Aron Tamasi

Áron Tamási (1897, Farkaslaka-1966, Budapest) est parfois comparé à Giono ou Ramuz pour la saveur de sa langue, ses dialogues si proches des roublardises du parler sicule, et son attachement jamais démenti à sa terre natale. Il ne saurait toutefois être réduit au rang d’auteur régionaliste, toute son œuvre – ses romans, ses nouvelles comme son théâtre – tendant en effet vers une dimension humaniste et universaliste souvent proche de la féerie ou du conte oriental. Resté à Budapest durant les années de plomb du stalinisme, ce démocrate à l’esprit trop indépendant fut mis au ban de la littérature sous l’accusation – faute de mieux – de déisme, avant de se voir réhabilité tant le succès de ses écrits dépassait les tentatives de censure.

Bibliographie française

- Abel dans la foret profonde, Héros-Limite, 2009

- Etoiles de Transylvanie, Héros-Limite, 2011

"Après quoi je me dis: quelle créature mystérieuse que l'homme! Le jour, il lutte contre ce qui est, et la nuit il lutte contre ce qui n'est pas. Et lorsque le jour et la nuit passent, ce qui avait existé devient parfaitement identique à ce qui n'avait pas existé. Quelle curieuse créature ! Il a tant d'intelligence, qu'il est capable de fabriquer une arme en acier, comme il est capable d'inventer le diable du néant, mais il ne pourra jamais deviner ce qui arrivera demain, pourtant, il aurait été facile de deviner avant-hier ce qui allait arriver hier."

Nous sommes dans les années 1930. Abel est un adolescent qui a grandi avec ses parents pauvres dans l'est de la Transylvanie. Son père
lui trouve un emploi de garde forestier, comme lui. Flanqué d'un chat, d'une chèvre, de deux poules et d'un chien, il prend possession
d'une cabane délabrée et essaie de survivre. La forêt lui réserve des surprises ainsi que de singulières rencontres.
Le pays, c'est la Transylvanie, un pays de sapins et de paturages, objet de transactions entre la Hongrie et la Roumanie.
Commis d'office à garder la foret, Abel en découvre la rude beauté.
Par contre, ceux qui la hantent : moines, brigands, gendarmes sont peu recommandables. Ames mercantiles et parasites redoutables.
Le pire est un gendarme, énorme et très con. Il squatte la maison, mange les provisions et couche dans le lit d'Abel.
Il cause aussi la mort du chien et du chat.
Il mangerait les poules, mais le renard s'en est déjà chargé.
Quant à la chèvre, on craint le pire, et on saura plus tard qu'il l'a dévorée en se cachant.
Plusieurs fois, armé de son fusil et accompagné d'un brigand, il prendra Abel en otage plusieurs fois.
Malgré ses malheurs, Abel devient une sorte de philosophe dialectique et ironique, et sa vie est un apprentissage qu'il digère et qui,
 le conduira murement  à l'age d'homme...