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Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Marguerite Yourcenar

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Message par Nadine Lun 8 Juin - 10:25

Super Bédoulène que tu aies aimé !

Un homme obscur

violence - Marguerite Yourcenar - Page 4 Image_10

Marguerite Yourcenar parle toujours très bien de ses écrits, dans des préfaces, postfaces, des interviews, c'est du coup difficile de passer par une forme de redite.
Ce que je peux tout de même écrire c'est qu'en effet, avec ce personnage de Nathanael, on semble toucher au portrait d'un homme à l'esprit puissant, qui tout du long sinon se cultive, du moins reste en exercice aigu de perception. Alors oui, lorsque balbutiante je veux dire ça, et lis dans sa postface sur le personnage de Nathanael, qu il est
à la fois endurant et indolent jusqu'à la passivité, quasi inculte, mais doué d'uneâme limpide et d'un esprit juste qui le détournent, comme d'instinct, du faux et de l'inutile, et mourant jeune sans se plaindre et sans beaucoup s'étonner, comme il a vécu."
il semble que ce n'est pas la peine d'en rajouter.
J'étais émue à la lecture de ce texte, parce qu'il est lent, posé, grâve, précis, parce qu'il appelle une attention toujours récompensée. Chaque mot est comme choisi au mieux pour dire exactement, sans discours, mais par nuance subtile.
Enfin..du coup je vous mets d'autres petits extraits.
Ce n'était pas la première fois que le capitaine entendait parler des jésuites venus de France pour évangéliser les sauvages du Canada. Outre qu'on ne pouvait souffrir ces simagrées catholiques, personne n'ignore que les révérends viennent rarement s'installer quelque part sans être soutenus par une arrière garde de soldats et de trafiquants de leur pays. Ces pieux personnages étaient les émissaires du roi prétendument Très Chrétien.
La nouvelle du décès de Nathanaël dans une petite île frisonne fit peu de bruit quand on la reçut à Amsterdam. (...) La naissance de Nathanaël avait été , elle aussi, fort discrète : dans les deux cas, c'est d'ailleurs la règle, car c'est sans grand fracas que la plupart des gens entrent dans ce monde et en sortent.
Les micmacs et les Abenakis qui fréquentaient l'île dans la saison de la pêche étaient sans malice envers ces quelques blancs tirant à grand-peine du sol leur maigre provende. (...) La guerre entre eux faisait souvent rage, ils infligeaient, disait-on, d'épouvantables tortures à leurs prisonniers pour les honorer en leur donnant l'occasion de faire montre de courage; ils ramenaient des scalps dans leurs cabanes, après les avoir élevés cinq fois vers le ciel au bout de leurs piques afin de libérer l'âme. Mais Nathanaël se souvenait des têtes de suppliciés suspendues à la porte de la tour de Londres, et pensait que les hommes sont partout des hommes.
Il fit un long somme. Cette année de passion et de déconvenue tombait au gouffre, comme tombe un objet qu'on lance par dessus bord, comme étaient tombés à son retour à Greenwich, ses craintes paniques d'avoir tué le gros négociant amateur de chair fraîche, ses longs mois de vagabondage avec le métis, ses deux années d'amour et de pénurie avec Foy. Tout cela aurait pu n'avoir jamais lieu.
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Message par Tristram Lun 8 Juin - 11:58

Merci d'avoir fait revivre cette lecture pourtant pas très ancienne !

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Message par Bédoulène Lun 8 Juin - 13:52

merci Nadine, ce sera aussi une prochaine lecture que j'espère aussi bonne que ma première !

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Message par Aventin Lun 6 Juil - 19:36

L'Œuvre au noir

violence - Marguerite Yourcenar - Page 4 Yource10

Roman, 1968, 330 pages environ.  

(relecture)

Magnifique roman, ne cède en rien en altitude aux Mémoires d'Hadrien.

Fine, élégante écriture pseudo-classique, de haute volée.
Marguerite Yourcenar sollicite, à sa façon, le lecteur pour qu'il développe à partir de ses riches énoncés (et c'est régal).

Style remarquable:
On sort du "je" narratif (toujours en comparaison avec les Mémoires d'Hadrien). Une sorte d'impersonnalité narrative, qui peut passer, en trompe-l'œil, pour de la froideur, mais c'est pour mieux poser quelques écrins de tournures et mots rares ou se raréfiant à l'usage de nos jours, la froideur tempérant l'accusation de pédantisme ou d'excès de frivolité dans la recherche fouillée.

Classicisme de la syntaxe (merci, Mme Yourcenar, d'employer dans un roman francophone post Céline/Sartre, des temps de conjugaison peu usités de nos jours en langue française, au lieu de s'en tirer par des périphrases ou des découpes à un point tous les cinq mots !), sur laquelle se greffent des images qu'on dirait baroques, ou bien issues des tableaux des maîtres de la Renaissance.

La Renaissance, justement: Sa mystique, sa violence, ses espérances, ses grands anonymes, ses savants cachés, ses couvents, ses banquiers, ses autorités, ses bourgeois, ses peuples, ses soudards, ses guerres permanentes, ses juges... l'époque nous est brossée sans la moindre complaisance, et de façon très érudite: à ce propos, la note de l'auteur, qui clôt l'ouvrage, est précieuse et fort éclairante, on en regretterait presque que d'autres auteurs ne se plient pas au jeu de laisser sur un coin de table la genèse de leurs créations, leurs recherches...

Une certaine matière médiévale n'est point absente de ces pages, comme une vigueur crue, qui sûrement colle à un regard sagace sur l'époque de narration, la Renaissance n'est pas une rupture avec le monde tel qu'il existait précédemment effectuée en un jour.


Au commencement, deux cousins se rencontrent par hasard sur une route des Flandres: l'un est militaire et s'en va quérir gloire, honneurs et vie de camp, l'autre la science et la sapience, ainsi qu'une quête explorative du monde. On ne sait pas, durant tout le début, lequel d'entre Zénon le philosophe et Henri-Maximilien le soldat sera le héros principal, à supposer qu'il n'y en ait pas deux...

Les thèmes de la recherche, de l'intelligence opposée à la bêtise crue, le combat contre les dogmes et les vérités admises parce qu'assénées, la médecine, la singularité, la Foi et l'athéisme, l'alchimie non traitée de façon farfelue, grotesque ou romantique, la quête de savoir, la médecine et le soin apporté à autrui de façon plus générale, la rébellion, l'audace, la transgression, les erreurs aussi, les découvertes aux conséquences néfastes si ce n'est meurtrières, la solitude et la discrétion, tout ceci compose avec puissance dans le creuset de l'auteur.
Les dialogues sont, parfois, d'une dureté sans nom, bien que d'une grande sobriété.

Le travail d'auteur, L'Œuvre à l'Encre Noire est tellement ciselé qu'on ressent la perfection comme but à atteindre, pour un livre que Marguerite Yourcenar a porté pendant une quarantaine d'années avant de le publier, et qui prendra dix années de dur labeur à sa compagne et traductrice Grace Frick, dans leur maison du Maine, avant d'apposer le point final à la traduction anglais: dix années...

Maintenant, les deux branches de la parabole se rejoignaient; la mors philosophica s'était accomplie: l'opérateur brûlé par les acides de la recherche était à la fois sujet et objet, alambic fragile et, au fond du réceptacle, précipité noir.
L'expérience qu'on avait cru pouvoir confiner à l'officine s'était étendue à tout. S'en suivait-il que les phases subséquentes de l'aventure alchimique fussent autre chose que des songes, et qu'un jour il connaîtrait aussi la pureté ascétique de l'Œuvre au Blanc, puis le triomphe conjugué de l'esprit et des sens qui caractérise l'Œuvre au Rouge ?
Du fond de la lézarde naissait une Chimère.
Il disait Oui par audace, comme autrefois par audace il avait dit Non.  


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Message par Nadine Lun 6 Juil - 21:06

Ah Aventin, tu me donnes envie de le relire, c'est agréable de nous voir tous toujours avivés par cette force spécifique de la prose de Yourcenar. Merci je plussoie. Et ton extrait choisi est super : il invite à une entrée que je crois ma jeunesse avait oublié d'enregistrer. Relire, donc.... !
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Message par Bédoulène Mar 7 Juil - 13:47

je te lirai plus tard Aventin après que j'aurai fait la lecture !

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Message par Tristram Jeu 13 Aoû - 0:23

Mishima ou La vision du vide

violence - Marguerite Yourcenar - Page 4 Mishim11


Il ne s’agit pas de critique littéraire, mais d’un écrivain fort sensible, intelligent, cultivé et documenté qui évoque l’œuvre et la vie d’un autre, de plus avec style. Elle s'en explique :
« Le temps n’est plus où l’on pouvait goûter Hamlet sans se soucier beaucoup de Shakespeare : la grossière curiosité pour l’anecdote biographique est un trait de notre époque, décuplé par les méthodes d’une presse et de media s’adressant à un public qui sait de moins en moins lire. »
« Après le chef-d’œuvre noir, Confession d’un Masque, et ce chef-d’œuvre rouge, Le Pavillon d’or, un chef-d’œuvre clair : Le Tumulte des flots est l’un de ces livres heureux qu’un écrivain, d’ordinaire, n’écrit qu’une fois dans sa vie. »
Ayant déjà lu ces livres, je compte m’engager dans La Mer de la fertilité, et ce qu’en éclaire Yourcenar me servira de préface.
Puis l’auteure relate en le commentant le « chef-d’œuvre » de Mishima, son seppuku, préparé de longue date.
Extrait de l’ultime discours de l’écrivain, devant les troupes armées :
« Nous voyons le Japon se griser de prospérité et s’abîmer dans un néant de l’esprit… Nous allons lui restituer son image et mourir en le faisant. Se peut-il que vous ne teniez qu’à vivre, acceptant un monde où l’esprit est mort ?... »

Mots-clés : #essai

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Message par Bédoulène Jeu 13 Aoû - 8:50

merci Tristram ; je pense qu'avec le deuxième extrait de la parole de Marguerite Yourcenar je vais me décider pour lire Mishima.

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Message par Tristram Sam 17 Oct - 0:38

Le Temps, ce grand sculpteur

violence - Marguerite Yourcenar - Page 4 Le_tem10

I. Sur quelques lignes de Bède le vénérable (l'arrivée du christianisme dans le nord de l'Angleterre) 1976
II. Sixtine (l’artiste, son modèle, Michel-Ange, méditations sur la mort) 1931
III. Ton et langage dans le roman historique (sur la transcription de paroles de façon réaliste, « non stylisées », dans le roman historique, et singulièrement dans Mémoires d'Hadrien et L'Œuvre au Noir) 1972 ; en appendice, « exemples de langage parlé n'ayant pas passé par un arrangement littéraire », les « Procès-verbaux du procès de Campanella, 1597-1601 » (sous la torture)
IV. Le Temps, ce grand sculpteur (sur la sculpture grecque antique) 1954-1982
V. Sur un rêve de Dürer 1977
VI. La noblesse de l'échec (sur Ivan Morris, le Japon et la mort) 1980
VII. Bêtes à fourrure (contre les pelleteries à la mode) 1976
VIII. Jeux de miroirs et feux follets (coïncidences significatives autour d’un roman en projet, Trois Élisabeth) 1975
IX. Sur quelques thèmes érotiques et mystiques de la Gita-Govinda 1957
X. Fêtes de l'an qui tourne (histoire des fêtes chrétiennes, Noël, Pâques, solstice, Jour des Morts) 1976, 1977, 1977, 1982
XI. Qui sait si l'âme des bêtes va en bas ? (Les animaux, dorénavant exploités industriellement par l’homme qui s’est distancé d’eux) 1981
XII. Cette facilité sinistre de mourir (les suicides de jeunes contemporains) 1970
XIII. L'Andalousie ou les Hespérides (histoire antique de l’Espagne, vandale, puis romaine, puis arabe) 1952
XIV. Oppien ou Les Chasses (encore sur l’éloignement de l’homme des animaux) 1955
XV. Une civilisation à cloisons étanches (les massacres invisibilisés dans les abattoirs) 1972
XVI. Approches du Tantrisme (après la lecture de Le Yoga de la puissance de Julius Evola) 1972
XVII. Écrit dans un jardin (méditation-poème qui ramentoit Novalis par son mode de fragments métaphysiques) 1980
XVIII. Tombeaux (ceux de Jeanne de Vietinghoff, de Jean Schlumberger et de Jacques Masui) 1929, 1969, 1976

Le Temps, ce grand sculpteur : le thème du temps-érosion qui sculpte la pierre, développé dans ce texte éponyme du recueil, m’est sensible depuis que le désert me l’a enseigné, et, l’âge venant, je suis de plus en plus ouvert à cette vision temporelle non-anthropocentrée.

Sur quelques thèmes érotiques et mystiques de la Gita-Govinda m’a fait revenir, assez jouissivement, sur d’anciennes amours pour cet art à la fois sensuel et ancré dans le monde. Marguerite Yourcenar nous fait mesurer comme l’histoire de Krishna (le « Dieu Bleu ») et des Gopis ‒ « vachères », « laitières », "cowgirls" quoi ‒ est à l’origine de nombreux mythes occidentaux ; elle annonce ici le lyrisme de Max-Pol Fouchet dans L'Art amoureux des Indes :
« Que le christianisme ait tenté de ramener l'âme humaine à un état d'innocence prépubère, d'ailleurs plus imaginaire que réel et fort éloigné de la véritable enfance ; qu'il ait voulu, et en grande partie accompli, une désacralisation du sensuel, sauf dans l'état de mariage, et que là même il l'ait entouré de trop d'interdictions pour n'y pas installer à perpétuité la notion de péché, cela n'est guère douteux. »

« Chairs rondes, lisses, quasi élastiques, denses de la molle densité du miel coulant sur du miel. Tranchés, il semble que ces troncs offriraient à l'œil un intérieur homogène et charnu comme la pulpe d'un fruit. Coupés, ces bras et ces jambes repousseraient comme des tiges ou des racines. »

« La Gita Govinda est inséparable, non seulement des harmoniques d'allusions et de résonances littéraires dont nul poème ne peut se passer, mais surtout de la civilisation hindoue tout entière, de cette culture à la fois plus élaborée que la nôtre et plus proche du milieu naturel dont elle est issue [… »

« On apprécie mal l'unique beauté du mythe hindou tant qu'on n'y a pas reconnu, à côté de la sensualité la plus chaude, et peut-être précisément parce que cette sensualité s'épanche à peu près sans contrainte, la fraîche amitié pour les êtres appartenant à d'autres espèces et à d'autres règnes. »
Qui sait si l'âme des bêtes va en bas ? (Citation de l'Ecclésiaste) parle aussi de cette rupture avec le monde animal, toujours d’actualité quarante ans plus tard :
« Ici comme ailleurs, l'équilibre a été rompu ; l'horrible matière première animale est un fait nouveau, comme la forêt anéantie pour fournir la pâte nécessaire à nos quotidiens et à nos hebdomadaires gonflés de réclames et de fausses nouvelles ; comme nos océans où le poisson est sacrifié aux pétroliers. Pendant des millénaires, l'homme a considéré la bête comme sa chose, mais un étroit contact subsistait. Le cavalier aimait, tout en en abusant, sa monture ; le chasseur d'autrefois connaissait les modes de vie du gibier, et "aimait" à sa manière les bêtes qu'il se faisait gloire d'abattre […
[…]
Une civilisation de plus en plus éloignée du réel fait de plus en plus de victimes, y compris elle-même. »
L'Andalousie ou les Hespérides :
« Certains pays meurent jeunes, ou s'arrêtent jeunes : tout ce qui suit leur brève période de vigueur est du domaine de la survie ou de la résurrection. L'Espagne ne s'est jamais remise de la courbature de ses aventures impériales, de l'or facile du Nouveau Monde, de la saignée qu'elle s'est infligée à elle-même en expulsant de ses veines jusqu'aux dernières gouttes juives ou maures. »
Dans Une civilisation à cloisons étanches, Yourcenar n’hésite pas à comparer les « chaînes no 2 des nouveaux abattoirs » de la Villette aux pires crimes contre l’humanité, et augure avec un demi-siècle d’avance l’activisme actuel :
« J'appelle de mes vœux un film plein de sang, de meuglements, et d'une épouvante trop authentique, qui fera peut-être plaisir à quelques sadiques, mais produira aussi quelques milliers de protestations. »
On découvre une Marguerite Yourcenar non seulement historienne férue d’antiquité gréco-latine et du Japon, mais aussi de l’Inde, et avec un versant mystique, à tendance bouddhique…

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Message par Bédoulène Sam 17 Oct - 8:20

merci Tristram, penses-tu que ce livre peut me convenir moi qui n'est lu que les Mémoires d'Hadrien ?

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Message par Tristram Sam 17 Oct - 11:11

Sans doute, mais c'est quand même mineur par rapport à L'Œuvre au Noir, par exemple!

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Message par Bédoulène Sam 17 Oct - 11:29

ah! donc plutôt loeuvre au Noir, c'est noté, merci !

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Message par Tristram Jeu 11 Mar - 0:01

Les Yeux ouverts

violence - Marguerite Yourcenar - Page 4 Les_ye10

Entretiens avec Matthieu Galey, essentiellement datés de 1979.
Mais d’abord, une précaution liminaire, issue de Wikipédia, qui pour le coup ne cite pas ses sources…
« Le livre parut quelques semaines avant que Yourcenar ne fût reçue, le 22 janvier 1981 à l'Académie française. Elle ne l'aima pas. La couverture était ainsi conçue qu'elle donnait l'impression qu'il s'agissait d'un livre écrit par elle. En outre elle estimait en avoir trop dit, s'être trop confiée voire s'être "déshabillée". Elle déclara : "Matthieu Galey m'a interrogée sur les sujets qui l'intéressaient, lui. Pas sur mes véritables préoccupations."
La relation confiante entre elle et Matthieu Galey fut dès lors brouillée [… »
Dans ces entretiens mis en forme par Galey, on trouve une note de Marguerite Yourcenar disant :
« Je me permets d’interrompre mon interlocuteur, car il faut toujours protester. »
Elle n’hésite pas à reprendre son interviewer et lui dire qu’il a mal lu, mais je ne sais jusque quel point elle a pu relire et corriger ces entretiens, elle qui le fit tant avec tant avec toute son œuvre…
Cette réserve émise, elle évoque sa vie et surtout ses livres, y compris ses traductions, comme Les vagues de Woolf et d’anciens negro-spirituals. C’est d’une grande intelligence, érudit, et surtout sans fard. Je vais essentiellement me contenter de la citer (et de limiter les extraits).
« Quand on parle de l’amour du passé, il faut faire attention, c’est de l’amour de la vie qu’il s’agit ; la vie est beaucoup plus au passé qu’au présent. Le présent est un moment toujours court et cela même lorsque sa plénitude le fait paraître éternel. Quand on aime la vie, on aime le passé parce que c’est le présent tel qu’il a survécu dans la mémoire humaine. »

« Un type humain purement homosexuel existe très peu dans l’Antiquité ; c’est même une chose tellement rare que je ne pourrais pas en fournir un exemple, en tout cas pas dans le monde grec ; le latin peut-être, vers l’époque de la décadence. Tous ces gens-là se marient, tous ces gens-là ont des maîtresses ; ils ont le sentiment de la liberté de choix et ce n’est pas du tout le fait de l’obsession ou d’une compulsion, comme c’est le cas de nos jours, où l’homme de goûts « minoritaires » tend à se créer une espèce de mythologie d’hostilité envers la femme, de crainte envers la femme. C’est très frappant à l’époque actuelle. Seulement, comme pour toutes les minorités, il faut sans cesse se rappeler que dès qu’on met les gens dans un état d’infériorité, qu’il s’agisse de race, de choix sensuel ou idéologique, ils commencent à souffrir au point de présenter certaines déformations intellectuelles, ou morales. C’est aussi vrai d’un Noir, ici, et d’un Juif dans les pays antisémites ; il se crée une manière de psychose qui n’aurait aucune raison d’être si tout, race, croyance, ou choix sensuel, était accepté. »

« Elle [sa pièce La Petite Sirène) a représenté le partage des eaux entre ma vie d’avant 1940, centrée surtout sur l’humain, et celle d’après, où l’être humain est senti comme un objet qui bouge sur l’arrière-plan du tout. »
Elle parle évidemment beaucoup de son travail d'écriture, et c'est passionnant.
« − Parce qu’en somme l’écrivain est le secrétaire de soi-même, Quand j’écris, j’accomplis une tâche, je suis sous ma propre dictée, en quelque sorte ; je fais la besogne difficile et fatigante de mettre en ordre ma propre pensée, ma propre dictée. »

« Seulement la poésie, c’est là où je crois que le poète moderne se trompe, repose sur des effets répétitifs, qui sont capables de jouer un rôle incantatoire, ou du moins de s’imposer au subconscient. Une poésie sans rythmes immédiatement perceptibles n’établit pas ce contact nécessaire au lecteur. »

« La prose laisse toujours l’esprit du lecteur beaucoup plus libre de s’évader du cercle magique, de juger. »

« …] ce que devrait être l’infinie diversité de la prose. Chargée de rythmes répétitifs et précis, elle devient d’une horrible monotonie. »

« …] la musique unit la forme et le fond. La forme émane du fond. »

« Mais la prose offre un nombre de possibilités incomparable. Comme la vie, elle propose une série de routes où chacun peut prendre la sienne. Elle ouvre un éventail de moyens beaucoup plus vaste. »

« − Le métier d’écrivain est un art, ou plutôt un artisanat, et la méthode dépend un peu des circonstances. Parfois je prends un bloc de papier et je griffonne mon texte d’une écriture qui devient malheureusement illisible au bout de quatre ou cinq jours, qui se fane, en quelque sorte, comme les fleurs. Mais il arrive aussi que j’aille droit à ma machine à écrire et que je tape une première version. Dans les deux cas, je mets toutes mes lancées, pour chaque phrase ; ensuite je rature, et je choisis celle que je préfère. Je travaille aussi à la colle et au ciseau, mais pas toujours. Et si vous aimez les petites manies d’écrivain, je peux vous en citer une : à la troisième, ou à la quatrième révision, armée d’un crayon, je relis mon texte, déjà à peu près propre, et je supprime tout ce qui peut être supprimé, tout ce qui me paraît inutile. Là, je triomphe. J’écris en bas des pages : supprimé sept mots, supprimé dix mots. Je suis ravie, j’ai supprimé l’inutile. »
Je suis toujours ébaudi devant les constats lucides qui voyaient notre présent et qui comme ici, remontent à plus de quarante ans : de l’environnement à la dévaluation de l’enseignement (là aux USA, où Yourcenar vivait) :
« Les problèmes qui m’occupent et me bouleversent sont de ceux qui ne touchent encore en France qu’une minorité, mais je crois qu’ils s’imposeront de plus en plus à l’avenir. Je suis parfois stupéfaite par le côté conventionnel et périmé des idéologies qu’on nous présente en France comme courantes, sinon comme neuves. L’explosion démographique, qui transforme l’homme en habitant d’une termitière et prépare toutes les guerres futures, la destruction de la planète causée par la pollution de l’air et de l’eau, la mort des espèces animales qui rompt l’équilibre vital entre le monde et nous, la confrontation de chacun de nous avec soi-même et avec Dieu (quel que soit le sens que chacun donne à ce mot), les nouvelles et profondes orientations de la science, rien de tout cela, dont tout dépend, n’intéresse en France la littérature, et ceux qui heureusement s’en occupent ne sont pas des littérateurs. L’avant-garde qui aujourd’hui se prétend telle sera l’arrière-garde de demain. »

« Le touriste allant à fond de train nulle part, dépensant son agressivité sur les routes, ne se doutait pas, avant-hier encore, que la crise de l’essence allait menacer son "standard" et faire basculer l’équilibre économique du monde ; seuls quelques savants se préoccupent aujourd’hui des pluies chargées d’acidité et de la raréfaction de l’ozone. Les vrais éléments du drame échappent aux acteurs. »

« L’État américain commence seulement à se préoccuper de l’analphabétisme, caché sous l’imposture des millions dépensés en faveur de l’"éducation pour tous". »

« Une jeune femme de vingt-sept ans qui travaille pour moi, vive, d’ailleurs, et intelligente, croit que le Guatemala est dans les mers du Sud et que Vienne est la capitale de la Suisse. Vous me direz : "Qu’importe ?" Sans doute, mais quand on pense que ces personnes éliront des gens qui prendront des décisions lourdes de conséquences pour le pays, on est saisi de peur. »

« Je condamne l’ignorance qui règne en ce moment dans les démocraties aussi bien que dans les régimes totalitaires. Cette ignorance est si forte, souvent si totale, qu’on la dirait voulue par le système, sinon par le régime. »
Il est vraiment frappant de lire comme Yourcenar est toujours d’actualité :
« Aucune solution n’est viable tant qu’on n’a pas d’abord réglé la question de la démographie. Nous en sommes au point où il est nécessaire que la société accepte de régresser pour s’assainir. »

« Je me dis souvent que si nous n’avions pas accepté, depuis des générations, de voir étouffer les animaux dans des wagons à bestiaux, ou s’y briser les pattes comme il arrive à tant de vaches ou de chevaux, envoyés à l’abattoir dans des conditions absolument inhumaines, personne, pas même les soldats chargés de les convoyer, n’aurait supporté les wagons plombés des années 1940-1945. »
On devine aussi chez elle un ton cassant, en tout cas un grand mépris des périphrases, euphémismes et autre langue de bois :
« − Comme toutes les litotes et les faux-fuyants, je trouve que cela ne sert qu’à prouver l’existence du problème. Il vaut beaucoup mieux dire "une négresse" sans salir le mot d’aucun préjugé. »

\Mots-clés : #entretiens


Dernière édition par Tristram le Dim 14 Mar - 23:22, édité 1 fois

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Message par Bédoulène Jeu 11 Mar - 7:39

cela m'invite à continuer ma connaissance de cette Dame, alors après Hadrien que me conseilles tu ?

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Message par Tristram Jeu 11 Mar - 11:15

Zénon ! dans L'Œuvre au noir.

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Message par Bédoulène Jeu 11 Mar - 16:24

ok !

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Message par Aventin Dim 14 Mar - 5:55

Tristram a écrit:
Et en plus elle parle comme elle écrit...
En effet !

Très peu (quasi aucun) d'entre les multiples thèmes abordés ci-dessous où l'on peut affirmer que ses propos sont datés, et même quand c'est le cas (la jeunesse au temps des hippies, par exemple), il y a toujours quelque substantifique moelle... violence - Marguerite Yourcenar - Page 4 1252659054

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Message par Bédoulène Dim 14 Mar - 8:27

merci pour le lien !

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Message par Tristram Dim 14 Mar - 23:58

J'ai vu l'entretien de 1975 (1975 !), Aventin ; il est totalement en phase avec les entretiens Les Yeux ouverts, et beaucoup de points de vue plus largement partagés de nos jours. Cette conviction que la démographie galopante est fort nuisible et dévalorise l'homme (de même celle de la gravité de l'avortement) n'est pas si répandue (mais j'ai la même intuition depuis au moins 35 ans), au point que je doute sur l'éventuel conservatisme réactionnaire de notre auteure...
Quant à l'éloquence, au-delà du fondamental maniement du langage qui d'après elle se perd, je me ramentois toujours le verbe châtié de Le Pen devant un Marchais bredouillant...
Et, oui, Yourcenar fait toujours penser : dans un monde global, il n'y a plus de réserves, plus d'intact, de sanctuaire au sens militaire comme écologique...

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Message par Bédoulène Lun 15 Mar - 8:17

il m'a semblé tout de même à propos de l'avortement qu'elle n'avait pas pris la mesure de la blessure de cet acte, soit-il souhaité pour x raisons, d'après la réponse qu'elle fait à la journaliste, elle dit, me semble-t-il que l'acte est pris à la légère par les femmes.

c'est donc sa conviction sur la démographie galopante qui te rend sceptique sur son conservatisme réactionnaire ?


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