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Robert Penn Warren

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amour - Robert Penn Warren  Empty Robert Penn Warren

Message par topocl Lun 9 Juil - 20:17

Robert Penn Warren
( 1905 - 1989 )


amour - Robert Penn Warren  Warren10

Robert Penn Warren, écrivain américain, est l'un des fondateurs de la Nouvelle Critique (New Criticism). Il est également membre fondateur de la Fellowship of Southern Writers (Association des écrivains du Sud).

Warren est né à Guthrie, dans le Kentucky, près de la frontière avec le Tennessee, de Robert Warren et Anna Penn. La famille de sa mère avait de profondes racines en Virginie et a notamment donné son nom à la communauté de Penn’s Store dans le comté de Patrick ; elle descendait de Abram Penn, un soldat, homme politique et propriétaire terrien ayant combattu lors de la révolution américaine. Robert Penn Warren est diplômé du lycée de Clarksville dans le Tennessee, de l’université Vanderbilt en 1925, puis de Berkeley en Californie en 1926. Il poursuit ses études à Yale de 1927 à 1928, puis en 1930 il obtient son diplôme de lettres au New College d’Oxford en Angleterre où il étudie grâce à la bourse Rhodes. Il se voit offrir la bourse Guggenheim pour aller étudier en Italie en 1939-1940, sous Mussolini. La même année, il commence sa carrière d’enseignant à Southwestern College (aujourd’hui Rhodes College), à Memphis.
Warren s’associe à un petit groupe de poètes connus sous le nom des « Fugitifs » (ils avaient créé une revue littéraire intitulée The Fugitive dans laquelle ils mettaient en avant certaines de leurs œuvres). Plus tard, dans les années 1930, il se joint à certains anciens contributeurs de cette revue pour former un groupe d’écrivains en faveur d’une politique agrarienne pour les États du Sud : les Southern Agrarians. Il contribue au manifeste agrarien I’ll Take My Stand avec le texte « The Briar Patch », au côté de onze autres poètes et écrivains du Sud (dont ses anciens camarades de Vanderbilt, John Crowe Ransom, Allen Tate et Donald Davidson).

En 1944-1945, Warren officie comme Consultant en poésie de la Bibliothèque du Congrès (ce qu’on appelle aujourd’hui le Poet Laureate, « poète national »). Il remporte deux fois le Prix Pulitzer de la poésie en 1958 pour Promises: Poems 1954-1956, puis en 1979 pour Now and Then. Promises a également remporté le National Book Award for Poetry7.
Avec Cleanth Brooks, il coécrit Understanding Poetry, un manuel de littérature très influent. Il fut suivi par d’autres manuels similaires, tous coécrits, dont Understanding Fiction qui fut encensé par Flannery O’Connor, la grande romancière spécialiste du Southern Gothic, et Modern Rhetoric qui adopte une approche tenant du New Criticism.

Œuvres en français

Romans
- Le Cavalier de la nuit, Delamain et Boutelleau, 1951 (Night Rider, 1939)
- Aux portes du ciel, Delamain et Boutelleau, 1952 (At Heaven's Gate, 1943)
- Les fous du roi, Delamain et Boutelleau, 1950 (All King's men, 1946)
Egalement publié sous le titre Tous les hommes du roi, ed. Toussaint Louverture, 2017 (
- Le grand souffle, Stock, 1955 (World Enough and Time, 1950)
- L'esclave libre, Stock, 1957 (Band of Angel, 1955)
- La Caverne, Stock, 1960 (The Cave, 1959)
- La grande forêt, Stock, 1962 (Wilderness: A Tale of the Civil War, 1961)
- Les eaux montent, Stock, 1965 (Flood: A Romance of Our Time, 1964)
- Les rendez-vous de la clairière, Stock, 1972 (Meet Me in the Green Glen, 1971)
- Un endroit où aller, Stock, 1979 (A Place to Come to, 1977)

Autres publications
- Le grenier de Bolton Levehart, ed. Chambon/Le Rouergue, 2004 (The Circus in the Attic, and Other Stories, 1947)
- Ségrégation. Essai sur le problème noir en Amérique, Stock, 1957 (Segregation: The Inner Conflict in the South, 1956)
- L'Héritage de la guerre civile, Stock, 1962 (The Legacy of the Civil War, 1961)

Source Wikipedia


Dernière édition par topocl le Lun 9 Juil - 21:40, édité 1 fois

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Message par topocl Lun 9 Juil - 21:36

Tous les hommes du roi

amour - Robert Penn Warren  Proxy_31

Après tant de mois, j'y étais enfin. Car rien ne se perd, rien ne se perd jamais. Il y a toujours un indice, une facture, une marque de rouge à lèvres, une empreinte de pied dans la plantation, un préservatif sur le sentier du parc, une vieille blessure qui lance, un souvenir d'enfance, une infection dans le sang. Et le passé, le présent et le futur ne sont qu'un seul et même temps, et les morts n'ont jamais vécu avant que nous leur donnions vie, et leurs yeux, au-delà des ténèbres, nous implorent.

Que voilà un roman majestueux, virtuose, prolifique! Un roman noir qui emprunte au meilleur du genre, ses politiques véreux mais pathétiques, suant dans leurs costumes  élégants, ses petits malfrat obéissant dans la chaleur humide du Sud, où il ferait si bon boire et fumer sur les vérandas, si seulement la vie décidait d'être douce et simple, si seulement ces personnages crapuleux n'étaient pas aussi des hommes souffrants... Mais non, l'homme est par nature tourmenté, ballotté par la douloureuse splendeur du ballet de ses sentiments, désespéré de trouver un sens à la vie, une réponse aux aspirations de l'enfant qu'il était, de se définir en tant qu'individu cohérent, de dénouer l’inextricable nœud des responsabilités.

Racontée depuis les temps tardifs de l'apaisement, cette tragédie digne des Atrides nourrit un grand roman des illusions perdues, disserte sur le bien et le mal, la pureté impossible et la rédemption interdite.

C'est jack Burden qui raconte, Jack qui est celui qui ne se salit pas les mains, ou y croit, en tout cas.

il a dit que si le monde était  un tas d'ordures, l'homme, pour sa part, n'avait pas à l'être.

Tout à la fois journaliste et historien il  va comprendre que la quête de la Vérité ne suffit à sauver le monde :  "L'ignorance, c’est le bonheur".

Mais le monde est une gigantesque boule de neige qui dévale une montagne, et jamais on ne la voit remonter la pente pour revenir à l'état de flocons, à l'état de rien.

Car oui,  aussi : "La connaissance c'est le pouvoir", c'est ce qu'a compris Willy Stark, dont il est le bras droit, un "grand couillon naïf" parti de rien et devenu  Gouverneur "intense, inquisiteur, exigeant",  un populiste adulé par les petits, qui sait corrompre, asservir, terroriser.

-Tu as cru que tu pouvais me rouler...faire en sorte que je l'achète. Eh bien je ne vais pas l'acheter! Je vais l'écraser! J'ai déjà acheté trop de fils de pute. Si tu les écrases, au moins ils ne mouftent plus, mais quand tu les achètes, impossible de savoir combien de temps ils vont rester à ta botte.

Ces deux hommes pleins d'estime l'un pour l'autre dans leurs différences,versions pile et face de l'espèce humaine, se répondent en fait comme deux miroirs face à face, et ces miroirs mettent en lumière leurs ambiguïtés. Racontant Willy Stark, Jack Burden se dévoile, solitaire crâneur, homme d'amour et d'amitié, fils orphelin, il  pêche à la fontaine du souvenir , car tout se tient,  "c'est uniquement avec le passé que se forge le futur"

Il y a ce récit tragique aux accents déchirants, ces héros haïssables et qu'on aime pourtant, fasciné, charmé. Il y a aussi l'inventivité, l'acuité, le lyrisme de l'écriture de Robert Penn Warren, tout à la fois sensuelle et vigoureuse, patiente, attentionnée, liquide.  Il y a les pièces du puzzle patiemment accolées, les allers et retours, les chemins transversaux. Il y a les leitmotivs, les réminiscences obsédantes,. il y a les métaphores, leur pertinence, leur sensualité, leur poésie.

Le monde entier, les troncs nus des autres arbres, qui avaient perdu leurs feuilles désormais, le toit des maisons et même le ciel lui-même avaient un air pâle, lavé, soulagé, similaire à celui que peut avoir un homme souffrant d'une longue maladie qui se sent mieux et pense qu'il va peut-être guérir.

Il y a une lectrice comblée.




Ton Ami de Jeunesse est le seul ami que tu auras vraiment, car il ne te voit pas tel que tu es. Dans son esprit, il voit un visage qui n'existe plus, prononce un nom - Spike, Bud, Snip, Red, Rutsky, Jack, Dave - qui appartient à ce visage sans existence, mais qui, par quelque confusion absurde et sénile de l'univers, se rattache maintenant à un étranger ennuyeux qu'on regrette d'avoir rencontré. Mais il se plie à cette confusion sénile, incontinente, de l'univers et continue d'appeler ce pénible étranger par le nom qui n'appartient vraiment qu'à ce jeune visage d'autrefois, à l'époque où sa jeune voix appelait faiblement par-dessus le fruit des flots en fin d'après-midi, murmurait la nuit près d'un feu de camp, ou disait au milieu d'une rue bondée : « Oh, écoute un peu ça : « Aux confins du Welnlok, anxieuse est la forêt... Le Wrekin a gonflé  sa haute toison d'arbres » » Ton Ami de Jeunesse ne reste un ami que parce qu'il ne te voit plus.

Mots-clés : #amitié #amour #corruption #culpabilité #identite #relationenfantparent #trahison

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Message par Tristram Mar 10 Juil - 0:31

J'ai lu ce livre sous le titre Les Fous du roi, moins fidèle à l'original (All the king’s men), et vraisemblablement dans une autre traduction. J'avais été retenu par les observations, tant psychologiques que sur la société (avec un certain retentissement dans le regard sur l'actualité) :
« Ce que l’électeur ne voit pas ne lui cause aucun trouble. »
« Ce que vous ne savez pas ne peut vous faire aucun mal, car cela n’existe pas. »
« Si les humains pouvaient vivre sans souvenirs, ils seraient parfaitement heureux. J’ai été étudiant en histoire autrefois, et, si j’ai gagné quoi que ce soit à ces études, c’est bien cette certitude. Ou, pour être plus exact, c’est là ce que je croyais avoir compris. »
Robert Penn Warren, « Les Fous du roi » , chapitre I
« Je pouvais rester là, allongé aussi longtemps que je voulais, et évoquer les images de tout ce qu’un homme peut désirer : du café, une femme, de l’argent, un verre, du sable blanc et de l’eau bleue ; et je laissais ensuite glisser ces images l’une après l’autre, hors de moi, comme les cartes vous glissent entre les doigts quand on déploie le jeu. Les désirs sont probablement semblables à des cartes. On ne désire pas les choses pour elles-mêmes, quoi qu’on en pense. On veut une certaine carte, non parce que c’est une  carte, mais parce qu’elle a un sens au sein d’un ensemble de règles, dans un système parfaitement arbitraire de valeurs et dans une combinaison particulière déjà en partie possédée. Mais, si vous ne jouez pas, même si vous connaissez les règles, une carte ne signifie rien. Elles se ressemblent toutes. »
Robert Penn Warren, « Les Fous du roi » , chapitre II

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Message par Bédoulène Mar 10 Juil - 8:47

eh bien ! comment ne pas noter après un tel commentaire ? merci topocl !

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Message par Avadoro Mer 4 Déc - 19:45

amour - Robert Penn Warren  Proxy_31

Tous les hommes du roi

Robert Penn Warren compose un récit centré à la fois autour de la flamboyante démesure de l'engagement politique et de la bouleversante fragilité de l'intime.  Par le flot des souvenirs, entre plusieurs strates du passé, la complexité de l'être humain apparait dans sa violente beauté tant création et destruction semblent entremêlées.

L'écriture est particulièrement riche dans son ambition, mais elle marque par surtout par sa limpidité et sa sensibilité. D'un lyrisme élégiaque à une fureur enfouie, Tous les hommes du roi résonne comme un miroir de l'amplitude et des doutes de l'existence, avec une forme d'écho intemporel. Si les descriptions sont profondément ancrées dans les traces du Sud des Etats-Unis, à travers l'incandescence et la solitude des paysages, Robert Penn Warren révèle une universalité presque déchirante dans son émotion poétique. La faillibilité des actes, qu'elle soit synonyme d'échec, de corruption, de détresse relationnelle, devient alors une tragédie singulière, où chacun est confronté à ses propres démons.
Une lecture majeure.
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Message par Plume Mer 4 Déc - 20:28

Je ne connaissais pas du tout! Merci!
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Message par Bédoulène Mer 4 Déc - 21:34

merci Avadoro, c'est noté !

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Message par ArenSor Mer 8 Jan - 19:40

Tous les hommes du roi

amour - Robert Penn Warren  712a4f10


Quel formidable roman !
Topocl et Alvadoro (merci à eux !) ont parfaitement rendu l’esprit de cette œuvre majeure, malheureusement encore trop méconnue en France. Je n’aurais donc que des banalités à ajouter. C’est un livre qui ne vous lâche plus dès les premières pages, qui analyse avec finesse le rapport entre les hommes, particulièrement d’actualité en ce qui concerne le populisme, un livre au lyrisme profond non dénué de nostalgie.
Un vrai bonheur de lecture !

« Mais suppose qu’il n’y ait rien.
- Il y a toujours quelque chose à déterrer.
- Peut-être pas avec le juge.
- L’homme est conçu dans le péché et élevé dans la corruption, il ne fait que passer de la puanteur des couches à la pestilence du linceul. Il y a toujours quelque chose. »
Encore trois kilomètres et il conclut :
« Et débrouille-toi pour que ça pue. »

« La loi, c’est une couverture pour une personne dans un lit deux places où sont couchés trois types par une nuit glaciale. On aura beau tirer dans tous les sens, y aura jamais assez pour couvrir tout le monde et quelqu’un finira forcément par choper une pneumonie. Merde ! La loi c’est le pantalon acheté l’année dernière pour un gamin en pleine croissance qui se retrouve les mollets à l’air parce que les coutures ont craqué. La loi est toujours trop courte ou trop serrée pour une humanité en pleine expansion. Le mieux est d’agir, et ensuite de bricoler une loi pour assurer les arrières. Comme ça, le temps que cette loi passe, vous êtes déjà en train de plancher sur autre chose. »

« Dans une ville telle que Madison city, le banc à la porte du sellier est –ou était, il y a vingt ans avant l’apparition de la chaussée cimentée – un lieu où le Temps trébuche sur ses pattes et se couche comme un vieux chien qui se soumet. C’est là qu’on s’assied pour attendre le soir et l’artériosclérose. C’est un endroit que le croque-mort du coin regarde avec confiance, sachant que tant qu’il aura des clients, il ne mourra pas de faim. »

« Etait-on heureux ce soir simplement parce qu’on était heureux ou bien parce qu’à un moment, il y a longtemps, on a été heureux ? Est-ce que notre bonheur de ce soir était comme la lueur de la lune, qui ne vient pas de la lune mais est le reflet d’une lumière bien plus lointaine ? »


« …l’air est si étouffant qu’il te fait aussi mal qu’une plaie dans la bouche après un passage chez le dentiste ou que lorsque ton cœur se serre quand debout au coin d’une rue tu attends que le feu passe au vert et te rappelles comment étaient les choses avant et comment elles pourraient être encore si tout ce qui était à venir n’était pas advenu. »

« De temps à autre, des yeux brillaient dans l’obscurité. Je savais que c’étaient ceux d’une vache – une bonne vieille vache en train de ruminer au bord de la route – mais ces yeux semblaient s’embraser dans les ténèbres, comme si son squelette était rempli de métal en fusion, rouge comme le sang ; et, au moment où on apercevait cette lumière chaude et sanglante, on savait déjà qu’il s’agissait d’une vache et que dans son crâne noueux et disgracieux, il n’y avait rien qu’une poignée de matière grise coagulée et glacée qui imprimait au ralenti notre passage éclair. »  
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Message par bix_229 Mer 8 Jan - 20:25

Grosse lacune pour moi, Penn Warren. Je le connaissais de nom pourtant et
j'ai du lire La Grande foret. J'ai Tous les hommes du roi que j'ai jugé trop
épais quand on en a reparlé ici.
Mais je vais lire bientôt Les Rendez vous de la clairière...
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Message par Bédoulène Jeu 9 Jan - 8:31

3 avis qui poussent à la lecture ! merci Arensor !

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Message par bix_229 Jeu 30 Juil - 17:59

amour - Robert Penn Warren  Rendez10

Les Rendez-vous de la clairière

Depuis plusieurs mois et même plusieurs années, je subis une évolution qui me met en porte à faux par rapport au forum.
Et à moi-même.
Plus le livre que je lis m'enthousiasme et moins j'ai envie de le commenter.
J'ai l'impression et même la certitude, d'ajouter des mots  à un texte qui se suffit pleinement.
Une redondance inutile, presque pitoyable.
Au pire une satisfaction de l'égo.
L'enthousiame lui-même ne suffit pas.
Toute tentative de dire est une lutte perdue d'avance contre les mots. Un équilibre précaire et une menacé entre la tyrannie et l'imposture. Bref, une attitude qui tend de plus en plus vers le silence.
C'est la mienne actuellement.

Je me contenterai de dire que Les Rendez-vous de la clairière est un roman superbe avec un style, une histoire et des personnages, qui place son auteur au rang des meilleurs auteurs du Sud des Etats Unis.Et  qui donne beaucoup à penser, à imaginer, à découvrir.
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Message par Bédoulène Ven 31 Juil - 17:05

du coup ça m'intrigue Bix ! (et sois indulgent envers toi-même Smile )

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Message par Dreep Sam 8 Aoû - 20:01

amour - Robert Penn Warren  712a4f10

Tous les hommes du roi

Certes, on a bien là un roman du sud des Etats-unis, qui parle de magouilles politiques, d’enquête et de pouvoir, avec toute la violence que cela suppose. Mais sur six cent pages, on dirait bien que Jackie Burden ― le narrateur ― raconte tout autre chose en s’adressant au lecteur en le tutoyant. Il nous parle de lui, navigant entre les différentes époques de sa vie, toutes choses qui lui ont rendu la vie difficile ou palpitante. Il est le bras-droit de Willie Stark, habile politicien devenu gouverneur pour lequel notre narrateur est prêt à tout. Au cœur d’une intrigue de grande envergure, on multiplie les sauts dans le temps, suivant l’intuition de Jackie Burden, un peu comme à bâtons rompus.

Et, voilà, il revient au temps comme un leitmotiv, qui devient le sujet profond de Tous les hommes du roi avec ce regard très précis sur les changements qu’il (le temps) opère, autant que sur les choses et sur les gens impliqués dans les souvenirs de Jackie Burden. Un sens de l’observation qui révèle toute la sensibilité du narrateur, de même qu’une assez belle franchise. Tout ceci allège la charge de grotesque qu’on peut ressentir à l’approche des mafieux les plus retors. On a pu dire assez justement que cette manière de présenter les choses était de ce fait dépourvue de manichéisme. Il y a certainement quelques longueurs et si les personnages du roman paraissent plus humains qu’on n’aurait pu le penser, ils n’en sont pas moins assez prévisibles. Les ressors de cette narration aussi intelligente qu’amicale fait du reste qu’on tourne les pages du livre avec beaucoup de plaisir.

lu le 2 avril 2019
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Message par bix_229 Sam 8 Aoû - 20:08

Merci Dreep !
Un auteur qui mérite vraiment d'etre découvert !
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Message par ArenSor Sam 8 Aoû - 20:48

Et on s'étonne qu'il n'ait pas plus de résonance en France...
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Message par Armor Lun 10 Aoû - 17:00

Je serais bien tentée par Tous les hommes du roi. Pouvez-vous juste me dire ce qu'il en est de la taille de la police d'écriture ? (Je vois que c'est un ouvrage assez conséquent, et parfois les éditeurs ont tendance à choisir des caractères trop petits pour moi.)

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Message par Tristram Lun 10 Aoû - 17:19

Il me semble que ce genre d'information pourrait être judicieusement donnée au catalogue par les éditeurs, mais ce n'est pas (plus ?) le cas...

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Message par Dreep Lun 10 Aoû - 18:31

Chez Monsieur Toussaint Louverture :

Les polices utilisées sont du Sabon (en majorité), du Garamond et du Vendetta Medium (en minorité)

Malheureusement ils ne précisent pas la taille.
Sinon, ça existe en Belles Lettres.
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Message par Armor Lun 10 Aoû - 22:40

Dreep a écrit:Chez Monsieur Toussaint Louverture :

Les polices utilisées sont du Sabon (en majorité), du Garamond et du Vendetta Medium (en minorité)

Malheureusement ils ne précisent pas la taille.
Sinon, ça existe en Belles Lettres.

Merci Dreep. Si tu pouvais juste me dire si la police est plutôt "normale" ou plutôt petite, ça m'irait déjà très bien. J'ai du mal quand c'est écrit trop petit, et je me méfie un peu des livres comprenant beaucoup de pages, les éditeurs ayant souvent tendance à réduire l'épaisseur au détriment du confort de lecture.

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Message par Dreep Lun 10 Aoû - 23:05

He bien ce n'est pas très gros, hein, mais pas non plus petit... j'ai peur de ne pas être très doué pour évaluer ça. Si j'ouvre Word, la police d'écriture par défaut est plus petite par exemple.
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