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Curzio Malaparte

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Message par Bédoulène Lun 5 Déc - 9:28

Curzio Malaparte
(1898-1957)


Curzio Malaparte Curzio10

Kurt Erich Suckert est né à Prato en Toscane et 1898, de père allemand et de mère lombarde. Très jeune, il est éloigné de ses parents et est élevé par de pauvres paysans. En 1925, il adopte le pseudonyme de Malaparte et renonce à son nom allemand, qui est emprunté au titre d’un pamphlet « I Malaparte et i Bonaparte » de 1869. Il aimait dire à propos de son pseudonyme : « Napoléon s’appelait Bonaparte, et il a mal fini : je m’appelle Malaparte et je finirai bien. » Il s’engage dans la première guerre mondiale à 17 ans dans l’armée française pour combattre les allemands.

« Un état totalitaire est un état où tout ce qui n’est pas défendu est obligatoire ».

En 1922, il rejoint le parti fasciste. Ecrivain et journaliste, il devient directeur de La Stampa de Turin en 1929 et fonde La Conquista dello Stato, où il adopte une position politique radicale, invitant Mussolini à dissoudre le Parlement et à introduire un syndicalisme total. Lorsque Mussolini, après l’affaire Mattéotti, essaie de trouver des compromis aussi bien avec les fascistes extrémistes qu’avec l’opinion publique scandalisée, Malaparte maintient dans un premier temps sa position radicale, du côté des Squadristi, comme Farinacci, ensuite, dès que celui-ci perd son poste, remplacé par Turati, il l’attaque dans La Conquista dello Stato. Dans cette même période il publie : Viva Caporetto et La rivolta dei santi maladetti (La révolte des saints maudits) en 1921, ces oeuvres sont censurées. Puis L’Europa vivente en 1923 et Italia Barbara en 1925.

En 1931, il est à Paris, il écrit en cachette Technique du coup d’État, ouvrage interdit en Italie jusqu’en 1948. Il est envoyé au « Confino » dans l’île de Lipari. Huit mois après, sous la protection de Galeazzo Ciano, il peut être transféré à Versilia, la plage la plus VIP de l’Italie fasciste. En 1937, il fonde une revue de propagande fasciste et de culture sensible aux avant-gardes, Prospettive. Il écrit des nouvelles « Sangue » en 1937 « Donna come me » en 1940 et il travaille pour Il Corriere della Sera, en particulier comme correspondant à l’étranger, en 1939 il est en Éthiopie. Pendant la deuxième guerre mondiale, il part comme correspondant de guerre, en particulier dans les pays de l’Est.

En 1943, il est arrêté par décision du gouvernement Badoglio et conduit à la prison de Naples par les Américains pour son passé fasciste. Il en sort grâce à des amis puissants. Il entre alors dans la Résistance, pendant quatre mois. Il publie Kaputt en 1944, La Pelle en 1949. Il est à Paris en 1947, où il monte deux pièces « Du côté de chez Proust » en 1948 et « Das Kapital » en 1949. Dans les années 50, il écrit une rubrique « Battibecco » pour le journal Il Tempo et voyage en Amérique du Sud, en Chine, en Russie et dans l’Europe de la reconstruction. En 1951, il sort son premier film « Il Cristo proibito ». Ultime provocation: en 1957, le poète, sur son lit d’hôpital, à l’aube de son décès, adhère au parti communiste.

Oeuvres traduites en français :

Viva Caporetto republié sous le titre La Révolte des saints maudits (1921)
Les Noces des eunuques
L'Italie contre l'Europe (1923), essai
L'Arcitaliano (1928), pamphlet-satire de Piero Gobetti
Sodome et Gomorrhe (1931), nouvelles
La Technique du coup d’État (1931), essai
Le Bonhomme Lénine (1932)
Sang (1936), nouvelles
Une femme comme moi (1940, 1947), récit autobiographique
La Volga naît en Europe, (1943)
Kaputt (1944) ; Page 1
Le Bal au Kremlin (1945)
Le Soleil est aveugle (1947) ; Page 1
Monsieur Caméléon (1948)
L'Œuf rouge (1948),  essai sous le titre original Le Sourire de Lénine
La Peau (1949)
Das Kapital (1948), précédé de Du côté de chez Proust (1949), théâtre
Les femmes aussi ont perdu la guerre, Théâtre
Ces sacrés Toscans (1955), essai
Bal au Kremlin (1957, 2005),  chroniques
En Russie et en Chine (1959, posthume),  journal et souvenirs (posthume)
Il y a quelque chose de pourri (1959, posthume), souvenirs
Le Compagnon de voyage (1946 & 1955) ; Page 1
Ces chers Italiens (1961 posthume), essai  
L'Anglais au Paradis (1962 posthume)
Voyages entre les tremblements de terre (1963)
Journal d'un étranger à Paris (1967 posthume)
La Tête en fuite (1976 posthume)
Deux chapeaux de paille d'Italie 1948
Coppi et Bartali - Les deux visages de l'Italie
Muss suivi de Le Grand Imbécile
Voyage en Ethiopie
Italie barbare
L'excursion (posthume, 2012) ; Page 1

MAJ de l'index le 03/11/2020

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Message par Bédoulène Lun 5 Déc - 9:30

Le compagnon de voyage (mais sûrement le compagnon de route) Smile

Curzio Malaparte Curzio10

Ce récit se déroule  en septembre 43 au moment du débarquement des ennemis de l'Italie (les alliés Anglais et Américains) en Calabre alors que l'armée de Mussolini est en déroute, comme les habitants de cette région, comme toute l'Italie.

Un petit détachement de soldats Italiens et leur Lieutenant, aux allures aristocratiques, respecté par ses hommes, se retrouvent seuls à défendre leur position par devoir. Les hommes de ce détachement sont pour la plupart des paysans de Bergame, simples, honnêtes et qu'une franche camaraderie lie.
Les Anglais et les Américains débarquent en force, un combat s'engage ,dans le brouillard de la mer et les fumées du ciel, dont l'issue révêlera la moisson de corps. Les Italiens sont défaits.

Alors qu'il est mourant le Lieutenant demande à son ordonnance Calusio (tous les soldats Bergamesques portent ce nom) de ramener son corps à sa mère. Le soldat Calusio fabrique avec les moyens dénichés dans la désolation du lieu, une caisse qu'il habille de foin et de charbon, et qui servira de cercueil au Lieutenant. Un âne ignoré dans une ferme abandonnée sera le porteur.

C'est par respect et par un dernier acte d'obéissance que Calusio accomplira ce voyage de la Calabre, dévastée, abandonnée et investie par les troupes Anglaises et Américaines, jusqu'à Naples.

Au cours de ce voyage  Calusio devra affronter les pires ennemis de l'Italie, les profiteurs de misère, les voleurs de biens, les voleurs de corps (le proxénétisme sous les traits d'une vieille maquerelle). Ces voleurs  exploitent toutes les misères qui se sont abattues sur l'Italie qu'elles soient matérielles ou affectives.

Calusio démontrera beaucoup d'empathie envers ses compatriotes, et de courage pour défendre, tout particulièrement les femmes proies faciles et le corps du Lieutenant qu'il remettra à la mère. Il retournera dans sa région avec une compagne.

La sobriété de l'écriture rend efficace l'évocation de cette période de dénuement, d'errance et de perte d'identité nationale.
L'espérance est présente par le fait que Calusio selon l'expression consacrée accueille «la veuve et l'orphelin».
Ce couple permet donc de penser que l'Italie retrouvera la dignité perdue.

Très bonne lecture.

"message rapatrié"


mots-clés : #mort


Dernière édition par Bédoulène le Sam 19 Aoû - 18:55, édité 2 fois

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Message par Chamaco Lun 5 Déc - 10:23

L'excursion de Malaparte :

Curzio Malaparte Captur67

Malaparte, ce nom (qui n'est pas le sien Kurt-Erich Suckert, 1898-1957) je l'avais entendu aux années lycée, sa sonorité m'avait plu, mais je ne l'avais jamais lu.Cet écrivain-cinéaste s'était compromis avec Mussolini, et, leurs relations s'étant détériorées il avait été jeté en prison et placé en exil aux îles Lipari. De ce voyage vers son lieu d'exil il en tira une petite nouvelle de 56 pages.

Boz est conduit par des agents aux petits soins pour lui et sa mère qui l'a accompagné de la gare de Rome vers une traversée de la botte italienne pour rejoindre son lieu d'exil, il revit ainsi sa détention et des passages de sa jeune existence. Ce voyage est empreint de douceur, de tristesse et de réminiscences poétiques. Il part pour cinq années d'exil.


mots-clés : #immigration
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Message par Bédoulène Lun 5 Déc - 16:26

c'est noté !

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Message par ArenSor Lun 5 Déc - 18:55

Curieux loustic que ce Malaparte qui est passé du fascisme au maoïsme ! Il s'était fait construire une superbe villa moderniste à l'extrémité de l'île de Capri, surplombant les falaises : accès par la mer (en temps calme) et montée d'une centaine de marches ou à pied à partir du village. Si vous souhaitez la visiter, rien de plus simple : visionner Le Mépris de Godard, tourné sur les lieux. Malaparte avait légué cette villa à la république populaire de Chine. Mais finalement, elle a été reprise, je crois, par ses héritiers.

Malaparte est l'auteur de deux romans extraordinaires sur la guerre : Kaputt qui se passe sur le front russe et La Peau sur la libération de l'Italie par les troupes américaines. Il y mélange avec brio réalité et invention. Si tu ne connais pas Bédoulène, je te recommande Smile
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Message par shanidar Mar 6 Déc - 11:06

On peut aussi feuilleter ce livre de Raymond Guérin Du côté de chez Malaparte :

Curzio Malaparte Guyrin10
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Message par Bédoulène Mar 6 Déc - 18:54

Arensor j'ai la peau................dans ma tablette

Shanidar c'est noté

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Message par topocl Lun 9 Jan - 10:33

Kaputt

Curzio Malaparte Image323

Malaparte, de 1941 à 1943 est correspondant de guerre sous uniforme italien, sur le front russe, en Pologne, Roumanie, et jusqu’en Finlande, pays neutre . Il participe à des agapes décalées – et arrosées - dans les milieux aristocratiques, diplomatiques ou militaires. Et là, il raconte la guerre et ses ravages, confrontant la décadence de ces milieux protégés jusqu'au cynisme, et le chaos qui détruit l'Europe. C'est le petit peuple de Naples, déchiré mais fervent sous le bombardement de la ville, qui va réconcilier Malaparte avec lui-même.


De cette confrontation naît un sentiment de malaise, d’outrance, de décalage. On n'est pas près d'oublier ces moments d'anthologie (les milliers de chevaux gelés sur le lac Ladoga, le pogrom de Yasi, le ghetto de Varsovie, les chiens chargés d 'explosifs lancés contre les chars allemands), ni les scènes plus intimistes, (le bordel à soldats, la solitude du repos dans les maisons pillées...). Malaparte prouve que le récit de guerre n'exclue pas la littérature.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #deuxiemeguerre

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Message par Tristram Mer 9 Jan - 13:28

Oui, quel style !
« ‒ Non, Friki, pas toi ! voudrais-je lui dire ; mais Frédéric me demande : ‒ As-tu vu mon frère, à Rome ? je lui réponds : ‒ Oui, je l’ai vu avant de partir. Un soir, au bar de l’Excelsior. Pourtant, je sais qu’Hugo est mort, que le prince Hugo Windischgraetz, officier dans l’aviation italienne, est tombé en flamme dans le ciel d’Alexandrie. Mais je lui réponds : ‒ Oui, je l’ai vu un soir au bar de l’Excelsior. Il était avec Marita Guglielmi. Et Frédéric me demande : ‒ Comment va-t-il ? Je lui réponds : ‒ Il va bien. Il m’a demandé de tes nouvelles. Il m’a chargé de te dire bonjour. Pourtant, je sais qu’Hugo est mort. – Il ne t’a pas donné de lettre pour moi ? me demande Frédéric. – Je ne l’ai vu qu’un moment, le soir avant mon départ ; il n’a pas eu le temps de t’écrire une lettre ; il m’a prié de te dire bonjour. Voilà ce que je lui réponds, et pourtant je sais qu’Hugo est mort. Frédéric dit : ‒ C’est un brave garçon, Hugo. Je lui réponds : ‒ Oui, c’est vraiment un brave garçon ; tout le monde l’aime bien ; il te fait dire toutes sortes de choses. Et pourtant, je sais qu’Hugo est mort. Frédéric me regarde : ‒ Certaines nuits, me dit-il, je me réveille et je pense qu’Hugo est mort. Il dit cela et me regarde de son œil de bête sauvage, avec son regard de renne, ce regard mystérieux de bête sauvage qu’ont les yeux des morts. – Pourquoi penses-tu que ton frère est mort ? Je l’ai vu au bar de l’Excelsior avant de partir de Rome, lui répondis-je. Et pourtant je sais qu’Hugo est mort. – Quel mal y a-t-il à être mort ? dit Frédéric. – Il n’y a rien de mal à cela. Ce n’est pas défendu. Tu crois que c’est défendu d’être mort ? Alors, je lui dis brusquement, et ma voix tremble : ‒ Oh ! Fricki ! Hugo est mort ! Je l’ai vu au bar de l’Excelsior le soir avant de quitter Rome : il était déjà mort. Il m’a prié de te dire bonjour. Il n’a pas pu t’écrire de lettre parce qu’il était déjà mort.
Frédéric me regarde de son œil de renne, de son œil humble et désespéré de bête sauvage, de ce mystérieux regard de bête qu’ont les yeux des morts ; il sourit, et dit : ‒ Je savais déjà qu’Hugo était mort. Je le savais déjà bien longtemps avant qu’il fût mort. C’est une chose merveilleuse d’être mort. Il remplit mon verre. Je prends le verre que Frédéric me tend, et ma main tremble : Nuha ! dit Frédéric.
Je réponds : ‒ Nuha ! »
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Message par Bédoulène Mer 9 Jan - 15:45

Malaparte, encore un auteur vers qui je souhaite revenir

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Message par Chamaco Mer 9 Jan - 17:18

oui b'oublies pas "l'excursion"...
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Message par ArenSor Mer 9 Jan - 19:01

Si je me souviens bien, Bix avait posté des passages hilarants d'un journal de Malaparte où il hurlait avec les chiens en Suisse ! Bix, si tu passes par là...
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Message par Invité Jeu 25 Juin - 11:34

Le Malaparte réalisateur : Le Christ interdit (1951)

Curzio Malaparte V_299410

Un film aux allures de tragédie grecque, avec le retour d'un soldat dans un petit village italien à la fin de la seconde guerre mondiale. Malaparte a tout fait dans le film, dialogues, musique, réalisation... Avec un goût amer dans la bouche.

« Même la liberté n'a pas fait de nous des hommes libres et heureux »

Curzio Malaparte Il_cri10

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Message par bix_229 Jeu 25 Juin - 15:06

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Message par Bédoulène Jeu 25 Juin - 20:11

oh! le film avec Raf Vallone !

merci Bix pour ce supplément !

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Message par Tristram Mar 3 Nov - 22:07

Le Soleil est aveugle

Curzio Malaparte Le_sol12

Correspondant de presse dans l’armée italienne avec grade de capitaine, Malaparte écrivit ce récit sur la bataille des Alpes pendant le mois de juin 1940, lorsque Mussolini envoie ses troupes attaquer la France, loyales malgré leur dissentiment. Ce « roman » (tel que Malaparte le met entre guillemets dans sa « Déclaration préliminaire et nécessaire »), paru dès janvier 1941 dans la presse, est d’autant plus court qu’il fut amputé par la censure : manquent les chapitres III, XVII et XVIII (les deux derniers).
Le personnage principal est un capitaine, qui sempiternellement doit « s’en aller » (pour son service ?), et où on peut reconnaître l’auteur.
C’est un compte-rendu avec de nombreuses descriptions des Alpes et des Italiens qui les franchissent, une suite de chroniques au gré des envois de Malaparte à un journal, plutôt prosaïques au commencement de chaque épisode, mais rendues poignantes par l’emballement lyrique qui les soulève parfois. Sans doute manière tourmentée dont Malaparte souffre de ne pouvoir et/ou s’efforce de témoigner de la réalité en contournant la censure, il tord la syntaxe avec des hésitations et des parenthèses, entremêle des souvenirs (par exemple d’enfance ou d’Éthiopie), croise des personnages récurrents (l’ami officier Barbiéri, ou l’alpin Calusia avec sa cloche de vache, une sorte d’incarnation de l’Italie montagnarde et pure), place peut-être des allusions qui m’échappent entre les non-dits, tergiverse de répétitions en oscillations accélérées jusqu’à la syncope jazzy entre rage et désarroi ‒ tel ce capitaine qui « s’embrouille dans l’écheveau » du brouillard…
« Le Major Cattaneo dit au Capitaine : – Eh oui, la jeunesse ! et voudrait ajouter que, voudrait justement ajouter que, mais il se rassied et regarde vers la rive opposée du lac où les hommes et les mulets défilent, la tête à l’envers dans l’eau. Les alpins rient et chantent, ils sont joyeux ce matin, même le cri des mulets semble un chant, comme si les Bataillons, ce matin, allaient à la promenade, à un quelconque exercice tactique, et ne savaient pas que là-haut, après le sommet du Col de la Seigne, les Français les attendent avec le Lebel chargé, ce ne sont certes pas les soldats du Pape, ces Français, à peine verront-ils pointer le Bataillon qu’ils tireront dessus ; et le Major Cattaneo dit j’ai l’impression de les tromper, nos garçons, oui, l’envie me prend de leur dire à haute voix que ce n’est pas une promenade, que d’ici peu les Français nous tireront dessus, que les Français ne sont pas les soldats du Pape, mais le Capitaine le regarde en souriant et lui dit ils le savent déjà, ils le savent très bien que d’ici peu les Français nous tireront dessus, (et Bristot ne se retourne pas au bruit que fait la porte en se refermant très lentement. Il dort sans un souffle, le visage moisi serré dans sa main comme un mouchoir sale) et le Major Cattaneo, assis sur l’herbe à côté du Capitaine, fume sa courte pipe, le chapeau trop petit au sommet de sa tête ronde, et il a un visage gras, des yeux pétillants, une moustache hérissée, des cheveux en désordre qui lui sortent par touffes de dessous l’aile du chapeau, un nez pâle et gonflé, et sur le visage le sourire timide d’une délicate bonté, quelque chose de fort et de bon, d’ingénu et de fort. Il est de Bergame, Cattaneo, d’une noble famille bergamasque, un cœur d’or, et il dit regardez ce nuage là-haut. Le Capitaine lève les yeux et voit sur les pics qui surplombent le glacier du Miage un nuage vert, d’un vert intense et brillant, presque un beau pré vert, et le Major Cattaneo dit il ne vous semble pas que ? Mais il s’interrompt et se tait parce qu’il s’aperçoit que le Capitaine sourit, et le Major aussi sourit, fumant sa courte pipe. »
Sous le feu de l’artillerie française, dans les névés qui s’élèvent en geysers, la vision se fait onirique, voire hallucinée (jusqu’à une lutte avec des anges) :
« Les projectiles s’élancent vers les hommes courbés, haletants, enfoncés dans la neige jusqu’aux genoux, s’élancent comme les chevaux mécaniques d’un carrousel, comme les wagonnets du haut d’une Montagne Russe, comme un homme au milieu de la route devant une machine de course lancée à 180 à l’heure. À la voix, on devine la forme : les uns ont la forme d’une tête de chien et ils s’élancent en aboyant, les autres ont une tête de serpent et ils trouent le ciel en sifflant de leur front vert triangulaire (les yeux ronds, fixes, la langue fourchue dardée hors de la gueule cruelle). D’autres ont la forme d’objets, de petits objets familiers, peignes, brosses, ciseaux, bouteilles pleines d’un liquide jaune, bobines de fil, d’autres encore la forme d’un fruit, pêches, pommes, abricots, d’autres d’épis de maïs, d’autres de visages humains, d’autres de paysages, le Bisenzio à Santa Lucia, la maison du prêtre de Coiano, le couvent de Gallici, le môle du Purgatoire à Lipari, le château de Sala Dingai dans le Choa. D’autres sont comme des têtes de cheval, la longue crinière dénouée dans le vent à travers la vallée déjà gonflée de brouillard, les yeux obliques, grands et féminins, pleins d’une pitié merveilleuse, et le hennissement, d’abord lointain et faible, se rapproche rapidement, se fait aigu, menaçant, désespéré : maintenant le bombardement ressemble à un escadron de chevaux lancés au galop contre l’ennemi, le hennissement des 155, le long hennissement des obus-chevaux s’éloigne dans l’air sale de grésil. »
La bataille historique se généralise en aversion pour l’absurdité de la guerre. Le leitmotiv « les bêtes sont folles » parcourt tout le récit, et cette folie renvoie certainement à celle des hommes.
« Je pensais que les bêtes sont bien meilleures que nous. Ce sont des êtres purs, désintéressés. […]
‒ Ce qui corrompt les hommes, ce qui les rend méchants, lâches, égoïstes, c’est la conscience de la mort. Les bêtes n’ont que l’instinct de conservation, peut-être un pressentiment lointain. Mais elles n’ont pas la conscience de la mort. Elles savent qu’elles peuvent mourir, mais non qu’elles doivent mourir. »
Le titre souligne l’indifférence des éléments aux destinées humaines.
Évidemment on songe à Kaputt. Quel style, vraiment !

Mots-clés : #alpinisme #autobiographie #deuxiemeguerre #guerre

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Message par Bédoulène Mar 3 Nov - 23:37

merci Tristram, cette lecture me tente beaucoup !

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