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Jhaverchand MEGHANI

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Message par Armor Lun 9 Jan - 5:56

Jhaverchand Meghani (1896-1947)

Jhaverchand MEGHANI Jm-1510

Jhaverchand Meghani, était un poète, écrivain, réformateur social et combattant de la liberté indien.

Jhaverchand Meghani est né en 1896 à Chôtila, dans le Gujarât (Nord-ouest de l'Inde). Voyageant au gré des déplacements de son père, il apprend les langues avec une facilité désarmante, ce qui lui permet d'avoir un accès privilégié aux littératures de son pays. Son premier livre sera d'ailleurs une traduction d'un ouvrage du célèbre auteur bengali Rabindranath Tagore.

Toujours vêtu d'une redingote blanche portée sur un long pagne et coiffé d'un turban, il chante et écrit quand son métier le lui permet.
Jhaverchand Meghani est une figure célèbre de la littérature gujarâtî. Poète, romancier et conteur, il a publié plus de 100 livres, et a reçu de nombreux prix littéraires. Spécialiste du folklore, il a publié plusieurs recueil de contes du Gujarat, qu'il a lui-même recueillis en se rendant de village en village.

Solidaire de Gandhi pour lequel il éprouve amitié et admiration, Jhaverchand Meghani est à condamné en 1930 à deux ans de prison pour avoir écrit un poème incitant la jeunesse à rejointe la lutte pour l'indépendance. Le Mahatma Gandhi le désignera  "Poète national".

Jhaverchan Meghani meurt en 1947. Son dernier roman venait d'être primé "meilleur livre de l'année".
Sources : éditions de l'Aube et wikipédia

Ouvrage traduit en français :

Fiançailles (Vevishal, 1938)


Dernière édition par Armor le Sam 1 Juil - 21:10, édité 1 fois
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Message par tom léo Lun 9 Jan - 7:12

Jhaverchand MEGHANI 41dbeg10

Fiançailles

Original : Vevishal (Gujarati, 1938)
Introduction, Traduction, Notes biographiques, Notes: Moïz Rasiwala

CONTENU :
Sukhlal et Sushila ont été promis l'un à l'autre par leurs pères respectifs dès leur plus jeune âge. Mais le temps a passé : la famille de Sushila fait aujourd'hui du commerce à Bombay, s'est enrichie et se demande comment rompre cet engagement et se débarrasser du fiancé devenu indigne ! Sukhlal cependant, comme il avait été convenu, arrive à Bombay pour entrer dans l'affaire de sa future belle-famille. Celle-ci le tue au travail, il résiste; le ridiculise, il résiste; le renvoie chez lui en fiançant la ravissante Sushila à un épouvantable intriguant, et là c'est elle qui résiste ! Sukhlal et Sushila s'aiment, tout simplement. Et comme chacun sait, l'amour finit toujours par triompher, surtout dans les romans... Aussi, quand le romancier demande à Sushila pourquoi elle adore son Sukhlal, elle rétorque: " Est-ce que je ne suis pas libre d'aimer quelqu'un sans avoir à justifier mon choix ? Des raisons ! Donner des raisons pour tout ! En plus, vous allez les raconter à tout le monde, n'est-ce pas ? " (Source : Présentation de l'éditeur)

REMARQUES :
Ce roman en 37 chapitres sur un peu moins que 300 pages trouve son enracinement de fond dans le Sorath dans le Gujarat (Nord-Ouest de l'Inde). L'appartenance des deux familles commerçants protagonistes à une certaine caste, au Jaïnisme comme réligion (voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ja%C3%AFnisme ), et au us et coûtumes de leur temps, déterminent le cadre incontournable de l'histoire. Si on n'est pas capable ou partant pour entrer dans cet « autre » univers, on jugera rapidemment avec nos idées si avancées et peut-être même une attitude de commisération, un sourire, ces femmes et hommes. Mais éventuellement, ce faisant, on ne fait pas seulement tort aux personnages du roman, mais on se prive aussi d'une lecture enrichissante et parfois même drôle.

Il était une fois...l'histoire de deux familles qui avaient promis leurs enfants à bas âge l'un à l'autre. Mais le destin faisaient se développer différemment ces familles. Celle de la fiancée, maintenant d'une vingtaine d'années, s'est enrichie peu à peu et a deménagé vers Bombay. Par contre Sukhlal et les siens restaient au village, avec une mère clouée au lit, trois autres enfants en bas âge. Le père, pratiquant convaincant du Jaïnisme, se montre affectueux et attentif aux besoin et de sa femme et de ses enfants. Le garçon aîné, lui, doit partir pour Bombay pour entrer dans le commerce de la famille de sa belle-famille. Mais celle-ci,au moins en ce qui concerne le chef du clan, l'oncle , mais aussi la mère de Sushila, aimeraient rompre les fiançailles avec un garçon devenu avec les années « pas assez convenable » pour leur fille « si douée ». Ils commencent à penser à un jeune arriviste, Vijaychandra. Et rendent la vie de Sukhlal impossible, le tuent au travail, l'humilient. Quand le père de celui-ci arrive, il ne voit pas d'issue honorable sauf que d'entrer dans les propositions du beau-père de son fils.

Mais quand les obstacles au niveau des parents se dressent, les deux concernés – qui pourtant se sont pratiquemment à peine vus – et après quelques hésitations, commencent à resister à leur façon et à lutter dans le cadre du possible l'un pour l'autre. Des deux cotés ils vont trouver des fidèles aides auprès des gens proches. Ils ne vont peut-être pas devenir des rebelles pur et durs, mais ils commencent à s'affirmer, à apprendre à extérioriser leurs volontés contre celle de l'autorité familiale. Et, au lieu de voir ici juste un roman rose simple, on pourrait très bien se demander s'il n'y a pas ici une critique plus ou moins cachée de la societé, mais aussi une invitation à resister, de manifester « humblement », mais résolumment sa détermination. Et on pensera peut-être au contexte politico-sociétale du mouvement non-violent pour l'indépendence en Inde, déjà dans ces années 30, cadre probable du roman.

Face à l'oncle riche de la fiancée et la mère de la fiancée d'un coté, et les figures plus pauvres, mais tant dignes du père de Sukhlal ou de la tante de Sushila, on peut aussi se demander sur le rôle lamentable des uns et celui plus lumineux des autres. Qui sont alors les vrais riches, les vrais pauvres ?

Qui entrera avec un certain respect et acceptance du cadre du roman dans cette lecture, peut y trouver un bon mélange de réalisme, de descriptions des us et coûtumes d'une époque, d'une réligion, d'un pays avec une dose d'humour certain !


mots-clés : #conditionfeminine #famille #traditions
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Message par Armor Mar 31 Jan - 16:59

J'avais découvert ce livre en d'autres temps et sur un autre lieu, grâce au commentaire de tom léo qui, déjà, m'avait donné envie d'en savoir plus. Des années après, j'ai enfin lu Fiançailles !

Jhaverchand MEGHANI 41dbeg10

Fiançailles

Un livre indien de 1938, traduit du gujarâtî et paru initialement en feuilleton dans un journal local, forcément, quand on s'intéresse à la littérature indienne, c'est tentant. Pour la rareté de la chose, et aussi parce qu'on aura l'assurance de se trouver face à un récit "authentique", qui n'aura pas été formaté pour un public occidental. Et en effet, il faut faire un petit effort d'adaptation pour entrer dans ce roman atypique. La préface et les nombreuses notes du traducteur s'avèrent d'ailleurs très utiles pour situer le milieu dans lequel évoluent les protagonistes, des commerçants du Gujarat adeptes d'une religion ascétique, le jaïnisme.

L'histoire ? Elle tient en quelques lignes.
Sushila est enfant unique et choyée de tous. Très jeune, elle a été promise à un garçon de son village, Sukhal. Mais depuis, la famille s'est enrichie, a déménagé à Bombay, et il est désormais inenvisageable pour l'oncle autoritaire de Sushila de la marier à ce "péquenot". Il a d'ailleurs des vues sur un autre prétendant, un jeune coq séduisant et beau parleur. Seulement, les anciens de la communauté verraient d'un très mauvais oeil qu'il rompe cet engagement… Alors, il utilise la ruse, fait venir le fiancé à Bombay, et tente de le décourager en l'accablant de travail et de mépris. Mais le jeune homme s'accroche. Rompre ses fiançailles serait en effet désastreux pour sa famille, compromettrait les chances de mariage de ses soeurs, et accablerait une mère très malade et très aimée… Pourtant, la pression constante exercée sur sa famille commence à le faire douter...
Et puis… et puis les deux jeunes gens se rencontrent. Fugitivement, certes, mais juste assez pour se plaire. Ils vont alors entrer en résistance, et trouver sur leur chemin des alliés inattendus...

Lire ce roman, c'est accepter de perdre ses repères, pour intégrer un monde aux antipodes du nôtre, avec ses coutumes et ses codes innombrables. Dans ce monde, on attend des femmes qu'elles vénèrent leur époux et montrent leur respect aux hommes en toute circonstance :

Avant qu'elle ait pu lui témoigner son respect, l'œil pénétrant de Khushal lut une grande détresse sur son visage. Puis Sushila tira son voile et rentra.
« Il n'y a pas lieu de la quitter, hé, Sukhal, dit Khushal. Je peux l'affirmer : il n'y a rien à dire contre cette fille. Si elle était corrompue par cette ville, elle agirait d'une manière tout autre. Tu as bien vu : elle m'a montré du respect en tirant son voile. Si elle ressemblait aux filles d'ici, elle aurait parlé comme un perroquet pour me raconter fastidieusement tout ce qu'elle sait ! Là, nous sommes restés presque deux heures à la maison sans vraiment connaître le timbre de sa voix. Elle me semble être à ta hauteur. Mais, la pauvre, elle est comme la noix de bétel dans la pince ».

Comme le dit justement tom léo, l'on pourrait être tenté de juger hâtivement les personnages, de s'offusquer, ou de railler leurs moeurs archaïques. Pourtant, même si la lectrice occidentale que je suis ne peut que bondir devant certains comportements, la position des femmes est bien plus ambigüe et complexe qu'il n'y paraît ; bien qu'elles ne remettent pas en cause la vénération due aux hommes de la maison, leur soumission n'est souvent que de façade...
C'est une résistance feutrée que nous décrit Javerchand Meghani. La stricte hiérarchie sociale et le carcan des conventions ne facilitaient certainement pas la rébellion ouverte. Et puis, comme l'a judicieusement fait remarquer tom léo, le contexte historique de l'époque n'est probablement pas anodin. L'auteur était un disciple de Gandhi, et cette résistance passive, respectueuse des anciens, sans larmes ni drames, se rapproche beaucoup des préceptes du mahatma.

L'écriture de l'auteur, parsemée de nombreux dialogues, peut sembler très simple, voire naïve. J'ai d'ailleurs retrouvé un peu la même forme d'expression avec un auteur de langue malayalam, Vaikom Muhammad Basheer, qui écrivait sensiblement à la même époque. Il serait d'ailleurs intéressant de savoir si cette forme d'écriture a une raison propre. Est-elle, par exemple, inspirée d'une tradition littéraire, d'une forme de théâtre populaire ? Ou bien la raison réside-t'elle dans la volonté d'atteindre le public le plus large possible, à une époque où les Indiens qui allaient à l'école y restaient rarement plus de quelques années ?

Il ne faut pas s'y tromper : malgré les apparences, ce roman n'a rien de naïf. Tout, dans ce livre, est symbole. (Je suis d'ailleurs certaine d'avoir manqué de nombreuses allusions malgré les notes du traducteur.) Au-delà de la simple histoire d'amour, Fiançailles porte des valeurs profondes et humanistes, amenées avec tact et humour.
Je ne conseillerais pas forcément ce roman à un néophyte. Je pense que pour l'apprécier pleinement il vaut mieux être quelque peu familiarisé avec l'Inde et ses coutumes. Mais, pour peu que l'on accepte de mettre un temps ses préjugés de côté, c'est une lecture très plaisante et enrichissante, tant du point romanesque qu'historique.

Merci, tom léo, d'avoir attiré mon attention sur ce livre !


Dernière édition par Armor le Lun 9 Juil - 21:18, édité 2 fois
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Message par Armor Mar 31 Jan - 17:00

Un extrait tout spécialement copié pour les femmes du forum…

Khushal ne pesait et ne jugeait les femmes qu'en tant qu'instruments d'utilité domestique. Aux jeunes hommes instruits de Kathiawad qui appelait la femme leur « adorée » ou leur « compagnon de vie », il demandait : « Celle-ci n'est-elle pas votre troisième adorée ? Vous voulez tous des adorées qui meurent de tuberculose au bout de deux ou trois ans de mariage ; moi, mes frères, je veux un « outil » vieux de 15 ans, bien calleux et endurci. Regardez, cette montre du temps de mon grand-père, de la marque « Roscope » ;  elle ne s'est pas arrêtée un seul jour. Regardez mon couteau « Rajesh », fidèle compagnon de vingt ans. La femme aussi, mes frères, est un « outil » qu'il faut conserver en en prenant soin. La garder méticuleusement, ne pas la laisser à l'abandon, ne pas laisser la rouille s'installer et, sans ostentation, ne s'en servir que suivant ses besoins. Il n'est donc pas méprisant de l'appeler outil, comme il n'y a pas de gloire particulière à l'appeler l'adorée.

_________________
"Et au plus eslevé trone du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul." (Michel de Montaigne)
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