Des Choses à lire
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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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170 résultats trouvés pour regimeautoritaire

Karen Connelly

La cage aux lézards

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 Tylych52

Teza est un étudiant de vingt-cinq ans quand il est arrêté par les services secrets birmans pour avoir trop chanté contre la junte militaire qui dirige le pays depuis des décennies. Jeté dans une geôle putride et sombre de la prison de haute sécurité de Rangoon, appelée la " cage ", il est condamné à vingt ans de détention en isolement total. Coupé de sa famille depuis sept longues années et interdit de contact avec les autres prisonniers, il est la victime jour après jour des violences sadiques d'un gardien-chef fou. Pour seuls compagnons de cellule il n'a que quelques lézards et insectes, pour uniques nouvelles du " Dehors " des fragments de journaux qui font office de papier à cigarette ; pour toute ressource, ses convictions bouddhistes. A l'issue d'un événement dramatique, Teza noue une amitié avec Nyi Lay, un orphelin de douze ans élevé dans l'enceinte de la prison. C'est ce lien extraordinaire entre eux qui fait naître enfin une lueur d'espoir au cœur de l'obscurité, de la violence et de l'injustice, brillante comme une promesse de fraternité et d'humanité. Premier roman de Karen Connelly, il a déjà pris une place de choix auprès des célébrations littéraires de la résistance et de la dignité humaines.


Difficile de parler d’un tel livre, nous sommes dans une fiction qui nous révèle de part de nombreux témoignages de dissidents Birmans entre autres, l’horreur quotidienne de sa dictature. La politique du pays y est très bien décrite, les conditions de vie dans les geôles font froid dans le dos entre sévices physiques et psychologiques, un huis clos où la faim dévore les entrailles, et où la corruption régit tout un quotidien. Et puis il y a le bouddhisme, ses préceptes adoucissant les pages de ce roman, ultime recours pour un prisonnier, Teza et cet enfant vivant dans l’enceinte d’une prison, dans les yeux desquels tout espoir est vain , où sa seule maison ressemble à de la tôle , où seules les odeurs nauséabondes , à l’instar d’une vie écœurante écrasent toute vie pour ne laisser place qu’à la survie. Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette lecture un moment riche, mais à mon grand étonnement, malgré que je ne trouve aucune critique négative à émettre, je n’ai pas réussi à rentrer dedans, ma lecture a été longue et saccadée. Paradoxalement je ne peux que le conseiller en vue de la documentation et de la grande humanité qui en ressort.


mots-clés : #regimeautoritaire #religion
par Ouliposuccion
le Dim 22 Jan - 20:08
 
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Sujet: Karen Connelly
Réponses: 3
Vues: 636

Andrei Platonov

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 Platon11

MOSCOU HEUREUSE

La jeune Moscou, (c'est une femme) est née pendant la "révolution d' Octobre". Orpheline, sans passé, elle garde pourtant de son enfance, des souvenirs épars, confus et obsédants.
Enfant vagabonde en quete de nourriture, elle est recueillie dans une maison d'enfants. La révolution lui a tout pris, mais lui a donné le gîte et le couvert, une instruction et un métier. Elle se sent donc redevable envers la société. Elle a l'impression d'être une femme émancipée, libérée.
Belle et charismatique, elle attire le regard des hommes, mais après un mariage précoce et raté elle adopte une ligne de conduite déconcertante.
Elle accompagne la vie de quelques uns pendant un bout de chemin. Des hommes honnêtes et idéalistes. A qui elle inspire des sentiments amoureux mais en conflit avec leurs idéaux sociaux.
La vie l'appelle ailleurs, toujours ailleurs. Rayonnante, obstinée, combattive, elle semble invincible. L'incarnation même d'un avenir nouveau.

Ainsi sont ces personnages qui, comme tous ceux dans l'œuvre de Platonov veulent contribuer au bien être de l'humanité. Des idéalistes aveuglés par eux-mêmes plus encore que par la situation réelle du pays ou par la propagande officielle.
Tous se perdent dans des espérances rêveuses, des illusions, des chimères. Qui les sauvent au moins un moment. Et d'ailleurs, les années 30 renforcent le pouvoir de la tyrannie de la bureaucratie stalinienne. Et la technique est impuissante à réchauffer l'humanité. Moins encore à la sauver.

Et Moscou se rend bien compte de l'omniprésence de la misère, de la souffrance, de la solitude. D'autant que ses aspirations profondes seraient d'aller vers l'égalité, le bien-être, la beauté.
Moscou observe les autres, toujours avec générosité. Parfois elle les envie, allant jusqu'à leur imaginer provisoirement une vie somme toute, où les attachements humains seraient bénéfiques.

"Moscou ne savait à quoi s' attacher, chez qui entrer, afin de vivre d'une vie heureuse et ordinaire. Il n'était pas pour elle de joie dans les maisons, elle ne trouvait pas de paix dans la chaleur des poêles ni la lumière des abat-jour. Elle aimait, certes, la flamme des bûches et l'électivité, mais comme si elle était elle-même la flamme et l' électricité, et non un être humain. Comme si elle était cette force en émoi, au service du monde et du bonheur terrestre." P. 115

Mais la vraie vie est ailleurs.
A force de se projeter dans un avenir abstrait, elle se découvre des frustrations qu'elle n'ose s'avouer. Et que le roman ne dit pas.

Ce livre est noir. Forcément. Plus encore que d'autres de Platonov, tels que le célèbre Tchevengour. Il est bien possible que son époque ait perçu Platonov comme un gêneur. Sans même parler de la hiérarchie bureaucratique.
Mais les lecteurs d'alors n'ont pas eu l'occasion de le juger. La censure était passée par là.

Platonov est inclassable. Il ne ressemble à aucun autre écrivain et c'est intrigant.
Platonov est un écrivain déroutant. Je ne peux en dire plus, il faut le lire, mais je souhaite que le lecteur surmonte l'obstacle.
Parmi les écrivains que j'aime et que j'admire, Platonov est l'un de ceux qui me touchent le plus.
Depuis sa réhabilitation, il ne cesse d'être admiré et commenté en Russie par des écrivains de premier plan comme Brodsky ou Golovanov.

Message récupéré


mots-clés : #regimeautoritaire
par bix_229
le Dim 22 Jan - 16:09
 
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Sujet: Andrei Platonov
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Friedrich Gorenstein

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 Gorens10

CHAMPAGNE AU FIEL


J'ai lu  Champagne au fiel il y a quelques temps. Ces trois longues nouvelles ont en commun la désignation de trois fléaux qui ravagèrent la Russie : la misère extrême du petit peuple, la persécution politique, l'antisémitisme.
Gorenstein les dénonce avec vigueur, mais ce qui m'a frappé avant tout, c'est peut-être sa tendresse attentive pour tous ceux qui ont souffert, pour sa Russie bien aimée.
"Que nul ne peut comprendre, écrit-il, pas même les Russes, et que l'on ne peut qu'aimer."

"Il est hors de doute que l'ivrognerie n'est pas un trait psychologique naturel, inné du peuple russe.
Il est hors de doute que ce peuple, on l'a saoulé.
Qui ? Le cabaretier juif, comme, l' affirmaient autrefois les Cent Noirs et l'affirment leurs successeurs d'aujourd' hui ?
Les livres de publicistes disent clairement qui est responsable de l'ivrognerie russe : le pouvoir, l'Etat, qui en introduisant le monopole de production et de vente des spiritueux a cherché les moyens de développement d'une voie qu'il avait définitivement choisie dès Ivan le Terrible...
Voilà plus de quatre cents ans que ces cabarets de ruine et les magasins impériaux, même si aujourd' hui ils portent un autre nom, dominent la Russie."


La liberté de ton dont il fait preuve tient au fait que Gorenstein a quitté son pays pour se réfugier à Berlin Ouest.
C'est sans doute pour cela que j'ai particulèrement apprécié Dernier été sur la Volga.
L'auteur se prépare à quitter son pays. Et là, attendant un bateau, il se promène près du grand fleuve. Et il y rencontre Liouba, mendiante lumineuse.
Humble femme humiliée et offensée mais généreuse.

"La voilà devant moi, la Russie. La voilà, ma petite mendiante.
Non ce n' est pas une beauté aux joues rouges, au corps droit, à la poitrine abondante en sarafane brodé qui vous offre sur un plat doré un grand pain tout frais sorti du four....
Mais Liouba misérable, meurtrière sans péché, au regard humble et clair, à l'âme amère et automnale. Une fille du temps née sans auciun droit. Telle que je voulus la graver dans ma mémoire, telle que je voulais l'emmener au loin."


A travers cette femme dostoievskienne, on peut voir si l'on veut, le symbole d'une Russie malheureuse et persécutée mais généreuse malgré ses souffrances.

"L'attente en Russie, est indissolublement liée aux espaces du pays et constitue une autre hypostase de l'idée de la Russie qui, comme quelqu'un l'a,  à juste titre fait remarquer, s'exprime clairement dans la chanson russe, pleine de profonde tristesse ou de gaieté débridée.
Les heures et les kilomètres y sont infinis. Que l'on marche, que l'on roule, que l'on demeure assis, on n'en voit pas le terme.
Par son horrible monotonie, le temps d'attente vous étreint l'âme d' angoisse, tout comme la nature égale de la steppe, la forêt profonde toujours pareille à elle-même, la nuit d'automne, l'hiver sévère."


Ces phrases me font beaucoup penser à la superbe nouvelle de Tchekhov : La Steppe.
Mais c'est aussi l'expression de l'identité juive dans un pays férocement hostile à cette identité.

Message récupéré


mots-clés : #antisemitisme #regimeautoritaire #segregation #social
par bix_229
le Dim 22 Jan - 13:34
 
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Sujet: Friedrich Gorenstein
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Friedrich Gorenstein

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 Compag11

Compagnons de route

Train mixte n° 27 de Kiev à Zdolbounov

Une phrase jetée dans le wagon couchette et voilà que l’un des deux hommes qui l’occupent commence à raconter sa vie à celui d’en face. L’ un devient le Narrateur, l’autre l’Auditeur, mais ce n’est pas si banal, il s’agit là d’un Auditeur conscient de son « métier d’Auditeur », car il lui faut faire comprendre au Narrateur qu’il est bien son Auditeur celui qui lui est destiné, celui qui accepte  le récit à lui confié. Ensemble ils vont participer à une « création »,  leur création conçue par la mémoire de l’un et l’imagination de l’autre ; inconsciemment le Narrateur utilise la mémoire de son Auditeur, il y déverse son récit.

Le récit, celui de cet Ukrainien , un raté de la vie, un homme né handicapé « pied-bot » et que ni les hommes ni l’Histoire n’ épargneront. Son sort est  lié à celui de l’Ukraine, qui a subi les exactions de la révolution Bolchévique et la guerre civile,  la grande famine générée par la collectivisation et la guerre internationale ;  tous ces évènements sous fond d’antisémitisme criant et de nationalisme.

L’Auditeur est un écrivain humoristique reconnu aussi ce récit à la fois dramatique et cocasse sera-t-il le sujet du livre que le lecteur (la lectrice en l’occurrence) vient de lire avec beaucoup de plaisir. Il nous décrit les lieux traversés et connus par lui, comme la ville de Berditchev où il a vécu ses premières années, cette ville où les Juifs sont chez eux ; il exprime ses convictions sur l’avenir de l’Ukraine.

                                                     ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Un récit rythmé par la voix assourdie du train, par les haltes aux nombreuses gares traversées. Une très intéressante lecture non seulement parce que servie par une écriture vivante, caustique parfois bien qu’ accompagnée d'humour mais aussi par l’ histoire de l’Ukraine sous le joug soviétique et la présence allemande.




Extraits


Le terrain à Kiev et dans ses environs est très accidenté, les tumulus y sont nombreux, ce qui rend plus faciles les fusillades de masse et les enterrements collectifs.

Heureusement que tout destin humain, aussi horrible soit-il, est assaisonné de quelque agrément, même infime, comme cette gousse d’ail.

Une femme en chair et en os, qui faisait les mêmes choses que vous et moi. C’était presque vexant qu’elle sente le parfum, qu’elle soit vivante et non pas une statue, éternelle et sans odeur. J’ai compris alors pourquoi c’était le Tatar qui avait trouvé « l’œil humide et joyeux » et pas moi.

« la mort du stalinisme doit passer par un nationalisme russe, ukrainien, disons slave, et tant pis pour les conséquences. C’est bien triste, mais c’est comme ça. Le stalinisme doit être relégué dans les montagnes du Caucase, devenir une relique des peuples caucasiens. » (les slaves ont toujours considéré Staline comme un Perse)

Comme j’ai envie de sentir à nouveau une vraie odeur d’homme…Des baisers à la vodka, à l’oignon et au hareng !

Je me suis élancé, j’ai saisi la culotte sur ses hanches lisses, et je l’ai tuée en la déchirant.

Le métal indifférent au sort des humains applaudissait ses propres succès ferroviaires, c’est-à-dire l’arrivée à la station Brovki.

Je n’avais pas oublié : elle m’attendait ! Enfin, c’était la feuille blanche. […] J’avais du papier de toutes sortes, comme il se doit quand on est un humoriste professionnel : du papier vierge et du papier déjà enceint de moi, du papier qui avait mis au  monde pour ma femme et pour moi de nombreux sketches, vaudevilles et scénarios. Du beau papier acheté dans un magasin pour privilégiés.


mots-clés : #regimeautoritaire #social
par Bédoulène
le Dim 22 Jan - 11:24
 
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Sujet: Friedrich Gorenstein
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Artur Klinau

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 54001-10

Minsk cité de rêve

quatrième de couverture a écrit:“Je suis né dans la Cité du Soleil. Y ai-je été heureux ? Oui, certainement. Chaque être humain a sa propre Cité du Soleil – son enfance, pour laquelle le lieu de naissance importe peu. Ai-je été heureux au Pays du Bonheur ? Oui, certainement. Aussi longtemps que j’ai cru en lui. Nous croyions en cette scénographie merveilleuse dressée à la frontière entre utopie et réalité.?
Artur Klinau n’avait pas 25 ans lorsque le mur de Berlin est tombé. Son enfance, il l’a passée dans ce qui était alors le Pays du Bonheur – l’Union soviétique – avec les défilés sur la place du Kremlin conduits par le Métaphysicien et ses ministres Amour, Sagesse et Droiture.
Il se souvient de Minsk, la ville où il a grandi, la Cité du Bonheur, à l’époque où les habitants imaginaient qu’elle était l’utopie réalisée. Aujourd’hui il sait que l’utopie n’existe pas, mais sa tendresse pour sa ville est intacte et il nous la fait partager.


Un souvenir de la ville agrémenté de photos de l'auteur (qui est aussi photographe) pour ce livre d'abord publié en allemand en 2006. On pense souvenir forcément car c'est le point de vue de l'enfance qui est choisi et sa tonalité candide qui perdure assez longtemps dans l'ouvrage. C'est un peu déroutant car on sent bien que tout n'est pas si simple mais justement. C'est ce qui lui permet de petit à petit nous emmener plus profondément dans la ville, ses histoires et celle de son pays au voisin très encombrant. C'est aussi le ton qui permet de résoudre une partie du problème et de témoigner de chaleur et de nostalgie pour une ville presque neuve qui devait elle faire vivre une utopie. Un voyage forcément dépaysant qui conserve des masques sur certaines de ses figures mais lève un coin du voile pour le voyageur étranger.

Minsk cité de rêve, Cité du Soleil bâtie sur la rivière Nemiga aux portes du Pays du Bonheur. La tendresse n'empêche pas les années et la maturité d'arriver, ni même le dégel mais ce monde, excessif, factice, dur, complexe n'est pas rejeté. On sent qu'Artur Klinau à sa manière l'intègre à sa personnalité et à ses espoirs d'un pays différent et meilleur. Il y a une brume dans cette exploration, un mystère, une incertitude qui doit perdurer en longeant les palais et en traversant les places immenses de Minsk ou si l'on doit s'arrêter un instant dans une arrière cour ou laisser vagabonder une pensée jusqu'aux faubourgs.

Le vocabulaire et la tournure faussement enfantine peuvent gêner, dérouter mais le texte est bien construit et dans cette mouvance des livres qui parlent d'une ville il choisit non pas le catalogue documenté (on a l'impression que les informations distillées au fil des pages coulent de source pour l'homme du cru) mais l'affectif. Un affectif apaisé pour une histoire douce mais pas si simple. Ça m'a bien plu, ça travaille beaucoup la curiosité, ça raconte un peu au gamin de la fin de la guerre froide que je suis de cette énigme de l'Est. Une énigme qui perdure et une énigme qui est aussi la nôtre, la «forme de la ville» qui voudrait être celle de la pensée ?  Pas mal du tout et beau petit livre. J'ai bien fait de céder au traducteur et à l'éditrice lors de mon dernier passage au salon de l'autre livre !Et c'est volontiers que je lirai autre chose de leur répertoire : signesetbalises.fr


mots-clés : #autobiographie #initiatique #lieu #regimeautoritaire
par animal
le Dim 15 Jan - 20:10
 
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Sujet: Artur Klinau
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Elio Vittorini

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 31zq4q10


Les Hommes et les autres (titre original Uomini e no)

La note de l'auteur est importante : le titre français n'est pas en accord avec l'idée que donne l'auteur au titre original  Uomini e no.
Soit "que nous les hommes pouvons aussi être des «non-hommes».

L'histoire se déroule à Milan en 1944 pendant la guerre. Situation propice à illustrer l'idée de l'auteur ; Tous les hommes ont en eux le bien et le mal, du moins la possibilité de le faire.

Le narrateur qui est-il ? le spectre d'un des personnages N2 ? l'autre MOI de N2 ? ou sa conscience ?
Le lecteur suit un groupe de «camarades» dans sa lutte contre l'occupant et ses milices, découvre les horreurs. Mais surtout est interpellé par le narrateur, par ses réflexions sur l' homme. Qui est un homme ? qui ne l'est pas ou ne l'est plus ? N'importe quel homme peut se conduire en «non-homme»? Résister pour se libérer mérite-t-il de se perdre ?

Ce récit est lancinant par le style de l'écriture, la construction des phrases dans une alternance d'affirmation et de questionnement, des phrases courtes mais qui curieusement rendent le  rythme lent. Et malgré que les chapitres soient courts et nombreux le récit conserve cette lenteur ou plutôt cette pesanteur.

C'est une réflexion banale, ne dit-on pas souvent «pour faire cela» ce n'est pas un homme.
Je sors un peu perturbée, mais c'est certainement parce que la réponse n'est pas simple, puisque l'homme ne l'est pas ou bien elle est simple et là encore c'est dérangeant. Ou bien suis-je passée à côté ?

complément :

Il y a aussi dans ce récit qui dans l'ensemble est pesant, troublant avec des morts qui parlent, des morts qui disent l'être pour sauver les Hommes, tous, même Berthe répondirent-ils à sa demande.

-Les hommes sont tués et il ne faut pas pleurer ?
-Si nous les pleurons, nous les perdons. Il ne faut pas les perdre.
-Et il ne faut pas pleurer ?
- Bien sur que non ! Que faisons-nous si nous pleurons ? Nous rendons inutile tout ce qui a été.
-Etait-ce cela pleurer ?
Rendre inutile tout ce qui avait été ? Et quoi encore ? Effacer le sang répandu . Rendre inutile la douleur même ? Est-ce cela ?


Berthe et N2 ont une «chose» entre eux qu'ils portent depuis 10 ans. Le narrateur perd le lecteur et est complice de N2 même si parfois il ne le comprend pas. Dans l'organisation de N2 il y a Fils-de-Dieu qui essaie de convaincre Klut l'un des chiens du fasciste et craint de tous «Chien Noir» de changer de «métier»; ont-ils le choix les chiens ?

"Il fit entrer Kaptän Blut dans sa chambre et lui apporta à manger, sur une petite assiette qu'il avait mise de côté ; il lui apporta aussi à boire.
- Ouh disait Blut
- Ouh lui disait Fils-de-Dieu
Il lui retira sa muselière, et , du museau, Blut lui toucha la main, puis il se mit à manger, et il mangeait pendant un momemnt, relevait un moment la tête et lui touchait la main.
- Qu'est-ce que ça te rapporte, ce que tu fais ? lui dit Fils-de-Dieu. Enfermé dans une chambre, de longs jeûnes, et de la viande crue de temps en temps. Ca te plait, ça ? Ce que tu fais, c'est pour ça que tu le fais. Moi, à ta place, je serais déjà loin.
Blut releva la tête. Ouh ! lui dit-il. Et il lui toucha la main.

...

-Vaou, dit Fils de Dieu. Comment, non ? Vaou, vaou. Tu ne la sens pas leur puanteur ? Et tu ne peux même pas dire de qui elle est. Celle de hyène, tu peux le dire. Elle est de hyène. De même celle de vautour. Elle est de vautour. Mais la leur ? Et toi aussi tu pueras si tu restes avec eux. Comme le capitaine Clemm et comme Chien Noir. Tu veux puer comme Chien Noir ?

- Vaou dit Nlut.


(message rapatrié)


mots-clés : #fantastique #regimeautoritaire
par Bédoulène
le Sam 7 Jan - 9:37
 
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Sujet: Elio Vittorini
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Brigitte Giraud

Nous serons des héros

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 Index221



Olivio a fui le Portugal avec sa mère, après la mort de son père dans les geôles de Salazar. Ils se réfugient à Lyon où la mère forme un nouveau couple avec Max, un pied noir bravache. Et Olivio se noue d'amitié avec Ahmed, qui habite l' HLM d'à côté, fils d' immigrés algériens, empli d'une violence mal contenue.

Dès la première ligne on sent que le mélange de ces trois exils sera explosif. On suit la formation d'un adolescent sans repères, par une plume assez douce habilement située à hauteur d'enfant, avec ses énigmes et ses espoirs. Le suspense monte face à ce mélange de trois personnages si similaires et si  différents à la fois, et puis sur les cinq pages finales la violence explose dans un sens qu'on n'attendait pas, ou en tout cas pas comme ça, qui, malgré une belle ferveur, surprend par son manque de lien avec les forces en puissances. Tout ça pour ça?  Certes, c'est comme dans la vie où les faits ne suivent pas une logique organisée, mais dans un roman cela m'a déconcertée: toutes ces pistes abandonnées.


(commentaire récupéré)
mots-clés : #immigration #regimeautoritaire
par topocl
le Ven 6 Jan - 17:16
 
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Sujet: Brigitte Giraud
Réponses: 15
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Milan Kundera

La plaisanterie

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 Image276

Que voilà un roman de la désespérance ! Torturé, sombre, douloureux… Ne cherchez pas le bonheur de vivre,  l'amour épanoui ou des personnages bienheureux. Il est douloureux de vivre dans le totalitarisme des pays de l'Est de ce milieu du XXe siècle, car l'emprise de ce contexte politique est partout, jusqu'au plus intime des êtres. La perversion est telle qu'elle donne à l'histoire des hommes une tournure d’infâme plaisanterie. Le destin se joue des hommes et de leur être profond. Avec Nizan, Ludvig Jahn peut dire « J'ai eu vingt ans je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. ». Pris entre ses convictions communistes et ses révoltes de grand adolescent, il est  aussi maladroit avec les femmes qu’avec sa hiérarchie.

Mais qui étais-je réellement ? Force m’est de le redire : J'étais celui qui avait plusieurs visages.
Pendant les réunions, j'étais sérieux, enthousiaste et convaincu ; désinvolte et taquin en compagnie des copains, laborieusement cynique  et sophistiqué avec Marketa ; et quand j'étais seul (quand je pensais à Marketa), j'étais humble et troublé comme un collégien.



mots-clés : #regimeautoritaire
par topocl
le Mar 3 Jan - 14:23
 
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Sujet: Milan Kundera
Réponses: 42
Vues: 4084

Sefi Atta

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 97827413

Avale

Rose et Tolani, deux jeunes femmes presque trentenaires, sont colocataires. Elles sont coquettes, fauchées, pipelettes. Elles sont aussi différentes l'une de l'autre que possible. L'une vitupère, médit, papillonne d'amant en amant _ tous aussi peu recommandables les uns que les autres _  ; l'autre, beaucoup plus réservée, n'en harcèle pas moins un petit ami qu'elle n'aime plus vraiment, en quête de la respectabilité du statut de femme mariée. Vaille que vaille, elles mènent leur vie dans ce Lagos des années 80, entre pénurie et corruption, amours contrariés et grands éclats de rire.
Mais un jour, Rose se fait licencier pour insubordination ; dans une ville en pleine récession, retrouver un emploi est quasi mission impossible. Très vite, des solutions peu recommandables se profilent à l'horizon, et avec elles la tentation de l'argent facile qui permettrait de sortir, enfin, de la pauvreté…

Ce qui marque d'emblée, c'est la violence quotidienne, omniprésente. Des bagarres à la pelle, le matin, à l'arrêt de bus ; des vendeurs de rue se battant jusqu'au sang. Et la foule se déchaînant sur les voleurs qu'elle rattrape, les tabassant à mort, ou leur passant un pneu enflammé autour de la tête.
Les conflits ethniques, eux aussi, ne sont jamais loin ; on se dénigre en permanence, on établit des hiérarchies, on se méfie…

Rose m'avait dit un jour : « Les Haoussas, on ne peut pas leur faire confiance, surtout quand ils sourient. Tu as à peine le dos tourné qu'ils sortent leur poignard. Ceux qui ne leur servent à rien, ils ne leur sourient même pas, leurs visages sont de véritables murs. Ils sont parfaitement capables de te sourire tout en complotant à mort, avait-elle ajouté, même leurs jolies femmes qui font les innocentes en purda. Et les hommes, ils sont tous secrètement homosexuels. (…)» Elle avait ajouté qu'elle n'aurait pas pu vivre avec une autre Yoruba que moi car les Yoruba était lâches et obséquieux par nature. Nous étions toujours bien habillés mais nos maisons étaient sales.

Et puis, de putsch et putsch, planant constamment au-dessus des tête, la menace omniprésente d'un gouvernement dictatorial, aux mesures aussi radicales qu'absurdes. La marotte du moment ? La Guerre Contre l'Indiscipline, menée à grand renfort de spots publicitaires et de "journées d'hygiène publique."
La corruption, l'hypocrisie, le despotisme règnent à tous les étages. Et comme dans toute société patriarcale qui se respecte, la pression s'exerce principalement sur les femmes.
Les hommes n'ont pas le beau rôle, dans ce roman ; ils sont touchants, parfois, mais surtout tellement lâches… Celles qui, jour après jour, résistent et déploient des trésors d'ingéniosité pour nourrir leur famille et rester coquettes, ce sont les femmes. Générations après générations, elles se battent pour acquérir un peu plus d'indépendance. A son époque, la mère de Tolani dut faire face aux desiderata d'un roitelet et aux médisances de son village. A son tour, à sa mesure, Tolani se rebelle. Mais au Nigéria comme ailleurs, il faut accepter d'en payer le prix…

"Quelqu'un d'important te fait du tort et tout le monde te traite comme si c'était ta faute. Même toi tu commences avoir l'impression que c'est ta faute."

Avale pourrait n'être qu'un roman déprimant de plus sur fond de corruption et de misère sociale. Ce n'est pourtant pas du tout l'impression que laisse cette lecture. Le style est alerte, incisif, très vivant grâce aux nombreux dialogues non dénués d'humour. Les personnages secondaires sont hauts en couleurs. Et nos deux héroïnes, tour à tour émouvantes, pusillanimes, arrogantes… sont animées d'une force de vie qui emporte tout sur son passage.
On s'y croirait, dans ce Lagos des petits travailleurs, entre pénuries de toutes sortes, querelles de voisinages, médisances, amitiés et désamours. Et si le contexte est assurément désespérant, le ton, lui, n'est jamais désespéré.
Un roman qu'on ne lâche pas, et qui reste en mémoire…

(Ancien commentaire remanié)

#regimeautoritaire
par Armor
le Dim 1 Jan - 13:24
 
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Sujet: Sefi Atta
Réponses: 1
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Klaus Mann

Le tournant

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 Image226

Le tournant m'a narguée, tentée, m'a été proposé plusieurs fois et pourtant, j'ai renâclé. Et j'avais tort. Malgré ses 700 pages, ses centaines de personnages cités, cette autobiographie se lit avec passion, qu'on s'attache au portrait d'un homme ou au portrait d'un siècle.

Deux superbes chapitres racontent une enfance munichoise heureuse, pleine de tendresse. Puis le jeune homme  croque la vie à belles dents entre jouissance et désespoir, toujours parti, écrivain insatiable à l'ombre de son père, membre d'une jet-set européenne avide de culture.


« un vieil individualiste, un vagabond, non dépourvu de tendances excentriques et anarchistes »


L'exil forcé qu'il subit sous la menace du nazisme en tant qu'opposant au régime transforme ses voyages de plaisir en une errance dévastatrice, et déclenche un militantisme forcené : Klaus Mann prend sa canne de pèlerin, informe, explique, convainc et finit , lui, le pacifiste, par s'engager dans l'Armée américaine.
A travers son histoire personnelle (qui refuse tous les détails croustillants), c'est bien sûr l'histoire du monde qui se déroule.

C'est vraiment un bouquin impressionnant, et qui parle tout autant de notre époque, si comparable quand on veut bien y porter attention, et c'est assez terrible.


Quelques citations de le Tournant, correspondant à la période 1923-24:

   « La crise morale et sociale au centre de laquelle nous nous trouvons, et dont la fin ne semble pas encore prévisible, était pourtant bien, déjà en ce temps-là, en plein développement. Notre vie consciente commençait à une époque d'incertitude oppressante. Alors que tout, autour de nous, se crevassait chancelait, à quoi aurions-nous pu nous raccrocher, selon quelles lois aurions-nous  dû nous diriger ?"

   
   «Nos poètes à nous, nous transmirent le dédain de l'intellect, la préférence accordée aux valeurs biologiques et irrationnelles aux dépens des valeurs morales et rationnelles, la survalorisation du somatique, le culte de l'Éros. Au milieu de la vacuité et de la désagrégation générale, rien ne semblait avoir une réelle importance que le voluptueux mystère de notre propre vie physique, le miracle sensuel de notre existence terrestre. En présence d'un Crépuscule des Dieux qui mettait en question l'héritage de deux millénaires,  nous cherchions un nouveau concept de base pour notre pensée, un nouveau leitmotiv pour nos chants, et nous trouvions « le corps, le corps électrique »."

   
 
« La glorification des vertus physiques  perdait à mes yeux toute espèce de charme et toute force de persuasion, quand elle s'alliait à un pathos héroïque et militant, ce qui était, hélas, souvent le cas. Je ne comprenais d'ailleurs absolument rien aux fanatismes sportifs, qu'il nous faut considérer comme un autre symptôme – peut-être le plus  important ! - de l'état d'esprit anti spiritualiste de l'époque. Qu'est-ce que les gens pouvaient bien trouver de si excitant et de si merveilleux à des combats de boxe et à des matchs de football ? Je ne les comprenais pas… »


   « Ce n'était pas à la conscience et à la réflexion qu'aspirait cette société vidée de son sang et désorientée ; ce que l'on voulait, c'était bien plutôt oublier  - la misère présente, la peur de l'avenir, la faute collective... »


   « Ces messieurs Krupp et Stinnes se débarrassent de  leur dette : ce sont les petits qui payent. Qui donc se plaint ? Qui proteste ? Tout cela, c'est à se tordre, c'est à crever de rire, c'est la plus grande rigolade de ce qu'on appelle l'histoire du monde ! »



... qui me terrifient car elles me font furieusement penser à la période actuelle,( bien que le contexte soit différent), et qu'on sait comment ça a fini.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #autobiographie #historique #regimeautoritaire
par topocl
le Sam 31 Déc - 10:09
 
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Sujet: Klaus Mann
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Tendai Huchu

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 Thumb-11

Le meilleur coiffeur de Harare

Vimbaï, 26 ans, a la langue bien pendue, une assez haute opinion d'elle-même, et un regard sans complaisance sur ses semblables... "Nous étions toutes plutôt belles, à l'exception d'Agnès qui avait hérité du physique de crapaud de sa mère. Aucune des deux n'avait de cou. Dommage".
Vimbai tire son orgueil de son statut de meilleure coiffeuse de Harare ; même la Ministre M. en personne ne jure que par elle ! Las, son petit monde s'écroule à l'arrivée de Dumi. Aussi beau que talentueux, il l'a supplante en un rien de temps.
Vimbai a pour devise de ne jamais contrarier les désirs de ses clientes. Son but : qu'en sortant du salon, elles se sentent blanches. Dumi, lui, n'en fait qu'à sa tête, mais métamorphose littéralement les femmes, qui repartent dans la peau de Naomi Campbell ou Hale Berry. Forcément, le choix est vite fait !

Le début du livre pourrait laisser penser au lecteur qu'il a affaire à un petit roman bien sympathique, mais anecdotique. Hors, très vite, le ton change, et le récit prend une tournure que je n'avais personnellement pas vu venir.

Vimbai, sous sa carapace, cache une jeune femme sensible que la vie a endurcie malgré elle. Victime du machisme ambiant, elle n'en a pas pour autant renoncé à ses ambitions : se sortir du township, monter son propre salon de coiffure et offrir un bel avenir à sa fille. Le succès de Dumi n'est donc pas pour elle qu'une blessure d'orgueil ; c'est aussi le rêve d'une vie meilleure qui s'éloigne. L'auteur rend avec subtilité les relations ambivalentes qu'elle entretient avec son rival, faites de jalousie mordante autant que d'attirance.

Si le secret de Dumi, au coeur du livre, est assez rapidement éventé (la 4ème de couverture le révèle de toute façon idiotement), l'intérêt du roman est ailleurs, dans la complexité des rapports humains et le récit de la confrontation entre deux mondes. Il est surtout le prétexte à une description sans fard de la vie sous la dictature de Mugabe. C'est d'ailleurs un vrai tour de force que d'être parvenu à en dire autant sur un pays sans négliger la trame narrative.

Tendaï Huchu nous décrit un Zimbabwe où les puissants se vautrent dans le luxe, imitant les comportements des "blancs" jusqu'à la caricature, tandis que la vie quotidienne du peuple est gangrenée par la corruption et les pénuries de toute sorte. Même s'il n'est pas nommé, le spectre du sida rôde en permanence. Tout naturellement, les magasins chics préfèrent "cibler les clientes jeunes et belles", car "se consacrer une clientèle statistiquement morte n'a pas de sens"
Par petites touches, l'air de rien, l'auteur nous fait comprendre combien il est dangereux d'oser braver les interdits du gouvernement. Jusqu'au passage terrifiant où la ministre M., si affable en apparence, laisse apparaître toute la cruauté et l'inhumanité des régimes dictatoriaux.
Et c'est là que le livre ne vous lâche plus, quand le ton faussement désinvolte laisse place au drame, et que les personnages qui vous sont devenus si proches sont pris malgré eux dans des enjeux qui les dépassent….
Si je déplore la rapidité du dénouement, c'est un défaut bien mineur comparé au plaisir que j'ai pris à lire ce roman. C'est bien simple, je ne l'ai pas lâché !

(Ancien commentaire remanié)

mots-clé : #corruption #identitesexuelle #regimeautoritaire #social
par Armor
le Ven 30 Déc - 14:55
 
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Sujet: Tendai Huchu
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Shahriar Mandanipour

En censurant un roman d'amour iranien

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 Image251

   Est-il nécessaire que je vous rappelle qu'épurer ou éliminer est une forme de censure ? En tant qu'écrivain parfois plus malheureux et maudit du sort que le Jean Valjean des Misérables, je crois que la fois où j'ai accepté l'élimination d'un mot d'une de mes histoires, j'ai aussi accepté l'élimination d'un être humain de son lieu de travail ou de sa vie.


De son exil américain Shahriar Mandanipour.  écrit un roman d'amour iranien. Il construit peu à peu  une histoire entre Sara et Dara, parfois  falots et désemparés entre le les interdits et leurs naïfs émois, parfois timidemnt trangressifs. Cette histoire s'inscrit en gras dans le texte, il ne s'y passe pas grand-chose. Tout y est rendu impossible par les codes religieux mais on y croise des rossignols, des moineaux au cœur battant, un colporteur allié des amants, de vieux hommes repoussants qui semblent tenir le destin entre leurs mains, en hommage à la tradition littéraire iranienne séculaire.

En alternance permanente et en caractères maigres,  Shahriar Mandanipour. se décrit écrivant le roman, par des digressions qui n'oublient jamais l'humour. C'est l'occasion d'exposer tout le mécanisme de la censure iranienne, que ce soit au niveau littéraire, mais aussi d'une façon plus générale au niveau des comportements ou des mœurs. Et on a beau savoir en gros, on est toujours surpris, et il est donc toujours bon de nous rapporter tout cela …
C'est l'occasion aussi de creuser d'une façon plus générale, la relation de l'écrivain à la fiction et à son œuvre,

 
 Dans ses brillants cours et conférences sur la littérature, Nabokov a dit : « La littérature est née le jour où un jeune berger criait au loup, alors qu'il n'était pas poursuivi par un loup. »
   Mais c'est trop simple. Moi je dirais que les meilleurs récits romanesques sont ceux dans lesquels le petit affabulateur, ou le romancier, courre en criant Au loup! Au loup ! Et qu'un loup qui n'était pas là avant surgit soudain derrière lui.



à ses personnages,

   « Tu n'aurais pas dû me créer ainsi. Tu n'aurais pas dû me décrire comme un pauvre hère, comme un pitoyable ver de terre. Tu m'as bâti comme quelqu'un qui, quoi qu'on lui fasse, ne peut  que se tortiller sans broncher. Tu m'as conçu ainsi pour permettre à ton roman de passer la censure. Je refuse qu'on fasse de moi un ver de terre qui simplement se dédouble quand on le coupe en deux. Tu es toi aussi mon meurtrier pour avoir fait de moi un personnage si misérable.Tu m'as réservé tous les tourments et tous les malheurs du monde. Tu n'es pas différent du tortionnaire qui me fouettait pour que je reconnaisse l'existence de Dieu. Je veux écrire mon propre assassinat. »


de parler des influences qu'il subit, que ce soit la culture moderne interdite ou la tradition littéraire d'un pays qu'il continue d'aimer profondément et des trésors d'imagination et de péosie qu'il lui faut pour mener son projet à bien d'une façon "acceptable" par les censeurs.

Cela donne un roman aussi tragique que cocasse, à l'ironie mordante, qui a le sérieux d'un état des lieux sordide de la situation en Iran, mais aussi l'audace et l'inventivité des contes. Il y a quelques longueurs et il manque parfois une certaine légèreté (rôle de la double traduction?); le lecteur occidental est parfois frustré, sentant bien que de nombreuses allusions et références lui échappent. Mais tout ce qu'on apprend d'une part, et l'astuce facétieuse de la construction du double récit compensent largement cela. C'est un beau tour de force, qui ne peut laisser le lecteur indifférent, un pied de nez plein de brio à tous les censeurs du monde, un petit outil de lutte face à l'adversité.

(commentaire récupéré)

mots-clé : #regimeautoritaire #humour
par topocl
le Ven 30 Déc - 10:37
 
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Sujet: Shahriar Mandanipour
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Alaa al-Aswany

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 97823310

Automobile club d'Egypte

Egypte, fin des années 40. Le pays est sous domination britannique, avec à sa tête un roi fantoche et débauché. Si son attitude choque le peuple, les puissants, quant à eux, ne reculent devant aucune flagornerie pour obtenir de nouveaux privilèges, quitte à offrir sans vergogne les services de leurs épouses ou de leurs filles. C'est bien connu, une fois satisfait, le roi n'est pas avare de ses prodigalités...
Tout ce beau monde a coutume de se retrouver au très sélect Automobile Club, où l'implacable El-Kwo, le tout-puissant chambellan du roi, règne sur une armée de serviteurs qu'il martyrise à l'envi ; totalement soumis, ceux-ci sont incapables de se révolter contre le traitement inhumain qu'ils subissent, tant on leur a inculqué l'idée que cela était dans l'ordre des choses...

"Leur existence reposait sur une vérité unique : El-Kwo était une force absolue contre laquelle ils ne pouvaient rien. Si leur croyance en cela était ébranlée, tout changeait. L'image de leur tout-puissant maître enracinée dans leurs esprits les rassurait en même temps qu'elle les terrorisait. Il était dur avec eux. Il les opprimait, mais également il était le garant des fondements de leur existences."

Le roman s'articule autour de deux pivots : la vie à l'Automobile Club, et celle des membres de la famille d'un des serviteurs, Abdelaziz Hamam. Descendant ruiné d'une puissante famille de Haute-Egypte, il s'est réfugié au Caire dans l'espoir d'améliorer le sort de sa famille.

Alaa El Aswany a un talent de conteur incomparable ; il sait prendre son temps pour installer les situations et décrire au mieux les tourments intérieurs de ses personnages. Sous sa plume évocatrice, les nombreux épisodes s'entremêlent avec brio.
L'on pourrait regretter le procédé d'écriture, souvent vu _et souvent factice_  qui consiste à terminer ses chapitres par une situation en suspens. Mais ce procédé, l'auteur le maîtrise à la perfection ; à aucun moment je n'ai eu l'impression que certains passages faisaient office de remplissage. La force de l'auteur est, au contraire, d'avoir su donner à chaque épisode suffisamment d'intensité pour que le lecteur soit  totalement happé, incapable de refermer le livre.

Ce n'est certainement pas un hasard si Alaa El Aswany, écrivain engagé, a choisi d'ancrer son roman à la fin des années 40, peu avant que la révolution n'embrase le pays. Il décrit merveilleusement le lent éveil des consciences, la difficulté d'oser réclamer des droits dans un régime dictatorial qui asservit en toute impunité. Il saisit les peurs, les changements incessants d'opinion, les bravades et les reculades, pour nous dresser un tableau profondément attachant du petit peuple égyptien.

J'aurais pu vous parler des heures durant des aventures de la famille Hamam et des individus gravitant autour d'eux, mais je vous laisse le soin de découvrir leur difficile apprentissage de la vie adulte. Je ne peux vous dire qu'une chose : ils vous seront si attachants ou détestables que vous regretterez furieusement de les quitter...
Je n'aurai donc que deux conseils : oubliez les dix premières pages, assez ridicules et infatuées, et plongez avec délices dans ce récit vibrant et absolument passionnant.
Un grand coup de coeur, comme on en a rarement.

(Ancien commentaire remanié)


mots-clés : #historique #regimeautoritaire #romanchoral
par Armor
le Jeu 29 Déc - 18:18
 
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Sujet: Alaa al-Aswany
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Rohinton MISTRY

Mes avis sur les romans de Rohinton Mistry n'en étant pas vraiment, ils sont aujourd'hui irrécupérables.
Et leur lecture est hélas trop ancienne pour que je puisse rédiger un commentaire digne de ce nom. Pourtant, je n'imagine pas ce forum sans fil pour cet auteur, aussi vais-je tâcher de vous noter quelques phrases d'après mes anciennes notes et les impressions qui me restent aujourd'hui en mémoire.

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 61sagp11

L'équilibre du monde

L'équilibre du monde est un roman fleuve de plus de 800 pages. L'histoire de l'amitié improbable qui unit quatre êtres que rien de prédisposait à se rencontrer.
Ce roman fit beuacoup de bruit à sa sortie, probablement par son effet coup de poing. L'auteur avait bien des drames, bien des travers de l'Inde à dénoncer. Je reconnais d'ailleurs volontiers avoir beaucoup appris lors de cette lecture. (J'ignorais, par exemple, que sous le régime d'Indira Gandhi les hommes des castes déshéritées subissaient des castrations forcées et aléatoires, ou que les sans abris étaient envoyés dans de sordides camps de travail…)
L'accueil réservé à l'équilibre du Monde fut parfois rude ; d'aucuns ont reproché à l'auteur de parler d'événements qui n'auraient jamais existé. Ce qui prouve bien que ce livre était un pavé dans la mare, et en cela je conçois qu'il ait profondément marqué les lecteurs qui découvraient là une réalité de l'Inde bien loin des images d'épinal et des films de Bollywood.

L'ennui avec ce livre, c'est l'accumulation incroyable de malheurs qui s'abat sur nos héros. Oppression exercée sur les intouchables, violences inter-religieuses, mariages forcés, corruption, tout y passe… à tel point que j'avais régulièrement l'impression que l'auteur avait inventé telle ou telle péripétie non pas pour ce qu'elle pouvait apporter à son histoire, mais pour dénoncer un fait de société… D'où, notamment vers la fin, un vrai souci de crédibilité et une sorte de dissonance dans le récit.. Selon moi, à trop vouloir dénoncer, Mistry a desservi son propos.

Il y a dans ce livre une inéluctabilité, une noirceur qui rendent sa lecture parfois désespérante. Et pourtant, il y a aussi  ce qui a fait que je n'ai pas abandonné en cours de route ; l'empathie, la sensibilité avec laquelle l'auteur parle de ses personnages, la justesse avec laquelle il les observe et décrit leurs émotions. Tout cela laissait deviner un talent qui ne demandait qu'à s'épanouir dans un cadre moins pesant…


mots-clés : #corruption #regimeautoritaire #social
par Armor
le Mar 27 Déc - 18:14
 
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Sujet: Rohinton MISTRY
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Bruno Arpaia

Bruno Arpaia
Né en 1959


Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 Arpaia10

Bruno Arpaia est un écrivain et journaliste italien né à Naples en 1957. Il est diplômé en sciences politiques de l'université de Naples et spécialisé en histoire de l'Amérique. Il se lance dans une carrière de journaliste au Il Mattino de Naples, avant d'émigrer à Milan en 1989, où il travaille pour le journal La Repubblica. L'année suivante, il publie son premier roman, I forestieri, prix Bagutta - première œuvre en 1991. Il ajoute à son activité de journaliste, une activité littéraire, en publiant en 1994 Il futuro in punta di piedi. Il abandonne son poste à la rédaction de La Repubblica en 1998, pour se consacrer à l'écriture. Il reste journaliste en tant que pigiste.

En 1997, il publie Tempo perso (Du temps perdu) qui se passe lors de la révolution asturienne de 1934. Dans ce roman apparait pour la première fois la figure du jeune révolutionnaire Laureano, dont l'histoire s'entremêlera avec celle du philosophe Walter Benjamin dans son livre suivant L'Angelo della storia. C'est l'histoire d'un destin railleur, celui de Walter Benjamin, fuyant l'Allemagne nazie, avec en arrière-plan le sort d'un continent se précipitant vers la Seconde Guerre mondiale. La relation complexe entre destins individuel et collectif est un des thèmes chers à l'écrivain, comme la réflexion constante sur le temps.

En 2003, il publie Raccontare, Resistere - Conversazione con Bruno Arpaia, long entretien avec l'écrivain chilien Luis Sepulveda, où les deux auteurs dissertent d'un certain nombre de questions qui les unissent : la littérature, la passion politique, l'engagement pour l'environnement, le journalisme.

En 2006 vient Il passato davanti a noi, une évocation des années soixante-dix, de la maturation politique d'une génération, entre la lutte des travailleurs et les grandes batailles pour les droits civiques, jusqu'à la période du terrorisme italien et de la répression. Le livre remporte le Prix Napoli. En 2007, il sort le pamphlet Per una sinistra reazionaria.

En 2011, il publie le roman L'energia del vuoto, avec lequel il plonge dans le monde de la physique des particules, racontant l'aventure de la science sous la forme d'un thriller politique. Connaisseur des littératures espagnole et latino-américaine, Bruno Arpaia complète ses activités de romancier et d'essayiste avec celle de traducteur. Il est également conseiller éditorial et collaborateur des pages culturelles du quotidien Il Sole 24 Ore. Il traduit et édite pour la maison Mondadori les romans de Carlos Ruiz Zafón.


(wikipedia)


Œuvres en français

Dernière frontière
Du temps perdu
Avant la bataille

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Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 418tj511

Dernière frontière

L’auteur imagine une rencontre entre un Républicain Espagnol et le philosophe Juif Allemand Walter Benjamin,  sur un chemin de montagne dans les  Pyrénées , plus exactement au passage déjoué de la frontière Franco-Espagnole.

Mais cet auteur est rusé, la rencontre se fera tardivement dans le récit ce qui permet au lecteur de faire  longuement connaissance avec le narrateur, Laureano le Républicain Espagnol, émigré au Mexique et lentement  au rythme de sa démarche mal assurée, du vieux Benj  comme ses amis le surnomme, le philosophe.

Tous deux sont des émigrés qui ont fuit leur pays devant le fascisme pour sauver leur vie et leur parcours, leur fuite est aussi terrible pour l’un que pour l’autre, mais Laureano est jeune, fort et a un but , rejoindre celle qu’il aime. Walter est vieux avant l’âge, il n’aspirait qu’à penser, écrire, vivre une vie  tranquille ; il a besoin de la solitude, du silence pour se sentir à l’aise, d’autant que sa santé est fragile. Mais le sort en a décidé autrement, il est poursuivi par le « petit bossu » malfaisant de la comptine depuis son enfance et jusqu’à sa mort.

Seuls ses écrits permettent à Walter de survivre, il ne trouve d’intérêt qu’à l’écriture ; passant des après-midi entières à la bibliothèque nationale de Paris.  Il transportera  dans sa valise les pages écrites d’une thèse qu’il espère faire éditer aux Etats unis, sa fuite l’épuise, la maladie l’accable mais il refuse d’abandonner  ce bagage à l’incompréhension, voir au reproche  de ses compagnons d’infortune.

De nombreux personnages connus, certains de ses amis croisent Benj dans cet exil,  ces rencontres aident Walter à continuer le chemin.   Lui dont les manières surannées, l’ extrême politesse étonnent ceux qui  croisent son chemin et dont la  fragilité invite à l’attention.

L’auteur  a, comme il le dit, puisé largement dans les écrits de Koestler, d’Anna Seghers et de tant d’autres  ce qui m’a rendu la lecture très facile puisque j’ai rencontré dans  mes précédentes lectures, la guerre d’Espagne, les camps de concentration Français. Par contre, je  ne connaissais pas Walter Benjamin (seulement aperçu), cet écrivain, philosophe chassé par le fascisme, par « le petit bossu »  et qui a fait du tableau de Klee « l’angelus Novus » l’allégorie de l’Histoire.

Une bonne lecture  et une écriture agréable,  la construction du récit qui alterne le destin de Laureano et celui de Walter  figure bien le chemin parcouru et à parcourir pour l’un comme pour l’autre, jusqu'à cette "dernière frontière" qui est aussi pour Walter celle  qui sépare la vie de la mort.
Après recherche, je me rend compte de l’habileté de l’auteur à porter à notre connaissance certains écrits de Walter Benjamin en  les « condamnant » mystérieusement dans la valise.

Extraits :  

« Je pense lui racontait-il, que pour mon anniversaire je serai à Nice, en compagnie d’un type plutôt drôle que j’ai déjà rencontré souvent dans mes vagabondages, et que j’inviterai à boire un verre à ma santé, à moins que je ne préfère rester seul. Qui était ce type, Scholem se creusa inutilement la tête pour le comprendre. Aujourd’hui seulement nous pouvons imaginer que c’était le « petit bossu » de ses comptines d’enfant et de ses pires cauchemars, que c’était son destin déjà aux aguets. »

« En peu de temps, il se créa une communauté à partir du néant, une société naquit du chaos et de la confusion. Soudain était apparu un homme qui disait à tous ce qu’il fallait faire. «  Personne ne savait d’où il était sorti ; on savait seulement que cet homme faisait la bonne proposition au bon moment. »

« Walter vivait de détails, et il était capable de reconstruire l’univers de ces vétilles ; mais dans un camp, il cousait les jours ensemble avec un fil de détails absurdes qui résistait à sa pensée. «

« Je crois que le vieux Benj ne pouvait prendre une tasse de thé bouillant qu’après avoir développé une théorie sur la tasse. »

« Il écrivit les dix-huit Thèses au verso d’un de ses carnets, remplissant les marges de lettres minuscules et hâtives, dépouillées par l’urgence de toute hésitation, de tout ornement. Il écrivit comme s’il laissait un témoin dans un relais, un talisman à remettre à ses amis d’outre-atlantique avant qu’il ne soit trop tard. Il écrivit en réunissant enfin marxisme et messianisme, liés dans une ultime et terrible défense contre la foi obtuse dans le progrès, contre l’absurdité de l’histoire.  Il écrivit en franchissant avec une ironie libérée les frontières entre théologie, philosophie et littérature, comme si, face au danger, tout devait apporter sa contribution au salut. »

« Jamais à sa place : telle était toute sa vie »

« Lui qui ne savait sans doute rien faire d’autre, qui à force de se bourrer la tête de pensées était allé  dans la vie comme si elle lui était prêtée, une vie d’occasion. Voilà que cette vie – son corps, son cœur, ses muscles, ses poumons – lui présentait l’addition. »


(message rapatrié)


mots-clés : #creationartistique #regimeautoritaire
par Bédoulène
le Ven 23 Déc - 17:06
 
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Sujet: Bruno Arpaia
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Chahdortt Djavann

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 51wqa110

Je ne suis pas celle que je suis

Une telle histoire peut  paraître tout bonnement inimaginable, mais vivre perpétuellement en cachette, subir des interdictions en tous genres qui touchent à la vie affective et intime a rendu les Iraniens fous. Les situations les plus improbables et les plus insolites, qui n'ont aucune raison d'exister ailleurs, sont monnaie courante en Iran.

On alterne les très courts chapitre, d'où une lecture rapide pour un livre qui semblait gros au départ.


D'un coté, le récit de l'enfance et la jeunesse de Donya, en Iran, sous la dictature des mollahs, dont je craignais un peu une redite par rapport à En censurant un roman d'amour iranien de Shahriar Mandanipour. Mais les trajectoires et les personnalités des 2 auteurs sont bien différentes, celle de Mandanipour lui a laissé la possibilité de l'humour, alors que dans le domaine privé comme dans le domaine public, l'expérience de Donya (et sans doute partiellement (?) celle de Chahdortt Djavann), a été autrement traumatisante, et n’autorise que la béance et le tumulte. femme  dans ce monde  inimaginable où elles sont considérées comme des mineures et traitées comme des putains, révoltée dès l'enfance, ce qui est loin de lui avoir simplifié la vie,   Ces pages sont d'une violence à la limite du soutenable, le livre dae Mandanipour paraît presque .

Raconter aux autres que l'infâme régime m'a emprisonnée et torturée, c'est plus facile que d'avouer la vérité sur mon père…


D'un côté le compte rendu distant du dialogue /monologue de Donya, une iranienne immigrée à Paris, sortant d'une tentative de suicide incapable de s'adapter à ce nouveau monde, fermée, blessée. Le déroulement des séances et montre  l'éclatement de sa personnalité, l'anéantissement de ses espoirs, la gravité de sa souffrance. Sa vie est un déchirement, sa psychanalyse un long cri errant entre l'incrédulité et le rejet de sa thérapie, l'agressivité et le doute face à son thérapeute, puis, peu à peu, les pensées et les récits, non pas qui s'ordonnent, mais qui prennent un chemin. L'écueil de la langue , quoiqu'elle la  maîtrise merveilleusement , mais qui n'est pas sa langue maternelle, sa langue primale, est un obstacle supplémentaire.

J'ai eu plus de mal à entrer dans ces pages, car d'une part tout est déconstruit, mais logiquement puisque Donya est déconstruite, et parfois exaspérante de ce fait, mais  qui peut lui en vouloir ? , et aussi parce que la psychanalyse, qui me semble parfaitement racontée ici, m' a toujours mise mal à l'aise, position qui est évoquée  dans le livre lors d'un séminaire antipsychanalyse. Mais cela, c'est mon affaire.


Enfin quelques brefs paragraphes sur la vie  privée du thérapeute, dont je n'ai guère compris l'intérêt, (si ce n'est de montrer qu'en fait, Donya poursuit souvent son chemin seule ?). Mais qui émergera sans doute dans les tomes suivants.

Au total un romans des plus intéressants, violent dans l'information, sans concession dans la forme, qui finit un peu en queue de poisson (mais il y a une suite). Mais  de toute façon peut-on espérer qu'un tel destin soit un jour clos ?

- Au moins, on doit reconnaître aux mollahs le mérite d'avoir rendu palpitants les actes les plus anodins ; ce qu'ailleurs ont considère comme ordinaire, ou même ennuyeux parce que trop accessible, devient ici un délice. Comme boire du whisky, écouter de la musique, se voir entre filles et garçons, ironisa Armand.


(commentaire récupéré)


mots-clés : #conditionfeminine #regimeautoritaire
par topocl
le Jeu 22 Déc - 16:12
 
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Sujet: Chahdortt Djavann
Réponses: 11
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Chahdortt Djavann

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 41dfar10


Comment peut-on être Français?


Elle (quand je dis « elle » je parle de Roxane) a des mots très durs sur son pays. On peut comprendre quand on lit ce qui lui arrive. Il y a peu de nostalgie, même si, la solitude qu’elle ressent à Paris la rapproche de ce qu’elle connait comme faisant partie d’elle-même, de son identité, qu’elle ne pourra jamais changée. Elle dit d’ailleurs qu’à Paris elle est Iranienne, alors qu’en Iran, elle était elle-même sans se poser de questions. Mais elle rejette l’Iran, pour sa tyrannie vis-à-vis des femmes, pour son contrôle permanent sur elles, pour le manque de liberté, pour la violence des hommes, pour l’ignorance dans laquelle la population est maintenue. Son personnage de Roxane est plus jeune qu’elle, elle est née plus tard, mais en ayant lu sa biographie, je me dis qu’elle parle un peu d’elle-même. Les études, les petits boulots, la tentative de suicide. Le père, qui est celui qui va la sauver en lui permettant de partir à Paris. Dans la vie de Djavann, le père s’est révolté contre le régime des Mollahs, il aimait lire et avait été un personnage influent. Dans le bouquin on retrouve ces composantes.


Quand Roxane arrive à Paris, elle est comme beaucoup d’étrangers qui ont idéalisé le pays dans lequel ils vont habiter. Sauf que pour elle, il y a une couche supplémentaire. Elle n’a jamais été nulle part quand elle était petite, sa vie se passait entre les quatre murs de sa maison, entourée d’une famille nombreuse qui ne s’apercevait pas de sa présence. Elle trouvait son échappatoire dans la lecture. Activité que sa famille réprouvait silencieusement. Devenue femme, elle ne pouvait ni voyager, ni se déplacer sans la présence d’un homme. Les gardiens de la morale Islamique veillaient et surveillaient. Sauf que ces « gardiens » n’avaient pas de moralité, étaient ignorants et profitaient de la situation. Ce qui amène Roxane a fuir son Pays.


Les premiers temps, elle vit comme dans un rêve. La misère qui règne en Iran, le manque de tout,  la font s’extasier dans les rayons des supermarchés. Elle se balade dans les rues de Paris, goute à la liberté de s’asseoir toute seule à la terrasse d’un café pour commander un verre de vin. Puis la réalité la rattrape. Elle se heurte à la mentalité des Français si différente de la sienne. Elle se dit que les Française respire la liberté de la naissance à la vie adulte. Elle ne sait pas quoi faire de cette liberté qu’elle ne connait pas, elle ne sait pas comment réagir. Les gens autour d’elle, fortement individualistes, continuent à vivre en parallèle et elle se sent seule. Pourtant elle finit par s’en sortir. Les petits boulots, les études. Elle fait tout pour maitriser le Français. Elle recopie, elle récite des heures entières, elle lit, un dictionnaire sous la main, elle l’emmène d’ailleurs partout avec elle pour chercher un mot immédiatement. Mais la solitude reste et elle ne se sent pas assez proche de qui que ce soit pour parler de ses combats intérieurs. Alors elle écrit à Montesquieu des lettres qu’elle envoie aux quatre coins de Paris. Lettres qui lui reviennent non lues naturellement. Mais ça l’aide à voir plus clair, à exprimer ses colères et ses doutes. Un jour elle est arrêtée par la police pour avoir roulé en vélo en sens contraire. Elle n’a pas sa carte de séjour sur elle et se retrouve dans une cellule. Son passé lui revient brutalement et elle perd les pédales.



Elle écrit bien Chahdortt Djavann. Ce qui est une performance quand on sait qu’elle est arrivé en France il y a un peu plus de dix ans. Elle a beaucoup d’humour. C’est une militante, une révoltée qui ne fera pas de compromis. C’est une femme éprise de liberté, un caractère fort qui déjà enfant avait le courage de ses convictions.


mots-clés : #immigration #regimeautoritaire
par Pia
le Jeu 22 Déc - 6:00
 
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Sujet: Chahdortt Djavann
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Luigi Meneghello


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LIBERA NOS A MALO

Presque cinquante ans après sa publication en Italie, Libera nos a malo, le "livre-monde" que Luigi Meneghello dédia à l'univers rural de son enfance, est enfin traduit en français.

Dans ce roman atypique et fascinant, l'écrivain italien - disparu en 2007 et considéré comme une figure majeure de la littérature contemporaine du pays - fait revivre le monde disparu de Malo, le petit village en Vénétie où il grandit entre les années 1920 et les années 1940.

Pour cet exercice de mémoire porté par les libres associations et les digressions, Meneghello adopte un regard critique qui lui permet de se pencher avec sévérité et ironie (comme le montre le jeu de mots du titre, entre la conclusion du "Notre Père" en latin et le nom du village), mais aussi avec une certaine tendresse, sur cet univers paysan dominé par la pauvreté, l'ignorance et la croyance religieuse, mais animé par de véritables liens de solidarité et par un esprit de communauté très marqué.


Peu à peu, il tire de l'oubli tout ce qui a laissé une trace dans sa mémoire : les paysages et les rites du travail, l'univers familial et celui de l'école, la rhétorique fasciste et les liturgies de l'Eglise, les jeux et les amours, sans oublier une riche galerie de personnages hauts en couleur, à commencer par ses amis, mais aussi le curé du village ou la maîtresse qui lui a appris la lecture.

Bien que présenté comme un simple roman, Libera nos a malo est une oeuvre beaucoup plus complexe. L'auteur y croise récit autobiographique, enquête anthropologique et réflexion sur le langage. La question de la langue est en effet au coeur du livre car, pour l'auteur, le dialecte est la langue naturelle, celle de l'enfance et de la liberté, alors que l'italien est le moyen de communication de l'école et des institutions, une langue peu maîtrisable, vécue comme une imposition et pleine de mystères. "L'effet des mots écrits, les mots de la langue italienne, sur nous qui parlions le dialecte était des plus étranges", souligne l'écrivain, en rappelant que les mots italiens résonnaient dans le dialecte comme des formules magiques aux résonances secrètes.

Cette tension permanente entre italien et dialecte traverse tout le livre, grâce à une écriture riche et élaborée qui n'hésite pas à exploiter une reconstitution presque philologique des formes dialectales. Il s'agit d'un choix courageux, car, au début des années 1960, l'italien venait à peine de s'imposer sur l'ensemble du territoire national et, à la différence d'aujourd'hui, rares étaient les écrivains (avec notamment les exceptions de Gadda et de Pasolini) qui osaient introduire en littérature la force du dialecte.

Grâce à cette langue très inventive et personnelle (d'ailleurs, très bien restituée par la traduction française), Meneghello a su recréer magistralement un monde, dont - au moment d'écrire - il était désormais définitivement éloigné. Une distance qui lui a permis d'ôter toute nostalgie à cette magnifique archéologie d'un pays perdu.
LIBERA NOS A MALO de Luigi Meneghello. Traduit de l'italien par Christophe Mileschi. Editions de l'Eclat, "Paraboles", 364 p.


Le Monde des livres

J'espère qu' Animal nous parlera de ce livre qu'il a lu. B


mots-clés : #humour #regimeautoritaire #viequotidienne
par bix_229
le Mer 21 Déc - 17:48
 
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Sujet: Luigi Meneghello
Réponses: 6
Vues: 845

Andreï Makine

Oui, Tristram, on remarquera même et aussi plus tard, un grand attachement à la France. Je pense au livre consacré au Lieutenant Schreiber ou "le pamphlet de ne pas oublier la France...

On a déjà « bien » parlé des romans, partagés en admiration avec beaucoup. Mais « Un amour humain » ne semblait pas avoir plu autant chez les lecteurs?. D’accord: C’est sûr que Makine y change un peu l’univers, peut-être aussi de langage (?) et c’est peut-être toujours une tentation de notre part de le voir dans ses anciens sujets?! Moi de ma part, j’ai aussi aimé « Un amour humain » et je vais alors essayé de vous en parler :

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 41ioqi11

L’amour humain

CONTENU:
Un agent/journaliste russe raconte la vie de son ami Elias Almeida, un révolutionnaire de métier angolais: de ses expériences d’impuissance face à l’oppression et la souffrance dans l’Angola natale. Comme enfant il y a vécu et a rencontré d’autres résistants comme son père mais aussi un certain Ernesto (Che) au Zaïre. Puis il a une formation à Cuba, ensuite à Moscou pour après vivre des opérations en Afrique. Quelques expériences clés et particulièrement un amour « impossible » envers Anna,  une Sibérienne vivant à Moscou ; marquent sa vie pour toujours.

REMARQUES:
D’un coté le livre me paraissait d’une certaine simplicité envoutante: de point de vue de langue et de certains énoncés. Mais à voir de plus près on y découvre des changements de perspectifs constants, des retours en arrière, des anticipations etc. A coté de la narration apparemment chronologique de la vie d’Elias, il y a toujours à nouveau l’apparition « concentrique » de certains motifs et sujets à l’intérieur du « rapport ». Au début j’y voyais une manque de finition, mais dans une remarque très belle l’auteur nous donne à travers le narrateur le début d’une réponse : l’essentiel dans nos vie est au bout du compte dans quelques gestes, rencontres, paroles, lesquels nous font vivre et nous nourrissent, nous accompagnent une vie durant.

On peut lire l’histoire sur des niveaux divers :
- comme la vie d’un agent et révolutionnaire professionnelle lequel nous accompagnons dans son cheminement du début d’une révolte envers des situations inacceptables en passant par sa formation jusqu’à ses opérations actives
- comme une histoire de la lutte de libération et de la guerre civile angolaises
- comme une analyse, un dialogue assez profonde de l’auteur des contradictions et limites du communisme (comme il s’est montré historiquement)
- comme une belle histoire d’amour

Et encore autrement.

Il était fascinant pour moi comment Makine présente le personnage central sans jugement hâtif et critique superficielle du système communiste, lui (Makine) qui a quand même vécu et connu l’Union soviétique de l’intérieur et aurait pu avoir une tendance de polémiquer. Mais non, il met Elias dans une tension très authentique et presque spirituelle entre l’idéalisme et la fidélité envers la révolution et puis, de l’autre coté, un désenchantement, l’expérience de mettre en question et soi-même et les données extérieures. Il pose la/une question centrale : est-ce qu’après la révolution les hommes et les femmes vont être autrement ? Est-ce qu’ils auront un autre comportement ? Et après un cheminement il va ajouter : est-ce qu’ils vont apprendre à (s’)aimer ?

Makine décrit certaines scènes de sexe et de violence assez, inmakinément me paraît-il, crument  et puis, comme dans un contrepoint, on y trouve des passages d’une grande beauté, d’un vécu intense. Cela reflète bien le champ de tension dans lequel se meut Elias et, peut-être avec lui, nous autres.


mots-clés : #revolution #regimeautoritaire
par tom léo
le Mer 21 Déc - 16:35
 
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Sujet: Andreï Makine
Réponses: 26
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Ludmila Oulitskaïa

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 5143ra10

Le chapiteau vert

   Peut-être que la beauté sauverait le monde, ou la vérité, ou un truc magnifique du même genre, mais la peur était quand même plus forte que tout, elle détruirait tout, tous les germes de beauté, toutes les pousses de ce qui est magnifique, sage, éternel… Ce ne serait pas Pasternak qui resterait, mais Mandelstam, parce que l'horreur de ce temps était davantage présente chez lui. Pasternak, lui, avait toujours voulu se réconcilier avec l'époque, l'expliquer de façon positive.



C'est d'abord l'histoire d'une belle amitié de collégiens, trois garçons unis par l'amour de la littérature et des arts, fédérés par un professeur charismatique, et qui vont, de près ou de loin, se suivre toute leur vie.

   Les deux amis eurent l'occasion de se voir longtemps à deux reprises, et se retrouvèrent d'emblée enveloppés par ce nuage d'intimité venu de leur enfance, de leur adolescence. Quand tout, chez votre ami, vous est compréhensible, et que ce qui ne l'est pas suscite intérêt et sympathie.


Seulement,  cela se passe dans l'URSS après la mort de Staline,  après laquelle on s'est demandé si cela allait être mieux, tout en sachant que, de toute façon, « ça ne pouvait pas être pire ».

Tag regimeautoritaire sur Des Choses à lire - Page 7 St1010

Les trois garçons, farouchement, lisent, s'instruisent, découvrent.  Des garçons passionnés, simplement nés au mauvais endroit, un endroit où cela les oblige à flirter avec l'interdit.  De plus en plus. Le réseau s'enrichit, des intellectuels et des scientifiques de la dissidence, et peu à peu, le filet se resserre avec ce que cela implique : surveillance, arrestations, incarcération, fidélité et trahison, mise à l'écart et émigration.

   Le thé et la vodka coulaient à flots, les vapeurs des discussions politiques s 'accumulaient dans les cuisines au point que l'humidité remontait le long des murs jusqu'aux micros cachés dans les plafonds.


C'est une histoire d'hommes enthousiastes et chaleureux, souhaitant une vie simplement dévolue à leurs passions, parqués dans de petits appartements communautaires, pris dans des familles et des amours compliquées, faisant des choix dangereux, n'excluant pas de petites compromissions, écartelés par un pouvoir totalitaire implacable.

La complexité des situations, l'épaisseur du volume, la multiplicité des personnages fictifs ou réels (...et leurs patronymes russes...),  l'ancrage revendiqué dans une réalité russe littéraire, musicale  et politique qu'on n'est pas obligé de connaître, le choix délibéré de faire fi de la chronologie pourraient effrayer et faire redouter un roman indigeste, où l'on se perd, où l'on est submergé. C'est au contraire une lecture totalement embarquante, un fleuve voluptueux, dont on suit naturellement le cours tourmenté, aussi sensible aux aventures des personnages principaux qu'à celles des seconds rôles, qui sont l'occasion de faire envisager toute l'inventivité de l'organisme de répression.

De l'émotion, un brillant talent de conteuse, beaucoup de choses à apprendre (ou réapprendre toujours) sur ce  monde terrifiant où se sont débattus ces trois hommes , au milieu de tous les autres soviétiques russes.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #regimeautoritaire
par topocl
le Mer 21 Déc - 13:29
 
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Sujet: Ludmila Oulitskaïa
Réponses: 17
Vues: 2228

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