Philippe Besson
Page 1 sur 3 • Partagez
Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
Philippe Besson
Philippe Besson
Né en 1967
Né en 1967
Philippe Besson est écrivain, dramaturge et scénariste français, anciennement homme d'affaires. Il a été également critique littéraire et animateur de télévision.
En 1989, il s'installe à Paris où il exerce une profession de juriste et enseigne le droit social. Pendant près de 6 ans, il sera le bras droit de Laurence Parisot, en tant que DRH puis secrétaire-général de l'Institut français d'opinion publique. Par la suite, il sera DRH de T-Online France - Club Internet.
Bibliographie :
En 1999 : "En l'absence des hommes" : Page 1
En 2001 : "Son frère" : Page 1
En 2002 : "L'Arrière-saison" : Page 1
En 2003 : "Un garçon d'Italie"
En 2004 : "Les Jours fragiles"
En 2006 : "L' Enfant d'octobre"
En 2007 : "Se résoudre aux adieux".
En 2009 : "Un homme accidentel"
et "La trahison de Thomas Spencer"
En 2015 : "Vivre vite"
En 2017 :"Arrête avec tes mensonges" (autobiographique) : Page 1
màj le 31/08/2018
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Philippe Besson
L'arrière saison
de
Philippe Besson
Je viens de finir ce court roman . Pas désagréable, j'ai même eu plaisir à cette lecture rapide (Ramuz c'est pas le même rythme par exemple , hugh hugh)
J'ai eu plaisir à le lire parce qu'il n'est pas bête, assez sensible, mais je dois préciser aussi que ses objets sont assez banals.Je n'ai rien contre à priori.
Mais j'ai sur la longueur été un peu garce, en relevant des formes moins élégantes dans ce phrasé clair et souple.
Par exemple, c'est moyen je trouve, cette manie de mettre une phrase de dialogue toutes les deux pages, et entre ces deux pages, d'en faire commentaire sous la forme d'une ratiocination :
"Veux-tu du thé ?"
Elle se rappela en lui posant la question toutes ces fois où peu à peu il accepta de goûter, puis aimer ces infusions de plantes , si éloignées des valeurs viriles que le café marquait en son corps" et ça dure ainsi deux paragraphes, puis il y a la réponse :
"Très peu, oui."
Ronald avait longtemps prit du thé en repensant à Rolande, puis le temps avait fait son oeuvre, il avait cessé d'y associer son amante, et enfin un jour , il avait apprit ce qu'elle avait toujours voulu lui transmettre , la notion de dégustation. C'est Martine qui lui avait permis de reconnaitre ce savoir. A elle il avait toujours répondu "tres peu", figeant en l'instant ce que la dégustation pure pouvait enclore de sens.
"C est un thé fumé" etc etc
Bon je plagie, évidemment. Ce n'est pas un extrait , j'invente.
Le personnage féminin principal est un auteur de théâtre, c'est dommage que Besson n'en ait pas tiré envie d'être plus confiant en ses dialogues, les sous-commenter ainsi est finalement un peu casse-bonbon. Enfin, c'est sa manière après tout.
Mais lorsque je lis "Le serveur apporte le club sandwich promis et une assiette de petits en cas qu'ils vont s'empresser de dévorer", je me dis irrémédiablement que je rendrai compte de cette lecture dans la rubrique "La grosse flemme".
Parce que:
"s'empresser" c'est un peu facile, c est totalement laid, et "dévorer" aussi dans la mesure où l'auteur n'a jamais mis en place un champ lexical de l'animalité sauvage, je ne vois pas pourquoi ils devraient devenir des oesophages d'un coup, au détour d'une phrase et d'un club sandwich. Enfin, si je vois : l'auteur est pressé, comme moi, de finir ce livre. C'etait sympa, comme sous le coude. Surtout au début.
L'amie qui m'a offert ce livre aime beaucoup Besson, mais je comprends pourquoi, ça se lit bien, fluide, c'est assez sensible, c'est familier, un film qu'on regarde en se grattant, et en épluchant des chataignes en même temps, ce genre de précieux petits plaisirs; Oui. J'ai d'ailleurs aimé lire hier soir les trois quarts , d'un coup, avant de bien dormir.
One shot.
de
Philippe Besson
Je viens de finir ce court roman . Pas désagréable, j'ai même eu plaisir à cette lecture rapide (Ramuz c'est pas le même rythme par exemple , hugh hugh)
J'ai eu plaisir à le lire parce qu'il n'est pas bête, assez sensible, mais je dois préciser aussi que ses objets sont assez banals.Je n'ai rien contre à priori.
Mais j'ai sur la longueur été un peu garce, en relevant des formes moins élégantes dans ce phrasé clair et souple.
Par exemple, c'est moyen je trouve, cette manie de mettre une phrase de dialogue toutes les deux pages, et entre ces deux pages, d'en faire commentaire sous la forme d'une ratiocination :
"Veux-tu du thé ?"
Elle se rappela en lui posant la question toutes ces fois où peu à peu il accepta de goûter, puis aimer ces infusions de plantes , si éloignées des valeurs viriles que le café marquait en son corps" et ça dure ainsi deux paragraphes, puis il y a la réponse :
"Très peu, oui."
Ronald avait longtemps prit du thé en repensant à Rolande, puis le temps avait fait son oeuvre, il avait cessé d'y associer son amante, et enfin un jour , il avait apprit ce qu'elle avait toujours voulu lui transmettre , la notion de dégustation. C'est Martine qui lui avait permis de reconnaitre ce savoir. A elle il avait toujours répondu "tres peu", figeant en l'instant ce que la dégustation pure pouvait enclore de sens.
"C est un thé fumé" etc etc
Bon je plagie, évidemment. Ce n'est pas un extrait , j'invente.
Le personnage féminin principal est un auteur de théâtre, c'est dommage que Besson n'en ait pas tiré envie d'être plus confiant en ses dialogues, les sous-commenter ainsi est finalement un peu casse-bonbon. Enfin, c'est sa manière après tout.
Mais lorsque je lis "Le serveur apporte le club sandwich promis et une assiette de petits en cas qu'ils vont s'empresser de dévorer", je me dis irrémédiablement que je rendrai compte de cette lecture dans la rubrique "La grosse flemme".
Parce que:
"s'empresser" c'est un peu facile, c est totalement laid, et "dévorer" aussi dans la mesure où l'auteur n'a jamais mis en place un champ lexical de l'animalité sauvage, je ne vois pas pourquoi ils devraient devenir des oesophages d'un coup, au détour d'une phrase et d'un club sandwich. Enfin, si je vois : l'auteur est pressé, comme moi, de finir ce livre. C'etait sympa, comme sous le coude. Surtout au début.
L'amie qui m'a offert ce livre aime beaucoup Besson, mais je comprends pourquoi, ça se lit bien, fluide, c'est assez sensible, c'est familier, un film qu'on regarde en se grattant, et en épluchant des chataignes en même temps, ce genre de précieux petits plaisirs; Oui. J'ai d'ailleurs aimé lire hier soir les trois quarts , d'un coup, avant de bien dormir.
One shot.
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Philippe Besson
Bien vu Nadine, on s'empresse toujours de dévorer les en-cas : toute la force du cliché ! donc une lecture sans surprise ?
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Philippe Besson
On peut dire ça, sans surprise.
Sauf ce procédé, là, des dialogues entrecoupés de leur explicitation "pathosystique", un procédé osé !!
Sauf ce procédé, là, des dialogues entrecoupés de leur explicitation "pathosystique", un procédé osé !!
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Philippe Besson
Nadine, je n'ai pas relevé ce procédé dans mes lectures de Philippe Besson, mais je suis une lectrice qui analyse moins le style que toi. J'ai eu des lectures très contrastées de cet auteur , l'une excellente (Mon frère) l'autre sans doute encore plus critique que toi. J'en suis là. Ton comm ne fait pas pencher la balance du bon côté. Je vais quand même prendre le temps de lui ouvrir un fil (Mon frère le mérite, j'avais trouvé)
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Philippe Besson
Je t'ai lu sur Parfum , topocl. Je sais donc.
Bah oui ça a l'air hétérogène, les avis.
Je parlerai de Mon frère à ma copine, j espere réussir à dialoguer franchement avec elle, c est toujours délicat lorsqu'on reçoit un cadeau, de ne pas adhérer totalement . Enfin, pas délicat, mais tu vois ce que je veux dire.
Alors les petites mains peuvent rappatrier tout ça sur le fil désolée pour ma flemme !
Bah oui ça a l'air hétérogène, les avis.
Je parlerai de Mon frère à ma copine, j espere réussir à dialoguer franchement avec elle, c est toujours délicat lorsqu'on reçoit un cadeau, de ne pas adhérer totalement . Enfin, pas délicat, mais tu vois ce que je veux dire.
Alors les petites mains peuvent rappatrier tout ça sur le fil désolée pour ma flemme !
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Philippe Besson
Nadine a écrit:, c est toujours délicat lorsqu'on reçoit un cadeau, de ne pas adhérer
Oui, c'est un truc qu'on a tous vécu un jour ou l'autre...
(Le fil je ferai ça ce soir ou demain, quand je serai plus sur le Macamamaman )
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Philippe Besson
je le ferai sinon, pareil, ce soir sans doute. (Le macamamaman ? wahhh inspirant ! Qu'est ce que ça peut bien être... ^^)
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Philippe Besson
huhu. j'aime bien ce commentaire, l'image du film et les extraits inventés.
_________________
Keep on keeping on...
Re: Philippe Besson
Le Mac à ma maman.Nadine a écrit:je le ferai sinon, pareil, ce soir sans doute. (Le macamamaman ? wahhh inspirant ! Qu'est ce que ça peut bien être... ^^)
Je suis chez ma mère, là, sur son Mac.
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Philippe Besson
en tout cas Nadine toi tu le rognes bien l'auteur
elle est sans concession ton analyse de la phrase : "s'empresser" c'est un peu facile, c est totalement laid, et "dévorer" aussi dans la mesure où l'auteur n'a jamais mis en place un champ lexical de l'animalité sauvage, je ne vois pas pourquoi ils devraient devenir des oesophages d'un coup, au détour d'une phrase et d'un club sandwich.
tu peux expliquer ce que j'ai mis en gras stp
je n'ai jamais lu cet auteur !
elle est sans concession ton analyse de la phrase : "s'empresser" c'est un peu facile, c est totalement laid, et "dévorer" aussi dans la mesure où l'auteur n'a jamais mis en place un champ lexical de l'animalité sauvage, je ne vois pas pourquoi ils devraient devenir des oesophages d'un coup, au détour d'une phrase et d'un club sandwich.
tu peux expliquer ce que j'ai mis en gras stp
je n'ai jamais lu cet auteur !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Philippe Besson
Bédoulène, ce que je voulais dire, c'est que le vocabulaire associé aux descriptions de ce couple ne met pas l'accent sur une animalité particulière, ou une attitude particulierement spontanée, non plus.
Au contraire, les adjectifs qui les qualifient, les descriptions de leurs attitudes les font imaginer plutôt maîtres d'eux-même, assez raffinés, érotiques sans excès, sensuels tout en retenue,
du coup cette phrase hyper clichée semble échappée à l'auteur.
Il a passé les 60 dernieres pages à décrire les retrouvailles d'un ancien couple passionné mais meurtri, où tout se joue dans la retenue de chacun, et pour exprimer que la faim les réunie comme antan autour de l'en cas de ce bar, il écrit ça.
pouf.
j'espere que tu vois mieux ce que je voulais dire.
Si auparavant il avait écrit "Encore une fois elle bu vivement son verre de martini, prit dans les serres de ses ongles peints", ou "avides, ils buvaient verre sur verre, tout leur corps habité par l'impatience fiévreuse des retrouvailles" ou je ne sais quoi, "serre", avides" auraient déjà constitué un début de lexique, de champ lexical, qui nous aurait préparé à voir leur repas comme l'animalité suprême, l'énergie je veux dire, et le corps. Tu me suis mieux j'espere.
Bon le coup de l'animalité, c'est sûr, fallait suivre. Le côté glouton ou spontané disons.
Au contraire, les adjectifs qui les qualifient, les descriptions de leurs attitudes les font imaginer plutôt maîtres d'eux-même, assez raffinés, érotiques sans excès, sensuels tout en retenue,
du coup cette phrase hyper clichée semble échappée à l'auteur.
Il a passé les 60 dernieres pages à décrire les retrouvailles d'un ancien couple passionné mais meurtri, où tout se joue dans la retenue de chacun, et pour exprimer que la faim les réunie comme antan autour de l'en cas de ce bar, il écrit ça.
pouf.
j'espere que tu vois mieux ce que je voulais dire.
Si auparavant il avait écrit "Encore une fois elle bu vivement son verre de martini, prit dans les serres de ses ongles peints", ou "avides, ils buvaient verre sur verre, tout leur corps habité par l'impatience fiévreuse des retrouvailles" ou je ne sais quoi, "serre", avides" auraient déjà constitué un début de lexique, de champ lexical, qui nous aurait préparé à voir leur repas comme l'animalité suprême, l'énergie je veux dire, et le corps. Tu me suis mieux j'espere.
Bon le coup de l'animalité, c'est sûr, fallait suivre. Le côté glouton ou spontané disons.
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Philippe Besson
Et un fil arrangé comme si de rien n'était.
_________________
Keep on keeping on...
Re: Philippe Besson
Merci Animal ! Topocl va pouvoir rapatrier sa belle critique de Son frère à la suite, en plus.
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Philippe Besson
merci Nadine, je comprends mieux ton reproche à l'auteur !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Philippe Besson
Philippe Besson, pour moi, au fil des années, ça a été la douche écossaise. J'avais plutôt aimé la tentation de Thomas Spencer, et après j'avais adoré
Son frère
Philippe Besson, je n’avais jamais rien lu de lui. Je le mettais une peu dans la case Marc Levy, peut-être la case juste avant. J’ai bien aimé la couverture de son dernier livre, Retour parmi les hommes (qui m’évoque Henry Fonda dans les Raisins de la Colère)
Son frère est un « Petit Roman Parfait »
Thomas et Lucas Andrieu sont nés à 15 mois d’écart. Ensemble ils ont joué sur les plages de l’île de Ré, vers la maison familiale. Une enfance ordinaire et heureuse. On les prenait pour des jumeaux. Vers 15 ans, Thomas s’est mis à aimer les filles et pour Lucas, c’était les garçons. Ce fut leur première différence, elle les a plutôt rapprochés. A 25 ans une deuxième différence les a définitivement soudés : Thomas a appris qu’il était malade, il a su qu’il allait mourir. ils ne se sont plus quittés. Ils ont partagé les derniers mois dans une fusion totale, par delà les mots. Ils sont retournés sur leur île, ils ont affronté la douleur , l’espoir vaincu, les proches qui s’éloigne , la dérisoire solitude face à la toute puissance scientifique.
Sur ce thème très dangereux, Besson a produit un texte d’une grande beauté, absolument pas tire-larme, en même temps complètement, désespéré et lumineux. Il n’y a pas un mot de trop, tout est indispensable et magnifique, on a souvent envie de relire des pages à peine les a t’on finies. Il y a un grand respect de l’homme, de la force et de la fragilité, et une infinie dignité dans ce texte.
C’est extrêmement distancié et en même temps l’émotion qui vous envahit. Il a un style tout en redondances, en répétitions qui marquent l’obsession de la douleur.
Un livre qui se lit en une soirée (impossible de remettre la fin – pourtant connue - à demain) et à garder au cœur toute une vie. Je vais sûrement lire d’autres Philippe Besson, lui enlever l’étiquette stupide que je lui avais collée, et même s’ils me déçoivent , il restera l’homme qui a écrit Son frère.
J’ai vu que Chéreau en a tiré un film, mais cela me fait plutôt peur. Chéreau n’est pas quelqu’un qui travaille dans la subtilité…
(commentaire récupéré)
mots-clés : #famille #identitesexuelle #pathologie
Son frère
Philippe Besson, je n’avais jamais rien lu de lui. Je le mettais une peu dans la case Marc Levy, peut-être la case juste avant. J’ai bien aimé la couverture de son dernier livre, Retour parmi les hommes (qui m’évoque Henry Fonda dans les Raisins de la Colère)
- Spoiler:
Son frère est un « Petit Roman Parfait »
Thomas et Lucas Andrieu sont nés à 15 mois d’écart. Ensemble ils ont joué sur les plages de l’île de Ré, vers la maison familiale. Une enfance ordinaire et heureuse. On les prenait pour des jumeaux. Vers 15 ans, Thomas s’est mis à aimer les filles et pour Lucas, c’était les garçons. Ce fut leur première différence, elle les a plutôt rapprochés. A 25 ans une deuxième différence les a définitivement soudés : Thomas a appris qu’il était malade, il a su qu’il allait mourir. ils ne se sont plus quittés. Ils ont partagé les derniers mois dans une fusion totale, par delà les mots. Ils sont retournés sur leur île, ils ont affronté la douleur , l’espoir vaincu, les proches qui s’éloigne , la dérisoire solitude face à la toute puissance scientifique.
Sur ce thème très dangereux, Besson a produit un texte d’une grande beauté, absolument pas tire-larme, en même temps complètement, désespéré et lumineux. Il n’y a pas un mot de trop, tout est indispensable et magnifique, on a souvent envie de relire des pages à peine les a t’on finies. Il y a un grand respect de l’homme, de la force et de la fragilité, et une infinie dignité dans ce texte.
C’est extrêmement distancié et en même temps l’émotion qui vous envahit. Il a un style tout en redondances, en répétitions qui marquent l’obsession de la douleur.
Un livre qui se lit en une soirée (impossible de remettre la fin – pourtant connue - à demain) et à garder au cœur toute une vie. Je vais sûrement lire d’autres Philippe Besson, lui enlever l’étiquette stupide que je lui avais collée, et même s’ils me déçoivent , il restera l’homme qui a écrit Son frère.
J’ai vu que Chéreau en a tiré un film, mais cela me fait plutôt peur. Chéreau n’est pas quelqu’un qui travaille dans la subtilité…
« Alors que la pluie continue de tomber sur l’île, sur la mer, sur St Clément, sur la maison silencieuse, il prend soudain la parole pour dire qu’il veut une tombe, quelque chose qui relie à la terre, qui ramène à elle. Bien sûr, lorsqu’on meurt sur une île, on envisage que le corps soit brûlé et les cendres jetées à la mer. Mais non, il insiste : il veut une sépulture, un lieu identifié, un socle sur lequel on se recueillera. Il dit qu’il veut du marbre, comme une trace qu’on laisse, un héritage qu’on lègue, un lien avec ce qui fut pour ceux qui restent. Il dit que, sous le nom il faudra apposer la date de naissance et celle de la mort, des jours comme des repères. Il ne faut pas perdre la mémoire de ça. Il dit qu’il n’a pas de rêve illusoire de grandeur et de postérité, simplement la conviction que le souvenir s’exprime dans ces poses silencieuses qu’on prend devant les pierres tombales, dans ces recueillements distraits ou émus au pied des dépouilles. Il dit qu’il veut voisiner avec ceux qui sont morts avant lui, les jeunes hommes fauchés dans le plus bel âge sur les champs de bataille et dont il regarde le visage d’enfant sur des cartes postales en noir et blanc, les veuves octogénaires qui ont promené leurs silhouettes de deuil pendant d ‘interminables années, les corps que la maladie a emportés, qu ‘un accident a mutilés. Il dit que c’est l’histoire d’un pays, d’un siècle qui se raconte dans les cimetières de France, qu’il souhaite être de cette histoire, que l’éparpillement des cendres au large de côtes qu’on a aimées, ça ne peut pas remplacer cela.(…) Il dit qu’il veut des fleurs, des couronnes, ce décorum un peu vulgaire, un deuil éclatant, celui qu’on montre, qu’on expose, afin de ne pas le conserver par-devers soi, afin de l’expulser, de l’accomplir véritablement. Il dit qu’il faudra des larmes, des évanouissements peut-être, des manifestations spectaculaires, que la souffrance s’exprime plutôt que d’être contenue. Il dit que ce sera une belle cérémonie : il compte sur moi. »
(commentaire récupéré)
mots-clés : #famille #identitesexuelle #pathologie
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Philippe Besson
topocl a écrit: Je vais sûrement lire d’autres Philippe Besson, lui enlever l’étiquette stupide que je lui avais collée, et même s’ils me déçoivent , il restera l’homme qui a écrit Son frère.
Bon alors c'est sûr après ça a été la grosse déception, donc, comme je l'ai dit, Besson reste celui qui a écrit Son frère.
(Mais bon, je ne désarme pas , j'ai réservé Arrête avec tes mensonges à la médiathèque)
En l'absence des hommes
Nous sommes en 1916, et les hommes sont donc en effet assez absents du paysage. Nous lisons le carnet intime d’un jeune aristocrate de 16 ans « yeux verts en amande, la chevelure noire, la peau de fille » se décrit-il lui même. Très imbu de sa personne, un peu supérieur au prétexte qu’il veut mener sa vie lui même sans écouter les avis de ses parents (superbement méprisés) ou de la société (qui ne vaut pas mieux), fait particulièrement inhabituel à cet âge… Assez donneur de leçons.
Il se lie d’amitié avec Marcel Proust (Proust n’est jamais nommé, mais très clairement identifiable, et au cas où on serait vraiment inculte le quatrième de couverture nous sauve en nous donnant la solution) Ils ont des entretiens passionnés où Vincent semble mener Proust par le bout du nez , lui lance des réparties clairvoyantes, éponge ses confidences alors que lui reste noblement sur la réserve.
Dans le même temps il a une liaison passionnelle avec le fils de la gouvernante, Arthur, 21 ans, en permission pour une semaine à Paris, traumatisé par les tranchées, on le serait à moins. C’est l’amour-passion, mais Vincent , là encore reste sur son quant-à-soi.
Bien sûr Arthur va mourir à la guerre, bien sûr Proust va décevoir Vincent, qui n’aura plus qu’une solution, partir découvrir le vaste monde.
Tous cela est plein de poncifs « la guerre, c’est… », « l’amour, c’est quand… », « l’amitié c’est comme si… »
Philippe Besson caricature son style habituel fait de répétitions, d’énumération explicatives, d’anaphores sans fin…
Lourd…Heureusement très court, sinon il me serait tombé des mains. Et aucune envie de retrouver Vincent, ce jeune héros arrogant , antipathique et présomptueux, 7 ans plus tard dans le tome suivant De retour parmi les hommes.
(commentaire récupéré)
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Philippe Besson
j'y reviendrai aussi sans doute, l'amie qui m'en a chaudement parlé m'encourage en cela, ainsi que toi Topocl.
Nadine- Messages : 4832
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 48
Re: Philippe Besson
"Arrête avec tes mensonges"
A 17 ans, en 1984, dans sa petite vie provinciale et médiocre, l'année du bac, Philippe Besson a connu un grand amour avec Thomas Andrieu un jeune homme farouche, mais tendre, tout le contraire de lui : fils d'agriculteur, sans culture livresque, voué à rester au pays. Une folie passionnelle de quelques mois qui a fini bêtement, comme elle devait finir, quand Philippe est parti à la fac.
Ils ne se sont jamais revus. Philippe a croisé son fils , par hasard, en 2007, puis encore en 2016, après le décès de Thomas (je ne dévoile rien, ses dates sont écrites à la première page : le livre est dédié à Thomas Andrieu, ce qu'il l'ancre dans la réalité.
C'est un premier amour , qui reste indéfectiblement inscrit en lui, et laisse des traces dans tous les romans.. Et cette hisoire prend une tournure totalement pathétique avec ces deux rencontres, où il apprend l'empreinte que cela avait laissée en Thomas, de ces histoires dont on dit que la réalité dépasse la fiction.
Tout cela est vrai, bien sûr (c'est écrit sur le quatrième de couverture, qui n'est qu'une des pièces du jeu). Mais Philippe Besson est un malin. Il raconte comment il a toujours cultivé le mensonge : "Arrête avec tes mensonges", lui disait toujours sa mère. il dut en quoi cela a nourri son œuvre de romancier. Il insiste sur le fait que depuis toujours, pour lui écrire, c’est inventer. Et il appelle son livre "Roman". Déclarant que tout est vrai, il sème en même temps le doute : quelle est la part de la fiction, l'invention, du rêve, du fantasme, de la reconstitution ? Il interroge très habilement le rôle de l'écrivain.
L'écriture n'est pas toujours folichonne, certes (la première page a failli me faire refermer le livre), la description de l'adolescence en province donne l'impression d'avoir été lue cent fois. Mais voilà, j'ai été emportée par cette intelligence narrative. Et par le fait que Philippe Besson est quand même très fort pour raconter la première transgression d'un garçon sage, pour faire ressentir la complexité des personnages, leurs douleurs, leurs errances, le poids porté au fil des années, les regrets. J'ai été vraiment touchée par cette histoire.
mots-clés : #autofiction #creationartistique #identitesexuelle
A 17 ans, en 1984, dans sa petite vie provinciale et médiocre, l'année du bac, Philippe Besson a connu un grand amour avec Thomas Andrieu un jeune homme farouche, mais tendre, tout le contraire de lui : fils d'agriculteur, sans culture livresque, voué à rester au pays. Une folie passionnelle de quelques mois qui a fini bêtement, comme elle devait finir, quand Philippe est parti à la fac.
Ils ne se sont jamais revus. Philippe a croisé son fils , par hasard, en 2007, puis encore en 2016, après le décès de Thomas (je ne dévoile rien, ses dates sont écrites à la première page : le livre est dédié à Thomas Andrieu, ce qu'il l'ancre dans la réalité.
C'est un premier amour , qui reste indéfectiblement inscrit en lui, et laisse des traces dans tous les romans.. Et cette hisoire prend une tournure totalement pathétique avec ces deux rencontres, où il apprend l'empreinte que cela avait laissée en Thomas, de ces histoires dont on dit que la réalité dépasse la fiction.
Tout cela est vrai, bien sûr (c'est écrit sur le quatrième de couverture, qui n'est qu'une des pièces du jeu). Mais Philippe Besson est un malin. Il raconte comment il a toujours cultivé le mensonge : "Arrête avec tes mensonges", lui disait toujours sa mère. il dut en quoi cela a nourri son œuvre de romancier. Il insiste sur le fait que depuis toujours, pour lui écrire, c’est inventer. Et il appelle son livre "Roman". Déclarant que tout est vrai, il sème en même temps le doute : quelle est la part de la fiction, l'invention, du rêve, du fantasme, de la reconstitution ? Il interroge très habilement le rôle de l'écrivain.
L'écriture n'est pas toujours folichonne, certes (la première page a failli me faire refermer le livre), la description de l'adolescence en province donne l'impression d'avoir été lue cent fois. Mais voilà, j'ai été emportée par cette intelligence narrative. Et par le fait que Philippe Besson est quand même très fort pour raconter la première transgression d'un garçon sage, pour faire ressentir la complexité des personnages, leurs douleurs, leurs errances, le poids porté au fil des années, les regrets. J'ai été vraiment touchée par cette histoire.
mots-clés : #autofiction #creationartistique #identitesexuelle
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Philippe Besson
J'avoue n'avoir jamais lu de livre de Philippe Besson et je ne voudrais pas faire de procès d'intention.
Simplement pour signaler que cet écrivain, qui a publié dernièrement un ouvrage hagiographique sur Macron, vient d'être nommé consul de France à Los Angeles (mais il n'y a pas eu de "copinage" certifie Macron ).
Ce qui n'est pas innocent en revanche est le fait que le poste ait été occupé dans le passé par Romain Gary, admirateur de de Gaulle ; manière pour Jupiter de se référer au grand Commandeur... Besson sera-t-il à la hauteur de Gary qui avait tiré de son expérience un ouvrage admirable "Chien blanc" ? Attendons de voir...
Simplement pour signaler que cet écrivain, qui a publié dernièrement un ouvrage hagiographique sur Macron, vient d'être nommé consul de France à Los Angeles (mais il n'y a pas eu de "copinage" certifie Macron ).
Ce qui n'est pas innocent en revanche est le fait que le poste ait été occupé dans le passé par Romain Gary, admirateur de de Gaulle ; manière pour Jupiter de se référer au grand Commandeur... Besson sera-t-il à la hauteur de Gary qui avait tiré de son expérience un ouvrage admirable "Chien blanc" ? Attendons de voir...
ArenSor- Messages : 3366
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Rue du Nadir-aux-Pommes
Page 1 sur 3 • 1, 2, 3
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones
Page 1 sur 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|