Marilynne Robinson
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Marilynne Robinson
Marilynne Robinson
Née en 1943
Née en 1943
Marilynne Robinson, née le 26 novembre 1943 à Sandpoint dans l'Idaho, est une femme de lettres américaine.
Elle fait des études supérieures en littérature et obtient un baccalauréat universitaire, avec la mention magna cum laude, à l'université Brown en 1966. Elle est alors élue au Phi Beta Kappa. Elle poursuit ses études et décroche son doctorat à l'université de Washington en 1977.
Elle écrit de nombreux articles, critiques et essais dans Harper's Magazine, The Paris Review et The New York Review of Books.
Enseignante à l'université de l'Iowa, elle est lauréate des plus prestigieux prix littéraires américains dont le Prix Pulitzer de la fiction et le National Book Critics Circle Award en 2005 pour son roman Gilead.
Élevée dans la foi presbytérienne, elle devient ultérieurement membre de l'Église congrégationaliste et s'intéresse de près à la pensée de Jean Calvin.
Bibliographie en français :
Romans
1980 : La Maison de Noé (Housekeeping)
2004 : Gilead (Gilead)
2008 : Chez nous (Home)
2014 : Lila (Lila)
Essais
2012 : Quand j’étais enfant, je lisais des livres (When I Was a Child I Read Books)
wikipedia
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Etre dans le vent, c'est l'histoire d'une feuille morte.
Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Localisation : Roanne
Re: Marilynne Robinson
Lila
On est à Gilead, ce village où se situent les trois livres de la trilogie de Marilynne Robinson dont Lila est le troisième volet, cet oasis de douceur dans un monde hostile.
C'est là qu'a atterri Lila, après de multiples pérégrinations. Enfant, elle a été enlevée par Doll à ses parents mal-traitants. Cet événement ne lui laisse comme souvenir que l’impression qu'un ange l'a doucement soulevée, et, alors qu'elle était affaiblie par les mauvais traitements, lui a dit "Vis". Et s’est battu pour elle au fil des années, l'a nourrie et aimée. Cette femme bienfaisante, Doll, outre le rapt, traîne un passé sombre qui l'oblige à fuir sur les routes . Elles vivent, survivent parfois, dans une misère crasse, parfois avec un autre groupe de "vagabonds" dans une solidarité compliquée, parfois seules. Lila, avec Doll, pourtant si fruste, vit l'expérience d'une profonde empathie, d’une attention forcenée et intelligente, pleine de rires et de tendresse. Mais la crise est là, la misère est de pire en pire, Doll est rattrapée par son passé, Doll est perdue, morte sans doute.
Après de nombreuses errances, dont un passage par un bordel, Lila échoue pas loin de Gilead dans une cabane abandonnée. Très curieusement cette sauvageonne inculte, sale et affamée exerce une fascination incompréhensible sur le vieux pasteur veuf, comme s'il l'avait connue depuis toujours. Ils finissent, au terme d'un long chassé croisé par s'épouser dans un compagnonnage tout à la fois bancal et prodigieusement solide, plein de douceur, de respect, d'attention à l'autre et de discussions spirituelles.
C'est un livre dont il est difficile de rendre compte car il vaut surtout par une ambiance, celle d'une paisible douceur entre gens particulièrement bons et bienveillants, alors même que la vie autour d'eux est violente et ne les a pas épargnés. Si violente qu’elle sème perpétuellement le doute. Lila vit dans un bain permanent de réminiscences, qui l'amènent à se remettre en cause, à se questionner sur le sens de la vie, du péché, de la religion. Tous deux partagent leurs émotions, leurs questionnement dans un couple disparate mais d'une force exceptionnelle. Ils partagent aussi, vieil homme et jeune épousée, une sensualité timide et touchante. Lila reste la sauvageonne qu'elle était, mais elle est aussi une autre, qui s'épanouit auprès d'un homme religieux en perpétuelle remise en cause, bon et tolérant. Jusqu'au bout, ils s'interrogent sur ce bonheur aussi complet qu'inattendu, pas si immérité qu'ils voudraient bien le croire.
J'ai beaucoup aimé ce livre lent, méditatif, plein de répétitions obsédantes, où la bonté est le principal protagoniste. On va et vient entre passé et présent selon les pensées de Lila, cette femme sauvée par une autre, dont elle n'admet pas qu'on la considère comme une pécheresse.
Cet univers de douceur alors que rôde la Grand Dépression, cette misère matérielle compensée par l'attention à l'autre, cette douceur mêlée d'âpreté m'ont fait penser à Une mort dans la famille de James Agee. C'est un livre moelleux comme un bon vieux fauteuil râpé.
Mots-clés : #solitude #spiritualité #vieillesse
On est à Gilead, ce village où se situent les trois livres de la trilogie de Marilynne Robinson dont Lila est le troisième volet, cet oasis de douceur dans un monde hostile.
Gilead était ce genre de ville où les chiens dormaient au milieu de la route pour profiter du soleil, puis de la chaleur qui persistait après la tombée de la nuit, et les rares voiture devaient s'arrêter et klaxonner jusqu'à ce que ces bêtes se lèvent pour les laisser passer. Comme si le fait d'avoir dû quitter leur position confortable les avait estropié, ils boitillaient vers le bas-côté, puis se réinstallaient exactement à la même place. Gilead, c'était à peine une ville. Où que vous vous trouviez, vous entendiez le froissement des feuilles de maïs, tant les champs étaient proches, si grand était le silence. « Tu te plairas ici, murmura-t-elle à l'enfant. Au moins pendant un moment. »
C'est là qu'a atterri Lila, après de multiples pérégrinations. Enfant, elle a été enlevée par Doll à ses parents mal-traitants. Cet événement ne lui laisse comme souvenir que l’impression qu'un ange l'a doucement soulevée, et, alors qu'elle était affaiblie par les mauvais traitements, lui a dit "Vis". Et s’est battu pour elle au fil des années, l'a nourrie et aimée. Cette femme bienfaisante, Doll, outre le rapt, traîne un passé sombre qui l'oblige à fuir sur les routes . Elles vivent, survivent parfois, dans une misère crasse, parfois avec un autre groupe de "vagabonds" dans une solidarité compliquée, parfois seules. Lila, avec Doll, pourtant si fruste, vit l'expérience d'une profonde empathie, d’une attention forcenée et intelligente, pleine de rires et de tendresse. Mais la crise est là, la misère est de pire en pire, Doll est rattrapée par son passé, Doll est perdue, morte sans doute.
Après de nombreuses errances, dont un passage par un bordel, Lila échoue pas loin de Gilead dans une cabane abandonnée. Très curieusement cette sauvageonne inculte, sale et affamée exerce une fascination incompréhensible sur le vieux pasteur veuf, comme s'il l'avait connue depuis toujours. Ils finissent, au terme d'un long chassé croisé par s'épouser dans un compagnonnage tout à la fois bancal et prodigieusement solide, plein de douceur, de respect, d'attention à l'autre et de discussions spirituelles.
C'est un livre dont il est difficile de rendre compte car il vaut surtout par une ambiance, celle d'une paisible douceur entre gens particulièrement bons et bienveillants, alors même que la vie autour d'eux est violente et ne les a pas épargnés. Si violente qu’elle sème perpétuellement le doute. Lila vit dans un bain permanent de réminiscences, qui l'amènent à se remettre en cause, à se questionner sur le sens de la vie, du péché, de la religion. Tous deux partagent leurs émotions, leurs questionnement dans un couple disparate mais d'une force exceptionnelle. Ils partagent aussi, vieil homme et jeune épousée, une sensualité timide et touchante. Lila reste la sauvageonne qu'elle était, mais elle est aussi une autre, qui s'épanouit auprès d'un homme religieux en perpétuelle remise en cause, bon et tolérant. Jusqu'au bout, ils s'interrogent sur ce bonheur aussi complet qu'inattendu, pas si immérité qu'ils voudraient bien le croire.
J'ai beaucoup aimé ce livre lent, méditatif, plein de répétitions obsédantes, où la bonté est le principal protagoniste. On va et vient entre passé et présent selon les pensées de Lila, cette femme sauvée par une autre, dont elle n'admet pas qu'on la considère comme une pécheresse.
- J'ai pas mal roulé ma bosse avec les païens. Et pour ce que j'en ai vu, ils sont pas pires que n'importe qui d'autre. Ce qu'est sûr, c'est qu'ils méritent pas de brûler en enfer.
Cet univers de douceur alors que rôde la Grand Dépression, cette misère matérielle compensée par l'attention à l'autre, cette douceur mêlée d'âpreté m'ont fait penser à Une mort dans la famille de James Agee. C'est un livre moelleux comme un bon vieux fauteuil râpé.
Mots-clés : #solitude #spiritualité #vieillesse
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
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Re: Marilynne Robinson
Tu donnes envie, Topocl : J'ai Gilead sur une étagère. L'avais-tu lu,auparavant, et qu'en avais-tu pensé ? Je crois que je vais sortir cette trilogie pour l'automne. Merci pour l'idée !
Invité- Invité
Re: Marilynne Robinson
Pour maintes raisons, La Maison de Noé m' a laissé un beau souvenir.
bix_229- Messages : 15439
Date d'inscription : 06/12/2016
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Re: Marilynne Robinson
kashmir a écrit:Tu donnes envie, Topocl : J'ai Gilead sur une étagère. L'avais-tu lu,auparavant, et qu'en avais-tu pensé ? Je crois que je vais sortir cette trilogie pour l'automne. Merci pour l'idée !
Oui, je l'avais lu, il y a déjà pas mal d'années, et je garde ce même souvenir de douceur et de paix. J'avais un peu moins aimé Chez nous, j'ai le souvenir que les discussions théologiques, qui ne sont pas mon fort, y tenaient plus de place. Mais cette trilogie a vraiment un ton propre très à part. Il ne faut pas être pressé, en tout cas.
Et je tenterai forcément La maison de Noé un de ces jours, Bix.
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
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Localisation : Roanne
Re: Marilynne Robinson
Je m'étais légèrement ennuyée avec Gilead!
C'est un monologue de plus de 300 pages , une longue ( très..)lettre de méditation , presque un sermon d'un père pasteur, fils et petit fils de pasteur à son fils ( sera-t-il pasteur le fils, je ne suis pas certaine d'avoir envie de le savoir .. )
Et cette lettre parle de Dieu et des dix commandements, de la grâce et du pardon, de la théorie de la prédestination et de la nature du paradis.
Pas que de cela, heureusement, sinon j'aurais abandonné, mais aussi des conflits entre père et fils, des va-t-en guerre et des pacifistes, des péchés du monde et des ancêtres que ce pauvre John Ames peine à porter sur son dos. Comme je le comprends.. Je le comprends, mais il me donne une impression de déjà beaucoup lu dans la littérature américaine, la repentance et le Livre des Lamentations .
Avec, de temps en temps, de très belles pages sur des détails de la vie quotidienne,la nature, la vieillesse,la maladie et la mort.
Parfois, j'ai adoré la paix d'un dimanche ordinaire. C'est comme se tenir au milieu d'un jardin nouvellement planté après une pluie chaude. On sent la vie silencieuse et invisible. Tout ce qu'elle requiert de vous, c'est de ne pas la piétiner.
Ces pages ne m'ont pas suffi, mais peut être suis-je passée complètement à côté?
récup
Marie- Messages : 641
Date d'inscription : 02/12/2016
Re: Marilynne Robinson
Ah, mais oui, j’imagine tout à fait que ça puisse ennuyer à mourir si on ne rentre pas dedans!
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Flore Vasseur
topocl- Messages : 8395
Date d'inscription : 02/12/2016
Age : 64
Localisation : Roanne
Re: Marilynne Robinson
Avant tout il me semblait que c'était un récit de vie, destiné alors à son fils si jeune (il a sept ans!) que le pasteur vieillissant va jamais le rencontrer comme adulte. Certains partages et explications seront jamais possibles. Ces circonstances donneront un ton de mélancolie, d'un certain regret. C'est alors un livre de la relation entre père et fils, et il y en a d'autres de ces relations : l'ami Boughton en a aussi ! Le jeune Jack. Et finalement la relation entre le grand-père et le père est une aussi etc. Là intervient une autre dimension : l'attitude de combat du grand-père (presque une figure vétéro-testamentaire) et le quiétisme du père, qui s'était tourné vers les Quakers.
Bien sûr je ne peux pas forcer de voir la beauté des remarques, pas seulement sur la nature ou des descriptions, mais d'une recherche de Dieu, d'une vie de foi. Ce livre a quelque chose d'une version adapté du « Journal d'un curé de campagne » de Bernanos. Par ailleurs le Pasteur John Ames en fait allusion ! Les remarques sur Feuerbach sont fort intéressanes ; Et beaucoup d'autres choses… Mais cela touche au plus profond, et on y est ouvert ou pas. Mais ce n'est certainement pas « n'importe quoi ». Si l'auteur a attendu si longtemps entre la publication de ses livres, elle a aussi préparé son coup. Autre réaction : un ami pasteur me disait qu'il est très remarquable qu'une femme arrive a tellement bien comprendre ou saisir certains aspects de la vie d'un prédicateur…
Donc, une grande partie du roman se laisse lire pas comme un récit, mais presque comme une méditation.
MAIS je suis tout à fait d'accord que le rythme devient très lent. Ce fleuve tranquille n'est pas pour tout le monde et il y a danger d'endormissement (aussi pour moi). Circulant, des sujets reviennent sous différentes lumières, et certaines expressions de regrets (de ne pas voir son fils comme adulte) sont trop répétitives. Mais pour l'amateur d'une certaine lenteur, d'un regard presque méditatif sur la vie – il y a des pépites.
« These are the things that Ames tells his son about: his ancestors, the nature of love and friendship, the part that faith and prayer play in every life and an awareness of one's own culpability. There is also reconciliation without resignation, self-awareness without deprecation, abundant good humor, philosophical queries--Jack asks, "'Do you ever wonder why American Christianity seems to wait for the real thinking to be done elsewhere?'"--and an ongoing sense of childlike wonder at the beauty and variety of God's world. »
Mots-clés : #relationenfantparent #religion
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Marilynne Robinson
Peux-tu préciser (pure curiosité) ?Tom Léo a écrit:Autre réaction : un ami pasteur me disait qu'il est très remarquable qu'une femme arrive a tellement bien comprendre ou saisir certains aspects de la vie d'un prédicateur…
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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Marilynne Robinson
Tristram a écrit:Peux-tu préciser (pure curiosité) ?Tom Léo a écrit:Autre réaction : un ami pasteur me disait qu'il est très remarquable qu'une femme arrive a tellement bien comprendre ou saisir certains aspects de la vie d'un prédicateur…
Ma lecture date, et aussi l'entretien avec cet ami. Donc, c'est un peu flou maintenant.
Peut-être j'aurais pas dû mettre l'accent sur "femme", mais sur "auteur" en général? Il est difficile de se mettre dans la peau d'un pasteur (prêtre, réligieux) me semble-t-il, aussi bien qu'éventuellement pour eux ce serait difficile de se mettre dans la peau de gens vivant dans une autre sphère?
Et là, visiblement, Robinson se met à la place d'une personnage attachant (selon moi) qui vît fortement sa foi, mais aussi un amour très fort dans le rôle de mari et de père âgé. Robinson le fait merveilleusement bien. On peut comprendre des doutes, des questionnements d'un pasteur de l'intérieur, et la valeur de ceux-ci, leur sérieux. Il me semble?!
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Marilynne Robinson
Merci Tom ! Donc, de la difficulté à s'insérer dans la peau d'un ecclésiastique...
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
Re: Marilynne Robinson
Tristram a écrit:Merci Tom ! Donc, de la difficulté à s'insérer dans la peau d'un ecclésiastique...
Oui.
(Mais) En ce qui me concerne j'ajouterais même que ces difficultés d'une profonde compréhension de l'autre, quasimment de n'importe quel autre, nous accompagnent probablement toujours...?!
tom léo- Messages : 1353
Date d'inscription : 04/12/2016
Localisation : Bourgogne
Re: Marilynne Robinson
Oui, rien d'exclusif en ce qui concerne les ecclésiastiques ; pire, croire que tel autre est "facile à comprendre" risque d'être réducteur...
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Tristram- Messages : 15559
Date d'inscription : 09/12/2016
Age : 67
Localisation : Guyane
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