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Gaïto Gazdanov

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Message par tom léo Mer 29 Mar - 22:31

Gaïto Gazdanov
(alias Alfredo Gaito)

1903-1971


psychologique - Gaïto Gazdanov Gazdan10

Gaito Gazdanov (Гайто Газда́нов) (1903-1971) est un écrivain de l'émigration Russe d'origine Ossète. Son vrai nom est Georgi Ivanovich Gazdanov (Георгий Иванович Газда́нов). Il est né à Saint-Pétersbourg mais a grandi en Sibérie et en Ukraine, où son père travaillait comme garde forestier. Il prit part à la Guerre civile russe aux côtés de l'Armée blanche de Wrangel. En 1923 il fuit via Constantinople, la Bulgarie et s'établit à Paris, où il occupa de nombreux emplois tels que manutentionnaire ou ouvrier aux usines Citroën, ou chauffeur de Taxi. Malgré la difficulté de la vie d'immigrant russe il parvint à terminer avec succès ses études à la faculté d'histoire de la Sorbonne.

Le premier roman de Gazdanov — Une soirée avec Claire (1929) — remporta un grand succès et le propulsa sur la scène littéraire. Pour la force évocatrice de ses premiers récits, Gazdanov fut décrit par les critiques comme l'un des écrivains les plus talentueux ayant débuté dans l'émigration. Néanmoins, ses livres des années 1930 sont difficilement comparables aux œuvres de Vladimir Nabokov : il leur manque une solide construction narrative.

Les œuvres de maturité furent publiées après la seconde guerre mondiale. Sa maîtrise des histoires criminelles et des détails psychologiques apparaissent dans ses deux romans les plus célèbres : Le Spectre Alexandre Wolf et Le Retour du Bouddha.

En 1953, Gazdanov rejoint Radio Liberté, où il anime une émission sur la Littérature russe (sous le nom de Georgi Cherkasov), jusqu'à sa mort en 1971 à Munich d'un cancer du poumon. La communauté Ossète, menée par Valery Gergiev, a fait placer une nouvelle pierre tombale au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois à Paris.

Les œuvres de Gazdanov ne furent jamais publiées en URSS. Après des décennies d'oubli, depuis les années 1990 plus de cinquante éditions de ses œuvres ont été publiées, en particulier une édition en trois volumes (1998), suivie d'une édition en 5 volume (2009, ed. T.N.Krasavchenko) dans la Russie post-soviétique.

Oeuvres traduites en français :

9 romans et 37 nouvelles, paru à Paris, puis aussi à New York, entre autres :
Вечер у Клэр/Une soirée avec Claire (1929) : Page 1
История одного путешествия/L'Histoire d'un voyage (1934) Dernier voyage[/b]
Полёт/Le Vol (1939)
Ночные дороги/Chemins nocturnes (1941): Page 1
Призрак Александра Вольфа/ Le Spectre d'Alexandre Wolf (1947): Page 1
Возвращение Будды/Le Retour du Bouddha (1949): Page 1
Пилигримы/Pèlerins (1953)
Пробуждение/Éveils (1965)
Эвелина и её друзья/Evelyne et ses amis (1968)

Nouvelles :
Cygnes noirs : Page 1

Sources : Wikipédia : clic  , pour les titres en russe : clic, pour certaines informations complémentaires : notes de la traductrice Rosemarie Tietze vers l'allemand du « Le spectre d'Alexander Wolf ».

màj le 26/05/2018
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Message par tom léo Mer 29 Mar - 22:51

J'avais grand envie de continuer la découverte de cet auteur russe après l'impressionant « Spectre d'Alexandre Wolf « :

psychologique - Gaïto Gazdanov 41ras110

Le retour du Bouddha


Originale : Возвращение Будды (Russe, 1949)

CONTENU :

Le narrateur, un jeune étudiant russe, se lie d’amitié avec un vieux clochard qui, grâce à un héritage inattendu, devient très riche. Les deux hommes demeurent amis. Ils prennent l’habitude de se retrouver chaque semaine dans le luxueux appartement du vieil homme, jusqu’au jour où celui-ci y est retrouvé assassiné. Le narrateur est arrêté. Tout semble l’accuser... (Source : Viviane Hamy)

REMARQUES :

Si on part de ce resumé de contenu selon Viviane Hamy, on pourrait être mis sur une mauvaise piste : bien sûr on peut à juste titre trouver dans ce roman un fort élément de « polar ou thriller », avec un crime, une piste du malfaiteur, un coupable, des innocents etc, mais à voir de plus près, cette trame ne fait que commencer très en avance du livre, et se termine – dans un certain sens – plus vite qu'on ne pense. Donc, on peut certes donner des résumés  de l'action alléchante, mais l'intérêt du livre, et ce cet auteur, je le vois encore ailleurs. Comme si souvent chez des auteurs russes, on ne peut pas réduire le genre sur un seul, mais on constate un mélange de genres qui offre quelque chose à plusieurs lecteurs : Ici donc il s'agit certes aussi, en parallèle avec le roman déjà évoqué d'Alexandre Wolf, de la description d'une vie intérieure avec ses peines, ses délires, ses peurs, les questions essentielles accompagnant le narrateur.

Je vois d'un côté la description d'une réalité avec ses rencontres, problèmes et bonheurs ET, de l'autre coté, et se mélangeant si étrangement avec ce premier côté, un monde fantastique de rêves. Presque impossible, ou difficile de les discerner ici et là : cela s'interpénètrent. L'étudiant en parle lui-même dans ce domaine-là de « délire ». En cela je me sentais fortement rappelé à un mélange intéressant entre les rêves, délires de certains protagonistes de Dostoïevski et le monde fantastique, « kafkaesque », de Kafka : dans ses rêves, ses romans (voir « Le jugement » comme référence « évidente » ?), on est aussi face à un tribunal imaginaire, de rêve, entre condamnation, culpabilité et l'innocence réelle !

La plupart de ces thèmes précèdent l'action « criminalistique » du livre et placent celui-ci dans un autre contexte. La première rencontre avec un clochard se solde par une aumône qui par la force de ne pas avoir de la monnaie, mais juste un billet, se fera plus généreusement que prévu. Cela gardera les deux en mémoire l'un de l'autre, et quand plus tard l'ancien clochard fera un héritage très conséquent, l'amitié se renoue, et, à la suite, même l'installation de l'étudiant comme héritier. Après l'assassinat du riche, le jeune est logiquement accusé du meurtre.

Et dans ce contexte la finesse de Gazdanov consiste à ces questionnements intérieurs de l'étudiant ; Le sujet évoqué plus haut de ses rêves, d'une culpabilité éventuelle, d'une participation, voir d'un souhait de mort même - tout en étant innocent – revient et hante la question de l'innocence et de la culpabilité. A mon avis c'est dans ce nuage de questions que se trouve la force de ce roman.

Et son hommage, sa parenté avec des grands auteurs évoqués !

Je considère « Le spectre... » comme encore plus fort, mais néanmoins : quel œuvre aussi ici à découvrir !

On ne peut qu'être reconnaissant à Viviane Hamy de republier doucement les œuvres de cet écrivain. A regarder de plus près les liens dans les bibliothèques russes, son œuvre entier contient plusieurs volumes : donc il y a encore du matos éventuel qui nous attend ?!
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Message par Bédoulène Mer 29 Mar - 23:12

merci Tom Léo

j'ai les cygnes noirs dans ma PAL

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Message par animal Jeu 30 Mar - 22:20

psychologique - Gaïto Gazdanov 12010

Chemins nocturnes

Paris serait toujours Paris ? pas impossible si on se laisse prendre par les descriptions de ce chauffeur de taxi du siècle dernier. Paris la nuit, client fauchés ou fortunés souvent aussi mauvais les uns que les autres. Paris tout court et la diffuse communauté des exilés Russes. Ses clochards, ses alcooliques, ses travailleurs, ses prostitués. Et notre chauffeur qui mène double vie, celle de chauffeur de taxi et celle d'étudiant, raconte la première par ses pensées mélancoliques et portées sur l'esprit qui s'éprouve par l'abrutissement de cette vie et qui raconte ne sachant pas exactement si quelques victimes seront sauvées.

Rencontres au hasard, aux comptoirs entre les courses ou liens entretenus sans que l'on puisse parler d'amitié ou de compassion. Un lien, humain, froid d'intérêt pour le devenir en perdition, la fin tragique et anonyme. C'est assez sombre, très observateur, criant de vérité et parfois très bien écrit.

La chronologie du souvenir est malmenée par l'hébétude, quelques zones d'ombres savamment entretenues, cette autre vie plus acceptable, et on croise, recroise, abandonne et poursuit quelques destinées. Il n'est pas tendre avec les apparences ou les inspirations des uns et des autres. Surnagent obscurément la beauté et une vision de la culture.

Malgré tout ça patine un peu dans les dernières dizaines de pages et si dans les observations même les moins charitables on peut trouver de l'intérêt et du plaisir on peut aussi sentir poindre un peu de complaisance et la possibilité d'un effet de manche dans le récit de cette noirceur et de cette crasse de l'âme. Ce qui est un peu dommage.

La rupture des existences, celles de ce chauffeur de taxi étudiant exilé après les combats, la présence différente à soi pour vivre dans cet univers qui n'est pas souhaité mais qui pourtant fascine et attaque en mal mais aussi un peu en bien (d'où la question de la culture, ou de ces différentes formes, qui revient dans cette inhumanité) est rendue particulièrement concrète.

Je ne m'en roulerais pas par terre et je ne suis pas à l'aise avec tout (surtout sur la fin quelques pages qui ressemblent à un cocktail de mépris et de remplissage) mais ce n'est pas une lecture que je regrette et je suis curieux de lire quelque chose de plus construit de l'auteur.

(Commentaire revenu d'exil).

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Message par tom léo Sam 29 Avr - 16:03

psychologique - Gaïto Gazdanov Le-spe10

Le spectre d'Alexandre Wolf


Originale : Призрак Александра Вольфа (Russe, 1947)

Description de l'ouvrage chez amazon.fr, raccourci a écrit:Années trente : un Russe, émigré à Paris, confie le secret qui parasite son existence. À l’âge de 16 ans, alors qu’il servait dans l’armée des « blancs » monarchistes de Wrangel contre les révolutionnaires bolcheviques et les esquadrons libres, il a tué un homme. C’était le dernier été du conflit. Épuisé par les batailles, il s’assoupit quelques secondes contre un arbre. Quand il se réveilla, son groupe de partisans avait disparu. Tout à coup, un cavalier sur un immense cheval blanc surgit et le menaça de son fusil. Il sortit alors son revolver, visa et tira. Le cavalier s’effondra. Depuis la scène le hante.

Des années plus tard, le narrateur découvre dans une nouvelle anglaise écrite par un certain Alexandre Wolf, cet épisode fondamental de sa vie relaté au détail près! L’homme qu’il croyait avoir tué, seul susceptible de connaître son histoire, serait-il en vie ? Il décide alors de retrouver ce Wolf pour se défaire une fois pour toutes du fardeau qui l’accable. Il se rend en Angleterre pour mener l’enquête. L’éditeur du recueil le reçoit avec réticence et lui assure qu’il ne peut s’agir de l’individu qu’il recherche. Déçu, le narrateur rentre à Paris.

Mais le spectre n’a pas fini de le tourmenter et le rattrape à tous les détours de son existence...

REMARQUES :
C'est lors de sa parution en Allemagne après une soixantaine d'années que mon attention s'est portée sur ce livre qui, bizarrement, a connu pareillement une nouvelle traduction et édition dans la même année chez Viviane Hamy. Ce que'on pouvait en entendre et en lire m'attirait, et... : à juste titre !

On pourrait certes résumer ce livre à partir de son action, avec une perspectif chronologique en partant de la guerre civil dans le Sud de la Russie et l'événement central qui va être raconté déjà sur les premiers pages, jusqu'au lieu essentiel du roman, le Paris du milieu des années 30. C'est là qu'après le passage infructueux à Londres et chez l'éditeur, le narrateur rencontre une femme russe exilée et tombe amoureux d'elle. Et pas seulement qu'il va connaître des gens qui ont été proche de cet Alexandre Wolf, mais finalement il va aussi le rencontrer en personne.

Ce fil de narration est en soi riche et digne d'être lu. C'est assez original. D'accord. Mais finalement il me semble certain que ce roman ne veut pas juste nous raconter une suite d'actions, mais qu'il s'agit de nous faire voir cette vie intérieure, les souffrances d'une vie qui ont pensé d'avoir commis « une meurtre », même si cela avait été dans des conditions de guerre et à peine condamnable devant un tribunal séculier. L'événement hante le narrateur, il ne peut pas s'en défaire. Jamais il a pu s'en remettre des implications et des questionnements intérieurs : comme si sa vie avait été empoisonnée. Et dans la description minutieuse du vécu intérieur il est très vrai que l'auteur pourrait rappeler la finesse psychologique d'un Dostoïevski.

Et puis, ne découvre-t-il pas par l'éditeur et puis par l'ami de Wolf (Wossnessenski) que Wolf a connu, connaît un pareil empoisonnement de sa vie ? Ceci mène vers des considérations sur les parallèles entre ces deux vies, leurs ambiguïtés, voir la vie en double-face. Derrière les actions je vois avant tout l'auto-analyse constante (et celle des autres) du narrateur. Les idées énoncées sont fortes,  très impressionnantes !

Quand commence une histoire d'amour tout autre avec Hélène, la Russe mystérieuse, nous et lui pourront penser dans un premier temps à un changement de sujet, mais aussi à une guérison de l'âme. Il connaîtra par l'amour un ancre qui dévie son attention qui fut tellement liée à l'événement central. Un nouvel avenir ? Sens d'un amour ?

Ne trouve-t-on pas comme un des sujets centraux du livre la futilité de tout, l'apparente absurdité, la mort comme instance finale ?

Même s'il y a une dizaine de chapitres (dans mon édition allemande), séparés par quelques points, il s'agit néanmoins dans mon esprit d'un texte coulant d'un bout à un autre. Ceci ne signifie pas absence de rupture ! On pourrait probablement parler d'environ quatre sujets assez différents, mais ceux-ci commencent des fois au détour d'une phrase, sans annonce particulier !
Aussi nous trouvons des constructions de phrase assez tordues : des fois j'étais convaincu à la première lecture qu'il y a là une faute de la traductrice ou de la lecture de correction. Mais non : à la deuxième lecture on voit le sens, on fait comme une respiration et on continue. Dans cette nouvelle traduction allemande la langue m'a vraiment plu énormément : cela laisse deviner un original russe très... original. C'est à espérer et à croire que Viviane Hamy a mis de la peine à une bonne traduction.  Je savais que Gazdanov a travaillé à plusieurs reprises sous des pseudonymes. Mais je ne comprends pas pour l'instant pourquoi Viviane Hamy s'est décidée pour celui de Alfredo Gaito... ?!

Quelle bonne découverte d'un auteur et d'un œuvre dont j'avais rien entendu parlé jusqu'à là. Et j'ai eu l'intention de continuer cette piste !

Invitations à humer et à se délecter !


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Message par Bédoulène Sam 29 Avr - 16:11

tes invitations me sont sensibles Tom Léo (manque juste le temps)

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Message par tom léo Sam 29 Avr - 16:56

Bédoulène a écrit:tes invitations me sont sensibles Tom Léo   (manque juste le temps)

Merci! Pour le temps c'est pareil pour beaucoup d'entre nous, je suppose...

"Le spectre..." me semble le livre le plus fort de l'auteur (j'en ai lu quatre).
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Message par Tristram Sam 5 Aoû - 1:48

J'ai donc, à l'instigation avisée de Tom, lu Le Retour du Bouddha.
M'a paru très "russe" : déchéance de la diaspora blanche, fébrilité dostoïevskienne du narrateur, etc., et c'est heureux. De plus, c'est encore l'époque de la peine de mort, de l'avortement clandestin, de la colonie algérienne, du spectre bolchevique...
J'ai compris cette histoire comme une habile, assez dense mise en scène du thème de la destinée : plus encore que les coïncidences, les états seconds prémonitoires du personnage principal, le filigrane de son amour abandonné sans espoir, jusqu’à ses attentes sans expectation qui ne prennent sens que lorsqu'elles cessent (et tout fait sens, y compris le bouddha), tout semble marquer de façon significative le dénouement comme pré-écrit _ mais on n'en prend conscience qu'une fois le livre refermé.

En condamnant l'accusé à mort, nous défendons ces grands principes sur lesquels repose l'existence de la société d'aujourd'hui, comme celle de toute collectivité. Je veux parler avant tout du droit sacré de l'homme à la vie.

On appréciera !

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Message par tom léo Lun 9 Avr - 19:34

psychologique - Gaïto Gazdanov 97828710

Une soirée chez Claire


Original :  Вечер у Клэр (Russe, 1929 ; paru en 1930?)

CONTENU :
Viviane Hamy a écrit:Au moment de passer enfin une nuit avec la femme de ses rêves, Claire, Nikolaï fait défiler toute une série de souvenirs concernant sa vie, son enfance, son adolescence, jusqu'à sa rencontre avec Claire. Il replonge dans sa vie familiale, sa formation auprès du corps des cadets, ses longues conversations avec son oncle Vitali sur le sens de la vie, son engagement dans l'armée Blanche
.

REMARQUES :
Dans le temps l'événement inaugurale : la nuit passée (finalement) avec Claire, se trouve au bout d'un cheminement sur lequel l'auteur va revenir dans le mode du souvenir. Kolya ne trouvant pas le sommeil après l'amour, se rappelle leur première rencontre et puis aussi l'enfance, les personnâges-clés, le temps dans l'Armée blanche.

On pourrait justifier l'importance de Claire : elle, leur « amour », sont le cadre entre l'aboutisemment d'une nuit à Paris d'un part, et de leur début de connaissance il y a une dizaine d'année dans la Russie prérévolutionnaire. Et peut-être même au centre de l'engagement de Kolya dans l'Armée blanche, de ses espoirs en quittant la Russie ? Claire, d'origine française, est de quatre ans l'ainée de Kolya/Nikolai. Celui-ci est sous le charme, là sur la plage de jeunesse, mais n'ose pas franchir le cap. Il est certainement habité par un image plutôt que par la réalité… Et là on trouve à mon avis un des sujets clés qu'il m'a semblé trouver déjà dans d'autres œuvres de l'auteur : la distance, la relation entre rêve et réalité. (Et dix années après on est en droit de se demander s'il y a une pareille attitude envers leur   relation ; amour pour Kolya, amourette pour Claire ?

On retrouve, surtout au début, aussi ces sortes d'analyse de soi-même, dans laquelle l'imaginaire et le réél, les souvenirs ET les réflexions, se melangent.

Mais dans les souvenirs de cette nuit passée ensemble, c'est toute la vie qui défile… : la description surtout de son père originale, ou, plus tard, de son oncle Vitali, retenu, mais de bon conseil et respecté. Ces descriptions de caractères sont splendides ! Plus tard, contre le conseil de l'oncle (« tu ne seras pas sur le coté de l'avenir »...), et peut-être sans grande conviction, il s'engage dans l'Armée blanche : on se retrouve en 1919/20 et il sera sur un de ces locomotifs de combats. Mais là aussi, à coté de quelques scènes de combat plus narratives, plutôt des histoires de soldats dans leur personnalité : leur courage ou leur lâcheté, leurs motivations ou leur manque de celle-ci.  Voici une palette très large de descriptions sur les combattantes. Intéressant !

Certaines transitions et allussions sont un peu mystérieuses (pour moi). Ils soulignent peut-être un certain flou ?

Certainement le réfugié Gazdanov y a mis du sien, de ses expériences lors de la guerre civile, de la fuite, de la mélancolie éternelle de ceux qui ont perdu leurs références. Je ne classe pas ce court roman à la hauteur du « Phantôme », mais ceux qui s'intéressent à l'oeuvre de cet écrivain et sa façon d'écrire, seront satisfaits...

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Message par Bédoulène Lun 9 Avr - 21:08

merci Tom Léo, dans mes projets cet auteur (je l'ai dejà noté)

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Message par tom léo Mer 25 Avr - 8:07

psychologique - Gaïto Gazdanov 41mkba10

Cygnes noirs

Recueil de quatre nouvelles, traduit et introduit par Elena Balzamo, 2015

extrait de la 4ème de couverture : a écrit:Chacune de ces nouvelles est une fenêtre ouverte sur la destinée de Russes que le narrateur a côtoyés, perdus de vue ou retrouvés. Tout l'art de Gazdanov consiste à observer sans a priori ses frères humains, particulièrement les exilés, les déracinés en quête d'identité, pour les fixer d'un trait et en faire des personnages inoubliables. La révolution bolchevique gronde et des cohortes de Russes blancs ont rejoint la France, où leur sort a basculé. Les protagonistes incarnent magnifiquement le tragique, l'absurde et le hasard des destinées. Les souvenirs, les portraits, les intrigues nous sont contés entre rêve et réalité, dans un Paris minutieusement détaillé.


- Cygnes noirs (1930), 20 p : Le narrateur est en prise avec Pavlov qui annonce quasimment avec sang froid son suicide prochain, même calculé sur le jour prêt. Il s’agit d’un Russe exilé qui ne voit pas de sens dans sa vie « perdu » comme ouvrier en usine malgré son haut niveau intellectuel. Certaine forme d’existentialisme ? Il échappe aux catégories habituelles, n’est pas « attaché » à la vie. Ou y-avait-il au moins UNE chose qui l’avait vraiment touché ??? Est-ce qu’un dernier entretien avec le narrateur le revèlera ?

- Compagnon du soir (1939), 35 p : Voilà qu’un exilé russe rencontre sur la place public (à Parisà une personnalité âgée de la vie politique française. Celui-ci est sobre, voir : noir, et ne se fait « plus d’illusions » sur les vivants. Mais n’y-avait-il pas éventuellement une relation forte avec une femme qui l’a soutenu toute au long de sa vie ??? Ou est-ce que même cela était une illusion ?

- Office des morts (1960), 15 p : Cela joue pendant le temps de l’Occupation de la France et voit avec un œil très critique ces Russes qui vivaient comme dans un état de révolte permanente, et inconsciente, contre la réalité européenne occidentale. Comme dans une bulle. Certains même profitent de la guerre en se faisant des intermédiaires entre acheteurs allemands et commerçants français. Mais qu’est-ce qui comptera vraiment ??? La vie, elle, est transitoire. A la mort de Grisha, l’office de mort (orthodoxe) est improvisée et… inoubliable. Accepter la mort…

- Les lettres d’Ivanov (1963), 28 p : Nikolai Frantsovitch apparaît comme un homme comme il faut, au dessus de la melée, intouchable, riche. Mais aussi un peu distancié, incompréhensible. Y-a-t-il une faille dans sa vie ? Est-ce qu’il cache quelque chose ???


Donc, ici Gazdanov ne se retrouve pas tellement dans des regards (mélancoliques) en arrière de ses chers compatriotes russes, arrivés en France, mais dans leur destins proprement dit EN FRANCE, après leur fuite après la révolution, la guerre civiele, la fuite, comme exilés. Lieu des actions est pratiquemment toujours Paris.

On retrouve – comme souvent chez Gazdanov – un narrateur informé, en contact avec un tel ou tel qui raconte plutôt l’histoire de cette personne. Gazdanov est capable d’une forme superbe de parler des êtres humains entre immobilité et quête. De décrire des personnes assez saisissantes ! Qu’est-ce qui fait une existence ? Qu’est-ce qui manque (question d’exilé, question humaine par excellence!) ?

Superbe.

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Message par bix_229 Ven 11 Mai - 17:48

Je suis plongé dans la lecture de Chemins nocturnes.
Et je suis électrisé par sa lecture. J' avais longtemps remis la lecture
de Gazdanov, mais désormais je vais la poursuivre.
Tom, je te trouve un peu sévère avec l' auteur du livre.
Car enfin, est-ce l' auteur qui est cynique, cruel, ou son narrateur ?
Sachant que ses textes sont en grande partie autobiographiques.
As-tu eu la meme impression avec ses autres livres ?
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Message par tom léo Ven 11 Mai - 22:19

bix_229 a écrit:Je suis plongé dans la lecture de Chemins nocturnes.
Et je suis électrisé par sa lecture. J' avais longtemps remis la lecture
de Gazdanov, mais désormais je vais la poursuivre.
Tom, je te trouve un peu sévère avec l' auteur du livre.
Car enfin, est-ce l' auteur qui est cynique, cruel, ou son narrateur ?
Sachant que ses textes sont en grande partie autobiographiques.
As-tu eu la meme impression avec ses autres livres ?

Se peut-il que tu me confonds avec animal qui, lui, a déjà lu Chemins nocturnes et l'a commenté? C'est le livre qui me reste encore à découvrir.

En ce qui me concerne, au moins à travers les autres écrits, je me sens fervent admirateur (aïe?!) de Gazdanov que je considére vraiment comme remarquable. Ce qui est sûr c'est que son narrateur est souvent, toujours, très proche de lui, l'auteur. Si je comprends bien animal, ici le narrateur était chauffeur de taxi. C'est vrai que Gazdanov l'était aussi! Etc...
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psychologique - Gaïto Gazdanov Empty Re: Gaïto Gazdanov

Message par bix_229 Ven 11 Mai - 22:40

Oh, excuse moi ! Tom, Je rends à Animal ce qui lui appartient.
J' attendrai que tu aies lu Chemins nocturnes.
En tout cas, Gazdanov est une vraie découverte pour moi
La France a eu la chance d' avoir de grands écrivains en exil.
Meme si Gazdanov n' en a pas profité.
C' est vrai qu' il méprisait l' argent et donnait à des mendiants alors qu' il était
lui-meme dans la dèche...
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Message par bix_229 Sam 26 Mai - 18:03

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Chemins nocturnes

Le narrateur est russe, exilé à Paris comme des milliers d'autres citoyens russes des années 20.
Les vaincus de l' Histoire.
Chauffeur de taxi, comme d' autres plus huppés, princes et gentilhommes déchus, capitalistes, propriétaires terriens. Et citoyens lambda, éternelles victimes des évènements qu'ils subissent.
Pour d'autres, la chute est encore pire. Et chacun sait que la misère ne fait qu'empirer les choses. Caractère compris.
Surtout la nuit.

Il donne l'impression qu'il y a vraiment deux Paris.
Le Paris diurne qui est -semble- agréable, accueillant, touristique.
Et celui de la nuit qui fait émerger un univers grouillant et sombre qui resssemble à celui de Goya.
Il les observe, discute parfois avec eux. Mais là où d' autres noient leur désespoir ou leur nostalgie dans l' alcool, il ne boit que de l'eau.
Parfois, face à ces épaves naufragées, il affecte un ton désabusé, cynique. Mais d'autres fois aussi, il est saisi par le désespoir, une violence sauvage contre l' état des choses.
Une violence russe.
Le mystère récurrent des dérives,  vestiges d'intelligences ruinées sans retour.
Il respecte ceux qui, même dans la pire adversité, pensent encore lucidement. Comme ce Platon, qu'il interroge volontiers. Ou cette femme, Mme Raldi, qui fut belle et riche et généreuse, convoitée.
Elle a tout perdu et va mourir dans la solitude et la détresse absolue. Mais sans amertume, sans nostalgie.
Quel portrait magnifique !

L'auteur est bien conscient que tout ou presque est question de hasards, de moments.
Que ce ne sont pas les plus qualifiés qui gouvernent ni les plus intelligents. Et il rencontre dans la rue des émigrés remarquablement doués, forcés de faire des taches dégradantes et sans avenir. Condamnés. Doublement par leur condition immédiate et leur exil sans espoir.
Il regrette parfois sa propre condition. Ne pas pouvoir échapper à la dégradation commune et sans espoir d' avenir.

Ce n'est pas un livre aimable et pourquoi le serait-il.
Mais c'est un livre d'une puissance formidable qui va bien au delà de la restitution d'un spectacle avilissant de la condition humaine.
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Message par Bédoulène Sam 26 Mai - 18:21

il est bien tentant ce livre, c'est renoté Bix !

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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