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Pierre Loti

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journal - Pierre Loti Empty Pierre Loti

Message par Armor Mer 26 Juil - 21:04

Pierre Loti
(1850-1923)

journal - Pierre Loti Loti210

Pierre Loti (né à Richefort en 1850, décédé à Hendaye en 1923), de son vrai nom Louis Marie Julien Viaud, est un écrivain français qui a mené parallèlement une carrière d'officier de marine.

Brillant élève très tôt attiré par la mer, Pierre Loti prépare au lycée Henri IV le concours d'entrée à l'École navale de Brest, où il est admis en 1867. En 1870, année du décès de son père, il prend la mer comme aspirant de première classe et participe sur une corvette de la marine à la guerre contre l'Allemagne.
Il exerce la fonction d'officier de marine pendant quarante ans et voyage ainsi à travers le monde. De Tahiti à l'Extrême-Orient, en passant par l'Afrique du Nord et la Turquie, les pays traversés servent de cadres à ses intrigues romanesques, sa plus grande fascination allant inconstestablement à l'Empire ottoman.
Ecrivain à succès, il décore à grands frais sa maison natale de Rochefort.

De retour d'un voyage privé en terre sainte, Pierre Loti s'établit en 1894 à Hendaye, dans les Pyrénnées orientales.
Lorsque la première guerre mondiale éclate, il a 64 ans. Alors en retraite, il reprend du service, comme agent de liaison puis comme conseiller technique du général Gallieni. Il recevra la croix de guerre et la grand croix de la légion d'honneur.
En 1921, Pierre Loti est atteint d'une première attaque de paralysie. Il décède quatre mois plus tard ; le gouvernement lui organise des obsèques nationales.

Louis Marie Julien Viaud avait adopté le pseudonyme de Pierre Loti 1881, en publiant "le roman d'un spahi". Ce surnom de Loti, qui est un nom de fleur en maori, lui avait été donné à Tahiti en 1972 par la reine Pomaré.
Se décrivant lui-même comme "le plus grand écrivain exotique" de son temps, Pierre Loti a publié des récits de voyage, ainsi que de nombreux romans _ souvent d'inspiration autobiographique _ ayant pour cadre les pays traversés au cours de ses périples.

Il fut élu à l'Académie française, au fauteuil 13, le 21 mai 1891.
Parmi ses oeuvres les plus célèbres, on citera Pêcheurs d'Islande, Aziyadé, ou encore Madame Chrysanthème...
sources diverses

Bibliographie :

1879 : Aziyadé
1880 : Rarahu
1881 : Le Roman d'un spahi (premier roman signé Pierre Loti)
1882 : Le Mariage de Loti (Rarahu). Fleurs d'ennui. Pasquala Ivanovitch, écrit en 1872.
1883 : Trois journées de guerre en Annam
1883 : Mon frère Yves
1884 : Les Trois Dames de la Kasbah
1886 : Pêcheur d'Islande
1887 : Madame Chrysanthème et Propos d'exil
1889 : Japoneries d'automne
1890 : Au Maroc et Le Roman d'un enfant
1891 : Le Livre de la pitié et de la mort.
1892 : Fantôme d’Orient, prolongement d'Aziyadé
1893 : L'Exilée et Le Matelot
1895 : Le Désert
1895 : Jérusalem
1896 : La Galilée
1896 : La Mosquée verte
1897 : Ramuntcho et Figures et choses qui passaient
1898 : Judith Renaudin
1899 : Reflets sur la sombre route
1902 : Les Derniers Jours de Pékin
1903 : L'Inde (sans les Anglais)
1904 : Vers Ispahan
1904 : traduction, avec Émile Vedel, du Roi Lear de William Shakespeare
1905 : La Troisième Jeunesse de Madame Prune
1906 : Les Désenchantées
1907 : Vies de deux chattes
1909 : La Mort de Philæ.
1910 : Le Château de la Belle au Bois dormant
1912 : Un Pèlerin d'Angkor
1913 : Turquie agonisante
1916 : La Hyène enragée
1917 : Quelques aspects du vertige mondial
1918 : L'Horreur allemande et Les Massacres d'Arménie
1920 : La Mort de notre chère France en Orient
1921 : Suprêmes visions d'Orient
1923 : Un jeune officier pauvre

Publications posthumes
Lettres à Juliette Adam
Journal intime, 1878-1881, première partie
Journal intime, 1882-1885, deuxième partie et Correspondance inédite, 1865-1904
Cette éternelle nostalgie, journal intime, 1878-1911
Soldats bleus, journal intime, 1914-1918
Correspondance théâtrale inédite avec André Antoine
Journal intime 1868-1878, Tome I
Journal intime 1879-1886, tome II
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Message par Armor Mer 26 Juil - 21:20

Longuement, Pierre Loti a sillonné la terre, rapportant de ses voyages des récits uniques et imagés. Le Désert, consacré à sa traversée du Sinaï en direction de Jérusalemn, est le premier volet d'un trytique (Le Désert, Jérusalem, La Galilée)

journal - Pierre Loti 515kvj10

Le Désert

Chaque matin, s'éveiller en un point différent du vaste désert. Sortir de sa tente et se trouver dans la splendeur du matin vierge ; détendre ses bras, s'étirer demi-nu dans l'air froid et pur ; sur le sable, enrouler son turban et se draper de ses voiles de laine blanche ; se griser de lumière et d'espace ; connaître, au réveil, l'insouciante ivresse de seulement respirer, seulement vivre.
Et puis partir, très haut monté sur le dromadaire éternellement marcheur, qui va l'amble égal jusqu'au soir. Cheminer en rêvant, cheminer, cheminer toujours, ayant devant soi la tête poilue ornée de coquillages et le long coup de la bête, qui fend l'air avec des oscillations de proue de navire. Voir les solitudes passées après les solitudes ; tendre l'oreille au silence, et ne rien entendre, ni un chant d'oiseau, ni un bourdonnement de mouche, parce qu'il n'y a rien de vivant nulle part.


Je l'avoue tout net, d'ordinaire, je n'apprécie guère les longues descriptions. Elles m'agacent, car j'ai l'impression qu'une trop grande précision bride mon imagination. Sachant cela, j'ai ouvert ce Désert avec quelques réticences qui, d'emblée, ont été annihilées par la langue de Loti, sinueuse, chatoyante, cette langue qui m'avait déjà tant séduite lorsque, adolescente, j'avais dévoré Pêcheurs d'Islande. Ce livre, je l'ai savouré par petites touches, patiemment. Marche lente au pas des chameaux, contemplation sereine d'un désert minéral et silencieux...

Ca et là, quelques épisodes viennent tout de même réveiller l'intérêt du lecteur qui, bercé par le balancement de sa monture, risquerait de s'assoupir… Il y a cette halte dans un monastère hors du temps sur le mont Sinaï, au plus fort d'une tempête de neige ; Là, Loti se pare de ses plus belles soieries et s'émerveille devant l'antiquité des lieux, les reliques, ou le chatoiement des multiples icônes parées d'or…
Et puis, il y a les tractations avec les cheikhs et les représentants officiels du gouvernement ottoman, qui règnent en tyrans sur les zones qu'ils contrôlent. Il faut négocier leur protection contre les pillards ; il faut aussi payer un tribut pour gagner la permission de traverser leurs territoires… Paradoxalement, Loti m'a semblé quelque peu déçu que son voyage se déroule sans autre anicroche qu'un ou deux contretemps mineurs et l'interdiction de traverser Pétra. J'ai eu l'impression que, sans se l'avouer vraiment, il aurait aimé un peu plus de frisson et de Grande Aventure...

Des compagnons de route de Loti, nous ne saurons rien, ou presque, si ce n'est qu'un certain Léo l'accompagne. De même, il ne nous glisse que quelques phrases sur le jeune cheikh qui, un temps, dirige son escorte, ou sur les Bédouins qui furent ses guides tout au long du voyage…
Les femmes, quant à elles, passent de loin en loin, inaccessibles ombres hiératiques …
Qu'il s'agisse ou non d'un parti pris d'écriture, j'avoue que cela m'a étonnée, cette absence d'intérêt pour ses compagnons de route. De ce fait, lorsqu'il se laisse aller à glisser quelques phrases sur les Bédouins, elles n'en sont que plus remarquées. Et c'est là que le bât blesse, car on découvre un Pierre Loti ambivalent : éprouvant une réelle admiration pour ceux qu'il qualifie de "nobles races orientales", il y mêle une condescendance et un sentiment de supériorité confinant au racisme parfois bien difficile à lire...  Il y a là toute l'ambiguïté d'un homme qui s'est ouvert au monde, mais qui n'a pas su pour autant dépasser certains préjugés de son époque...

On lira donc le Désert pour la magie de la langue, unique et savoureuse, qui sait si bien retranscrire toutes les nuances et subtilités d'un lieu aussi mouvant qu'immuable, aux prises avec les ondoiements du soleil… On s'émerveillera des rocs millénaires et des lumières chatoyantes, et l'on rêvera de se trouver à son tour paré(e) de longs voiles blancs, allant l'amble d'un chameau au son de mélancoliques mélopées...

Et c'est d'une magnificence presque effroyable… Dans des lointains si limpides, qu'on les dirait beaucoup plus profonds que les habituels lointains terrestres, des chaînes de montagnes s'enlacent et se superposent, avec des formes régulières, qui, depuis le commencement du monde, sont vierges de tout arrangement humain, avec des contours secs et durs qu'aucune végétation n'a jamais atténués. Elles sont, au premier plan, d'un brun presque rouge ; puis, dans leur fuite vers l'horizon, elles passent par d'admirables violets, qui bleuissent de plus en plus, jusqu'à l'indigo pur des lointains extrêmes. Et tout cela est vide, silencieux et mort. C'est la splendeur des régions invariables, d'où sont absents ces leurres éphémères, les forêts, la verdure ou les herbages ; c'est la splendeur de la matière presque éternelle, affranchie de tout l'instable de la vie ; la splendeur géologique d'avant les créations…


mots-clés : #voyage


Dernière édition par Armor le Mar 8 Aoû - 23:44, édité 3 fois
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Message par Bédoulène Mer 26 Juil - 21:33

merci pour ton commentaire Armor !

tu vas continuer la trilogie ?

Pêcheurs d'Island est bien loin, je l'ai lu dans mon adolescence.

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Message par Armor Mer 26 Juil - 21:37

Je ne pense pas continuer la trilogie dans l'immédiat (je crois que j'ai eu mon compte de longues descriptions pour un temps ! Wink )
Mais dans l'avenir, pourquoi pas ?

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Message par animal Mer 26 Juil - 21:53

J'avais été tiède pour le film de Pêcheur d'Islande mais ça me donnerait bien envie de le lire, un peu intrigué aussi par un court extrait dans ma lectures sur Tahiti.

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Message par topocl Jeu 17 Aoû - 11:19

A Bretenoux (46)

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Message par Aventin Jeu 17 Aoû - 20:38

Mon frère Yves

Roman, 1883.

journal - Pierre Loti Loti10
(NB: je ne l'ai pas lu dans la superbe édition de cette image, Calmann-Lévy 1938, illustrations D. Emilien-Duffour, qui atteint des sommets à la revente !).

Ce livre vient assez tôt dans l'œuvre de Loti.
Il conte une amitié virile, une fraternité de gens de mer, on peut y voir un aveu à demi-mot de son homosexualité, à tout le moins y déceler une probable homosexualité latente entre le narrateur-protecteur en quête d'Yves Kermadec, l'homme-enfant.

Livre apaisant en dépit des turpitudes des héros, sans doute parce qu'écrit avec un regard tout en candeur naïve, mais, et c'est remarquable, malgré tout sans mièvrerie.
C'est juste parfait pour cerner ce personnage d'Yves Kermadec, chapeau bas, Monsieur Loti !
Loti, on le sait, fut un auteur très prisé en son temps. Sa plume est exquise et cèle de multiples splendeurs, en tous cas dans ce livre-là. Le style coulé, à chapitres brefs, nous berce tel un roulis régulier, le lecteur est parfaitement embarqué par le capitaine de midship Loti.

Ses pages sur la vie à bord, sur la Bretagne, les petites gens, l'alcoolisme et la vie des femmes et familles de marins, la mer etc... sont de facture exceptionnelle.  

Ce sera plutôt longs extraits que commentaire, histoire de souligner que, si Loti n'a plus grand lectorat de nos jours, il reste une plume de choix tout de même !

Chapitre L a écrit:17 juin 1878.
De bonne heure, nous sommes debout pour aller dans les bois ramasser des luzes (petits fruits d'un noir bleu que l'on trouve dans les plus épais fourrés, sur des plantes qui ressemblent au gui de chêne).
Anne ne portait plus son beau costume de fête : elle avait mis une grande collerette unie et une coiffe plus simple. Sa robe bretonne en drap bleu était ornée de broderies jaunes : sur chaque côté de son corsage, c'étaient des dessins imitant de ces rangées d'yeux comme en ont les papillons sur leurs ailes.
Le long des sentiers creux, dans la nuit verte, nous rencontrions des femmes qui allaient à Toulven entendre la première messe du matin. Du fond de ces longs couloirs de verdure, on les voyait venir avec leurs collerettes, avec leurs hautes coiffes blanches, dont les pans retombaient symétriques sur leurs oreilles, comme des bonnets d'Egyptiens. Leur taille était très serrée dans des doubles corsages de drap bleu qui ressemblaient à des corselets d'insectes et sur lesquels étaient brodées toujours les mêmes bigarrures, les mêmes rangées d'yeux de papillon. Au passage, elles nous disaient bonjour en langue bretonne, et leur figure tranquille avait des expressions primitives.
Et puis, sur les portes des chaumières antiques en granit gris qui étaient enfouies dans les arbres, nous trouvions des vieilles assises et gardant des petits enfants ; des vieilles aux longs cheveux blancs dépeignés, aux haillons de drap bleu coupés à la mode d'autrefois, avec des restes de broderies bretonnes et de rangées d'yeux : la misère et la sauvagerie du vieux temps.

Des fougères, des fougères, tout le long de ces chemins,—les espèces les plus découpées, les plus fines, les plus rares, agrandies là dans l'ombre humide, formant des gerbes et des tapis ;—et puis des digitales pourprées s'élançant comme des fusées roses, et, plus roses encore que les digitales, les silènes de Bretagne, semant sur toute cette verdure fraîche leurs petites étoiles d'une couleur de carmin.
...À nous peut-être la verdure semble plus verte, les bois plus silencieux, les senteurs plus pénétrants, à nous qui habitons les maisons de planches au milieu du bruit de la mer.
«Moi, je trouve qu'on est très bien ici, disait Yves. Un peu plus tard, quand le petit Pierre sera seulement assez grand pour que je l'emmène par la main, nous nous en irons tous deux ramasser toute sorte de choses dans les bois,—et puis chasser. C'est cela, j'achèterai un fusil, dès que je serai un peu riche, pour tuer les loups. Il me semble à moi que je ne m'ennuierai jamais dans ce pays...»
Je savais bien, hélas ! Qu'il s'y ennuierait à la longue ; mais c'était inutile de le lui dire et il fallait bien lui laisser sa joie, comme aux enfants.
D'ailleurs, lui aussi allait partir ; deux jours après moi, il devait rejoindre Brest, pour s'embarquer de nouveau. Ce n'était qu'un tout petit repos dans notre vie, ce séjour en Toulven, qu'un petit entracte de Bretagne après lequel notre métier de mer nous attendait.
...Nous fûmes bientôt au milieu des bois ; plus de sentiers ni de chaumières ; rien que des collines se succédant au loin, couvertes de hêtres, de broussailles, de chênes et de bruyères. Et des fleurs, une profusion de fleurs ; tout ce pays était fleuri comme un éden : des chèvrefeuilles, de grands asphodèles en quenouilles blanches et des digitales en quenouilles roses.

Chapitre LXXVIII a écrit:Un jour, le démon de l'alcool revint passer sur leur route. Yves rentra avec ce mauvais regard trouble dont Marie avait peur.
C'était un dimanche d'octobre. Il arrivait du bord, où on l'avait mis aux fers, disait-il ; et il s'était échappé parce que c'était injuste. Il semblait très exaspéré ; son tricot bleu était déchiré et sa chemise ouverte.
Elle essayait de lui parler bien doucement, de le calmer. C'était précisément une belle journée de dimanche ; il faisait un de ces temps rares d'arrière-automne qui ont une mélancolie paisible et exquise, qui sont comme un dernier repos du soleil avant l'hiver. Elle s'était habillée dans sa belle robe et sa collerette brodée, elle avait fait la grande toilette du petit Pierre, comptant qu'ils iraient tous les trois se promener ensemble à ce beau soleil doux. Dans la rue, des couples de gens du peuple passaient, endimanchés, s'en allant sur les routes et dans les bois comme au printemps.
...Mais non, rien n'y faisait ; Yves avait prononcé l'affreuse phrase de brute qu'elle connaissait si bien : «Je m'en vais retrouver mes amis.» C'était fini !
Alors, sentant sa pauvre tête s'en aller de douleur, elle avait voulu tenter un moyen extrême : pendant qu'il regardait dans la rue, elle avait fermé la porte à double tour et caché la clef dans son corsage. Mais lui, qui avait compris ce qu'elle venait de faire, se mit à dire, la tête baissée, les yeux sombres :
«Ouvre !... ouvre !... M'entends-tu ? je te dis de m'ouvrir !»
Il essaya de secouer cette porte sur ses ferrures ; quelque chose le retenait encore de la briser,—ce qu'il eût pu faire sans peine.
Et puis, non, il voulait que sa femme, qui l'avait fermée, vînt elle-même la lui ouvrir.
Et il tournait dans cette chambre, avec son air de grand fauve, répétant :
«Ouvre !... M'entends-tu ? je te dis de m'ouvrir !»
Les bruits joyeux du dimanche montaient dans la rue. Les femmes à grande coiffe passaient au bras de leurs maris ou de leurs amants. Le beau soleil d'automne les éclairait de sa lumière tranquille.
Il frappait du pied et répétait cela à voix très basse :
«Ouvre !... je te dis de m'ouvrir !»
C'était la première fois qu'elle essayait de le retenir par force, et elle voyait que cela réussissait mal, et elle avait étrangement peur. Sans le regarder, elle s'était jetée à genoux dans un coin et disait des prières, tout haut et très vite, comme une insensée. Il lui semblait qu'elle touchait à un moment terrible, que ce qui allait arriver serait plus affreux que toutes les choses d'avant. Et petit Pierre, debout, ouvrait tout grands ses yeux profonds, ayant peur lui aussi, mais ne comprenant pas.
«Non, tu ne veux pas m'ouvrir ?... Oh ! mais je l'arracherai alors ! Tu vas voir !»
Une secousse ébranla le plancher, puis on entendit un grand bruit sourd, horrible. Yves venait de tomber de tout son haut. La poignée par laquelle il avait voulu prendre cette porte lui était restée dans la main, arrachée, et alors, lui, avait été jeté à la renverse sur son fils, dont la petite tête avait porté, dans la cheminée, contre l'angle d'un chenet de fer...
Ah ! Ce fut un changement brusque.

chapitre XC a écrit:Il y a rien d'faraud
Comme un matelot
Qu'a lavé sa peau
Dans cinq ou six eaux...

Le lendemain matin, au lever du soleil. La brise était restée fraîche et vive. Le Primauguet filait très vite et se secouait dans sa course, avec ce déhanchement souple et vigoureux des grands coureurs. Sur l'avant du navire, les hommes de la bordée de quart faisaient en chantant leur première toilette. Nus, semblables à des antiques avec leurs bras forts, ils se lavaient à grande eau froide ; ils plongeaient de la tête et des épaules dans les bailles, couvraient leur poitrine d'une mousse blanche de savon, et puis s'associaient deux à deux, naïvement, pour se mieux frotter le dos.
Tout à coup ils se rappelèrent le mort, et leur chanson gaie s'arrêta. D'ailleurs, ils venaient de voir les hommes de l'autre bordée qui montaient au commandement de l'officier de quart, et se rangeaient en ordre sur l'arrière, comme pour les inspections. Ils devinaient pourquoi et ils s'approchèrent tous.
Une grande planche toute neuve était posée en travers sur les bastingages, débordant, faisant bascule au-dessus de la mer ; et on venait d'apporter d'en bas une chose sinistre qui semblait très lourde, une gaine de toile grise qui accusait une forme humaine...
Quand Barazère fut couché sur la grande planche neuve, en porte-à-faux au-dessus des lames pleines d'écume, tous les bonnets des marins s'abaissèrent pour un salut suprême ; un timonier récita une prière, des mains firent des signes de croix,—et puis, à mon commandement, la planche bascula et on entendit le bruit sourd d'un grand remous dans les eaux.
Le Primauguet continuait de courir, et le corps de Barazère était tombé dans ce gouffre, immense en profondeur et en étendue, qui est le Grand-Océan.
Alors, tout bas, comme un reproche, je répétai à Yves qui était près de moi, la phrase de la veille :
«Les hommes, c'est comme les bêtes : on en fait d'autres, mais...
—Oh ! répondit-il, ce n'est pas moi qui ai dit cela ; c'est lui.» (Lui—c'est-à-dire Barrada,—l'entendit et tourna la tête vers nous. Il pleurait à chaudes larmes.)
Cependant on regardait derrière avec inquiétude, dans le sillage : c'est qu'il arrive, quand le requin est là, qu'une tache de sang remonte à la surface de la mer.
Mais non, rien ne reparut ; il était descendu en paix dans les profondeurs d'en dessous.
Descente infinie, d'abord rapide comme une chute ; puis lente, lente, alanguie peu à peu dans les couches de plus en plus denses. Mystérieux voyage de plusieurs lieues dans des abîmes inconnus ; où le soleil qui s'obscurcit paraît semblable à une lune blême, puis verdit, tremble, s'efface. Et alors l'obscurité éternelle commence ; les eaux montent, montent, s'entassent au-dessus de la tête du voyageur mort comme une marée de déluge qui s'élèverait jusqu'aux astres.
Mais, en bas, le cadavre tombé a perdu son horreur ; la matière n'est jamais immonde d'une façon absolue. Dans l'obscurité, les bêtes invisibles des eaux profondes vont venir l'entourer ; les madrépores mystérieux vont pousser sur lui leurs branches, le manger très lentement avec les mille petites bouches de leurs fleurs vivantes.
Cette sépulture des marins n'est plus violable par aucune main humaine. Celui qui est descendu dormir si bas est plus mort qu'aucun autre mort ; jamais rien de lui ne remontera ; jamais il ne se mêlera plus à cette vieille poussière d'hommes qui, à la surface, se cherche et se recombine toujours dans un éternel effort pour revivre.

chapitre XCII a écrit:Les voix étaient belles et vibrantes dans les silences sonores de ces nuits.
Il y avait aussi un vieux maître qui contait toujours à un petit cercle attentif d'interminables histoires ; c'étaient des aventures très certainement arrivées autrefois à de beaux gabiers, que des princesses amoureuses avaient emmenés dans des châteaux.
Il courait toujours, le Primauguet, traçant derrière lui, dans l'obscurité, une vague traînée blanche qui s'effaçait à mesure, comme une queue de météore. Il courait toutes les nuits, sans se reposer ni dormir ; seulement ses grandes ailes perdaient le soir leur blancheur de goéland, et, sur les lueurs diffuses du ciel, on les voyait tout à coup découper, en ombres chinoises, des pointes et des échancrures de chauve-souris.
Mais il avait beau courir, il était toujours au milieu du même grand cercle qui semblait éternellement se reformer, s'étendre et le suivre.
Quelquefois ce cercle était noir et dessinait nettement partout sa ligne inexorable qui s'arrêtait aux premières étoiles du ciel, ou bien l'immense contour était adouci par des vapeurs qui fondaient tout ensemble ; alors on se figurait courir dans une espèce de globe d'un bleu gris, très étoilé, dont on s'étonnait de ne jamais rencontrer les parois fuyantes.
L'étendue était remplie des bruits légers de l'eau, l'étendue était toujours bruissante à l'infini, mais d'une manière contenue et presque silencieuse ; elle rendait un son puissant et insaisissable, comme ferait un orchestre de milliers de cordes que les archets frôleraient à peine et avec grand mystère.
Par instants, les étoiles australes se mettaient à briller d'éclats très surprenants ; les grandes nébuleuses étincelaient comme une poussière de nacre, toutes les teintes de la nuit semblaient s'éclairer, par transparence, de lumières étranges, on se serait cru à ces moments des féeries où tout s'illumine pour quelque immense apothéose ; et on se disait : pourquoi est-ce que les choses resplendissent de cette manière, qu'est-ce qui va se passer, qu'est-ce qu'il y a ?... Eh ! Bien non, il n'y avait rien, jamais ; c'était simplement la région des tropiques qui était ainsi. Il n'y avait rien que les mers désertes, et toujours l'étendue circulaire, absolument vide...
Ces nuits étaient bien d'exquises nuits d'été, douces, douces, plus que nos plus douces nuits de juin. Et elles troublaient un peu tous ces hommes dont les aînés n'avaient pas trente ans...
Ces obscurités tièdes apportaient des idées d'amour dont on n'aurait pas voulu. On se voyait près de s'amollir encore dans des rêves troublants ; on sentait le besoin d'ouvrir ses bras à quelque forme humaine très désirée, de l'étreindre avec une tendresse fraîche et rude, infinie. Mais non, personne, rien... Il fallait se raidir, rester seul, se retourner sur les planches dures de ce pont de bois, puis penser à autre chose, se remettre à chanter... Et alors les belles chansons, gaies ou tristes, vibraient plus fort, dans le vide de la mer.
Pourtant, on était bien sur ce gaillard d'avant pendant ces veillées du large ; on y recevait en pleine poitrine les souffles frais de la nuit, les brises vierges qui n'avaient jamais passé sur terre, qui n'apportaient aucun effluve vivant, qui n'avaient aucune senteur. Quand on était étendu là, on perdait peu à peu la notion de tout, excepté de la vitesse, qui est toujours une chose amusante, même quand on n'a pas de but et qu'on ne sait pas où l'on va.
Ils n'avaient pas de but, les matelots, et ils ne savaient pas où ils allaient.


Un peu modifié d'un message du 29 septembre 2013.
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Message par Aventin Jeu 17 Aoû - 20:56

Bédoulène a écrit:merci pour ton commentaire Armor !

tu vas continuer la trilogie ?

Tu as raison Bédoulène de souligner que, selon une opinion très répandue, vraiment communément admise, il y a là trilogie, ça me (re) donne l'occasion d'exprimer, ci-dessous, une divergence de vue, apparemment très minoritaire, mais enfin, si ça peut faire débat, sait-on jamais ?

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Matelot
journal - Pierre Loti Equipa10
Équipage - dessin de Pierre Loti.


1893, roman, 140 pages environ, cinquante-quatre chapitres (ou brefs tableaux).
Parfois orthographié "Le Matelot".



On dit de ce roman qu'il est part d'une trilogie incluant "Pêcheur d'Islande" et "Mon frère Yves".
Ce qui me semble un rien capillotracté, il n'y a pas de continuité de parution ni d'écriture entre ces trois ouvrages, et, à mon avis, "Matelot" est beaucoup plus proche de "Mon frère Yves", "Pêcheur d'Islande" étant à situer ailleurs.
En effet il y a une part autobiographique (son frère aîné Gustave et son ami de mer Léo "sont" ici Jean Berny, le héros). Tout comme Yves était Pierre, un autre ami de mer...
Les peintures de vie en mer, bien que brillantes, sont plus retenues et moins nombreuses que dans "Mon frère Yves".
Il y a dans "Matelot", d'une façon générale, moins de pittoresque.

Travaillée, fine comme jamais, cristalline, d'apparence évidente, simple, l'écriture de Loti, si vous êtes un peu familier de l'auteur, risque de vous transporter, et pourtant tout est en sobriété. Loti était, de son vivant, un écrivain de premier plan, au niveau de la notoriété et du tirage de ses œuvres, en un temps et sous des latitudes où le romancier était lui-même à la pointe de l'expression artistique dans à peu près tous les milieux.

Ces petits chapitres courts, calibrés pour la lecture commune vespérale comme pour la parution en revue, se terminent la plupart du temps en points de suspension, et même en lignes entières de points de suspension, un peu à la façon d'un pianiste dont l'instrument émet encore une note presque sourde, qu'on distingue à grand peine du silence, alors que déjà il ferme le capot sur le clavier.
Je ne crois pas que ça "passerait" en édition aujourd'hui.
Mais j'y vois un raffinement, une manière aussi d'imposer un silence, fût-il bref, au lecteur, lui enjoignant de s'abreuver de la gorgée littéraire en appréciant le nez, le bouquet, l'attaque, le palais et les finales en dégustateur et non en boit-sans-soif.

Ce livre a paru dans un contexte qu'il n'est pas inintéressant de garder en mémoire, si vous en entreprenez la lecture.
7 avril 1892, pour sa troisième tentative, Pierre Loti est élu à l'Académie Française, par 18 voix contre 0 à Émile Zola.
Le discours de réception est un exercice de style obligé et bien connu, consistant à faire l'apologie du défunt dont on va occuper le fauteuil.
Loti succède à Octave Feuillet, et prononce ce discours.
Zola, son adversaire malheureux, courageusement présent dans la salle, est battu à plate couture et, loin d'avoir le triomphe magnanime, Loti y place une charge contre le roman naturaliste !
Les hommes à théories, – surtout ceux des couches nouvelles qui viennent au monde déjà tout bardés d’érudition, – longuement discutent avec gravité si le roman doit être romanesque ou documentaire, ou psychologique, ou je ne sais quoi encore ; s’il doit se borner au rôle d’amusette pour gens du monde, ou bien s’il lui est permis de soutenir quelque haute thèse de morale ou de philosophie Je suis forcé d’avouer que la portée un peu profonde de ces discussions m’échappe ; je les trouve même passablement vaines et puériles. Dans mon ingénuité de barbare éduqué en courant la mer, peu m’importe d’abord qu’un livre s’appelle roman ou s’intitule de tel autre nom qu’on voudra, – et la seule chose que je lui demande, c’est d’avoir la vie et d’avoir le charme.  

Et, histoire de rhabiller définitivement Émile Zola:

Le Roman psychologique – je suis vraiment consterné d’avoir à prononcer ce mot pédant – a, lui aussi, de nos jours, mené grand bruit autour de sa personne et décrété, absolument du reste comme le Roman naturaliste, qu’en dehors de lui-même, rien ne valait Et pourtant, après les remarquables maîtres de cette école, dans quel indigeste pathos sont tombés les médiocres qui les ont suivis !

Autant dire que le roman suivant de Loti est attendu, et qu'il a intérêt à être à la hauteur !
Histoire de rajouter un peu de pression, Loti, écrivain alors valeur sûre pour un éditeur, signe, en se faisant avoir, avec l'éditeur Guillaume (belles éditions, illustrées, d'une certaine gamme) mais en signant également avec Calmann-Lévy, tout en espérant pouvoir faire paraître d'abord "Matelot" en revue, en périodiques (formule plus lucrative pour l'auteur), sans se rendre compte qu'il a opté exactement pour le contraire !

Au milieu de ce micmac, il s'attèle à l'écriture de "Matelot", celui-ci étant avancé au point d'avoir en mains quelques premières épreuves dès septembre. Il boucle définitivement le roman en janvier 1893, et il paraîtra pile un an après son élection à l'Académie Française, en avril 1893, chez Guillaume. Le mois suivant, il publie "L'Exilée", qu'il avait en réserve, mais il avait pour volonté que le grand coup qu'il était tenu de frapper après sa charge agressive du discours de l'élection à l'Académie soit "Matelot".

Il n'eut ensuite de cesse de défendre ce livre-là en particulier, qui fut loin, très loin de rencontrer le succès de librairie à la "Ramuntcho" ou à la "Pêcheur d'Islande".
Parler de flop ou de bide est peut-être exagéré, mais on est loin, très loin du grand coup que ce livre, dédaigné par le public (à l'aune du tirage coutumier de Loti), devait frapper !

La charge pathétique des derniers chapitres est énorme, et troussée avec un art consommé. Là est le Loti qu'on a envie de lire et relire, et de continuer à mettre en lumière, aujourd'hui.
Le maniérisme de sa vie contraste avec la sobriété et la subtilité de son art littéraire.
Un régal, vraiment.

Autres exemples, ce qu'il dit des rites, des liens filiaux, de la vie des gens simples, des scènes du logis de Brest dans le quartier de Recouvrance, et aussi bien sûr sa connaissance comportementale et sociétale du marin font de ce petit opus oublié qu'est "Matelot", considéré (mais pas par l'auteur !) souvent comme plutôt mineur dans sa biographie, un moment de littérature qui mérite découverte ou redécouverte.

Gageons qu'il a encore largement le potentiel pour étonner, séduire nombre de lecteurs contemporains en particulier avec ce style, cette fraîcheur du trait, cette écriture gracile mais ferme.

Je le tiens, en tout cas, pour de très belle qualité et le place haut dans l'œuvre de Loti.



(Ramené d'un message du 23 octobre 2014)
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Message par Armor Jeu 17 Aoû - 23:51

Aventin, je pense que bédoulène ne parlait pas de cette trilogie-là, mais du tryptique comportant 3 récits d'un même voyage : Le Désert, Jérusalem, La Galilée.

Sinon, ces querelles d'écrivains sont toujours amusantes à lire aujourd'hui, alors que les deux auteurs sont également reconnus. Wink
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Message par animal Jeu 22 Juil - 19:25

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Le roman d'un enfant

Tout est dans le titre. L'enfance, l'autobiographie... romancée, au moins un peu derrière les allures de journal. Certainement en tout cas la chronologie et le fragmentaire ou l'épisode ne sont pas la seule trame choisie par l'auteur. Les petites touches, les réserves, la distance construise une partie de l'image qui reste.

L'image de quoi ? de l'enfant ? pas tout à fait. De l'auteur adulte qui regarde en arrière ? pas uniquement.

Le parfum de la nostalgie ? Il y en a pour le garçon rangé et choyé devenu, ou qui deviendra, aventurier mais ce que je retiendrai ce sont les images de la nature "simple" et les incertitudes et surtout la manière claire de faire autre chose que l'autoportrait tout en conservant des points d'interrogation. Pas de sur analyse, un brin de mise en scène, un humour discret, un goût assumé du détail.

Un discret exercice de style aussi plaisant à suivre qu'évocateur.


Mots-clés : #autobiographie #enfance #journal #lieu

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Message par animal Sam 7 Aoû - 21:47

Prime jeunesse

Une manière différente, moins morcelée pour une adolescence plus rétrospective. Avec plus de tempérament aussi. Mais toujours les mêmes attachements. Différent mais non moins plaisant à lire que le Roman d'un enfant. Le temps est passé, c'est le roman d'un vieil homme sur ses jeunes années, celles d'avant son devenir.

C'est peut-être ça aussi qui est plaisant, qu'il n'y ait pas de grandes réalisations, rien de si sérieux de son fait. Pourtant "classique" dans les thématiques du temps qui passe, de la mort, de la famille, il s'en dégage une certaine fraîcheur. Probablement pour sa nature et l'honnêteté de ne pas sembler imaginer un moment qui n'existe plus mais plutôt de dire simplement, "aimablement", ce qu'il en reste.

Discrètement stimulant, et dans une écriture qui glisse toute seule.

Bonus ? les pages parisiennes d'un provincial convaincu !

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