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Clara Malraux

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Message par animal Lun 9 Jan - 22:29

Clara Malraux (1897- 1982)

Clara Malraux Doc-5310

Clara Goldschmidt, épouse Malraux, née le 22 octobre 1897 à Paris et décédée en décembre 1982.

Clara Goldschmidt passe son enfance à Auteuil, entre une mère oisive et un père absent. Elle est bercée par les lectures de Shakespeare, Balzac, Corneille et Hugo.

En 1920, elle entre comme traductrice à Action, revue d'avant-garde où elle rencontre certains artistes, comme Cendrars, Picasso, Cocteau, Aragon et André Malraux. En 1923, elle épouse ce dernier. De leur union, naît une fille, Florence.

En 1925, elle devient journaliste à Saïgon, pour le quotidien que son mari vient de créer : Indochine. Ruiné par des placements infructueux, le couple rentre en France.

En 1933, après l'incendie du Reichstag, Clara aide les émigrés allemands qui fuient le régime nazi.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle se réfugie à Paris puis dans le Lot. En zone libre, elle rencontre un nouvel amour, Gérard Krazat, un Allemand, antifasciste et communiste. Elle s'engage avec lui dans la Résistance. Arrêté par la Gestapo, Krazat meurt et Clara devient clandestine.

A la fin des années quarante, elle se lie avec un écrivain, Jean Duvignaud, et participe à la revue Contemporains. En 1947, elle divorce d'avec André Malraux.

En 1967, lorsque le conflit israélo-arabe éclate, elle s'engage en faveur du dialogue.

En mai 1968, elle milite aux côtés des étudiants de Nanterre.

source : wikipedia.org

(j'en avais une autre mais le lien est mort).

Bibliographie (hors traductions) :

1928 : Journal psychanalytique d'une petite fille
1938 : Le Livre des comptes
1945 : Portrait de Grisélidis
1947 : La Maison ne fait pas crédit
1953 : Par de longs chemins
1958 : La Lutte inégale
1963 : Java Bali
1963-1979 : Le Bruit de nos pas (Mémoires) :
Apprendre à vivre, (1897-1922)
Nos Vingt Ans, (1922-1924)
Les Combats et les Jeux, (1924-1927)
Voici que vient l'été, (1927-1935)
La Fin et le Commencement, (1936-1940)
Et pourtant j'étais libre, (1940-1968)
1971 : Venus des quatre coins de la terre : Douze rencontres en Israël
1980 : Rahel, ma grande sœur, un salon littéraire à Berlin au temps du romantisme

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Message par animal Lun 9 Jan - 22:43

A la question faut il lire Clara Malraux la réponse est oui, et mille fois oui ! Son style est plus direct que celui de son fameux mari, plus classique ? La personnalité n'est pas moins forte, la curiosité et l'intelligence certainement pas moindre. Plus terre à terre ? Son parcours intellectuel et humain est une somme d'aventures impressionnantes.

Il y a des livres quand on les referme on se dit qu'on se doit d'être moins con, qu'on se le doit, qu'on le doit à l'auteur... y arrive-t-on assez, pas sûr dans mon cas. N'empêche Clara Malraux m'impressionne et fait partie des auteurs avec une place un peu à part.

Le témoignage historique, la volonté, les influences culturelles multiples, l'action et le doute, tout ça mélangé et le geste. Et le fait qu'en tant que femme et trop forte personnalité on l'oublie trop vite ? Lisez la. Pour le peu qu'on trouve, lisez la. A commencer par la fin ?

J'avais manqué de mots sur ce coup là alors je me contente de copier-coller mais je n'en pense pas moins, c'est souvent tétanisant :

Clara Malraux 41kn2c10

... Et pourtant j'étais libre

quatrième de couverture a écrit:Après avoir, pendant vingt ans, connu aux côtés d'André Malraux une vie d'amours et d'aventures, Clara Malraux, juive, se retrouve seule et se retrouve seule et mère d'un enfant fragile au lendemain de l'armistice. Commence alors pour cette femme, que le génie de son mari reléguait dans l'ombre, une vie quotidienne où il lui faut à chaque instant prendre des initiatives dont dépendent et l'existence de son enfant et la sienne. Suivant l'exemple de Gribouille qui se jette à l'eau pour ne pas être mouillé, elle plonge dans la Résistance et y engage la petite Florence. Clara Malraux relate la lutte clandestine qu'elle a vécue : mélange de tragique et de comique, de sérieux et de saugrenu, de maladresses un peu chapelinesque et de courage. Toute une époque revit ici, qu'anime le portrait d'une petite fille tour à tour écolière ou « courrière » d'un réseau, qui transporte de faux-papiers sous le pain de son goûter. Clara Malraux nous raconte, la guerre terminée, ses rapports avec le parti communiste, son choix en faveur de la Yougoslavie, son engagement envers Israël. Arrivée au terme de ses mémoires, il apparaît clairement à quel point Clara Malraux fut mêlée à tous les combats de son époque, y compris celui des femmes, dont elle fut l'une des premières à comprendre la nécessité. Le livre se clôt sur une évocation des journées de Mai 68 auxquelles elle participa, et qui marquèrent, selon elle, la fin de sa jeunesse : elle avait alors soixante-dix ans.

succession de courts passages, de souvenirs, retours sur expérience qui nourrissent quantité de réflexions, immédiates ou plus vastes : la peur, l'histoire, la femme, le couple, l'art, la religion, la relation mère-fille...

lecture agréable mais dense et finalement éprouvante (déambulations d'une femme engagée et de sa fille dans des circonstances troublées, le moins que l'on puisse dire).

l'expression d'une indépendance d'esprit, de détermination, de courage, de vie quotidienne ? ... de justice aussi.

ce fut une lecture particulièrement enrichissante. qui mérite d'être un peu décantée d'ailleurs.

humainement c'est beaucoup beaucoup de choses, avec finesse, associations, c'est plus direct aussi que les écrits du mari par exemple. Les échos sont nombreux entre les deux lectures. Pour la rubrique potins/règlement de compte, oui et non. oui parce que la blessure est exprimée, des reproches aussi, non parce que ce n'est pas fait n'importe comment.

je vous remets en attendant autre chose l'extrait déjà copié :

Les Allemands nous méprisaient. Ceux qui ne les connaissaient pas pouvaient conserver quelque illusion à ce sujet, moi pas. Il faut ajouter qu'après la victoire trop aisée de nos ennemis, les hommes qui nous gouvernaient alors dévidèrent la longue litanie des péchés qui nous valaient ce châtiment. Comme si l'expérience des siècles ne nous avait pas appris qu'aucun rapport n'existe entre vertu et victoire ! L'idée que le vainqueur est toujours plus méritant que le vaincu constitue la plus curieuse et, sans doute, la plus stupide forme de l'éthique masculine.

"Que la victoire aille au meilleur." Espoir de barbare. La victoire récompense celui qui aspire au combat, ce que je ne saurais considérer comme moral. Depuis des millénaires l'homme valorise le triomphateur, justifie toute défaite par quelque faute. Les mythologies en témoignent et même la nôtre, la judéo-chrétienne : à chaque fois que le peuple juif n'a pas agi comme il convient, Dieu l'a châtié. Là-dessus on renverse effets et causes. Résultat, le succès ne saurait être que celui du juste, vainqueur il méritait de l'être.

Ah! que les femmes enfin s'attaquent à ces valeurs stupides, qu'elles osent dire que la défaite ne signifie que le triomphe de la force, que la faiblesse n'est pas un péché, et peut même être une vertu.

Nous en sommes encore au jugement de Dieu, quand bien même nous ne croyons plus en lui. Dernière survivance des temps barbares, dernière acceptation des droits de la force, que nous devrions rejeter. Dans les livres, dans les journaux, il ne cesse d'être question, sous une forme ou sous une autre, de la "honte de la défaite". C'est sans doute cette honte qu'il faut "laver" - dans quoi la "laver" sinon dans le sang de la naissance et celui de la mort ? L'idée de cette honte, directement liée à l'oppression de la femme par l'homme, s'affirme le plus fortement, reconnaissons-le, dans les pays détenteurs des cultures nettement phallocratiques.

... Je me sens mieux d'avoir écrit ces phrases, aujourd'hui où les femmes ont gagné leur combat, combat auquel j'ai loyalement participé naguère, et dont je trouve maintenant qu'il lui arrive de s'attaquer à des manifestations quelque peu secondaires. Voici, me semble-t-il, pour celles qui sont plus jeunes que moi un but nouveau : s'efforcer de retirer à la notion de victoire toute valeur de vertu.

histoires qui coupent un peu le souffle.

qu'ajouter ? que c'est frappant et pesant la survie de cette femme (et de sa fille malade) un peu égarée car de culture multiple : allemande, française, juive... dangers très présents.

pour la valeur de ce témoignage multiple et aussi pour les mêmes raisons (considérations) qu'avec André Malraux mais en pas pareil (je risquerai le plus complet) :

remarquable, remarquable, remarquable.

Cette fois je n'ai guère eu le temps de réfléchir, d'abord parce que le trajet était court, puis parce qu'à peine quittée la gare de Lannemazan, la Gestapo s'est montrée. "Vos papiers, s'il vous plait." Flo, serrée entre une bonne soeur et un vieillard qui jouait les Pétain, montrait un visage plus rose qu'à l'accoutumée : l'air de la montagne et les desserts qui "tenaient au corps". Le contrôle lui a rendu ses couleurs habituelles. "Vos papiers, s'il vous plait." En Russie, sans doute ne disent-ils pas "s'il vous plait". Ici, ils se conduisent en vainqueurs courtois, sauf, bien entendu, si l'on est juif ou résistant. Flo devenait de plus en plus petite, dans son visage il n'y avait plus que des yeux.
"Vos papiers ?"
Je les ai tendus.
L'homme n'avait pas vingt ans; les occupants, comme sous l'effet d'un mystérieux élixir, rajeunissaient de jour en jour. Son regard va de Flo à moi, on dirait qu'il la mesure. Oui, c'est une toute petite fille qui aurait dû ne pas être ici.
Il m'a demandé où j'allais. J'ai répondu : "A Salies-du-Salat où mon enfant doit faire une cure. Elle vient d'être malade."
Je sais l'allemand comme le français, pourtant j'ai à peine compris qu'il se confiait à lui-même : "Qu'un autre s'en charge. Ein anderer mag es machen.) Et puis, elle est mignonne, la petite."
Comment oublierais-je, quand même j'atteindrais ma centième année, la phrase chuchotée, qui nous permettait de continuer de vivre. J'aurais voulu avoir la force de regarder ce garçon, je ne l'ai pas trouvée.
"Tenez - son français est rugueux - reprenez votre carte d'identité." Quelques secondes plus tard, sa voix dans le compartiment voisin : "Vos papiers, s'il vous plait." "Ouf", fait la bonne sœur, je ne sais pas pourquoi mais sans doute le sait-elle, elle. Moi je ne peux même plus dire ouf, mais, l'homme de la Gestapo - et de la pitié - éloigné, une étrange confusion se fait en moi, je ne suis plus dans un train français, mais bien en Indochine, au Cambodge, précisément, à l'instant de notre arrestation. Entourée d'une foule asiatique massée sur un bateau, je transpire, non de peur, mais à cause de l'épaisse chaleur montant du fleuve. Un peu plus tard je me demande si le moment ne vient pas toujours où le danger a le même parfum, qu'il soit volontaire ou fantaisiste comme il y a vingt ans, imposé et choisi à la fois comme il l'est alors, pour moi, sur la terre de France.


autre extrait :

Au nom de l'indispensable information, Jean parvint à me convaincre de l'utilité de contacts directs avec les soldats allemands. Rien de plus facile; ils ne demandent que ça, seules l'hostilité des occupés et l'ignorance qu'Allemands et Français avaient de leurs langues respectives, empêchaient les contacts. Oh, l'approche fut facile : bien qu'il n'y eût plus que de rares marchandises dans les Monoprix on s'y rendaient, dans je ne sais quel absurde espoir. Au lieu de rencontre du rayon des mouchoirs - il fallait quelques "points textiles" pour en acquérir - et de celui des chapeaux - ceux-ci éblouissants de fantaisie, petits univers sur lesquels régnait la végétation - j'ai fait le guet. Cinq ou six jeunes Germains frais, bien nourris, rieurs, passèrent devant moi à la recherche d'un objet tentateur. Je n'ai pas eu le courage de les accoster. Vint, ensuite, un solitaire dont je sentis qu'il serait heureux de s'entretenir avec un civil, fût-il de nationalité adverse. Mon approche suscita une scène si lamentablement classique que j'ai quelque honte à la raconter.

Le gars ne s'étonna pas de ma connaissance de l'allemand, me parla de la pluie et du beau temps, d'hypothétiques achats, de la région où il habitait qui ne ressemblait pas, mais pas du tout au pays toulousain. Tandis qu'il avance vers les confidences il parle de plus en plus vite, enfin, il parvient là où il voulait en venir : de la poche arrière de sa vareuse il sort un portefeuille gonflé de photos : "ça c'est ma femme, elle est gentille vous savez. Tenez Magda et Lotte... mes enfants ne me connaissent pour ainsi dire pas... à ma dernière permission... " Arrivée à ce point, je n'ai pas la force de continuer à l'écouter : une minute de plus, je l'embrasserais.

On le voit, je n'ai pas toujours été à la hauteur de ma tâche. Après cet échec, le M.N.P.G.D. s'est adressé à d'autres pour obtenir des renseignements grâce à un aimable bavardage avec des soldats allemands.

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Message par animal Lun 9 Jan - 22:45

Et puis cette épreuve avec une petite fille ça ne peut que me faire penser à Béatrix Beck, personnalité certainement différente, mais auteur que je n'estime pas moins et elle aussi à la grande indépendance d'esprit.

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Message par Armor Lun 9 Jan - 22:58

J'admire l'art avec lequel tu cites l'air de rien deux de tes auteurs fétiches en une seule phrase. Très fort ! Clara Malraux 1390083676

C'est vrai que j'avais acheté Nos vingt ans suite à tes commentaires, moi. Hop, je le ressors. (lui aussi… Je fais ça dix fois par jour, en ce moment… Clara Malraux 3933839410)

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Message par animal Lun 9 Jan - 23:01

Ce sont deux auteurs qui me marquent particulièrement...

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Message par Tristram Lun 9 Jan - 23:27

Vu comme tu en parles, j'ai mis Et pourtant j'étais libre dans mon panier.
Tu peux en dire plus sur l'oeuvre de Béatrix Beck (pas vu de fil) ?

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Message par animal Mar 10 Jan - 6:30

pas encore de fil mais bientôt en gros plusieurs aspects : cycle autobiographique des Barny, dont Léon Morin, une tendance "écriture blanche" (mais pas transparente) qui s'affranchit à la fin du cycle en certaines bizarreries. sens de l'humour, gravité. le coq et l'âne en même temps. dans ses enchaînements il y a un côté mantra. Il y a des gargouilles, des esquintés. elle a la pêche. elle a aussi écrit de la poésie et des histoires pour les enfants. (elle est géniale).

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Message par topocl Mar 10 Jan - 8:10

Et pourtant j'étais libre est le 6ème tome de ses mémoires qui en font 6. C'est important de lire dans l'ordre, je suppose?

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Message par animal Mar 10 Jan - 12:40

mmmh... je n'ai pas lu dans l'ordre dans ce que j'ai lu, et commencer par Et pourtant j'étais libre ça peut se faire assez bien, il me semble.

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Message par Marie Mer 11 Jan - 1:09

Je crois que c'est quand même mieux de les lire dans l'ordre pour mieux découvrir le personnage. Je ne l'ai pas fait, d'ailleurs , j'ai lu Nos vingt ans après Et pourtant j'étais libre.

Notes de l'époque ..:

Clara Malraux 97822412

Merci à Animal de m'avoir permis de découvrir le dernier tome des mémoires de Clara Goldschmidt, épouse Malraux, Et pourtant j'étais libre, avec une préface de François Nourissier.
C'est donc le récit des années de guerre par une femme juive, avec sa petite fille Florence, de santé fragile, qui ne cessent de chercher des abris et des personnes susceptibles de les cacher, de les nourrir, de leur fournir des faux papiers.
Quel personnage, cette Clara! D'une énergie folle, prête à tout pour s'en tirer et résister, toujours attentive à sa fille , ne désespérant jamais. Et très honnête, particulièrement dans sa vision du parti communiste auquel elle a adhéré à cette époque, et dont elle sait condamner rapidement les dramatiques errances, avant beaucoup d'autres! Mais pas avant le peintre Atlan, j'ai aimé ces phrases:
"
Après la guerre, sa rupture avec le parti lui fut douloureuse, mais il l'accomplit avec une véritable rigueur, et l'un des premiers- sinon le premier- d'entre nous. L'intelligence et la générosité l'avaient conduit au communisme, l'intelligence et la générosité l'en détachèrent. Il était horriblement sensible à la bêtise et celle des responsables intellectuels du parti l'atterrait. Quant aux directives artistiques qu'ils donnaient, elles suscitèrent d'abord en lui un déchainement de rage puis, très vite, un dégoût rigoleur.
."
J'ai moins aimé le côté réglement de comptes avec son ex-mari, mais, quand même ,je n'ai pu m'empêcher de me poser des questions sur cet homme, capable d'abandonner à leur triste sort, presque sans un sou et sans les mettre à l'abri non seulement son ex-épouse mais aussi sa fille..
On sent l'influence de Josette Clotis, avec laquelle Clara est féroce, d'ailleurs.
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Message par animal Mer 11 Jan - 7:26

Par de plus long chemin dans le genre "ça ne passe pas" ce n'est pas mal non plus.

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Message par animal Mer 25 Jan - 22:44


Apprendre à vivre

Premier volume des mémoires de Clara Malraux qui en comprend six. publiés de façon indépendantes et regroupés en 2 X 3 dans Le Bruit de nos pas. C'est comme ça que je l'ai lu. Je vais attendre avant de poursuivre.

Apprendre à vivre. Est donc le récit et les réflexions de l'enfance, puis de l'adolescence et enfin d'un début de vie d'adulte. Ce que je vais dire ensuite de cette lecture sera redondant avec mes impressions sur Et pourtant, j'étais libre...

J'ai retrouvé avec plaisir cette écriture qui s'attarde sur les détails et les cheminements de l'esprit pour nous décrire d'abord une personne, elle même, Clara Malraux (qui s'appelait encore Goldschmidt). Ses rapports aux autres, à son père, ses frères, sa mère, les gouvernantes, les amis, les hommes... son apprentissage de la vie et de ses origines diverses Allemande et Française, la religion, les religions, l'art... et l'histoire, la guerre, la première guerre mondiale, des angoisses, des prises de consciences qui ne sont d'ailleurs pas toutes achevées.

Elle parle aussi beaucoup de culture, de livres, beaucoup de lectures, de l'importance des livres pour elle...

C'est assez dense encore une fois, juste et pudique, jamais vraiment complaisant (malgré la bourgeoisie assumée, oserai-je)...

Des éléments plus présents que d'autres... la mort peut-être, le besoin d'intégration ou d'appartenance à une communauté (la France par exemple), le besoin d'échanger des idées, de se construire, se trouver, s'affirmer... la même grande volonté d'indépendance de l'esprit.

Conquis je suis. Elle raconte merveilleusement bien les doutes et la gravité de l'enfance... particulièrement "rassurant", "enrichissant" et "inspirant".


extraits :

J'avance mes mains contre la paroi, le passage se resserre, il fait sombre, sous l'extrémité renflée de mes doigts se présentent des inégalités vivantes. Mes mains, mes doigts, l'importance de ce qui est lisse, qui appelle à continuer, à glisser, celle aussi de ce qui est rêche, qui retient, qui s'impose. J'ai saisi le monde à travers la peau de ces mains qui se modèlent sur ce qu'on leur permet d'approcher. "Il faut que tu touches à tout", disait ma mère. Je cassais tout aussi, absorbée dans mes découvertes , dans mon avidité qui oubliait la possession. "Vos petites mains destructrices", disait la femme de chambre. Je les sens encore se refermer sur les roses - je n'étais pas plus grande que les rosiers - entre les feuilles, l'air offrait une résistance molle. Je serrais, les pétales devenaient un peu humides, collants, la fleur devenait une balle sans élasticité à laquelle j'imposais une marque, elle se réduisait, cotonneuse. Alors je roulais la masse amaigrie contre ma paume où elle s'effritait. L'aventure avait été vécue. Je tremblais un peu, j'avais des larmes aux yeux, j'avais peur et j'étais heureuse quand cette peur se justifiait parce qu'on me grondait.

Pour parvenir dans leur chambre il leur fallait traverser la mienne ; j'exerçais ainsi un inconscient droit de contrôle sur eux, qu'ils semblaient accepter, puisque les rares soir où ils se couchèrent tard, après quelques heures passées à Nice ou Monte-Carlo, l'un ou l'autre jetait un coup d’œil sur la fillette  qui simulait le sommeil. J'ai souvent simulé le sommeil, dans ma vie. Pour surprendre ce que l'on voulait me cacher ? J'ai peu appris ainsi. Le plus souvent ce fut, me semble-t-il, pour dissimuler l'inquiétude causée par une absence, que je ne faisais encore que pressentir.

Un jour à Magdebourg, j'entends des phrases qui signifient qu'on massacre aussi des Juifs. Comme les Arméniens ? Je n'ose poser de questions. Les questions ne doivent concerner que ce qui est dépourvu d'importance, pour le reste il faut se débrouiller seul. On massacre en Russie et des Polonais arrivent en Allemagne, des Polonais qui sont des juifs et qui sont des sauvages, ce qui n'est pas une raison pour ne pas les aider. "D'accord, dit gross-mama, mais pas de cette façon-là." De quelle façon alors ? Gross-papa a agi à sa tête, si bien que quelques années plus tard il a fallu, quand ils sont partis, nettoyer l'appartement de ces gens; on ne faisait pas plus sale. Mais puisqu'on massacre les Juifs comme les Arméniens, et si mes frères avaient été des sœurs, je serai peut-être devenue une fille-garçon. Non, après tout c'est sans rapport. Ce qui reste, c'est que j'ai appris à travers l'Arménie que l'homme pouvait persécuter l'homme.
Puis j'ai dix ans ; devant moi gross-mama et maman évoquent des souvenirs : "Cette famille que mon père avait recueillie ? - Ton père fait souvent de drôles de choses. On aurait pu les aider autrement. Mais tu sais ils se sont bien débrouillés. L'aîné a terminé son droit, il est quelque chose d'important là-bas, en Palestine. Et les filles aussi réussissent bien ; elles ont ouvert un magasin de broderies. En une génération, tu te rends compte ?"
Je ne sais pas si maman se rend compte, mais moi, je me rends compte. En une génération. Voilà de quoi est capable une des communautés à laquelle j'appartiens
.

(message repris).

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Message par animal Mer 25 Jan - 22:45

Et c'est pas mal comme titre non, Apprendre à vivre ?

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Message par animal Mar 14 Nov - 21:09


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Message par églantine Mar 14 Nov - 21:45

Yep dans les podcasts ! Clara Malraux 1486156233
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