Cerro de Pasco Corporation a clôturé un million d'hectares pour élever le bétail de sa section agricole
au détriment de ces hommes et femmes qui vivaient dans ces villages qui, du jour au lendemain, se sont trouvés coupés du monde avec leurs troupeaux affamés.
La révolte populaire se terminera par le massacre des comuneros.

L'histoire est on ne peut plus vraie: tous les personnages sont réels ainsi que tous les faits.
L'auteur a volontairement modifié certains noms et certaines dates pour “protéger les justes de la justice”.
Hector Chacon, chef de la révolte, sera arrêté et jeté en prison durant 11 ans. Le traducteur avertira le lecteur qu'Hector fut libéré le 28 juillet 1971,
à la suite de la campagne de presse sans précédent soulevée au Pérou par la publication de “Roulements de tambours pour Rancas” de Manuel Scorza.

Malgré le contenu tragique et révoltant du roman, Scorza (membre du mouvement littéraire indigéniste de l'époque), militant des luttes paysannes indiennes de son pays,
emploie un ton humoristique, un peu naïf, plein de tendresse avec une touche de réalisme magique qui nous rapproche des croyances précolombiennes qui ont survécu au christianisme
chez les habitants des hauts plateaux (parler avec les animaux, sonder les rêves, interpréter les signes de la nature,etc...)

L'histoire de ce premier volet d'une saga qui en comporte 5:
A Yanahuanca, la population est terrorisée par le Docteur Monténégro (l'habit noir), juge du district et riche propriétaire.
Les paysans, peu éduqués et sans défense, se voient privés de leurs droits.
A cela vient s'ajouter l'apparition d'une clôture américaine qui ne fera que grandir tout au long de l'histoire, qui coupera les accès aux différents villages, aux terres pour les troupeaux.
Les bêtes mourront de faim et les habitants tomberont dans la misère. Les malheureux exploités tenteront de résister chacun à sa manière et verront l'appartition de soldats.
Un habitant de Rancas, Hector Chacon, va tenter avec d'autres, si pas de stopper l'avancée de la clôture, au moins de mettre fin
aux agissements tyraniques du Docteur Monténégro mais l'issue de la rébellion sera l'arrestation d'Hector et le massacre des habitants.

Les chapitres sont très courts et présentés un peu comme dans un conte; chaque protagoniste a son nom mais aussi un ou plusieurs surnoms,
ça peut poser un petit problème de confusion au début de la lecture.


Cette lecture est une agréable découverte et je déplore que les livres soient si difficiles à trouver.
J'ai pu me procurer 3 volumes de la saga en occasion.
Je pense que Scorza est unique en son genre et avec son style si sensible, si poétique, il donne une dimension encore plus tragique aux faits qu'il relate.


mots-clés : #insurrection #social
par Cliniou
le Mer 7 Déc - 8:57
 
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Sujet: Manuel Scorza
Réponses: 1
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Drago Jancar

Des bruits dans la tête

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C’est des années après, toujours emprisonné, que Keber, raconte à l’un de ses codétenus, pour la transmettre  à la mémoire de tous, l’histoire de l'insurrection de la prison de Livada, dans un récit que l'oralité rend syncopé.

Donc, oui, c'est le récit de cette insurrection, de minute en minute, racontée comme un thriller, cette explosion de violence insensée pour une cause perdue d'avance. Les prisonniers sont d’abord portés par l'illusion de leur improbable puissance, d'une illusoire solidarité. Et puis, de petitesses en mégalomanie, de trahison en fascination du pouvoir, l'absurde apparaît peu à peu, l'impasse se dessine, dans une haletante course aux chimères. Et par des retours obsédants sur le siège de Massada, archétype de la résistance désespérée à l’enfermement, Keber donne à son récit une belle universalité.

Mais c'est aussi l’extraordinaire portrait de Keber, cet homme  dont « on prononçait [ le nom ] avec respect », Keber, auréolé d’un passé qui le hante :

Keber, son béret vert sur la tête, avait dormi au Vietnam parmi les cadavres, il avait traversé les océans en bateau, à Saint-Domingue il  avait fait trembler des généraux en caleçon, en Russie des femmes avaient tenté de se suicider pour lui ».


Lui-même se voit tout autre, « esseulé et déglingué » :

Bien sûr, je n'habite nulle part, c'est pourquoi je ne comprends pas tes bon Dieu et qu’ils ne me comprennent pas non plus

.
Dans son récit halluciné de cette révolte qu'il a initiée et qui lui échappe, Keber intercale des réminiscences, des souvenirs, des rêves et des cauchemars, des fantasmes, des hallucinations obsessionnellement intriqués et répétés. Un interminable voyage dans des wagons à bestiaux dans son enfance, des missions répétées comme soldat ou mercenaire dans tous les coins du globe,  la claustration d ‘une cabine de bateau,  son amour impossible et dont il est captif pour la trop sage Leonca : sa vie entière n’a été qu’un enchaînement d’enfermements dont il garde ces « bruits dans la tête» comme autant de stigmates.

On croit lire un roman d’aventure, mais s’y camoufle une palpitante variation sur les thèmes de l’enferment, de la liberté, du pouvoir et du libre arbitre.

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Le site de Massada


(commentaire rapatrié)



mots-clés : #insurrection #captivité
par topocl
le Mar 6 Déc - 17:06
 
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Sujet: Drago Jancar
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Philippe Huet

Philippe Huet
Né en 1942

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Philippe Huet est passionné depuis son enfance par le journalisme. Après ses 3 années d'études à l'ESJ Paris, il intègre le journal Le Havre Presse. Il a l'ambition de devenir grand reporter. Il obtient ce poste en entrant à la rédaction de Paris Normandie. Pendant quinze ans, il couvre de grands évènements tels que des déplacements présidentiels, le Tour de France, des guerres (notamment au Liban), des grands procès, ou encore la catastrophe aérienne d’Ermenonville du 3 mars 1974 où il arrive en premier sur les lieux.
En 1989, Philippe Huet démissionne de son poste de rédacteur en chef adjoint du journal Paris Normandie et entame, parfois en collaboration avec son épouse Elizabeth Coquart, une carrière littéraire qui inclura documents, œuvres biographiques, romans noirs et romans sociaux.

source : wikipedia.org

Bibliographie ::

L'ivresse des falaises
1994 : Quai de l'oubli
1994 : La main morte
1997 : La nuit des docks
1999 : Cargaison mortelle
2001 : Les démons du comte
2003 : Un jour sang
2003 : L'enfer du décor
2005 : Les quais de la colère
2006 : Souk à Marrakech
2011 : La poubelle pour aller danser
2012 : Nuit d'encre
2014 : Les égarés de la plage
2015 : Les émeutiers
2016 : le feu aux poudres

Ouvrages écrit en collaboration avec Élisabeth Coquard
1989 : Ma liberté dans l'église
1990 : Bourvil ou la tendresse du rire
1994 : Le jour le plus fou, 6 juin 1944, les civils dans la tourmente
1996 : Mistinguett : la reine des années folles
1997 : Le Monde selon Hersant
1999 : Les rescapés du Jour J
1999 : Vacances secrètes en Normandie
2004 : Stars et paquebots




(oooooh un fil inédit !)

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Le feu aux poudres

Le roman d'un contexte social extrêmement tendu. Au Havre en 1936 le chômage écrase ouvriers et dockers alors que les patrons alliés aux organisations d'extrême droite et anxieux d'une victoire prochaine du front populaire jouent  des épaules. Polyphonique à la troisième personne et documenté le roman narre un tournant de la lutte sociale dont le pivot est une grève chez Breguet (fleuron de l'aéronautique). Par petites touches l'auteur dévoile les conditions de vie et préoccupations des uns et des autres. Les espoirs des uns côtoient la marque indélébile de la grande guerre. Les craintes des autres sont alimentées par les nouvelles venues d'Amérique et de Russie. En toile de fond principale les quartiers pauvres et laborieux du Havre et le décalage avec le monde de ceux qui s'en sortent ou incarnent une humanité à la fois soucieuse et insouciante. Nous trouvons donc ici un journaliste amoureux qui est un pont entre ces mondes et qui voisine avec la figure de Céline. Pour la beauté des anecdotes mais aussi pour une humanité qui se perd en laissant s'échapper l'espoir.

Le genre d'espoir qui s'incarne dans la dignité de la solidarité et du combat pour le progrès social. Et toutes ces cartes ne sont pas mal jouées. Tout en s'appuyant sur une vision actuelle avec ses acquis ( ?) dans le monde du travail et dans l'égalité de droits entre hommes et femmes, le récit déroule un panorama assez large qui fait sentir que ce n'est pas si simple.

Certes la recette est visible et l'écriture n'est pas fracassante mais l'empathie et la volonté de détail et de représentation de plusieurs milieux font que ça vaut le détour. Et puis on ne peut pas se plaindre des personnages sympathiques qui font vivre cette tranche d'histoire populaire. Ca se lit tout seul et c'est instructif. Je ne dirais pas non à lire les précédents tomes de cette trilogie (je crois) !

Et puis Le Havre...


mots-clés : #insurrection #social #historique
par animal
le Lun 5 Déc - 22:35
 
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Sujet: Philippe Huet
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Vues: 744

Madison Smartt Bell

Madison Smartt Bell
Né en 1957

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Madison Smartt Bell est un écrivain américain né le 1er août 1957 (59 ans) à Nashville, Tennessee.

Il passe son enfance à Nashville, et a vécu à New York et à Londres avant de s'installer à Baltimore, dans le Maryland. Il est diplômé de l'Université de Princeton, où il remporte le Prix Mathis Ward et le prix Francis LeMoyne Page.
Bell a enseigné dans divers programmes d'écriture créative et est professeur au en:Goucher College à Towson, dans le Maryland.
En outre, il a écrit des essais et des critiques pour Harper, la New York Review of Books,The New York Review of Books The Village Voice.
Il a été invité par le festival Étonnants voyageurs en 20096.
Il est marié à la poétesse Elisabeth Spire.

(source : wikipedia)

Oeuvres traduites en français

Coupes sombres
Save me, Joe Louis
L'année du silence
Dix Indiens
Le soulèvement des âmes
Le maître des carrefours
La pierre du bâtisseur
Toussaint Louverture
La Ballade de Jesse
La Couleur de la nuit





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Le soulèvement des Âmes

Dans la chronologie historique figurant à la fin du récit à la date d’octobre 1791 est mentionné : » Les radicaux de l’ Assemblée législative font courir le bruit que l’insurrection des esclaves n’est qu’une provocation fomentée par les émigrés pour faire de Saint-Domingue un bastion royaliste. »

C’est l’option choisie par l’auteur pour conter  ce soulèvement des Âmes.

L’intérêt du livre, hormis une écriture magistrale,  est le choix de l’auteur d’avoir intégré dans son récit comme narrateur, la voix d’un « marron » Riau, ce qui permet  la vision bilatérale de cette période cataclysmique.  Riau est un personnage intérêssant car il agit souvent habité par le  « loa » (ensemble des divinités vaudoues).

Les personnages de fiction  sont en cohérence avec les personnages  réels et accréditent les faits de manière originale.

Les idées de la révolution qui se déroule en France à compter de 1789 parviennent sur l’île de Saint-Domingue (anciennement Haïti) auxquelles se rallient  les « petits Blancs » (ouvriers, artisans), ils seront appelés les « pompons rouges » par opposition aux « grands Blancs » les « pompons Blancs ». Ces derniers veulent que les « petits Blancs » n’oublient pas à quelle couleur ils appartiennent  et pensent que seul un soulèvement (maîtrisé) des esclaves les obligera à se rallier à eux.

Toussaint  Louverture est requis  par quelques « grands Blancs » (les aristocrates terriens) donc pour choisir les « commandeurs »  qui initieront le soulèvement des  esclaves, mais la situation dégénère et les « grands Blancs » sont pris à leur propre piège.  

Le récit commence sur le vaisseau « Héros » qui emmène Toussaint Louverture pour être emprisonné en France, puis retour sur les évènements jusqu’ au  ralliement de Toussaint  ( comme d’ailleurs d’ autres meneurs Noirs (Jean-François, Biassou…) à l’armée Espagnole ; mais le retour sur la partie Française du Nord laisse penser qu’il veut compter pour la France.

Toussaint apparait dans ce récit comme un homme juste, intelligent, charismatique, son ambition n’est pas visible à cette période là. Il a appris des Blancs et  utilise son savoir.

C’est une lecture qui se lit comme une aventure, dangereuse  (bien qu’il s’agisse en réalité d’un bouleversement qui signera le destin de l’île et celui de la France)  et  qui fait résonner dans mon cœur le mot de Liberté.

Extraits :
« Je savais qu’en ne comptant que les vivants, nous étions déjà dix fois plus que les Blancs. Les Blancs le savaient eux aussi, et ils avaient peur – c’était cette peur qui tenait le fouet. Mais ce que les Blancs ignoraient, c’était que tous ceux qu’ils tuaient restaient auprès de nous. Ils nous avaient tués en si grand nombre, déjà, qu’il y avait parmi nous cent morts pour un vivant. »

Riau : « J’étais assez fatigué pour me coucher moi aussi mais je ne voulais pas rester seul avec les rêves de ce que Riau avait fait même si Riau voulait continuer et en faire encore plus. So Ôgun en personne avait fait tout ça alors Riau ne s’en serait même pas rappelé, mais c’était en partie Riau et en partie Ôgun et je m’en rappelais mais je ne savais pas ce que je devais penser ou faire.

« La gorge de Mouche palpitait maintenant sans qu’il n’en sorte aucun son, et Claudine vit ses yeux s’agrandir et vit qu’elle avait compris, enfin. Elle n’avait nulle autre intention que celle-ci, se faire comprendre, mais Mouche ayant senti qu’il n’y avait pas de limite, que rien ne pouvait plus l’ arrêter désormais, il devenait pour Claudine impossible de s’arrêter. Ou bien se fut sa main, ou la lame elle-même qui de son propre chef prolongea le geste, car elle n’avait pas elle projeté quoi que ce soit d’autre. Mais voilà, le corps de Mouche s’ouvrit le long d’une ligne verticale en son centre et au-delà, comme une banane qui se fend. La lame traça son sillon dans une épaisseur de graisse blanchâtre ; il n’y eut pas de sang, bizarrement, jusqu’au moment où la masse des viscères enchevêtrés s’écroula d’un coup sur les pieds de Claudine, et alors elle se mit à saigner. Un cri épouvantable jaillit quelque part, Claudine n’aurait su dire où, car Mouche s’était remise à chanter, et c’était justement ce que Claudine ne pouvait supporter. Ivre de rage, elle frappa au cou avec une violence qui la fit tournoyer sur elle-même et, comme elle revenait face à Mouche, le sang d’une artère sectionnée jaillit à flots dans sa direction, inondant le devant de sa robe. »


"message rapatrié"



mots-clés : #esclavage #insurrection #captivité
par Bédoulène
le Dim 4 Déc - 17:30
 
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Sujet: Madison Smartt Bell
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Vues: 615

Augusto Roa Bastos

Augusto Roa Bastos (1917-2005)

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Augusto Roa Bastos est un écrivain paraguayen du XXe siècle.
Il passe une partie de son enfance dans le monde rural indien d'Iturbe qui servira plus tard de cadre à la plupart de ses romans sous le nom d'Itapé.Iil s'enrôle à l'âge de 15 ans dans l'armée à titre d'assistant infirmier et participe à la guerre pour les terres du Chaco qui oppose le Paraguay et la Bolivie de 1932 à 1935.

Il est ensuite journaliste au quotidien El Païs et commence à publier quelques contes et poèmes. Il découvre les écrivains français (Valéry, Cocteau, Eluard, Breton, Aragon,...) et lit passionément Faulkner. Sa première nouvelle, Fulgencio Miranda, sort en 1941. Pendant la seconde guerre mondiale, il devient correspondant de guerre à Londres, où il donne aussi des cours de littérature, puis séjourne quelques mois en France avant de revenir diriger la rédaction d'El Païs.

Il est contraint de s'exiler au début de la guerre civile de 1947 qui aboutit à la dictature du général Alfredo Stroessner et s'installe à Buenos Aires (Argentine), où il vivra une trentaine d'année. It y écrit la majeure partie de son oeuvre littéraire.
En 1976, à la suite du putsch militaire, Augusto Roa Bastos doit quitter Buenos Aires. Il s'installe en France, à Toulouse, où il enseigne la littérature hispano-américaine à l'université. Il continue à publier. Il ne retourne au Paraguay qu'en 1989, après 42 années d'exil et la chute du dictateur Alfredo Stroessner, retrouvant sa citoyenneté d'origine dont le despote l'avait destitué en raison de son opposition au régime.
A sa mort le président paraguayen Nicanor Duarte a décrété trois jours de deuil national.


Source : http://www.republique-des-lettres.fr/10249-

Ouvrages traduits en français :

1960 : Fils d'homme (Hilo de Hombre)
1974 : Moi, le Suprême (Yo, el Supremo)
1992 : Veille de l'Amiral (Vigilia del Almirante)
1993 : Le procureur (El fiscal)
1994 : A contrevie (Contravida)
1995 : Madame Sui (Madama Sui)
1996 : Métaphorismes (Metaforismos)





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Fils d’Homme

Ce récit est celui de la vie d’hommes et de femmes  du Peuple vivant dans deux villages d’une même contrée au Paraguay  et dont les destins vont s’entrecroiser sur plusieurs décennies  dans les révoltes et les guerres.

Le narrateur, habitant lui aussi d’Itapé qui conte l’histoire dont il est le témoin et l’un des participants en tant que militaire, fasciné qu’il a été enfant par les vêtements rutilants.

Itapé : Les habitants d’Itapé ont adopté comme Fils de Dieu, la sculpture  en bois d’un Christ lépreux sorti des mains d’un musicien – Gaspar Mora -  qui le fit à son image et le laissa pour le remplacer quand il mourut de sa maladie. «  C’est son Fils il l’a laissé pour le remplacer dit Macario » C’est le Fils d’Homme !

Maria Rosa  aimera Gaspar jusqu’après sa mort jusqu’à la folie,  offrant sa belle chevelure au Christ lépreux.

Rancho


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Sapukai : Ville tragique née l’année de la comète qui balaya la Terre de sa queue de feu, où la révolte agraire fut écrasée coûtant la mort des rebelles, trahis par le télégraphiste du village, et de la population. Les stigmates de la gare,  d’où devait partir le train des révoltés et qui  fut bombardée, ne s’aplanirent qu’au bout de plusieurs années. La conservation du  seul wagon encore debout devint pour Casiano,  évadé de la plantation où lui et sa femme Nati travaillaient comme des esclaves, le but de sa vie. Cette obsession, engendra chez leur Fils une volonté d’accomplir ce qu’il devait, que ce soit un nouveau soulèvement ou la guerre où s’engagea sa Patrie.

« Car maintenant il ne restait plus qu’à avancer, avancer toujours, avancer coûte que coûte à travers la jungle, le désert, les éléments déchaînés, la tête morte d’un ami, à travers ce trémolo où la vie et la mort se rejoignaient sur une ligne indéfinissable. C’était ça le destin. Et que pouvait donc être le destin pour un homme comme Cristobal Jara, si ce n’est de conduire son obsession comme un esclave, sur un étroit sentier de la jungle ou sur la plaine infinie, emplie de la sauvage odeur de la liberté ? »

Dans cette ville était arrivé un étranger qu’un jour la population du village découvrit comme étant médecin. Il vivait dans un rancho dans la forêt, s’occupa des lépreux, sauva plusieurs personnes dont Maria Regalada qui lui voua un amour et une reconnaissance inébranlable qui la conduisit,  alors que le docteur les avait tous abandonnés à s’occuper elle-même des lépreux et de son chien fidèle, alors même qu’il l’avait violée.

« Le chien ramasse l’ayaka entre les dents et s’en retourne par le chemin, résigné à tout, aux coups de pieds du tenancier, aux crottes de boue qu’un gamin lui jette avec sa fronde pour exercer son adresse, ou aux serpents et crapauds morts que d’autres lui mettent furtivememnt dans le panier. Lui, il ne s’en rend même pas compte, occupé à sa trace. Il ne sait même plus aboyer. Rien que ce hurlement ténu qui lui sort encore de la gorge certaines nuits, au dernier quartier de la lune, avant de s’endormir roulé en boule contre la porte de la cabane vide.
La Maria Regalada l’attend toujours au croisement du chemin du cimetière pour l’aider pour adoucir les abus".


Les militaires qui étaient punis pour insubordination, conspiration  et les civils  emprisonnés pour soulèvement furent eux aussi mobilisés quand la guerre éclata entre le Paraguay et la Bolivie.  Parce que toute chair est bonne pour la guerre.  

« Près de mon abri git mon adjudant, les lèvres retroussées et bleues dans le dernier visage. Il me tend encore le pot de fer-blanc entre les clavettes de ses doigts, me montrant les dents pleines de terre. Les mouches vertes entrent et sortent par ses fosses nasales. De temps en temps il s’en détache une et elle fait une rapide virée de reconnaissance sur moi, pour voir si je suis déjà mur. J’ai comme l’impression que ma lenteur et ma résistance l’énervent. »

Le destin du narrateur Miguel n’est pas meilleur, considéré dans l’armée comme conspirateur et par la population de Sapukai de traitre, il ne parvient pas à contrôler sa vie tiraillé par sa position et par le sentiment que lui inspire les « révoltés », ces  hommes du peuple.

« Je pense aux autres êtres comme eux, dégradés jusqu’à l’extrême limite de leur condition comme si l’homme qui souffre, l’homme humilié, était toujours et partout le seul être fatalement immortel.
Il doit bien y avoir une issue à ce monstrueux contresens de l’homme crucifié par l’homme. Parce que sinon il faudrait penser que la race humaine est maudite à jamais, que ceci c’est l’enfer et que nous ne pouvons espérer de salut.
Il doit y avoir une issue, parce que sinon……. »


Il est important de lire la préface de l’auteur et la note de la traductrice.  Ouvrir un fil au nom de cet écrivain m’apparait évident.

L’écriture de l’auteur porte toutes les traces de l’histoire de son pays, il a participé à la guerre contre la Bolivie et les descriptions dans son livre sont des plus réalistes.  A travers la mémoire du personnage Macario  est rappelé que ce pays a subi plusieurs  dictatures, cause notamment  de deux soulèvements agraires, malheureusement écrasés par les troupes présidentielles.
Le fait qu'à certains moments les personnages s'expriment dans leur langue le guarani apporte du poids quant aux liens qui les unissent.
Il y a de belles figures de Femmes dans ce récit, femmes compagnes mais aussi "compagnonnes"

C’est une très bonne lecture et ce livre étant le premier d’une trilogie je continuerai donc ma connaissance de cet auteur.

L’un des camions porteur d’eau dans cette région où, en absence,  cet élément était l’un des plus cruels ennemis.


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la route poussièreuse qui étouffait les combattants


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"message rapatrié"




mots-clés : #guerre #insurrection #social
par Bédoulène
le Sam 3 Déc - 15:46
 
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Sujet: Augusto Roa Bastos
Réponses: 17
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