Hubert Selby Junior
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Hubert Selby Junior
Hubert Selby, Jr., né le 23 juillet 1928 à New York, et mort le 26 avril 2004 (à 75 ans) à Los Angeles, est un écrivain américain.
Né à New York, dans l'arrondissement de Brooklyn en 1928, Selby quitte l'école à l'âge de 15 ans pour s'engager dans la marine marchande. Atteint de la tuberculose à 18 ans, les médecins lui annoncent qu'il lui reste deux mois à vivre. Il est opéré, perd une partie de son poumon, et restera 4 ans à l'hôpital.
Lors de la décennie suivante, Selby, convalescent, est cloué au lit et fréquemment hospitalisé à la suite de diverses infections du poumon. « C'est à l'hôpital que j'ai commencé à lire avant d'éprouver le besoin d'écrire. » Incapable de suivre une vie normale à cause de ses problèmes de santé, Selby dira : « Je connais l'alphabet. Peut-être que je pourrais être écrivain. »
Son premier roman, Last Exit to Brooklyn, une collection d'histoires partageant un décor commun, Brooklyn, entraîna une forte controverse lorsqu'il fut publié en 1964. Allen Ginsberg prédit que l'ouvrage allait « exploser sur l'Amérique comme une bombe infernale qu'on lirait encore cent ans après. » Il fut l'objet d'un procès pour obscénité en Angleterre, interdit de traduction en Italie, et interdit à la vente aux mineurs dans plusieurs états des États-Unis. Son éditeur, Grove Press, exploita cette controverse pour la campagne de promotion du livre, qui se vendit aux alentours de 750 000 exemplaires la première année. Il fut également traduit en douze langues. L'auteur le résume ainsi : « Quand j'ai publié Last Exit to Brooklyn, on m'a demandé de le décrire. Je n'avais pas réfléchi à la question et les mots qui me sont venus sont : "les horreurs d'une vie sans amour". »
Son second ouvrage, La Geôle, publié en 1971, est un échec commercial, malgré les critiques positives, ce qui décourage l'auteur. Il connaît des problèmes d'alcool, et devient dépendant à l'héroïne, ce qui le conduira deux mois en prison et un mois à l'hôpital, et lui permettra de sortir de cette dépendance. Cependant, après cette cure, il tombera encore plus dans l'alcoolisme.
En 1976 sort son roman Le Démon, l'histoire de Harry White, jeune cadre New-yorkais en proie à ses obsessions. Cette histoire présente de grandes similitudes avec American Psycho, écrit quinze ans plus tard par Bret Easton Ellis.
En 1978, il publie Retour à Brooklyn (Requiem for a Dream), qui sera adapté plus de 20 ans plus tard au cinéma par Darren Aronofsky, avec qui il écrira le scénario.
Il publie ensuite un recueil de nouvelles, Chanson de la Neige Silencieuse (Songs of the Silent Snow), et en 1988 un roman plus apaisé, Le Saule (The Willow Tree) : « Mes premiers livres avaient tous ce côté pathologique, il fallait parler du "problème" sous tous les angles possibles alors que, dans Le Saule, j'essaie de parler de la solution et des moyens d'y parvenir. ». Enfin, en 2002, paraît Waiting Period.
Il a vécu à Manhattan, puis à Los Angeles, où il a enseigné à l'Université. Il a été marié trois fois et a eu quatre enfants, deux filles et deux garçons.
Il est mort entouré de ses proches le 26 avril 2004, à Los Angeles, d'une maladie pulmonaire chronique consécutive à la tuberculose contractée durant sa jeunesse.
source wikipédia
Œuvres
Romans et nouvelles
Last Exit to Brooklyn (Last Exit to Brooklyn), 1964 : Page 1
La Geôle (The Room), 1971
Le Démon (The Demon), 1976 : Page 1
Retour à Brooklyn (Requiem for a Dream), 1978
Chanson de la Neige Silencieuse (Songs of the Silent Snow), 1986 (recueil de nouvelles)
Le Saule (The Willow Tree), 1998 : Page 1
Waiting Period (Waiting Period), 2002
Entretiens
Bayon et Hubert Selby, Selby, de Brooklyn : entretiens avec un mystique US, 1986
Recueil de textes extraits du journal Libération, 1983
Essais
Psaumes XXII, et Psaumes XXIII, dans le livre inclus au support multimédia posthume Psaumes : Hubert Selby Jr. (parution posthume, IMHO, 2004)
màj le 22/08/2020
Invité- Invité
Re: Hubert Selby Junior
Puisque j'en suis rendu à faire le tour du désespoir des paumés, il fallait bien un fil pour Hubert Selby.
Dans le genre torturé et déglingué, il est pas mal lui aussi.
J'ai tout d'abord lu Le démon puis Last Exit to Brooklyn, néanmoins je les ai trouvés très différents. Le démon on est plongé au coeur des réflexions d'un individu, alors que Last Exit c'est tout une galerie de personnages délurés qui vont et viennent dans tous les sens. Je pense que le démon m'a particulièrement plu car je me suis un peu reconnu en lui.
J'ai été complètement happé par Le démon, surtout la première partie du bouquin, en revanche Last Exit to Brooklyn, je me suis parfois accroché pour ne pas sauter des pages.
Le démon c'est le rapport à l'obsession, des femmes puis de l'argent, du pouvoir. Une forme de Loup de Wall Street.
Egalement lu Retour à Brooklyn, qui a inspiré le film Requiem for a dream.
Dans le genre torturé et déglingué, il est pas mal lui aussi.
J'ai tout d'abord lu Le démon puis Last Exit to Brooklyn, néanmoins je les ai trouvés très différents. Le démon on est plongé au coeur des réflexions d'un individu, alors que Last Exit c'est tout une galerie de personnages délurés qui vont et viennent dans tous les sens. Je pense que le démon m'a particulièrement plu car je me suis un peu reconnu en lui.
J'ai été complètement happé par Le démon, surtout la première partie du bouquin, en revanche Last Exit to Brooklyn, je me suis parfois accroché pour ne pas sauter des pages.
Le démon c'est le rapport à l'obsession, des femmes puis de l'argent, du pouvoir. Une forme de Loup de Wall Street.
Egalement lu Retour à Brooklyn, qui a inspiré le film Requiem for a dream.
Invité- Invité
Re: Hubert Selby Junior
Le Démon m'avait laissé sur ma faim. L'écriture était passée de fluide à linéaire sans que les excès de plus en plus indifféremment énauhaurmes de trouvent beaucoup de relief. Il y avait un point d'attention dans cette vision oppressante d'un mode de vie américain (valable pour le monde entier ?) mais à force de répétitions et de noyer le tout dans des histoires de fesses...
Sentiment d'esbroufe renforcé par le manque (ou l'absence ?) de construction du récit et surtout le formatage américain très safe de l'ensemble si on considère la fin. Dérapages de bac à sable et cuisine nombriliste ?
L'histoire ? Un petit gars qui vit chez ses parents et fait grimper au rideau les femmes mariées se doit malgré tout de rentrer dans le moule. Soit avoir boulot, famille et succès et donc mettre en veilleuse ses tendances initiales, d'où déraillements mais faux suspens. Provocation, choc mais la morale est sauve, très américain !
Peut-être alimentaire aussi en surfant sur un effet de genre éprouvé beat/post-beat...
mots-clés : #sexualité
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Re: Hubert Selby Junior
Tu te fais du mal aussi, ce n'est pas de la croquette pour panda ça !
Invité- Invité
Re: Hubert Selby Junior
Hermann Ungar par exemple c'est hardcore par contre.
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Re: Hubert Selby Junior
Lu La Geôle, assez récemment, mais il ne m'en reste quasiment rien... les deux Brooklyn et Le démon dans quelques LAL pas là...
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
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Re: Hubert Selby Junior
Original: The Willow Tree, 1998
4ème de couverture : a écrit:Dans le South Bronx, une bande vient d'attaquer un couple d'adolescents. Maria est défigurée par un jet d'acide. Bobby, tabassé à coups de chaîne de vélo, pisse le sang. Hagard, perdu, il trouve refuge dans une cave où Moishe, un vieux clochard, le soigne. Mais peut-on vraiment guérir de la haine et des rêves de vengeance ?
Très reconnaissant d'avoir découvert cet auteur par la lecture de « Le saule ». Je fus attiré grâce à une petite remarque – de Bix, je pense, quelque part – que le livre rappelle en quelque sorte l'histoire de « Missa sine nomine » de Wiechert. Bon, peut-être c'est un peu bizarre de comparer, mais il est juste que dans un certain sens il s'agit d'histoires de « guérison » (ou pas?) après avoir subi une violence extrême. Ce qui est chez Wiechert avant tout la nature et une contemplation dans la solitude et le silence, c'est chez Selby, ici, cette amitié grandissant entre Moishe et Bobby. Ce qui était la guerre chez l'un comme déclencheur, c'est la violence urbaine chez l'autre, réalité très vraie, pas de tout exagérée à en croire un ami des Bronx...
Ce qui m'a touché aussi dans ce roman, c'est la juxtaposition, ou le parallèlisme entre une histoire très violente, des périodes marquées par une grande violence et une langue au moins rude et plein d'argot de Bobby (langue, écritutre « parlée ») ET, de l'autre coté, une espèce de douceur dans l'être, les propos de Moishe, un homme apaisé après ses traumatismes à lui. Cette coexistence est forte et peut-être très intéressant : la réalité de la violence dans nos vies ET, au même moment, l'invitation, l'expérience à autre chose. C'est un auteur touchant à sa propre fin, et ayant vécu lui-même des choses dures, qui écrit, et cet ensemble donne une grande crédibilité à l'oeuvre. Et ce malgré le fait que dans un certain fil conducteur on pourrait à juste titre aussi ressentir un certain « pathos », je dirais même : typiquemment américain. On s'embrasse, on « toppe », on s'appelle, « mon vieux »... - ici et ailleurs on est dans certaines répétitions qui m'ont un peu amusées ou même semblées un peu trop répétitives. Ainsi je trouve quand même que par exemple le deuxième tiers du roman est tout simplement trop longue. Un peu de coupures n'auait pas fait du mal. Mais on est dans une espèce d'écriture qui tourne, revient à certains sujets, qui exprime les lentes évolutions intérieures.
La tension du roman reste intacte, monte même encore quasimment jusqu'à la dernière page, et les deux, trois dernières pages touchent par leur grâce au sublime (ne pas anticiper la lecture, mes chers!!!).
J'ai envie de poursuivre avec cet auteur !
mots-clés : #amitié #initiatique #violence
tom léo- Messages : 1353
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Re: Hubert Selby Junior
Le saule
Le monde de Bobby, 14 ans, est violent : violentes la précarité sociale, sa famille sans père, son enfance sans guide, sa couleur noire qui l’expose à la discrimination. Celle-ci va s’exprimer, comme acte fondateur du livre, par un tabassage en règle, sous prétexte que sa petite amie, la douce et rieuse Maria, est portoricaine. Quant à Maria, elle a droit à un jet de soude en plein visage, des journées liée à son lit d’hôpital, la douleur et le désespoir en ligne de mire.
Le monde de Moishe est une autre violence : juif d’adoption, des années en camp de concentration, l’exil américain et la cruauté de la mort de son fils à la guerre du Vietnam, la solitude d’un squat caché.
Bobby n’est que haine, Moishe n’est qu’amour.
Avec un saule comme médiateur, arbre solennel, doux et majestueux, Moishe va tâcher de transmettre son message à Bobby.
Grand roman de la rédemption, de la victoire de l’homme sur ses démons, à travers ce tout jeune garçon, Le saule entend la souffrance des hommes , mais ne veut pas la laisser leur dicter leur destin.
Mais aucune mièvrerie là-dedans. Une compassion à l’homme souffrant, un espoir face à la désolation, modeste mais salutaire.
C’est extraordinairement écrit, dans un style heurté et chaotique qui sait glisser vers la douceur, donne la parole à une sublime sensualité dans le chaos : deux petits pieds sui frottent l’un contre l’autre, un flocon de neige sur le visage, les glaces au chocolat... Selby Jr écrit comme Bobby parle, dans une oralité urbaine saisissante, tournant en rond dans ses obsessions, bouleversé dans ses certitudes.
Un livre déchirant de douleur et de beauté.
Le monde de Bobby, 14 ans, est violent : violentes la précarité sociale, sa famille sans père, son enfance sans guide, sa couleur noire qui l’expose à la discrimination. Celle-ci va s’exprimer, comme acte fondateur du livre, par un tabassage en règle, sous prétexte que sa petite amie, la douce et rieuse Maria, est portoricaine. Quant à Maria, elle a droit à un jet de soude en plein visage, des journées liée à son lit d’hôpital, la douleur et le désespoir en ligne de mire.
Le monde de Moishe est une autre violence : juif d’adoption, des années en camp de concentration, l’exil américain et la cruauté de la mort de son fils à la guerre du Vietnam, la solitude d’un squat caché.
Bobby n’est que haine, Moishe n’est qu’amour.
Avec un saule comme médiateur, arbre solennel, doux et majestueux, Moishe va tâcher de transmettre son message à Bobby.
Grand roman de la rédemption, de la victoire de l’homme sur ses démons, à travers ce tout jeune garçon, Le saule entend la souffrance des hommes , mais ne veut pas la laisser leur dicter leur destin.
Mais aucune mièvrerie là-dedans. Une compassion à l’homme souffrant, un espoir face à la désolation, modeste mais salutaire.
C’est extraordinairement écrit, dans un style heurté et chaotique qui sait glisser vers la douceur, donne la parole à une sublime sensualité dans le chaos : deux petits pieds sui frottent l’un contre l’autre, un flocon de neige sur le visage, les glaces au chocolat... Selby Jr écrit comme Bobby parle, dans une oralité urbaine saisissante, tournant en rond dans ses obsessions, bouleversé dans ses certitudes.
Un livre déchirant de douleur et de beauté.
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
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Re: Hubert Selby Junior
Devant une telle insistance, passage à l'acte dans l'air !
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Re: Hubert Selby Junior
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Re: Hubert Selby Junior
https://www.franceculture.fr/emissions/une-vie-une-oeuvre/un-parfum-de-scandale-25-hubert-selby-junior-1928-2004-le-puritain-debauche
Une heure d'écoute ; pour se faire une idée avant d'attaquer la bête puritaine...
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Re: Hubert Selby Junior
Last exit to Brooklyn
Après une entrée en matière particulièrement trash, panorama de voyous, travelos, drogués, motards, putains, michés de Brooklyn pendant la Seconde Guerre mondiale : le (sous-)produit de la dégénérescence d’une société puritaine à l’origine.
C’est environ au tiers du livre que de façon assez surprenante le sujet devient Harry, le délégué syndical d’une usine en grève de l'arrondissement, un pauvre type qui travaille surtout à picoler et taper dans la caisse (est décrit l’encadrement véreux du syndicat, d’ailleurs manipulé par la direction patronale).
En ce qui concerne le troisième tiers, c’est la vie quotidienne dans une résidence du logement social qui est observée et rendue au travers d’une succession de scènes caractéristiques : fainéantise, saleté, gosses négligés, haines, bagarres, sexe, alcool, solitudes, abjections et séquelles diverses… On s’approche parfois du cliché et de la caricature, voire du catalogue de réclame de droite, mais il s’agit d’un assez juste tableau des déchéances humaines ; je n’en dirais pas autant des conclusions qui pourraient en être hâtivement tirées, suggérées ou pas par l’auteur.
Sur le fond ce roman semble être une démonstration magistrale du Mal dans la société : tropisme du bas, de ce qui est ignoble, insane, sordide ; sans sentiment, sans morale, sans émotion pratiquement, presque sans sensations à terme. Violence sous toutes ses formes.
Les références sont religieuses (citations bibliques liminaires, lamentations de la juive Ada) ; Le corbeau de Poe est cité in extenso.
La forme est congrue au propos : de longs blocs sont débités sans pause de respiration ; Selby transcrit l’argot des personnages au moyen du vocabulaire et de l’élision de l’apostrophe ; ceci est d’un intérêt évidemment limité en traduction (j’ai lu la seconde, de 2014). Exemple :
Mots-clés : #social #violence
Après une entrée en matière particulièrement trash, panorama de voyous, travelos, drogués, motards, putains, michés de Brooklyn pendant la Seconde Guerre mondiale : le (sous-)produit de la dégénérescence d’une société puritaine à l’origine.
C’est environ au tiers du livre que de façon assez surprenante le sujet devient Harry, le délégué syndical d’une usine en grève de l'arrondissement, un pauvre type qui travaille surtout à picoler et taper dans la caisse (est décrit l’encadrement véreux du syndicat, d’ailleurs manipulé par la direction patronale).
- Spoiler:
- Marié avec enfant, Harry commence progressivement à fréquenter les travestis, et finit massacré pour avoir tenté d’abuser d’un gamin de dix ans.
En ce qui concerne le troisième tiers, c’est la vie quotidienne dans une résidence du logement social qui est observée et rendue au travers d’une succession de scènes caractéristiques : fainéantise, saleté, gosses négligés, haines, bagarres, sexe, alcool, solitudes, abjections et séquelles diverses… On s’approche parfois du cliché et de la caricature, voire du catalogue de réclame de droite, mais il s’agit d’un assez juste tableau des déchéances humaines ; je n’en dirais pas autant des conclusions qui pourraient en être hâtivement tirées, suggérées ou pas par l’auteur.
Sur le fond ce roman semble être une démonstration magistrale du Mal dans la société : tropisme du bas, de ce qui est ignoble, insane, sordide ; sans sentiment, sans morale, sans émotion pratiquement, presque sans sensations à terme. Violence sous toutes ses formes.
Les références sont religieuses (citations bibliques liminaires, lamentations de la juive Ada) ; Le corbeau de Poe est cité in extenso.
La forme est congrue au propos : de longs blocs sont débités sans pause de respiration ; Selby transcrit l’argot des personnages au moyen du vocabulaire et de l’élision de l’apostrophe ; ceci est d’un intérêt évidemment limité en traduction (j’ai lu la seconde, de 2014). Exemple :
Premier roman de Hubert Selby Jr, publié en 1964, ce livre doit (ou devrait) être lu dans ce contexte, tant social que littéraire ; il annonce l'oeuvre de beaucoup d’autres écrivains, comme James Ellroy et Bret Easton Ellis.« Au cours de la dernière semaine de lheure d/ été, la direction fit la concession si longtemps attendue : elle se déclara enfin d/ accord pour envisager de laisser au syndicat ladministration du programme d/ aide sociale. »
« …] (une porte fut entrouverte afin qu/ on entende mieux) – JE L/ AIME ! JE L/ AIME ! – HAAAAAL LÊÊÊ LOUOUOUOU YAAAA – PAUVRE PÉCHEUR – DESCENDS – OOOOOOO – DANS L/ INFERNALE FOURNAISE – SEIGNEUR ! Ô SEIGNEUR ! DRRRRR – DESCENDS – BÉNISSEZ-NOUS SEIGNEUR ! JÉSUS ! JÉSUS ! JÉSUS ! JÉSUS ! JÉSUS ! JÉSUS – HAAAAL LÊÊÊ LOUOUOUOUOU YAAAA ! LES PORTES DE NACRE – DESCENDS SUR NOUS QUI T/ ADORONS SEIGNEUR – IIIIIIAAAAA – Ô JÉSUS – DONNE-NOUS TA BÉNÉDICTION – JE L/ AIME – TES ENFANTS – PÉCHEURS – PARDONNE – AMEN ! AMEN SEIGNEUR ! AMEN ! et la porte fut refermée. »
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Tristram- Messages : 15559
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Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Hubert Selby Junior
Glauque à souhait et assez difficile à digérer, dans mes souvenirs...
Invité- Invité
Re: Hubert Selby Junior
Toute l'oeuvre de Selby est ainsi, violente, souffrante et sans remède.
C'est ainsi qu'il l'a vécue et ressentie
Sauf Le Saule, si j'ai bien compris et tant mieux !
C'est ainsi qu'il l'a vécue et ressentie
Sauf Le Saule, si j'ai bien compris et tant mieux !
Dernière édition par bix_229 le Sam 22 Aoû 2020 - 17:12, édité 1 fois
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Hubert Selby Junior
J'ai peu d'appétit pour le trash, et au début je me suis demandé si j'avais bien fait de me lancer dans cette lecture. Mais peu à peu je l'ai trouvé intéressant : il en dit beaucoup sur l'auteur, et évidemment sur la société états-unienne.
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Tristram- Messages : 15559
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Localisation : Guyane
Re: Hubert Selby Junior
A vrai dire le trash me l'a fait lâcher récemment
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Hubert Selby Junior
Oui, ça a été mon impulsion sur le moment, et je suis de plus en plus content de m'"accrocher", de devenir un lecteur qui s'"efforce" (même si parfois le résultat n'est pas au bout...)
Le trash dans Last exit to Brooklyn, c'est au début, mais aussi ailleurs par moments (comme la fin du Harry syndicaliste) ; maintenant, ce n'est jamais "rose" non plus...
Le trash dans Last exit to Brooklyn, c'est au début, mais aussi ailleurs par moments (comme la fin du Harry syndicaliste) ; maintenant, ce n'est jamais "rose" non plus...
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Hubert Selby Junior
Je pense que plus on se sent vulnérable, plus on est sensible, pas seulement au trash.
Mais aux images violentes, traumatisantes. Aux drames intimes ou pas.
Mais aux images violentes, traumatisantes. Aux drames intimes ou pas.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Hubert Selby Junior
C'est carrément pas ma tasse de thé : la violence "physique" ne m'intéresse pas.
Mais elle fait partie de la vie, et de ses représentations : je passe par là si ce n'est pas une fin en soi.
Mais elle fait partie de la vie, et de ses représentations : je passe par là si ce n'est pas une fin en soi.
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Tristram- Messages : 15559
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Age : 67
Localisation : Guyane
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