Citation du jour
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Re: Citation du jour
Les citations sont magnifiques. C'est un des auteurs préférés de mon père et de mon grand-père, qui me l'ont l'un et l'autre offert dans la Pléiade à deux ans d'intervalle
Ce sera donc un passage obligé.
Ce sera donc un passage obligé.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Citation du jour
Tes ascendants ont le goût sûr ; bonne extrace ne saurait faillir.
_________________
« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
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Re: Citation du jour
" Une paix trop douce pour ce qu'elle a de dur, et trop dure pour ce qu'elle a de doux." Jacques Bainville in " Les conséquences politiques de la paix".
Diogène- Messages : 750
Date d'inscription : 14/02/2017
Age : 36
Re: Citation du jour
« "Le prochain déluge universel", pensa-t-il, "ne sera pas fait d’eau, mais de tous nos déchets accumulés à travers les siècles. Nous allons mourir étouffés dans notre propre merde." »
Andrea Camilleri, « Retour aux origines », in « La première enquête de Montalbano »
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
ça peut arriver !
_________________
“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Citation du jour
Ce n'est pas à lui, fainéant, propre à rien qui leur donna tant de soucis et de honte, que la «réussite» (!!) revenait. Il ne fallait pas qu'il parvienne au sommet. Cela ne serait pas. La mère - car c'était elle surtout - ELLE s'était réveillée d'entre les morts pour au dernier moment lui barrer la route.
... rappelée.
Henri Michaux, Poteaux d'angle, p. 76-77.
... rappelée.
Henri Michaux, Poteaux d'angle, p. 76-77.
Jack-Hubert Bukowski- Messages : 2490
Date d'inscription : 04/12/2016
Age : 42
Localisation : Montréal
Re: Citation du jour
Démonstration par l'exemple de ce qu'il déplore.
Bosquet misanthrope :
Un entretien dont on peut se demander quel est le véritable enjeu :
Alain Bosquet a écrit:Mon métier est mon seul salut : je le divinise, sans me donner le ridicule de tout à fait y croire. Je suis comme le sculpteur de gargouilles : il ne verra jamais la cathédrale, tant les commandes sont nombreuses. Je fais des phrases : que les autres s'y retrouvent. Mes mots agissent sans moi. Être un tamis pour les syllabes et de temps en temps en retenir, comme en otage, est-ce un si piètre destin ? Sans doute ai-je une conception de poète : j'imagine que les mots sont de précieux objets, et refuse de n'y voir que des signes de commodité. La désillusion consiste aussi à transformer cette notion en valeur positive, peut-être pour la rendre encore plus cruelle. L'impuissance se gargarise, de se communiquer. Seuls les autres nous pardonnent de dire quelque chose qui, malgré nous et malgré eux, les concerne dans nos putasseries verbales. Ce monde est peuplé d'idiots qui trouvent dans nos livres une justification à leur propre existence. L'un de nos crimes consiste à inspirer confiance. E.M. Cioran a dit sur ce sujet pas mal de vérités; lui aussi croit dans le style, la propreté et la propriété des termes. Un joaillier du vide finit toujours par aimer son travail : il n'y voit plus le vide. D'une paroi à l'autre de ma petite prison intérieure — soyons sincère : elle est douillette — je me cogne tantôt au plafond, tantôt au plancher, tantôt aux murs, et je m'en veux de n'en point saigner. Je manque de tragique et fais mille efforts pour y échapper. La lâcheté me vient trop habile.
La Mémoire ou l'oubli.
Bosquet misanthrope :
Alain Bosquet a écrit:Juin 83. L'université de Wuhan, à Wuchang, en Chine populaire, m'invite à participer à un colloque sur Saint-John Perse et Victor Segalen. J'y représenterais la France, seul avec Pierre Emmanuel. Une phrase me fait sursauter : «Nous vous prions de bien vouloir prendre part à cette conférence, qui contribuera non seulement au développements des échanges culturels sino-français, mais particulièrement au resserrement des liens d'amitiés entre nos deux peuple.» Ce rôle m'effraie. Je ne représente pas le peuple français, et l'amitié entre les peuples est un poncif qui me fait sursauter. Je n'irai pas en Chine.
La Mémoire ou l'oubli.
Un entretien dont on peut se demander quel est le véritable enjeu :
Alain Bosquet a écrit:Juin 83. On réédite mon livre d'entretiens avec Salvador Dali, publié pour la première fois en 66 : trop tôt. Je le définis ainsi : «Il est notre seul Don Quichotte en pension chez Freud.»
Je me rappelle aussi que pour réaliser ces entretiens, il avait fallu se souvenir que bon nombres de surréalistes — dont Aragon — étaient foncièrement masochistes : pour leur plaire, il convenait de les brusquer, ou franchement de les malmener.
Je commence mon dialogue ainsi :
— Vous êtes un monstre sacré. Vous êtes probablement un monstre.
Cette attaque le stimulant, le reste de la conversation devint aisé. Je me contente de retranscrire quelques-unes de ses confidences, qu'il a dû faire à d'autres, peut-être sous une forme différente :
«Dès l'âge de seize ans, j'avais décidé de devenir légèrement multi-milliardaire…» […]
«J'ai commencé ma vie en trahissant d'une façon très spectaculaire ma classe d'origine, qui est la bourgeoisie, pour ensuite proclamer toujours les vertus de l'aristocratie et de la monarchie. En même temps, je suis anarchiste…» […]
«J'ai toujours affirmé que j'étais un peintre médiocre. Je crois simplement que je suis meilleur peintre que mes contemporains. Si vous préférez, ils sont beaucoup plus mauvais que moi…» […]
— Condamné à mort, on vous laisse le choix ; quel supplice choisissez-vous ?
— Celui qui comporterait le maximum d'exhibitionnisme, et qui me permettrait de me montrer sans cesse; celui qui comporterait des discours, des harangues, en un mot, celui qui me ferait profiter de l'événement.
— Si on vous obligeait à signer, pendant vingt-huit ans, toutes vos toiles du nom de Picasso, comment réagiriez-vous ?
— Ce serait une superbe performance dalinienne de plus. Dali adore l'inquisition, plus que tout au monde, même contre Dali, surtout contre moi ! Ce qui me gêne le plus, ici-bas, c'est la liberté.
— Êtes vous capable d'accepter un objet sans le métamorphoser ?
— Cela m'est impossible. Je ne peux pas me priver du besoin d'étudier les possibilités magiques de chaque chose… Il faut que le public ne sache point si je rigole ou si je suis sérieux; de même, il ne faut pas que je le sache moi-même. Je suis dans la constante interrogation : où commence le Dali profond et philosophiquement valable, et où cesse le Dali loufoque et saugrenu ?... Si je cherche une phrase, elle ne me viendra jamais dans l'attitude du penseur de Rodin, attitude de WC.
— Vous acceptez qu'on vous admire avec sarcasme, comme moi ?
— Avec le plus de sarcasme possible.
— Combien de lignes voulez-vous dans le Petit Larousse ?
— Je veux toutes les lignes…
La Mémoire ou l'oubli.
Quasimodo- Messages : 5461
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 28
Re: Citation du jour
Je sais que les maisons brulent et qu'on devrait se demander ce qu'on veut sauver avant que l'incendie ne commence. Ce n'est pas que, dans l'émotion, tout semble avoir la même valeur. C'est que rien ne semble valoir la peine d'être sauvé. même pas la vie.
Amy Hempel : Des raisons de vivre
Amy Hempel : Des raisons de vivre
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
même pas la vie ?
le titre pourtant dit le contraire "Des raisons de vivre"
le titre pourtant dit le contraire "Des raisons de vivre"
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― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
[/i]
"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Citation du jour
Méfie toi du titre, l'auteur est connu comme humoriste, plutôt sombre et radicale. Une grande nouvelliste !Bédoulène a écrit: même pas la vie ?
le titre pourtant dit le contraire "Des raisons de vivre"
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
« Les gens pragmatiques auront beau jeu de dire que ce n’est pas avec des paroles et des rêves que l’on gouverne un pays, mais là où il n’y a plus de rêve ni d’impulsions nouvelles, lorsque chacun, sans exception, ne reçoit pas au moins une fois l’occasion d’exprimer tout ce qu’il a à dire, lorsqu’on n’a plus qu’à écouter et à obéir, alors c’est le règne du pourrissement, pour ne pas dire de la mort lente. Plus jamais, même quand ces événements appartiendront à un lointain passé, je ne pourrai considérer ce lieu comme un théâtre “ordinaire”, car cette image est inoubliable : ce que les donneurs de leçons de morale veulent nous dire quand ils affirment qu’il n’y a plus de “contacts humains”, eh bien, ils le trouveront ici, jour et nuit, entre jeunes et vieux, ouvriers et étudiants, hommes et femmes, économistes et sociologues, un échange parfois absurde, mais généralement articulé, fondé. »
Cees Nooteboom, « Les troubles parisiens » [mai 1968]
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
bix_229 a écrit:
l'auteur est connu comme humoriste, plutôt sombre et radicale. Une grande nouvelliste !
Je ne connais pas du tout . On dirait que ça pourrait me plaire non ?
églantine- Messages : 4431
Date d'inscription : 02/12/2016
Localisation : Savoie
Re: Citation du jour
J'ai du mal à conseiller un livre. On est tellement divers...
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
Localisation : Lauragais
Re: Citation du jour
j'aime bien l'extrait de Nooteboom !
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Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Citation du jour
" De loin ou de proche, chaque société humaine se révèle être un champ meurtri, dans lequel un petit groupe exerce la violence et une foule la subit. Mais le fait que ce mal est là depuis toujours ne lui donne pas le droit d’exister." Elsa Morante in " La Storia"
Diogène- Messages : 750
Date d'inscription : 14/02/2017
Age : 36
Re: Citation du jour
ah! Elsa Morante, j'ai la Storia dans ma PAL
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 79
Localisation : En Provence
Re: Citation du jour
Je recommande vivement La Storia ! Et Diogène aussi ?!
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Citation du jour
Elle lit dans la véranda, de nuit, sous le rond de l'ampoule nue au plafond. Au dessus de ses cheveux, des phalènes lui font une auréole, à moins que ce soit les pensées sorties du livre par sa tête. En tout cas, ça vibre et ça tournoie.
Emmanuelle Pagano : Nouons-nous
J'ai hésité à mettre ces phrases sur le fil Poésie !?
Emmanuelle Pagano : Nouons-nous
J'ai hésité à mettre ces phrases sur le fil Poésie !?
Invité- Invité
Re: Citation du jour
Mangez des livres !
By Garcia Lorca...
Le droit à la culture
Discours de Federico Garcia Lorca à la population de Fuentes Vaqueros (Grenade), en septembre 1931
"Quand quelqu'un va au théâtre, à un concert ou à une fête quelle qu'elle soit, si le spectacle lui plaît il évoque tout de suite ses proches absents et s'en désole: "Comme cela plairait à ma soeur, à mon père!" pensera-t-il et il ne profitera dès lors du spectacle qu'avec une légère mélancolie. C'est cette mélancolie que je ressens, non pour les membres de ma famille, ce qui serait mesquin, mais pour tous les êtres qui, par manque de moyens et à cause de leur propre malheur ne profitent pas du suprême bien qu'est la beauté, l a beauté qui est vie, bonté, sérénité et passion.
C'est pour cela que je n'ai jamais de livres. A peine en ai-je acheté un, que je l'offre. j'en ai donné une infinité. Et c'est pour cela que c'est un honneur pour moi d'être ici, heureux d'inaugurer cette bibliothèque du peuple, la première sûrement de toute la province de Grenade.
L'homme ne vit que de pain. Moi si j'avais faim et me trouvais démuni dans la rue, je ne demanderais pas un pain mais un demi-pain et un livre. Et depuis ce lieu où nous sommes , j'attaque violemment ceux qui ne parlent que revendications économiques sans jamais parler de revendications culturelles: ce sont celles-ci que les peuples réclament à grands cris. Que tous les hommes mangent est une bonne chose, mais il faut que tous les hommes accèdent au savoir, qu'ils profitent de tous les fruits de l'esprit humain car le contraire reviendrait à les transformer en machines au service de l'état, à les transformer en esclaves d'une terrible organisation de la société.
J'ai beaucoup plus de peine pour un homme qui veut accéder au savoir et ne le peut pas que pour un homme qui a faim. Parce qu'un homme qui a faim peut calmer facilement sa faim avec un morceau de pain ou des fruits. Mais un homme qui a soif d'apprendre et n'en a pas les moyens souffre d'une terrible agonie parce que c'est de livres, de livres, de beaucoup de livres dont il a besoin, et où sont ces livres?
Des livres! Des livres! Voilà un mot magique qui équivaut à clamer: "Amour, amour", et que devraient demander les peuples tout comme ils demandent du pain ou désirent la pluie pour leur semis. - Quand le célèbre écrivain russe Fédor Dostoïevski - père de la révolution russe bien davantage que Lénine - était prisonnier en Sibérie, retranché du monde, entre quatre murs, cerné par les plaines désolées, enneigées, il demandait secours par courrier à sa famille éloignée, ne disant que : " Envoyez-moi des livres, des livres, beaucoup de livres pour que mon âme ne meure pas! ". Il avait froid ; ne demandait pas le feu, il avait une terrible soif, ne demandait pas d'eau, il demandait des livres, c'est-à-dire des horizons, c'est-à-dire des marches pour gravir la cime de l'esprit et du coeur. Parce que l'agonie physique, - biologique, naturelle d'un corps, à cause de la faim, de la soif ou du froid, dure peu, très peu, mais l'agonie de l'âme insatisfaite dure toute la vie.
Le grand Menéndez Pidal - l'un des véritables plus grands sages d'Europe - , l'a déjà dit: "La devise de la République doit être la culture". la culture, parce que ce n'est qu'à travers elle que peuvent se résoudre les problèmes auxquels se confronte aujourd'hui le peuple plein de foi mais privé de lumière. N'oubliez pas que l'origine de tout est la lumière."
By Garcia Lorca...
Le droit à la culture
Discours de Federico Garcia Lorca à la population de Fuentes Vaqueros (Grenade), en septembre 1931
"Quand quelqu'un va au théâtre, à un concert ou à une fête quelle qu'elle soit, si le spectacle lui plaît il évoque tout de suite ses proches absents et s'en désole: "Comme cela plairait à ma soeur, à mon père!" pensera-t-il et il ne profitera dès lors du spectacle qu'avec une légère mélancolie. C'est cette mélancolie que je ressens, non pour les membres de ma famille, ce qui serait mesquin, mais pour tous les êtres qui, par manque de moyens et à cause de leur propre malheur ne profitent pas du suprême bien qu'est la beauté, l a beauté qui est vie, bonté, sérénité et passion.
C'est pour cela que je n'ai jamais de livres. A peine en ai-je acheté un, que je l'offre. j'en ai donné une infinité. Et c'est pour cela que c'est un honneur pour moi d'être ici, heureux d'inaugurer cette bibliothèque du peuple, la première sûrement de toute la province de Grenade.
L'homme ne vit que de pain. Moi si j'avais faim et me trouvais démuni dans la rue, je ne demanderais pas un pain mais un demi-pain et un livre. Et depuis ce lieu où nous sommes , j'attaque violemment ceux qui ne parlent que revendications économiques sans jamais parler de revendications culturelles: ce sont celles-ci que les peuples réclament à grands cris. Que tous les hommes mangent est une bonne chose, mais il faut que tous les hommes accèdent au savoir, qu'ils profitent de tous les fruits de l'esprit humain car le contraire reviendrait à les transformer en machines au service de l'état, à les transformer en esclaves d'une terrible organisation de la société.
J'ai beaucoup plus de peine pour un homme qui veut accéder au savoir et ne le peut pas que pour un homme qui a faim. Parce qu'un homme qui a faim peut calmer facilement sa faim avec un morceau de pain ou des fruits. Mais un homme qui a soif d'apprendre et n'en a pas les moyens souffre d'une terrible agonie parce que c'est de livres, de livres, de beaucoup de livres dont il a besoin, et où sont ces livres?
Des livres! Des livres! Voilà un mot magique qui équivaut à clamer: "Amour, amour", et que devraient demander les peuples tout comme ils demandent du pain ou désirent la pluie pour leur semis. - Quand le célèbre écrivain russe Fédor Dostoïevski - père de la révolution russe bien davantage que Lénine - était prisonnier en Sibérie, retranché du monde, entre quatre murs, cerné par les plaines désolées, enneigées, il demandait secours par courrier à sa famille éloignée, ne disant que : " Envoyez-moi des livres, des livres, beaucoup de livres pour que mon âme ne meure pas! ". Il avait froid ; ne demandait pas le feu, il avait une terrible soif, ne demandait pas d'eau, il demandait des livres, c'est-à-dire des horizons, c'est-à-dire des marches pour gravir la cime de l'esprit et du coeur. Parce que l'agonie physique, - biologique, naturelle d'un corps, à cause de la faim, de la soif ou du froid, dure peu, très peu, mais l'agonie de l'âme insatisfaite dure toute la vie.
Le grand Menéndez Pidal - l'un des véritables plus grands sages d'Europe - , l'a déjà dit: "La devise de la République doit être la culture". la culture, parce que ce n'est qu'à travers elle que peuvent se résoudre les problèmes auxquels se confronte aujourd'hui le peuple plein de foi mais privé de lumière. N'oubliez pas que l'origine de tout est la lumière."
Diogène- Messages : 750
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Age : 36
Re: Citation du jour
un beau titre ! merci Diogène
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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia
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"Il n'y a pas de mauvais livres. Ce qui est mauvais c'est de les craindre." L'homme de Kiev Malamud
Bédoulène- Messages : 21020
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