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Message par Tristram Mar 24 Juil - 23:14

"très resserré et "décroché"" ça allait pour moi, mais là je suis limite largué voire dévissé.

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Message par animal Mer 25 Juil - 6:09

tu en as lu du Ramuz ou pas ?

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Message par Tristram Mer 25 Juil - 9:59

J'ai eu une longue journée hier, mais après un bon sommeil j'ai saisi ton propos en le relisant.
Sinon je n'ai lu que Joie dans le ciel, La Grande Peur dans la montagne, Derborence et Si le soleil ne revenait pas ; c'est une oeuvre qui se prête peu à l'extraction de citations en ce qui me concerne, que j'ai cependant apprécié jusque-là.
C'est vrai qu'il y a là, au-delà de l'éventuel exotisme de la montagne/ région (pour un lecteur qui n'en est pas), une certaine dimension métaphysique assez évidente, peut-être plus dans le ton que dans la réflexion ?

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Message par Armor Mer 25 Juil - 11:25

Merci Panda pour les explications !

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Message par animal Mer 25 Juil - 22:17

Tristram a écrit:une certaine dimension métaphysique assez évidente, peut-être plus dans le ton que dans la réflexion ?
faut voir, il a pas mal écrit aussi sur le versant journal ou essais et puis il y a son approche très "picturale dynamique" ?

(Et il a son recueil de citations d'autres).

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Message par Tristram Mer 25 Juil - 22:19

Il faut que j'en lise plus pour en discuter ! J'avais surtout réagi à ta citation (pas de point de vue global).

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Message par animal Mer 25 Juil - 22:28

Moi je réfléchis au "difficile à citer", certainement pas faux. Faudrait que je vois ce que me dit ma mémoire un hypothétique jour de fraîcheur.

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Message par Nadine Lun 30 Juil - 22:56

Moi ce qui m'a le plus impressionné , c'est le "pictural dynamique" . (mais j'ai encore à finir Fêtes des vignerons, je me connais, rien d'inquietant, dans un an, j imagine, à ce train. Nulle)
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Message par Jack-Hubert Bukowski Mar 31 Juil - 9:29

animal a écrit:Une crise d'à-quoi-bonisme ?
Il a bien fallu qu'il regarde ; il voit que ces lieux connus sont inconnus, que ces lieux habités sont déserts.
On voit tout, et c'est comme si on ne voyait rien, car la rivière brille toujours par place entre les buissons qui l'entaillent, mais à quoi est-ce qu'elle sert ? Ils n'y sont plus, les deux (ceux qui y avaient été mis), et il y a une beauté partout, mais c'est une beauté étrangère. Rien ne sert à rien, comme il voit, ni ces couleurs jaunes, ni ces couleurs roses, pendant que les oiseaux chantent moins fort déjà, ni tous ces petits nuages qui passent là-haut, tout ce fin duvet de nuages qui est là-haut, comme si les oiseaux y avaient perdu leurs plumes. Pendant qu'il se laisse tomber dans l'herbe, car à quoi ça sert d'exister ? Que je marche ou ne marche pas, que j'avance ou non, que je sois debout sur mes jambes ou couché comme je suis et immobile comme je suis : rien, - puisque tout doit finir. Rien parce qu'on a été chassé, c'est écrit.
Il regarde : ils ne sont plus là, ils ne sont plus où il les avait mis.
L'amour doit monter pour descendre ; il ne compte plus pour nous. Rien ne compte, puisque tout finit.

Je sais pas si on parlait de cet extrait en particulier, mais j'aimerais y ajouter le commentaire de Colimasson :

Colimasson a écrit:Le spectacle de l'indifférence de la nature, comme l'amour qui doit monter pour descendre, inspire aussi bien de la joie qu'une intense mélancolie.

Difficile de lire Ramuz dans la ville. Il faut au moins se trouver un petit coin d'herbe et un arbre.

Si on se réfère à l'extrait d'avant, oui, Ramuz est un campagnard. Oui, ça pourrait donner l'impression que l'extrait cité plus haut s'adonne à la contemplation du paysage. La première phrase fait quand même écran à la nature profonde de la démarche d'écriture de Ramuz à ce qu'il me semble...

Comme flâneur, je suis sensible à un tel extrait. Il a tendance à me parler dans la mesure que oui, c'est peut-être plus difficile de le faire dans un contexte d'animation urbaine, mais quand on arrive dans des coins tranquilles à des moments précis (matin ou après-midi hors des heures de pointe, soir, nuit), il est possible de réaliser une contemplation de cette qualité, même en ville. J'ai vu un gars dans un atelier en classe qui fuyait la foule et observait les lieux habituellement achalandés à d'autres heures (centre-ville, les environs de l'Université McGill).

Revenons à Ramuz... Smile
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Message par animal Mar 31 Juil - 12:41

A voir ce qui prend le dessus de la contemplation ou du désespoir (ou du mélange des deux phénomènes).

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Message par Nadine Mer 1 Aoû - 22:59

Ou l'échapatoire par la contemplation..
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Message par Aventin Mer 1 Aoû - 23:06

La grande peur dans la montagne
Roman, 1926, 180 pages environ.

culpabilité - Ramuz Charles-Ferdinand - Page 4 La_gra12

Ce fut une relecture, dans une vieille édition poche défraîchie, tranchant avec la précédente lecture, la magnifique édition illustrée par Samivel de l'image ci-dessus, lecture qui elle-même n'était pas la première, etc...

Bref, quoi qu'il en soit:
Colimasson a écrit: Difficile de lire Ramuz dans la ville. Il faut au moins se trouver un petit coin d'herbe et un arbre.
Une bonne estive pyrénéenne verte et fleurie versant soulane, le glouglou de la neste, les sonnailles des vaches en fond sonore, l'occasion fait le larron, comme l'impression que le livre s'est glissé tout seul, de lui-même, dans le sac à dos...

En fait le point commun avec Derborence c'est cette montagne qui paraît avoir sa vie, ses desseins.
La volonté de l'homme (en l'occurrence la poursuite d'un but économique) ne peut s'imposer, contrecarrer la grande force de la nature.
La montagne dispose (décide ?). Ce qui, ramené à des problématiques très contemporaines, j'y ai songé à l'occasion de cette relecture, eh bien ma foi...


Peut-être ai-je plongé davantage cette fois-ci dans les caractères, je n'avais pas perçu le personnage de Clou aussi fortement auparavant. Car enfin c'est lui le premier volontaire, et même le seul, mais justement c'est le dernier accepté, non sans réticence, parmi les hommes qui monteront au pâturage.

Avec ses façons (on le craint), son œil unique, il est à part, même dans le huis-clos des hommes en alpage. Il s'est affranchi du travail en commun, voire même des relations avec le groupe. Lui ne vient pas faire paître un troupeau, mais chercher des minéraux précieux. C'est le seul à exercer, en somme, une activité de fouille, de chasse-recherche et de prédation, et non pas une mise en valeur agreste des lieux. Lui se meut très librement, sans l'ombre d'une crainte, paraît avoir pactisé avec la montagne.

Très différent de Barthélemy et son talisman, tout juste à l'opposé de Barthélemy l'immunisé, le vétéran de la précédente catastrophe...

Pour le reste, difficile de parler sans dévoiler, et comme tout ce qu'on souhaite au primo-lecteur de "La grande peur..." est qu'il reçoive ce livre, avec son suspense, si ce n'est son thrill façon Dix petits nègres d'Agatha Christie, on va stopper là toute velléité de commentaire.

Extrait, histoire d'illustrer la façon picturale-dynamique dont vous parliez ?

Chapitre XIII a écrit:Clou était couché dans le lit du maître et Barthélemy dans le sien; ni l'un ni l'autre ne bougèrent, quand Joseph se leva, ni ne parurent le voir passer. Et lui, pareillement, ne les regarda point; pareillement, il n'eut l'air de rien voir, ni dans le chalet, ni hors du chalet, ni ce qu'il y avait devant la porte.
Des bêtes déjà réveillées, les unes essayaient de brouter, et les autres erraient en meuglant, puis, voyant Joseph, elles sont accourues; il ne les vit pas. Il ne voyait rien, elles le suivaient, il ne les a pas vues qui le suivaient. Elles secouaient derrière lui leurs sonnailles sur l'espèce de chemin où il s'est avancé, d'abord, tournant le dos à la vallée; et, longtemps, les bêtes ont été derrière lui sur ce chemin, sans qu'il ait paru les entendre, puis elles se sont découragées.
Elles se sont arrêtées l'une après l'autre, avec des meuglements de nouveau, parce que le lait recommençait à leur faire mal dans leurs mamelles regonflées; elles tendaient vers lui leur mufle d'où le son est sorti, mais sans le léger brouillard blanc dont il s'enveloppe d'ordinaire à ces premières heures du jour. Le son, un instant encore, court après Joseph, le dépasse, lui est ramené par l'écho; Joseph va toujours, il ne s'en est pas occupé. Il va sur l'espèce de chemin qu'il y a eu d'abord, puis il n'y a plus eu de chemin. Il avait pris par ces étroits passages et cette suite de ruelles que les quartiers de rocs laissent entre eux; il passait d'une de ces ruelles à l'autre, il remontait le torrent. Il tournait le dos à la vallée et au village, il allait du côté du glacier, il a été où elle n'était pas; - voyant le glacier tourner légèrement de gauche à droite devant lui, comme une aiguille de montre, puis il l'a eu en face de soi, lui tombant tout entier dessus de ses hauteurs.      
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Message par animal Jeu 2 Aoû - 6:23

Il faudra bien que je le relise un jour moi aussi.

Surtout la fin de l'extrait qui me fait penser "pictural-dynamique" bien que l'ensemble ne soit pas dépareillé.

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Message par Bédoulène Jeu 2 Aoû - 7:03

merci Aventin, cet extrait incite en effet à une relecture.

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Message par Louvaluna Jeu 2 Aoû - 16:28

Merci Aventin, je dirais même, pour ma part, que cet extrait incite à découvrir la poétique ramuzienne ; j'ai pris note de ce titre. Smile
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Message par Aventin Ven 3 Aoû - 1:23

Merci et petit salut à vous, Bédoulène et Louvaluna !

animal a écrit:Surtout la fin de l'extrait qui me fait penser "pictural-dynamique" bien que l'ensemble ne soit pas dépareillé.
De mémoire un livre comme Aimé Pache peintre vaudois regorge de "pictural-dynamique".
Le sujet s'y prêtant particulièrement, possible qu'il s'y soit surpassé, l'ami Charles-Ferdinand.

Revenons à l'extrait ci dessus, en fait il y a ça et là un autre élément de style propre à Ramuz, avec l'oralité (ici paysanne) transcrite.
Par exemple:
ni l'un ni l'autre ne bougèrent, quand Joseph se leva, ni ne parurent le voir passer. Et lui, pareillement, ne les regarda point; pareillement, il n'eut l'air de rien voir, ni dans le chalet, ni hors du chalet, ni ce qu'il y avait devant la porte.
Un passage comme celui-ci est plutôt pataud, pas loin de la balourdise avec son double pareillement, sauf à le lire avec un ancestral accent paysan vaudois qui enjolive, en authentifiant, la proposition scripturale.
Autre singularité:
L'usage généreux, tendance copieux parfois -et ça me plaît beaucoup- du point-virgule sert aussi à ne pas arrêter les phrases, au coulé de l'ensemble, une sorte de liant général.  





Un exemple similaire de ce procédé littéraire, bien sûr toujours dans La grande peur dans la montagne, avec l'oralité transcrite -comme des propos un peu gauches, à mots cherchés par une bouche usant de peu de vocabulaire- puis, tout à coup, Ramuz se met à écrire avec des pinceaux (comme Jean-Paul Michel prétend écrire avec des ciseaux), et le mouvement dynamique, la kinesthésie du texte en quelque sorte, jaillit:
Chapitre V a écrit:Il y a eu cette première journée plutôt courte quant au soleil qui s'est vite caché pour nous. Vers les cinq heures déjà, on l'a vu qui commençait à être mordu dans sa partie d'en bas.
Ce jour-là, c'était une sorte de corne surmontant une des arêtes; elle est entrée en coin dans le bas du soleil, comme quand on veut fendre une souche.
Le soleil fut fendu, en effet, d'un bord à l'autre. On voyait là-haut ses deux parties s'écarter toujours plus; puis elles tombèrent chacune de son côté, comme si elles allaient vous rouler dessus. Deux gros tisons d'un rouge sombre, qui cependant restaient suspendus, mais ont vite diminué de grosseur. Et, ensuite, ce fut comme si la corne, puis la paroi la supportant se mettaient à pencher, penchaient de plus en plus; et elles ont laissé se détacher d'elles leur ombre, comme un vêtement qu'elles quitteraient. Il n'y avait plus de soleil. Il n'y avait plus que cette grande ombre qui a été sur nous, puis on l'a vue courir en arrière de nous grimpant aux pentes avec une grande vitesse,  les pentes d'herbe d'abord, puis les premiers rochers, un peu moins vite à ces premiers rochers; tandis que les choses changeaient d'aspect, et la couleur de tout et même le climat changeaient.  
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Message par Tristram Ven 3 Aoû - 1:59

Merci d'avoir souligné cet art ramuzien ! Je comprends ce que vous signifiez par pictural-dynamique : cette narration qui reste dans l'instant, coule avec le temps, ne permet pas de pauser, ni de réflexion sur ce qui (se) passe. Le lecteur est emporté, blousé par l'auteur qui à travaillé sa phrase jusqu'à figer l'action en l'entraînant sans cesse.

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Message par Bédoulène Ven 3 Aoû - 8:03

merci Aventin, tu parles de prose comme tu parlerais de la poésie.

Tristram : " blousé par l'auteur qui à travaillé sa phrase jusqu'à figer l'action en l'entraînant sans cesse.
"
je te suis la-dessus !


Dernière édition par Bédoulène le Dim 2 Déc - 8:46, édité 1 fois

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Message par Tristram Sam 1 Déc - 15:29


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Message par Bédoulène Sam 1 Déc - 18:32

merci Tristam !

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