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Ursula K. Le Guin

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Message par Tristram Lun 18 Déc - 19:05

Ursula K. Le Guin
(1929-2018)

solidarite - Ursula K. Le Guin Captur16

Ursula Kroeber Le Guin est une femme auteur américaine de science-fiction et de fantasy.
Elle a écrit des romans, des nouvelles, des poèmes, des livres pour enfants et des essais. Elle est surtout connue depuis les années 1960 pour ses nouvelles et romans de fantasy et de science-fiction dans lesquels elle se distingue par son exploration des thèmes anarchistes, taoïstes, féministes, ethnologiques, psychologiques ou sociologiques.

Née à Berkeley en 1929, Ursula K. Le Guin est la fille de l'anthropologue Alfred Louis Kroeber et de l'écrivaine Theodora Kroeber. Elle vit à Portland en Oregon depuis 1958. Son intérêt pour la littérature se déclare très tôt : à onze ans elle soumet une première histoire (refusée) au magazine Astounding Science Fiction.
Elle poursuit ses études à l'université Columbia à New York, puis en France où elle rencontre son mari, Charles Le Guin. Elle présente en 1952 une thèse sur Les idées de la mort dans la poésie de Ronsard.
Elle publie régulièrement à partir des années 1960, et devient célèbre en 1969 avec son roman La Main gauche de la nuit.

En 2002, le jury du prix Nebula lui décerne le titre de grand maître de la science-fiction.

Auteur prolifique, Ursula K. Le Guin a également publié des essais sur la littérature, des conseils sur l'écriture, de nombreuses nouvelles et des recueils de poèmes.

Œuvres traduites en français

Cliquer ici pour accéder à la bibliographie de cet écrivain prolifique:






Ursula Le Guin, La Main gauche de la nuit

solidarite - Ursula K. Le Guin La_mai10

Dans le futur, Genly Ai, un Terrien, est envoyé sur la planète Gethen (alias Hiver, ou Nivôse) pour tenter de convaincre ses gouvernements d'adhérer à l’Ekumen (l’écoumène, ou univers habité des Grecs), organisation interplanétaire qui réunit différents systèmes stellaires dans un libre échange d'idées et de technologie.
Sur Gethen, les individus sont androgynes, asexués la majorité du temps (la période de "soma"), jusqu'à ce qu'une poussée hormonale (le "kemma"), se produisant une fois par mois (voir le calendrier gethenien en annexe du livre), leur fasse prendre de manière aléatoire l'un ou l'autre sexe.
Un aspect de cette modalité est particulièrement intéressant : sans dimorphisme sexuel la plupart du temps, il y a moins de relations dominant/ dominé, et la violence a moins tendance à s’organiser en guerre…

« Il parlait beaucoup aussi de la Vérité, qu'il se vantait de "mettre au jour en grattant le vernis de la civilisation".
C'est là une métaphore tenace, universelle et spécieuse, ce vernis (ou couche de peinture, ou pliofilm, ou tout ce que vous voudrez) cachant la noble réalité qu'il recouvre. Cela peut contenir une douzaine de sophismes à la fois. L'un des plus dangereux, c'est l'idée que la civilisation, étant artificielle, n'est pas naturelle, qu'elle est à l'opposé des vertus primitives... Naturellement il n'y a pas de vernis, mais un processus de maturation dans lequel ce qui est primitif et ce qui est civilisé sont des étapes du même développement. Si l'on veut que quelque chose soit l'opposé de la civilisation, ce sera la guerre. Civilisation et guerre s'excluent mutuellement. […]
Ce à quoi il visait, c’était le moyen le plus sûr, infaillible, rapide et durable de transformer un peuple en une nation : la guerre. Il ne pouvait en avoir une idée bien précise, mais il voyait juste. La seule autre façon de mobiliser rapidement tout un peuple, c’est de l’enrôler sous la bannière d’une religion nouvelle ; il n’en avait pas sous la main ; la guerre ferait l’affaire. »

Hasard de la présence en médiathèque de ce roman (peut-être parce que prix Nebula et Hugo suite à sa sortie en 1969), opportunité saisie à cause de bons souvenirs de cette auteure, qui mène à la coïncidence de son thème avec un vif débat actuel, celui des genres.
C’est un planet opera, c'est-à-dire que l’auteure a créé un monde qui n’existe nulle part ailleurs que dans son imagination (et peut-être un imaginaire collectif), à fin d’étudier un concept psycho-anthropo-sociologique, soit in fine une évolution humaine possible.
D’ailleurs, dans le récit, cette planète a peut-être été le laboratoire d’une expérimentation extraterrestre sur une évolution génétique menant à un mode de sexualité particulier, l’indifférenciation sexuelle de ses habitants, qui se "polarisent" aléatoirement en homme et femme pour la reproduction. Evidemment, l’Envoyé passe pour un monstre aux yeux des Géthéniens, paraissant bloqué dans une phase hormonale qui le maintient du côté masculin de son organisme, perpétuellement "excité". La difficulté de l’observateur extérieur à appréhender cette condition fondamentale est telle qu’il ne sait comment envisager ses interlocuteurs (hermaphrodites, bisexuels ?) en dehors de leur période de fertilité : "il", "elle", "ça" (« ni masculin, ni féminin, mais simplement humain ») ? En définitive, il apparaît que :

« Le masculin est moins défini, moins spécifique que le neutre ou le féminin. Mais l’emploi même de ce genre me fait continuellement oublier que le Karhaïdien avec qui je me trouve n’est pas un homme mais une synthèse d’homme et de femme. »

Cet aspect est simultanément découvert avec les intrigues politiques entre le Karhaïde (monarchie) et l'Orgoreyn (État bureaucratique), l’histoire et la géographie de la planète (belles descriptions paysagères, comme lors de la longue traversée épique de l’inlandsis de cette planète à l’ère glaciaire), les mythes, religions, philosophies et même la poésie, dans une sorte d’ethnologie de rêve, d’exploration de mentalités vraiment exotiques, et l’ensemble occasionne une lecture aussi captivante que fluide de ce roman genré (science-fiction, étiquetage réducteur qui peut écarter de belles explorations).
De plus, c’est adroitement agencé dans une structure polyphonique, bien écrit (et, exceptionnellement, bien traduit, autant qu’on puisse en juger sans l’original en vis-à-vis), avec beaucoup de réflexions intéressantes :

« S’opposer à quelque chose, c’est contribuer à son maintien. […] Il faut aller ailleurs, avoir un autre but ; alors on marche sur une autre route. […] il faut aller ailleurs et rompre le cercle. […]
Savoir quelles sont les questions auxquelles on ne peut répondre, et ne pas y répondre, voilà ce qu’il fait apprendre avant tout en période de tension et de confusion. »

« Je n'ai aucune raison de haïr ce pays. Et d'abord comment peut-on haïr ou aimer un pays ? Tibe en est capable, à en juger par ses discours. Moi, j'en suis foncièrement incapable. Je connais des hommes, des villes, des fermes, des collines et des rivières et des rochers, je sais comment les rayons du soleil couchant éclairent à l'automne les mottes d'un certain champ labouré au flanc d'une colline. Que vient faire une frontière dans tout cela ? Ça ne rime à rien. Vérité en deçà, erreur au-delà ‒ voilà que je cite vos grands hommes ! Pour aimer son pays, faut-il haïr les autres ? Si oui, le patriotisme n'est pas une bonne chose. Si ce n'est qu'une forme d'amour-propre, alors c'est une bonne chose, mais dont il faut éviter de faire profession, ou de faire parade comme d'une vertu. J'aime les collines du Domaine d'Estre parce que j'aime la vie, mais c'est un amour d'une nature telle qu'il ne saurait se changer en haine au-delà d'une certaine ligne de démarcation. »

« C’est très bien de voyager vers un but, mais ce qui importe, en fin de compte, c’est ce qu’apporte le voyage lui-même. »


La Main gauche de la nuit appartient au Cycle de l'Ekumen, traitant de la rencontre entre mondes différents, avec toutes les variations de situations et rapports possibles. L'Ekumen prône une éthique de partage libre des connaissances civilisationnelles et notamment techniques, comme le transport spatial. « Elle a vocation pour favoriser la communication et la coopération […] » « Il prend le contrepied de la doctrine suivant laquelle la fin justifie les moyens. » L’entreprise est développée prudemment, patiemment, n’imposant d’autres contraintes que les droits de l'Homme et des restrictions de sécurité, dans le respect des indigènes et de leur environnement ‒ une sorte de mondialisation anticoloniale…
Le thème majeur de ce livre, comme peut-être de toute l’œuvre d’Ursula le Guin, c’est la découverte et l'apprentissage de l'Autre.

mots-clés : #sciencefiction


Dernière édition par Tristram le Jeu 25 Juin - 17:05, édité 2 fois

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Message par Dreep Mar 19 Déc - 12:06

He bien, je le lirai peut-être l'année qui vient... ça me fait penser au travail d'un Henry Darger (du moins ce qu'on a dit, on a, à ce jour, rien publié de ses fictions) qui au coeur d'une énorme série de fantasy, a indifférencié les sexes d'enfants-esclaves.
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Message par Tristram Jeu 25 Juin - 15:04

Les Dépossédés

solidarite - Ursula K. Le Guin Les_dz11


Deux planètes jumelles, Urras et Anarres (chacune étant la lune de l’autre…) ont des civilisations ayant évolué différemment : la seconde a été colonisée par des rebelles de la première voici près de deux cents ans.
« En fait, le Monde Libre d'Anarres était une colonie minière d'Urras. »

« Vous êtes notre histoire. Et peut-être sommes-nous votre avenir. »
Le Dr Shevek, éminent physicien d'Anarres, vient sur Urras de sa propre initiative afin de tenter de rapprocher les deux mondes, porteur d’un plaidoyer « pour la communication libre et la reconnaissance mutuelle entre le Nouveau Monde et l'Ancien. » Pionnier en chronosophie, il développe une Théorie Temporelle Générale qui pourrait déboucher sur des moyens de transport spatial moins lents, et qu’il entend partager avec la planète originelle, et l’ensemble de l’Ekumen.
« L'unité fondamentale des points de vue de la Séquence et de la Simultanéité devenait évidente ; le concept d'intervalle servait à relier les aspects statique et dynamique de l'univers. »
Anarres, dans un milieu aride et pauvre, a une société « odonienne » (communiste-libertaire) sans lois ni gouvernement, administrée par la CPD, « Coordination de la Production et de la Distribution », communautaire, décentralisée et pragmatique, où les notions de possession et de contrainte sont rigoureusement combattues voire inconnues, et communes les valeurs de partage, de solidarité et d’aide mutuelle.
« Rien n'est à toi. C'est pour utiliser. Pour partager. Si tu ne partages pas, tu ne peux pas utiliser. »

« Mais pour ceux qui acceptaient le privilège et l'obligation de la solidarité humaine, l'intimité n'avait de valeur que lorsqu'elle servait une fonction. »

« L'existence est sa propre justification, le besoin est le droit. »

« Il reconnaissait ce besoin, en termes odoniens, comme étant sa "fonction cellulaire", le terme analogique désignant l'individualité de l'individu, le travail qu'il pouvait accomplir au mieux, donc sa meilleure contribution envers la société. Une société saine le laisserait exercer librement cette fonction optimale, trouvant dans la coordination de telles fonctions sa force et sa faculté d'adaptation. »
La belle Urras, ou tout au moins la nation de l’A-Io, est caractérisée par une société plus ancienne, plus riche, plus élégante, cultivant dans le confort un luxe inutile et ostentatoire, hiérarchique, centralisée, inégalitaire, égotiste, éprise de politique, capitaliste, composée d’exploités et d’exploiteurs ; elle présente aussi une édifiante démonstration de sexisme et de machisme appliqués.
« Les Urrastis avaient du goût, mais il semblait être souvent en conflit avec un désir d'exhibition - une ostentation coûteuse. L'origine naturelle et esthétique de l'aspiration à posséder des choses était dissimulée et pervertie par les contraintes économiques et compétitives, qui à leur tour exerçaient un effet néfaste sur la qualité des choses : cela ne leur donnait d'ordinaire qu'une sorte de surabondance mécanique. »

« Il avait remarqué, dès le début de son séjour sur Urras, que les Urrastis vivaient parmi des montagnes d'excréments, mais ne mentionnaient jamais la merde. »
Sur Urras également, Thu a un régime socialiste, autoritaire, et le Benbili est une dictature militaire.
« La liberté de la presse est complète en A-Io, ce qui veut dire inévitablement que beaucoup de journaux ne renferment que des idioties. Le journal thuvien est bien mieux écrit, mais il donne uniquement les faits que le Présidium Central Thuvien veut y voir figurer. La censure est totale, en Thu. »
Si cette planète est un reflet de la nôtre, la société d'Anarres présente une culture issue d’un projet anarchiste aux conséquences imaginées par l’auteure.
« La validité d'une promesse, même d'une promesse sans terme indéfini, était très importante dans la pensée odonienne ; bien qu'on pût penser que l'insistance d'Odo sur la liberté de changer invalidât l'idée de promesse ou de vœu, c'était en fait la liberté qui donnait de l'importance à la promesse. Une promesse est une direction prise, une limitation volontaire du choix. Comme Odo l'avait fait remarquer, si aucune direction n'est prise, si l'on ne va nulle part, aucun changement ne se produira. La liberté de chacun de choisir et de changer sera inutilisée, exactement comme si on était en prison, une prison que l'on s'est construite soi-même, un labyrinthe dans lequel aucun chemin n'est meilleur qu'un autre. Aussi Odo en était-elle arrivée à considérer la promesse, l'engagement, l'idée de fidélité, comme une part essentielle dans la complexité de la liberté. »

« Mais les brutalités étaient extrêmement rares dans une société où le désir sexuel était généralement comblé dès la puberté, et la seule limite sociale imposée à l'activité sexuelle était la faible pression en faveur de l'intimité, une sorte de pudeur imposée par la vie communautaire.
D'un autre côté, ceux qui entreprenaient de former et de conserver une alliance, qu'ils soient homosexuels ou hétérosexuels, se heurtaient à des problèmes inconnus de ceux qui se satisfaisaient du sexe là où ils le trouvaient. Ils devaient faire face, non seulement à la jalousie, au désir de possession et autres maladies passionnelles pour lesquelles l'union monogamique constitue un excellent terrain, mais aussi aux pressions externes de l'organisation sociale. Un couple qui formait une alliance devait le faire en sachant qu'il pourrait être séparé à tout moment par les exigences de la distribution du travail. »

« Si nous devons tous être d'accord, tous travailler ensemble, nous ne valons pas mieux qu'une machine. Si un individu ne peut pas travailler solidairement avec ses compagnons, c'est son devoir de travailler seul. Son devoir et son droit. Mais nous avons dénié ce droit aux gens. Nous avons dit de plus en plus souvent : vous devez travailler avec les autres, vous devez accepter la loi de la majorité. Mais toute loi est une tyrannie. Le devoir de l'individu est de n'accepter aucune loi, d'être le créateur de ses propres actes, d'être responsable. Ce n'est que s'il agit ainsi que la société pourra vivre, changer, s'adapter et survivre. Nous ne sommes pas les sujets d'un État fondé sur la loi, mais les membres d'une société fondée sur la révolution. La Révolution est notre obligation : notre espoir d'évolution. »
Nombre de réflexions d’Ursula K. Le Guin sont imputées à Odo, la femme à l’origine de la rébellion.
« N'avons-nous pas mangé tandis que d'autres mourraient de faim ? Allez-vous nous punir pour cela ? Allez-vous nous récompenser pour avoir été affamés alors que d'autres mangeaient ? Aucun homme ne possède le droit de punir, ou celui de récompenser. Libérez votre esprit de l'idée de mériter, de l'idée de gagner, d'obtenir, et vous pourrez alors commencer à penser. »
Les clins d’œil à nos époque et planète ne sont pas rares, et souvent intéressants :
« A l'époque féodale, l'aristocratie avait envoyé ses fils à l'université, conférant une certaine supériorité à cette institution. Maintenant, c'était l’inverse : l'université conférait une certaine supériorité à l'homme. Ils dirent avec fierté à Shevek que le concours d'admission à Ieu Eun était chaque année plus difficile, ce qui prouvait le côté essentiellement démocratique de cette institution. "Vous mettez une nouvelle serrure sur la porte et vous l'appelez démocratie", leur dit-il. »
Une perception fine du désordre hormonal des ados :
« Ils étaient venus sur cette colline pour être entre garçons. La présence des filles les oppressait tous. Il leur semblait que ces derniers temps le monde était plein de filles. Partout où ils regardaient, éveillés ou endormis, ils voyaient des filles. Ils avaient tous essayé de copuler avec des filles ; certains d'entre eux, en désespoir de cause, avaient aussi essayé de ne pas copuler avec des filles. Cela ne faisait aucune différence. Les filles étaient là. »
Livre publié en 1974 :
« On lui fit visiter la campagne dans des voitures de location, de splendides machines d'une bizarre élégance. Il n'y en avait pas beaucoup sur les routes : la location était très élevée, et peu de gens possédaient une voiture privée, car elles étaient lourdement taxées. De tels luxes, si on les autorisait librement, tendraient à épuiser des ressources naturelles irremplaçables ou à polluer l'environnement de leurs déchets, aussi étaient-ils sévèrement contrôlés par la réglementation et le fisc. Ses guides insistèrent là-dessus avec une certaine fierté. Depuis des siècles, disaient-ils, l'A-Io était en avance sur toutes les autres nations dans le domaine du contrôle écologique et de l'administration des ressources naturelles. Les excès du neuvième millénaire étaient de l'histoire ancienne, et leur seul effet durable était la pénurie de certains métaux, qui heureusement pouvaient être importés de la Lune. »

« ‒ Ma planète, ma Terre, est une ruine. Une planète gaspillée par la race humaine. Nous nous sommes multipliés, et gobergés et nous nous sommes battus jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, et ensuite nous sommes morts. Nous n'avons contrôlé ni notre appétit, ni notre violence : nous ne nous sommes pas adaptés. Nous nous sommes détruits nous-mêmes. Mais nous avons d'abord détruit la planète. Il ne reste plus de forêts sur ma Terre. »
Entr’autre histoire d’un étranger qui découvre une civilisation fort différente de la sienne, un peu dans la position du sociologue ou de l’ethnologue, ce roman ambigu est un bel exemple de fiction spéculative, c'est-à-dire de laboratoire des sciences humaines : ce sont les possibilités sociétales qui sont explorées par ce puissant outil de réflexion ("expérience de pensée") sur les questions éthiques (au-delà du niveau de lecture d’évasion). Ce genre, exemplairement pratiqué par des auteurs majeurs, tels que Huxley, Orwell, Brunner, Ballard ‒ et Damasio ‒ est voisin de l’utopie, comme c’est le cas de Les Dépossédés, même si la société anarrestie ne constitue pas une réussite idéale (par exemple, Shevek se heurte à des « murs », l’administration devient une structure de pouvoir, l’isolationnisme menace à terme la révolution de sclérose, son professeur se révèle égotiste, etc.)
« Ces administrateurs du Port, avec leur formation particulière et leur position importante, avaient tendance à acquérir une mentalité bureaucratique : ils disaient automatiquement "non". »
Léger reproche, d’ailleurs souvent mérité dans ce même genre, la rédaction comme la traduction auraient peut-être mérité plus de finition.

Mots-clés : #politique #sciencefiction #social #solidarite

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Message par bix_229 Jeu 25 Juin - 15:26

solidarite - Ursula K. Le Guin Le_gui10

J'avais apprécié ce petit livre un peu mélancolique dans mon souvenir et qui n'a rien à voir avec la SF. B

Loin, très loin de tout, c'est la rencontre de deux adolescents d'aujourd'hui, leur amour et leurs incertitudes, le chemin qu'ensemble ils cherchent vers l'âge adulte... Familière des voyages interstellaires (on sait quelle notoriété lui vaut son œuvre de science-fiction), Ursula Le Guin retrouve ici, avec l'adolescence, un univers musical, onirique, et pourtant si présent. Car une double perspective ordonne ce roman de formation. Les personnages ne sont pas seulement contemporains, vrais, exemplaires par leurs interrogations : ils sont en nous. Et leur histoire, leurs émotions soudain viennent illuminer les nôtres, intactes, déposées là et comme clarifiées par le temps, par le regard de la maturité. A-t-on jamais écrit, sur l'adolescence, livre plus limpide ?

Babélio


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Message par Tristram Jeu 25 Juin - 16:37

Tu parles de quel (petit) livre ?

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Message par bix_229 Jeu 25 Juin - 17:02

Pardon, corrigé !
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Message par Quasimodo Dim 28 Juin - 21:52

Après avoir écouté l'épisode de La méthode scientifique qui lui est consacré et lu les commentaires de ce fil, je me pencherais volontiers sur La main gauche de la nuit. Merci Tristram d'avoir attiré notre attention sur cette écrivaine !
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Message par Tristram Mar 23 Aoû - 12:23

Le Cycle de Terremer 1, Le Sorcier de Terremer

solidarite - Ursula K. Le Guin Le_cyc10

Ged, jeune chevrier de l’île de Gond, présente des dispositions (il est appelé l’Épervier à cause de son pouvoir d’attirer les animaux, et préserve son village d’une attaque de pillards en le masquant dans une brume magique) ; il est envoyé par son maître le Mage Ogion devenir sorcier sur l’Île des Sages, chez les Neuf Maîtres de Roke, Gardien, Ventier, Manuel, Herbier, Chantre, Changeur, Appeleur, Nommeur et Modeleur.
Ayant malencontreusement invoqué l’esprit d’une morte, l’ombre-chose pénètre dans notre monde pour s’emparer de lui : il a créé un déséquilibre entre Bien et Mal.
« Allumer une chandelle, c’est projeter une ombre… »
Ged, qui dorénavant commande aux vents (ce qui est pratique pour naviguer à la voile), parcourt Terremer pour fuir cette ombre (occasion de péripéties telles que vaincre le dragon de Pendor et le maléfice de Terrenon), puis pour la traquer : il est lié à elle, qui connaît son vrai nom et tente de le supplanter. À noter la prégnance de l’importance de nommer, qui vient tant de l’anthropologie que de la démarche fondamentale de l’esprit humain pour caractériser son univers.
« Car c’est en cela que consiste la magie : énoncer le vrai nom d’une chose. »
Cette malédiction est le fil conducteur des aventures de Ged, qui fut trop orgueilleux, « insensé ». Le Guin a créé un monde cohérent qui gravite autour de l’Archipel, et typique de l’heroic fantasy, merveilleux inspiré du Moyen Âge (et/ou de l’âge du bronze) ; j’ai particulièrement été sensible à l’épisode des deux naufragés reclus sur un récif dans la terreur des hommes.
« Depuis, il demeura persuadé que l’homme sage est celui qui ne se détache jamais des autres créatures vivantes, qu’elles aient ou non le don de la parole ; et, dans les années qui suivirent, il s’efforça patiemment d’apprendre ce qu’on peut apprendre, en silence, du regard des animaux, du vol des oiseaux, du lent et ample mouvement des arbres. »

« Et nul ne sait combien, parmi les dauphins qui sautent dans les eaux de la Mer du Centre, étaient autrefois des hommes, des hommes sages, qui ont oublié leur sagesse et leur nom dans les joies de l’inlassable mer. »
Mais c’est quand même, malgré la notion d’Équilibre entre Bien et Mal, la métaphysique molle d’un manichéisme diffusé par tant de livres (inspirés de la Bible) lus notamment par les politiques binaires et conservateurs.
« La lumière est une puissance. Une grande puissance grâce à laquelle nous existons, mais qui existe au-delà de nos besoins, par elle-même. La lumière du soleil et celle des étoiles sont le temps, et le temps est la lumière. Dans la lumière du soleil, dans les jours et les années, là se trouve la vie. Dans un lieu sombre, la vie peut requérir la lumière – en la nommant. Mais d’ordinaire, quand on voit un sorcier nommer ou appeler quelque chose, un objet, pour qu’il apparaisse, ce n’est pas la même chose, il n’appelle pas une puissance plus grande que lui-même, et ce qui apparaît n’est qu’une illusion. Mais appeler une chose qui n’est pas là du tout, l’appeler en énonçant son vrai nom, voilà qui est une grande maîtrise, dont on ne saurait faire usage à la légère. »
La mort :
« Pour chaque mot que l’on dit […], il faut du silence. Avant, et après. […]
Peut-être les ténèbres sont-elles la seule véritable puissance. »
Ce roman est le premier du cycle de Terremer, que je compte découvrir dans les deux suivants.

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Message par Bédoulène Mar 23 Aoû - 13:29

je passe ! Wink

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Message par topocl Mer 24 Aoû - 8:52

Tristram a écrit:
Mais c’est quand même, malgré la notion d’Équilibre entre Bien et Mal, la métaphysique molle d’un manichéisme diffusé par tant de livres (inspirés de la Bible) lus notamment par les politiques binaires et conservateurs.

pas suffisant pour te décourager?

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Message par Tristram Mer 24 Aoû - 11:57

C'est que j'envisage de prochainement me présenter avec succès à la présidence d'une grande puissance occidentale.
Et ça fait aussi partie de ma tendance "déconstruction" actuelle (je lis justement les Mythologies de Barthes).
Sinon, cette petite série de fantasy se lit vite et bien (en contrepoint), ça me change, et je ne connaissais pas cette facette de Le Guin, certes une autre face que La Main gauche de la nuit, avec tout de même une approche anthropologique.

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Message par topocl Mer 24 Aoû - 12:28

Tristram a écrit:C'est que j'envisage de prochainement me présenter avec succès à la présidence d'une grande puissance occidentale.
J'imagine déjà ton programme"binaire et conservateur". Tu pourras utiliser ton jet privé entre l’Élysée et ton domicile.

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Message par Tristram Mer 24 Aoû - 12:38

Exactement. Et tu n'auras pas le droit de le dire.

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Message par Tristram Dim 28 Aoû - 12:30

Le Cycle de Terremer 2, Les Tombeaux d'Atuan


Par l’entremise de Tenar, petite fille désignée à la naissance comme réincarnation de « l’Unique Prêtresse des Tombeaux d’Atuan », nous découvrons « le Lieu », où sont révérés les Dieux Jumeaux, le Dieu-Roi (un souverain considéré comme divin), et surtout les Innommables, immémoriales et terribles puissances auxquelles, devenue Arha, « la Dévorée », elle est dédiée.
Le regard de cette petite fille et celui de Penthe, son amie de réclusion et de formation cultuelle, permettent une approche pleine de fraîcheur de ce site sacré et de ses rituels, inspirés de croyances tirées de témoignages ethnologiques (il m’a semblé reconnaître des éléments du Rameau d’or de Frazer).
Sous les temples et quartiers s’étend le domaine souterrain des redoutables ténèbres, celui d’Arha. Elle connaît rapidement le petit dédale, l’En-Dessous des Tombeaux situé sous la Salle du Trône et les Pierres Tombales, puis s’aventure dans le vaste labyrinthe de tunnels où elle seule est autorisée à pénétrer.
Mais un jour, dans les ténèbres interdites aux hommes, elle surprend un intrus, qui ne peut être qu’un sorcier des Contrées de l’Intérieur, en quête de l’anneau brisé d’Erreth-Akbe, grand mage de l’Ouest défait il y a longtemps par le Grand Prêtre des Dieux Jumeaux (on songe évidemment au Seigneur des anneaux dans la Terre du Milieu de Tolkien). C’est Épervier, qu’elle retient captif. Celui-ci lui redonne son nom, Tenar. Kossil, la Grande Prêtresse du Dieu-Roi, hostile au culte moribond des Innommables pourtant immortels, se dresse contre Arha qui n’a pas tué le voleur. Celui-ci reconstitue l’anneau, restaurant ainsi la Rune de Paix brisée, et s’enfuit avec Tenar, combattant victorieusement le tremblement de terre des Ténébreux en colère.
Toujours de la pure heroic fantaisy, sans guère plus pour autres que les aficionados (et les "sciaphiles"), même si la présentation est brillante.

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Message par Bédoulène Dim 28 Aoû - 12:49

et je re-passe !

mais j'ai vu une série où existe un monde à l'envers auquel ton livre me fait penser

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Message par Tristram Dim 28 Aoû - 13:18

Oui, ces thèmes sont souvent remués dans les fictions "merveilleuses" !

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Message par Tristram Jeu 8 Sep - 14:23

Le Cycle de Terremer 3, L'Ultime Rivage

Nous retrouvons Ged, devenu vieux et Archimage, le Gardien de Roke. Arren, jeune Prince d’Enlad et des Enlades, qui porte l’épée de son ancêtre, Serriadh fils de Morred, vient lui confirmer que les sources de la magie tarissent en périphérie de Terremer, qui manque d’un roi pour la diriger depuis huit cent ans.
Tous deux partent dans les Lointains sur Voitloin, le voilier d’Épervier, enquêter sur la disparition de la magie. Un temps Sopli le teinturier fou de Lorbanerie les guide avant de disparaître dans la mer. Arren connaît le doute, celui de la peur de la mort, celui de la quête de la vie éternelle – mais :
« Refuser la mort, c’est refuser la vie. »

« Rien n’est immortel. Mais il n’y a qu’à nous qu’il est donné de savoir que nous devons mourir. Et c’est un don précieux : c’est la chance d’être soi-même. Car nous ne possédons que ce que nous savons que nous devons perdre, ce que nous acceptons de perdre… »
À la dérive, ils sont secourus par les Enfants de la Mer Ouverte, le Peuple des Radeaux. Puis ils parviennent à Selidor, « la dernière île du monde », pour affronter l’ennemi, celui qui retire la parole aux dragons, fait se lever les défunts et a découvert le chemin pour revenir de la mort.
« − "Qu’est-ce que le mal ?" […]
− "Une toile que nous, les hommes, nous tissons" »

« Renier le passé, c’est nier le futur. Un homme ne fait pas son destin ; il l’accepte, ou le nie. »

« − "Dans l’innocence il n’y a point de force contre le mal", dit Épervier, avec une légère grimace. "Mais il y a en elle de la force pour le bien. »

« La première leçon à Roke, et la dernière, c’est : Fais ce qui est nécessaire. Et rien de plus ! »
Il y a quand même là une ontologie qui n'est pas inintéressante, même si elle est fort schématisée. Et c'est en tout cas une belle histoire d'aventures dans le genre _ qui pourrait plaire à @Fantaisie héroïque ?

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Message par Silveradow Dim 29 Oct - 22:48

Intégral de Terremer

Cet intégral de 1800pages, comprend (pas dans cet ordre précis) :
Le Mot de déliement,1964
Le Trouvier, 2001
Rosenoire et Diamant,2001
La Règle des noms, 1964
Les Os de la terre, 2001
Le Sorcier de Terremer, 1968
Les Tombeaux d'Atuan, 1971
La Fille d'Odren, 2016
Dans le grand marais, 2001
L'Ultime Rivage, 1972
Tehanu, 1990
Libellule, 2001
Le Vent d'ailleurs, 2001
Au coin du feu, 2018

Ce n'était peut être pas la meilleure des idées de commencer par un si gros recueil pour une découverte ... Ca faisait très longtemps que j'avais envie de découvrir cette écrivaine et l'ebook était en promotion j'ai foncé !
Je ne vais pas y aller par quatre chemins, c'est une grosse déception. J'ai trouve ça mal écrit, qu'elle passe du coq à l'âne, combien de fois je me suis dit "hein ?! J'ai du louper un truc !" revenir en arrière pour découvrir que non je n'avais rien loupé...
La toute première introduction m'avait pourtant enchantée avec sa remise en question sur le féminisme, pourquoi mettre un homme en avant (Ged), alors qu'elle même était une femme... J'étais vraiment partie super enthousiaste sur son évolution littéraire, féministe, sociétale ... mais au final non. Clairement au fur et à mesure de la lecture j'ai oublié que Ged était (je suis même plus sûre, noir ou couleur bronze ?) et dans mon imagination il est blanc, ils le sont tous même. Je trouve qu'elle précise beaucoup que le peuple Kargue est blanc, mais pas assez que les autres sont noirs, et avec les biais cognitifs pour moi ils sont tous devenus blancs.... (maudite culture !)
Pareil pour le féminisme, elle en parle très bien dans les intro et les postfaces, mais dans les récits eux mêmes ... je trouve que c'est pas trop ça. Il y a quelques questionnement évidement, pourquoi les femmes ne peuvent prétendre qu'à être des sorcières (le bas de la pyramide des pouvoirs magiques), alors que les hommes peuvent être mages, archimages... Pourquoi Tenar (une femme), a refusé l'instruction magique qu'on lui offrait pour devenir une ""simple"" mère de famille... Mais tout ça reste discret.
J'ai aussi trouvé que les quêtes sont archi longues, pour un dénouement hyper court. "quelque chose va se passer" pendant 110 pages. "On fait quoi" pendant 10 pages (souvent pas de solution énoncée) et en 2 lignes c'est résolu ! On rejoint mon premier argument de sauter du coq à l'âne et de Manon perdue au milieu de sa lecture.

Quelques petites choses bien quand même : Je retrouve Tristram sur la beauté des paysages décrits (même si pas sur la même oeuvre), on voyage, on navigue, on marche, j'avais l'impression d'y être ! Vous me connaissez, la nomade que je suis était très heureuse  solidarite - Ursula K. Le Guin 421465245
L'archipel de Terremer et très très bien construit, elle connaît hyper bien son monde et c'est très agréable.

Je suis en tout cas vraiment très heureuse d'être arrivée à la fin de cette lecture, et clairement je n'y retournerai pas de si tôt ...
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Message par Tristram Dim 29 Oct - 23:17

L'heroic fantasy, ça ne va jamais très loin comme lecture je crois... La Main gauche de la nuit, c'est bien autre chose !

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Message par Silveradow Lun 30 Oct - 6:40

oui ton commentaire sur ce livre m'a fait envie ... mais pas tout de suite ! Clairement pas tout de suite !
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