Peter Staphan Jungk
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Peter Staphan Jungk
Peter Stephan Jungk
Né en 1952
Né en 1952
Peter Stephan Jungk (né le 19 décembre 1952 à Santa Monica, Californie) est un écrivain de langue allemande installé à Paris depuis 1988.
Fils du futurologue allemand Robert Jungk, Peter Stephan Jungk grandit à Vienne (Autriche) après que ses parents s’y sont installés en 1957. Entre 1968 et 1981, il vit alternativement à Berlin, Salzbourg, Los Angeles, Bâle et Jérusalem et fait notamment des études de cinéma et des études talmudiques, et travaille comme assistant metteur en scène au théâtre et au cinéma. Il publie son premier ouvrage, Stechpalmenwald, en 1978. Après s’être réinstallé à Vienne, il déménage à Paris en 1988 et y réside depuis.
Œuvres traduites en français
Franz Werfel : une vie de Prague à Hollywood (trad. Nicole Casanova), 1990
La traversée de l’Hudson (trad. Bernard Lortholary), 2007
Le roi de l’Amérique (trad. Johannes Honigmann), 2009
Le cœur électrique (trad. Alban Lefranc), 2012
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Peter Staphan Jungk
La traversée de l'Hudson
Ca commence comme une bonne grosse blague juive new-yorkaise. rien n'y manque: le père physicien mondialement connu, en perpétuelle partance, la mère adorée et insupportable, et Gustav, le fils étudiant historien (sa thèse porte sur les accords de paix pendant la guerre de Cent Ans, de 1337 à 1453), fuyant ce trio symbiotique à Vienne, pour rien moins que devenir fourreur et s'enchaîner à une fadasse juive orthodoxe qui l'entraîne dans une religion rigoriste.
Mais bien sûr, derrière , il y a le tragique , car cette osmose familiale est liée au fait qu'ils sont seuls au monde, toute la famille ayant brûlé dans les camps...
On prend Gustav au sortir de l'aéroport à New-York, et sa mère est venue le chercher. Dans une superbe Cadillac blanche, les voilà engloutis, au passage du pont Tappan Zee, dans un méga-embouteillage, qui va les confronter pendant quelques heures, à leurs souvenirs, leurs démons, leurs rancœurs.
Peter Stephan Jungk se fait alors le roi de l'allégorie. la relation des deux protagonistes est engluée dans ce sur-place, cette impasse absolue qui va,à la levée de l'obstacle, déboucher sur une libération. Jusqu'à Gustav qui va se faire voler ses papiers , dans cette épreuve de réappropriation de son identité. Mais il n'est pas seul : le père, mort il y a un an, qui a toujours été protecteur et bienveillant , se réincarne en une forme étrange et gigantesque, échouée dans l'Hudson juste sous le pont, "dieu fluvial", havre salvateur, nu et endormi, paysage incarné, rêve d'enfant, fantasme , golem, va savoir.
C'est donc l'histoire d'une curieuse renaissance à 45 ans, d'une libération par le passage d'une épreuve, dérisoire s'il en est. Il y a un mélange d'humour qui ne fait pas toujours dans la finesse -tous les bons vieux clichés y passent -, et de poésie farfelue, pour dresser le portrait de cet homme aliéné, défini par son passé et que le passage du fleuve va délivrer.
mots-clés : #communautejuive #famille #humour
Ca commence comme une bonne grosse blague juive new-yorkaise. rien n'y manque: le père physicien mondialement connu, en perpétuelle partance, la mère adorée et insupportable, et Gustav, le fils étudiant historien (sa thèse porte sur les accords de paix pendant la guerre de Cent Ans, de 1337 à 1453), fuyant ce trio symbiotique à Vienne, pour rien moins que devenir fourreur et s'enchaîner à une fadasse juive orthodoxe qui l'entraîne dans une religion rigoriste.
Mais bien sûr, derrière , il y a le tragique , car cette osmose familiale est liée au fait qu'ils sont seuls au monde, toute la famille ayant brûlé dans les camps...
On prend Gustav au sortir de l'aéroport à New-York, et sa mère est venue le chercher. Dans une superbe Cadillac blanche, les voilà engloutis, au passage du pont Tappan Zee, dans un méga-embouteillage, qui va les confronter pendant quelques heures, à leurs souvenirs, leurs démons, leurs rancœurs.
Peter Stephan Jungk se fait alors le roi de l'allégorie. la relation des deux protagonistes est engluée dans ce sur-place, cette impasse absolue qui va,à la levée de l'obstacle, déboucher sur une libération. Jusqu'à Gustav qui va se faire voler ses papiers , dans cette épreuve de réappropriation de son identité. Mais il n'est pas seul : le père, mort il y a un an, qui a toujours été protecteur et bienveillant , se réincarne en une forme étrange et gigantesque, échouée dans l'Hudson juste sous le pont, "dieu fluvial", havre salvateur, nu et endormi, paysage incarné, rêve d'enfant, fantasme , golem, va savoir.
C'est donc l'histoire d'une curieuse renaissance à 45 ans, d'une libération par le passage d'une épreuve, dérisoire s'il en est. Il y a un mélange d'humour qui ne fait pas toujours dans la finesse -tous les bons vieux clichés y passent -, et de poésie farfelue, pour dresser le portrait de cet homme aliéné, défini par son passé et que le passage du fleuve va délivrer.
mots-clés : #communautejuive #famille #humour
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
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Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Peter Staphan Jungk
merci topocl
au titre j'imaginais un voyage, mais il se fait me semble dans les souvenirs et dans l'esprit de Gustav ?
au titre j'imaginais un voyage, mais il se fait me semble dans les souvenirs et dans l'esprit de Gustav ?
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21080
Date d'inscription : 02/12/2016
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Re: Peter Staphan Jungk
Le voyage c'est la traversée du pont sur l'Hudson, qui se fait normalement en quelques minutes et là dure des heures; et change toute la façon de Gustav de voir la vie.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : Roanne
Re: Peter Staphan Jungk
Je vois les choses d' une façon un peu plus compliquée.
Je me demande si dans cette histoire en grande partie autobiographique, l' auteur n' a pas voulu
exorciser sa propre histoire.
Avec, en arrière fond, mais toujours présente, la Shoah.
Mais aussi la famille, recroquevillée sur elle-meme dans un besoin de fusion presque sexuelle.
En tout cas curieusement dénuée de tabous.
Le père, dont l' amour pour les femmes n' a d' égale que son affection pour sa femme et pour son
fils.
Un fils tout admiration pour le père. Mais un père célèbre et qui lui fait de l' ombre.
Qui possède tout ce qui lui manque, énergie, volonté, brio et dont il se sent dépendant.
Trop ?
Un père qui ne le lache pas, meme dans la mort. Comme si son esprit obsédé le projetait
immense et mort dans l' Hudson.
Alors qu' il est coincé sur un pont dans un embouteillage monstre.
La mère ?
Il me semble qu' elle cache son jeu et que son bavardage est un écran de fumée.
Que pense t-elle vraiment de son mari et de ses infidélités, de ses absences ?
Et qu' en est-il de cette pilote tellement belle, que meme la mère succombe à
sa séduction.
Et que le narrateur suivrait volontiers malgré son épouse qui l' attend au delà du pont.
Une femme geignarde, angoissée et qu' il a cessé d' aimer.
A supposer qu' il l' ait aimée un jour ou qu' il l' ait simplement acceptée passivement.
Bref ce livre soulève pas mal de questions que l' auteur a soulevé sans les résoudre tout à fait.
Je me demande si dans cette histoire en grande partie autobiographique, l' auteur n' a pas voulu
exorciser sa propre histoire.
Avec, en arrière fond, mais toujours présente, la Shoah.
Mais aussi la famille, recroquevillée sur elle-meme dans un besoin de fusion presque sexuelle.
En tout cas curieusement dénuée de tabous.
Le père, dont l' amour pour les femmes n' a d' égale que son affection pour sa femme et pour son
fils.
Un fils tout admiration pour le père. Mais un père célèbre et qui lui fait de l' ombre.
Qui possède tout ce qui lui manque, énergie, volonté, brio et dont il se sent dépendant.
Trop ?
Un père qui ne le lache pas, meme dans la mort. Comme si son esprit obsédé le projetait
immense et mort dans l' Hudson.
Alors qu' il est coincé sur un pont dans un embouteillage monstre.
La mère ?
Il me semble qu' elle cache son jeu et que son bavardage est un écran de fumée.
Que pense t-elle vraiment de son mari et de ses infidélités, de ses absences ?
Et qu' en est-il de cette pilote tellement belle, que meme la mère succombe à
sa séduction.
Et que le narrateur suivrait volontiers malgré son épouse qui l' attend au delà du pont.
Une femme geignarde, angoissée et qu' il a cessé d' aimer.
A supposer qu' il l' ait aimée un jour ou qu' il l' ait simplement acceptée passivement.
Bref ce livre soulève pas mal de questions que l' auteur a soulevé sans les résoudre tout à fait.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Peter Staphan Jungk
Je suis pleinement d'accord avec tout cela, bix, même si mon commentaire n' aps su le faire ressortir. Nos deux avis se complètent donc, c'est toujours complexe ces histoires de famille, bien sûr.
Et à mon tour je trouve le personnage du père "un peu plus compliqué". Car si oui il y a certainement ce brio qui étouffe son fils (il dit quelque part que finalement ce fils obscur lui convient , au delà de sa déception, car il ne va pas avoir à partager la reconnaissance). Mais il est aussi très aimant, très proche: ils partent en voyages ensemble, font des marches où il essaie de lui transmettre ses valeurs, il fait son éducation sexuelle, il lui confie ce qu'il ne confie pas à sa femme, il reconnait qu'il adore la mère mais ne la supporte pas et cela soulage beaucoup le fils de voir qu'il n'est pas tout seul. C'est un roc, un roc aimant. D'où le corps dans la rivière que le fils va rejoindre, et auquel il s'accroche comem un nouveau-né à son parent.
Et à mon tour je trouve le personnage du père "un peu plus compliqué". Car si oui il y a certainement ce brio qui étouffe son fils (il dit quelque part que finalement ce fils obscur lui convient , au delà de sa déception, car il ne va pas avoir à partager la reconnaissance). Mais il est aussi très aimant, très proche: ils partent en voyages ensemble, font des marches où il essaie de lui transmettre ses valeurs, il fait son éducation sexuelle, il lui confie ce qu'il ne confie pas à sa femme, il reconnait qu'il adore la mère mais ne la supporte pas et cela soulage beaucoup le fils de voir qu'il n'est pas tout seul. C'est un roc, un roc aimant. D'où le corps dans la rivière que le fils va rejoindre, et auquel il s'accroche comem un nouveau-né à son parent.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8407
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