Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Alessandro Baricco

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Message par Bédoulène Mar 6 Déc - 0:22

Alessandro Barrico
Né en 1958


initiatique - Alessandro Baricco Baricc10

Alessandro Barrico né le 28 janvier 1958 à Turin) est un écrivain, musicologue et homme de théâtre italien contemporain.Baricco est l'auteur de treize romans et d'une pièce, mais aussi de nombreux essais (littérature, musique, société, philosophie, etc.), recueillis en une douzaine de volumes. La plupart sont traduits en de nombreuses langues (français, anglais, allemand, espagnol, russe, chinois, etc.). Il a remporté de nombreux prix, dont le prix Campiello 1991 (finaliste), le prix Viareggio 1993, et le prix Médicis étranger 1995. Après des études de philosophie et de musique, Alessandro Baricco s'oriente vers le monde des médias en devenant tout d'abord rédacteur dans une agence de publicité, puis journaliste et critique pour des magazines italiens. Il a également présenté des émissions à la télévision italienne (RAI) sur l'art lyrique et la littérature. Il est un des collaborateurs du journal La Repubblica.

En 1991, il publie, à 33 ans, son premier roman Châteaux de la colère (trad. 1995), pour lequel il obtient, en France, le prix Médicis étranger en 1995. Il a également écrit un ouvrage sur l'art de la fugue chez Gioachino Rossini et un essai, L'Âme de Hegel et les Vaches du Wisconsin (1992, trad. 1998) où il fustige l'anti-modernité de la musique atonale. En 1994, avec quelques amis, il fonde et il dirige à Turin une école de narration, la Scuola Holden - ainsi nommée en hommage à un personnage de J. D. Salinger - une école sur les techniques de la narration, où l'on peut « apprendre à écrire » dans un premier temps ; à « écrire comme lui » dans un second temps. Passionné et diplômé en musique, Alessandro Baricco invente un style qui mélange la littérature, la déconstruction narrative et une présence musicale qui rythme le texte comme une partition. Sa traductrice en français, Françoise Brun, écrit, à propos de son style : « Mais ce qui n'appartient qu'à lui, c'est l'étonnant mariage entre la jubilation de l'écriture, la joie d'être au monde et de le chanter, et le sentiment prégnant d'une fatalité, d'un destin. » Désireux de mêler ses textes à la musique pour les enrichir (puisqu'il les construit dans cet esprit), il demande au groupe musical français Air de composer une musique pour son roman City (1999, trad. 2000). Il s'ensuit un concert durant lequel Air joue la musique en direct et Baricco lit ses textes en public.

Durant l'année 2006, il a publié en feuilleton sur le site du journal La Repubblica un essai sur la mutation, Les Barbares (trad. 2014). En 2008, il écrit et réalise son premier film qui sort le 17 octobre, intitulé Lezione 211. En février 2014, Alessandro Baricco révèle, dans un appel téléphonique au quotidien La Repubblica, qu'il aurait décliné une proposition que lui aurait faite Matteo Renzi de devenir ministre de la Culture dans un possible gouvernement succédant à celui dirigé par Enrico Letta, démissionnaire le 14 février indiquant notamment qu'il serait « absolument convaincu de ne pas avoir le talent pour le faire ». Baricco vit actuellement à Rome avec sa femme et ses deux fils.

(wikipedia)

Bibliographie traduite en français :

Romans
1995. Châteaux de la colère : Page 1
1997. Soie
1998. Océan mer
2000. City : Page 1
2003. Sans sang : Page 1
2006. Homère, Iliade
2007. Cette histoire-là : Page 1 
2012. Emmaüs : Page 1, 2
2014. Mr Gwyn
2015. Trois fois dès l’aube2016
2016. La Jeune Épouse : Page 1, 3
Théâtre
1997. Novecento : Pianiste

Essais
1998. L'Âme de Hegel et les Vaches du Wisconsin (L'anima di Hegel e le mucche del Wisconsin, 1992), essai, trad. de l'italien par Françoise Brun, 144 pages, Albin Michel (Rééd. poche, Gallimard, Folio no 4013, 2004
1999. Constellations : Mozart, Rossini, Benjamin, Adorno (pas d'ouvrage équivalent en V.O., 1981-1999), regroupe un entretien et trois essais
2002. Next. Petit livre sur la globalisation et sur le monde qui vient
2014. Les Barbares. Essai sur la mutation
2015. Une certaine vision du monde

màj le 24/03/2019


Dernière édition par Bédoulène le Lun 21 Mai - 8:11, édité 13 fois

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Message par tom léo Mar 6 Déc - 7:36

Merci, Bédoulène, pour la présentation de cet auteur dont j'ai lu entre-temps trois, quatre livres qui m'ont plutôt plus! Voici mes impressions sur l'un d'eux :

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Sans sang

Original : Senza Sangue (Italienisch, 2002)

CONTENU :

« Le pays allait de l'avant, bien loin de la guerre, à une vitesse incroyable, en oubliant tout. Mais il y avait tout un monde qui n'en était jamais sorti, de la guerre, et qui dans ce pays heureux n'arrivait pas à redémarrer.»

Ce monde va se livrer bataille à la vieille ferme de Mato Rujo, où vivent Manuel Roca et ses deux enfants. Habités par la vengeance, trois hommes viennent débusquer celui qui fut leur ennemi, trois hommes décidés à faire couler le sang. Manuel Roca le sait. Sous la plancher de la maison, il dissimule sa petite fille puis après avoir chargé ses fusils, il demande à son fils de courir se cacher. Déjà le bruit des armes automatiques les rattrape. La guerre n'est pas finie.
(Source : amaz.fr)

REMARQUES :

L'histoire consiste de deux grandes parties numerotées qui sont encore une fois sous-divisées en parties, paragraphes plus petits. Dans la première partie un groupe de trois hommes s'approche d'une maison sise solitairement dans la campagne. C'est là-bas que vivent Manuel Roca avec son fils et sa fille. Il semble préparé, e attente d'un conflit. Il essaie de cacher, de sauver les enfants. Des tirs fusent et Roca est pris. Le responsable de l'attaque semble l'avoir cherché pour une affaire datant de la guerre. Roca aurait torturé des gens, dont aussi le frère de l'agresseur. Est-ce qu'il s'agit de la guerre civile espagnole ? D'une question de revanche ? Alors on se demande : Comment le conflit se termine ? Comment s'en échappe qui ? Qui est victime, qui est l'agresseur? Dans la deuxième partie – dont on ne va pas dire trop pour ne pas enlèver le sel de l'histoire – on change le lieu et on saute dans le temps de cninquante années ! Est-ce que l'histoire a continué ? Comment les survivants ont passé leurs vies ? La langue est circonscrite, pas pathétique. Elle me plaisait beaucoup. En certains passages l'auteur change vers une narration sans orthographie, un parler sans point ni virgule. Bien sûr on pourrait s'approcher d'une interprétation de l'histoire sous l'aspect de la revanche. Mais il y aurait aussi l'histoire d'une execution refusée, ou des conséquences imprévisibles, même d'une mauvaise action. Et même la petite lueur d'une éventuelle réconciliation ? La fin inattendue m'a surpris et plu. Cela fut la première rencontre avec cet auteur. Très bonne impression !



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Message par Bédoulène Mar 6 Déc - 18:57

As-tu lu Mr Gwyn ?

j'ai l'épouse et Par 3 fois à lire encore

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Message par tom léo Mar 6 Déc - 19:29

Bédoulène a écrit:As-tu lu Mr Gwyn ?

Je pense de l'avoir quelque part (mais où?). Mais pas encore lu!
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Message par topocl Sam 17 Déc - 9:15

Emmaüs

initiatique - Alessandro Baricco Image124

Quatre jeunes gens que leurs parents ont cru préparer à l'âge adulte en les élevant sous le Règne de la religion, malheureusement pas une religion joyeuse et rédemptrice, mais un carcan de contraintes, de culpabilité et de tabous. Ils en tirent un mélange d'humilité et de d'arrogance mêlées qui les enferme dans leur petite vision d’un monde confiné. Ils n'en sont pas moins hommes et quand leur chemin croise l'amour, le sexe, et la mort, qui ne leur ont jamais été présentés, la confrontation est terrible. Emmaüs, si j'ai bien compris, dans la Bible, c'est le moment où tout devient clair et tout se comprend, et ces jeunes gens vont comprendre, ou du moins constater dans une réelle impuissance, la vanité castratrice de leur monde.

Il y a la voix de Baricco, et plus que la voix, je dirais, le regard, cette façon d'appréhender de jeunes êtres dans leur intimité, d'approfondir les émois adolescents pervertis par l’oeil réprobateur de leur Dieu. Il est puissant dans l'observation de cette emprise à la fois protectrice et réductrice, et d’un monde qui s'effondre quand s’ébauche une fragilité dans l’étayage. Cet oeil sociologique est assez percutant. Je ne suis pas sûre d'avoir compris toutes les allusions bibliques et leurs explications, mais qu'importe, il ressort de ce livre l'image d'une jeunesse trahie : le roman plonge progressivement dans une terrible descente aux enfers, laisse un arrière-goût de malaise et de gâchis, bien loin des romans d'initiation légers sous fond de pelotage de petites amies.

(commentaire rapatrié)


mots-clés : #famille #religion

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Message par Bédoulène Sam 17 Déc - 14:48

merci Topocl, encore un livre que j'ai prévu (va falloir que je fasse un tirage au sort dans ma PAL )

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Message par Avadoro Dim 22 Jan - 15:54

initiatique - Alessandro Baricco Produc10

La Jeune Epouse

Une jeune femme s'immisce dans la vie d'une famille aisée d'Italie du Nord au début du XXème siècle, en provenance d'Argentine, afin de réaliser un mariage précédemment arrangé. En raison de l'absence mystérieuse de son futur époux, elle se plie aux habitudes d'un monde replié sur lui-même, étrange et figé. Elle devient "La Jeune Epouse" face aux autres protagonistes aux rôles bien établis: "Le Père", "La Mère", "La Fille"...

Le basculement du récit vers une initiation sexuelle ne peut que faire penser au cadre de Théorème de Pasolini. Mais Baricco cherche aussi à échapper à toute référence et le contexte presque théâtral de l'action apparait lointain et presque insaisissable. J'ai cependant trouvé que l'écriture échoue à surprendre, malgré des recherches stylistiques dont la multiplicité des narrateurs et des allers-retours temporels. Et le dernier tiers ne parvient pas à captiver dans sa tentative de percer un univers énigmatique, au bord d'un précipice.
mots-clés : #conditionfeminine #famille #sexualité
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Message par Bédoulène Dim 22 Jan - 16:08

aïe, moi qui devait le lire, il va attendre un peu, bien que jusqu'à présent j'étais une inconditionnelle de Baricco

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Message par Tristram Dim 22 Jan - 16:25

En appoint à vos judicieuses présentations :

« …] lire ce n’est jamais que fixer un point pour ne pas se laisser séduire, et détruire, par la fuite incontrôlable du monde. »

Alessandro Baricco, « Châteaux de la colère »

La mer sur la plage a écrit:« Dans le cercle imparfait de son univers visuel, la perfection de ce mouvement oscillatoire formait des promesses que l’unicité régulière de chacune de ces vagues condamnait à n’être pas tenues. »

« La mer immense, l’océan mer qui court à l’infini plus loin que tous les regards, la mer énorme et toute-puissante ‒ il y a un endroit, il y a un instant, où elle finit ‒ la mer immense, un tout petit endroit, et un instant de rien. »

« Seul le mécanisme sans fin de la mer continue de révéler le silence par l’explosion cyclique des ondes nocturnes, souvenances lointaines de tempêtes somnambules et de naufrages rêvés. »

Alessandro Baricco, « Océan mer  », livre premier, 5

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Message par Ouliposuccion Lun 23 Jan - 22:21

Ah Baricco...D'excellents moments de lecture. Je garde un très bon souvenir de Soie, un petit bijou dans un écrin. Novecento : pianiste est tout aussi beau et Sans sang également.
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Message par Bédoulène Dim 20 Aoû - 10:28

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Sans sang

La barbarie des Hommes dans la guerre est telle que tout individu est à la fois bourreau et victime ou victime et bourreau ; c'est l'acte de vengeance qui détermine le passage d'un statut à l'autre.
Ce récit débute par une sanglante vengeance dont seule une fillette sera épargnée.

La majeure partie du livre évoque, à travers un face à face, le destin de la rescapée.
Les mots vont à l'essentiel, juste l'essentiel et suffisent à la gravité de ce récit.

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Message par Bédoulène Dim 20 Aoû - 10:29

initiatique - Alessandro Baricco 51byzu10

Cette histoire-là.

Encore une fois je suis séduite, c'est bien le terme, il y a de la magie dans son écriture, dans le réalisme même.
Avec habileté il nous fait deviner le caractère et les sentiments de ses personnages.

L'histoire se déroule telle cette piste, avec sa ligne droite et ses virages que l'auteur sait négocier avec bonheur pour notre lecture.

«Il est facile de voir aujourd'hui dans sa fuite la figure de ce que nous appelons généralement désertion : mais croyez moi, avant cela, c'était le monde qui avait déserté : mon fils ne dessinait aucune figure, cela lui aurait été impossible, il courait, c'est tout, dans ce qui n'était pas un dessin, mais une superposition de hachures dans tous les sens, il ,'était qu'un jeune homme qui autour de lui ne voyait plus aucun dessin de figures achevées, mais uniquement des fragments, il courait en piétinant ces fragments qui étaient là, et courir ainsi, ce n'est pas s'enfuir, mais tenter de se maintenir à la surface du néant, ce n'est pas déserter, c'est survivre»

«Pour Ultimo, l'enfance s'acheva un dimanche d'avril 1912, et pas avant, parce que cerains petits garçons réussissent à la faire traîner jusqu'à quinze ans, et il était de ceux-là. il y faut un cerveau bizarre et pas mal de chance. Il avait eu les deux»

«Disons le, la veille encore ils ne savaient pas vraiment ce qu'étaient les automobiles : ils les voyaient comme des bijoux masculins hypertrophiés. Maintenant elles tuaient. Et ils en furent épouvantés : comme par la soudaine morsure d'un chien fidèle, ou la méchanceté d'un enfant ou la lettre perfide d'une amante.»

«Vous savez, les gens vivent pendant tellement d'années, mais en réalité ils sont vivants que quand ils arrivent à faire ce pour quoi ils sont nés. Avant et après, ils ne font qu'attendre et se souvenir. Mais ils ne sont pas tristes quand ils attendent ou qu'ils se souviennent. Ils ont l'air tristes. Mais ils sont seulement un peu loin»




Dernière édition par Bédoulène le Dim 20 Aoû - 10:35, édité 1 fois

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Message par Bédoulène Dim 20 Aoû - 10:31



initiatique - Alessandro Baricco 51rnkj10

Châteaux de la colère

Dans cette ville imaginaire de Quinnipack vivent des personnages extraordinaires. Mr Reilh et sa femme la fascinante et mystérieuse Jun.  Un couple dont l’amour participe  à une vie originale sanctionnée par le projet grandiose et fou de Mr Reilh. Pekish dont la vie est rytmée par les  sons et la musique,  Pehnt un jeune garçon abandonné vêtu d’une veste d’adulte qui va sceller son destin, Mme Abegg une veuve jamais mariée. Un autre personnage, Mr H. Horeau vient aussi porter son  rêve à Quinnipack  comme si ce lieu devait concrétiser tous les espoirs.
Ces personnages sont forts comme leurs rêves fous, mais fragiles comme en est leur réalisation.

La musique de ces mots  nous atteint, nous transporte dans des univers étonnants.
Je découvre toujours de la magie, du merveilleux dans ces récits.
L’écriture se découvre en notes tragi-comiques, héroïques ou idéalistes.
Dans ce livre il « croque » subtilement les personnages et dresse une ville familière alors même que sa description se limite à une rue principale, une église et le chemin qui mène à la demeure des  Reilh. Subjugué le lecteur adhère à tous les événements qui s’y déroulent, même les plus loufoques.
Le destin peut être un livre, une veste, une note invisible, une locomotive, une construction de verre parfois.


mots-clés : #fantastique

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Message par Tristram Dim 20 Aoû - 10:53

« Le sexe efface des tranches de vie, on n’imagine pas. C’est peut-être bête, mais les gens se serrent l’un contre l’autre avec cette fureur étrange un peu panique et la vie en ressort froissée, comme un billet doux serré au creux d’un poing, caché dans un geste nerveux de peur. Un peu par hasard, un peu par chance, disparaissent entre les plis de cette vie roulée en boule de portions de temps douloureuses, ou lâches, ou jamais comprises. Bon. »
« Châteaux de la colère »

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Message par Bédoulène Dim 20 Aoû - 11:48

merci pour l'extrait !

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Message par Tristram Ven 10 Nov - 20:26

La Jeune Épouse

initiatique - Alessandro Baricco La-jeu10

Où la découverte, par une jeune promise, d’une famille unie contre l’infélicité au cours d’interminables petits-déjeuners et autres contraintes ludiques et baroques, contre la nuit considérée comme mortelle, dans une maison où les livres sont absents, inutiles voire nuisibles à l’écoute de « tout [qui] est déjà dans la vie ».
Ce sont la Mère, aux raisonnements sibyllins, le Père, débonnaire et sans grande intranquillité malgré ou grâce à son « inexactitude de cœur » (et Comandini le pragmatique, son délégué en affaires), l’Oncle (en fait un inconnu mystérieusement adopté par la Famille) qui ne sort de son somme perpétuel que pour de pertinents oracles, la Fille bancroche et belle, le Fils enfin, absent, sur le retour et/ou disparu…

« Ils étaient ainsi faits : ils ignoraient la succession des jours, car ils visaient à n’en vivre qu’un, parfait et répété à l’infini. Pour eux, le temps était donc un phénomène aux contours flous, qui résonnait dans leur vie telle une langue étrangère. »

« Mais quand il fallait parler, elle [la Mère] ne perdait pas de temps à choisir son interlocuteur : sans doute pensait-elle s’adresser au monde, en parlant, une erreur que beaucoup commettent. »

Le lecteur découvre graduellement les secrets de cette famille à la fois fantasque et tout en retenue, au cours d’un récit au style inventif et lyrique, sensuel, superbe d’esprit, de brio et de charme, qui donne une large part à l’observation psychologique, à l’introspection, à l'humour et à l’érotisme (d’un point de vue essentiellement féminin ; c’est aussi le roman d’initiation sexuelle de l’héroïne).
J’ai savouré le côté orchestral, théâtral (le majordome Modesto et ses messages tussifs, le tailleur Baretti et son épique Index des « accidents » de la poitrine de la Mère).
Dans un élégant « glissement momentané de narrateur », ce dernier s’identifie parfois à tel personnage, parfois parle en tant que l’écrivain, celui-ci incapable de comprendre et d’ordonner les éléments de son existence alors qu’il le fait dans ses romans.
Après de surprenantes révélations, la famille va partir comme de coutume en villégiature estivale : l’histoire s’égare dans des parenthèses sur l’existence confuse du narrateur/ auteur et la création littéraire, digresse dans un délire teinté de surréalisme et d’absurde ; lors de la préparation du départ, des bruits et réponses sans leurs questions sont enfermés dans des tiroirs, ce qui peut rappeler les « parolles gelées » de Rabelais.

« Le fait est que certains écrivent des livres et que d'autres les lisent : Dieu seul sait qui est le mieux placé pour y comprendre quelque chose. »

« Car en définitive, la seule phrase qui pourrait traduire précisément l’intention spécifique de celui qui écrit n’est jamais une phrase, mais le résultat stratifié de toutes les phrases qu’il a d’abord conçues, puis écrites et enfin conservées en mémoire : on devrait les poser l’une sur l’autre, ces phrases transparentes, et les considérer dans leur ensemble, tel un accord musical. C’est ce que font la mémoire et sa nébulosité visionnaire. »

Sorte d’allégorie dramatique, de fantaisie mélancolique et de virtuose rêverie, je comprends le doute d’Avadoro devant ce conte troublant, déroutant, sans grand-chose de précis ou d’univoque, dont le décousu peut laisser perplexe, et même décevoir. Sans doute faut-il se laisser bercer sans trop raisonner (ce roman présente beaucoup de connotations aquatiques, musicales).
L’extrait suivant explicite peut-être quelque peu le propos de l’auteur (veuillez noter l’accent shakespearien de la dernière phrase) :

« Ce qu’il avait à me dire, c’est que la trame de destins que le métier de nos familles avait tissée était parcouru d’un fil primitif, animal. Et que nous avions beau chercher des explications plus élégantes ou artificielles, notre origine à tous était gravée dans les corps en lettres de feu ‒ qu’il s’agisse d’une inexactitude de cœur, du scandale d’une beauté imprudente ou de la brutale nécessité du désir. C’est ainsi qu’on vit dans l’illusion de recomposer ce que le geste humiliant d’un corps ou son geste splendide a bouleversé. On meurt, après un dernier geste splendide du corps, ou un geste humiliant. Tout le reste n’est qu’un ballet inutile, rendu inoubliable par des danseurs merveilleux. »

Une sorte de ronde de la vie, d'un individu à l'autre, dans un déterminisme génésique et sans libre-arbitre (comme chez Max Ophüls)...
La fin, inattendue comme tout dans ce livre, se non-termine par une reprise (peut-être kierkegaardienne, en contrepoint de l'éternel retour nietzschéen).

« C’est par la répétition des gestes que nous arrêtons la course du monde. »

« Elle savait donc qu’il n’y a pas mille destins mais une seule histoire, et que l’unique geste exact est la répétition. »

Délectable !
mots-clés : #famille #initiatique #sexualité

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Bédoulène Ven 10 Nov - 22:36

je n'ai pas encore lu celui-ci, merci Tristram ! Baricco est musicologue et la musique est très souvent présente dans ses livres.

Je trouve toujours de l'extraordinaire dans ce qui est ordinaire chez lui.




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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
― Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia



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Message par Tristram Ven 10 Nov - 22:41

Baricco ne parle pas à proprement parler de musique dans ce livre, mais il y a des allusions, une atmosphère mélodieuse, et bien sûr son style (ou celui de son traducteur) est empreint de musicalité.

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Message par Bédoulène Ven 10 Nov - 23:03

tout à fait l'atmosphère et le style de l'écriture.

merci pour ton commentaire argumenté que mérite cet auteur (je n'aurais pas pu faire le rapprochement avec les philosophes)


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Message par Tristram Dim 20 Mai - 16:01

City

initiatique - Alessandro Baricco Baricc10

Gould est un enfant génial qui dialogue de la boxe dans les toilettes, et Shatzy Shell sa gouvernante, qui dicte un western (boxe et western sont les deux principaux leitmotive du roman) ; Diesel, un géant, et Poomerang, muet (qui nondit) sont les amis imaginaires de Gould, mais ils vont quand même se procurer une caravane pour permettre à Diesel de voyager (la caravane est jaune et on se contentera de la nettoyer toutes les semaines : c’est sans doute trop contemporain pour l’auteur…)
Place prépondérante de l’enfance ; Diesel au père qui s’efforce lourdement d’inculquer à sa petite fille en pleurs le maniement des baguettes au restaurant chinois, chapitre 17 :
« ‒ Mais pourquoi vous faites des enfants ? ‒, dit-il. ‒ Pourquoi ? »
Gould fréquente l’université, et parmi ses 27 professeurs il y a :

- Bandini (sans doute en clin d’œil à John Fante, d’ailleurs tout le roman baigne dans un univers états-unien ; ce Bandini-là s'intéresse aux vérandas, chapitre 17),

- Taltomar (qui étudie les arbitres de football ; peut-être dénommé en référence au Palomar de Calvino, qui n’est pas sans similitude avec City ? Baricco évoque aussi un « soleil jaguar »…),

- Mondrian Kilroy (eh oui, Kilroy was here ; étude des objets courbes, au travers des nymphéas de Monet, superbe chapitre 13) ; de ce dernier également l’essai « de l’honnêteté intellectuelle » selon laquelle les idées, « apparitions provisoires d’infini », perdent leur vérité en étant exprimées, « tragédie nécessaire » de ne pas savoir nous taire (chapitre 22) :
« En un certain sens, l’intelligence humaine travaille constamment à dissiper le chaos infini et merveilleux des idées originelles et à le remplacer par l’inoxydables complétude des idées artificielles. […] Elles étaient des apparitions : l’homme en fait des armes. »
Un grand sens des dialogues, et de l’humour, comme avec les burgers du chapitre 14. Exemple (chapitre 1) :
« Le père de Gould était persuadé que Gould en avait une, de gouvernante, et qu'elle s'appelait Lucy. Tous les vendredis, à sept heures et quart, il lui téléphonait pour savoir si tout était okay. Alors Gould au téléphone lui passait Poomerang. Poomerang imitait très bien la voix de Lucy.
- Mais il n'est pas muet, Poomerang ?
- Justement. Lucy aussi est muette.
- Tu as une gouvernante muette ?
- Pas exactement. Mon père croit que j'ai une gouvernante, il la paie chaque mois par mandat postal, et moi je lui ai dit qu'elle est très bien mais qu'elle est muette.
- Et lui, pour savoir comment vont les choses, il lui téléphone ?
- Oui.
- Génial.
- Ça marche. Poomerang est très bien. Tu sais, ce n'est pas la même chose d'entendre quelqu'un rester muet et d'entendre un muet se taire. C'est un silence différent. Mon père ne s'y laisse pas prendre.
- Ça doit être un homme intelligent, ton père.
- Il travaille dans l'armée.
- Bien sûr. »
Divagation foutraque (cheminement narratif qui parfois s’emballe, s’égare, s’enchaîne ou s’entrelace), avec d’ailleurs une belle métaphore de la folie, chapitre 16 :
« …] tu cherches la porte pour en sortir et impossible de la trouver. Si ça se trouve il n’y en a plus. Disparue. Et toi enfermé là-dedans pour toujours. […] Elle dit qu’une maison comme ça, si tu ne peux pas en sortir, il faut bien que tu trouves un moyen pour y vivre. C’est ce qu’ils font, eux. De l’extérieur on n’y comprend rien, mais pour eux tout est très logique. Elle dit qu’un fou c’était quelqu’un qui pour se faire un shampooing se met la tête dans le four. »
La part "western" culmine avec une belle histoire de Closingtown, « ville dont quelqu’un a volé le temps, et le destin », depuis parcourue par le vent et la poussière du désert qui l'entoure (chapitre 29) :
« ‒ Le vent est une blessure de temps ‒, dit Julie Dolphin. ‒ C'est ce que pensent les indiens, le saviez-vous ? Ils disent que quand le vent se lève cela signifie que le grand manteau du temps s'est déchiré. Alors tous les hommes perdent leur propre piste, et aussi longtemps que soufflera le vent ils ne pourront pas la retrouver. Ils restent sans destin, égarés dans une tempête de poussière. Les indiens disent que seuls quelques hommes connaissent l'art de déchirer le temps. Ils les craignent, et les appellent "les assassins du temps". »
Baricco confie dans des commentaires que
« …] ce livre est construit comme une ville, comme l'idée d'une ville. […] Les histoires sont des quartiers, les personnages sont des rues. Le reste, c'est le temps qui passe, l'envie de vagabonder et le besoin de regarder. City, j'y ai voyagé pendant trois ans. Le lecteur, s'il le veut, pourra refaire le même chemin. C'est ce qu'il y a de plus beau, et de difficile, dans tous les livres : peut-on refaire le voyage d'un autre ? »
« Une ville. Pas une ville précise. Plutôt l'empreinte d'une ville quelconque. Son squelette. Je pensais aux histoires que j'avais dans la tête comme à des quartiers. Et j'imaginais des personnages qui étaient des rues, et qui certaines fois commençaient et mouraient dans un quartier, d'autres fois traversaient la ville entière, accumulant des quartiers et des mondes qui n'avaient rien à voir les uns avec les autres et qui pourtant étaient la même ville. Je voulais écrire un livre qui bouge comme quelqu'un qui se perd dans une ville. »
Je ne suis pas certain que l’auteur ait gagné son pari, ou fait passer sa vision ‒ mais il permet une belle ballade, avec quelques remarquables vues…

Thèmes : Enfance (mais pas que : j'aurais aimé un tag "rêverie", ou au moins "fantaisie", et aussi "folie"...)


mots-clés : #enfance

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