Jenny Erpenbeck
Page 1 sur 1 • Partagez
Jenny Erpenbeck
.Jenny Erpenbeck, née le 12 mars 1967 à Berlin-Est, est une metteure en scène et écrivaine allemande.
Jenny Erpenbeck grandit en République démocratique allemande. Ses grands-parents, Hedda Zinner et Fritz Erpenbeck, sont écrivains. Elle est la fille du physicien et philosophe John Erpenbeck ( et de la traductrice Doris Kilias. Durant les années 1980, elle travaille comme relieuse, puis est employée dans un théâtre. Erpenbeck étudie le théâtre à l'université Humboldt de Berlin, puis poursuit ses études à l'Académie de musique Hanns Eisler. À la fin des années 1990, elle est directrice adjointe du Graz Opera.
Œuvre en français
Romans
Geschichte von alten Kind, Eichborn, 1999, L'Enfant sans âge, 2001,
Heimsuchung, Eichborn, 2008, Le Bois de Klara, 2009,
Nouvelles
Tand, Eichborn, 2001 Bagatelles, 2004,
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Jenny Erpenbeck
Le bois de Klara
Dans cette maison proche de Berlin, l'auteur a passé, enfant, de merveilleux étés. Elle y revient un temps clandestinement, une fois qu'elle est vendue, et explore les archives pour retracer son histoire au fil du siècle.
Au départ il y avait le bois de Klara, la fille « bredine » du maire, qui a été vendu en 3 lots. C'était un lieu idyllique, au bord d'un lac, dans une nature enchanteresse, et les propriétaires successifs y ont installé leur demeure. Ils ont adoré ce lieu-refuge, lieu-privilège aussi, qui accompagnait leurs bonheurs et leurs malheurs intimes. Et si leurs vies étaient ballottées voire détruites par l’histoire du pays et ses remous dramatiques, le constant jardinier continuait à tondre, tailler, aménager, couper le bois…
Il y a donc un côté intime du quotidien bienheureux , les promenades, les baignades dans le lac, le bateau accroché au ponton… Les merveilleuses descriptions de Jenny Erpendeck n'ont pas manqué de faire remonter en moi le souvenir ancien de baignades féeriques dans des lacs allemands sauvages… (mais dan s le livre, c'est beaucoup plus subtil que ça). La nature sublime, indifférente aux tragédies, l'homme l'aménage au fil du siècle pour son confort, et son plaisir.
Mais l'Histoire est là qui s'approprie les lieux, et décide des destins. Chaque époque est l'occasion de le rappeler , de façon souvent allusive et habilement contournée : l'architecte nazi, le juif, la femme terrorisée par l'arrivée de l'Armée Rouge, le communiste récompensé de sa fidélité à l'idée dominante,... Tout ce que l'Allemagne a connu de tragédies au fil des ans, avec en fil rouge, les exils successifs et ce qu'ils impliquent d'abandon et de spoliation, où l'on laisse derrière soit des trésors cachés au pied des arbres, mais emmène ce qui ne pèse pas : la musique.
C'est donc une leçon d'histoire très particulière, par petites touches, à la mélancolie poétique, avec des leitmotivs. Si l'on croit longtemps que la maison et la nature vont résister à l'offense de l'Histoire, on apprendra au fil des pages que comme les hommes, les maisons ont leur vie, leur apogée, leur décrépitude et leur mort.
J’ai vraiment été très touchée par ce livre atypique, subtil et audacieux récit du destin du peuple allemand.
mots-clés : #historique
Dans cette maison proche de Berlin, l'auteur a passé, enfant, de merveilleux étés. Elle y revient un temps clandestinement, une fois qu'elle est vendue, et explore les archives pour retracer son histoire au fil du siècle.
Au départ il y avait le bois de Klara, la fille « bredine » du maire, qui a été vendu en 3 lots. C'était un lieu idyllique, au bord d'un lac, dans une nature enchanteresse, et les propriétaires successifs y ont installé leur demeure. Ils ont adoré ce lieu-refuge, lieu-privilège aussi, qui accompagnait leurs bonheurs et leurs malheurs intimes. Et si leurs vies étaient ballottées voire détruites par l’histoire du pays et ses remous dramatiques, le constant jardinier continuait à tondre, tailler, aménager, couper le bois…
Il y a donc un côté intime du quotidien bienheureux , les promenades, les baignades dans le lac, le bateau accroché au ponton… Les merveilleuses descriptions de Jenny Erpendeck n'ont pas manqué de faire remonter en moi le souvenir ancien de baignades féeriques dans des lacs allemands sauvages… (mais dan s le livre, c'est beaucoup plus subtil que ça). La nature sublime, indifférente aux tragédies, l'homme l'aménage au fil du siècle pour son confort, et son plaisir.
Mais l'Histoire est là qui s'approprie les lieux, et décide des destins. Chaque époque est l'occasion de le rappeler , de façon souvent allusive et habilement contournée : l'architecte nazi, le juif, la femme terrorisée par l'arrivée de l'Armée Rouge, le communiste récompensé de sa fidélité à l'idée dominante,... Tout ce que l'Allemagne a connu de tragédies au fil des ans, avec en fil rouge, les exils successifs et ce qu'ils impliquent d'abandon et de spoliation, où l'on laisse derrière soit des trésors cachés au pied des arbres, mais emmène ce qui ne pèse pas : la musique.
C'est donc une leçon d'histoire très particulière, par petites touches, à la mélancolie poétique, avec des leitmotivs. Si l'on croit longtemps que la maison et la nature vont résister à l'offense de l'Histoire, on apprendra au fil des pages que comme les hommes, les maisons ont leur vie, leur apogée, leur décrépitude et leur mort.
J’ai vraiment été très touchée par ce livre atypique, subtil et audacieux récit du destin du peuple allemand.
mots-clés : #historique
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Jenny Erpenbeck
merci pour ton commentaire topocl, je pense que je pourrais apprécier ce livre ! (c'est noté)
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jenny Erpenbeck
Au vue de sa biographie, deux éléments retiennent l'attention et me font te poser cette question topocl : est-ce que l'aspect religieux et/ou musical est important dans Le Bois de Klara ?
shanidar- Messages : 1592
Date d'inscription : 02/12/2016
Re: Jenny Erpenbeck
religieux,non pas du tout.
Et musical, un ou deux personnages jouent du piano, mais ce n'est pas important dans l'histoire. Juste ce élément qui revient qu'en exil on peut emporter la musique, ça ne pèse rien.
Et musical, un ou deux personnages jouent du piano, mais ce n'est pas important dans l'histoire. Juste ce élément qui revient qu'en exil on peut emporter la musique, ça ne pèse rien.
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Jenny Erpenbeck
... et je relis sa biographie, et il est écrit "relieuse" et non religieuse.
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Jenny Erpenbeck
ah oui, je trouvais étrange l'expression elle travaille comme religieuse ! comme relieuse me semble plus 'saint' ? Arff ! Tu donnes envie, en tout cas, topocl !
shanidar- Messages : 1592
Date d'inscription : 02/12/2016
Re: Jenny Erpenbeck
C'est même bien mieux que ce que j'ai dit .
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Jenny Erpenbeck
Le bois de Klara
Voilà une lecture originale, un peu déroutante, parfois, qui va me rester longtemps en mémoire en la personne de Doris, une enfant de douze dont il est question parmi d'autres personnages dans ce roman. Mais c'est elle qui symbolisera pour moi, ce livre.
Jamais livre n'a mieux décrit l'immuabilité des saisons ,du cycle de la nature, de la vie parallèle des insectes, d'un lieu et d'une demeure face à la folie cruelle des hommes. L'Histoire est racontée par bribes, et c'est la barbarie et l'anéantissement de l'homme par son semblable qui est la trame des pages.
Seul, un homme semble traverser toutes ces années, sans avoir à "choisir", sans paraître influencé par ce qui ses passe dans ce bois, c'est le jardinier : mais n'est-il pas le messager entre la nature, les arbres, les saisons et les simples mortels ?
Il y a une musique lancinante dans ces pages comme les redites de paragraphes.
Je ne sais pas trop bien décrire ce livre, je m'en rends compte mais sa lecture vous bouleversera certainement.
Voilà une lecture originale, un peu déroutante, parfois, qui va me rester longtemps en mémoire en la personne de Doris, une enfant de douze dont il est question parmi d'autres personnages dans ce roman. Mais c'est elle qui symbolisera pour moi, ce livre.
Jamais livre n'a mieux décrit l'immuabilité des saisons ,du cycle de la nature, de la vie parallèle des insectes, d'un lieu et d'une demeure face à la folie cruelle des hommes. L'Histoire est racontée par bribes, et c'est la barbarie et l'anéantissement de l'homme par son semblable qui est la trame des pages.
Seul, un homme semble traverser toutes ces années, sans avoir à "choisir", sans paraître influencé par ce qui ses passe dans ce bois, c'est le jardinier : mais n'est-il pas le messager entre la nature, les arbres, les saisons et les simples mortels ?
Il y a une musique lancinante dans ces pages comme les redites de paragraphes.
Je ne sais pas trop bien décrire ce livre, je m'en rends compte mais sa lecture vous bouleversera certainement.
¨Pour deux minutes encore, la voûte d'un ciel laiteux, traversé de quelques nuages, s'arrondit au dessus d'elle, comme au bord du lac dans les instants qui précèdent la pluie; pour deux minutes encore, elle respire l'odeur si familière des pins, mais les pins eux-mêmes restent invisibles derrière la haute palissade (...) Pour deux minutes encore, elle sent le sable sous ses chaussures, quelques petits silex et des graviers de quartz ou de granite, puis elle ôte ses chaussures pour toujours et monte sur la planche pour être tuée d'un balle dans la tête.
Invité- Invité
Re: Jenny Erpenbeck
Si tu veux un livre allemand tout aussi chouette, celui de Katharina Hacker Les Fraises de la mère d' Anton, mais pas tout de suite.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Jenny Erpenbeck
bix_229 a écrit:Si tu veux un livre allemand tout aussi chouette, celui de Katharina Hacker Les Fraises de la mère d' Anton
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Jenny Erpenbeck
kashmir a écrit:Je ne sais pas trop bien décrire ce livre, je m'en rends compte mais sa lecture vous bouleversera certainement.
C'est vrai qu'il a une étrangeté difficilement transmissible.
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Jenny Erpenbeck
Le bois de Klara
Situé à l'Est de Berlin, ce bois est l'héritage que le Maïeur (le maire) du village destine à sa plus jeune fille Klara. Le bois est délimité en haut par les framboisiers et en bas par le lac., la vue est donc magnifique. Mais Klara se suicide, on retrouve son corps dans les eaux du lac ; à cause de sa folie ou d'un amour perdu ? Son père vend le bois en trois parcelles, l'une à un importateur de thés et cafés, l'autre à un drapier Juif et la troisième à un architecte qui y fera construire une grande maison. Dès lors c'est la vie quotidienne et le destin de cette maison et de ses habitants que le lecteur va suivre. En effet au gré des changements de régime politique de la région, République de Weimar, IIIème Reich puis période Soviétique, les maîtres des lieux changent. Leur vie en ce lieu leur est des plus agréable, d'autant que le lac leur est accessible pour leurs loisirs, nage, pêche, promenade.
Le nazisme chassera la famille du drapier Juif dont la parcelle sera achetée par l'architecte qui agrandira ainsi son domaine, mais lui-même sera contraint de céder sa place sous la période soviétique.
Socialisme oblige, les terrains appartiendront au "peuple" et la maison sera louée à un couple ayant vécu en URSS qui au bout de quelques années, devra céder la place à la chute du mur de Berlin.
Chaque couple occupant meublera la maison de moments heureux ou douloureux ; si le temps a aussi laissé ses marques il y aura restauration pour la maison, d'autres maîtres et toujours le regard des fenêtres portera jusqu'au lac.
Un homme sera présent dès la construction de la maison, le jardinier. Ce dernier sera le lien entre les divers maîtres de la maison, il entretiendra le jardin jusqu'à un âge avancé avec la même attention, seul lui importe le sort du jardin.
L'écriture de cette auteure est très belle, rare, sensible, elle porte vraiment ces histoires, fort intéressantes, historiquement, politiquement et individuellement.
C'est un livre qu'il vous faut lire amis Chosiens !
merci à Tom Léo qui l'a fait connaître à topocl et à cette dernière de m'avoir donner l'envie.
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jenny Erpenbeck
Oui ça reste à distance un livre très fort, empreint d'individualité et de collectif, avec une charme tout à fait singulier, et une part de mystère, aussi.
_________________
Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Des Choses à lire :: Lectures par auteurs :: Écrivains européens de langue allemande
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|