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John Fante

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Message par Invité Jeu 17 Aoû - 17:21

John Fante
(1909-1983)


John Fante Avt_jo10

Né en 1909 dans le Colorado et mort en 1983, John Fante est le fils d'immigrants italiens. Après des études dans une école de Jésuites, Fante place très vite quelques nouvelles. En 1938, il publie son premier roman « Wait until Spring Bandini » (Bandini dans la traduction française). Inlassablement, à travers tous les livres qui suivront et qui constitueront une oeuvre attachante et forte, Fante racontera la même histoire : la sienne où il mêlera vérité et mensonges

« Il suffit de lire une seule page de Fante pour que l'évidence s'impose : cette écriture-là est l'une des plus efficaces, des plus neuves aussi, qu'il ait jamais été donné de découvrir. Avec lui, la phrase écrite se débarrasse de la plus légère trace d'amidon, abandonne ses faux cols et ses gilets serrés, cesse
de se regarder dans les miroirs pour vérifier avec inquiétude si elle a belle apparence, si elle est correcte, bien équilibrée, joliment attifiée. »
Pierre Lepape - Le Monde

source Christian Bourgois éditeur

Œuvres traduites en français

1933 : La Route de Los Angeles (The Road to Los Angeles, 1933)
1938 : Bandini (Wait Until Spring, Bandini)
1939 : Demande à la poussière (Ask the Dust) : Page 1, 2
1952 : Pleins de vie (Full of Life)
1977 : Les Compagnons de La grappe (The Brotherhood of the Grape) : Page 2
1982 : Rêves de Bunker Hill (Dreams from Bunker Hill)
1986 : Mon chien Stupide (My Dog Stupid) : Page 2
1985-86 : L'Orgie suivi de 1933 fut une mauvaise année (The Orgy, 1986)
1985 : Le Vin de la jeunesse (The Wine of Youth) : Page 1
Correspondance Fante/Mencken
Demande à la poussière – prologue, en bilingue
Grosse faim (nouvelles 1932-1959) (The Big Hunger) : Page 1

màj le 08/04/2022

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Message par Invité Jeu 17 Aoû - 17:27

Forcément après Bukowski et Kerouac, j'étais obligé de parler du père Fante. Son fils Dan Fante, mériterait aussi un fil. Le fiston est plus amer et cru que le père John, qui sous des abords bourrus saura jouer parfois dans la tendresse. N'empêche que je me dis que ce type d'écrivains semblent d'une autre époque, et auraient le plus grand mal à se faire publier aujourd'hui ?

John Fante me ravit. Son écriture est toujours maîtrisée, ciselée, et percutante. Ses histoires semblent se ressembler, on a l'impression d'avoir un peu toujours la même trame, et pourtant les nuances sont là, et je ne m'en lasse pas, peut-être pour des raisons personnelles (car il me rappelle un peu une partie de ma famille) mais surtout car son style me parle.

Je crois qu'on peut distinguer deux parties dans l'oeuvre de John Fante, celle sur l'enfance, la jeunesse, et celle une fois adulte avec notamment la trilogie Bandini.

Le vin de la jeunesse est un excellent recueil de nouvelles, qui est particulièrement touchant, et narre la difficulté pour ces immigrés Italiens à trouver leur place dans la société américaine, un choc des cultures.
Rêves de Bunker Hill est aussi touchant, et dicté à sa femme alors qu'il était devenu aveugle en fin de vie. Le chant du cygne pour Arturo Bandini. Ce roman est un peu un condensé de l'oeuvre de Fante, avec les thèmes récurrents de l'auteur. Sans doute pas le meilleur, un style peut-être un peu moins léché, mais c'est émouvant à lire en sachant comment il a été écrit. Et puis l'humour est toujours présent. La partie avec le Duc, ce lutteur râblé qui vit aux côtés de Bandini est pleine d'humour. Et puis, toujours cette envie d'en rajouter des couches, de vouloir bluffer son monde.

Si vous voulez découvrir John Fante, il faut essayer La route de Los Angeles, son premier roman, ou avec son plus connu : Demande à la poussière ; et si vous n'accrochez pas, qu'Arturo Bandini vous agace, penchez-vous sur Pleins de vie, qui fut son premier grand succès, un roman attendrissant et fort.

La correspondance avec son éditeur :

Correspondance entretenue entre John Fante et Henry-Louis Mencken, créateur de la revue Mercury, qui édita des nouvelles de Fante. La correspondance s'écoule entre 1930 et et 1952, elle retrace l'évolution de John Fante, Mencken quant à lui est plus sur la réserve, dans la posture du sage donneur de leçons à ce jeune impétueux.
Fante est inconnu lorsqu'il sollicite pour la première fois Mencken, et c'est incroyable le ton qu'il ose employer, et le culot qu'il a. Les premières lettres sont juste excellentes de ce point de vue, d'ailleurs Fante ment sur son âge pour en rajouter des couches, il se rajeunit volontairement pour tenter d'impressionner son aîné.

Ce qui est remarquable, c'est que finalement les deux hommes ne se rencontreront jamais, Fante vivant en Californie et Mencken entre NY et Baltimore, et pourtant ils développeront une amitié épistolaire de plus de vingt ans, jusqu'au déclin physique de Mencken.

Une lecture intéressante pour le fan de Fante que je suis.

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Message par topocl Jeu 17 Aoû - 17:42

Demande à la poussière

John Fante Images35
 
Comme il y a des road-movies, il y a des town-movies .
 
C'est l'histoire d'un jeune gars qui se balade dans Los Angeles, il est dans la mouise, il vit dans un hôtel miteux … Il essaie d'écrire des nouvelles, le plus souvent ça ne marche pas, parfois ça marche, mais ça ne nourrit pas son homme. Pourtant il est sûr qu’il est un génie de l'écriture, il a comme ça ses petits délire personnels. Il est amoureux d'une femme, mais il est tellement maladroit qu'il ne sait qu’être désagréable (grossier ?) avec elle, et elle en aime un autre. Il se console avec une autre, mais là, on se croirait dans la Bible (sa chère maman tient à ce qu’il aille à la messe), un tremblement de terre lui fait comprendre qu’il est dans l'erreur. Ils traînent leurs amours déçues. Elle est encore  plus paumée que lui. Entre des éclairs de mégalomanie dérisoire, tout n’est que désespoir, l'alcool se contente de donner la gueule de bois…
 
C'est une histoire pas franchement nouvelle, mais il y a une ambiance, le désespoir des paumés, un ton et de beaux passages
 
Tout ce qui en moi étais bon s'est mis à vibrer dans mon cœur à ce moment précis, tout ce que j'avais jamais espéré de l'existence et de son sens profond, obscur. C'était ça, le mutisme absolu, la placidité opaque de la nature complètement indifférente à la grande ville, le désert sous les rues et la chaussée ; et, encerclant ces rues, le désert qui n'attendait que la mort de la ville pour la recouvrir de ses sables éternels. J'étais soudain investi d’une terrible compréhension, celle du pourquoi des hommes et de leur destin pathétique. Le désert serait toujours là, blanc, patient, comme un animal à attendre que les hommes meurent, que les civilisations s'éteignent et retournent à l'obscurité. Les hommes étaient bien braves, si c'était ça, et j'étais fiée d'en faire parti. Tout le mal de par le monde n'était donc pas mauvais en soi, mais inévitable et bénéfique ; il faisait partie de cette lutte éternelle pour contenir le désert.

 
Je suppose qu'on peut adorer… Pour ma part, entre quelques moments où j'ai accroché, je me suis copieusement ennuyée, mais la fin valait le coup quand même.

(commentaire récupéré)

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Message par Invité Jeu 17 Aoû - 17:49

topocl a écrit:
C'est une histoire pas franchement nouvelle, mais il y a une ambiance, le désespoir des paumés, un ton et de beaux passages
 

Il faut aussi replacer les choses dans leur contexte. Fante a été un des précurseurs pour ce qui est du "désespoir des paumés" dans le monde moderne productiviste, des laissés-pour-compte du rêve américain.

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Message par topocl Jeu 17 Aoû - 18:16

Je comprends bien que c'est ainsi si on se place d'un point de vue histoire de la littérature. Mais je n'ai pas assez de culture pour me placer dans cette optique et je m'en tiens à mon simple point de vue de topocl.

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Message par Invité Jeu 17 Aoû - 19:04

Mouais, un peu facile la pirouette ! Razz
Cours accéléré : Dany Laferrière, que tu as en signature, est un héritier de Bukowski, qui lui est un héritier de Fante. Le vrai, le seul, c'est Johnny !

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Message par topocl Jeu 17 Aoû - 21:43

Ben je ne considérais pas ça comme une pirouette John Fante 2441072346 .

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Message par Tristram Ven 18 Aoû - 2:28

Tout le monde a à la fois raison et tort, et même moi, qui a beaucoup apprécié Ask the dust, peut-être parce que j'ai assez longuement vécu la poussière d'une ville au bord du désert... Faudrait que je le relise, pour en parler mieux...
J'ai beaucoup apprécié ses romans en général (notamment La route de Los Angeles ), comme ceux de son contemporain Brautigan, et McGuane dans la foulée (je parlerai de ce dernier, peut-être un peu moins sommairement, car je vais en relire).

J'allais oublier la petite citation de circonstance :

« Je suis né dans un appartement au sous-sol d’une usine de macaronis de Denver Nord. Quand mon père apprit que son troisième enfant était aussi un fils, il réagit comme à la naissance de mes deux frères aînés – il se soûla pendant trois jours. Ma mère le découvrit dans l’arrière-salle d’un saloon au bout de la rue et le ramena de force à la maison. Hormis ce jour, mon père accorda peu d’attention à mon existence. »
John Fante, « Dreams from Bunker Hill », chapter nine

On ne niera point que l'auteur a le sens du raccourci !

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Invité Ven 18 Aoû - 8:36

Brautigan et McGuane viennent bien après. La trilogie Bandini de Fante est écrite dans les années 1930.
A cette période, dans le même genre, on peut songer à Henry Miller et George Orwell (Dans la dèche à Paris et à Londres) en Europe.

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Message par Tristram Mar 26 Mar - 19:53

Le vin de la jeunesse

John Fante Fante-10


Ce recueil de nouvelles regroupe des textes plus ou moins autobiographiques qui évoquent une enfance dans une famille pauvre d’immigrés italiens ‒ catholiques chez les protestants ‒ dans le Colorado du début du XXe : père maçon, mère de famille nombreuse, enfants avides, cruels, vergogneux, fiers, bagarreurs, dissimulateurs, fabulateurs, machos déjà. Cette détonante combinaison d’amour et de haine familiales paraîtrait caricaturale si une sensible expérience intime ne perçait pas.
On retrouve le même humour, ce don de retrouver l'enfance, et ce style syncopé, jazzy, si particulier à John Fante.
« M. Wagner nous a fait descendre au sous-sol et nous a mis en prison. On n’a pas essayé de s’enfuir ni rien. C’est une très belle prison. Personne ne s’en ai jamais échappé. Une fois, pourtant, trois bandits ont réussi. M. Wagner est remonté pour téléphoner à nos pères respectifs. Il leur a dit de venir tout de suite à la prison. »
La notion de péché le fait toujours revenir à son Église (le prêtre l’appelle « espèce de Huysmans de cinquième zone ! »)
« Hébété, furieux, dégoûté, je suis sorti dans le matin gelé, mon panier-repas dans une main, mes livres dans l’autre, et l’enveloppe de mon père me glaçait l’estomac. Bon Dieu, pour qui se prenait-il donc ? Pourquoi ne faisait-il pas sa fichue confession directement au prêtre ? Pourquoi devais-je marcher dans les rues avec ce sacré paquet ? Ce n’étaient pas mes péchés, c’étaient les siens, alors qu’il les porte lui-même au prêtre ! »
Le Dieu de mon père
On trouve une superbe description de tremblement de terre dans La colère de Dieu :
« Les secousses étaient incessantes. La terre tremblait comme la croupe d’un cheval sous les piqûres des mouches. Une vibration nauséeuse, affolante, comme si l’on tirait vicieusement sur des ficelles attachées à vos chevilles. Ça vous flanquait les haut-le-cœur qui précèdent un vomissement. »


Mots-clés : #autobiographie #nouvelle


Dernière édition par Tristram le Mar 26 Mar - 22:54, édité 1 fois

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Message par églantine Mar 26 Mar - 20:33

Il faudra bien que j'essaie un jour . Comme Bukowski aussi .
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Message par Tristram Mar 26 Mar - 20:36

Personnellement je trouve que cela a du charme (et Arturo aussi je crois, ainsi que d'autres...)

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Message par églantine Mar 26 Mar - 20:40

Tristram a écrit:Personnellement je trouve que cela a du charme (et Arturo aussi je crois, ainsi que d'autres...)
Oui ce sont bien vos avis qui risquent d'avoir raison de mes réticences sans fondement .
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Message par Invité Mar 26 Mar - 22:46

Tristram a écrit:Le vin de la jeunesse

dans le Colorado du début du XIXe :

plutôt début XXème. Wink

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Message par Tristram Mar 26 Mar - 22:55

Rectifié !

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Message par Tristram Mer 2 Oct - 0:22

Grosse faim

John Fante Grosse10

On rencontre plusieurs fois le jeune Arturo Bandini dans ces 18 nouvelles inédites et publiées à titre posthume, datées de 1932 à 1959 :

Quel plouc, ce Dibber Lannon !
« Un jour, je suis allé avec Dibber à la maison hantée, au bord de la rivière. On avait des frondes pour tuer les fantômes. »
Le copain du narrateur prétend que son frère sera le prochain pape. Dans cette nouvelle comme dans la suivante, on mesure comme John Fante savait rendre justement, sensiblement l’esprit des gamins, avec humour, mais aussi parfois amertume.
« Je le connaissais. On me la faisait pas. Je savais à quoi ressemblait ce gars-là. Comment il zigouillait les poulets et les chatons. Je savais tout ça. Peut-être qu’il allait bel et bien devenir prêtre, mais ce serait certainement pas un prêtre modèle. Je voyais encore le chaton mort. On peut pas faire un truc pareil et être sanctifié. Jamais de la vie. »

La Mère de Jakie
Incipit :
« Bon, si j’avais une mère comme celle de Jakie Shaler, je ferais quelque chose. Je ferais quelque chose de vraiment bizarre. Je me mettrais aussi sec à la recherche d’une autre mère. »
L’enfance maltraitée, aussi confrontée à la mort.

Les voix encore petites
Scène de ménage nocturne, dont profite toute la famille.

L’Ardoise
C’est celle, chez l’épicier, que doit gérer la mère dans la famille nombreuse d’un pauvre maçon rital…

Le Criminel
Il s’agit d’un bootlegger ‒ dans le plus pur style, voire caricaturalement, italien…
« Si l’un de nous autres, les gosses, osait seulement pousser le moindre soupir un peu sonore durant cet accès de fureur, papa s’emparait aussitôt d’un couteau et menaçait de nous trancher la gorge. Même si cette menace effrayante fut proférée trois à quatre fois par semaine pendant toute notre enfance, elle connut sa concrétisation la plus probante le soir où il lança une boulette de viande vers mon frère Dino. »

Une femme de mauvaise vie
Une possible mésalliance révolutionne le « clan […] victime d’une crise d’hystérie collective »…

Un type à l’intelligence monstrueuse
Le samedi soir (drague, danse et bières) d’un jeune manœuvre prétendant écrivain qui pense surtout à ses lectures, dont Nietzsche.

Lavé sous la pluie
Un petit employé rêve à ses pitoyables amours :
« Je tombe amoureux de femmes qui ne le savent pas. »

Je suis un écrivain de la vérité
Le narrateur-je (c’est le procédé privilégié de Fante) est un pédant écrivain épris de vérité ‒ incipit, et reprise d'icelui :
« La vérité est souvent désagréable, mais il faut la dire. Dans le cas présent, la vérité c’est que Jenny n’est pas une jolie fille. Elle est l’héroïne lamentable de cette nouvelle. Elle est petite et grosse, couverte de bourrelets de graisse. Sa bêtise dépasse les pouvoirs descriptifs de ma plume. »

« Si vous l’interrogiez, Jenny serait incapable de se rappeler le moindre mot de tous mes grands monologues. C’est une vraie tragédie. Car j’ai souvent dit de belles choses, me surprenant parfois moi-même. Je suis incapable de m’en souvenir maintenant, mais je me rappelle que sur le moment elles étaient spectaculaires, magnifiquement ciselées, dignes d’être mémorisées.
J’ai déclaré plus haut que je souhaite dire la vérité. Je dois maintenant faire un aparté pour reconnaître que j’ai échoué. J’ai dit que Jenny est grosse et laide. Ce n’est pas tout à fait exact, car Jenny est tout sauf cela. Oui, Jenny est une vraie beauté. Elle est mince et souple. Son attitude est aussi arrogante que celle de la rose. C’est une joie de l’avoir auprès de soi. »

Prologue à Demande à la poussière 
« Inutile de chercher à fabriquer une intrigue pour cette histoire, mon second roman. Tout cela m’est arrivé. Cette fille est partie, j’étais amoureux d’elle et elle me détestait, et voilà mon histoire. Demande à la poussière sur la route. »
La triste histoire d’amour torturé qui va devenir Demande à la poussière : un très beau texte qui parle de l’inégalité des chances dans une société hiérarchisée selon l’identité ethnique, rappelant notre actualité ; d’autodérision et de rêve de gloire chez l’auteur ; de Los Angeles et sa Bunker Hill.
« J’intitule donc mon livre Demande à la poussière parce que la poussière de l’Est et du Middle West est dans ces rues et c’est une poussière où rien ne poussera jamais, une culture sans racines, un désir forcené de se barricader, la vaine fureur de gens perdus et désespérés qui meurent d’envie d’atteindre une terre qui ne leur appartiendra jamais. Et une fille égarée qui a cru que la frénésie rendait heureux, et qui a voulu avoir son lot de frénésie. »

« L’amour à petit budget, une héroïne gratuite et pour rien, à se rappeler à travers un hublot où nagent truites et grenouilles. »

« La Faim de Hamsun, mais ici c’est la faim de vivre dans une contrée de poussière, la faim de voir et de faire. Oui, La Faim de Hamsun. »
Et là on se ramentoit vivement Henry Miller…

Un trajet en car
Dans la peau d’un saisonnier philippin qui voyage de nuit en car.

Mary Osaka, je t’aime
Ostracisme entre Américains… d’origine philippine et japonaise ; un amour pourtant, puis survient Pearl Harbour…

Valenti apprivoisé
Passion à l’italienne : alternance de violente jalousie et d’amour ardent.

L’Affaire de l’écrivain hanté
Superstition, peut-être aussi d’origine italienne ?

Le rêve de Mama
Superstition encore, aux conséquences burlesques dans cette parodique famille italienne.

Les Péchés de la mère
Le vrai pouvoir, celui de la Mama ‒ ici impétueux, excessif, surtout quand son poids s’ajoute à celui de la coutume.

Grosse faim
John Fante retourne dans l’esprit d’un enfant, ses fabulations, sa perception du monde et… sa conception de l’alimentation.

Mon premier voyage à Paris
Rencontre d’une vieille misérable en souffrance dans la rue ; il s’avère que
« Elle ne désire rien, sinon qu’on la laisse tranquille avec sa douleur. »
A son habitude, Fante mêle les faits, souvent autobiographiques, finement observés, et la fiction qu’il en tire ; comme de coutume, c’est son style si particulier qui fait sa différence : laconisme, reprises, et surtout cette petite note humaine, impossible à préciser, glissée entre les mots.

Notez bien que Des choses à lire vous a gracieusement offert la table des matières de cet ouvrage (peine que pratiquement aucun éditeur ne se donne plus).  
Arturo, you guy owe me a couple o' beers...

Mots-clés : #enfance #famille #immigration #nouvelle

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Message par Armor Mer 2 Oct - 2:16

Encore un auteur que je dois lire. Pourquoi pas en commençant par ses nouvelles, d'ailleurs, c'est un genre que j'affectionne.

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Message par Tristram Mer 2 Oct - 2:22

Je t'y convie ; par contre je ne sais pas quel recueil te conseiller (celui que je viens de lire est, par la force des choses, assez inégal). Arturo, peut-être ?

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Message par Bédoulène Mer 2 Oct - 7:48

merci Tristram ! deslivres dans ma PAL, donc un de ces jours, mais la liste est exponentielle

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Message par Invité Mer 2 Oct - 19:25

Merci pour le commentaire Tristram.
Je ne conseillerais pas ce recueil pour commencer, il m'a semblé aussi à l'époque plus inégal et faible que les autres.
Armor, je te conseillerais plutôt Le vin de la jeunesse pour les nouvelles, ou Mon chien stupide, qui est un peu à part dans l'oeuvre. Ou bien Pleins de vie, qui a été son plus grand succès d'édition.
A noter que ses romans sont en général courts.

Pour ma part, je relirai Fante avec plaisir, je le redécouvrirai finalement en lisant en VO, car je n'ai lu que des traductions jusqu'à présent.

Pour les bières, avec plaisir ! John Fante 1662345231

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