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207 résultats trouvés pour poesie
Emily Dickinson
Il semble bien que j'étais mûr pour me recueillir dans l'œuvre d'Emily Dickinson. En empruntant Lieu-dit l'éternité à la bibliothèque, j'y ai encore fois extrait un nectar :La poussière est le seul Secret -
La Mort, la Seule
À rester partout introuvable
Dans sa «ville natale».
Personne n'a connu «son Père» -
N'a jamais été Enfant -
N'a jamais eu de compagnes,
Ni de «Vieilles histoires» -
Laborieuse! Laconique!
Ponctuelle! Posée!
Hardie comme un Brigand!
Plus silencieuse qu'une Flotte!
J'oubliais : bâtit comme un Oiseau!
Le Christ vole le Nid -
Rouge-gorge après Rouge-gorge
Passés en fraude au Repos!
Emily a le chic de décrire les choses de façon très précise :
Oses-tu voir une Âme Chauffée à Blanc?
Alors accroupis-toi dans la porte -
Rouge - est la teinte ordinaire du Feu -
Mais quand le Minerai fondu
A passé l'épreuve des Flammes,
Il frémit dans la Forge
Sans couleur, comme la lumière
De la Fournaise profane.
Le moindre Village est fier de son Forgeron
Dont l'Enclume résonne en cadence
Symbole d'une Forge plus fine
Ces coups inaudibles - à l'intérieur -
Affinant les Minerais impatients
À coups de Marteau dans la Fournaise
Jusqu'à l'instant où la Lumière Élue
Répudie la Forge -
Dans son humilité à l'ouvrage :
Tout Rater - M'a empêchée
De rater les petites Choses.
S'il n'y a rien eu de plus à Noter
Que quitter le monde sur un Gond
Ou que l'extinction du Soleil
Ce n'était pas à noter au point
De lever le Front de mon ouvrage
Par Curiosité
Il y a un poème emblématique de l'œuvre très peaufinée d'Emily Dickinson :
Il y a une solitude de l'espace
Une solitude de la mer
Une solitude de la mort, mais toutes
Seront jeux de société en face
De ce site plus profond
De cette intimité polaire
Où une âme se boucle avec elle-même -
Infinité finie.
Je lisais par ailleurs dans le recueil en notes d'accompagnement qu'Emily Dickinson était très habitée par l'idée et les réflexions à propos de la mort. À la lumière de ce que nous pouvons lire dans le recueil, nous y voyons un nouveau éclairage sur son œuvre.
mots-clés : #poésie
- le Lun 6 Mar - 7:44
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- Sujet: Emily Dickinson
- Réponses: 36
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Émile Verhaeren
Commençons par un titre très connu, tiré du recueil Les villages illusoires, sans doute dira-t-il quelque chose à plusieurs habitués de ce forum, de surcroît nous avons la chance de disposer d'un enregistrement vidéo de ce poème:Le vent
Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.
Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.
Les vieux chaumes, à cropetons,
Autour de leurs clochers d'église.
Sont ébranlés sur leurs bâtons ;
Les vieux chaumes et leurs auvents
Claquent au vent,
Au vent sauvage de Novembre.
Les croix du cimetière étroit,
Les bras des morts que sont ces croix,
Tombent, comme un grand vol,
Rabattu noir, contre le sol.
Le vent sauvage de Novembre,
Le vent,
L'avez-vous rencontré le vent,
Au carrefour des trois cents routes,
Criant de froid, soufflant d'ahan,
L'avez-vous rencontré le vent,
Celui des peurs et des déroutes ;
L'avez-vous vu, cette nuit-là,
Quand il jeta la lune à bas,
Et que, n'en pouvant plus,
Tous les villages vermoulus
Criaient, comme des bêtes,
Sous la tempête ?
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent hurlant,
Voici le vent cornant Novembre.
Émile Verhaeren disant Le Vent:
Une vraie mission impossible que ce texte !
On "entend" le vent automnal, ou peut-être plus exactement pré-hivernal, rien qu'à lire ce poème.
Il y a là une remarquable restitution de ce côté farouche, imprévisible, puissant et (mais ?) presque dysharmonique du vent soufflant.
On note les vers libres ou plutôt, à bien y regarder, rimés de façon non académique ou conventionnelle, placés parmi les vers rimés, l'apparente absence d'harmonie métrique.
Apparence seulement, ça va de soi.
Les inflexions de voix, si nous nous servons de la diction de l'auteur comme tutoriel, doivent "marquer" très fort par endroits - je crois que ce texte supporte quelques grammes d'emphase bien soupesée à saupoudrer çà et là (sans déclamer non plus !).
Idem, moduler sa hauteur de voix est un précieux allié de suggestion/restitution poétique, on devine cela plutôt qu'on ne l'entend réellement dans l'enregistrement.
mots-clés : #poésie
- le Sam 4 Mar - 18:01
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- Sujet: Émile Verhaeren
- Réponses: 10
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Marjolaine Beauchamp
Marjolaine Beauchamp
(Née en ?)
(Née en ?)
Marjolaine Beauchamp est une poète et slammeuse québécoise. En tant que poète-slammeuse qui publie, elle a eu l'occasion de s'illustrer à L'Écrou. Elle avait écrit Aux plexus en 2010. Elle vient de persister et signer avec Fourrer le feu à la fin 2016. Sa poésie est poignante. Elle n'y va pas avec le dos de la cuiller et n'y va pas moins sans douceur. Comme la plupart des écrivain-e-s de cette maison d'édition, les données biographiques semblent être absoutes de leur registre mémoriel.
Œuvres
- Aux plexus, 2010
- Fourrer le feu, 2016
Mots-clés : #poésie #Québec
- le Ven 3 Mar - 9:57
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- Sujet: Marjolaine Beauchamp
- Réponses: 10
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Charles Bukowski
Pour ponctuer mon retour, je vais revenir à Bukowski. De lui, je dirai seulement que nous partageons le goût et la versatilité entre les genres d'écriture. Il y a également l'importance de cet humour. Pour le moment, je constate surtout que la poésie est un peu le fil ténu qui peut nous relier. Le goût du journal, la part d'autobiographique et le côté instantané de son regard, un peu comme Patrice Desbiens... tout ça me réconcilie avec Bukowski.Je prendrai la porte d'entrée d'un titre qui parle : L'amour est un chien de l'enfer. Je vous cite deux poésies qui illustrent bien cette part très autobiographique qui sied à son univers d'écriture :
ce soir
« vos poèmes sur les filles se liront
encore dans 50 ans d'ici
quand les filles auront disparu »,
me dit au téléphone mon éditeur.
cher éditeur,
on dirait que les filles
ont déjà disparu.
je sais ce que vous voulez dire.
mais donnez-moi une vraie femme en chair
et en os ce soir
glissant vers moi sur le plancher
et vous pourrez garder tous mes poèmes
les bons
les mauvais
ou tout ce que j'écrirai
après celle-là
je sais ce que vous voulez dire.
savez-vous ce que je veux dire?
Puis, il est question de son rapport curieux avec son papa. Je vous rappelle que c'est autobiographique.
mon vieux
j'avais 16 ans
durant la Grande Crise
un soir que je rentrais ivre chez moi
je vis éparpillées sur la pelouse
et le trottoir
toutes mes affaires :
slips, chemises, chaussettes,
ma valise, et mes manuscrits
de nouvelles.
ma mère m'attendait
cachée derrière un arbre :
« Henry, Henry, tire-toi...
sinon il va te
tuer, il a lu tes
histoires...»
« il n'a pas intérêt à me
toucher... »
« Henry, s'il te plaît, prends ce qui
t'appartient... et trouve-toi
une autre piaule. »
en fait, ce qui tracassait mon père
c'est que, si je taillais
le lycée,
il allait devoir me supporter
encore plus longtemps.
un autre soir il vint me trouver
avec à la main le manuscrit
d'une de mes nouvelles
(que par parenthèse je ne lui avais jamais
demandé de lire)
et il me dit : « ça, c'est une
histoire formidable. »
« o.k. », fis-je,
et comme il me la tendait je la repris
et je la relus.
c'était l'histoire
d'un homme riche
qui, après une violente dispute
avec sa femme, sort faire un tour.
c'est la nuit, il entre dans un bar
et commande une tasse de café.
il observe la serveuse et les cuillières
et les fourchettes et
la salière et le moulin à poivre
et l'enseigne de néon
pour ensuite s'en aller
vers son écurie
car il veut voir et caresser
son cheval favori
qui lui balance un coup de sabot
en pleine poire
et le voilà mort.
allez savoir pourquoi
mais cette histoire
parlait à mon père
alors que
lorsque je l'avais écrite
je n'avais aucune idée
sur ce que
j'écrivais.
aussi après l'avoir relue je lui ai dit :
« o.k., papa, tu peux
la garder. »
il l'a prise,
a regagné sa chambre
et refermé sa porte.
je crois que
rarement
nous avons été aussi proches.
Quelques épisodes plus tard, je me retrouvais au Postes. Par hasard, c'est suite à la mention de l'existence de Bukowski et de son roman Le postier que je m'y suis attelé, sans avoir rien lu ou presque de Buk [à l'époque].
mots-clés : #poésie
- le Ven 17 Fév - 10:56
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- Sujet: Charles Bukowski
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Antonin Artaud
Je vais rapatrier de l'ancien forum le poème suivant :«VITRES DE SON»
Vitres de son où virent les astres,
Verres où cuisent les cerveaux,
Le ciel fourmillant d'impudeurs
Dévore la nudité des astres.
Un lait bizarre et véhément
Fourmille au fond du firmament;
Un escargot monte et dérange
La placidité des nuages.
Délices et rages, le ciel entier
Lance sur nous comme un nuage
Un tourbillon d'ailes sauvages
Torrentielles d'obscénités.
mots-clés : #poésie
- le Dim 22 Jan - 8:07
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- Sujet: Antonin Artaud
- Réponses: 12
- Vues: 1308
Guillaume Apollinaire
Calligrammes :Il faudra bien faire apparaître les choses sous un autre jour, d'un moment à l'autre. À ma dernière lecture de Guillaume Apollinaire, j'y suis allé d'un regard très synthétique. Les Calligrammes ont donné l'occasion à Guillaume Apollinaire de témoigner sur son expérience de la guerre.
Je commence par deux poèmes-déflagrations :
«Mutation»
Une femme qui pleurait
Eh ! Oh ! Ha !
Des soldats qui passaient
Eh ! Oh ! Ha !
Un éclusier qui pêchait
Eh ! Oh ! Ha !
Les tranchées qui blanchissaient
Eh ! Oh ! Ha !
Des obus qui pétaient
Eh ! Oh ! Ha !
Des allumettes qui ne prenaient pas
Et tout
A tant changé
En moi
Tout
Sauf mon Amour
Eh ! Oh ! Ha !
********************
«LA BOUCLE RETROUVÉE»
Il retrouve dans sa mémoire
La boucle de cheveux châtains
T’en souvient-il à n’y point croire
De nos deux étranges destins
Du boulevard de la Chapelle
Du joli Montmartre et d’Auteuil
Je me souviens murmure-t-elle
Du jour où j’ai franchi ton seuil
Il y tomba comme un automne
La boucle de mon souvenir
Et notre destin qui t’étonne
Se joint au jour qui va finir
mots-clés : #poésie
- le Ven 20 Jan - 11:08
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- Sujet: Guillaume Apollinaire
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Guillaume Apollinaire
Guillaume Apollinaire
(1880-1918)
(1880-1918)
Il semble bien que le moment soit arrivé d'introduire Guillaume Apollinaire. Reconnu à plus forte raison par ses calligrammes et ses poèmes interprétés sous forme de chansons au fil des temps, le poète a acquis un statut enviable en se plaçant comme précurseur et devancier des surréalistes à l'instar de Tristan Tzara. Apollinaire s'est illustré par temps de guerre et s'est éclipsé à la conclusion - ou presque - de la première guerre mondiale. Il est de fait l'inventeur du terme «surréalisme» dont il se révèle un chef de file tout à fait indépendant de la mouvance ultérieure qui en a résulté. Il est mort la même journée qu'un autre monarque affublé du même patronyme - Guillaume II D'Allemagne - ait abdiqué son titre royal. On lui reconnaît une vocation de poète des amours et de l'érotisme.
Bibliographie :
- Cliquer ici pour consulter la bibliographie:
Poésie
Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée, illustré de gravures par Raoul Dufy, Deplanche, 1911. Cet ouvrage a également été illustré de lithographies en couleurs par Jean Picart Le Doux.
Alcools, recueil de poèmes composés entre 1898 et 1913 : Page 1
Vitam impendere amori, illustré par André Rouveyre, Mercure de France, 1917.
Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916, 1918 : Page 1
Aquarelliste
Il y a..., recueil posthume, Albert Messein, 1925.
Ombre de mon amour, poèmes adressés à Louise de Coligny-Châtillon, Cailler, 1947.
Poèmes secrets à Madeleine, édition pirate, 1949.
Le Guetteur mélancolique, poèmes inédits, Gallimard, 1952.
Poèmes à Lou, Cailler, recueils de poèmes pour Louise de Coligny-Châtillon, 1955.
Soldes, poèmes inédits, Fata Morgana, 1985
Et moi aussi je suis peintre, album d'idéogrammes lyriques coloriés, resté à l'état d'épreuve. Les idéogrammes seront insérés dans le recueil Calligrammes, Le temps qu'il fait, 2006.
Romans et contes
Mirely ou le Petit Trou pas cher, roman érotique écrit sous pseudonyme pour un libraire de la rue Saint-Roch à Paris, 1900 (ouvrage perdu).
Que faire ?, roman-feuilleton paru dans le journal Le Matin, signé Esnard, auquel G.A. sert de nègre.
Les Onze Mille Verges ou les Amours d'un hospodar, publié sous couverture muette, 1907.
L'Enchanteur pourrissant, illustré de gravures d'André Derain, Kahnweiler, 1909.
L'Hérésiarque et Cie, contes, Stock, 1910.
Les Exploits d'un jeune Don Juan, roman érotique, publié sous couverture muette, 1911. Le roman a été adapté au cinéma en 1987 par Gianfranco Mingozzi sous le même titre.
La Rome des Borgia, qui est en fait de la main de Dalize, Bibliothèque des Curieux, 1914.
La Fin de Babylone - L'Histoire romanesque 1/3, Bibliothèque des Curieux, 1914.
Les Trois Don Juan - L'Histoire romanesque 2/3, Bibliothèque de Curieux, 1915.
Le Poète assassiné, contes, L'Édition, Bibliothèque de Curieux, 1916.
La Femme assise, inachevé, édition posthume, Gallimard, 1920. Version digitale chez Gallica22
Les Épingles, contes, 1928.
Le Corps et l’Esprit (Inventeurs, médecins & savants fous), Bibliogs, Collection Sérendipité, 2016. Contient les contes : « Chirurgie esthétique » et « Traitement thyroïdien » publiés en 1918.
Ouvrages critiques et chroniques
La Phalange nouvelle, conférence, 1909.
L'Œuvre du Marquis de Sade, pages choisies, introduction, essai bibliographique et notes, Paris, Bibliothèque des Curieux, 1909, première anthologie publiée en France sur le marquis de Sade.
Les Poèmes de l'année, conférence, 1909.
Les Poètes d'aujourd'hui, conférence, 1909.
Le Théâtre italien, encyclopédie littéraire illustrée, 1910
Pages d'histoire, chronique des grands siècles de France, chronique historique, 1912
La Peinture moderne, 1913.
Les Peintres cubistes. Méditations esthétiques, Eugène Figuière & Cie, Éditeurs, 1913, Collection « Tous les Arts » ; réédition Hermann, 1965
L'Antitradition futuriste, manifeste synthèse, 1913.
L'Enfer de la Bibliothèque nationale avec Fernand Fleuret et Louis Perceau, Mercure de France, Paris, 1913 (2e édit. en 1919).
Le Flâneur des deux rives, chroniques, Éditions de la Sirène, 1918.
L'Œuvre poétique de Charles Baudelaire, introduction et notes à l'édition des Maîtres de l'amour, Collection des Classiques Galants, Paris, 1924.
Anecdotiques, notes de 1911 à 1918, édité post mortem chez Stock en 1926
Les Diables amoureux, recueil des travaux pour les Maîtres de l'Amour et le Coffret du bibliophile, Gallimard, 1964.
Références :
Œuvres en prose complètes. Tomes II et III, Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade", 1991 et 1993.
Petites merveilles du quotidien, textes retrouvés, Fata Morgana, 1979.
Petites flâneries d'art, textes retrouvés, Fata Morgana, 1980.
Théâtre et cinéma
Les Mamelles de Tirésias, drame surréaliste en deux actes et un prologue, 1917.
La Bréhatine, scénario de cinéma écrit en collaboration avec André Billy, 1917.
Couleur du temps, 1918, réédition 1949.
Casanova, Comédie parodique (préf. Robert Mallet), Paris, Gallimard, 1952, 122 p.
Correspondance
Lettres à sa marraine 1915–1918, 1948.
Tendre comme le souvenir, lettres à Madeleine Pagès, 1952.
Lettres à Lou, édition de Michel Décaudin, Gallimard, 1969.
Lettres à Madeleine. Tendre comme le souvenir, édition revue et augmentée par Laurence Campa, Gallimard, 2005.
Correspondance avec les artistes, Gallimard, 2009.
Journal
Journal intime (1898-1918), édition de Michel Décaudin, fac-similé d'un cahier inédit d'Apollinaire, 1991.
màj le 16/11/2017
Source : Wikipedia
Mot-clé : #poésie
- le Ven 20 Jan - 11:03
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- Sujet: Guillaume Apollinaire
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Jean Follain
LES BELLES NOYEES
Des femmes au coeur de feuillage
sur les routes poudreuses
déploient des ombrelles,
elles courbent des reins souples
pour tout au bord du fleuve
cueillir des fleurs doubles ;
mais poussées par la main
d' un libertin cynique
elles tombent dans l' eau verte
qui reflète les chenes ;
la voix d' or des enfants
répond seule à leurs cris,
la course du soleil
est aux trois quarts remplie
qu' un homme au remords voué
suit les berges attiédies
et les corps adultères
charmants au fil de l' eau
servent d' iles aux oiseaux.
La Main chaude. Jean [b]Follain. - Poètes d' aujourd' hui. - Seghers
Récupéré
[/b]
Récupéré
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mots-clés : #poésie
- le Dim 15 Jan - 21:40
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- Sujet: Jean Follain
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Stéphane Mallarmé
Histoire de favoriser l'échange, une entame périlleuse mais riche de promesses d'avis ou de ressentis distincts, avec une œuvre très connue.Illustration pour la première édition de L'Après-Midi d'un Faune, Édouard Manet 1876.
L'Après-Midi d'un Faune
- Spoiler:
Le Faune
Églogue
Ces nymphes, je les veux perpétuer.
Si clair,
Leur incarnat léger, qu'il voltige dans l'air
Assoupi de sommeils touffus.
Aimai-je un rêve ?
Mon doute, amas de nuit ancienne, s'achève
En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais
Bois mêmes, prouve, hélas ! que bien seul je m'offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses.
Réfléchissons...
ou si les femmes dont tu gloses
Figurent un souhait de tes sens fabuleux !
Faune, l'illusion s'échappe des yeux bleus
Et froids, comme une source en pleurs, de la plus chaste :
Mais, l'autre tout soupirs, dis-tu qu'elle contraste
Comme brise du jour chaude dans ta toison ?
Que non ! par l'immobile et lasse pâmoison
Suffoquant de chaleurs le matin frais s'il lutte,
Ne murmure point d'eau que ne verse ma flûte
Au bosquet arrosé d'accords ; et le seul vent
Hors des deux tuyaux prompt à s'exhaler avant
Qu'il disperse le son dans une pluie aride,
C'est, à l'horizon pas remué d'une ride
Le visible et serein souffle artificiel
De l'inspiration, qui regagne le ciel.
O bords siciliens d'un calme marécage
Qu'à l'envi de soleils ma vanité saccage
Tacite sous les fleurs d'étincelles, CONTEZ
« Que je coupais ici les creux roseaux domptés
« Par le talent ; quand, sur l'or glauque de lointaines
« Verdures dédiant leur vigne à des fontaines,
« Ondoie une blancheur animale au repos :
« Et qu'au prélude lent où naissent les pipeaux
« Ce vol de cygnes, non ! de naïades se sauve
« Ou plonge... »
Inerte, tout brûle dans l'heure fauve
Sans marquer par quel art ensemble détala
Trop d'hymen souhaité de qui cherche le la :
Alors m'éveillerai-je à la ferveur première,
Droit et seul, sous un flot antique de lumière,
Lys ! et l'un de vous tous pour l'ingénuité.
Autre que ce doux rien par leur lèvre ébruité,
Le baiser, qui tout bas des perfides assure,
Mon sein, vierge de preuve, atteste une morsure
Mystérieuse, due à quelque auguste dent ;
Mais, bast ! arcane tel élut pour confident
Le jonc vaste et jumeau dont sous l'azur on joue :
Qui, détournant à soi le trouble de la joue,
Rêve, dans un solo long, que nous amusions
La beauté d'alentour par des confusions
Fausses entre elle-même et notre chant crédule ;
Et de faire aussi haut que l'amour se module
Évanouir du songe ordinaire de dos
Ou de flanc pur suivis avec mes regards clos,
Une sonore, vaine et monotone ligne.
Tâche donc, instrument des fuites, ô maligne
Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m'attends !
Moi, de ma rumeur fier, je vais parler longtemps
Des déesses ; et par d'idolâtres peintures
A leur ombre enlever encore des ceintures :
Ainsi, quand des raisins j'ai sucé la clarté,
Pour bannir un regret par ma feinte écarté,
Rieur, j'élève au ciel d'été la grappe vide
Et, soufflant dans ses peaux lumineuses, avide
D'ivresse, jusqu'au soir je regarde au travers.
Ô nymphes, regonflons des SOUVENIRS divers.
« Mon œil, trouant le joncs, dardait chaque encolure
« Immortelle, qui noie en l'onde sa brûlure
« Avec un cri de rage au ciel de la forêt ;
« Et le splendide bain de cheveux disparaît
« Dans les clartés et les frissons, ô pierreries !
« J'accours ; quand, à mes pieds, s'entrejoignent (meurtries
« De la langueur goûtée à ce mal d'être deux)
« Des dormeuses parmi leurs seuls bras hasardeux ;
« Je les ravis, sans les désenlacer, et vole
« A ce massif, haï par l'ombrage frivole,
« De roses tarissant tout parfum au soleil,
« Où notre ébat au jour consumé soit pareil. »
Je t'adore, courroux des vierges, ô délice
Farouche du sacré fardeau nu qui se glisse
Pour fuir ma lèvre en feu buvant, comme un éclair
Tressaille ! la frayeur secrète de la chair :
Des pieds de l'inhumaine au cœur de la timide
Qui délaisse à la fois une innocence, humide
De larmes folles ou de moins tristes vapeurs.
« Mon crime, c'est d'avoir, gai de vaincre ces peurs
« Traîtresses, divisé la touffe échevelée
« De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée :
« Car, à peine j'allais cacher un rire ardent
« Sous les replis heureux d'une seule (gardant
« Par un doigt simple, afin que sa candeur de plume
« Se teignît à l'émoi de sa sœur qui s'allume,
« La petite, naïve et ne rougissant pas : )
« Que de mes bras, défaits par de vagues trépas,
« Cette proie, à jamais ingrate se délivre
« Sans pitié du sanglot dont j'étais encore ivre. »
Tant pis ! vers le bonheur d'autres m'entraîneront
Par leur tresse nouée aux cornes de mon front :
Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre,
Chaque grenade éclate et d'abeilles murmure ;
Et notre sang, épris de qui le va saisir,
Coule pour tout l'essaim éternel du désir.
A l'heure où ce bois d'or et de cendres se teinte
Une fête s'exalte en la feuillée éteinte :
Etna ! c'est parmi toi visité de Vénus
Sur ta lave posant tes talons ingénus,
Quand tonne une somme triste ou s'épuise la flamme.
Je tiens la reine !
Ô sûr châtiment...
Non, mais l'âme
De paroles vacante et ce corps alourdi
Tard succombent au fier silence de midi :
Sans plus il faut dormir en l'oubli du blasphème,
Sur le sable altéré gisant et comme j'aime
Ouvrir ma bouche à l'astre efficace des vins !
Couple, adieu ; je vais voir l'ombre que tu devins.
(NB: J'utilise le spoiler en général pour mon pénible commentaire, mais exception cette fois-ci, faisons l'inverse, la raison en est la longueur du
Et d'ailleurs autre spoiler derechef, l'histoire de cette églogue mérite d'être contée, mais sans doute nombre d'entre vous la connaissent-ils déjà.
- Histoire du Faune:
- Considéré comme composé à Tournon en juin 1865, il y eut assez de remaniements postérieurs sur ce texte pour qu'on soit prudent et incertain sur la datation, le texte ayant de surcroît dévié de sa trajectoire initiale pour parvenir à une nouvelle destination.
A l'origine était Impression d'un Faune, puis Monologue d'un faune.
Il s'agissait d'une courte pièce à vocation scénique, en deux actes, genre alors très en vogue. Banville, qui atteignait à de considérables succès dans cet exercice, avait conseillé à Mallarmé de s'y essayer, lui laissant entendre la possibilité que son texte fut monté et joué.
Le Monologue comporte donc des indications scéniques très précises.
"J'ai laissé Hérodiade pour de cruels hivers", écrit Mallarmé à Cazalis. En effet, l'inspiration pour Hérodiade ne lui vient qu'à l'automne avancé, tandis qu'il lui faut le printemps finissant pour travailler au Faune !
Mais, de refus motivés en empêchements-prétextes, le Monologue ne sera jamais joué, ni publié.
Dix années passent.
À la demande du Comité du Parnasse, Mallarmé envoie L'Après-Midi d'un Faune au jury dudit comité, aux fins de publication dans le Parnasse Contemporain, revue-ascenseur direct pour la notoriété. Refus.
Pour une fois, et c'est peut-être le seul témoignage d'un tel état chez Mallarmé que nous ayons, le si policé, si courtois, si maître de soi élégant versificateur est à la limite du grinçant, et laisse la colère le gagner, il écrit à son ami Catulle Mendès:Autre chose, mes vers sont refusés par comité du Parnasse; mais n'en parlez qu'en souriant et comme d'une probabilité ridicule, parce que c'est ainsi que j'ai accueilli moi-même l'énoncé de ce fait. Si j'avais autrement pris la chose et si elle se vérifiait, je me croirais obligé d'aller gifler les trois juges, quels qu'ils soient; et de leur flanquer mon pied quelque part [...]
Or, qui étaient ces trois juges ? Théodore de Banville, entièrement favorable, Charles Leconte de Lisle, qui argue du talent reconnu de Mallarmé et assène qu'on lui a demandé ces vers, qu'on est allé le chercher, et...Anatole France inébranlablement opposé. Le même Anatole France qui refuse, lors de cette réunion du Comité, des vers envoyés par Verlaine, comme étant, je cite: "les plus mauvais que je connaisse". C'était ni plus ni moins que quelques uns d'entre les poèmes du futur recueil "Sagesse" !
Mallarmé fait paraître, sous forme d'églogue cette fois-ci, son Faune. En plaquette luxueuse, faible tirage à 200 exemplaires, illustrations de Manet, la bagatelle de trois papiers utilisés (Hollande, Chine et Japon), reliée en cordonnets de soie rose et noire, couverture de feutre blanc du Japon frappée d'or, un ex-libris l'orne, ainsi qu'un frontispice hors-texte, deux illustrations, un fleuron et un cul-de-lampe encadrent le poème !Stéphane Mallarmé a écrit:Une des premières plaquettes coûteuses et sacs à bonbons mais de rêves et un peu orientaux [...].
Tout ceci est bien énigmatique, nous ne disposons pas de certitudes quant à la mutation du texte initial, ni d'aucune étape par lesquelles il a pu passer, s'il y en a eu. Dix années de maturation, chez Mallarmé, c'est très inhabituel. Claude Debussy entreprend de composer le "Prélude à l'Après-Midi d'un Faune".
Debussy raconte:Mallarmé vint chez moi, fatidique et orné d'un plaid écossais. Après avoir écouté [Debussy au piano], il resta silencieux pendant un long moment et me dit: "Je ne m'attendais pas à quelque chose de pareil ! Cette musique prolonge l'émotion de mon poëme et en situe le décor plus passionnément que la couleur"
Mallarmé dut assister aussi à la première audition (ce fut, d'ailleurs, un succès) et adresse à Debussy:[...] Votre illustration de L'Après-Midi d'un Faune, qui ne présenterait de dissonances avec mon texte, sinon qu'aller plus loin, vraiment, dans la nostalgie et la lumière, avec finesse, avec malaise, avec richesse.
Pour finir, Nijinski en 1912 ajoutera une chorégraphie, ainsi la boucle est-elle bouclée entre le Monologue et L'après-midi, la dimension scénique, actée, musicale et kinesthésique de la genèse est retrouvée.
L'emploi de rimes plates étonne un peu, à mon humble avis les rimes croisées avaient toute leur place dans cet entre-lacis de sensations, mais il faut bien convenir qu'au final l'ensemble parvient à un coulé-flûté impeccable.
Selon Francis Jammes:
Leçons Poétiques a écrit:La clarté de ce poëme est aveuglante. La syntaxe des vingt-deux premiers vers est la plus pure et la plus exacte qu'un écrivain ait jamais édifiée. Mais on ne distingue rien à première vue, et, si l'on analyse ensuite, la masse à nouveau se perd dans le détail, qu'il faudra encore dégager.
Sur le sens en général, nous sommes dans le songe, demi-éveillé sans doute, d'un faune. Celui-ci voit ou entrevoit des fleurs (des roses) se balancer, leur incarnat se mire dans l'eau bleue (très impressionniste à imaginer comme scène, ne trouvez-vous pas ?) dont la fraîcheur matinale dialogue en lutte avec la chaleur générale qui nimbe l'ensemble. Le murmure de ce coin de nature se mêle aux notes de la flûte, elle-même issue des joncs du lieu. L'ensemble de ces perceptions, ou sensations, donne au faune l'impression d'étreindre des nymphes, sur fond d'éléments contrastants accentuant le rendu, tels le froid et le chaud, la flûte et le bruissement de la nature, l'azur et l'ombre, le sanglot passionné et le soupir chaste.
Aux Bords siciliens (qui étaient des glaïeuls dans le Monologue), interpellés, personnifiés, il est demander de raconter en un terme CONTER mis en majuscule, reste peut-être des indications scéniques du Monologue. S'ensuit une strophe que j'appréhende très mal, à dire vrai je ne trouve pas l'harmonie agréable (rime -détala -cherche le la), et l'énigmatique (je le trouve incompréhensible) vers: Lys ! et l'un de vous tous pour l'ingénuité même si le point d'exclamation et la césure immédiate mettent en exergue à merveille le Droit et seul du vers précédent:
« Ou plonge... »
Inerte, tout brûle dans l'heure fauve
Sans marquer par quel art ensemble détala
Trop d'hymen souhaité de qui cherche le la :
Alors m'éveillerai-je à la ferveur première,
Droit et seul, sous un flot antique de lumière,
Lys ! et l'un de vous tous pour l'ingénuité.
Puis l'intrigante morsure du passage suivant, très sensuel et orné d'une injonction musicale (par le thème de la flûte double).
Il aboutit à la demande faite aux nymphes de regonfler les souvenirs (de leur captivité).
Là une dimension scénique à plusieurs entrants affleure.
Le soliloque, à nouveau, comme après l'impérieux CONTEZ ! lancé aux "bords siciliens" tend-il à s'estomper ?
Ou bien tout ceci, qui n'est que songe après tout, demeure-t-il suggéré ?
Sur une hypothétique traduction à la scène, à l'évidence l'on introduit là des personnages.
Etc... (poème trop long pour une dissection)
Juste, en passant sur l'ensemble du poème, des enjambements nombreux. Autre caractéristique: énormément d'emploi de "e" s'élidant en fin de vers (rimes féminines). Les vers s'accumulent, mais sans effet pudding ou pièce montée. On a l'impression (est-ce l'impression de l'impressionisme ?) que Mallarmé soumet l'alexandrin à ses possibilités, avec des césures quelque peu audacieuses parfois, ou encore par des rythmes peu courants - voir par exemple un vers comme:
Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre,
On est incontestablement un peu au delà du Parnasse, bien sûr dans la forme, mais, c'est ce que je tente de suggérer, aussi dans la technique du vers, même si un ("le" ?) maître en poésie de Mallarmé (Banville) avait tenté quelques fortes expérimentations. L'on songe à Verlaine, peut-être pris à son mot (d'ordre !), dans cet extrait de Jadis et Naguère (composé en 1874):
- Extrait de Jadis et Naguère:
- Ô qui dira les torts de la Rime ?
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?
De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.
Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.
D'une façon générale, outre la nouveauté formelle, ce parti pris musical, gestuel, ce mode de publication pas du tout grand public, ainsi que (je le crois du moins) les revers et les attentes qui émaillèrent la venue de ce poème, sa notoriété au long cours depuis sont l'exact pendant de l'incompréhension qu'il suscité dans la monde des Lettres à l'époque où il parut.
Sculpture de Paul Gauguin, L’Après-midi d’un faune, 1892.
mots-clés : #poésie
- le Ven 13 Jan - 17:45
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Jonathan Lamy
Jonathan Lamy
Jonathan Lamy est un poète qui prend le parti de faire connaître la poésie québécoise et de la réaliser en suivant certains contextes précis - performances slam, participation aux événements institutionnels et des démarches d'enseignement - il est détenteur de stages postdoctoraux. Il a écrit Le vertige dans la bouche, Je t'en prie et La vie sauve aux éditions Le Noroît.
Bibliographie
- Le vertige dans la bouche, 2005
- Je t'en prie, 2011
- La vie sauve, 2016
Mots-clés : #poésie #québec
- le Ven 13 Jan - 6:30
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- Sujet: Jonathan Lamy
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Anise Koltz
Dans Vienne quelqu'un, Anise Koltz a écrit de belles poésies. Il y en a qui reviennent dans Somnambule du jour. Je vous citerai deux poésies :«Qui me donne deux visages»
Qui me donne deux visages
qui voit
ce que je ne suis pas
je change de peau
au-delà de mes rives
quand j'aveugle le jour
et que je rôtis le soleil à la broche
les nuages me craignent
moi le mauvais berger
qui secrètement
prêta serment au loup
ma mort est lesbienne
tutrice
dure à subir
elle m'a déjà
troué le crâne
avec le plomb des étoiles
Elle en a du caractère cette Anise Koltz-là.
«Aube»
Éteins les bougies
et allume les fleurs
le jour
ne peut pas appeler
il porte les étoiles dans sa bouche
seul un merle chante
dans sa main fermée
la nuit
monte sur le bûcher
et se dissipe en flammes
Soit dit en passant, désolé d'avoir essayé de t'appâter avec cette photo de 1964 d'Anise Koltz, Bix!
mots-clés : #poésie
- le Jeu 12 Jan - 20:21
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- Sujet: Anise Koltz
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Raymond Carver
PHOTOGRAPHIE DE MON PERE DANS SA VINGT DEUXIEME ANNEE
Octobre. Dans cette cuisine humide, peu familière,
j' examine le visage timide et junénile de mon père.
Souriant gauchement, il tient d' une main un fil d' où pendent
d' épineuses perches jaunes, et de l' autre
une bouteille de bière Carlsbad.
En jean et chemise de grosse toile bleue, il s' appuie
sur l' aile avant d' une Ford 1934.
Il aimerait poser en hardi gaillard pour sa postérité,
son vieux chapeau cranement incliné sur l' oreille.
Toute sa vie mon père a voulu etre audacieux.
Mais ses yeux le trahissent et ses mains
qui présentent mollement le collier de perches mortes
et la bouteille de bière. Papa, je t' aime,
mais comment pourrais-je te remercier, moi qui ne sais pas boire non plus
et ne connais meme pas le bon coin pour pecher.
LES FEUX
Octobre. Dans cette cuisine humide, peu familière,
j' examine le visage timide et junénile de mon père.
Souriant gauchement, il tient d' une main un fil d' où pendent
d' épineuses perches jaunes, et de l' autre
une bouteille de bière Carlsbad.
En jean et chemise de grosse toile bleue, il s' appuie
sur l' aile avant d' une Ford 1934.
Il aimerait poser en hardi gaillard pour sa postérité,
son vieux chapeau cranement incliné sur l' oreille.
Toute sa vie mon père a voulu etre audacieux.
Mais ses yeux le trahissent et ses mains
qui présentent mollement le collier de perches mortes
et la bouteille de bière. Papa, je t' aime,
mais comment pourrais-je te remercier, moi qui ne sais pas boire non plus
et ne connais meme pas le bon coin pour pecher.
LES FEUX
mots-clés : #poésie
- le Mar 10 Jan - 20:44
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- Sujet: Raymond Carver
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NATSUME Sōseki
J'aime beaucoup l'oeuvre de Soseki. Même si je ne place pas tous ses livres sur le même plan.Pour moi, son oeuvre littéraire est à la fois picturale, musicale et poétique. C'est ce que l' on resssent en tout cas dans ses meilleures oeuvres..
Je trouve que Soseki a su harmonieusement intégrer la culture occidentale à la sienne.
Oreiller d'herbe est le meilleur exemple des qualités que j'ai évoquées. En plus, on y touve une intéressante réflexion sur l'art.
Ses Haikus sont un genre un peu hybrides, mais ils passent bien à la traduction.
Mon âme a la couleur de la nuit
Couleur de ténèbre
Que vient visiter la lune.
J'ai froid au coeur
Trois notes de shamisen
Inexplicablement mon coeur se glace.
Entre les feuilles du volubilis
Un reflet
Les prunelles du chat.
Couleur de ténèbre
Que vient visiter la lune.
J'ai froid au coeur
Trois notes de shamisen
Inexplicablement mon coeur se glace.
Entre les feuilles du volubilis
Un reflet
Les prunelles du chat.
_________________
mots-clés : #poésie
- le Dim 8 Jan - 16:39
- Rechercher dans: Écrivains d'Asie
- Sujet: NATSUME Sōseki
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- Vues: 6497
Daphné B.
Daphné B.
(Née en)
(Née en)
Daphné B. est assez avare de données autobiographiques. Je l'ai également déjà dit à propos de Zéa Beaulieu-April. Pour sa part, Daphné B. suit la griffe de la maison d'édition L'Écrou. Daphné B. est un «fit» naturel avec la maison d'édition comme la plupart des auteurs de l'écurie. J'ai déjà lu Jean-Sébastien Larouche qui a réédité ses recueils dans la première anthologie présentée en recueil à L'Écrou. Souvent, les auteurs de cette maison d’édition participent à des concours de SLAM Poésie. Daphné B. vient de publier Bluetiful. Je l'ai lu il y a un bout. Je le gardais secrètement et en réserve lorsque je jugerais le moment opportun d'en parler.
Oeuvre :
- Bluetiful, 2015
Mots-clés : #poésie #Québec
(fil de lecture retouché et rapatrié)
- le Ven 6 Jan - 16:41
- Rechercher dans: Écrivains du Canada
- Sujet: Daphné B.
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Tristan Tzara
Extrait d'Où boivent les loups... Je dois dire à la lecture de cet extrait que la dernière strophe avait attiré mon attention. Puis, je me suis attardé à l'ensemble du poème. C'était ce poème que je devais consacrer pour initier le fil à Tristan Tzara. Il m'a fallu recopier la plus grande part du poème puisqu'il semble difficile à dénicher sur le Net dans son ensemble.XVIII
d'une douleur ancienne d'un rivage éteint
d'un remous de rêve comme d'un puits sans fond
des lèvres de la terre des nuits qui hurlent à la mort
des têtes qui filent au fil de l'eau
au ras de la mort
des terres qu'on mord avec des dents d'éclair
où l'on s'agrippe et ne se suffit pas
des retours lumineux on ne trouve plus de place
sous la motte de soleil
j'ai remué le fond des ombres
il va et vient l'automne désemparé
qui circule dans le sang il n'y a plus de place
cours insaisissable c'est l'étoile c'est la tête qui court
sur les nattes des routes les villages de constellations
les plages sourdes au froid zénith c'est le départ d'un être aimé
c'est l'algue attachée au corps qui fuit la source
et l'éternel ondoiement du sourire jusqu'à la lèpre des tempêtes
l'impatience de se réveiller avec l'éclat de l'été en son écho puissant
ruisselant des haillons d'étoiles traînantes
dans une poussière de rires et une végétation de lumière dense
ouvre encore les yeux la tête est pleine de mondes
le rire poignardé au cœur
que le regard s'achève par la puissance des bras
et du vent et du sifflement qui remue les figurations de doutes
l’impatience de saisir lorsque fuit le souffle et la voix
l’indestructible mot qui vous tenaille
et les enfances taciturnes qui remontent à la surface
infatigables et vous alourdissant et vous entraînant au fond peuplé
de mille triomphes
à ressorts de plantes migratrices où se confondent les larmes de joie
et celles de douleur
et celles qui vont encore venir sans raison dans la ferveur
dans la paix profonde du sang de la nuit
ou à l’aube de la chair rayonnante et des rumeurs impénétrables au
sourire
ouvre encore les yeux
les distances fuiront entre les doigts
les portes se démasqueront
la rive s'approchera des lèvres de la terre
même sous la meule de sommeil il n'y aura plus de solitude
tout sera plein profondément dans l'odeur de foin et de soleil
les mots cesseront quand l'insatiable secret
qui habite à l'écart des enclos et des corps
aura fait taire la nudité des mots
les mots cesseront – ouvre encore les yeux –
les sens profonds seront ensemencés
et le fenil des paroles de soleil en sera plein
les ombres tomberont en poussière
Pour cet extrait, je dois remercier la lecture de la poésie de Michaux, Artaud et Geneviève Desrosiers en plus de Josée Yvon, Paul-Marie Lapointe, Shawn Cotton et Jean-Simon Desrochers. En outre, je veux garder en mémoire ma démarche d'atelier des flâneries urbaines à l'automne 2015 et mon engagement au cœur de l'action syndicale. Enfin, c'est un peu une manière de souligner mon passage sur le nouveau, nouveau forum, et oui...
mots-clés : #poésie
- le Ven 6 Jan - 16:06
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- Sujet: Tristan Tzara
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Shawn Cotton
Shawn Cotton a une oeuvre naissante. Il n'est connu que dans les milieux undergrounds et toutefois, la reconnaissance littéraire se fait assez spontanément en ces milieux-là. Après avoir écrit Jonquière LSD, il a lancé le 11 octobre 2012 à la librairie Port de tête, le recueil moins connu Les armes à penser. Doctorak go l'a reconnu à titre honorifique au cours de l'un des galas qu'ils présentent annuellement.
Oeuvres :
Jonquière LSD, 2010
Les armes à penser, 2012
Mots-clés : #poésie #québec
Fil rapatrié
- le Jeu 5 Jan - 15:12
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- Sujet: Shawn Cotton
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Antonin Artaud
Né à : Marseille (Bouches-du-Rhône) , le 04/09/1896
Mort à : Ivry-sur-Seine , le 04/03/1948
Antonin Artaud, de son vrai nom Antoine Marie Joseph Artaud, est un poète, romancier, acteur, dessinateur et théoricien du théâtre français.
Théoricien du théâtre et inventeur du concept du « théâtre de la cruauté » dans Le Théâtre et son double, Artaud aura tenté de transformer de fond en comble la littérature, le théâtre et le cinéma. Par la poésie, la mise en scène, la drogue, les pèlerinages, le dessin et la radio, chacune de ces activités a été un outil entre ses mains, « un moyen pour atteindre un peu de la réalité qui le fuit. »
Souffrant de maux de tête chroniques depuis son adolescence, qu'il combattra par de constantes injections de médications diverses, la présence de la douleur influera sur ses relations comme sur sa création. Il sera interné en asile près de neuf années durant, subissant de fréquentes séries d'électrochocs.
En 1938 paraît un recueil de textes sous le titre Le Théâtre et son double dont Le Théâtre et la peste, texte d'une conférence littéralement incarnée, plus que prononcée, Artaud jouant les dernières convulsions d'un pestiféré devant une assistance atterrée puis hilare.
Déçu par le théâtre qui ne lui propose que de petits rôles, Artaud espère du cinéma une carrière d'une autre envergure. En 1935, il apparaît deux ultimes fois dans Lucrèce Borgia d'Abel Gance et dans Kœnigsmark de Maurice Tourneur.
Antonin Artaud aura tourné dans plus d'une vingtaine de films sans jamais avoir obtenu le moindre premier rôle ni même un second rôle d'importance.
Atteint d'un cancer du rectum diagnostiqué trop tard, Antonin Artaud meurt le matin du 4 mars 1948. Il est enterré au cimetière Saint-Pierre à Marseille.
source : wikipédia
Bibliographie sélective
L' Ombiilic des limbes
Le Pèse-nerfs, Leibovitz, 1925
L'Art et la Mort, 1929
Les Nouvelles Révélations de l'être, 1937
Le Théâtre et son double, 1938 : Page 1
D'un voyage au pays des Tarahumaras, 1945 : Page 1
Van Gogh, le suicidé de la société, 1947 : Page 1
Artaud le Mômo, 1947
Ci-gît, précédé de la Culture indienne, 1947
Pour en finir avec le jugement de Dieu, 1948
Les Cenci, in Œuvres complètes, 1964
Publications posthumes
50 Dessins pour assassiner la magie, 2004
Artaud Œuvres, choix de textes par Evelyne Grossman, 2004
Cahier d'Ivry, janvier 1948, fac-similé, 2006
Nouveaux Écrits de Rodez, 2006.
source : Esprits Nomades pour la bibliographie.
Mot-clé : #poésie
màj le 2/11/2017
- le Lun 2 Jan - 16:39
- Rechercher dans: Écrivains européens francophones
- Sujet: Antonin Artaud
- Réponses: 12
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Olyvier Leroux-Picard
Olyvier Leroux-Picard est un poète qui se lit et dont on déguste la poésie jusqu'au dernier mot. J'ai lu ses deux recueils. Je commence aujourd'hui avec Tantales. Pour avoir lu Fondations en premier, j'estime qu'Olyvier a trouvé chaussure à son pied en passant à la Tournure. Il continue son évolution poétique.
Des cinq sclérosés qui passent à la sclérose, j'ai opté pour le troisième sclérosé :
sclérosés
à border le vertige
avec ses draps d'oubli
surtout ne pas s'en faire
meubler le temps
jusqu'au grenier
l'abri tombeau
Comme nous pouvons voir, la poésie d'Olyvier cultive une unicité dans sa quête. Il n'en reste pas moins membre de la communauté des poètes :
mes mains coulées d'outre-mer
ne tracent plus les lignes
qui en toute alchimie achèvent le doute
en fibres certaines
je m'avise de l'intenable
Le poète se tient sur la pointe des pieds, habile quand même :
j'écris
sur le point toujours
de ne pas me distendre la partition
sur le point toujours
de ne pas s'acharner
sur le bout de la langue ma présence
dans tes bras peut-être
Olyvier Leroux-Picard n'a rien à envier à Gaston Miron et aux poètes des années 1970 :
ma langue lambeaux
dérobée dans l'entre-ligne
avant les mots les ratures
mêlées d'empreintes
et d'adresses
je m'adonne avec elle
au plus souple des foutoirs
Quand je vous disais que Miron...
je laisserai ma gorge
défigurer les attentes
rien à suivre
d'établi d'avance
le cri se passera de diction
Parfois, il arrive de ces fulgurances :
crier
comme le verbe appel d'air se fraye incendie
du torse à la mâchoire
j'attends tes lèvres pour parler
* Les italiques sont de Kim Doré
Puisqu'il nous faut conclure, complétons cette entrée en matière dans l'univers des Choses :
nos images
se produiront encore comme une chose
qui aime à s'étendre
dans ce qui nous sépare
Je trouve la poésie très douce et quand même vive, parfois sans ménagement dans ses effets. Il y a quand même une élévation d'âme. Nous sentons la griffe de l'équipe de la Tournure. Ça prenait quand même Olyvier Leroux-Picard pour y arriver.
mots-clés : #poésie #quebec
- le Ven 30 Déc - 11:47
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- Sujet: Olyvier Leroux-Picard
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Emily Dickinson
J'ai fini par revenir à Emily Dickinson par un mouvement de pendule. Il allait de soi que l'invitation de l'ouverture de son fil allait laisser place à un dépouillement de sa poésie. Je commencerai d'abord par des extraits de Car l'adieu, c'est la nuit.Tout d'abord,
Chaque instant extatique
Se paie d'un tourment
À vive et frémissante proportion
De l'extase -
Chaque heure qui fut chère,
De maigres rations d'Années -
De sous disputés âprement -
Et de coffres remplis de larmes!
Éthiquement,
Inaccomplis pour l'Observation -
Incomplets - pour l'Oeil -
Mais pour la Foi - Révolution
En matière de Lieu -
Pour Nous - les Soleils s'éteignent -
À nos Antipodes -
Ils embellissent - des Horizons neufs -
Tournant vers Nous - leur Nuit.
Regard d'une cité,
Le plus vaste Incendie
A lieu chaque Soir -
On le découvre sans surprise
Il se poursuit sans souci -
Consume à l'insu des humains
Une Cité d'Occident,
Rebâtie un autre matin
Pour cendres redevenir
Quelques dames en ont eu la grâce :
Doux scepticisme du Coeur -
Qui sait - et ne sait pas -
Oscille comme une Flotte Balsamique -
Assaillie par la neige -
Invite et puis retarde la vérité
De crainte que le Sûr ne s'use
Comparé aux affres exquises
D'une extase que la Peur aiguise -
Comme tout se précède,
La Pensée est calme comme un Flocon -
Une Explosion silencieuse -
Écho de la Vie qui a trouvé
Son explication -
Ommm,
L'oeil commence son avarice
Une méditation épure le discours
Le Teinturier d'un arbre lointain
Reprend sa criarde occupation
Tout va vers une conclusion
Presque pérenne,
Puis échappant à la stabilité
Rappelle à l'immortalité -
Tout ça semble si solennel, dira-t-on. Gardez à l'esprit un humour pince-sans-rire. Emily Dickinson est forte dans ce qu'elle a accompli comme prouesse. Nous pouvons y trouver la sagacité. En même temps, son oeil malicieux a capté l'essence de la vie.
mots-clés : #poésie
- le Ven 30 Déc - 9:16
- Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
- Sujet: Emily Dickinson
- Réponses: 36
- Vues: 3574
Louis Aragon
Louis Aragon, c'est un rendez-vous avec la poésie. J'ai lu trois recueils, du moins effeuillé quelques uns. À l'usage, je dirais que Le Crève-coeur. Le nouveau Crève-coeur est ce qui se rapproche le plus de mes sensibilités poétiques même si je trouve que sa poésie n'est pas si commode à citer et diffère quelque peu de ma pensée de ce qu'est l'écriture poétique. Encore une fois, je suspecte ce qui a tendance à glisser vers la prose. Louis Aragon est un de ceux qui s'est quand même destiné à étudier la question de l'amour et des grandes occasions historiques.J'ai arrêté mon choix sur un poème en particulier. Il s'agit de celui-là :
«Le rendez-vous perpétuel»
J’écris contre le vent majeur et n’en déplaise
À ceux-là qui ne sont que des voiles gonflées
Plus fort souffle ce vent et plus rouge est la braise
L’histoire et mon amour ont la même foulée
J’écris contre le vent majeur et que m’importe
Ceux qui ne lisent pas dans la blondeur des blés
Le pain futur et rient que pour moi toute porte
Ne soit que ton passage et tout ciel que tes yeux
Qu’un tramway qui s’en va toujours un peu t’emporte
Contre le vent majeur par un temps nuageux
J’écris comme je veux et tant pis pour les sourds
Si chanter leur paraît mentir à mauvais jeu
Il n’y a pas d’amour qui ne soit notre amour
La trace de tes pas m’explique le chemin
C’est toi non le soleil qui fais pour moi le jour
Je comprends le soleil au hâle de tes mains
Le soleil sans l’amour c’est la vie au hasard
Le soleil sans l’amour c’est hier sans demain
Tu me quittes toujours dans ceux qui se séparent
C’est toujours notre amour dans tous les yeux pleuré
C’est toujours notre amour la rue où l’on s’égare
C’est notre amour c’est toi quand la rue est barrée
C’est toi quand le train part le cœur qui se déchire
C’est toi le gant perdu pour le gant déparé
C’est toi tous les pensers qui font l’homme pâlir
C’est toi dans les mouchoirs agités longuement
Et c’est toi qui t’en vas sur le pont des navires
Toi les sanglots éteints toi les balbutiements
Et sur le seuil au soir les aveux sans paroles
Un murmure échappé Des mots dits en dormant
Le sourire surpris le rideau qui s’envole
Dans un préau d’école au loin l’écho des voix
Un deux trois enfants qui comptent qui s’y colle
La nuit le bruire des colombes sur le toit
La plainte des prisons la perle des plongeurs
Tout ce qui fait chanter et se taire c’est toi
Et c’est toi que je chante AVEC le vent majeur
Source (merci) : http://www.lesvoixdelapoesie.com/poemes/le-rendez-vous-perpetuel
Je n'ai pas d'autre commentaire à la lecture de ce poème de dire qu'il s'accueille flegmatiquement, en bon stoïcien que je suis.
mots-clés : #poésie
- le Ven 30 Déc - 7:23
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- Sujet: Louis Aragon
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