James Salter
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James Salter
James Salter
(1925-2015)
(1925-2015)
James A. Horowitz, plus connu sous le nom de James Salter, entre à 20 ans à West Point où il devient pilote dans l'US Air Force.
En 1956, il publie son premier roman et démissionne de l'armée pour se consacrer à l'écriture.
Vétéran de la guerre de Corée, le romancier américain n’a jamais cessé de planer au-dessus la production littéraire de son pays et de son temps.
Qualifié de pornographe, "d’écrivains pour écrivains", puis "d’auteur le plus sous-estimé de tous les auteurs sous-estimés", James Salter est devenu un romancier culte.
Longtemps ses textes divisèrent. Aujourd’hui chacun s’accorde cependant sur leurs qualités : l’université du Texas achète ses archives , le New York Times lui concède une place parmi les plus grands du XXe siècle… Pour se rendre compte de son talent, il suffit d’ouvrir ses deux romans les plus controversés, "Un sport et un passe-temps" et "Un bonheur parfait", que les éditions Points Seuil ont publié en poche. Deux livres explorant l’univers conjugal. Publié en 1967,le premier, qui a choqué par la crudité de ses scènes, dépeint une relation débutante et éphémère. Paru neuf ans plus tard "Un bonheur parfait" s’attache à un mariage mourant. Un roman assassiné par la critique pour son emphase. Avec le temps, les passions se sont éteintes et les livres de Salter sont devenus des classiques.
En 2014, après 10 ans de silence, son roman "Et rien d'autre" paraît en France.
Suivra l'année suivante, "Pour la gloire".
Ouvrages traduits en français :
1957 : Pour la gloire (The Hunters)
1967 : Un sport et un passe-temps (A sport ans a pastime)
1975 : Un bonheur parfait (Light years)
1979 : L'Homme des hautes solitudes (Solo Faces)
1989 : American express (Dusk and other stories)
1997 : Une vie à brûler : Mémoires (Burning the days)
2005 : Bangkok (Last night), nouvelles
2006 : Chaque jour est un festin (Life Is Meals: A Food Lover's Book of Days), avec Kay Salter
2013 : Et rien d'autre (All That is)
Dernière édition par églantine le Ven 11 Aoû - 23:23, édité 1 fois
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: James Salter
L'histoire d'un alpiniste parmi tant d'autres !
Un superbe roman , froid , étincellant comme la glace vive dans laquelle Rand enfonce son piolet inlassablement pour ouvrir des voies sur ces immenses parois assassines .
Rand , qui erre dans la vie , sans toit ni loi ,juste le ciel étoilé pour se protéger et la montagne pour unique combat et union .....Une passion dévorante , dévastatrice , qui le vide de son moi intérieur ....Chaque nouvel exploit l'éloignant un peu plus de lui-même , de l'humanité ...Réussir là où d'autres y ont laissé leurs vies , consacrer sa vie à l'ascension sans autre but , les yeux constamment levés vers le ciel : Tel est l'unique "sens insensé"qui lui permet d'avancer !
Citation :
"-C'est une voie formidable .Tu sais qu'elle pourrait nous mener droit au sommet" ".
-Et même encore plus loin."
Oui... à part que ce "plus loin" , c'est l'inaccessible étoile .....
Oui ...à part qu'entre ces deux compagnons de cordées , les yeux rivés vers le même objectif , la rivalité les enchaine plus dangereusement qu'elle ne les assure ....
Oui ... à part que ce chemin , qui pourrait être celui de la sagesse, de l'amour et de la fraternité , de l'humilité , les conduit à nourrir un ego de plus en plus vide de sens ....
Et au bout du compte , la solitude comme seule réalité possible pour ces soi disant "héros", incapables de se frotter à une autre réalité que la paroi hostile de la montagne , et retournant à la vie "sur le plancher des vaches" presque désincarnés et déshumanisés....Voilà peut-être le dernier danger de la montagne , une fois le sommet atteint ....
une lecture foudroyante , qui ne pouvait que m'interpeller , connaissant un peu ce monde-là : Salter est brillant , aurait-il flirté lui même avec la roche dans sa jeunesse pour écrire sur le sujet avec autant de justesse ? !
mots-clés : #alpinisme
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: James Salter
L'homme des hautes solitudes ( Solo Faces )
Plutôt réservée sur ce livre qui raconte le parcours d'un alpiniste américain, qui s'attaque aux sommets alpins et aux femmes françaises dans une espèce de détermination désabusée. Pour son ami et concurrent Cabot, il éprouve des sentiments mêlés de fidélité et de haine. En dehors de l'escalade sa vie est un tissu de rencontres inabouties et de femmes mal aimées, qui lui assurent au final une solitude qui lui est chère. Après avoir connu la gloire, il connaît la peur.
Les motivations et comportements de Rand me sont restées assez étrangers, et je n'y ai trouvé aucune logique. C'est sans doute le choix de Salter, d’ailleurs, de décrire dans sa singularité un homme d'une certaine façon hors du monde et de ses conventions.
Salter écrit dans un style épuré, de nombreuses phrases se succèdent dans un enchaînement de sujet-verbe-complément, où surgit parfois l'incongru, lequel donne du sel à cette sobriété austère. Si cette formule donne de belles réussites sur la lecture d'un paragraphe, elle m'a donné une impression de distance voire de sécheresse sur la durée.
Pas convaincue, donc, mais interpellée quand même par ce destin atypique , ce choix délibéré de l'auteur comme de son personnage de s'écarter des moules pré-établis.
(commentaire récupéré)
Plutôt réservée sur ce livre qui raconte le parcours d'un alpiniste américain, qui s'attaque aux sommets alpins et aux femmes françaises dans une espèce de détermination désabusée. Pour son ami et concurrent Cabot, il éprouve des sentiments mêlés de fidélité et de haine. En dehors de l'escalade sa vie est un tissu de rencontres inabouties et de femmes mal aimées, qui lui assurent au final une solitude qui lui est chère. Après avoir connu la gloire, il connaît la peur.
Les motivations et comportements de Rand me sont restées assez étrangers, et je n'y ai trouvé aucune logique. C'est sans doute le choix de Salter, d’ailleurs, de décrire dans sa singularité un homme d'une certaine façon hors du monde et de ses conventions.
Salter écrit dans un style épuré, de nombreuses phrases se succèdent dans un enchaînement de sujet-verbe-complément, où surgit parfois l'incongru, lequel donne du sel à cette sobriété austère. Si cette formule donne de belles réussites sur la lecture d'un paragraphe, elle m'a donné une impression de distance voire de sécheresse sur la durée.
Le soleil faisait une tache incongrue sur la monotonie du ciel. Une chape de silence pesait sur la ville. Dans les rues, les bruits sonnaient creux. Comme un ferraillement de boîtes de conserve. Un de ces jours chamoniards dont la blancheur vous pénètre jusqu'aux os.
Pas convaincue, donc, mais interpellée quand même par ce destin atypique , ce choix délibéré de l'auteur comme de son personnage de s'écarter des moules pré-établis.
(commentaire récupéré)
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Localisation : Roanne
Re: James Salter
Merci églantine pour le fil. J'ai Un sport et un passe-temps dans ma PAL, depuis un bon moment déjà.
Invité- Invité
Re: James Salter
topocl a écrit:Salter écrit dans un style épuré, de nombreuses phrases se succèdent dans un enchaînement de sujet-verbe-complément, où surgit parfois l'incongru, lequel donne du sel à cette sobriété austère. Si cette formule donne de belles réussites sur la lecture d'un paragraphe, elle m'a donné une impression de distance voire de sécheresse sur la durée.
Ce qui collerait parfaitement avec l'idée de déshumanisation, de désincarnation dont parle Eglantine. Le sujet m'est inconnu, je n'irais pas spontanément vers ce bouquin. Mais après vos commentaires, pourquoi pas finalement ? (Hop, dans ma LAL !)
Exini- Messages : 261
Date d'inscription : 03/12/2016
Age : 50
Localisation : Toulouse
Re: James Salter
merci églantine et topocl pour vos commentaires
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
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Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: James Salter
Un sport et un passe-temps
Un jeune (et sans doute riche) Américain aime tant la France qu'il veut en jouir jusque dans ses moindres recoins : il s'installe en solitaire à Autun, dans la maison d'un couple d'amis.
Il est bientôt rejoint par Philipp Dean, jeune homme pleine de charme, celui-ci rehaussé par sa vieille Delage décapotable.
Ce fascinant ami s'éprend bien vite d'Anne-Marie, une jeune femme vive et bien roulée, avec laquelle ils partagent une liaison torride : ils se baladent, à pied ou dans la belle voiture, arpentant sans fin de nombreuses petites villes françaises, ils fréquentent bars et restaurants, vont d’hôtel en hôtel, ils n'ont pas grand chose à se dire mais sont heureux, et ils font l'amour - à peu près au même rythme que je lis des livres.
Très vite l'histoire du narrateur s'engourdit dans son propre immobilisme et ses amours ratées. Elle s'estompe devant cet amour un peu fou, d'une intensité rare, au sein duquel se glisse peu à peu une sensation de vide, de désespoir immatériel.
On ne sait trop d'ailleurs si cette histoire est réelle, fantasmée ou rêvée, ou même si c’est une pure création littéraire du narrateur. Tout cela à la fois, sans doute.
Cela commence un peu comme un film de la Nouvelle Vague avec ce que cela implique de jeunesse décidée à vivre à 100 à l'heure, quitte à toucher le fond, et de langage propre, personnel, intime, d'une poésie tout à la fois douloureuse et joyeuse.
Rien, aucun détail ne nous est épargné de cette "sidérante sexualité" . Mais il y a dans cette crudité-même une espèce de lumière détachée et insouciante, de bonheur englouti qui empêche la saturation (enfin presque). L'écriture de James Salter ( alliée à l’habileté du traducteur Philippe Garnier) est une présence de tous les instants, gouttes d'eau de sensations, intuitions fulgurantes, s'unissant pour créer cette ambiance légère, pleine d'instants, de désirs et d'aspirations.
Roman d'une jeunesse passée avec ce que cela a de futile, d'obsédant et de fragile, Un sport et un passe-temps laisse une impression tout à la fois douce et piquante : la vie l'emporte sur le chagrin, et là où le lecteur croyait entrer dans une chronique à la fois légère et douce-amère, il ressort ému d'une touchante mélancolie.
mots-clés : #sexualité
Un jeune (et sans doute riche) Américain aime tant la France qu'il veut en jouir jusque dans ses moindres recoins : il s'installe en solitaire à Autun, dans la maison d'un couple d'amis.
C'est dans les petites villes qu'on découvre un pays, le genre de compréhension qui vous vient des journées sans importance, des nuits insignifiantes.
Il est bientôt rejoint par Philipp Dean, jeune homme pleine de charme, celui-ci rehaussé par sa vieille Delage décapotable.
Si j'avais été dans la classe en dessous de la sienne il serait devenu mon héros, le rebelle que, si seulement j'avais eu le courage, j'aurais pu devenir moi aussi. Au lieu de ça j'ai tout fait comme il fallait. J'avais de bonnes notes. Je prenais soin de mes livres. Mes vêtements étaient convenables. Maintenant, en le regardant, je suis convaincu de tout ce que j'ai raté. Je l'envie. Je ne sais comment, sa vie me semble plus vraie que la mienne, plus forte, même capable d'attirer la mienne à elle comme une étoile noire.
Ce fascinant ami s'éprend bien vite d'Anne-Marie, une jeune femme vive et bien roulée, avec laquelle ils partagent une liaison torride : ils se baladent, à pied ou dans la belle voiture, arpentant sans fin de nombreuses petites villes françaises, ils fréquentent bars et restaurants, vont d’hôtel en hôtel, ils n'ont pas grand chose à se dire mais sont heureux, et ils font l'amour - à peu près au même rythme que je lis des livres.
Toute la joie d'Anne-Marie vient de ce qu’elle espère qu'ils en sont au commencement, que ce qui les attend c'est le mariage et adieu Autun, alors qu'il se figure exactement l'inverse, comme le négatif à partir duquel ses rêves à elles sont tirés. Pour Dean chaque heure est bouleversante parce qu'elle le rapproche de la fin. Je ne suis pas sûr qu'il en soit conscient. Est-il réellement à même de sentir sa propre destinée ? Possible - je ne peux pas dire.
Très vite l'histoire du narrateur s'engourdit dans son propre immobilisme et ses amours ratées. Elle s'estompe devant cet amour un peu fou, d'une intensité rare, au sein duquel se glisse peu à peu une sensation de vide, de désespoir immatériel.
On ne sait trop d'ailleurs si cette histoire est réelle, fantasmée ou rêvée, ou même si c’est une pure création littéraire du narrateur. Tout cela à la fois, sans doute.
Il nous faut des héros, ce qui revient à dire qu'il nous faut les inventer. Et ils deviennent réels à travers notre envie, notre dévotion. C'est nous qui leur donnons leur majesté, leur pouvoir, que nous ne pourrions jamais posséder nous-mêmes.
Cela commence un peu comme un film de la Nouvelle Vague avec ce que cela implique de jeunesse décidée à vivre à 100 à l'heure, quitte à toucher le fond, et de langage propre, personnel, intime, d'une poésie tout à la fois douloureuse et joyeuse.
Elle attend. Elle est capable de se figurer tout de la noire campagne qui les entoure, des silences dans lesquelles chaque objet, chaque forme est en repos. Les feuilles invisibles - la nuit en est remplie - se frôlent les unes contre les autres. Les herbes ne bougent pas. Si l'on prête vraiment l'oreille : le filet d'eau sous les fenêtres, qui dégouline sur une rocaille dans le bassin verdâtre. Le bruit d'une grenouille. Au cœur de tout ça ils reposent, dans une chambre haute de plafond, les rideaux tirés contre le petit jour, avec sur l'odeur légèrement acide de la sueur séchée et aussi d'autres excrétions plus humides, translucides, en train de former une pellicule. Ils sont trop épuisés pour se lever après. Ils dorment sans bouger, la couverture- tirée sur eux contre la fraîcheur de l'aube.
Rien, aucun détail ne nous est épargné de cette "sidérante sexualité" . Mais il y a dans cette crudité-même une espèce de lumière détachée et insouciante, de bonheur englouti qui empêche la saturation (enfin presque). L'écriture de James Salter ( alliée à l’habileté du traducteur Philippe Garnier) est une présence de tous les instants, gouttes d'eau de sensations, intuitions fulgurantes, s'unissant pour créer cette ambiance légère, pleine d'instants, de désirs et d'aspirations.
Roman d'une jeunesse passée avec ce que cela a de futile, d'obsédant et de fragile, Un sport et un passe-temps laisse une impression tout à la fois douce et piquante : la vie l'emporte sur le chagrin, et là où le lecteur croyait entrer dans une chronique à la fois légère et douce-amère, il ressort ému d'une touchante mélancolie.
mots-clés : #sexualité
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Localisation : Roanne
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