Martin Amis

Romancier britannique, fils de l’écrivain Kingsley Amis. Ses livres les plus connus sont Money (1984) et London Fields (1989). Il a reçu le prix James Tait Black Memorial Prize pour son livre autobiographique Experience (2000) et a été nommé deux fois pour le Booker Prize (en 1991 pour Time's Arrow et en 2003 pour Yellow Dog). Amis a été jusqu’en 2011 professeur d'écriture créative au Center for New Writing de l'université de Manchester. Le Times l’a désigné en 2008 comme étant l'un des cinquante plus grands écrivains britanniques depuis 1945.
Le travail de Martin Amis se focalise sur les excès apparents de la société occidentale capitaliste, dont il perçoit et satirise l’absurdité par le grotesque et la caricature. Inspiré par Saul Bellow, Vladimir Nabokov et James Joyce, ainsi que par son père Kingsley Amis, Martin Amis a fortement influencé à son tour des auteurs britanniques.

Romans :
- The Rachel Papers (1973)   (Le Dossier Rachel )
- Dead Babies (1975) (Poupées crevées)
- Success (1978) (Réussir )
- Other People (1981)(D'autres gens), b
- Money (1984)(Money, Money)
- London Fields (1989) (London Fields)
- Time's Arrow: Or the Nature of the Offense (1991)( La Flèche du temps)
- The Information (1995)( L'Information)
- Night Train (1997)( Train de nuit)
- Yellow Dog (2003)( Le Chien jaune)
- House of Meetings (2006) (La Maison des rencontres)
- The Pregnant Window (2010) (La Veuve enceinte)
- Lionel Asbo : State of England (2012) (Lionel Asbo, l'état de l'Angleterre)
- The Zone of Interest (2014) (La Zone d'intérêt)
- Inside Story (2020)

Recueils de nouvelles
- Einstein's Monsters (1987)(Les Monstres d'Einstein)
- Two Stories (1994)
- God's Dice (1995)
- Heavy Water: And Other Stories (1998)(Eau lourde)
- State of England: And Other Stories (1998) (L'État de l'Angleterre, suivi de Nouvelle Carrière)
- The Fiction of Martin Amis (2000)
- Vintage Amis (2004)

Autres publications
- Invasion of the Space Invaders (1982)
- The Moronic Inferno: And Other Visits to America (1986)
- Visiting Mrs Nabokov: And Other Excursions (1993) (Visiting Mrs Nabokov)
- Experience (2000) (Expérience)
- The War Against Cliche: Essays and Reviews 1971-2000 (2001) (Guerre au cliché : essais et critiques)
- Koba the Dread: Laughter and the Twenty Million (2002)(Koba la terreur : les vingt millions et le rire),  
- The Second Plane (2010) (Le Deuxième Avion)

Poupées crevées



Une bande de jeunes se réunit dans un presbytère pour un week-end sexe, alcool et drogue :

« Tout le monde est toujours sujet à des pertes de conscience au presbytère d’Appleseed, et personne ne se souvient de ce qui s’est passé plus de deux jours auparavant. Au presbytère d’Applessed, chacun a tendance à être ivre, défoncé, affligé d’une gueule de bois ou malade, et tous ont appris à se montrer très empiriques dans leurs perceptions très sensorielles. Tout est déglingué, au presbytère d’Appleseed ; les pièces de la maison n’ont pas d’emplacement précis, d’existence certaine. Ses habitants souffrent également d’étranges dérèglements mentaux provoqués par l’usage prolongé de drogues, dérèglements qui ne peuvent être soulagés que par d’autres sortes de drogues. Ainsi, le presbytère d’Applessed est un lieu aux contours changeants, aux vides implosés, un lieu où le temps s’étire où la mémoire est trompeuse, un lieu où règne la tristesse des rues, la fatigue nocturne et le sexe contrarié. »

Jeunesse friquée anglaise des années 70, on devine que l’auteur l’a bien fréquentée

« Pendant deux ans, Celia partagea le sort de la jeunesse décadente de Londres ; elle donnait des soirées pour des merdeux dans des pantalons de golf en satin et des garces en fourreau de néon, dînait chez Tastes et à la Casa Ari à côté de branleurs aux cheveux en houpette et de putes en costume rayé trois pièces, allait chez Serena’s and Poor au bras de petits salauds en bottes de cheval à talons hauts et de traînées en body façon tapisserie. Elle se réveillait à onze heures, exhumait d’entre ses draps le hareng ou le maquereau qui avait atterri dans son lit, s’habillait avec le soin des filles pas-tout-à-fait-jolies, buvait des Bloody Mary à midi et demie avec des coiffeurs gras et des antiquaires véreux dans un restaurant mal éclairé de Chelsea, puis se rendait dans un lieu choisi pour le déjeuner  où elle retrouvait, dans une fraîcheur propice à la conservation, des photographes crapoteux accompagnés de modèles au vocabulaire d’une centaine de mots, des dessinateurs de mode quadragénaires et stupides et des managers de groupes rock vicieux. »

On ne peut dénier à Martin Amis un talent certain dans la description de situations grotesques, burlesques, pathétiques, sordides. On rit souvent de ces outrances, ce qui n’est déjà pas si mal. Mais, bon… Peut-être une critique de la société trop vieille pour être d’actualité, trop jeune pour s’inscrire dans une perspective historique ?

Oui, aussi du déjà-vu (dans les livres de ses devanciers états-uniens).
Lu de lui Réussir et Money, money, sans qu'il m'en reste grand'chose en mémoire.

Décédé le 19 mai. Le seul livre de lui que j'avais lu m'avait laissé un peu dubitatif, mais c'était une figure importante de la littérature britannique.