Des Choses à lire
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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Laszlo Krasznahorkai

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Message par bix_229 Dim 10 Oct - 16:26

contemythe - Laszlo Krasznahorkai - Page 2 Au_nor10


Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l’ouest par des chemins, à l’est par un cours d’eau


Je suis d'accord avec tout ce qui a été écrit sur ce livre. Le sujet est déjà intrigant à souhait. Et la manière de le traiter tout autant.
Comment ne pas s'étonner de ce lieu où erre le petit-fils du prince Gengi ?
Un lieu à la fois mystérieux et mystique. A la beauté et à l'harmonie saisisantes.


Mais où les hommes et les ames ont disparu non sans laisser des traces discordantes.
Où le Bouddha lui meme, ridiculement petit, se détourne d'un "monde de pourriture".
Que sont ces effractions sur le site sacré et dont le mobile n'est pas le vol, et qui les a commises ?
Est-ce un hasard si, dans le tableau, un chien atrocement mutilé, se traine pour mourir au pied 
d'un arbre ?
Et ce moine supérieur qui a laissé des traces évidentes de dissolution et de désirs bassement
terrestres dans son habitat.

S'agit-il de démontrer que la beauté et la spiritualité, l'harmonie supreme, ne sont pas de ce
monde. Que tout est corruption à la fin et quelles que soient les intentions initiales ?
Une sorte de prophétie sur ce monde trop imparfait pour ne pas s'autodétruire ?
Un univers en attente ou déjà déserté où subsiste encore le fameux "jardin secret" que
le petit fils de Gengi ne verra pas, ironiquement, convaincu qu'il n'existe pas, finalement, e
que sa quete a été vaine.
Et de toute façon, il était faible, malade, et reveur de chimères...

Autant de signaux et d'indices bien évidents. Mais de quoi ?
Autant de questions qui resteront sans réponses. Et telle était l'intention de Krasznahorkai,
auteur malicieux et narquois.
Qu'on pourrait critiquer en disant qu'il joue les thaumaturges. 
Et qui semble nous dire : Vous ne savez pas, vous ne comprenez pas ?
Ne vous inquiétez pas, moi je sais !  contemythe - Laszlo Krasznahorkai - Page 2 3761541388 

En fait, je pense que la meilleure façon de lire ce livre est celle de Bédou, qui, me semble t-il,
l'a lu comme on suit le courant d'un ruisseau en admirant les beautés au passage.
Et elles sont nombreuses.
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Message par Tristram Dim 10 Oct - 16:45

C'est décidé : je vais me faire ma propre opinion.

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« Nous causâmes aussi de l’univers, de sa création et de sa future destruction ; de la grande idée du siècle, c’est-à-dire du progrès et de la perfectibilité, et, en général, de toutes les formes de l’infatuation humaine. »
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Message par Bédoulène Dim 10 Oct - 17:13

merci Bix ; rêve ou réalité, qu'importe, j'étais là-bas, curieuse, étonnée, émue, reconnaissante

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“Lire et aimer le roman d'un salaud n'est pas lui donner une quelconque absolution, partager ses convictions ou devenir son complice, c'est reconnaître son talent, pas sa moralité ou son idéal.”
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Message par bix_229 Dim 10 Oct - 17:17

Ah ah ! Cette lecture m'a fait penser à celle de Peter Bichsel : Chérubin Hammer et chérubin Hammer. affraid
Meme si les livres n'ont rien de commun. Vous pouvez lire le fil Bichsel si vou voulez en savoir plus !
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Message par ArenSor Lun 11 Oct - 20:14

Je savais bien que ce nom me disait quelque chose. J'ai enfin trouvé : il a collaboré étroitement avec Béla Tarr qui s'est inspiré de ses livres pour plusieurs de ses films ("Damnation", "Harmonies de Werkmeister", "Satantango"). Si l'écrivain est à la hauteur du cinéaste, je prends !
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Message par Tristram Dim 21 Nov - 11:50

Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l’ouest par des chemins, à l’est par un cours d’eau

contemythe - Laszlo Krasznahorkai - Page 2 Couv-a10

D’apparence un hommage au Japon des contes et des artisans (exposé tant érudit que précis de la technique ancestrale des charpentiers, des fabricants des supports d’écriture, etc.), une atmosphère onirique baigne tout le récit : n’est-il pas déjà mort depuis un millénaire, ce petit-fils du prince Genji qui erre dans une ville et un monastère déserts, à la recherche d’un « jardin caché » ? D’ailleurs il y a un narrateur, et un autre visiteur du temple, qui se superposent (assez indistinctement) à ce personnage.
Une fois de plus un livre qui ne se révèle que vers son mitan (et tant pis pour ceux qui ne persévèrent pas), quand s’organise peu à peu les fils du récit, qu’apparaît l’habileté de leur montage (quête, bouddhisme, l'infini n’existe pas, etc.)
J’ai particulièrement apprécié la mesure surhumaine des évènements de la nature (croissance des arbres à partir du pollen, genèse géologique).
Un échantillon (fort partiel) du flux de Laszlo Krasznahorkai, qui a volontiers recours aux listes, à l’accumulation :
« …] bref, si une personne avait souhaité et eu la capacité de baisser les yeux jusque sous la terre, elle aurait pu choisir cette voie-là, ou bien une autre, celle, par exemple, qui menait au monde des cristaux, et dans ce cas, tout en baissant les yeux, et sa pensée, en direction des profondeurs, elle se serait demandé quelle force, quel divin jeu de hasard, aussi éminemment complexe que sérieux, avaient pu donner naissance à la matière solide, ce magique système d’ions et d’atomes présent dans l’univers et ici, sur la Terre, quelle divine intelligence avait pu créer le système lui-même, les bases de tout système, tel le système cristallin, elle se serait appliquée à comprendre pourquoi la matière originellement désordonnée, avec ses turbulentes particules qui se déplaçaient en tourbillonnant de façon anarchique, avait cherché à se conformer aux lois de la géométrie, à ordonnancer selon des règles ce qui jusqu’ici avait toujours navigué sur les courants des forces du hasard, elle se serait interrogée, en scrutant les profondeurs du jardin, sur le sens réel de la diversité, en apparence illimitée, des systèmes cristallins, des classes de cristaux, des molécules, des formes cristallines, elle se serait interrogée sur le sens des lois de la géométrie, une loi selon laquelle la source de l’immortalité n’était autre que la répétition elle-même, oui, elle aurait pu suivre cette voie, cette personne, en cette fin de matinée, lorsque le petit-fils du prince Genji passait devant les marches en pierre et le porche en pierre, si elle avait cherché à savoir ce qui avait donné naissance à ce jardin, mais, en fin de compte, le plus efficace eut été pour elle de s’arrêter dans ce jardin et de porter toute son attention sur un seul élément, un élément crucial, qui représentait le matériau de base à la construction de tout, y compris de la Terre et de ce jardin, un élément qui, enfermé dans l’énigmatique formule SiO, complétée et subdivisée sous de multiples formes, était présent dans l’olivine, le pyroxène, l’amphibole, dans la biotite, dans le quartz, dans le zircon, il se trouvait dans presque tout ce qui, dans les profondeurs, avait construit la Terre, elle aurait dû, cette personne, se concentrer, dans cette vaste et longue histoire, sur le silicium, sur l’importance fondamentale de l’impériale famille des silicates, qui, dans un temps et un espace invisibles et incommensurables mais non infinis, avait été l’une des clés de voûte de cette pensée divine, tandis que l’autre avait donné naissance à cette terre noire, riche et fertile, à ce tapis de mousse, à ces huit hinoki, à ce jardin, en cette fin de matinée, en cet instant unique, lorsque le petit-fils du prince Genji, à la recherche d’un lieu sûr, d’un peu de tranquillité, d’une présence humaine et d’un verre d’eau, était passé, en se cramponnant au mur d’enceinte, devant son entrée. »
Quid de l’effraction du sanctuaire, du chien et du renard mourants, etc. ? Beaucoup de choses demeurent mystérieuses pour moi dans ce texte, que ce soit ignorance des significations symboliques ou références voilées − ou volonté (facétieuse ?) de l’auteur…

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Message par Tristram Lun 17 Avr - 13:21

Tango de Satan

contemythe - Laszlo Krasznahorkai - Page 2 Tango_10

Près d’une coopérative à l’abandon depuis un an et demi, sous la pluie d’automne qui va l’isoler pour l’hiver, les ruraux se morfondent désemparés dans leur solitude et la perte de leurs rêves de partir ailleurs ou autres « perspectives d’avenir » : misère, alcool (notamment palinka, l’eau-de-vie hongroise), échec.
« Avec tristesse il observa le ciel sombre et menaçant, les vestiges desséchés de l’été infesté de sauterelles, et brusquement, à travers les feuillages d’un même acacia, il vit défiler tour à tour le printemps, l’été, l’automne et l’hiver, comme s’il venait de percevoir la pitrerie du temps qui, dans l’immuable sphère d’éternité, nous fait croire, en donnant l’illusion d’une route droite qui traverserait le chaos du désordre et en créant la hauteur, à l’inéluctabilité de la folie…, puis il se vit sur la croix du berceau et du cercueil, convulsé de douleur, avant qu’un jugement sèchement prononcé ne le livre, dépouillé (sans grade ni titre), aux mains des laveurs de cadavres, aux rires bruyants des équarrisseurs à l’ouvrage, pour qu’il prenne sans indulgence la mesure des réalités humaines sans qu’aucun sentier ne puisse le ramener en arrière, pour qu’il comprenne qu’il s’est engagé dans une partie avec des cartes truquées, une partie jouée à l’avance et qui le dépouillera de son ultime atout, l’espoir de se sentir un jour chez lui. »
Les personnages sont présentés dans la première partie : Futaki le mécanicien éclopé, Schmidt et sa femme qui attire les hommes, les Kráner et les Halics, le docteur qui vit reclus à épier et tenir son journal, Kerekes le fermier, Kelemen le contrôleur, le directeur de l’école fermée, etc. Ils s’interrogent sur le retour d’Irimiás et son compère Petrina, « l’homme aux oreilles en feuille de chou », qu’on disait morts (des vagabonds tziganes ?) : espoir d’un sauveur, voire une « résurrection » ? Dans l’auberge aux toiles d’araignées, la petite communauté les attend en buvant, puis en dansant des tangos au son de l’accordéon dans une sorte de bacchanale satanique.
Dans la deuxième partie, aux chapitres numérotés en compte à rebours, Irimiás leur propose adroitement de créer une communauté idyllique (et récupère leur argent) ; dans le même temps, on retrouve le cadavre d’Estike, petite innocente qui s’est suicidée avec son chat, épisode narré dans la première partie (dans son désarroi, elle a cherché à un moment l’aide du docteur, qui n’a pas compris). Son père s’est pendu depuis longtemps, sa mère Mme Horgos et ses sœurs font le tapin, son frère Sanyi, assez malveillant, suit Irimiás avec Petrina tandis que la plupart des protagonistes exode vers le manoir promis, une ruine.
Il semble qu’Irimiás participe à un projet de renseignement militaire organisé en toile d’araignée…
Le docteur, resté à veiller près de l’exploitation en témoin persévérant, trace finalement les premières phrases de ce livre (on comprend alors l’origine des expressions compassées, glissées entre parenthèses au fil du texte).
« Peu à peu il réalisa que ces longues années de travail éprouvant et acharné venaient enfin de porter leurs fruits : il avait acquis la faculté de tenir tête, par l’intervention de l’écriture, au défi lancé en permanence par l’ordre unilatéral des choses et jusqu’à un certain point il était capable de définir la structure élémentaire des événements qui apparemment tournoyaient librement !… »
De même, un mystérieux carillon de cloche ouvre l’histoire, et la clôt d’une explication triviale. Mais la montée aux cieux dans un bourdonnement d’Estike morte relève autant de l’hallucination que du mysticisme fantastique.
Manière de mise en scène du non-sens de l’existence (et de la manipulation), ce roman rappelle allusivement Kafka, Boulgakov, Beckett.

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Message par ArenSor Lun 17 Avr - 17:58

Très beau film de Béla Tarr : Satantango (Le Tango de Satan) ; durée : 7h 30, exigeant mais envoûtant !

J'ai entendu de bonnes critiques du dernier roman de Krasznahorkai : "Le Baron Wenkheim est de retour"
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Message par Bédoulène Mer 19 Avr - 15:09

merci Tristram ; merci Aren

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