Jack London
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Re: Jack London
oups !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
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Re: Jack London
Le Talon de fer
Dystopie qui témoigne d’une révolution socialiste armée au début des années 1910 aux États-Unis, commentée par un observateur du XXIVe siècle : le capitalisme a conduit à une ploutocratie, l’Oligarchie, qui s’allie aux grands groupes / trusts, puis crée une « combinaison » avec de grands syndicats dans un système de castes opposée à la masse de la population prolétaire.
Ernest Everhard, « le philosophe ouvrier », a un aspect christique dans le compte-rendu de sa femme Avis, dont la croyance religieuse jure un peu avec les convictions révolutionnaires :
N’est-ce point piquant sous la plume d’un futur reporter ? :
Dystopie qui témoigne d’une révolution socialiste armée au début des années 1910 aux États-Unis, commentée par un observateur du XXIVe siècle : le capitalisme a conduit à une ploutocratie, l’Oligarchie, qui s’allie aux grands groupes / trusts, puis crée une « combinaison » avec de grands syndicats dans un système de castes opposée à la masse de la population prolétaire.
Ernest Everhard, « le philosophe ouvrier », a un aspect christique dans le compte-rendu de sa femme Avis, dont la croyance religieuse jure un peu avec les convictions révolutionnaires :
Le constat des méfaits sociaux du capitalisme n’est plus à faire ; la solution prônée ici est une variante de "la fin justifiant les moyens", porte ouverte à tous les excès (et instrument non démocratique).« Pauvres humains que nous sommes, obligés de recourir au carnage et à la destruction pour atteindre notre but, pour introduire sur terre une paix et un bonheur durables ! »
C’est l’activisme organisé jusqu’à la guerre civile, préparée et conduite avec aussi peu de principes que la classe dirigeante – aucune valeur ne les distingue plus, chacune étant certaine de son bon droit (ici la Cause, là la morale).« De fait, nous exercions une telle terreur qu’il devenait plus dangereux de nous trahir que de nous rester fidèles. »
Le « peuple de l’Abîme », la toute dernière caste sous l’Oligarchie, ce sont les esclaves du travail – la tourbe (foule) :« Qu’importait la perte des vies et la destruction des propriétés ? La bête de l’Abîme rugirait, la police et les Mercenaires tueraient ; c’est entendu. »
C’est tout ce que je n’aime pas en littérature : le militantisme, surtout politique, jamais loin de la propagande. Sinon c’est habilement construit au début, à part peut-être le personnage de la narratrice un peu sotte, mais le tout est trop évidemment partisan, et didactique. Vers le milieu du livre, la fiction prend le pas avec la description d’une répression sanglante. Le message est lourdement asséné, mais desservi par ce qu’il est advenu en réalité de cette prophétie du combat victorieux du prolétariat comme évidence historique inéluctable : deux parmi les plus écrasantes oligarchies mondiales, en Russie et en Chine.« Sa muette apathie s’était évanouie : il représentait à cette heure une force fascinatrice et redoutable, un flot qui s’enflait en lames de colère visible, en vagues grondantes et hurlantes, un troupeau de carnivores humains ivres de l’alcool pillé dans les magasins, ivres de haine, ivres de la soif du sang ; hommes en haillons, femmes en guenilles, enfants en loques ; êtres d’une intelligence obscure et féroce, sur les traits desquels s’était effacé tout ce qu’il y a de divin et imprimé tout ce qu’il y a de démoniaque dans l’homme ; des singes et des tigres ; des poitrinaires émaciés et d’énormes bêtes poilues ; des visages anémiés dont tout le suc avait été pompé par une société vampire, et des figures bouffies de bestialité et de vice : des mégères flétries et des patriarches barbus à têtes de morts : une jeunesse corrompue et une vieillesse pourrie ; faces de démons, asymétriques et torves, corps déformés par les ravages de la maladie et les affres d’une éternelle famine ; rebut et écume de la vie, hordes vociférantes, épileptiques, enragées, diaboliques ! »
N’est-ce point piquant sous la plume d’un futur reporter ? :
« La presse des États-Unis ? C’est une excroissance parasite qui pousse et s’engraisse sur la classe capitaliste. Sa fonction est de servir l’état de choses en modelant l’opinion publique, et elle s’en acquitte à merveille. »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Jack London
je crois que ça devrait me plaire ! le futur ressemblerait au passé, bien sur !
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Jack London
Les morts concentriques
On retrouve assez souvent chez Jack London l'idée d'une lutte : soit une lutte entre les hommes, soit une lutte entre l'Homme et la nature. S'il est possible de négocier ― parfois ― dans le premier cas de figure, les trois nouvelles de ce livre illustrent toutes à leur manière que lorsqu'un rapport de force entre en vigueur, il est celui qui prime, celui face auquel on ne peut rien. S'il est possible à un homme désarmé de duper son bourreau, il ne lui est pas possible de duper la hache qui va lui trancher le cou. L'évidence ne se démontre pas, mais Jack London doit éprouver un délice certain à magnifier cette force primordiale ― surtout lorsqu'elle s'incarne dans les éléments, comme dans La Maison Mapuhi ― et à la mettre en scène en sorte d'infliger une terrible ironie au négociateur, et même à toute habilité réflexive de l'homme.
Cette ironie ne se manifeste qu'à deux occasions et de deux manières différentes : de manière assez inattendue dans la dernière nouvelle, et de manière fort significative pour la totalité du recueil dans la première. Dans Les Morts Concentriques, les valets de Midas (un groupe de personne mettant leur menace à exécutions pour extorquer de l'argent à de riches entrepreneurs) justifie leur procédé, alors qu'il n'y a aucune nécessité à cela, simplement pour le goût du verbe. La subtilité humaine est alors come un assaisonnement à la violence. L'ironie de Jack London ressemble au vice de ces extorqueurs, dans sa futilité, mais en cela même assez savoureuse.
On retrouve assez souvent chez Jack London l'idée d'une lutte : soit une lutte entre les hommes, soit une lutte entre l'Homme et la nature. S'il est possible de négocier ― parfois ― dans le premier cas de figure, les trois nouvelles de ce livre illustrent toutes à leur manière que lorsqu'un rapport de force entre en vigueur, il est celui qui prime, celui face auquel on ne peut rien. S'il est possible à un homme désarmé de duper son bourreau, il ne lui est pas possible de duper la hache qui va lui trancher le cou. L'évidence ne se démontre pas, mais Jack London doit éprouver un délice certain à magnifier cette force primordiale ― surtout lorsqu'elle s'incarne dans les éléments, comme dans La Maison Mapuhi ― et à la mettre en scène en sorte d'infliger une terrible ironie au négociateur, et même à toute habilité réflexive de l'homme.
Cette ironie ne se manifeste qu'à deux occasions et de deux manières différentes : de manière assez inattendue dans la dernière nouvelle, et de manière fort significative pour la totalité du recueil dans la première. Dans Les Morts Concentriques, les valets de Midas (un groupe de personne mettant leur menace à exécutions pour extorquer de l'argent à de riches entrepreneurs) justifie leur procédé, alors qu'il n'y a aucune nécessité à cela, simplement pour le goût du verbe. La subtilité humaine est alors come un assaisonnement à la violence. L'ironie de Jack London ressemble au vice de ces extorqueurs, dans sa futilité, mais en cela même assez savoureuse.
Dreep- Messages : 1539
Date d'inscription : 08/12/2016
Age : 31
Les Enfants du froid
Entre 1897 et 1898, Jack London, emporté comme beaucoup d'autres dans la Ruée vers l'or, expérimente la rudesse et la splendeur du Grand Nord. A son retour, il en tire de nombreux livres, comme ce recueil de dix nouvelles dont l'ambition est de décrire l'invasion progressive des moeurs occidentales dans les sociétés indiennes, tout en restant constamment de leur point de vue.
Ces différents récits m'ont profondément touchée pour la justesse et la cruauté dont ils font preuve. Nous sommes loin de la vision dualiste Blancs-mauvais et Indiens-bons : London décrit de façon ultra-réaliste les assimilations qui tuent à petit feu leurs coutumes et leur mode de vie, ainsi que leurs tentatives désespérées pour chasser les intrus. Mais la faute ne revient à personne, ou plutôt à cette "Loi" du plus fort qui dicte tous les agissements des Indiens et à laquelle ils sont déjà sacrifiés. Du grand London, selon moi, à dimension humaine et toujours avec ce formidable talent de conteur, qui l'a injustement classé dans la littérature jeunesse.
Toutes les nouvelles ne se valent pas forcément, mais j'ai particulièrement apprécié "La Loi de la vie", "Nam-Bok, le hâbleur" et "La Ligue des vieux".
Les Blancs se répandent comme l'haleine de la mort ; tous leurs procédés conduisent à la mort : et ils ne meurent pas. A eux le whisky, le tabac, les chiens à poil ras ; à eux les nombreuses maladies, le petite vérole et la rougeole, la toux et la bouche écumante de sang ; à eux, enfin, les pistolets qui tirent six coups très rapides et ne valent rien ! Ces nombreux fléaux ne les empêchent pas d'engraisser, de prospérer, d'abattre une lourde main sur le monde entier et d'en fouler aux pieds les populations. Et leurs femmes sont délicates et fragiles comme de petits enfants ; mais elles ne se brisent jamais et enfantent des hommes. Et de toute cette faiblesse, maladie et douceur naissent la force, le pouvoir, l'autorité. Eux sont les diables, ou les dieux, suivant les cas. Je n'en sais rien.
"La Ligue des vieux"
thaumati- Messages : 4
Date d'inscription : 22/06/2022
Re: Jack London
merci thaumati pour ton commentaire et ta juste remarque sur le classement de l'auteur en littérature jeunesse.
J'ai eu plaisir à la LC (lecture commune) faite sur Martin Eden. Et je pense lire ses livres autobiographiques (quand je trouverai le temps)
J'ai eu plaisir à la LC (lecture commune) faite sur Martin Eden. Et je pense lire ses livres autobiographiques (quand je trouverai le temps)
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