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Jacques Perret

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Jacques Perret Empty Jacques Perret

Message par Aventin Mar 30 Mai - 14:49

Jacques Perret
1901-1992

Jacques Perret J_perr10

Jacques Perret nait le 8 septembre 1901 à Trappes dans les Yvelines. Second fils de Marc Perret, rédacteur principal à la préfecture de la Seine, et de Thérèse Roque.
Enfance marquée par la première guerre mondiale au cours de laquelle son frère Louis est tué, le 25 septembre 1916 à Bouchavesnes dans la Somme.
Après une scolarité à Montaigne puis Louis-le-Grand, il suit des études de français et de philosophie.
De 1921 à 1923, il effectue son service militaire au Maroc dans le 29ème Régiment des Tirailleurs Algériens avec le grade de caporal et bataille contre les Chleuhs (NB: Berbères du sud marocain).

Représentant chez Belin, puis brièvement professeur de français en classe de troisième, il débute en journalisme au Rappel et au Journal. Plusieurs voyages le mènent au Danemark, en Suède, au Mexique, Honduras, Canada, en Turquie et au Liban.

En 1931 il entreprend une expédition en Guyane, pour le compte du musée de l'Homme pour l'aspect ethnographique, et des industriels Monteux et Richard pour l'aspect prospection d'or. Il revient sans or, mais riche de renseignements sur les indiens Emerillons. Une exposition est consacrée à cette expédition en 1932.

Le 31 octobre 1931, mariage avec Alice Thiétry, professeur de français à l'Alliance Française. En 1932, naissance de leur fille Jacqueline. En 1934, un bref retour à la terre à Chissay-en-Touraine, dans le Loir-et-Cher, se solde par un échec agricole mais la même année voit la parution de son premier roman, édité chez Gallimard.
De retour à Paris en 1936 le couple emménage rue de la Clef, Jacques Perret poursuivant sa vie de journaliste et de romancier.
En 1938, naissance de leur fils Jean-Louis, second et dernier enfant.

Mobilisé en 1939, il s'engage dans les Corps Francs au 334ème RI.
Fait prisonnier en 1940 près de Longwy, il s'évade après trois tentatives en 1942 et entre dans le maquis au sein de l'ORA (Organisation de Résistance de l'Armée) jusqu'à la Libération.

Avec l'argent du Prix Interallié il s'offre un voilier en 1951, et s'adonne avec passion à la navigation.
Il continue d'écrire dans divers journaux et y pourfend régulièrement le droit-de-l'hommisme, la démocratie parlementariste, tout en affirmant son attachement au régime monarchique.

En 1960 l'ancien combattant du 29ème Régiment des Tirailleurs Algérien, qui s'est battu pour la France dans le sud marocain, prend une part active à la défense de l'Algérie Française.
Différents articles contre le général de Gaulle et quelques offenses à la Légion d'Honneur lui valent d'être déchu de ses droits civiques et radié des contrôles de la Médaille Militaire en mai 1963.
Il s'engage également contre les réformes apportées dans l'Église par le Concile Vatican II.

Sa dernière saillie faisant remous est pour l'émission "Apostrophes", de Bernard Pivot, dans les années 1980, où il s'affirme ardent défenseur "du Trône et de l'Autel".
Il s'éteint à Paris le 10 décembre 1992.

Détail d'importance: ne pas le confondre avec son homonyme Jacques Perret, le philologue inventeur du sens contemporain du mot ordinateur, décédé la même année que lui.
(Source principale: site Jacques Perret, lien en toute fin de message)

Bibliographie:

Chroniques
  1953 Bâtons dans les roues, Gallimard
  1954 Cheveux sur la soupe, Gallimard
  1957 Salades de saison, Gallimard
  1964 Le Vilain Temps, Le Fuseau

Romans et récits
  1936 Roucou, Gallimard
  1937 Ernest le rebelle, Gallimard
  1948 Le Vent dans les voiles, Gallimard
  1951 Bande à part, Gallimard
  1953 Mutinerie à bord, Amiot-Dumont
  1957 Rôle de plaisance, Gallimard
  1961 Les Biffins de Gonesse, Gallimard
  1969 La Compagnie des eaux, Gallimard

Nouvelles
  1947 : L'Oiseau rare, Gallimard
  1949 : Objets perdus, Gallimard
  1951 : La Bête Mahousse, Gallimard
  1953 : Histoires sous le vent, Éditions Nouvelle France
  1955 : Le Machin, Gallimard
  1981 : Tirelires, Julliard

Souvenirs
  1947 Le Caporal épinglé, Gallimard : Page 1
  1975 Grands Chevaux et Dadas, Gallimard
  1976 Raisons de famille, Gallimard
  1980 Un marché aux puces, Julliard
  1982 Belle Lurette, Julliard
  1985 Le Jardin des Plantes, Julliard

Divers
 1964 Préface au Pantagruel de Rabelais, Gallimard
 1965 Rapport sur le paquet de gris, Aspects de la France
 1979 Préface à C'est ainsi qu'Allah est grand d'Alexandre Vialatte, Julliard
 1964 Trois pièces (Maximilien, Monsieur Georges, Caracalla), Éditions Gallimard (théâtre)
 1989 Les collectionneurs, Le Dilettante
 1991 Articles de sport, Julliard
 1992 Comme Baptiste...ou les tranquillisants à travers les âges, Le Dilettante
1995 Un général qui passe : Page 1
 1996 François, Alfred, Gustave et les autres, Le Dilettante
 2004 L'Aventure en bretelles, suivi d'Un Blanc chez les Rouges, Le Dilettante
 2005 Chroniques, Arcadia Éditions
 2009 Les sept péchés capitaux, Via Romana
2011 Dans la musette du caporal : Page 1
 2012 La République et ses Peaux-Rouges : chroniques d'Aspects de la France, T.1, 1948-1952, Via Romana.

màj le 6/11/2017

(source principale Wikipedia).




Qu'en dire ?
Un écrivain que j'avais inscrit à mon index personnel, par suivisme discipliné envers les zavis-zautorisés de ma jeunesse, qui le snobaient en raison de ses prises de postions publiques.
Erreur, une fois de plus. Mais erreur qui me vaut la joie de le découvrir seulement maintenant.

Un épatant styliste, ce Jacques Perret.
Lire la forme, la manière de Perret -le fond on en pense ce que l'on veut- a un côté soin de désintoxication, à la fois stimulant pour l'appétit du lecteur, soulageant par son humour altier, et expulsant pour les abus de style script contemporain qui nous guettent tous, le tout servi par un sens narratif assez brut, semblant inné.

Sa lecture est d'un abord très aisé, mais je conseille la modération, dégustez lentement, très lentement afin de recueillir toutes les nuances de sa palette.

Mais laissons donc la parole aux belles plumes de Roger Nimier et de Patrice Delbourg:

Roger Nimier a écrit:Le style de Jacques Perret, avec ses longues phrases enchevêtrées, écailleuses, drôlement bien construites mais toujours bien d'aplomb sur leurs pattes, n'est pas sans rappeler la démarche des plésiosaures. La luxuriance de ce style s'accorde mieux avec une époque de création ou de cataclysme qu'avec une période d'inventaire prudent.

Patrice Delbourg a écrit:Sa virtuosité de bretteur chouan flirte volontiers avec une préciosité à jabot, en se gardant toutefois de quelconques scories affectées. (...) Le "Gary Cooper de la belle ouvrage", polémiste de l'Algérie Française, navigateur au pifomètre, conserve jusqu'à son dernier souffle un attachement paysan au sol et pratique un esprit frondeur d'ascendance voltairienne.

Il demeura longtemps notre unique féodal, notre dernier défenseur du trône, de l'autel, barricadé dans sa grande nuit du Moyen-Âge. Le chant le plus funèbre est encore un acte d'espérance; le vrai désespoir n'a pas de voix. Surtout quand il émane de celui qui resta longtemps notre dernier mousquetaire exilé dans les praticables des "vélo-drames", d'un olibrius qui aimait à s'affubler de braies et d'un casque gaulois.

Monarchiste, mérovingien, paladin des causes ultimes aux antipodes des bonnes consciences capitonnées, la mémoire de Jacques Perret prétend avec légitimité à la statue de marbre de nos voltigeurs d'exception.


Un site dédié, fourni, recommandable.
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Message par Aventin Mar 30 Mai - 14:52

Le Caporal épinglé
Souvenirs, livre paru en 1947, environ cinq cents pages.

Jacques Perret Perret10

Jacques Perret a insisté pour que "Le Caporal..." ne soit pas classé parmi ses romans, mais étiqueté comme "souvenirs".
Entendez par ce distinguo qu'il ne doit pas y avoir équivoque pour le lecteur, ce sont des évènements réels, certes un rien retravaillés sous la plume, durant deux années de rédaction, de 1943 à 1944, dans la clandestinité du maquis (et donc tout de suite après que les évènements décrits se soient déroulés).

Un texte long comme une attente de libération, divisé en chapitres titrés assez brefs, bichonnés tels de faux Ausweise.
Sur une fiction, l'auteur se serait sans doute permis d'émonder quelque peu, mais là, il s'agit de rendre témoignage, d'où ce pavé, interjeté depuis l'entre-barbelés.

J'ai eu la chance de le lire dans l'édition originale nrf 1947, avec du papier d'une qualité inférieure à celle de mise, d'ordinaire, dans ces parutions, un piètre encrage laissant au lecteur le soin de deviner quelques mots, si ce n'est une ligne parfois, et même quelques fautes d'orthographe passées inaperçues avant mise sous presse.

Bref, une édition qui respire l'immédiat après-guerre et les moyens du bord, la vie qui reprend, et cette petite note supplémentaire inattendue était parfaitement dans le ton du contenu de l'ouvrage.

De tout ce que Perret fit paraître, ce fut d'assez loin sa meilleure vente.
Jean Renoir en tirera en 1962 un film au titre éponyme, grand habitué des ciné-clubs d'avant le Web.

En y réfléchissant, vu le sujet, tendance grave et lourd (l'armée française en déroute, la captivité, les stalags, la faim, le froid, les travaux forcés, l'éloignement d'avec les siens, bref, tout ce qui fait le quotidien d'un soldat vaincu et emprisonné pour une durée inconnue), et vu les circonstances d'écriture (le maquis, ce n'est quand même pas la table au coin de la fenêtre et du foyer familiaux), il en fallait, de l'humour, du détachement altier, pour oser ces cinq cents pages-là, qui ont leur dose de légèreté -on s'y marre à belle fréquence.

Sous le calot à deux pointes, élevage à pouilleries, le miteux, boueux, puant et esquinté manteau militaire flanqué d'un large "f" blanc dans le dos (pour "flüchtig", fugitif), l'estomac toujours vide et l'onglée aux doigts on reconnaît sans peine la grande noblesse de genre, celle d'épée et de mérite, celle qui réussit l'incroyable tour de force d'allier argot parisien et argot de stalag avec l'imparfait du subjonctif, celle qui pénètre et analyse gens et situations et les restitue en quelques traits vifs et drôles, toujours magistralement croqués parce que finement observés.

Noblesse de goûts et d'honneurs, ceux de ne pas verser dans le manichéisme outrancier, il n'y a pas spécialement de bons et de méchants (excepté, peut-être, Gamelin, Bazaine, les généraux de la France de la ligne Maginot, et le régime de Pétain), au reste les allemands ne sont jamais désignés en termes (trop) péjoratifs, mais plutôt argotiques.

C'est bien, c'est beau, cher Jacques Perret, qu'à partir d'une situation pareille, le cocasse, le jubilatoire de la situation des "Kriegsgefangene" soit toujours privilégié, le lecteur vous en est reconnaissant !


mots-clés : #deuxiemeguerre
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Message par Tristram Mar 30 Mai - 20:52

J'avais été frappé par Roucou (ou "se perdre en forêt guyanaise").

« Mais, au lecteur que pourrait tenter une excursion en ces parages, je confierai qu’en naviguant trois jours sur le Tampoc, en amont de la crique Alice [qu’il a découverte, et baptisée du prénom de sa fiancée], en prenant alors le tracé sud-est qu’il tâchera de trouver sur la droite à vingt coups de pagaye en aval d’un groupe de huit carbets, il découvrira, après sept jours de marche, sous un solide abri de feuilles de pinot : une demi-bombe de farine, un litre d’huile et cinq boîtes de lait condensé. »
Jacques Perret, « Un Blanc chez les Rouges » (derniers mots de l’article, paru dans Le Matin du 20 novembre 1932)


Autre homonyme (ou homophone), Benjamin Péret, poète surréaliste que j'avais aussi beaucoup apprécié.

_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par animal Mar 30 Mai - 22:44

Des extraits du Caporal épinglé ?

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Message par Aventin Mer 31 Mai - 12:05

animal a écrit:Des extraits du Caporal épinglé ?
Volontiers,

(NB: Le bouteillon, c'est le ragot, le bruit, la rumeur en argot bidasse de l'époque)
Le Caporal épinglé a écrit:…C’est un fait certain que les bouteillons de classe et de libération ne vont plus suffire à nous tenir tranquilles. L’espèce de crédulité semi-comateuse où nous étions tous réduits commence à se dissiper, l’espoir se fait moins frénétique et les bobards accumulés pour étouffer les idées de fuite se laissent entamer par l’approche du printemps. Nul courrier spécial ayant crevé vingt chevaux depuis Vichy ne nous apportera un beau matin la liberté officielle timbrée au double sceau de la francisque et de la croix gammée, ou alors c’est que tout l’honneur de la France aura passé au paiement de la rançon. Non, la liberté, la mienne, j’en suis bien certain maintenant, c’est une petite affaire qui me regarde. Le docteur n’en est pas moins persuadé, mais il a des scrupules :
— Un peu cucu à dire peut-être, m’a-t-il confié, mais j’ai la prétention d’être encore utile ici, pour l’instant en tout cas.
Je suis bien convaincu que ce renoncement à la fuite n’est pas une dérobade, mais un sacrifice. A tout hasard il s’amuse pourtant à travailler la carte avec moi. C’est une petite carte que Nana m’a fait parvenir dans un pain d’épice avec une boussole qu’on pourrait se mettre au cou comme un médaillon. Depuis que j’ai cette boussole, depuis que je la sens planquée à mon chevet derrière une latte reclouée, c’est comme si j’avais déjà un pied dehors et j’en tire une sérénité intime, une assurance, comme si Ariane en douce m’eût déjà glissé dans la main le bon bout de son fil. Avoir son petit Nord bien planqué à la tête du lit, c’est quelqu’un. Puisqu’en France les phares se sont éteints, il faut bien se démerder tout seul dans ces remous de sargasse où braillent et pleurnichent d’équivoques sirènes. Sur la dunette c’est le bordel, le porte-voix cafouille et le compas n’a plus de jus, mais ça n’a pas d’importance, je suis dépanné, j’ai ma petite boussole à moi maintenant, ma petite aiguille tout spécialement magnétisée pour me conduire rue de la Clef, Paris Vème, et je vais me tailler ma route à mon idée, choisir mon cap, appareiller à mon heure.

Tant que j'y suis, une petite image (pas signée Perret, qui dessinait fort bien dit-on, ce qui lui valut au reste une spécialité de tatoueur-bidouilleur-avec-des-moyens-de-fortune lors de de sa captivité):
Jacques Perret Expo_p10

Tant qu'à faire, voici le tout début, comme ça vous êtes en train, il n'y a plus qu'à continuer - le premier chapitre s'intitule "Les trente-six chandelles".
Les trente-six chandelles a écrit: C'est fini les histoires de boue glorieuse.
Nous sommes quatre, couchés ventre à fesse dans un paquet de mouscaille sous une couverture mal tendue qui fait une poche d'eau suintante. Crevés de faim, de fatigue et de dégoût, nous nous ratatinons dans une somnolence sordide. Ne pas bouger; serrer les épaules, bloquer les mâchoires, raidir le derrière, crisper le ventre et crisper aussi la tête si possible. La retraite, la défaite, le chahut des derniers combats, la grande rafle, on verra olus tard à comprendre. Pour l'instant c'est la faim et la pluie. Ne pas remuer la boue. Contre la misère faire le mort. Mon voisin a logé ses fesses dans le creux de mon estomac, pourvu qu'il ne bouge pas, le clapotis me remonterait jusqu'au nombril. Dans le dos je sens Pater, fidèle Pater; il est collé contre moi et me souffle dans la nuque des blasphèmes grelottants.  
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Message par animal Mer 31 Mai - 12:46

Merci, il a l'air diablement efficace à emmener son lecteur !

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Message par Aventin Mer 31 Mai - 12:52

animal a écrit:Merci, il a l'air diablement efficace à emmener son lecteur !
En effet !

Si vous comparez les deux extraits, il saute aux yeux que Perret a plusieurs plumes à son stylo.
La première manière, un rien mâtinée de tournures traduisant l'impatience, rend à merveille un instant en particulier.
La seconde, utile pour l'ambiance déroute-misérable par laquelle il souhaite qu'on entre dans le livre, peut être qualifiée de style Célinien-Sartrien, ou peu s'en faut.

Et il y en a d'autres !
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Message par topocl Ven 2 Juin - 17:53

J'achète le caporal épinglé, certains sont intéressés que je le fasse tourner?

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Message par animal Ven 2 Juin - 22:29

je ne dis pas forcément non. Jacques Perret 1304972969

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Message par Aventin Lun 5 Juin - 22:12

Je prête aussi très volontiers mon exemplaire nrf 1947 (mp pour les intéressés).





Un général qui passe
Recueil posthume de six nouvelles, paru en 1995.

Jacques Perret Denier11

Au décès d'un auteur, on assiste en général à un engouement passager pour ses ouvrages disponibles, et c'est parfois l'occasion de nouvelles éditions.
Et puis, quand ce filon-là s'épuise, deux ou trois années plus tard, vient le tour des fonds de tiroir et aussi des découpages, commodes lorsque l'écrivain, comme c'est le cas de Perret, compte des nouvelles au nombre de ses parutions.

Je ne suis pas très bon client, d'ordinaire, pour ce type de mélange hétéroclite, que l'éditeur a le front de qualifier d'"anthologie" de surcroît, mieux vaut, du moins est-ce mon ressenti, publier à nouveau les ouvrages tels qu'ils furent visés par l'auteur de son vivant.
Mais, bon.
Un petit laisser-aller sur mes principes m'a paru acceptable, s'agissant de découvrir Perret, un léger balayage via morceaux choisis n'est pas sans commodité.

Six nouvelles donc, extraites d'Objets perdus (1949) pour Objets perdus 30 pages environ, Jean sans terre 20 pages environ.
D'Histoires sous le vent (1953) pour Un général qui passe 80 pages environ, Une belle figure qui s'en va 20 pages environ, Le mégot 15 pages environ.
Et de L'oiseau rare (1959) pour Le Tourangeau de Winnipeg 30 pages environ.


Un général qui passe ouvre le recueil et lui donne son titre, c'est un bon moment de lecture, pas mal de truculence, des personnages, pour grotesques (ou simplement drôles) qu'ils puissent être, très bien brossés y compris les secondaires, sous la plume d'un Perret qui avait, à l'évidence, décidé de s'amuser.
Le sujet, parce que rien qu'à l'énoncer on entrevoit la porte ouverte au potentiel bouffonnant:
Un général sud-américain en fuite, au soir de sa vie, rencontre un docteur français, passionné de Grand Hommes qui ont jalonné l'Histoire et de la fin qu'ils eurent...  

J'ai moins apprécié Le Tourangeau de Winnipeg, pourtant non sans qualités (le personnage principal, l'olibrius paysan des environs de Tours en exil improbable dans l'Ouest canadien, vaut son pesant de pages encrées), ainsi que Jean sans terre, qui, lui, ne vaut que par l'allégorie (on me rétorquera sans doute que ce n'est déjà pas si mal !).

En revanche je découvre que Perret a chassé sur les terres du réalisme magique, cher, par exemple, aux Marcel Aymé, Miguel-Angel Asturias, Gabriel Garcia-Marquez & consorts:
Une belle figure qui s'en va, histoire d'une figure de proue de goélette dotée de parole et du mouvement, et qui désire s'en aller, Le mégot étonnant détritus trouvé sur un rocher au milieu d'un fleuve guyanais, alors que la région passe pour inviolée et que les environs sont déserts de toute présence humaine.

Gardons pour la fin Objets perdus, une histoire de deux prisonniers fugitifs sur le point de franchir la frontière entre l'Allemagne et la France, on sait à quelle source Perret a puisé, c'est drôle et léger, disons-le tout net: retrouver le Perret du Caporal, ça me plaît beaucoup.



Recul pris sur cette compilation, et bien... elle donne envie de lire le recueil Histoires sous le vent in extenso.


mots-clés : #nouvelle
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Message par Aventin Mar 6 Juin - 10:47

Dans la musette du Caporal
Sept nouvelles, rassemblées par Jacques et Louis Perret (petits-fils de l'auteur), parution chez Le Dilettante en 2011.

Jacques Perret Musett10

Cent quinze pages de textes de Perret, "jamais parus en volume ou inédits" selon l'introduction (traduisez que chacun de ces textes sauf deux furent publiés sous forme d'articles), livre qui a l'avantage d'être aisé à trouver.

Ces nouvelles gravitent autour de la guerre, la deuxième guerre mondiale pour toutes sauf La mort de mon grand frère, qui se rapporte à la guerre de 14-18.

On est dans le domaine des souvenirs et témoignages divers plutôt que dans celui de la fiction, registre de Perret qui me semble pour l'instant, à ce stade de la découverte de l'auteur, à priser particulièrement.

Comme dans le Caporal, nombre de pages traitent de sujets ne prêtant plutôt pas à sourire, mais attaqués sous un tel angle que l'humour perce sans peine et couvre le tout, l'ensemble étant servi par ce style atypique, très plaisant, déjà évoqué.
Pour un exemple valant tous les descriptifs, prenons cet extrait d'"Accident du travail", véritable numéro de funambulisme littéraire.

On remercie, au passage, le subjonctif de sa présence active au service de la phrase, temps de conjugaison qui était supposé être déjà remisé au musée de la langue française aux dates d'écriture, et qui trouve là un plein-emploi totalement justifié (jouez à ré-écrire de tête ce passage, sans mot-à-mot et sans employer le subjonctif, puis confrontez votre résultat avec ce qu'obtient Perret, c'est probant, je pose pour ma part un CQFD):
 
Accident du travail a écrit:Oui, je pourrais le dessiner, avec sa tête un peu carrée, l'ongle trapu et ras, la jointure un peu cornée mais luisante avec deux ou trois poils follets et blondins. Avec son air humble et résigné, sa mine de piéton routier voué à toutes les boues et toutes les sueurs. Il était quand même un petit seigneur car il n'aimait pas qu'on lui marchât dessus. Toujours à la peine dans nuit d'une chaussette écœurante, il cherchait malicieusement d'en rompre les mailles; il cultivait la délectation morose à l'évocation de ses grands jours, soit qu'il frétillât dans le sable chaud des plages qui le faisait si propre et si coquet, soit qu'il clapotât sur le pont des cargos balayés par les lames, soit qu'il pataugeât tout ému, un peu fiévreux, dans les gravillons aurifères de l'Amazonie ou qu'il s'affalât, voluptueux, sur les tapis de haute laine comme un orteil de sultan. Maintenant, il est là solitaire et pourrissant dans la poubelle. Mais peut-être qu'il bouge encore avec de petits mouvements spasmodiques, attendrissant comme une papatte d'araignée. Et quand je pense que me voilà profitant de l'occasion pour faire de la littérature, je ne trouve pas ça très joli.  

Deux nouvelles (La mort de mon grand frère et Ramos) sont nettement plus poignantes, surtout la première.

Certes une dose d'humour y est instillée, ce n'est pas contestable, mais Perret laisse poindre des accents qui bouleversent, cela semble (précaution, je ne connais pas encore suffisamment l'œuvre de cet auteur) exceptionnel chez lui, et dans cet exercice-là aussi il s'avère d'un habile doigté, disons que ça "fonctionne" impeccablement bien.

Vous trouverez ici un pdf contenant quelques extraits et, en toute fin, la table.


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Message par topocl Jeu 24 Aoû - 20:27

Jacques Perret Perret10

Le caporal épinglé

Moi, ma petite liberté, je vais  me la tailler sur mesure, dans le vif et le saignant de l'espace, au plus épais d'un peuple hostile, je me la ferai et je continuerai à me la faire de minute en minute, elle sortira de moi seul dans les sueurs froides, les pas de loups et les courses folles, je sentirai peu à peu sa main tremblante et passionnée s'affermir dans la mienne, je la conduirai à travers les barbelés, les portillons et les pièges, par les routes peu sûres et les cités précaires, et si ça rate,  si  on me la tue, je sais déjà que son fantôme viendra rôder tous les soirs autour des fils de fer et je reconnaîtrai bien, dans l'ombre épineuse des miradors, l'appel de son souffle haletant.

En juin 1940, le caporal Jacques Perret, avec son escouade, a été fait prisonnier par les Allemands et cette expérience, deux ans en tant que prisonnier de guerre, il nous la rapporte scrupuleusement, prenant son temps, n'épargnant aucun détail.

dans les moments pénibles c'est un vrai réconfort de pouvoir admettre, avec une certaine sincérité, l'hypothèse d'une farce, sauf à se dire qu'elle traîne en longueur.

Passé le choc de l'humiliation, passé l'hiver rigoureux, et bien qu'il commence à ressentir sa" piaule" avec les copains comme un deuxième chez-soi, Jacques Perret, en grand sceptique, a vite compris que leur sort n'intéresse personne et que pour la quille, il faudra repasser. Il en a un peu marre d'entendre les Allemands  répéter "Ach! Krieg, gross malheûr" sur un ton compatissant ou vengeur.

La nargue c'est à peu près tout ce qui nous reste, pas très brillant bien sûr, mais c'est inconfiscable, ça résiste aux fouilles et je crois qu'on va savoir s'en servir.

Saboter le travail obligatoire ne lui suffit plus : l'idée de l'évasion le taraude, se construit, puis se reconstruit après l'échec, dans une belle obstination.

je n'ai plus le temps d'attendre maintenant, pas plus les cosaques rouges que les bénisseurs de Vichy, les magnanimes de Berlin ou les preux de Londres. Et d'ailleurs je n'ai que faire d'Allemands ou de Russes  pour ouvrir ma cage : assez dure est ma poigne et ma rogne pour écarter les barreaux et je rentrerai seul, sans escorte, franco de port et sans dire merci à personne. Si on me laisse faire.

Dans la boue,  la faim, le froid, il y a des hommes dont Jacques Perret  dresse des portraits attentifs, exigeants,  nuancés, drôles. Il sait faire entendre leur espoir, qui a sérieusement besoin de l'étayage de la solidarité, de l'humour, de l'irrévérence pour ne pas sombrer. Ces hommes échangent mégots et bons tuyaux, errent  entre ennui et nostalgie, travail et rébellion, courageux, malins, solidaires.

soyez toujours indulgents aux foules recluses. Vous qui avez mangé, bu, circulé, aimé, guerroyé quasi librement de par le vaste monde ou le quartier natal, qu'eussiez-vous fait dans les barbelés ?

720 pages compactes me direz-vous? Oui, il s'agit bien d'une espèce d'encyclopédie exhaustive de la condition du prisonnier de guerre, livrée en 93 chapitres dans une écriture serrée, et on pourrait  redouter l'opus étouffe-chrétien. Mais il n'en est rien tant la prose est foisonnante et inventive, alternativement gouailleuse ou emportée, le propos tout à la fois critique et magnanime. La pertinence, associée à l'impertinence de l'observation et de la réflexion, élèvent l'intensité de la lecture et la rendent fascinante, jamais fastidieuse.

J'ai lu, l'émotion au bord du cœur, le rire au bord des lèvres, comme je regarderais un numéro d'acrobate : quelque chose de scrupuleusement travaillé, longuement élaboré, totalement affûté, prodigieux d’aboutissement, qui, dans un habit scintillant, allie le consciencieux et l'inventif, l'épopée et la précision, l'humour et le romantisme, l'application quotidienne et l'envolée extraordinaire.

il faut lire ce livre festif d'intelligence et de verve, ne pas s'effrayer de son effervescente monstruosité, se repaître de sa noirceur et de sa drôlerie. On y fera connaissance de Jacques Perret, un homme que certains éléments biographiques et trois pages sur les Juifs ne devraient pas forcément nous rendre sympathique. Mais il incarne, comme son livre, l'ampleur de la complexité humaine : c’est un aventurier poète, un combattant incessant, un ami fidèle, un observateur humaniste.

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Message par animal Jeu 24 Aoû - 20:34

c'était ton interprétation du pavé pour les vacances ?

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Message par Bédoulène Jeu 24 Aoû - 22:20

merci topocl ! je l'ai noté ce sera une prochaine lecture, ce que tu en dis ne peut que me confirmer dans mon intention

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Message par Tristram Jeu 24 Aoû - 22:48

Au vu du commentaire de Topocl, le caporal est dans la LAL (même si je l'ai peut-être déjà lu, dans une vie antérieure comme dit le panda ??)

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Message par topocl Ven 25 Aoû - 8:55

animal a écrit:c'était ton interprétation du pavé pour les vacances ?

Oui, j'avais une semaine assez tranquille et je me suis dit que c'était le moment. Et en effet, il est facile de ne pas le lâcher (les vagues projets de ménage en ont souffert). Mais on peut aussi envisager une lecture qui prend son temps, comme Jacques Perret a eu du temps pour vivre ça, genre une chapitre par jour. Ca doit être pas mal.

Tristram a écrit:Au vu du commentaire de Topocl, le caporal est dans la LAL (même si je l'ai peut-être déjà lu, dans une vie antérieure comme dit le panda ??)

Ca doit même supporter plusieurs relectures, ce bouquin-là.

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Message par Tristram Dim 17 Nov - 14:43

Le Caporal épinglé

Jacques Perret Le_cap10

Je ne l'avais pas lu (crois-je), et ne regrette pas de l'avoir fait ; c'est que j'ai tellement croisé cette couverture du poche dans les bouquineries qu'il m'était devenu familier.
Donc captivité d’un soldat de la débâcle à l’évasion en passant par la captivité dans « la grosse Rèche » (gross Reich). C’est d’abord un témoignage historique circonstancié, avec d’intéressantes observations sociologiques (la piaule-clan), malgré du patriotisme guerrier, et même un certain antisémitisme (mais c’était aussi d’époque).
« Au sens propre le bouteillon, qui s’écrit bouthéon du nom de son inventeur, désigne un récipient en usage dans l’armée française. La cuisine étant réputée pour être un foyer d’informations officieuses, les hommes déjà corvée de soupe avaient coutume de rapporter, en même temps que les bouteillons pleins, un lot de nouvelles plus ou moins consistantes et qui fournissaient, dans l’aimable cliquetis des cuillers et gamelles, une matière de conversation toute fraîche. Bouteillon est donc devenu tout naturellement synonyme d’information sans garantie. »

« Pour séparer deux copains de misère, c’est trop difficile ; plus l’infortune est grande et la pagaye confuse, plus la soudure se durcit. Le matelotage n’est pas seulement une institution préhistorique qu’on voit refleurir dans les mauvais jours, c’est un besoin, un instinct qui a des racines profondes, mystérieuses, transcendantales. Platon a beaucoup travaillé la question des potes. »
Il y a beaucoup de renseignements sur l’époque, et bien sûr le milieu carcéral, spécialement en temps de guerre ; ici, les tatouages :
« …] je me souviens d’une Vénus drapée d’une peau de panthère qui, reproduite sur la cuisse, donnait la première et pénible impression d’un phoque gravement blessé au ventre par une décharge de chevrotines. »
Perret signale un sens "allemand" de l’organisation des rassemblements humains qui sera sinistrement vérifié.
« Le plus inquiétant dans ce maniement des foules, c’est la virtuosité et la préméditation. Le camp est donc divisé en deux grandes zones : celle des pouilleux (dans les tentes) et celle des épouillés (dans les baraques), séparées l’une de l’autre par un puissant réseau de barbelés, sentinelles et chevaux de frise. »

« On sent que la chose a été organisée par de grands manieurs de foules. »
Travail en usine :
« Il est possible encore que cet inventeur ait eu, à l’instant d’achever son appareil, l’idée assez jolie et émouvante d’abandonner à l’homme un petit rôle, tout juste, de quoi lui laisser l’impression d’être le conducteur et l’âme de la machine. »
Il y a beaucoup d’ironie, notamment sensible dans les excellents portraits :
« A propos de bavards monologuistes, j’allais oublier Emile, premier comique rural. Sur son petit corps prématurément tassé se balançait une grosse tête sentencieuse, toute en nez. Un nez lourd, encombrant et qui conservait de la belle époque chopinière un fond de teint rubescent dont le vieux vernis s’écaillait doucement faute d’entretien. Cet organe semblait d’ailleurs végéter avec une curieuse autonomie dans l’ensemble falot du visage et distillait sans défaillance une roupie hyaline par laquelle il s’allongeait imperceptiblement à la manière des stalactites. Cette rosée était généralement épongée par une petite touffe de moustache en chiendent puis lapée d’une grande lippe molle exercée depuis toujours à ne rien laisser perdre. Assez près du nez s’ouvraient deux petits yeux marron sans reflets qui regardaient les choses avec avidité mais les hommes avec parcimonie. »

« Voici Bourazan qui vient de passer à longues et lourdes enjambées ; c’est un grand Périgourdin efflanqué avec les jambes flûtées et fichées dans le torse comme deux allumettes dans un marron d’Inde et une tête de lézard à regard plat. Il est seul au camp à toucher deux gamelles officielles à cause de son ver solitaire. Sorti des profondeurs du couloir, il m’est apparu sous l’ampoule, spectre géant avec ses deux grandes pattes squelettiques où flottait comme un pan de linceul un caleçon bien propre. »
Et Perret n’hésite pas à pousser jusqu’à la caricature :
« Le masque tenait lieu de visage, la casquette de cervelle et la défroque habillait un céphalopode en forme d’homme. C’est une force. L’Allemagne est jurassique, peut-être crétacée, il ne faut pas lui en vouloir. »
L’ensemble forme d’ailleurs une sorte de portrait (incisif) du Français, dans le meilleur des cas le (Parisien) rebelle beau gosse plein d’humour :
« Nous sommes peut-être un peuple décadent, à en croire il est vrai certains signes éloquents, mais notre résistance à l’abrutissement est encore une chose assez remarquable et, tout compte fait, on pouvait croire à certains moments que c’était nous qui avions convoqué quelques Fritz en uniforme pour nous distraire. »

« L’un de nous, un petit gars de l’active tout rose et mignon, était particulièrement gâté, d’où il appert que le cœur féminin est moins sensible à la misère famélique qu’à la jeunesse et à la grâce. Ce jouvenceau avait noué une sorte d’intrigue gastrolyrique avec une charmante fille du cinquième. Elle l’aimait et jetait par la fenêtre son cœur en sandouiche dans le pain blanc avec un billet doux quelquefois dans un paquet de Juno. Lui, bouffait les tartines, se remplumait à vue d’œil et lançait au cinquième des regards éperdus d’amour et d’appétit. »
Il y a aussi une curieuse complaisance à la crasse odorante, mi-clodo mi-populo :
« Le gross Berlin se néglige beaucoup à certains endroits et nous rigolâmes doucement en lisant un jour dans le "Trait-d’Union", journal corporatif imposé, que de solennels urbanistes berlinois allaient enfin nettoyer Paris et sa banlieue de ses honteux îlots insalubres pour répandre partout le coquet, le moderne et le solide. Comme dit Vanstenkyste : c’est bluffeur et Cie. Mais comment allons-nous retrouver Paris si ces cocos-là s’en mêlent ? Ils vont nous flanquer du médiéval à Saint-Ouen et du pavillon social-hygiénique aux Gobelins. Comme si nos urbanistes municipaux n’étaient pas capables de saccager tout seuls les derniers vestiges d’obscurantisme oubliés par le baron vandale. Plus je vais, d’abord, plus je suis pour les îlots insalubres. »

« L’hygiène balaiera d’une haleine au menthol rédempteur les derniers miasmes de la civilisation. Cuistres qui condamnez vos aïeux parce qu’ils posaient culotte dans les taillis de Versailles ! Zaoubère machen, c’est bien ça ; les butors aux pieds propres. »
Autre savoureux trait d’esprit :
« On ne peut quand même pas élever un militaire dans l’idée qu’il sera captif, et pourtant, ce serait un enseignement à prévoir au cas où l’on persisterait, dans les conflits futurs, à consacrer la majeure partie de l’armée française aux barbelés. »
Il me semble que voici un écrivain injustement "oublié" en considération de son style, dans l’œuvre duquel on pressent peut-être Céline (?) et que je souhaite confronter à Barbusse (que je n’ai pas encore lu).
Wikipédia avance pudiquement :
« Ses prises de positions lui valent aujourd'hui d'être dans une sorte purgatoire littéraire malgré la puissance et l'équilibre de son style. »
Evidemment, je pense aux écrivains "fautifs" de l’époque ; n’est-il pas trop facile, et sot, de ne pas les lire ? Sans vouloir discuter des ouvrages d’écrivains "engagés" où sont prônés des crimes, les proses d’auteurs qui ont pu par ailleurs soutenir des positions aujourd’hui décriées ne méritent pas l’ostracisme. Bien sûr il est inconfortable de lire, par exemples, un va-t-en-guerre ou un colonialiste, mais cela aide à comprendre le passé (et le présent, et même l’avenir).
Toujours est-il que, dans ce caporal épinglé, j’ai mieux saisi des situations qui m’étaient obscures, et surtout j’ai été ému par des aspects humains (comme l’attachement aux copains ou, tout aussi inconditionnel, à un objet familier ‒ pipe, couteau). En prime, cela me rappelle de me demander avec circonspection comment j’aurais réagi dans les mêmes conditions, à une époque où me semble-t-il on avait au moins pour excuse d’être mal informé, et mal préparé à dépister les biais.
Son lyrisme est un peu daté, mais j’aime ce ton de grandiloquence narquoise où se trouve dissimulé de l'émotion, du sentiment ou de la pensée :
« Une défense de ronces, vue de près, pour peu qu’on ait l’âme chagrine, est un spectacle des plus suggestifs, c’est vraiment la hargne, ou plutôt le long squelette d’une hargne morte qui a réussi à emmêler ses côtes avant de crever dans une dernière quinte ; c’est le rébarbatif à multiples révolutions, le dernier lichen d’un monde puni et je vois la terre enfin déserte rouler sous un froid soleil ses flancs barbelés où voltigent les derniers lambeaux d’homme. »

Mots-clés : #temoignage

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Message par Aventin Lun 18 Nov - 17:42

Merci Tristram (& topocl plus haut !) pour vos réactions à ce livre, finalement il s'accueille tout à fait bien sur ce forum !

Tristram a écrit:
« Ses prises de positions lui valent aujourd'hui d'être dans une sorte purgatoire littéraire malgré la puissance et l'équilibre de son style. »
Evidemment, je pense aux écrivains "fautifs" de l’époque ; n’est-il pas trop facile, et sot, de ne pas les lire ? Sans vouloir discuter des ouvrages d’écrivains "engagés" où sont prônés des crimes, les proses d’auteurs qui ont pu par ailleurs soutenir des positions aujourd’hui décriées ne méritent pas l’ostracisme. Bien sûr il est inconfortable de lire, par exemples, un va-t-en-guerre ou un colonialiste, mais cela aide à comprendre le passé (et le présent, et même l’avenir).


Quelle est sa "faute", à Jacques Perret, au juste ?
On n'en fait pas des kilotonnes pour moult écrivains du XXème qui furent stalinistes ou/et maoïstes et dont les écrits sont toujours bien en Cour aujourd'hui, alors, de grâce...

Sur les positions (à moins que ce ne furent des postures ?) de Perret, pour ce que j'en ai compris et j'ai peut-être raté quelque épisode crucial (vous me direz):
Eh bien elles me semblent un chouïa gratte-cul, datées sans doutes quoique déjà dépassées à son époque, et alors ?

Patrice Delbourg, dans son joli portrait dans Les Désemparés (bouquin dont j'ai dû toucher un mot quelque part dans un coin du forum), conclut sur cette formule:

Monarchiste, mérovingien, paladin des causes ultimes aux antipodes des bonnes consciences capitonnées, la mémoire de Jacques Perret prétend avec légitimité à la statue de marbre de nos voltigeurs d'exception.
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Message par Tristram Lun 18 Nov - 18:54

Aventin a écrit:Quelle est sa "faute", à Jacques Perret, au juste ?
Comme cela ne m'intéresse pas trop, je n'ai pas mené d'investigations, et n'en sais donc pas plus sur les causes de ce déni d'étagère ou condamnation au bibliotaphe.
Ce genre de censure sourde m'agace un peu, mais je précise que Le Caporal étranger est loin de toute apologie malsaine recensée. C'est juste dommage qu'on ne puisse pas trouver facilement les œuvres de Perret, qui paraît avoir été un fameux aventurier en plus d'un brillant styliste.

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Message par Tristram Mar 7 Fév - 11:53

Bande à part

Jacques Perret Bande_10

Jacques Perret se souvenait de sa captivité dans Le Caporal épinglé, ici c’est du maquis.
« Enfin, nous appartenions à l’O. R. A. ; d’autres se disaient affiliés à l’A. S., aux F. T. P., à ru. B. N. G. F., à la B. N. C. I., et un petit nombre se flattait bizarrement d’appartenir à l’I. S., ou Intelligence Service. Tout cela faisait un certain nombre de sociétés plus ou moins batailleuses, farfelues ou cafardes, spécialisées dans l’invention des traîtres, le châtiment martial, la lutte contre les Allemands, la foire d’empoigne, le sabotage, le scalp des ribaudes, l’arrachement des effigies du Maréchal. Un mélange traditionnel d’idéal et de rapine, sans oublier les délicats plaisirs du hors-la-loi avec les merveilleuses latitudes du bandit d’honneur. Peu importe, je n’ai pas du tout l’intention de faire la balance des mérites et méfaits du maquis. Je ne suis qu’un témoin minuscule et anecdotique, exclusivement solidaire de la petite troupe où je comptais, et parfaitement indifférent aux intérêts cafouilleux des autres bandes. Et là même où j’eus emploi, je travaillais clandestinement pour la gloire d’un petit nombre de fantômes. Après avoir cherché vainement pour quel vivant Bayard j’aurais pu honnêtement servir, mon secret plaisir fut de prêter mon bras à quelques ombres choisies comme Pharamond, Charette, Louis le Gros ou Gaston de Foix. Avec les copains, bien entendu, les copains affiliés à l’immémorial copinage de la piétaille. Le meilleur, le franc butin de ce genre d’aventure, c’est le souvenir des copains. »
Portrait des zigotos, dont l’adjudant :
« Tabaraud était souvent allumé, mais presque toujours il s’agissait d’une excitation naturelle, indépendante des tournées de vin blanc et due à la fermentation des petites idées anaérobies qui conspiraient sans relâche dans les replis de son âme. La vie intérieure de Tabaraud n’était jamais en repos. Il faisait justement une causerie éducative sur la trahison, d’où il semblait ressortir que sans trahison la terre serait une morne planète. Son éloquence était faite de galimatias gendarmique rehaussé d’une diction jacobine, mais il n’était pas prolixe et ne parlait jamais pour l’innocent plaisir de parler. En trois mots convenablement timbrés, il installait une présomption de drame au milieu d’une candide belote. Non seulement il ne pouvait supporter l’insouciance, mais il avait peine à y croire et tout ce qui était limpide était suspect ou provocant. Son approche faisait baisser la pression atmosphérique et soulevait la lie dans les tonneaux : un gonfleur d’angoisse, une levure à cailler les foules indécises, un bâtard ombrageux du désordre et de la peur. Pourtant naïf lui-même, presque innocent et comme irresponsable du terrible pouvoir qui lui était échu. Pour héler les gens sur la route, il disait volontiers : hé, l’ami ! ce qui avait un petit cachet vieillot et fraternel, mais l’ami en avait le dos glacé. Je dis tout de suite qu’à l’épreuve du feu l’âme de Tabaraud semblait se décanter progressivement. Brouillon, inquiet et même nocif à l’approche du péril, il se révélait assez ferme et lucide quand la bagarre lui tombait dessus. »
Mais le vrai portrait, c’est celui de Ramos, personnage haut en couleur et difficile à résumer, notamment insomniaque, sensible aux signes, bavard sibyllin, grand buveur et individualiste – Ramos et sa mort.
« – La terre, il faut veiller dessus et dormir dessous. »

« Maintenant je peux y aller, je me dis que le mort explique le vif, je rassemble mes croquis et je fais le portrait de Ramos, non seulement comme je l’ai vu mais comme je le revois. »
Le maquis est quelque chose d’assez brouillon, qui vit sur le pays (et comprend des « nordafes » ou « sarrasins » : des Kabyles) :
« Si notre formation avait été provisoirement hors du jeu, elle avait quand même démontré son existence et d’autres, mieux servies par la chance ou mieux conduites, avaient réussi quelques jolis coups si bien que l’ennemi en se retirant pouvait avoir la consolation de ne s’être pas dérangé pour rien ; et nous la satisfaction d’avoir retenu loin de l’Atlantique une division bien portante au prix d’une centaine de tués et d’une vingtaine de villages incendiés. Pour savoir si c’est un prix fort ou avantageux il faudrait avoir des barèmes que je n’ai jamais eus sous les yeux. »

« Tout le jour il avait fait beau, chaud, et le loriot avait longtemps chanté pendant que nous somnolions. Le chant du loriot a joué de bonne heure un rôle important dans ma vie car nous l’avions adopté entre gamins de la famille pour signal de reconnaissance. En vérité cette modulation limpide et flûtée, ces trois notes liquides et graves dans les cimes chaudes de la forêt, m’impressionne toujours comme un signal personnel de l’oiseau mystique m’invitant à la paresse ineffable. Où que je sois, en quelque équipage et compagnie, si le merle d’or vient à siffler j’entends bien que sa vocalise est une mise en garde contre la vanité des entreprises humaines et je m’en laisse conter par une rengaine qui dure probablement depuis le quatrième jour de la création. Angélique ou malin, je ne sais encore, l’exquis chanteur d’à-quoi-bon choisit avec astuce les heures méridiennes de l’été pour me convier à l’indolence métaphysique, au mépris des œuvres, au quiétisme le plus sommaire et je n’ai pas toujours sous la main les tambours qu’il faudrait pour couvrir son ramage. Enfin, nous étions étendus sur la mousse et, faisant suite au loriot, Ramos avait pris la parole pour nous conter à voix douce et chantante une histoire d’amour compliquée de querelles syndicales où se greffait un épisode technique de wagonnet de chantier avec de longues parenthèses sur la fidélité conjugale et des aperçus généreux sur la condition du mineur boiseur par rapport à la vertu des ancêtres et à la bonne foi des gouvernements, soit une de ces rhapsodies ramosiques où l’utilitaire et le contingent ne sont plus que hochets dérisoires pour la récréation de l’homme libre et dégoiseur à crédit. Tout cela pour vous montrer que l’annonce de coup de main jeta un froid. »

« Notre tâche était maintenant de houspiller les derniers convois de la retraite en attendant l’arrivée des troupes alliées. Déjà nous allions dans les campagnes avec plus d’assurance et, de jour en jour, il se confirmait que nous passions de la condition inquiète et précaire de l’insurgé à l’état plus reposant d’auxiliaire d’une armée victorieuse. Entre autres signes, on remarquait une affluence de candidats au maquis, l’établissement de contrats d’engagements et l’arrivée dans les compagnies d’un certain nombre d’officiers en quête d’emploi. Leur faire grief d’avoir attendu serait stupide. On attend par veulerie certes, mais aussi par flemme ou par devoir et, personnellement, j’ai passé une assez jolie part de ma vie à attendre pour connaître toutes les justifications de l’attente. Il va de soi que l’honneur autant que l’humeur puisse commander aux uns le choix rapide, aux autres l’expectative et nous savons que la fortune d’un pays est aussi bien dans les hommes qui savent attendre.
Évidemment, je ne parle pas des tard-venus de basse politique, des grands faquins et petits crasseux qui commençaient à s’ébrouer sur nos derrières et ménageaient leur fortune en lançant des pierres aux captifs, ni des durdedurs à mirlitraillette qui depuis peu se propageaient en lieux sûrs sur les ailes des automobiles pour annoncer le règne de la justice et de l’honneur. »
Le style est extrêmement travaillé, denséifié : les extraits sont représentatifs, le récit est toujours du même ton.
Le témoignage sur la Résistance est surtout marqué d'une modestie du dérisoire, sans aucune déférence ; l'essentiel dans ce livre me paraît surtout être le témoignage sur la piétaille, les copains disparus.

\Mots-clés : #amitié #autobiographie #deuxiemeguerre #terrorisme #xxesiecle

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