Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Poésie

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Message par Bédoulène Mer 18 Nov - 7:55

douloureux vos poèmes Bix et Aventin

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Message par Nadine Mer 25 Nov - 18:40

bix_229 a écrit:Tu es un lecteur plus patient et plus attentif que moi, Jack Hubert !

Je réagis trop souvent à l' impulsion, à l' émotion immédiate.
Et depuis quelque temps, je manque de motivations et de curiosité pour mettre en exergue
des poètes et des poèmes que j' appréciais.
Le manque de retour, peut etre...

Jack-Hubert Bukowski a écrit:Resalut Bix,

Et bien, pour le manque de retour... parfois, l'étincelle se fait sur le tard. Il est important de cheminer au gré de nos lectures et d'y revenir... en temps utile. Il y a un processus de maturation dans nos vies de lecteurs, comment nous recevons la poésie. Je comprends ton besoin de sentir immédiatement l'émotion. C'est ce qui fonde une partie de la réalité poétique. Il y a tout de même des poètes qui sont plus dans les zones sensibles et qui sont parfois plus cérébraux à l'instar de Fernando Pessoa.

...peut -on lire en premieres pages du fil...

Pour preuve, les garçons, me voilà venant ici pour lire ce qui pourrait très spécifiquement être scandé sur une partition jazz de Bach, du trio de jacques Loussier.
J'explique mieux : j ai un 33 tours de Jacques Loussier et son trio,, qui ont arrangé Bach à la sauce Jazz, ça fait un peu comme des pâtes ou du riz qui bouent dans une casserole, JH, et Bach, en soi, c'est, pour dire la meilleure image, à mon sens , les images de la spirale de Fibonacchi.
Donc : on a une transcription de sons très harmoniques, mais gradués qui font penser au principe de fibonacci , donc des sons qui passent graduellement de l'aigu au grave ou vice versa, avec le soucis que ça soit bien rangé, JH c'est vraiment la transcription que je te donnerais de Bach.Le mec met en ordre les sons, genre une grimace aigue, tu sais, comme quand ça enerve, et le grave c'est quand on est tout faitgué et que les joues tombent. Alors cet homme met en ordre pour nous mettre en extase, il range et fait jjouer les sons dans l'ordre mais joliment : on passe de l'aigu  au grave en passant par les stades intermediaires, à la rigueur on accelere, mais il essaie toujours que tout soit relié.  c est tres calmant du coup. car c'est comme de dire que rien ne procede que du tout.
Alors il y a ce compositeur, Bach.
Qui est repris par un jazz man. Jacques Loussier. Le jazz c'est de l'harmonie au sens propre et figuré , un peu malmenée, par des sons qui font pop corn.

Et j'ai donc ce vinyle.
et je connais une interprète très douée des standards jazz. Et j'aimerais soumettre à elle et son pianiste, et sa formation jazz, ce son. Mais elle n'aurait rien à chanter. je viens donc ici. et je lirai ce que bix comme Jack Hubert ont partagé. Car je cherche quels mots pourraient illustrer le prelude numero 12 , un des morceaux composés par Bach, à la sauce jazz avec Jacques Loussier.
N'oubliez jamais que la forme d'un forum n'est pas l'immédiateté. pensez. Shanidar est ici témoignée pour très longtemps, souhaitons le.
Sur cette note grâve qu'un visiteur ne comprendra pas,
sàlut !

(bon et donc, quel texte peut donc être scandé sur du bach jazz ?
Nadine
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Message par Invité Jeu 3 Déc - 19:11

Je m'enivre de miel sauvage
je roule sur un tapis de mots
griffe leurs écorces
       mordille leurs racines
              froisse des feuilles

Puis je m'oursonne doucement
dans la tanière d'un poème.
Bruno Doucey   La vie est belle

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Message par Aventin Jeu 3 Déc - 19:30

Nadine a écrit:bon et donc, quel texte peut donc être scandé sur du bach jazz ?
Facile, on pourrait commencer par les Cantates, Partitas, Chorals et autres Inventions et Préludes, ça en fait déjà du texte abondant, de la matière à chanter signée du gars Jean-Sébastien.

Sinon (BluesBix, si tu passes par là ?) le répertoire Negro Spiritual et Gospel pourrait avoir sa vocalise à dire, nan ?

Poésie - Page 30 3766364326
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Message par bix_229 Jeu 24 Déc - 19:22

LE VENT N'A PAS D'OMBRE





les chiens

n'en connaissent

que les traces qu'il porte




le vent n'a pas d'ombre




mais soutient les oiseaux

la colère la caresse

et le chant




il dort dans les arbres

fait l'amour dans l'herbe




mais on peut lire son âme

sur l'eau




ce qu'il dit le laisse libre

de parler fort ou

de se taire
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Message par bix_229 Lun 4 Jan - 20:58

Menthe



Bouquet de petites orties poussiéreuses,




Herbes folles au flanc de la maison,




Elle poussait derrière les déchets et les bouteilles vides,




Jamais verdoyante, presque invisible.





Disons-le : elle était aussi une promesse,



Une fraîcheur dans l'arrière-cour de notre vie,




Quelque chose d'inachevé mais de tenace




Qui flânait parmi les allées vertes.






Petits coups de ciseaux, lumière du dimanche




Matin où l'on coupait la menthe avec amour :




Restera cela même qui m'échappe aujourd'hui,




Donnez leur liberté aux choses qui survivent.






Que les odeurs de menthe se fassent capiteuses, démunies,




Prisonnières qu'on libère de cette cour,




Victimes de notre indifférence que nous condamnons




Pour les avoir trahies par notre indifférence.




Seamus Heany est un grand poète irlandais, mort récemment

Comme lui j'adore la menthe et son parfum.
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Message par Bédoulène Mar 5 Jan - 0:10

extra !

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Message par Chamaco Jeu 7 Jan - 20:44

J'ai entendu parler le savant astronome
J'ai vu les formules, les calculs, en colonnes devant moi,
J'ai vu les graphiques et les schémas,
Pour additionner, diviser, tout mesurer,
J'ai entendu de mon siège, le savant astronome
Finir sa conférence sous les applaudissements,
Et j'ai soudain ressenti un étrange vertige, une lassitude infinie ;
Alors je me suis éclipsé sans bruit : je suis sorti
Seul dans la nuit fraîche et mystérieuse,
Et de temps à autre,
Dans un silence total, j'ai levé les yeux en direction des étoiles.

Walt Whitman
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Message par bix_229 Ven 8 Jan - 19:39

Poèmes humains de César Vallejo

Pierre noire sur une pierre blanche
Je mourrai à Paris par temps de pluie,
un jour dont j’ai déjà le souvenir.
Je mourrai à Paris – pourquoi rougir –
en automne, un jeudi, comme aujourd’hui.

Un jeudi, car aujourd’hui que, jeudi,
e prose ces vers, j’ai mis au martyre
mes humérus, et jamais, pour finir,
je fus plus seul, en chemin, qu’aujourd’hui
César Vallejo est mort, ils frappaient
tous sur lui sans qu’il ne leur ait rien fait;
ils cognaient dur avec un bâton, dur
avec une corde aussi ; sont témoins
les jours, jeudi et les os humérus,
la solitude, la pluie, les chemins


Cesar Vallejo, grand poète du Pérou, pour Diogène
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Message par Aventin Dim 10 Jan - 15:32

Roger Kowalski n'est pas que le nom d'un des prix de poésie...parmi les plus prisés (si j'ose écrire), il reste aussi attaché à une plume capable de moments de fine élégance.


DEMAIN

Le vent demain lèvera mes ombres ;
le poisson arrondira ses lèvres blanches sur mon nom ;
la voix du feu secondera la mienne et le fil n’aura jamais
été plus tendu ni plus musical.
Demain.

L’eau, la première, la très noire, dans ses gestes lavera
le souffle qui ne m’appartient plus,
la bouche que je n’ouvrirai pas sinon pour entrer dans
la tendre mort – et vous aurez tenu mes mains dans les
vôtres –
Ah, demain, seulement demain ;
il faut pour l’heure s’efforcer de ne pas défaillir à tâcher
de pénétrer dans l’aiguille par sa pointe.

(À l’oiseau, à la miséricorde )

(Du recueil Le Silenciaire)
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Message par bix_229 Sam 30 Jan - 18:48


Calmement, clairement, je regarde le monde et je dis : tout cela, que je contemple, que je perçois, que je savoure, que je flaire et que je touche, tout cela est une fiction de mon esprit.
C'est à l'intérieur de mon crâne que se lève et se couche le soleil. À l'une de mes tempes apparaît le soleil, à l'autre il disparaît.
C'est dans mon cerveau que brillent les étoiles ; les idées, les hommes et les animaux paissent dans ma tête temporaire. Chants et pleurs emplissent les coquilles sinueuses de mes oreilles et agitent l'air un instant.
Que s'éteigne mon cerveau, et tout disparaît, le ciel et la terre.
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Message par Jack-Hubert Bukowski Dim 31 Jan - 11:42

«Le ciel de Picasso»

La mort aura tes yeux de paille
qui ne prennent jamais feu
La mort renaît de ses cendres
plus fière mieux habillée

La mort morne des Palaces

Beau soleil de Picasso
La corne du taureau
a percé d'un seul coup
le ciel du toréador

Les chevaux traînent
le monde à l'infini

Reine du lasso
la lune
traque les arbrisseaux

On les entend fuir
et reprendre leur place
le danger oublié

Le pendu pousse des cris
qui dérangent la servante

La mort galerie des glaces
Le peintre a perdu son visage

Si tu voulais penser

Edmond Jabès, suite «L'écorce du monde» dans Le seuil. Je bâtis ma demeure
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Message par Bédoulène Lun 1 Fév - 0:06

merci pour ce poème !

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Message par bix_229 Sam 6 Fév - 20:14

En bleu adorable
 
En bleu adorable fleurit, avec
Son toit de métal, le clocher. Alentour
Planent des cris d’hirondelles, et
L’environne le bleu le plus émouvant. Le soleil
Passe bien au-dessus et colore la tôle,
Là-haut, pourtant, dans le vent,
Grince doucement la girouette. Si quelqu’un
Alors descend sous la cloche, descend ces marches,
C’est un tableau paisible, car
Lorsque la silhouette à ce point se détache, la
Plasticité de l’homme ressort avec force.
Les fenêtres d’où s’échappe le son des cloches
Sont comme des portails, à être si belles. Car
Selon la nature tels qu’ils sont encore, ces portails offrent
La semblance d’arbres de la forêt. Or pureté
Est aussi beauté.
Au-dedans, du divers, naît un esprit sérieux
Si simples pourtant sont les images, si
Saintes, que réellement
L’on n’ose souvent les décrire. Mais ceux du ciel
Qui toujours sont bons, tout à la fois, comme les riches,
Ils ont cette vertu et cette joie. L’homme
A le droit d’imiter cela.
Lorsque la vie n’est plus que peine, un homme a-t-il le droit
De lever les yeux et de dire : ainsi
Je veux également être ? Oui. Aussi longtemps que la gentillesse,
La pure, subsiste au cœur, il ne se mesure pas
Pour son malheur, l’homme
A la divinité. Est-il inconnu, Dieu ?
Est-il manifeste comme le ciel ? C’est cela
Plutôt que je crois. C’est la mesure des hommes.
Riche de mérites, certes, mais poétiquement habite
L’homme sur cette terre.  Mais plus pure
N’est pas l’ombre de la nuit avec ses étoiles,
Si je ne puis ainsi dire, que
L’homme, qui a nom image du divin.
 
Y a-t-il sur la terre une mesure ? Il n’en est
Aucune. Certes, ils n’entravent jamais le cours du tonnerre, les mondes
Du créateur. Une fleur aussi est belle, car
Elle fleurit sous le soleil. Il trouve,
L’œil, souvent dans la vie, des êtres qui
Seraient à nommer bien plus beaux
Que les fleurs. Oh ! je le sais bien ! Car
Saigner en sa forme et son cœur et
Ne plus du tout être, cela plaît-il à Dieu ?
Mais l’âme, à ce que je crois, doit
Rester pure, sinon il atteint au Puissant
De son aile, l’aigle, avec un chant de louange
Et la voix de tant d’oiseaux. C’est
L’entité, c’est la forme.
Ô joli ruisselet, tu as l’air émouvant
Lorsque tu roules, aussi clair que
L’œil de la divinité, à travers la Voie Lactée.
Je te connais bien, mais des larmes jaillissent
De l’œil. Une vie allègre je vois
Fleurir autour de moi dans les formes de la création, car
Je ne la compare pas à tort aux colombes solitaires
Dans le cimetière. Mais le rire
Des hommes, il semble m’affliger,
Car c’est que j’ai un cœur.
Aimerais-je être une comète ? Je crois. Car elles ont
La rapidité des oiseaux ; elles fleurissent en feu,
Et sont comme des enfants en pureté. Souhaiter un plus grand,
La nature de l’homme ne peut s’y risquer.
L’allégresse de la vertu mérite aussi d’être louée
Par l’esprit sérieux qui, entre
Les trois colonnes du jardin, souffle.
Une belle adolescente doit couronner sa tête
Avec des fleurs de myrtes, car elle est simple
De par son être et par son sentiment.
Mais des myrtes, il y a en Grèce.
 
Si quelqu’un regarde dans un miroir, un homme, et
Qu’il y voit son image, comme peinte ; elle ressemble
À l’homme, elle a des yeux, l’image de l’homme, par contre
La lune a sa lumière. Le roi Œdipe a un
Œil de trop, peut-être. Ces souffrances de cet
Homme, elles semblent indescriptibles,
Indicibles, inexprimables. Quand le spectacle
Représente une telle chose, cela vient de là. Mais
Qu’éprouvé-je si maintenant je pense à toi ?
Comme des torrents m’entraîne la fin de quelque chose, tout au loin,
Qui s’étend comme l’Asie. Naturellement,
Cette souffrance, Œdipe la ressent. Naturellement, c’est pour cela.
A-t-il aussi souffert, Hercule ?
Certes. Les Dioscures en leur amitié n’ont-ils pas eux aussi
Supporté des souffrances ? En vérité,
Comme Hercule, lutter avec Dieu, voilà la souffrance. Et
L’immortalité, jalousée par cette vie,
Y avoir sa part est aussi une souffrance.
Toutefois c’est aussi une souffrance quand
De rousseurs un homme est recouvert,
D’une foule de taches être tout recouvert ! Voilà
Ce que fait le beau soleil : en effet,
Il tire tout vers en haut. Les jeunes gens, il les guide sur la route
Avec le charme de ses rayons comme avec des roses.
Les souffrances paraissent telles, celles qu’endura Œdipe, que lorsque
Un pauvre homme se plaint qu’il manque de quelque chose.
Fils de Laïos, pauvre étranger en pays grec !
Vie est mort, et mort aussi est une vie.
 
 
Traduit de l’allemand par Julien Hervier
in, « Hölderlin » ( Les Cahiers de l’Herne)
Editions de l’Herne, 1989
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Message par Jack-Hubert Bukowski Dim 7 Fév - 0:07

Merci pour ce dernier poème. Je vais le relire à quelques reprises... Wink
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Message par Jack-Hubert Bukowski Lun 8 Fév - 9:18

«J'ai un arbre en moi...»

J'ai un arbre en moi
Dont j'ai rapporté le plant du soleil,
Poissons de feu ses feuilles se balancent
Ses fruits tels des oiseaux gazouillent.

Les voyageurs depuis longtemps sont descendus de leur
fusée
Sur l'étoile qui est en moi,
Ils parlent ce langage entendu dans mes rêves,
Ni ordres, ni vantardises, ni prières.

J'ai une route blanche en moi
Y passent les fourmis avec les grains de blé,
Les camions pleins de cris de fête,
Mais cette route est interdite aux corbillards.

Le temps reste immobile en moi,
Comme une odorante rose rouge,
Que l'on soit vendredi et demain samedi
Que soit passé beaucoup de moi, qu'il en reste peu ou prou
Je m'en fous!

Nazim Hikmet, Paris ma rose dans C'est un dur métier que l'exil, Le temps des cerises, p. 190.
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Message par bix_229 Lun 8 Fév - 21:49

]center]Je le connais et l'apprécie depuis longtemps Hikmet. Direct et sans apprets.[/center]



Le testament de Maïakovski



(d’)après Stephanie Schwerter
Notre barque d’amour

s’est échouée

sur un banc de sable

du quotidien.

Toi et moi nous sommes quittes.

Il n’y a rien

qui puisse être gagné

à dresser une liste

de nos pertes manifestes.

Nous nous sommes bien aimés,

nous nous sommes bien séparés,

cela suffit.



Randal Jarrell, poète irlandais du 20e siècle
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Message par bix_229 Mer 17 Fév - 21:56

Un monde ouvert : Anthologie personnelle de Kenneth White

l'homme a besoin d'arrimer son savoir
mais il lui faut un espace vide
dans lequel se mouvoir


je vivais et marchais
comme jamais encore
devenais un peu plus qu'humain
connaissais une plus large identité


les traces du caribou sur la neige
le vol des oies sauvages
l'érable rouge à l'automne
mordu par le gel
tout cela me devint plus réel
plus réellement moi
que mon nom même


[Labrador]


(Je lis en ce moment un livre de Mariusz Wilk : Dans le sillage des oies sauvages
sous le signe de Kenneth White. B)
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Message par Bédoulène Jeu 18 Fév - 8:01

merci Bix !

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Message par Jack-Hubert Bukowski Jeu 18 Fév - 8:59

Je m'aperçois, ma parole, que Kenneth White n'a toujours pas de fil ouvert à son intention. Je vais vous introduire à un poème de sa part :

«Hölderlin à Bordeaux»

Peu enclin à la conversation
quand les langues commençaient
à débiter les opinions
il préférait partir
se promener le long du fleuve

«Pourquoi des poètes en temps de manque ?...
je fais ce que je peux du mieux que je peux…
tout prend place
dans le travail en cours…»

c’était aux jours rouges d’automne
le raisin était mûr
sur les coteaux de Garonne
et il gardait le souvenir
d’amis embarqués
au promontoire venté…

là-bas en Allemagne
il n’y avait rien pour lui
mais il y retournerait
pour trouver quoi ?
une fenêtre sur une forêt, peut-être
un peu de lumière philosophique…

chaque jour les bateaux quittaient le port
pour les Indes, les Amériques
il arpentait les quais
et les regardait partir
son voyage à lui
le conduisait ailleurs –
mais jusqu’où pourrait-il aller
quand tout avait disparu
sous l’habitude et l’insignifiance
et les opinions creuses ?

on pouvait bien penser à la Grèce
traduire les tragédies
se complaire à cette hyperbole archaïque
rêver à l’idéal
le paysage avait changé
totalement changé
il l’avait senti cette horrible nuit-là
en traversant l’Auvergne
perdu
dans la glace et la neige
il l’avait senti
le paysage avait changé
plus froid
plus escarpé
informe –
la poésie elle-même devait changer

nul dieu à célébrer
dans un théâtre ensoleillé
un néant à affronter
dans un espace ouvert…

errant dans les rues de Bordeaux
aux jours rouges de septembre
il regardait les ombres
lentement se déplacer
voyait à quelque haute fenêtre
un beau visage
apparaître, puis disparaître

il lui faudrait apprendre
à voyager seul.

Kenneth White, Un monde ouvert. Anthologie personnelle. Poésie/Gallimard.

Tiré de : http://konrad.over-blog.net/2015/11/holderlin-a-bordeaux.html
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