Laurent Demoulin
Page 1 sur 1 • Partagez
Laurent Demoulin
Laurent Demoulin est un romancier, poète et critique belge d'expression française. Il est en outre chargé de plusieurs cours de littérature à l'Université de Liège.
Né en 1966, il étudie à l'Université de Liège, où il enseigne par la suite. Son mémoire pour l'obtention du grade de licencié en philologie (1990) s'intitule Génération Toussaint. Description de la nouvelle tendance du roman français. Sa thèse de doctorat porte quant à elle sur Francis Ponge.
Il a contribué à plusieurs revues telles que Textyles (dont il a codirigé avec Pierre Piret le numéro 38, consacré à Jean-Philippe Toussaint), Le Fram et La Clinique Lacanienne. Il est en outre responsable des Centre d'études et Fonds Georges-Simenon de l'Université de Liège et a dirigé le numéro 102 des Cahiers de L'Herne, consacré à cet auteur.
Depuis 2012, il fait partie du comité éditorial de la collection Espace Nord, dont est propriétaire la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Wikipedia
Bibliographie
Roman
Robinson, Gallimard, 2016
Poésie
Ulysse Lumumba, , Éditions Talus d'Approche, 2000
Filiation, Éditions Le Fram, 2001
Trop tard, Tétras Lyre, 2007,
Même mort, Éditions du Fram, 2011
L’Après. Notes éparses au sujet de la poésie (et de la prose), numéro Hors-série (n°32) de La Bafouille incontinente, décembre 2013
Ulysse Lumumba, édition revue et largement augmentée, Le Cormier, 2014
Palimpseste insistant, Tétras Lyre, 2014
Essais
L'hypocrisie pédagogique, Éditions Talus d'Approche, 1999
Une rhétorique par objet : Les mimétismes dans l'œuvre de Francis Ponge, Hermann, 2011
Cahiers de l’Herne Georges Simenon (dir.), L’Herne, 2013
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Laurent Demoulin
Robinson
Laurent Demoulin a deux vies. Dans le civil il est un universitaire brillant, spécialiste des mots et de Francis Ponge, amateur de Roland Barthes, vivant toujours un livre à la main, et poète. Dans l'intime il est le père non-autiste de Robinson, enfant oui-autiste, "enfant auquel l'enfance est volée et enfant volant dans l'éternelle enfance". Robinson, à qui son père voue un « amour pur», ne parle pas, ne contrôle ses excréments que comme aire de jeux ou comme langage personnel. Robinson vit des joies furieuses et des besoins incontrôlables, des colères assassines et des angoisses insondables, tous impossibles à décrypter.
Laurent Demoulin écrit ce "roman", « bouée de sauvetage grâce à laquelle j'évite la noyade" . On se doute bien que l'un des rares éléments fictionnels est ce prénom, Robinson, pour son enfant-bulle, son enfant-île, son enfant-sauvage, dont l'auteur essaie au mieux de s'approprier l'insaisissable logique illogique. Laurent Demoulin parle d'amour et de merde, de patience et de bulles de savon, de surplace et de jour-le-jour, de corps qui se love et de main tendue. Il décortique cet amour d'un père pour son fils, où chaque instant est un défi, un exploit impossible, avec une humilité fière, qui m'a touchée (plus, même) à chaque chapitre, à chaque page, à chaque mot..
Laurent Demoulin a un regard confondant d'empathie et de tendresse, et raconte cela avec une vraie écriture de poète, qui rêve ce monde étrange , "le drame de [sa] vie" , en image magiques. A travers cet enfant-autre, aidé des réminiscences résilientes de sa propre enfance heureuse, Laurent Demoulin apprend à se regarder et regarder le monde autrement, et cet autrement interagit avec son univers propre hautement poétique et réfléchi , pour construire un autre Laurent Demoulin, être lumineux, courageux, avançant à tâtons malgré son désespoir éternel.
Il approche humblement d'une appréhension ( à défaut d'une compréhension) du monde étrange de son enfant, pour mieux l'approcher, et mieux l'aimer.
On parlait sur un autre fil de bonheur. Robinson (je pense aussi à d'autres livres comme Dernières nouvelles du martin pêcheur de Bernard Chambaz, ou Dans ma peau de Guillaume de Fontclare ) est, mieux que n'importe quel discours théorique, profond ou fumeux, une extraordinaire quoique paradoxale leçon de bonheur. Non pas tant par cette réaction initiale, à la fois imbécile et égoïste, qui vous fait bien vite déceler le bonheur de vos jours d'avoir échappé à cela, un enfant autiste (ou un enfant mort, ou une maladie grave). Mais un questionnement soudain vous saisit pour vous demander si, au contraire, vous ne vous êtes pas privé, par vos petits bonheurs-plaisirs mesquins, d'une intensité de l'instant, d'une hauteur dans la dignité et l'amour, au final : une dignité et une humanité qui donnent sens - encore faut-il en être capable.
Lors d'un débat suivant un film sur une enfant autiste, j'avais été choquée (quoique comprenant le propos volontairement dérangeant et provocateur) par une femme qui disait : parfois je vous envie cela. Mais ce genre de livre me la fait mieux comprendre: fuir une rationalité facile, accéder à une bonté, un vivre-juste en quelque sorte, qui peut être tout aussi important que le vivre-heureux.
mots-clés : #famille #pathologie
Laurent Demoulin a deux vies. Dans le civil il est un universitaire brillant, spécialiste des mots et de Francis Ponge, amateur de Roland Barthes, vivant toujours un livre à la main, et poète. Dans l'intime il est le père non-autiste de Robinson, enfant oui-autiste, "enfant auquel l'enfance est volée et enfant volant dans l'éternelle enfance". Robinson, à qui son père voue un « amour pur», ne parle pas, ne contrôle ses excréments que comme aire de jeux ou comme langage personnel. Robinson vit des joies furieuses et des besoins incontrôlables, des colères assassines et des angoisses insondables, tous impossibles à décrypter.
Dehors, le soleil est toujours anormalement chaud : le printemps fait semblant d'être l'été, à la façon dont Robinson et moi faisons semblant d'être un père et un fils.
Laurent Demoulin écrit ce "roman", « bouée de sauvetage grâce à laquelle j'évite la noyade" . On se doute bien que l'un des rares éléments fictionnels est ce prénom, Robinson, pour son enfant-bulle, son enfant-île, son enfant-sauvage, dont l'auteur essaie au mieux de s'approprier l'insaisissable logique illogique. Laurent Demoulin parle d'amour et de merde, de patience et de bulles de savon, de surplace et de jour-le-jour, de corps qui se love et de main tendue. Il décortique cet amour d'un père pour son fils, où chaque instant est un défi, un exploit impossible, avec une humilité fière, qui m'a touchée (plus, même) à chaque chapitre, à chaque page, à chaque mot..
Le monde compte 1 339,7 millions de Chinois, 313,8 millions d'États-Unis , des femmes, des hommes et des enfants, des clercs de notaires, des marchands de quatre saisons et des caissières de supermarchés, et de toutes et de tous, je n'attends qu'une parole, qui ils et elles un jour me disent : debout face à l'angoisse, les mains dans la merde, les yleux incapables de quitter un enfant plus de quelques secondes, le dos brisé par le présent, le ventre tiraillé par l'avenir, noyé dans un amour paternel filial innommable, affrontant chaque instant mille dangers, tu es, des temps postmodernes, le héros.
Laurent Demoulin a un regard confondant d'empathie et de tendresse, et raconte cela avec une vraie écriture de poète, qui rêve ce monde étrange , "le drame de [sa] vie" , en image magiques. A travers cet enfant-autre, aidé des réminiscences résilientes de sa propre enfance heureuse, Laurent Demoulin apprend à se regarder et regarder le monde autrement, et cet autrement interagit avec son univers propre hautement poétique et réfléchi , pour construire un autre Laurent Demoulin, être lumineux, courageux, avançant à tâtons malgré son désespoir éternel.
Ai-je toujours eu un enfant dans les bras ? Calé sur mon flanc droit, à cheval sur mon bassin, les mains sur mes épaules, les fesses soutenu espar mon bras le plus solide ? La vie au coin de ma vie ?
Il approche humblement d'une appréhension ( à défaut d'une compréhension) du monde étrange de son enfant, pour mieux l'approcher, et mieux l'aimer.
Car contrairement au sens courant du terme, qui veut que l'autisme désigne une forme de coupure avec le monde, de total repli sur soi, je tiens pour vrai qu'il s'agit d'une forme de contamination du sujet par le monde extérieur, contamination désordonnée, éclatée, absurde, non signifiante, prolifération folle d'altérité insaisissable. Qu'est-ce qui nous tient à distance de l'autre sinon le langage ? Sans langage, l'autre est partout, en nous, autour de nous, à travers nous.
On parlait sur un autre fil de bonheur. Robinson (je pense aussi à d'autres livres comme Dernières nouvelles du martin pêcheur de Bernard Chambaz, ou Dans ma peau de Guillaume de Fontclare ) est, mieux que n'importe quel discours théorique, profond ou fumeux, une extraordinaire quoique paradoxale leçon de bonheur. Non pas tant par cette réaction initiale, à la fois imbécile et égoïste, qui vous fait bien vite déceler le bonheur de vos jours d'avoir échappé à cela, un enfant autiste (ou un enfant mort, ou une maladie grave). Mais un questionnement soudain vous saisit pour vous demander si, au contraire, vous ne vous êtes pas privé, par vos petits bonheurs-plaisirs mesquins, d'une intensité de l'instant, d'une hauteur dans la dignité et l'amour, au final : une dignité et une humanité qui donnent sens - encore faut-il en être capable.
Lors d'un débat suivant un film sur une enfant autiste, j'avais été choquée (quoique comprenant le propos volontairement dérangeant et provocateur) par une femme qui disait : parfois je vous envie cela. Mais ce genre de livre me la fait mieux comprendre: fuir une rationalité facile, accéder à une bonté, un vivre-juste en quelque sorte, qui peut être tout aussi important que le vivre-heureux.
Personne n'est normal, me disait mon frère César quand nous étions adolescents. Je croyais qu'il avait tort, je cherchais des exemples pour le contredire : il avait raison.
mots-clés : #famille #pathologie
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Laurent Demoulin
Voilà un commentaire qui me parle ....
- Spoiler:
- Et me bouleverse presque ...
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Laurent Demoulin
Je m'en doutais .églantine a écrit:Voilà un commentaire qui me parle ....
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens francophones
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|